L’industrie du ski a été complètement chamboulée par la crise sanitaire mondiale de la COVID-19, causant une fin de saison très abrupte à toutes les stations du Québec et de la planète. En effet, avec les remontées mécaniques et les cantines à aire ouverte, les foules dans les stations représentaient un danger sanitaire qui devait absolument être contrôlé par les autorités, causant l’histoire qu’on connaît.

Fort heureusement, après la saison de ski arrive la saison de vélo dans les stations qui sont équipées avec des supports spécialement conçus pour monter les vélos. Est-ce que les mesures mises en place sont à l’image de ce qu’on peut s’attendre pour la saison prochaine? Seul l’avenir nous le dira mais elles sont très certainement un test pour ce qui s’en vient.

Les règles sanitaires mises en place

Opération stérilisation

Tout d’abord ce il faut comprendre c’est qu’à Bromont, les deux versants ouverts aux vélos (du Village et du Lac) ont des systèmes d’accrochage bien différents. En effet, du côté village, seule la chaise (lente) non-débrayable est en marche et chaque chaise a trois crochets, deux pour y accrocher son vélo et un pour les luges de montagne alors que du côté du versant du Lac, l’unique chaise est débraybale, dotée de deux supports à vélo.

Au versant du Village, c’est là que les choses se compliquent un peu au niveau des mesure sanitaires puisqu’un préposé débarque chaque vélo individuellement en haut. Chaque usager doit:

  1. Enlever ses gants une fois la guérite automatique franchie,
  2. Placer sa roue avant dans un petit support pour le garder bien droit
  3. Se désinfecter les mains avec du gel désinfectant
  4. Pendant ce temps, un employé vaporise du savon sur la fourche et la tige de selle de son vélo, les deux endroits où l’on vient aggripper le vélo pour l’accrocher sur le support de la chaise.
  5. Une fois en haut, un autre employé décroche le vélo du télésiège et le passe à un autre qui lui remet du savon sur la fourche et la tige de selle.

Au versant du Lac cependant, la procédure est un peu plus simple puisque le seul à manipuler son vélo en est son propriétaire. Bien que l’on doive tout de même se désinfecter les mains une fois en file, personne ne “nettoie” son vélo avant ou après l’installation sur le télésiège.

Un des avantages d’embarquer seul dans les chaises est qu’on peut s’étendre de tout son long entre les descentes

La perception du public

Il est vrai que ces mesures sont devenues obligatoires pour une excellente raison mais parfois un excès de zèle n’est pas non plus très efficace auprès de la population. Simple exemple, le fait de devoir enlever ses gants pour se mettre du désinfectant avant d’accrocher son vélo est selon moi contre-productif quand y pense (surtout que l’alcool du désinfectant peu chauffer un peu les ampoules…). D’autant plus que les files d’attentes, déjà assez longues à cause de l’engouement croissant du sport, deviennent tout simplement trop longues pour parfois justifier de prendre la chaise et ne pas remonter au complet directement en vélo.

“À ce compte là, on est mieux de pédaler jusqu’en haut c’est beaucoup plus rapide”
– Tout le monde en file

Les files d’attente monstres s’accumulent des deux côtés de la montagne. Le week-end dernier il fallait attendre parfois une heure avant de pouvoir monter.

Côté efficacité donc, on repassera, mais les gens ont tellement été habitués aux règles de distanciation sociale et sanitaires des derniers mois qu’on dirait que la pilule est plus facile à avaler. Suffit de prendre son mal en patience, comme on dit…

À prévoir pour la saison de ski

Mon petit doigt me dit que les stations devront faire des pieds et des mains pour se plier aux règles sanitaires qui seront appliquées lors de la prochaine saison, on en saura certainement plus lors de l’annonce officielle du guide sanitaire soumis par l’ASSQ (Association des Stations de Ski du Québec) au courant de la semaine prochaine. Chose certaine, les mesures mises en place pour les vélos ne seront possiblement pas trop loin de celles qui sont à prévoir pour le ski, mis à part le désinfectant des mains et des vélos. Ma seule “crainte” est que les stations nous obligent à monter seul dans les télésièges et limitent l’accès aux télécabines, ce qui augmenterait considérablement le temps d’attente en bas des remontées mécaniques.

Très probablement, ce changement drastique au niveau des stations aura certainement un impact positif (ou négatif pour certains) sur l’engouement toujours croissant du ski de haute-route (touring) au Québec.

Credit: Jay Goodrich

En effet comme de nombreuses publications l’ont souligné dont le magazine Powder Ski avec son article How COVID-19 Will Change the Future of Backcountry Skiing, toutes ces restrictions et les complications que la COVID-19 a amenées avec elle dans des lieux publics comme les stations de ski vont très probablement inciter plus d’un skieur à repenser sa relation avec la montagne et au sport. On risque de voir beaucoup plus d’adeptes du sport qui hésitaient à s’équiper en touring ou tout simplement d’en faire plus, faire le grand saut et changer complètement leurs habitudes de glisse face aux mesures à venir. Est-ce que payer une fortune pour attendre patiemment en ligne pendant des heures afin de se rendre en haut de la montagne va en enchanter encore beaucoup? J’en doute fort. Sans compter l’afflux de nouveaux skieurs qui va très certainement diminuer en réponse à ces mêmes complications.

Chose certaine, il y aura un avant et un après COVID-19 pour bien des industries, dont celle du ski, mais comme c’est arrivé plusieurs fois dans le passé, même si l’industrie change, la passion ne diminue certainement pas pour des millions de skieurs à travers le monde. C’est simplement une question d’adaptation et à ce compte là, je n’ai pas beaucoup de craintes concernant les capacités de la race humaine à ce chapitre!

D’ici là, profitez bien de votre été et on se revoit saison prochaine sur les pentes!

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Félix est un passionné du ski, de la technologie et de l'art visuel. Curieux de nature, il se garde bien informé sur tout ce qui touche de près ou de loin ses passions et tout comme Ron Fournier, adore "donner son deux cents" à ses lecteurs. Chasseur de tempêtes pour tracer les plus beaux sous-bois de la province, sa maxime dans la vie est celle-ci : "Ta pire journée de ski est toujours meilleure qu'une journée ordinaire au travail".