Afin de soutenir l’éclosion de projets novateurs pour l’industrie du ski, l’Association des stations de ski du Québec a lancé l’an dernier le concours « Les dragons du ski ». Les stations sont invitées à présenter un projet qui sera rentable, novateur, faisable, viable et durable, tout en contribuant au rayonnement touristique. Un jury décerne une bourse de 10 000 $ afin de soutenir la réalisation du projet retenu. Zone ski se penche sur deux des projets présentés lors de la seconde édition.

Alors que les jeunes amateurs de style libre réclament de longs parcs à neige équipés de modules difficiles, plusieurs stations peinent à répondre à leur demande. Difficultés d’entretien, coûts d’installation, rentabilité inexistante, les parcs à neige grand format sont une perte nette au point de vue monétaire les stations. Toutefois, les stations n’offrant pas de parc à neige répondant aux goûts de ces clients exigeants voient un exode d’une partie de leur clientèle au profit d’autres centres de ski…

Val Saint-Côme croit avoir trouvé une alternative intéressante à offrir à ces skieurs en mal de sensations fortes : un parc nature. « Il s’agit d’un parc dans un sous-bois avec des modules fabriqués à partir de matériaux naturels » ou encore prenant avantage de la structure naturelle de la montagne, explique Louis-Georges Manseau, responsable de la gestion des risques et de la sécurité à la Station touristique Val Saint-Côme. « Les rampes peuvent être faites à partir de troncs d’arbres et on peut faire de petits modules avec des billes de bois. » Les rochers deviennent des sauts, les caps, des canons.

Les économies viennent principalement du fait que le parc nature, comme un sous-bois, n’est ni enneigé, ni entretenu mécaniquement. Sa mise en place compte sur la participation des usagers et les différents modules sont fabriqués à moindre coût grâce à l’utilisation de matériaux pris sur place.

L’idée de parc nature de Val Saint-Côme est inspirée d’un concept californien appelé Stash, qui se répand aux États-Unis et ailleurs dans le monde depuis une dizaine d’années. Le tout premier a été dessiné par nuls autres que Jake Burton et Craig Kelly pour la station Northstar. Val Saint-Côme est la première station au Québec à implanter un parc du genre… mais sans l’aide de ces légendes!

La station comptait sur la bourse de 10 000 $ des Dragons du ski pour boucler le financement du parc nature, un projet évalué à 15 000$, somme dont la plus grande partie est consacrée au nettoyage et au déboisement du terrain. Pour maximiser les investissements, la station souhaite rendre ce nouveau parc accessible aux villégiateurs pour la randonnée en dehors de la saison estivale. Les juges des Dragons du ski ont peut-être préféré le projet d’Indice d’efficacité énergétique de Ski Bromont, mais considérant que le parc nature était un investissement rentable, la direction de Val Saint-Côme a décidé de le réaliser sans ce soutien financier, en répartissant les travaux sur deux ans plutôt que sur une seule année. Ainsi, un prolongement du parc est à l’agenda pour l’an prochain.

Pour les amateurs, le plaisir commence maintenant : la première section est d’ores et déjà accessible. « Nous avons choisi un emplacement où les jeunes allaient déjà l’an passé, précise M. Manseau. On l’a nettoyé durant l’été et on a gardé le bois pour faire des modules. » Complètement dépendant des bordées neige naturelle, le parc devrait recevoir ses premiers visiteurs ces jours-ci. Mais avant de s’amuser, les jeunes devront y travailler! « C’est ce qui les intéresse, jouer dans le bois! », affirme M. Manseau. Ils pourront décider de la configuration du parc et construire leurs modules, soutenus dans le développement par l’équipe de Val Saint-Côme. Tel que visible sur la carte des pistes de la station, la piste Le parc nature est située sur le versant Est et porte le numéro 21.

La plupart des modules seront construits l’été prochain, quand le bois coupé aura suffisamment séché et que l’usage aura permis de déterminer les endroits idéaux pour installer des structures fixes. Pour le reste, le parc pourra changer chaque année, au gré de l’inspiration de ses utilisateurs, qui pourront être de tous calibres. La station continuera à offrir un parc traditionnel, avec des modules accessibles à tous.

L’équipe de Val Saint-Côme n’aura pas à dépenser une fortune en enneigement pour un parc large ou x-large, et aucun entretien mécanique ne sera effectué. On a d’ailleurs pris soin de choisir un endroit à l’abri des rayons directs du soleil pour réduire les chances que de la glace fasse son apparition. Quant aux assurances, aucune difficulté n’a été rencontrée. Si les jeunes adoptent le parc, Val Saint-Côme aura trouvé une solution économique pour répondre aux attentes de cette clientèle exigeante. Une idée qui pourrait se répandre comme une trainée de poudre!

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Journaliste devenue touriste, Marianne Dandurand explore le Québec dès que l'occasion se présente. Spécialiste des relations publiques, elle a travaillé pour quelques entreprises touristiques des Cantons-de-l'Est tout en acceptant différents contrats de rédaction lui permettant d'élargir ses connaissances. Mais l'hiver, c'est relâche: c'est le temps de skier!