Lorsque les premiers scientifiques ont parlé du réchauffement climatique, il y a déjà plus de 50 ans, ils ont été victimes de ce que j’appelle «le syndrome Jeanne D’Arc». Puisque c’est d’avoir tort que d’avoir raison trop tôt, les scientifiques, penauds, ont remballé leurs théories et les chiffres qui les appuyaient. Bon débarras, prophètes de malheur!
Les années 1980 ont changé la face de l’environnementalisme: on réalise les conséquences affreuses de la déforestation, on découvre des trous dans la couche d’ozone, on pointe du doigt les pluies acides, les gaz à effet de serre… puis le réchauffement de la planète revient au coeur des débats. Cette fois, impossible de le nier: les glaciers fondent et reculent, la calotte polaire s’effrite, la température moyenne des eaux mondiales augmente de quelques fractions de degrés… voilà, il est bien là, le réchauffement.
Evidemment, quand on se tape un -40°C bien senti, avec les parois nasales qui collent ensemble quand on respire dehors, il y aura toujours un abruti ou deux (avec quelques négationnistes, tiens-tiens) pour narguer la communauté scientifique mondiale: «Ben, il est où, votre réchauffement climatique!?» Idiot. On n’a pas dit que les -40°C n’existeraient plus… mais qu’ils seraient de plus en plus rares.
Souvenez-vous des MéGA bordées de neige d’il y a 20 ou 30 ans: de quoi fermer les écoles, pelleter pendant 3 jours, avoir des bancs de neige plus hauts que le balcon du 2e, skier à partir du toit, faire des igloos dans la cour arrière sans peine (avec complexe immobilier sur 3 étages, sisi!), avez-vous vu ça récemment?
Certains d’entre vous, statistiques à l’appui, me parleront des chutes de neige des 20 dernières années. Oui, bravo, les chutes de neige… mais à la manière d’une station de ski qui se voile la face, vous omettez les chutes de pluie qui font fondre le tout, entre deux tempêtes de flocons… pour qu’au final, il ne reste pas grand chose au sol, un peu comme cette année.
De mémoire, la seule saison que j’aie vécu qui soit digne de porter le nom d’hiver (au sens original du terme) est la mémorable 2007-2008. Vous me l’accorderez: précipitations record, températures exceptionnelles, des powder-day presque toutes les semaines. En ce qui me concerne, c’était quasi-quotidien: je patrouillais à temps plein au Massif du Sud! Oui, j’ai passé l’hiver au bon endroit, au bon moment…
Maintenant, force est de constater que l’hiver au sens propre semble de plus en plus illusoire… Doit-on le redéfinir? L’actualiser? Puisque la tendance est au politiquement correct, voyons un peu ce qui pourrait convenir. Notez que la définition doit être propre au Québec! Cependant, éliminons d’office la définition de l’hiver pour les snowbirds(«période de l’année où ils se gèlent le cul au Québec pendant qu’on est en Floride»)… Les plus zélés d’entre vous colleront aux dates du calendrier et à la position de l’astre solaire par rapport à la Terre, les plus poètes parleront de blanc manteau, les plus râleurs de «m… blanche»… amusez-vous!
Pour ma part, je propose: «Période de l’année se situant vaguement après la chute des feuilles des arbres et avant l’éclosion des moustiques, où les températures sont plus basses que durant le reste de l’année, amenant des précipitations parfois solides dont l’accumulation au sol est aléatoire.» Articles reliés: «Ski de roche», «Fabrication de neige» et «Patinoire intérieure».
Malgré mon cynisme, je reste persuadée que l’exercice intellectuel le plus laborieux n’est pas de définir cette saison… mais bien d’arriver à en profiter. Tout le monde dehors, allez prendre l’air, et faites fi de la météo: c’est pas parce qu’il pleut en ville que c’est pareil partout!!