Dans mon précédent billet, je comparais le ski alpin aux autres sports de même «catégorie»: individuels, nécessitant un équipement relativement complexe et élaboré, en volet récréatif. L’objectif était de démontrer que la pratique du ski alpin n’était pas plus coûteuse que les autres sports et activités de la même catégorie, voire souvent même moins cher et plus accessible. Le billet suivant passera un peu plus de temps sur les coûts et bénéfices relatifs aux sports de glisse en milieu alpin, en comparaison avec le golf, et aussi avec le hockey, rival de toujours, même si le hockey est un sport d’équipe.
Car oui, plusieurs sont tentés de comparer le ski alpin avec le hockey, puisque «c’est un sport d’hiver*». Je me suis d’ailleurs prêtée au jeu, m’attirant d’emblée les jugements de certains de mes répondants. L’un d’eux, spontanément, me lance «Ouain mais… le hockey c’est pas mal moins frais-chié que le ski!» Euh… bon. Que dire…
D’abord, réglons le cas des frais-chié en partant: y’en a partout! Je connais des frais-chiés en kayak, en moto, en piscine, en golf, en jardinage, en hockey, en informatique, en parachute, en ski de fond, en vélo de montagne, en planche à neige, en basketball, en photo, en [discipline de votre choix]… Et en ce qui me concerne, un frais-chié, ça ne l’est pas pour sa discipline, ça l’est pour son attitude condescendante généralement reliée à la valeur de l’équipement qu’il utilise (sans même avoir une meilleure performance!). Pour le reste, c’est un bipède qui fait essentiellement les mêmes choses que moi, mais en se pensant supérieur. What’s the big deal? Les frais-chier, c’est aucunement signe du coût général d’une activité. Au pire, c’est un emmerdement social, au mieux, on l’ignore. Cas réglé.
*Sport d’hiver: sachant que maintenant, le hockey se pratique dans un aréna, sur une glace refroidie et contrôlée, au couvert et à l’abri des tempêtes, de septembre à avril, on est loin de la définition originale d’un sport d’hiver… mais bon, bien sûr, il y a toujours les petites glaces extérieures, municipales, entretenues de peine et de misère par les taxes et les ouvriers de la voirie, à la merci de la pluie, avec un éclairage déficient, où on ne jouera jamais de manière aussi structurée que dans une ligue organisée, affiliée à un aréna. Disponible de la mi-janvier à la relâche, quand la météo le permet. Les stations de ski font mieux que ça, majoritairement grâce à l’enneigement et à l’altitude…
Revenons à nos moutons qu’on veut comparer: voici quelques statistiques, par sport. Je reviendrai sur le ski alpin avec d’autres statistiques un peu plus loin.
Le golf:
Coût moyen d’un équipement «moyen de gamme», pour un adulte: 1000$.
Durée de vie: environ 5 ans, pour une utilisation régulière (non-intensive et extrême)
Coût moyen d’une entrée adulte dans un terrain de golf le samedi matin (9 et 18 trous confondus): 95$.
Durée de jeu moyenne: 4 heures
Saison: mai à octobre (6 mois)
Le hockey:
Coût moyen d’un équipement «moyen de gamme», pour un adulte (joueur): 400$
Durée de vie: environ 3 ans, pour une utilisation régulière (non-intensive et extrême)
Coût moyen d’un match (à raison de 1 match par semaine, pour 8 mois): 10$
Durée de jeu moyenne: 2 heures
Saison: septembre à avril (8 mois)
Le ski alpin:
Coût moyen d’un équipement «moyen de gamme», pour un adulte: 800$ (planche à neige: un peu moins cher!)
Durée de vie: environ 5 ans, pour une utilisation régulière (non-intensive et extrême)
Coût moyen d’un billet journalier adulte, pour un samedi: 36$*
Durée d’une journée moyenne: 8 heures
Saison: décembre à avril (5 mois)
*Ce chiffre sera expliqué plus bas.
En résumé, même si le hockey coûte à première vue un peu moins cher que le ski alpin, la longévité de l’équipement de même que la durée de chaque séance font que les coûts ne sont pas inférieurs mais plutôt similaires en bout de ligne.
