Je suis l’heureux paternel d’un héritier âgé de huit ans et de deux héritières âgées respectivement de neuf et treize ans. Ils skient tous depuis leur tendre enfance et c’est avec beaucoup de plaisir qu’ils arpentent les différentes stations de la province en compagnie de parents et amis. Depuis plusieurs années maintenant, ils sont attirés par les parcs à neige. Étant trop jeunes pour s’y aventurer seuls, par la force des choses, je suis devenu parent accompagnateur dans ce type d’installations. Ils adorent ça, ils s’y sentent libres.
Puisque je suis d’une autre génération, et que mon passé de skieur se situe plus entre les « gates » et sur les surfaces damées qu’entre les modules, disons que pour moi la découverte des parcs à neige s’est faite avec la tribu. Au début je n’avais aucune idée des us et coutumes qui caractérisaient ces installations. C’est donc au fil de nos présences que nous avons développé nos repères et que nous avons appris à évoluer dans cet environnement. Ce ne fut toutefois pas très facile au début, je dois dire…
Depuis quelques temps, je me demande pourquoi les différentes stations que nous visitons ne se sont pas intéressées à la dimension « accueil de nouveaux utilisateurs ». Je m’interroge sur le fait que rien ne semble être fait pour sensibiliser et intéresser les clients à emprunter ces installations. Comme si elles étaient réservées à une élite composée de jeunes étiquetés comme marginaux.
Nos différentes visites des parcs à neige nous ont fait voir cette lacune qui, si elle était corrigée, aiderait certainement à démocratiser ce sport. Chaque fois que nous nous sommes présentés dans une nouvelle station, nous avons dû nous familiariser avec les différents parcours. Pourquoi n’y a-t-il pas une carte ou une affiche située à l’entrée du parc qui montre les différentes lignes, et qui identifie les points sécuritaires pour les spectateurs? Pourquoi est-ce impossible pour le commun des skieurs d’aller voir les meilleurs jeunes dans les parcs XL sans devoir se procurer une passe? Les jeunes qui y évoluent seraient certainement intéressés à avoir une foule pour les regarder et les encourager. Nous n’avons jamais été abordés par un responsable de parc qui nous a invités à le suivre pour nous faire découvrir les installations. Quelques fois même, il nous invitait plutôt à quitter l’endroit au plus vite. Pourtant, cette pratique aiderait les néophytes, parents accompagnateurs ou spectateurs à mieux se familiariser avec cet environnement en le rendant sécuritaire et invitant.
Avec le temps, les filles ont quelques peu délaissé les parcs à neige pour le damé et les bosses. Fiston par contre ne voit que les modules, le damé étant « plate » et les bosses pas assez difficiles à son goût. Pour ma part, je respecte les choix des enfants. Cependant, comme je ne suis pas très à l’aise sur les modules, j’ai maintenant atteint le point où le petit rejeton aurait besoin de conseils que Papa, bien qu’il soit un excellent skieur, ne peut lui prodiguer. Certain diront que la solution est simple: « Il faut l’inscrire dans une équipe! ». Je ne crois pas que ce soit la solution. Je connais mon fils, il n’a aucune envie d’être encadré, il veut le faire seul, et il faut dire que sa demande est en lien avec la notion libre de ce sport. Aussi, le besoin n’est pas de le faire progresser à un niveau compétitif. Je ne veux pas le pousser et en faire un athlète, je veux simplement qu’il ait accès à une personne modèle qualifiée qui saurait lui montrer les rudiments du sport, tout en lui inculquant les bonnes pratiques.
Je crois que les stations devraient introduire une personne mandatée d’accompagner les différents utilisateurs, un peu comme un guide de parc. Cette personne pourrait être active aux abords des modules afin de sensibiliser les clients aux bonnes pratiques. Elle pourrait également enseigner aux utilisateurs de tous âges la bonne méthode d’utilisation des différents modules, afin qu’ils s’y engagent de façon sécuritaire. Aussi, ce représentant de la station pourrait intervenir auprès de la clientèle afin de vérifier que tous respectent le code de conduite en montagne. Il pourrait par la même occasion informer les utilisateurs à propos des modules disponibles, en entretien ou fermés. Un tel employé aurait le loisir d’inviter la clientèle à visiter les différents modules, en donnant des notions de construction, d’entretien et d’utilisation de ces modules. Ce guide pourrait dispenser aux parents accompagnateurs des instructions concernant les points sécuritaires d’arrêt, afin qu’ils ne se placent pas dans les différentes lignes de parcours comme je l’ai malheureusement fait trop souvent à mes débuts. Puisque cette personne serait exclusivement dédiée au parc à neige, elle serait également en mesure de repérer et référer les jeunes qui ont un potentiel intéressant aux différents programmes offerts à la station.
Après avoir discuté avec de nombreuses personnes de l’industrie, je crois qu’il n’est pas très loin le temps où tous seront informés, sensibilisés et éduqués aux différentes règles applicables dans l’environnement des parcs à neige. Bon nombre d’interlocuteurs m’ont signifié qu’ils tentent de trouver une solution afin de démocratiser ce sport. Je crois qu’ils sont sur la bonne voie et que d’ici quelques temps, tous, des plus jeunes aux plus vieux, trouveront leur compte dans les différents parcs à neige québécois.
Entretemps, je continuerai d’arpenter ces magnifiques environnements avec ma tribu. Je continuerai d’être émerveillé par les prouesses de l’héritier et de ses frangines. Et je continuerai aussi d’espérer qu’un jour, je verrai un meilleur encadrement de la clientèle de la part des stations dans les parcs à neige, je crois que l’avenir s’y trouve!