Aujourd’hui est venu le temps de mettre en pratique les heures d’entraînement que vous avez allouées au ski de montagne depuis le début de l’hiver! Et quoi de mieux que de venir participer à l’une des étapes du SkimoEast proposés aux 4 coins de la province ou à la frontière américaine dans le Vermont? Cet article propose un court descriptif des épreuves ainsi que mon expérience personnelle dans ces courses!

Différents formats d’épreuves

Le skimo est régi par la Fédération Internationale de Ski de Montagne  (ISMF), qui assure le cadre règlementaire dans lequel les courses sous son label doivent se tenir. Quant à la Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME), dont l’objectif est d’assurer la promotion et le développement du ski-alpinisme (entre autres), elle définit les différents épreuves de course comme suit:

– Le sprint, un parcours très court, avec plusieurs changements de mode de progression ; il s’agit d’un format de course très technique et intense.
– La verticale race, qui privilégie la vitesse d’ascension pure (dénivelé intermédiaire), sans effectuer la descente.
– L’épreuve individuelle ne comporte pas de passages particulièrement difficiles et est composée de plusieurs montées et descentes; c’est le « format classique » où la polyvalence est une qualité essentielle.
– L’épreuve par équipe met en avant l’esprit de cordée sur des parcours longs qui présente de nombreux passages techniques (cordes fixe, arêtes, glaciers…)
– Le relais est un format court et technique où l’esprit d’équipe permettra de se surpasser.

Mais « au Québec, le sport est encore bien trop jeune pour faire cela », m’explique Jeff Rivest, instigateur du SkimoEast; « il faut faire découvrir le sport en premier lieu et surtout avoir du plaisir à le pratiquer et éviter les controverses psychorigides car cela n’aide pas à populariser la discipline, à l’inverse du freeride qui se développe à grande vitesse… ».

Le tour SkimoEast

Pour se développer localement, un sport doit permettre à ses adeptes de se rassembler pour les fédérer. Depuis maintenant deux ans, quatre amis passionnés, Lyne Bessette, Jeff Rivest, Tim Johnson et Richard Ferron, ont créé l’association SkimoEast avec pour ambition de partager leur passion pour le ski de montagne. C’est ainsi qu’en 2016, un premier Championnat de course skimo a eu lieu au Québec et au Vermont, réparti sur une dizaine de courses de janvier à avril, dont le classement reposait sur les cinq meilleurs résultats. Plusieurs types d’épreuves ont ainsi eu lieu: courses individuelles, course sur deux jours et course par équipe et par étapes dans les Chic-Chocs.

Mon retour d’expérience

Cette année, j’ai déjà eu l’occasion de participer à deux épreuves, au moment où j’écris cet article ; le Trail de Nuit à Stoneham et le Défi des Montagnes au Massif de Charlevoix. Deux épreuves différentes qui sollicitent des qualités différentes.

À Stoneham, l’objectif était de faire un maximum de montées dans un laps de temps d’une heure, comme en cyclocross: « Si tu passes l’arche à 59 minutes, tu continues, alors que si tu arrives à 61 minutes, c’est terminé », m’explique Richard Ferron lors d’une de nos sorties d’entrainement-repérage du tracé.
Avec une boucle de 2,8km de long, une montée de 1,2km (350mD+ – 30%) et la descente dans une piste « facile » (mais de nuit), les plus rapides feront quatre boucles en un peu plus d’une heure quand en moyenne le reste des participants en fera trois. Cette épreuve s’apparente en tout point à un sprint: explosif, rapide et intense!