Voici un tableau récapitulatif concernant seulement les droits d’accès ou d’entrée, pour lequel les coûts sont calculés à raison de une sortie:
À propos du coût moyen quotidien pour le ski alpin: ce montant est la moyenne du tarif journalier adulte, plein prix, en vigueur pour un samedi dans les 77 stations de ski du Québec, basé sur les tarifs les plus à jour, disponibles en ligne ou par téléphone, en date de novembre 2013. Les prix peuvent changer ou être mis à jour par les stations et fausser mon calcul de quelques centimes. Ainsi, UN VISITEUR DERNIÈRE MINUTE NON PRÉPARÉ paie en moyenne 36$, taxes incluses, pour une journée de ski au Québec. Oui, vous avez bien lu. Si on additionne le prix d’une journée plein tarif adulte dans toutes les stations de ski du Québec, et qu’on divise par leur nombre total (77), ça donne très exactement 36,47$ (variations possibles basées sur les changements de tarifs).
Sur 77 stations, il y en a 40 dont le coût du billet journalier est égal ou inférieur à ce montant. Des 37 restantes, une dizaine offre le billet à moins de 40$. Une dernière statistique: Seulement 10 des 77 stations vendent leur accès journalier à plus de 50$.
Vous devinerez que ces 10 stations sont les plus « populaires » et les plus « grosses »… les voici, par ordre de valeur du billet (plus de 50$!)
Cette liste n’est une surprise pour personne. Cela dit… quelqu’un qui planifie un tant soit peu ne paiera à peu près jamais le plein prix à la billetterie! Vous êtes abonné dans une autre station de ski? Vous êtes étudiant? Vous avez une carte Air Miles? Vous avez acheté votre billet sur internet avant votre visite? Je peux continuer encore… la liste des rabais offerts à la billetterie et les moyens d’économiser est très longue.
Maintenant, que faire pour payer encore moins cher? Sortez des sentiers battus! Découvrez d’autres destinations! Faites fi des « faibles dénivelés »… vous aurez toujours de bonnes surprises. Et vous pouvez vous attendre à:
- Un stationnement accessible: pas besoin de marcher 3km en bottes de ski ou de prendre une navette qu’on attend trop longtemps
- Pas ou peu d’attente aux divers services: billetterie, remontées, cafétéria, bar, toilettes…
- Des conditions qui restent belles plus longtemps
- Des découvertes et des rencontres qui agrémentent la journée
- La satisfaction d’avoir participé, même à un petit niveau, à une économie locale
- La conscience d’avoir donné, même à un petit niveau, du soutien à l’industrie du ski et à la relève
- Et tout ce que vous voudrez y trouver vous-même!
Je termine cette série sur la valeur du ski en revenant sur certains points « clé »:
– Lorsque vous comparez le coût du ski alpin avec celui d’un autre sport, assurez-vous de comparer avec la même catégorie. Inutile de comparer le ski à la raquette ou au jogging.
– Ce n’est pas le sport qui coûte cher, c’est le niveau d’intensité et de sérieux qu’on y met. Un volet compétitif sera toujours plus coûteux qu’un volet récréatif.
– Évitez d’inclure les coûts « inhérents » à la pratique du sport dans votre calcul: alimentation et transport figurent dans toutes vos activités.
– Tout est une question de choix: vos loisirs font partie de vos choix de consommation, au même titre que l’achat d’une voiture (luxueuse ou pas), d’une soirée au cinéma, d’un voyage tout-inclus dans le sud, ou d’une énième paire de chaussures à talons hauts.
Je me permets également de décliner ici les arguments que j’utilise moi-même pour expliquer les raisons qui font que je préfère le ski alpin à d’autres sports: je préfère les sports individuels, mais qu’on peut pratiquer en groupe ou en solo, sans égard à notre âge, notre sexe, notre religion ou notre niveau technique. En tant que parent, vous pouvez skier avec votre progéniture, plutôt que de vous geler les fesses sur un banc d’aréna à siroter un café tiédasse en entendant un coach malmener ses ouailles… De plus, je préfère les sports qui me mettent en contact avec la nature, et qui me donnent du défi (à un niveau modéré) et une possibilité de progresser et de découvrir de nouvelles choses.
Sur ce… bonne glisse et bonne saison tout le monde!