Un voyage vers le Mont Sainte-Marie, c’est un peu comme remonter dans le temps. Au fur et à mesure que l’on remonte la vallée de la rivière Gatineau vers le nord, les bâtiments et les villages que l’on croise, semblent sortir d’une autre époque, pas si lointaine celle-là… mais si on porte une attention particulière aussi au relief qui nous entoure, ça devient un voyage dans le temps sur plusieurs milliers, voire même millions d’années. Lors de votre prochain passage dans ce coin, ouvrez l’oeil et observez les nombreuses sablières de chaque côté de la rivière Gatineau… ce sont les restes d’eskers, des vestiges de l’accumulation de sédiments provenant de l’eau de fonte qui coulait autrefois sous d’immenses glaciers qui recouvraient cette région du Bouclier canadien. Étant parti de Gatineau, c’est après un peu plus d’une heure de contemplation que j’arrive finalement au Mont Sainte-Marie.

Malgré le stationnement très étroit et allongé qui étire la marche entre la voiture et le chalet, on peut rattraper le temps en passant au service de billetterie à l’extérieur qui est efficace et rapide. Si c’est votre première visite au Mont Sainte-Marie, vous serez peut-être surpris du dénivelé réel, qui diffère un brin de ce que les statistiques connues annoncent. Oubliez les chiffres et lancez-vous en piste pour découvrir deux montagnes dans une même station, direction Cheval Blanc, un versant où la majorité des pistes sont pour les experts.

Découvrir le Cheval Blanc

On s’y rend soit en empruntant la petite navette, une sorte de tracteur qui tire deux remorques dans lesquelles les skieurs peuvent prendre place, façon Disney Word, ou alors, ce que je préfère: marcher le temps d’une petite minute et de gravir un petit dénivelé d’environ 2 mètres pour atteindre le départ d’un sentier de ski qui longe la route empruntée par la navette. Il suffit de se laisser glisser pour parcourir à ski la même distance que la navette vous ferait parcourir!

Il y a toujours beaucoup moins de skieurs sur la montagne Cheval Blanc que sur le versant Vanier et ce, même lors des belles journées de ski de printemps. Lors de mon passage, j’estime qu’environ le quart des skieurs présents profitaient du Cheval Blanc. Les pistes Betsy et Formidable sont de vrais murs. La piste Betsy, avec sa grande courbe de haut en bas, nous fait ressentir les effets de la compression sur notre corps: attention de ne pas arrvier trop vite en bas à la jonction de la piste Carrousel Bas, qui elle est beaucoup moins inclinée…

La piste emblématique de la station, c’est la piste Dustin Cook, justement située sur le versant Cheval Blanc. C’est à mon avis la plus belle de la station, et possiblement de tout l’Outaouais. On la descend sur un dénivelé de près de 240 mètres, de haut en bas, sans aucun faux plat, avec de légers virages qui suivent la ligne de pente naturelle. Depuis l’année dernière, cette piste a été élargie (on pourrait facilement y mettre deux parcours de slalom côte à côte!), de nouveaux canons à neige permanents ont été ajoutés, et un tout nouveau chalet pour le club de ski a été construit au bas de la piste (il remplace les roulottes que le club utilisait auparavant). 

D’importants développements immobiliers

C’est justement au bas de la piste Dustin Cook qu’on projette de construire un nouvel hôtel de type ski-in/ski-out : https://msmhotel.ca/. Si ce projet se réalise, ce ne serait pas le premier hôtel à être construit sur le site du Mont Sainte-Marie. En effet, dans les années 1970-1980, un hôtel trônait en plein centre de la montagne et a eu son heure de gloire, par la suite longtemps laissé à l’abandon. Lors de mon passage, on pouvait justement voir les pelles mécaniques à l’oeuvre pour terminer de retirer l’ancienne structure de béton, qui défigurait le paysage depuis beaucoup trop longtemps.

L’immobilier semble connaitre un certain regain aussi du côté de la montagne Vanier. Depuis quelques années, plusieurs résidences luxueuses ont été construites à flanc de montagne. D’ailleurs, le chemin d’accès de ces résidences emprunte l’ancienne piste « verte » qui permettait aux skieurs d’éviter les pistes plus difficiles pour se rendre jusqu’en bas de la montagne. Les skieurs débutants n’ont plus cette option dorénavant.

J’ai terminé ma journée de ski de printemps sur la montagne Vanier avec des descentes répétées dans les piste Sérénade et Tornade, qui toutes les deux se terminent dans la Caroline Calvé, qui est une piste intermédiaire très large avec une belle inclinaison. C’est la piste visible sur l’image d’entête de cette chronique. À la question que bien des skieurs québécois se posent: « Est-ce que ça vaut la peine de faire le trajet pour se rendre skier au Mont Sainte-Marie ? » Ma réponse: en provenance d’Ottawa-Gatineau, assurément! En provenance d’ailleurs au Québec ? Assurément aussi si vous ne l’avez jamais essayé! Après tout, rares sont les occasions de découvrir une nouvelle montagne qui ne ressemble à aucune autre du Québec!

Un changement de nom pour honorer un moniteur

Un peu plus tôt cette année, la piste Chanson du versant Vanier a été renommée en « Yodel ». Le changement de nom avait pour objectif d’honorer la mémoire d’un moniteur de ski fort important pour l’endroit, André Beauchemin, décédé subitement en 2021. Le choix du nom de la piste a été déterminé en fonction du cri de ralliement qu’utilisait M. Beauchemin lors de ses leçons de ski, lui qui est tombé en amour avec l’art de yodler lors de voyages en Europe. (Un reportage a été effectué à ce sujet, avec en entrevue Wendy Desormeaux, directrice de l’École de neige au Mont Sainte-Marie, et instigatrice de cet hommage.)

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Skieur autodidacte depuis le début des années 80, il slalome les stations en solo, entre amis ou en famille en quête de pur plaisir. Amateur de premières traces, il est habituellement sur les pistes de bonne heure pour savourer les meilleures descentes de la journée : "Rien ne sert de courir; il faut partir à point!"