La station de ski Mont d’Ailleboust était située à Sainte-Béatrix sur le mont d’Ailleboust. Pour trouver l’origine du mot ‘d’Ailleboust’, il faut remonter en 1736 quand le seigneur Jean d’Ailleboust d’Argenteuil devient propriétaire d’une seigneurie qui portera son nom.

Le Séminaire de Joliette a obtenu au début de 1958 la permission de la maison-mère d’acheter un terrain à Sainte-Béatrix afin d’en faire un camp été-hiver. Les documents de l’époque mentionnent un prix d’achat de 10 000 $ et une superficie de 245 arpents (207 acres). Ce terrain est situé à une vingtaine de km du Séminaire.

La bénédiction de la station de ski se fera le 10 janvier 1959. Pour désigner l’endroit, on utilisait le nom : Centre de ski du Séminaire. La remontée mécanique était un fil-neige.

Pour l’hiver 1960-1961, on avait trouvé un nom très approprié, soit : Centre de ski Sé-Joli. Sé-Joli était les premières lettres de minaire de Joliette. On indiquait que le dénivelé de la station était d’une centaine de mètres, avec 4 pistes ainsi qu’un chalet avec restaurant. C’était ouvert le mardi, jeudi et dimanche après-midi pour 1 $ pour les adultes. Dans les faits, on ouvrait quand les élèves du Séminaire étaient en congé.

Le Séminaire y a organisé une compétition de ski inter-collégiale en 1961-1962, ainsi que pour les 2 années suivantes. Cette photo date de 1963 et a été publiée dans le journal local L’Étoile du Nord.

Pour diverses raisons, dont le fait que les élèves pouvaient maintenant retourner chez eux les fins de semaine, le Séminaire a décidé de mettre en vente la station à l’été 1964. La station a été fermée pour l’hiver 1964-1965, et tout indique aussi en 1965-1966 et en 1966-1967.

La station de ski a rouvert pour l’hiver 1967-1968 sous le nom de Domaine D’Ailleboust.
C’est le Dr J. G. Hébert qui en était le propriétaire. Il ne faut pas confondre cette personne avec M. Jacques G. Hébert qui fonda le Mont Saint-Sauveur au début des années 1970.

La station, qui était normalement ouverte seulement le samedi et le dimanche, se spécialisait en vélo-ski. On pouvait en louer ou en acheter un pour 120 $. Le fil-neige avait été remplacé par une arbalète double. Le chalet et le restaurant avaient été rénovés. Je ne possède malheureusement aucune photo d’un vélo-ski de cette époque. Assez rapidement, on a offert du ski de soirée.

Dans les années 1970, la station était maintenant connue sous le nom de Mont d’Ailleboust. Les photos et plusieurs informations concernant cette période m’ont été fournies par la famille Lacasse. Les 3 photos suivantes montrent le sommet principal et son arbalète. On peut aussi voir les réflecteurs pour le ski de soirée.

Ce plan des pistes de la station a été dessiné au meilleur de ses souvenirs par François Lacasse. Il montre la station vers la fin des années 1970. On remarquera qu’il y a maintenant 2 arbalètes sur le sommet principal, et qu’il existe un 2e sommet desservi par une arbalète. Le dénivelé des deux sommets était assez similaire, mais je possède peu d’informations sur ce 2e sommet, et aucune photo. Il était facile de se rendre en ski au 2e sommet, mais il fallait faire un peu de pas de patin pour en revenir.

Au printemps, il y avait une mascarade. Sur la droite du sommet principal, on pouvait faire de la traîne sauvage libre.

J’ai dans ma collection ces 2 épinglettes. La 2e est particulièrement intrigante, car c’est un émail sur cuivre artisanal. Il serait intéressant d’en connaître l’histoire.

La station était petite en dénivelé, mais elle avait une bonne équipe de compétition. Lors d’une sortie pour une compétition, la fourgonnette a glissé, touché à un banc de neige, et s’est renversée sur le côté. Heureusement, il n’y a pas eu de blessures graves.

