Parfois, je reçois des courriels qui provoquent chez moi une légère érection capillaire… et parfois, je n’en fais pas de cas. Mais… je n’ai pas envie de simplement cliquouiller sur l’icône de corbeille cette fois-ci. L’an dernier, c’est sur Twitter que j’ai tapé sur les doigts de Marie-France Bazzo, dont les frissonnements et les réactions négatives à chaque bulletin météo en ondes à Radio-Canada me faisaient grincer des temps. Il y a trois ans ans, c’est par un éditorial que j’ai grogné à propos des météorhinocérologues qui tiennent un discours pessimiste et dissuasif par rapport à l’hiver et aux températures froides, surtout en lien avec le facteur éolien. Cette fois, la cible de mon “Scrogneugneu” du jour est CAA Québec.

Précision: CAA Québec offre des bons produits et services. Je suis moi-même membre, et j’utilise leurs services à quelques reprises chaque année, bien souvent pour dépanner d’autres gens que moi… mais j’en profite aussi pour obtenir des rabais à plein d’endroits. Ce que j’ai à reprocher à l’organisation pourrait être dirigé vers toutes les entités commerciales qui basent leur marketing sur “fuir le froid”… Car oui, le courriel qui est entré dans ma boite ce matin avait pour simple titre “Fuyez le froid!” … et bien entendu, tout le contenu était axé sur l’évasion au soleil, le chaud, le sud, oublier l’hiver rigoureux, relaxer, le farniente…

Autre précision: je n’ai rien non plus contre les gens qui décident d’aller passer un peu de temps au chaud en plein hiver -je l’ai déjà fait moi-même. Encore une fois, ce que je n’aime pas, c’est qu’on mise sur le marketing négatif et la fuite d’un climat hivernal normal pour inciter un comportement de consommation, plutôt que de favoriser l’économie hivernale.

Parce que je suis Mémère-la-Virgule, un peu de sémantique: “Fuir” signifie “S’éloigner en toute hâte pour échapper à quelqu’un ou à quelque chose de menaçant” (Le Petit Robert).  Bien sûr, d’autres significations suivent… mais l’idée de chercher à se soustraire d’un quelconque danger est toujours présente. En 2015, dans un pays industrialisé, en contexte de paix (à l’intérieur des frontières), en plein mois hivernal, est-ce bien pertinent d’inciter les gens à fuir le froid?

Bien sûr, il est inutile pour vous de m’indiquer à grands coups de pourcentages et de signes de dollar que le marché des voyages vers le sud rapporte davantage que les vacances hivernales. Ceci dit… j’ai quelques questions:

– Ces dollars investis en voyage austral génèrent-ils des retombées économiques chez vous?
– Combien de fois annuellement êtes-vous témoin (voire victime) d’une coupure de service, d’une fermeture, d’une faillite d’une entreprise locale, faute de clients?
– Est-ce bien nécessaire de faire de la publicité pour le soleil, dont tout le monde connait déjà suffisamment les bénéfices pour en profiter jusqu’à ce qu’il fasse précisément 26,7°C (car au-delà de cette température, le grogneur universel prend le dessus et râle qu’il fait trop chaud)?
– À moins d’avoir été pris dans une avalanche, la crise du verglas ou un accident malencontreux, à quand remonte la dernière fois que le froid a posé un réel danger à votre survie?

Il y a deux ans, mon collègue Pierre Pinsonnault écrivait un texte dans lequel il comparait les dépenses entre un voyage dans le sud et un séjour à la montagne. Ce texte est donc très à-propos… et je me permets de faire des gros yeux virtuels à un CAA Québec virtuel pour son mauvais choix de titrage et son mauvais marketing. L’hiver devrait être souligné et célébré, pas fui.

La seule chose qui me console: cette année, à force de sortir malgré les grands froids, j’ai constaté que les skieurs se sont adaptés. Semelles chauffantes, mérinos, masques, vêtements adéquats, précautions contre les engelures… c’est comme ça qu’on survit. Darwin aurait de quoi être fier: ceux qui ne pensent qu’à fuir ne survivraient pas très longtemps… et pour les autres, à nous la belle neige et les belles conditions!

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Geneviève Larivière
Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.