Pour cette première course, je ne me suis pas posé beaucoup de questions, et je suis parti à fond: oubliez la technique ou la gestion de l’effort! Je me suis fait dire par des concurrents et ma blonde que je courrais littéralement avec mes skis ! Pas esthétique, très éprouvant, j’en ai payé le prix rapidement, à la fin de la première montée, lorsque j’étais en surrégime et que j’éprouvais des difficultés à respirer. À ma première transition, je tente de bloquer mes bottes pour la descente, mais je ressens une résistance… je force plusieurs fois, jusqu’à me rendre compte que j’avais tourné une lanière, sans faire la vérification initiale. Me voilà obligé d’ouvrir ma botte au complet avant de remettre ma fixation correctement! Les secondes filent…

Je suis également confronté à un deuxième problème: la gestion des peaux. Malgré des lectures préconisant d’avoir toujours deux paires en course, j’ai pris le départ confiant avec une seule paire, en me disant que j’ai déjà fait huit montées en une matinée ici – 3000mD+ – sans problème… Malheureusement, au cours de la seconde montée, l’une de mes peaux s’est décollée et j’ai glissé. Pas d’autre choix que de porter mes skis dans le dos pour finir la montée à pied! Et comme mes peaux ne collaient plus, j’ai effectué ma troisième montée à la course au complet, en bottes. Depuis, je me suis acheté une seconde paire de peaux que je traine avec moi en course !

Lors du Défi des Montagnes, la tâche s’avère plus costaude: un parcours de 19km, 1800mD+, du ski dans les pistes à bosses, des sections en bootpack…Bref, tous les ingrédients de l’épreuve individuelle par excellence.

J’ai pris le départ de cette course après trois jours de maux ventre, autant dire que je n’avais pas de jambes, et ça été très très long! Les sections à faible dénivelé qui requièrent un peu de technique de ski de fond ont été interminables. C’est mon point faible et je vais devoir emmagasiner du volume de distance et non uniquement du dénivelé.

La descente dans le premier sous-bois était très technique: des bosses, des arbres, et de la poudreuse, tous les ingrédients sont réunis pour nous couper les jambes avant de rejoindre une longue piste de 4 roues dans laquelle il fallait rependre du terrain tout en économisant les jambes en vue de la prochaine difficulté. C’est finalement dans la montée sèche de 700mD+ que j’ai été le plus à l’aise, rattrapant et doublant cinq concurrents: c’est dans ce type d’effort que je tire le mieux mon épingle du jeu.

Au bootpack, l’un des bénévoles me donne l’espoir que mon calvaire s’achève lorsqu’il nous crie : « Lâchez pas, c’est la dernière montée… », alors qu’il restait en réalité une descente avant la dernière bosse de 450mD+! Lors de la dernière transition, l’attache de mes peaux saute, m’obligeant à improviser un bricolage après avoir enlevé mes gants, dragonnes et m’être fait dépasser par un concurrent que j’avais précédemment doublé. Dans cette dernière demi-heure, je me suis littéralement écroulé tandis que je prévoyais compléter la course en 2h30, il m’aura fallu 3h00 pour enfin m’asseoir sur une chaise et reposer mes jambes. La demi-heure de trop…

Une mécanique qui roule

Vous l’aurez compris, le jour de l’épreuve, tous les voyants doivent être au vert, et il n’y a pas de place pour des imprévus. La forme physique, le matériel, les transitions… tous ces « détails » doivent être parfaitement exécutés et coordonnés le jour de l’épreuve, car ils constituent en substance des secondes et minutes à perdre du terrain sur les autres concurrents. Bien souvent, à l’arrivée, le podium d’une course se joue sur ces détails et sur la capacité de les enchaîner sans accrocs par rapport à ses poursuivants!

Plus qu’une compétition, un rassemblement de passionnés

Que l’on aime ou que l’on déteste « la compétition », les évènements proposés par SkimoEast sont incontournables pour tout amateur de skimo au Québec !

Ouvert aux pratiquants en espadrilles, en raquettes, en ski de freeride (équipement lourd), avec des parcours longs et court, il y en a pour tous les goûts et chacun peut y aller à son rythme (pas de temps limite pour terminer le parcours). De plus, l’organisation offre un cadre légal et sécuritaire tout en regroupant des passionnés: rien que pour ces arguments, ces évènements sont une aubaine!

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Lorsqu'il n'est pas derrière son ordinateur ou un appareil photo, vous risquez de trouver Julien quelques part dans les montagnes. Que ce soit en été, à courir dans les sentiers, sur les crêtes et à travers les ruisseaux, ou en hiver, à jouer dans la neige et sur les cascades de glaces, tant qu'il y a un sommet à la clef, cela fait son bonheur!