La fin de semaine dernière (dimanche, 13 avril) clôturait la 60e saison de ski de la station bromontoise, qui a célébré avec fierté tout au long de l’hiver. En 1964, alors que le ruban inaugural venait d’être coupé sur la toute nouvelle autoroute 10, l’Autoroute des Cantons-de-l’Est, les pentes du Mont Soleil et du Mont Brome étaient prêtes à accueillir les skieurs de tous les horizons. Bromont, la ville, naissait du même coup, par la fusion de plusieurs villages et hameaux des environs. C’est dans cette effervescence que la station de ski a pu lancer ses opérations pour sa toute première saison, malgré une température beaucoup trop douce pour le ski le jour de l’inauguration: Environnement Canada a enregistré une température record de 15,6°C à Granby le 25 décembre 1964. Il aura fallu attendre janvier 1965 pour que les premières descentes puissent être effectuées sur neige…

Archives Bromont, montagne d’expériences
Archives Bromont, montagne d’expériences

Impact économique et social

Pour beaucoup de villes et de régions, la présence d’une station de ski représente une valeur ajoutée et un moteur socio-économique important. Plus on s’éloigne des grands centres urbains, plus les communautés sont tissées serrées et les infrastructures propres aux loisirs sportifs deviennent bien souvent des lieux de rassemblement dont l’utilité dépasse la pratique initiale du sport. Lorsqu’une ville nait en même temps qu’une station de ski en plus de l’accès autoroutier qui permet aux gens d’y accéder, on assiste à la création d’un endroit unique, voué à accueillir autant des résidants des environs que des visiteurs venus de loin. C’est exactement ce que représente Bromont, montagne d’expériences!

Archives Bromont, montagne d’expériences

1964, l’année faste

Les Cantons-de-l’Est sont en plein essor dans les années 1960: les Monts SUTTON, Owl’s Head, Glen et Shefford sont tous nés dans cette décennie propice aux grands projets dans la province. Même le Mont Orford, en opération depuis la fin des années 1940, prend de l’expansion en inaugurant le versant Alfred-Desrochers. Plus près de Montréal, 1964 voit aussi naitre le Mont-Bruno, future pépinière de skieurs. Bromont s’inscrit donc dans cette lignée et se positionne rapidement comme un incontournable pour les petites familles de la région. Les lieux, soigneusement pensés, portent la signature d’un ingénieur qui réfléchit à chaque pente, chaque virage: Roland Désourdy.

La famille Désourdy est étroitement liée au développement de la station et du territoire qu’elle occupe. À l’époque, Roland Désourdy, maire de Cowansville, et son frère Germain, premier maire de Bromont, ont en tête la création d’un lieu de loisirs pour rassembler les familles de la région. C’est avec cette vision que les pentes de la station sont nées, s’inscrivant dans un site qui allierait le ski et l’autre autre passion de Roland Désourdy, les chevaux. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que le Centre équestre de Bromont soit situé à un jet de pierre de la station. On y a même offert un transport alternatif « avant-gardiste » dans les premières années: les visiteurs pouvaient parcourir la courte distance entre le Centre équestre et les pentes de la montagne en carriole.

Hôte d’événements majeurs

Les visions de Roland Désourdy de la « ville de l’an 2000 » se concrétisent grâce à sa minutie et sa grande capacité de planificateur. Entre 1976 et 1986, Bromont accueille à deux reprises des épreuves de la Coupe du monde de ski acrobatique, ajoute le ski de soirée à son programme, installe des canons à neige et une remontée quadruple, en plus d’inaugurer son parc aquatique. Ces dix années sont déterminantes pour la viabilité de la station qui désormais peut se targuer de jouer dans les ligues majeures. Le vélo de montagne, quant à lui, est offert aux amateurs d’adrénaline dès l’été 1990.

Les couleurs du parc aquatique sont visibles même en plein hiver.

Malheureusement, la récession du début des années 1990 mettra à mal le secteur touristique et les activités de Bromont seront forcées de ralentir. C’est donc une station qui vivote, exploitée sous la tutelle de la Banque CIBC, que Charles Désourdy rachète en 1997. Cette décennie aura vu pérécliter bon nombre d’entreprises oeuvrant dans un secteur d’activités désormais « à risque » et il fallait avoir les reins solides, en plus d’une sacrée vision pour se lancer dans cette aventure. Digne fils de son père, Charles redresse la station à l’aide d’un plan stratégique minutieusement élaboré. Il misera sur deux éléments majeurs: la fabrication de la neige, et le ski de soirée. (Un article de notre série des Visages du ski sera consacré à Charles Désourdy, prévu à l’automne 2025.)

Charles Désourdy prend la pose avec fierté sous la bannière commémorative installée au sommet de la montagne.

La remontée… métaphorique et réelle!

En moins de dix ans, Ski Bromont est passée de deux à sept versants skiables et s’est forgé une place fort enviable dans l’univers scientifique de la fabrication et de l’entretien de la neige. Les dernières années, mettant en évidence l’impact des changements climatiques sur les opérations des stations de ski, donneront raison à Charles Désourdy qui, depuis son premier hiver comme neigiste à la station, insiste pour qu’on ne se fie pas uniquement qu’à la nature pour pouvoir skier… et qu’il vaut mieux lui donner un petit coup de pouce.

Faisant figure de pionnière dans l’exploitation de sites de loisirs sur quatre saisons, celle qui s’est longtemps appelée Ski Bromont a changé son appellation pour démontrer sa vocation sur douze mois: de là est né le nom Bromont, montagne d’expériences. Ces expériences continueront à s’accumuler pour plusieurs décennies à venir!

La terrasse du Bar la Débarque est chaleureuse et invitante, calme de jour et animée en soirée!

Visionnez ce film produit par la station:


D’autres images d’archive sont disponibles dans la BAnQ.

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Geneviève Larivière
Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.