Ah, vous frottiez vos bâtons de golf au Brasso? Vous huiliez la chaîne de votre bicyclette à l’huile d’abrasin? Vous polissiez la lame rouillée de votre tondeuse avec une crème exfoliante? Désolé de vous avoir manqués sur les pentes de Tremblant. Car ici au printemps, il n’y a guère autre chose que les skieurs et planchistes s’imaginent pouvoir faire. Le ski de printemps s’y déroule parfois brièvement, mais toujours en grandes pompes. Et sur des tonnes de neige, bien que selon l’orientation des pistes l’herbe brune commence à reprendre ses droits.
Les deux pôles de Tremblant sont sérieusement mis en contraste lors de ces journées festives dignes des plus nobles pèlerinages. Au versant principal, les très nombreux visiteurs et autres touristes aux Kodak hyperactifs déambulent en espadrilles et en tenue printanière. Ils flirtent avec les boutiques et finissent pas s’assoir à une terrasse, le temps d’un combo bière/burger. Printemps oblige, l’arôme irrésistible des viandes grillées vient à bout même des moins carnivores du lot. Dans un autre univers, le versant Nord exprime sa plus forte antinomie. Pas de touristes, pas de nouveaux mariés sur fond de neige, pas d’adolescentes en gougounes Prada bras dessus bras dessous à 8 de large. Que des skieurs et des planchistes. Juste ça. Mais quel rituel! Quel party saisonnier, et quel plaisir! Les BBQ sont là, les sourires sont là aussi et tous ceux qui refusent la mort de l’hiver se donnent rendez-vous au temple de l’hédonisme que constitue la glisse à Tremblant en avril.
Alors si par un malheureux destin vous avez manqué le week-end de Pâques sur les pentes de la légendaire station, vous devrez prendre votre mal en patience pour au moins 7 mois. Si au contraire un fabuleux destin vous a projeté sur ces pentes magiques, mais en fin de vie, vous conviendrez avec moi qu’il n’y a pas plus heureuse bipolarité: avec ses deux visages, Tremblant demeure le roi du ski de printemps!