La station du mont Orford a déjà détenu le record de la plus longue remontée mécanique au Canada lors de l’installation du premier télésiège sur le mont Orford. Question de notoriété, c’est Alfred Desrochers, le grand poète québécois qui a coupé lui-même le ruban inaugural de la remontée qui dessert la montagne qui porte son nom. L’intérêt de faire un dossier sur cette station est le fait qu’on y skie depuis 1939. Une longue tradition plane donc sur ce centre de ski au décor spectaculaire et aux pistes parfois plutôt costaudes qui le composent.
Remontée vintage :
Le télésiège double Alfred-Desrochers anciennement nommé les Chaises du Nord. C’est le célèbre poète Alfred Desrochers qui a inauguré ce télésiège 1969. Bien qu’il ne soit pas un grand skieur, il était originaire de la région. Ce télésiège mesure 1450 mètres et permet de grimper un dénivelé de 260 mètres. Les constructeur original de cette remontée est Samson, entre-temps, les chaises d’origines vieillissantes ont été remplacées par des chaises de marque Poma. Malgré ces modifications, grâce à ses pylônes rouges vifs, ses chaises blanches et son abri de moteur en bois rond, cette remontée est toute désignée pour desservir un versant aux pistes naturelles. Il semblerait presque que le temps se soit arrêté en 1969 dans ce secteur de la station!
Remontées fantômes:
Le versant Giroux Nord est aujourd’hui desservi par un télésiège quadruple de marque Doppelmayr, installé en 1985. Or, avant cette date deux arbalètes parallèles permettaient de remonter pratiquement au sommet de cette montagne. Il s’agissait d’arbalètes à corde muni d’un enrouleur. Elles suivaient le tracé actuel de la piste qui fut nommée un certain temps Tebru, puis renommée Jean-Davignon. Ces deux remontées avaient une longueur approximative de 1030m et permettaient de grimper une dénivellation de 210m. Elles se terminaient à la jonction actuelle des pistes Jean-Davignon, Magog et Gagnon. En cours de route, une petite traverse permettait de rejoindre le sommet de l’abrupt final de la piste Magnum qui était nommé à l’époque la 45.
Toujours sur le même versant, on retrouvait un petit T-bar à tiges rigides. D’une longueur de 500 mètres et d’une dénivellation de 100 mètres, il donnait accès aux pistes Pente Douce, Adams et surtout la piste Passe-Montagne. Par cette dernière il était possible de rejoindre le versant Giroux-Est, sans être obligé de faire la file au télésiège quadruple le Quatuor. L’abri du moteur était fait en bois rond et les pylônes étaient de couleur bleue. Il a été démantelé en 2007 pour faire place à un tapis roulant. Le même sort fut réservé au fil neige qui était installé à sa droite immédiate. Fait à noter, ce T-Bar a déjà été utilisé pour faire grimper des chambres à air de glissade sur tube, cette piste de glissade était située tout juste à côté de la piste Adams.
Avant l’installation de ce T-Bar, il est possible de noter qu’un rope-tow avait été installé à la gauche de la piste Pente Douce.
Toutes les deux de marque Mueller, on retrouvait sur le versant Orford jusqu’en 2003, les deux remontées mythiques parallèles Mi-Orford et Chaise du Ciel. Avec leur abri de moteur commun en planches de bois verni et leurs pylônes en treillis, ces remontées donnaient un petit cachet ancien à la station.
Le télésiège double Mi-Orford a été coupé en deux en 1983, afin de desservir le bas de la montagne et rejoindre le télésiège triple Rapido. Lors de son installation initiale, il a battu à ce moment le record de la plus longue remontée au Canada. Ses chaises d’origines comportaient un support par une pôle au milieu. Par la suite, les chaises ont été remplacées par un modèle comportant un support sur les côtés. À l’origine, ce télésiège mesurait 1750 mètres et grimpait 460 mètres de dénivellation; il a été raccourci à 930 mètres et permettait de faire l’ascension 200 mètres. Vers la fin de sa carrière, on pouvait retrouver sur sa ligne des chaises de deux marques des Mueller et des Doppelmayr. Ce télésiège était en opération 7 jours sur 7.
Le télésiège double Chaise du Ciel a été rapidement ajouté en renfort au premier télésiège mentionné plus haut. Il était presque son jumeau sauf que ses pylônes étaient plus haut et qu’il était plus rapide: il permettait de monter au sommet en 16 minutes. Jusqu’à son démantèlement, ce télésiège possédait encore ses chaises d’origine. Ces dernières avaient une forme plus évasées que celle de sa voisine et elles étaient très confortables, ce qui pouvait compenser pour la durée de la remontée. Ce télésiège avait une longueur de 1750 mètres et grimpait 460 mètres.
Le télésiège de droite est la chaise Mi-Orford avant qu’elle ne soit coupée et celle de gauche, la Chaise du ciel
La présentation du profil de ces six remontées mécaniques nous a permis de constater que ce n’est pas d’hier que l’on dévale les pentes de la station du Mont Orford. De plus, ce bref arrêt sur l’histoire de l’évolution des lieux aura permis à certains de ressortir de vieux souvenirs et à d’autres de constater que la morphologie des installations a bien changé.