Non, ce texte ne parlera pas aux hommes… ou alors oui, il vous fera peut-être voir les défis et questionnements vécus par votre conjointe! Je vous raconte ici mon histoire très personnelle, mais qui peut aussi être très universelle: un retour au sport, plus précisément à la planche à neige, après la grossesse et l’accouchement. Pour vous situer un peu plus: je suis maintenant dans la jeune quarantaine, et j’ai accueilli mes trois enfants avant la trentaine, en commençant par une grossesse gémellaire. Tout ce beau monde a bien grandi, mais les premières années étaient chaotiques! Voici donc mon parcours de fille active à maman sédentaire, pour redevenir femme sportive!

Courir après le temps: l’essoufflement complet

Les parents parmi vous le savent, lorsqu’on a un nouveau-né à la maison, il est inconcevable de penser à soi, même si on en aurait bien besoin… Imaginez avec deux nouveaux-nés en même temps! S’occuper de deux enfants me prenait tout le temps que j’avais dans une journée. Il était impossible pour moi de trouver deux minutes pour souffler… je suis donc passée d’active (je faisais du snowboard à quelques reprises durant l’hiver) à sédentaire, en arrêt forcé à cause de ma grossesse gémellaire. Après l’accouchement, le problème n’était pas seulement le temps qui me manquait: j’étais aux prises avec une séparation de mes abdominaux (diastase des grands droits) et d’énormes problèmes au dos, parce que mes vertèbres lombaires étaient restées paralysées durant au moins 15 jours après l’accouchement.

Comme ma famille n’était pas encore complète, j’ai fait l’erreur d’attendre après la troisième naissance (deuxième grossesse) avant de m’occuper de moi. Pendant les premières années, je n’ai rien fait d’autre que de m’occuper de mes bébés. Donc, durant au moins sept ans, j’avais abandonné l’idée de pouvoir faire de la planche à neige. Prise dans le tourbillon, j’ai aussi vécu une dépression post-partum qui a duré trois bonnes années, ce qui m’enlevait le peu d’énergie que j’aurais eu pour bouger ou m’occuper de moi. De plus, beaucoup de femmes qui deviennent mères vivent un grand défi face à l’acceptation des changements du corps et je n’y ai pas fait exception, à mon plus grand désespoir. C’est tout de même devant mon incapacité à bouger, ma fatigue et mon image que j’ai décidé de me retrousser les manches et de me redonner du temps pour moi.

Retrouver la motivation

Après l’accouchement de ma fille, j’ai attendu un mois avant de tenter toute activité, question de m’assurer que tout soit bien guéri. (Note importante: assurez-vous d’avoir l’approbation de votre médecin pour reprendre les activités physiques! Les risques de blessure sont très grands si vous ne reprenez pas graduellement, ou trop tôt…) D’abord, j’ai commencé à entraîner mes abdominaux à la maison. Je partais de loin! Je n’arrivais même pas à me relever une fois allongée au sol: mes muscles étaient devenus trop faibles pour mon propre poids… on est donc loin de l’idée de retourner faire de la planche à neige! Devant cette difficulté, je me suis dit qu’il valait mieux que je m’inscrive dans un gym pour être un peu plus encadrée afin d’entreprendre ma remise en forme… Mais ça n’a pas très bien fonctionné non plus: mes entrainements étaient des corvées, et je trouvais vite des excuses pour sauter mes séances, j’étais démotivée de la lenteur de mes progrès, et je me sentais seule dans mon univers. Après plusieurs échecs au gym, faute de motivation, et encore très épuisée par mon rôle de mère, j’ai décidé de trouver une activité qui, à mes yeux, ne serait pas qu’un simple entraînement, mais aussi une sortie avec des amis: cet équilibre était plus important que je ne le pensais pour ma santé mentale! 

Je me suis donc plongée tête première dans les cours de Zumba, et je m’y suis rapidement fait des amis, dont des jeunes mamans dans ma situation. Ça m’a redonné beaucoup de motivation et je ne manquais aucun cours même malgré toute la gestion des horaires que ça demandait. Petit à petit, tout en m’amusant, mes muscles ont commencé à reprendre du tonus et j’ai même intégré de la musculation dans ma routine. Je suis passée de ZÉRO redressements assis à une trentaine en quelques mois de travail! Je commençais à sentir que mon corps était de plus en plus capable d’en prendre et j’avais beaucoup plus d’espoir de reprendre mon sport.