Cette photo de mars 1976 est très spéciale. À gauche, on voit M. Jacques Léonard, qui a été gérant de la station pour le Dr Hébert, puis propriétaire de celle-ci. Au centre, il y a François Lacasse et à droite, son père Pierre. La station a donné ce trophée et ces skis à François en récompense pour ses 3 médailles d’or gagnées aux Jeux du Québec qui ont eu lieu au Centre de ski Mont-Fortin à Saguenay. Celui-ci a gagné le slalom, le slalom géant et le combiné. Un fait que peu de gens savent, c’est que le skieur qui a terminé deuxième au combiné est M. Pierre Karl Péladeau.

L’achat de cette dameuse a beaucoup facilité l’entretient des pistes. Sur les 2 autres photos, on peut voir le chalet principal avant et après une rénovation. On remarquera sur la 3e photo l’aspect modulaire du chalet, avec son extension à l’arrière. Plusieurs bâtiments de la station avaient un aspect similaire. Il y a une explication à cela. En avril 1957, un incendie a détruit l’ancienne partie du Séminaire de Joliette. On a donc rapidement construit une nouvelle aile, et celle-ci a été en opération pour l’automne 1959. Afin de loger les travailleurs, on avait construit une série de petits bâtiments. Quand les travaux ont été terminés, on les a transportés à la station de ski sur des camions. Certains de ces bâtiments ont été réunis pour créer le chalet principal.

Sur la photo de gauche, on aperçoit 2 de ces petits bâtiments. Sur la 2e photo, on voit M. Pierre Lacasse portant un dossard Molstar. À l’arrière sur la photo, il y a un cabanon relié à une roulotte, ce qui agrandissait sensiblement celle-ci. Ce genre de construction était très présent dans le parc à roulotte. Dans les années 1970, il y avait pour le public des courses Molstar dans un grand nombre de stations de ski. Un skieur accrédité établissait un temps de référence. Selon la différence entre notre temps et ce temps de référence, on pouvait obtenir une médaille d’or, d’argent ou de bronze.

Tout comme pour la photo principale, ces photos datent du milieu des années 1980. On peut très bien y voir les 2 arbalètes doubles, le système d’éclairage, et la piste d’Ailleboust.

Pour l’hiver 1988-1989, il y a eu un changement de propriétaire et de nom, celui-ci devenant le Centre touristique Ste-Béatrix. Malgré la fabrication de neige, le ski de soirée, et l’intention d’installer pour l’été suivant des glissades d’eau, cela a été la dernière année d’opération de la station.

Aujourd’hui, l’emplacement de la station est devenu un développement immobilier.

Je remercie les Clercs de St-Viateur pour leur aide à comprendre les débuts de la station, la famille Lacasse pour les photos et les informations concernant les années 1970, et la famille De Gagné pour les photos et les informations concernant les années 1980. Des informations trouvées à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec m’ont aussi été très utiles.

Cet article fait partie de la section sur les stations de ski du Québec qui sont aujourd’hui fermées. Comme la grande difficulté d’un tel travail est de trouver des photos et de l’information sur ces stations, si vous détenez des perles concernant une station oubliée ou fermée et que vous souhaitez les partager avec l’auteur, vous êtes invité à communiquer avec lui par courriel afin de lui permettre d’ajouter de l’information à un dossier existant, ou d’inclure une autre station à cette section à l’adresse suivante: stations.fermees.qc@gmail.com

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Skieur depuis plus de 50 ans, il a toujours aimé découvrir de nouvelles stations, ayant skié dans plus de 100 stations au Québec, dans l’Ouest canadien et en Nouvelle-Angleterre. Aujourd’hui, il préfère descendre en ligne de pente les pistes damées, mais il ne dira pas non à un peu de poudreuse!