Si vous faites partie des skieurs qui souhaitent délaisser les techniques de glisse impliquant des remontées mécaniques, vous avez probablement mis l’aspect financier dans l’équation de votre réflexion. Même si vous êtes seulement tentés par un essai de la randonnée alpine, vous avez sans doute réalisé qu’il faut débourser un certain montant pour l’équipement, parfois substantiellement plus coûteux qu’un équipement alpin classique -selon les choix et priorités. Mais qu’à cela ne tienne, vous vous dites: je n’aurai pas à payer pour skier une fois que je serai équipé! Malheureusement pour vous, cette conclusion est erronée.

En lisant ces lignes, vous avez réagi de deux manières différentes, selon votre niveau de connaissance de la rando alpine. Si vous avez déjà effectué des ascensions et descentes dans un secteur dédié à cette activité, vous savez qu’il faut débourser un (petit) montant pour y accéder. Si vous êtes novice, vous êtes surpris qu’il faille payer pour skier par nos propres moyens. Après tout, si je monte à la force mes propres muscles, pourquoi payer? Lorsqu’on pose la question à un gestionnaire de station, la réponse est évidente. Mathieu Desmarais, directeur général du Mont Adstock, en a long à dire à ce sujet: « Ça fait maintenant deux ans que nous développons le secteur hors-piste dans le versant Nord-Est de la montagne. Il va sans dire qu’il y a beaucoup de jus de bras de la part des employés et bénévoles de la station. Avant même d’avoir ouvert le secteur, un travail colossal a été fait pour sécuriser les lieux et pour aménager les sentiers. Débourser un faible coût pour avoir accès à ce secteur est alors nettement justifié. Le fait que nous ayons une source de revenus nous motive à poursuivre le développement. Sans source de revenus, le développement se ferait bien moins vite. Jusqu’à présent, tout le monde paie son droit de passage et s’amuse comme des fous dans le bois! »

Terrains privés: droits d’accès et assurances

Qu’il s’agisse d’un secteur précis et réservé d’une station de ski opérée avec une remontée mécanique ou d’un terrain privé développé pour la randonnée alpine, le propriétaire du terrain demeure responsable en cas d’incident et doit se munir d’assurances pour que l’accès à son terrain ne le place pas en mauvaise posture. Il est bien logique que les utilisateurs du terrain partagent ces frais. La FQME offre même une couverture protégeant les utilisateurs et les propriétaires des secteurs développés par l’organisme. Cette protection couvre même les skieurs aux prises avec un pépin nécessitant une évacuation de secours -ce qui est très cher! 

Dans les stations de ski, le coût annuel des assurances, déjà très élevé, est bonifié lorsque la station ajoute du ski de randonnée dans son offre de services: encore une fois, c’est logique, puisqu’il s’agit d’une augmentation des risques. À titre d’exemple, les stations de ski dont l’équipe de patrouille s’occupe également de l’évacuation des blessés dans les secteurs de randonnée alpine doivent le prévoir. Virginie Provost, directrice marketing à Ski Garceau, renchérit: « En tant que skieur-randonneur, vous devez payer un droit d’accès parce que si vous vous blessez, nous irons vous chercher. Votre billet de ski devient votre assurance-responsabilité. De plus, vous glissez sur un terrain privé qui est entretenu par notre équipe. Une légère contribution est de mise pour poursuivre nos activités. »

Coûts de déboisement et d’entretien

Qu’il s’agisse d’un domaine skiable déjà existant ou d’un tout nouveau secteur, le développement et l’entretien des lieux ne se fait pas à coût nul. Bien souvent, une équipe de bénévoles armés de leur bonne volonté et de leurs outils personnels s’acquittent de corvées de nettoyage et d’amélioration des pistes et sentiers d’ascension chaque automne. Il est de bon aloi de s’assurer de pouvoir rembourser certaines dépenses associées à la machinerie ou au carburant. C’est donc dire qu’une contribution financière à un secteur hors-piste, payable à la visite ou annuellement, garantit son bon entretien et son développement!

De plus, si vous empruntez un sentier d’ascension mis en place par une station de ski et que vous descendez dans les pistes de cette station, celles-ci ont été enneigées et travaillées mécaniquement par la station, ce qui vous garantit des conditions optimales en descente! Même s’il s’agit d’un sous-bois, il aura assurément été balisé, défriché, les arbres élagués… encore une fois, rien n’a un coût nul! La directrice ventes et marketing de Owl’s Head, Katrine Scott, précise: « Tout comme le ski  alpin, la randonnée alpine doit être encadrée, organisée et structurée afin d’offrir un produit sécuritaire qui saura répondre aux attentes de ceux qui la pratiquent. Nous devons investir des sommes considérables dans l’aménagement des sentiers, la signalisation, la mise en marché et bien plus encore. Notre souhait est de continuer à bonifier l’offre de ce produit en vue de répondre à la demande croissante, il est donc inévitable pour nous de faire payer la clientèle. »

Un mot d’ordre: sécurité

Malgré le fait que ce mot puisse avoir été galvaudé et utilisé pour justifier certaines décisions parfois contestables, il demeure la préoccupation première d’un gestionnaire de station ou d’un secteur hors-piste. Bien avant de se demander « combien » coûterait une évacuation en cas de blessure, sa responsabilité est de tout mettre en place pour minimiser les risques. Nettoyage des arbres tombés, balisage adéquat des ruisseaux et caps rocheux, création de sentiers d’ascension de différents niveaux d’effort, cartographie, installation de matériel de premiers soins à certains endroits stratégiques, développement d’un plan d’évacuation et de prise en charge de situation d’urgence… tout est pensé pour que la clientèle soit en sécurité, à l’ascension comme en descente. 

Bien sûr, le risque 0 n’existe pas: personne n’est à l’abri d’une blessure suite à une bête chute. Mais toute la réflexion et la préparation d’un secteur dédié au ski de randonnée se fait en fonction de la sécurité des utilisateurs, ce qui maximisera leur plaisir! Nadia Pépin, directrice générale du Mont Gleason, insiste sur ce point: « La randonnée alpine est vraiment un beau sport ! Par contre, derrière le plaisir des skieurs, les gestionnaires des stations de ski mettent beaucoup d’efforts pour assurer la sécurité des usagers. La cohabitation des skieurs de randonnée alpine et des skieurs alpin doit être bien organisée et balisée. Aussi, l’offre de la randonnée alpine en dehors des heures d’opération de la station fait en sorte que nous devons toujours garder en tête la présence des randonneurs et coordonner nos opérations de damage et d’enneigement en conséquence. Heureusement c’est une clientèle qui est très respectueuse des consignes mises en place. »

En conclusion, le montant que vous déboursez pour accéder à un sentier ou un secteur de randonnée alpine est bien maigre: pour une poignée de dollars, vous achetez la quiétude des lieux et de votre esprit, la pratique d’une activité de plein-air dans un environnement des plus sécuritaires, en plus de soutenir activement un organisme ou une entreprise qui a sa clientèle -et ses bénévoles- à coeur! 

Lecture complémentaire:

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    Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.