Se fixer des objectifs: la clé de la motivation pour moi

Lors de ma remise en forme, je me suis fixé plusieurs objectifs sportifs pour me garder motivée. Je suis devenue instructrice de cours en groupe et je participais à des courses à obstacles. L’hiver, j’avais recommencé tranquillement à faire quelques sorties de planche à neige ici et là lorsque le temps me le permettait, mais ça me manquait toujours autant de ne pas pouvoir en faire plus souvent… Ma première sortie était vraiment très stressante: je n’avais plus confiance en mes capacités de planchiste, j’étais très craintive et j’avais peur de me blesser. Il faut dire que depuis ma dernière sortie en planche, il s’était écoulé sept longues années, où j’en ai arraché physiquement, sans mettre les pieds dans un centre de ski. Imaginez, je pensais retrouver un univers familier… mais à mon retour en piste, j’ai eu la grande surprise de constater que tout le monde portait un casque! C’est là que j’ai pris conscience du temps qui avait passé. J’ai encore une fois retroussé mes manches, et progressé tranquillement. Mes petites victoires: ne pas tomber pendant une descente, même si c’était juste une piste familiale! Puis, j’ai attaqué quelques intermédiaires que je savais moins à pic que les autres…

Au bout d’un moment, j’étais bien enthousiaste devant mes progrès, et j’ai joué à la fille téméraire alors que j’étais en sortie du club social avec un collègue. Ça m’a coûté une commotion cérébrale… parce que je n’avais pas les jambes aussi fortes que je pensais, je maitrisais moins bien ma planche, et après une petite manoeuvre amusante en bordure de pente, j’ai fait un atterrissage sur la tête. C’est là que je vous donne un conseil très important: il faut prendre tout le temps nécessaire pour s’habituer avec notre “nouveau” corps. Je pensais que j’y allais graduellement, mais les étapes étaient déjà trop grosses pour ma capacité. Je ne voulais pas revenir “en arrière”… mais ma commotion s’en est chargé!

Atteindre l’équilibre et le maintenir

J’ai toujours été travaillante -dans ma région, on dit “vaillante”! C’est donc grâce à ce trait de caractère que j’ai réussi à atteindre les objectifs que je me fixais. Je ne peux pas entreprendre les choses “sans but”… Mon objectif était de retrouver le niveau où j’avais laissé tous mes sports favoris. La planche à neige me manquait beaucoup avant que je reprenne le sport, et même une fois de retour sur les pentes, j’en faisais beaucoup moins qu’avant d’être maman. J’ai mis les bouchées doubles et maintenant, malgré le fait que je suis beaucoup moins téméraire qu’avant, je suis en mesure de faire ce qui me plaît sur les pentes! Et en toute honnêteté, j’avoue que le fait d’être membre de l’équipe ZoneSki a été d’une très grande aide pour pratiquer mon sport préféré, car en plus j’adore parler de sport!

Un autre conseil que je peux vous donner, qui aurait fait une différence pour moi: si vous le pouvez, faites participer vos enfants dès leur plus jeune âge pour qu’ils puissent vous suivre dans vos activités sportives! Je pense sincèrement que le fait de ne pas avoir intégré mes enfants plus tôt dans ma pratique sportive a rendu le retour plus difficile, surtout pour la planche à neige. J’étais toute seule en piste, et même si c’était du temps pour moi, je me sentais coupable de partir en laissant les enfants à la maison. J’ai finalement réussi à emmener ma fille et maintenant, elle grandit et commence à apprécier de plus en plus les sorties partagées en planche à neige avec moi: j’en suis ravie!

Ma grande conclusion non-scientifique à toute cette histoire, c’est qu’en chacune de nous, il y a une personne désireuse de reprendre le ski ou la planche, et que oui, c’est possible de retrouver le même niveau de performance et de satisfaction que “avant”, même si cela prend parfois plusieurs années de travail. Avoir des objectifs fixés, des plans de match, ne pas lésiner sur la remise en forme, impliquer tous les membres de la famille (même si ça demande une planification à tout casser!), rien n’est impossible!

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Julie Tremblay
Hyperactive avec un côté sportif développé. Julie fait du vélo de montagne, des courses à obstacles ainsi que de la planche à neige depuis son jeune âge. Lorsqu'elle glisse, ce qu'elle adore le plus c'est la poudreuse, les bords de piste et les sous-bois bien aménagés. Elle est toujours à la recherche d'un défi qui puisse la faire grandir !