Il faut d’emblée clarifier un point : vos repères en termes de niveau de difficulté de piste ne seront pas les mêmes à Whistler-Blackcomb qu’au Québec. Comparons à une grosse montagne du Québec où l’essentiel des pistes damées sont classées « simple losange », à Blackcomb, ce genre de domaine skiable situé à mi-montagne est classé « carré bleu ». Allez-y avec une règle de trois et un bol « double-losange » est généralement un calibre supérieur. Un conseil : testez vos réflexes avant de skier ce genre de pistes extrêmes!
Les 8 200 âcres de domaine skiable se divisent évidemment entre les deux montagnes : Whistler et Blackcomb. Je ne me cacherai pas, je suis un skieur expérimenté donc quand je vais à Whistler-Blackcomb, c’est essentiellement pour des pistes extrêmes et du terrain skiable alpin, au-dessus de la ligne des arbres! Fait important à noter : ici, on parle de terrain skiable. Vous pouvez skier partout : piste, entre les pistes, tant que vous restez dans les limites de la station, tout est skiable. Attention par contre aux panneaux « Cliff » et « Out of boundary ». Assurez-vous de connaître le sens de ces deux termes si vous ne parlez pas anglais! Une de mes compagnes de voyage s’est déjà ramassée entre Whistler et Blackcomb et a dû marcher près de deux heures pour revenir à la base!
Une journée de rêve pour skier Blackcomb est le lendemain ensoleillé d’une tempête. Le principal facteur de difficulté à Whistler-Blackcomb est souvent la visibilité réduite en montagne. Les journées ensoleillées y sont rares, le temps y est souvent nuageux et les lendemains de tempêtes, il y a souvent beaucoup de poudrerie. Le scénario idéal est un lendemain d’une « petite » tempête de 20-25cm de neige parce que la patrouille peut dynamiter plus rapidement le terrain alpin. Le risque d’avalanche y alors est moindre que lors d’une « grosse tempête » de 60-80cm où la neige peut être lourde et où le terrain alpin reste souvent fermé toute la journée pour cause d’avalanche… C’est un peu frustrant mais c’est une question de sécurité.
A contrario, le pire scénario est cependant le lendemain d’une très grosse tempête tombée au-dessus de 1 600-1 800m d’altitude, avec de la pluie à plus faible altitude : le terrain alpin reste souvent fermé parce que la neige y est très lourde et ce qui est ouvert à mi-montagne a souvent reçu de la pluie. Assurez-vous de vous y retrouver dans les repères d’altitude du bulletin météo. Si jamais vous allez skier et que rien d’intéressant n’est ouvert, le service à la clientèle est généralement fort sympathique et vous créditera une journée de ski sur votre carte Edge sans poser de questions lors de ce genre de météo.
Un petit conseil : levez-vous tôt, l’attente au bas de la montagne, surtout la fin de semaine et les lendemains de tempête, peut y être de plus d’une heure! Cette attente se limite cependant au premier remonte-pente. Vérifiez la carte des diverses remontées mécaniques et surtout celles qui sont en « standby ». Ça vous donnera une bonne idée de ce qui sera accessible dès que la patrouille aura inspecté et dynamité.
Mes recommandations
Côté pistes, un classique signé Blackcomb : sortez vos fat skis, direction Glacier Express et Spanky’s Ladder. Des deux montagnes, les plus beaux bols sont de ce côté-là. Le « Ruby Bowl » est le plus facile des trois mais le plus rapidement tracé. Je vous conseille de viser Saphire Bowl, avec une entrée un peu plus difficile mais contournable par le côté gauche, ce qui vous fera une descente mémorable. Si vous aimez le risque, dirigez-vous vers Diamond Bowl mais attention à l’entrée très étroite et le long d’une paroi rocheuse, pour skieurs avertis! L’effort en vaut souvent la chandelle par contre : ce bol vaste est moins fréquenté. Si vous voulez tracer vers 10h, c’est l’endroit. J’étais personnellement le 2e à passer un lendemain de tempête et cette descente valait à elle seule le prix du voyage! Ça flottait, c’était vaste, large, un angle de 45-50 degrés, une descente simplement parfaite!
Si par contre vous montez alors que les T-Bars sont ouverts, dirigez-vous alors vers le sommet de Blackcomb et vous pourrez combiner une descente dans « Glacier Bowl » après une petite montée à pied, ou dans le « Blow Hole », une sorte de demie-lune naturelle sculptée par le vent, et poursuivre votre descente avec un peu de marche vers Diamond Bowl à la sortie de Blow Hole. N’allez pas là seul, faites-vous montrer le chemin par quelqu’un d’expérimenté parce que de Blow Hole à Diamond Bowl, si vous descendez trop tôt, ce sont des falaises dangereuses qui vous attendent sur votre droite le long du passage. Par contre, si vous passez par le bon chemin, vous commencerez votre descente dans Diamond Bowl plus haut que l’entrée classique, vous donnant généralement un 300m pour tracer.
Une mention très honorable aussi au « Couloir Extreme » de Blackcomb. Il représente un bon défi, moindre que celui de Whistler mais très agréable à skier en finissant la descente dans Jersey Cream Bowl.
Pour le skieur intermédiaire-avancé, la zone « 7th Heaven » est un endroit de prédilection. Cette zone comporte un bol simple diamant, « Lakeside Bowl » ainsi que plusieurs pistes intermédiaires tant damées que bosses et sous-bois plus bas vers la zone. Pour le skieur qui en est à une première expérience et qui veut tester ses habiletés, il est même possible de skier des pistes comme « Cloud Nine » et « Panorama » tout en sortant le long pour explorer un peu. Si on en a trop pour son argent, on peut toujours revenir en piste.
Vous comprendrez qu’il y a du terrain skiable à exploiter pour plus d’une journée à Blackcomb un lendemain de tempête. J’espère que mes points de repères vous aideront à choisir vos descentes! Bien souvent, on est un peu ébahis par toute cette neige, et on ne sait pas trop où donner de la tête…