Si vous avez déjà été frustré par le résultat des photos de votre journée de ski alors que vous les regardiez, plein d’espoir, après les avoir transféré sur votre ordinateur, rassurez-vous: ce n’est rien de dramatique… et vous êtes loin d’être le seul à vous attrister de voir tout ce bleu! La prise de photo en contexte hivernal est relativement difficile car les appareils ne sont pas conçus pour ces environnements « extrêmes », qu’il s’agisse de température ou de lumière. Les conseils suivants vous aideront peut-être à améliorer la qualité de vos souvenirs de ski!

Avant d’aborder les trucs plus précis, sachez ce conseil général: il n’y a pas de « mauvais » appareil photo. Ne soyez pas complexé par un chiffre (megapixels ou valeur monétaire), ce n’est pas une assurance de qualité: c’est vous qui appuyez sur le déclencheur! Certains appareils peuvent vous faciliter davantage la tâche mais ils ont tous un capteur, une lentille et un déclencheur. Ne cherchez pas à changer votre appareil pour un « meilleur », cherchez plutôt à maitriser l’appareil que vous avez déjà. Si vous connaissez les menus, les faiblesses et forces de votre appareil, alors vous êtes prêt à aller un peu plus loin!

Un peu de technique sur votre matériel:

1. Sortez du mode complètement automatique. Même les appareils photo intégrés dans les téléphones intelligents offrent de plus en plus de réglages manuels ou semi-automatiques. Explorez-les! Vous aurez accès à davantage de réglages et vous serez à même de compenser selon l’environnement et la lumière, par exemple en jouant avec la braquette d’exposition. Généralement représentée par une ligne pointillée séparée en son centre par un 0 et graduée de -3 à +3, identifiée EV (exposure value), l’exposition est un réglage de base qui vous permet de « tricher » un peu en jouant sur la quantité de lumière que votre appareil enregistrera. C’est gris dehors? Surexposez à +1 ou +2. Il fait un soleil aveuglant? Votre appareil photo ne porte pas de lunettes de soleil… vous, oui: sous-exposez à -1. Testez vos réglages! Chaque situation étant légèrement différente, vos réglages auront à changer au fil des descentes.

2. La fameuse neige bleue: l’ennemi juré! Le capteur des appareils photo numériques est une merveille technologique… encore arriérée par rapport à notre oeil. Nous ne voyons jamais la neige bleue pour la simple et bonne raison que nos yeux font eux-même ce qu’on appelle la « balance des blancs ». La quantité de blanc à laquelle le capteur de l’appareil photo est exposé en hiver est simplement trop grande pour que l’appareil arrive à calculer rapidement (n’oubliez pas qu’il fait froid!) la compensation appropriée. Certains appareils ont des modes de prise de vue « Nuageux », « Éclairage au tungstène », « À la plage »… Peut-être le vôtre a-t-il une option « Sports d’hiver »? Blague à part, il est impossible d’éliminer complètement le bleu d’une photo prise en hiver mais certains réglages de l’appareil permettent de compenser. Si vous pouvez régler la « température » (en degrés Kelvin), c’est la meilleure solution: réglez la température au chiffre le plus élevé (exemple: 6500). Sinon, forcez le déclenchement du flash intégré de l’appareil, ce qui pourra également se révéler efficace, selon les conditions. Et dans tous les cas, il est possible de récupérer la photo en traitement sur l’ordinateur: plusieurs logiciels de retouche gratuits offrent cette correction de base.

3. Il neige des pizzas: ne sortez pas votre flash! Ceux qui ont déjà laissé leur appareil en mode complètement automatique ont déjà eu la surprise d’une photo affichant des boules de ouate surexposées ici et là dans l’image. Impossible à corriger! Une tache surexposée est une information inexistante dans le fichier de l’image il est impossible de traiter l’image pour inventer l’information qui n’existe pas.

4. Traitez votre appareil comme vos mains: protégez-le du froid! Selon le format de la pile de votre appareil photo, il est possible que celle-ci ne tienne pas toute une journée, surtout si l’appareil n’est pas isolé (dans une poche intérieure de votre manteau, par exemple). Gardez votre appareil un peu plus au chaud, ou apportez une pile de rechange si le format le permet. Attention lorsque vous rentrez dans le chalet: l’électronique de l’appareil ainsi que les lentilles peuvent s’embuer… Si vous avez un appareil semi-professionnel doté de lentilles interchangeables (DSLR/reflex), l’option de la poche intérieure du manteau est à oublier: pensez à investir dans un bon sac de transport coussiné! Ça le protègera des chocs… et de la neige! Truc bonus: ayez dans vos poches un petit linge micro-fibre pour nettoyer la lentille… ça marche pour vos lunettes de ski, ça marche pour les appareils photo! Et ça éliminera la petite tache qu’on pensait « invisible » qui apparait sur toutes les photos!

