Nous sommes en 1987, j’habite à Granby et je suis en première année du primaire. Ma carrière de fondeur (skieur de fond) est déjà bien entamée. J’ai parcouru les quatre coins de la Montérégie; les sentiers de Rougemont et de St-Bruno n’ont plus de secrets pour moi. Mon père est issu d’une famille de skieurs alpins et pourtant je n’en ai encore jamais fait. Un matin de janvier, mon père me fait la grande annonce: ce soir on va aller à Bromont! Je jubile, impossible de garder ma concentration durant toute la journée à l’école, je ne pense qu’à ma soirée. La cloche de la fin des cours sonne enfin, je m’habille à une vitesse record et je cours les deux kilomètres qui séparent l’école de ma maison.

On débute notre soirée de ski dans le Mont Soleil. Inutile de vous dire que Bromont a drôlement changé depuis. À l’époque,  deux remontées de type « t-bar » sont offertes aux débutants. Une des remontées s’arrête à mi-montagne tandis que l’autre se rend complètement en haut. Dans ce temps-là, on apprenait à la dure!  Après quelques virages afin de maîtriser la transition entre le ski alpin et le ski de fond, je suis prêt pour la grande montagne. Le poma quadruple débrayable tout neuf, installé l’année précédente, nous amène rapidement au sommet. Je commence par demander à mon père d’essayer  la piste la plus « longue »!  Il accepte et nous descendons la Brome. Lors de la remontée suivante, je lui demande d’affronter  la piste la plus difficile, cette fois-ci, il n’a pas acquiescé… Mais les progrès aidant, j’ai pu parcourir toute la montagne. Si jamais vous passez près de la sortie 78 de l’autoroute 10, voici 5 raisons qui pourraient possiblement vous inciter à faire le détour.

1. La Sherbrooke

Cette piste du versant du Village, double noire, restera toujours un classique pour moi. Une ligne droite pas très large avec un degré d’inclinaison soutenue. Il faut être opportuniste pour skier cette piste dans de bonnes conditions. C’est connu, la Montérégie n’est la championne des précipitations de neige, alors il n’est pas rare que cette piste soit fermée ou en très mauvaise condition. L’inclinaison de la première partie de la piste est trop prononcée  pour que les dameuses accomplissent leur travail seules. Elles devaient donc être remorquées par une autre dameuse pour effectuer l’entretien. Ce n’est pas très grave car je n’ai jamais aimé cette piste damée, préférant l’affronter au naturel. À l’époque, un télésiège double se situait dans cette piste. C’était l’idéal lors des belles journées de printemps pour dévaler à répétition cette Sherbrooke en belles bosses crémeuses sous un soleil radieux!

2. Le Bar « La débarque »

Je n’ai jamais été un grand amateur des bars dans les stations de ski. Quand je me rends en ski, d’habitude, c’est pour skier surtout durant la journée. Mais lors d’une sortie de ski en soirée, je me laisse parfois tenter par le diable. Pourquoi pas une petite bière ou deux, un vendredi soir, pour terminer la semaine en beauté? L’ambiance du bar « La débarque »  m’a toujours plu. Je ne suis pas le seul car les résidents de Bromont, Granby et les environs n’hésitent pas à s’y rendre, même s’ils ne s’adonnent  pas au ski!

3. Les Nuits Blanches

J’espère que je ne vous apprends rien: les conditions des pistes lors des Nuits Blanches sont habituellement très moyennes dû à l’achalandage. Heureusement, ce n’est pas le but des nuits blanches. Le concept est très simple: on repousse l’heure de fermeture aux petites heures du matin pour offrir une soirée des plus festives. Quoi de mieux que du ski, de la musique, des amis et un bar rempli de maniaques de neige comme moi?

4. Le stationnement P5, versant du Lac

Bromont est victime de son succès. Il n’est pas rare qu’on se stationne loin, très loin du chalet en voulant skier chez l’inventeur de l’abonnement de saison bon marché. En snowboard,  j’imagine que ça se négocie mieux, mais pour un skieur qui refuse de se changer dans le chalet, la marche peut être longue longtemps. Un bon conseil: utilisez le stationnement P5, qui se trouve sur le versant du Lac où l’achalandage est beaucoup plus modéré. Une billetterie et un chalet avec restauration s’y trouvent  également. Lorsqu’on connaît son existence, le stationnement du versant principal (du Village) n’est plus d’aucune utilité!

5. Les snowparks

Dans les années 90, la majorité des stations de ski possédaient des « snowpark ».  Avec les nombreux accidents, la nouvelle réglementation et la surveillance accrue nécessaire à leur bon fonctionnement, plusieurs stations ont réduit considérablement la taille de leur parc ou voire même, ont fermé leur parc à neige. Parfois, j’ai l’impression que les snowparks sont une espèce voie de disparition. Une exception : Bromont dispose de 8 snowparks pour tous les niveaux dispersés sur la montagne. Le choix de modules et sauts est très varié. Seul bémol, on ne retrouve plus de sauts de type « XL » depuis quelques années, mais bah, je me fais vieux de toute façon.

Alors que je suis adolescent, tous les membres de ma famille ont adopté Bromont, devenue la montagne familiale. Nous avons notre passe et je skie tous les samedis et dimanches matin de la saison. Mes parents sont plutôt matinaux, il faut toujours être là pour le départ de la première chaise lors de l’ouverture à 8h30. Le damage des pistes principales est toujours impeccable (même les lendemains de tempête…) et les conditions restent bonnes jusqu’à notre départ, habituellement en fin de matinée.

Années après années, l’ouverture de la saison suivante ne venait jamais assez vite à mon goût. J’ai vécu de beaux moments à Bromont: dans la piste St-Hyacinthe à la mi-montagne du Mont Soleil, en passant par les nuits blanches entre amis au mois de février ou les fins de saison à Pâques où nous n’étions que cinq sur la montagne, tous restent de bons souvenirs.  Puis, j’ai quitté le nid familial pour les études et j’ai cessé temporairement d’être membre à Bromont. Vers la fin de mes études, je me suis remis à skier;  mon budget d’étudiant aimait bien les abonnements de soirée bon marché de Bromont. Le déménagement, le travail et la fondation de ma propre petite famille m’ont un peu éloigné…Une chose demeure: Bromont est et restera toujours la montagne par excellence pour partager une journée de ski avec des amis, peu importe leurs habiletés de skieur.

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Fils illégitime du défunt Prof Bof, Marc-Antoine est passionné par deux choses: la neige et la science. Tantôt, en classique, tantôt en skating et tantôt en hors-piste, Marc-Antoine s’oppose fermement à la binarité de la discipline et refuse d’être associé à un camp défini. Follement amoureux de la neige, sa non-binarité lui permet bon an mal an de profiter de sa passion de la glisse d’octobre à juillet.