Puisqu’il faut un début à tout, c’est le 9 janvier dernier qu’a eu lieu le lancement du tout premier Festival Rando Alpine organisé au Mont Tremblant. L’an dernier, alors qu’elle soufflait ses 75 bougies, cette station riche en histoire a inauguré huit zones d’ascension sécurisées permettant d’accéder au sommet de la montagne par des chemins en forêt sillonnant le territoire de la station. Il y en a évidemment pour tous les goûts et tous les niveaux de forme physique, de la gazelle en skis au touriste en initiation complète. En développant cette autre façon de découvrir la montagne, Tremblant se positionne parmi les stations qui ont rapidement sauté sur la vague du retour aux sources, directement dans la tendance du hors-pistes.

Ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas là d’une offre de ski hors-pistes dans un territoire différent. Tremblant a d’ailleurs bien choisi le terme « randonnée alpine » puisque les circuits à emprunter en ski pour accéder au sommet constituent simplement une alternative aux remontées mécaniques. Une fois au sommet, les randonneurs ont accès à l’ensemble du domaine skiable régulier. Un accès journalier coûte 5,99$, un abonnement saisonnier 29,99$ (plus de détails ici). Cette offre fait peut-être grincer les dents des plus puristes du hors-pistes mais le produit de Tremblant en est un d’appel, qui répond bien à la demande d’une clientèle qui cherche à se (re)mettre en forme, faire du plein-air et s’initier à la pratique du ski de randonnée. L’idée de Tremblant était également de faire un clin d’oeil aux pionniers de la station, Joe Ryan et Lowell Thomas, qui gravissaient la montagne en ski, bien avant que les remontées mécaniques n’y soient installées. L’occasion du 75e anniversaire ainsi que la mode au ski de randonnée ont donc fourni le parfait moment pour le développement des sentiers. Bien entendu, la station offre également la location de l’équipement complet ainsi que des sorties guidées, histoire de ne pas laisser les non-initiés dans le noir.

Parlant du noir, c’est dans la demi-pénombre que nous avons entamé la Traversée nocturne. Cette randonnée en skis qui nous amènera au sommet de la montagne était organisée spécialement pour l’occasion du Festival Rando Alpine. Vers 16h00, peu avant le départ, des guides ont formé des groupes de randonneurs selon leur forme physique: les plus rapides ont l’habitude de gravir les 645 mètres de dénivelé en moins d’une heure et demie, tandis que la plupart des skieurs mettront de deux heures et demie à trois heures pour y arriver. Pour notre part, nous avons été placés dans un groupe un peu disparate, qui se fractionnera en cours de montée. Peu avant le départ, notre guide fort aimable a pris la peine de s’assurer que nous avions tout ce qu’il faut: skis, fixations et bottes adéquats, peaux d’ascension, lampes frontales, piles de rechange, vêtements plus chauds, habillement en multi-couches, eau, barres tendres et noix… le mélange du randonneur était de circonstance!

La noirceur est finalement complètement tombée alors que nous quittions la piste Nansen Bas pour pénétrer dans les boisés. Le sentier à suivre jusqu’au sommet: Vertigo, 3,9km, classé « Exigeant » selon la carte (pdf). À ce moment précis, les skieurs non rompus à ce type d’exercice ont commencé à traverser les diverses étapes d’introspection propres à ce genre d’activité. Un des membres du groupe a d’ailleurs lancé « C’est Saint-Tremblant-de-Compostelle, ça! » D’abord, le déni: tout va bien, je ne suis pas trop essoufflé, déjà 1km de parcouru en 45 minutes, ça roule Raoul. Ensuite, la colère: allons donc, c’est pas possible que je trouve ça difficile? Je suis pourtant relativement en forme! Puis, les négociations intérieures: bon, si je marche encore 15 minutes, je me donne droit à une pause jus et barre tendre. L’étape de la détresse est survenue alors qu’on abordait la portion la plus à pic du sentier: comment, quoi? Seulement la mi-parcours?? Et enfin, la résignation nous a fait poursuivre jusqu’au bout: à quoi bon avoir déjà parcouru tout ce chemin, autant compléter le tracé! C’est donc en trois heures, pauses incluses, que nous avons gravi le Mont Tremblant. La finale, une descente à la frontale dans la piste Devil’s River, nous a amenés à un souper fondue au chalet de la base du versant Nord. Tout au cours du repas, Simon St-Arnaud, porte-parole du Festival Rando Alpine, a assuré l’ambiance avec ses récits ponctués d’anecdotes aventurières. Le retour au versant Sud s’est effectué par navette, ce qui tombait bien: personne n’avait envie de regrimper après le souper!

Rassurez-vous, au cours de l’ascension, l’ambiance a toujours été légère, grandement grâce à aux guides et fermeurs de pistes. La parole sage du soir fut « Certains se démarquent par leur forme physique… les autres, par leur persévérance! » La présence des guides a été très appréciable car ils nous indiquaient la topographie à venir, les moments de pause recommandés, les sections où mettre nos cales de montée, quand les retirer, et tout un tas de conseils très utiles pour éviter de se brûler en montée, sans oublier l’aspect plus « sécuritaire » il vaudra toujours mieux de se lancer dans un environnement inconnu avec un accompagnateur!

La conclusion est donc très positive et malgré certaines souffrances momentanées ainsi que les courbatures du lendemain, l’envie de répéter l’expérience est bien présente! D’ailleurs, l’organisateur de la Traversée nocturne, Aymeric Brisset, s’enthousiasmait de la réponse de la clientèle: alors qu’il planifiait l’événement, il s’attendait à recevoir une centaine d’inscriptions… c’est finalement plus de 160 skieurs qui ont gravi la montagne samedi soir! Il y a fort à parier que si la station songe à organiser d’autres éditions de cette activité, les skieurs-randonneurs seront au rendez-vous!

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Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.