5. Évitez de prendre des photos lorsque le soleil est à son zénith. Les photos prises entre 11h30 et 13h30 sont surexposées, les visages des sujets toujours noirs et l’effet dynamique des ombres environnantes (skieurs ou arbres) est presque nul. Les meilleurs moments pour prendre des photos sont tôt le matin, ou dès que le ciel change de couleur avant le coucher du soleil -qui arrive relativement tôt en hiver! Truc bonus: si vous devez prendre des portraits rapprochés au diner, sortez votre flash! Il débouchera les ombres, éclaircira les regards et vous évitera d’avoir à mettre tous vos sujets face aux soleil… pour prendre des portraits de grimaces aveuglées.

En action:

6. En piste, tentez au maximum d’anticiper le mouvement de votre sujet.Cet exercice vous permettra d’éviter d’abuser du mode « rafale », qui est un réflexe très fréquent. Bien que la prise de photos en rafale soit une bonne porte de sortie lorsqu’on doit photographier une action rapide, il faut éviter de l’utiliser comme une béquille. En anticipant les virages de votre sujet-skieur, vous pourrez réduire le nombre de photos que votre appareil aura à stocker sur votre carte mémoire: moins dur sur la carte, moins dur sur les piles!

7. Effectuez une « pré-mise au point »: c’est la meilleure manière de réussir cette super photo d’action où le sujet n’est pas flou… parce que vous étiez prêt! Presque tous les appareils photo font une mise au point lorsqu’on appuie à mi-course sur le déclencheur. Testez-le sur votre appareil! Visez, appuyez sur le déclencheur mais ne vous rendez pas jusqu’au bout pour prendre la photo. Vous verrez peut-être sur votre écran apparaitre des zones ou carrés colorés indiquant à quel endroit la lentille a fait sa mise au point. Plusieurs méthodes peuvent fonctionner pour le « pré-focus »: trouver un objet à une distance similaire à celle de votre futur sujet, utiliser un autre skieur qui passe juste avant au bon endroit, demander à quelqu’un de se placer là où vous voulez… trouvez votre tactique! Et quand vous êtes prêt… clic!

8. Choisissez votre environnement selon la lumière ambiante: vous ne pouvez pas contrôler les nuages et le soleil… mais vous pouvez contrôler où vous prenez vos photos! Si c’est tout gris dehors, les photos prises dans des pistes ouvertes vous donneront une impression de « plat »: le skieur semblera inerte, le relief sera moins évident, les couleurs seront mornes et la photo n’aura pas l’air vivante. Allez dans les sous-bois! La lumière sera différente et les sujets se démarqueront. Au contraire, s’il fait un temps très ensoleillé, privilégiez les grands espaces ouverts pour inclure votre sujet dans le décor de son action. Et si vous devez absolument prendre des photos de skieurs en piste par temps gris…

9. … Utilisez les gros plans! Ce type de cadrage donnera de bonnes photos même par temps gris. Tant que votre sécurité le permet, suivez le skieur de proche, ou demandez-lui de passer près de vous en plein virage! C’est le moment d’utiliser votre mode « rafale » (avec modération)! Si la résolution des fichiers enregistrés par votre appareil est suffisante, vous pouvez aussi effectuer un recadrage de l’image une fois transférée sur votre ordinateur. Ce petit détail de composition peut faire toute la différence entre une photo vivante et une photo statique. Attention toutefois: l’abus de gros plan rend souvent la photo « anonyme » et difficile à placer dans un contexte précis.

10. Sollicitez la collaboration de vos amis/sujets: après tout, ils profiteront des souvenirs en photo que vous aurez pris, eux aussi! Suggérez-leur des virages ou des lignes où passer, demandez-leur de vous attendre le temps que vous évaluez un endroit pour trouver le meilleur angle ou pendant que vous rangez votre appareil, entendez-vous sur des codes de communication pour leur indiquer le moment pour descendre, recommandez-leur de porter des vêtements aux couleurs voyantes… ces petits détails donnent un sérieux coup de main au photographe, qu’il soit amateur ou professionnel!

Voilà! Avec ces conseils en tête et un peu de pratique, vos souvenirs en ski seront encore meilleurs… qui sait, peut-être irez-vous dorénavant à la chasse aux fonds d’écrans enneigés en  ski?

Cet article a été initialement rédigé pour Maneige.ski, publié dans l’infolettre de novembre 2016.

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Geneviève Larivière
Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.