Nouvelle formule cette année au Chic Chac: tous les repas sont servis au chalet du Mont Miller, dont Guillaume, le propriétaire, a fait l’acquisition l’automne dernier. Dans le Chac original sur la 7e rue, il y a toujours la possibilité de faire ses propres repas si le cœur vous en dit, mais avec la formule tout inclus qu’offre depuis plusieurs années le Chic Chac, dont la réputation de la nourriture n’est plus à faire, seulement quelques personnes optent pour cette option.

L’an dernier à pareille date, j’en étais à ma première visite ici. Une vingtaine de personnes constituait le groupe. Un seul catski était en opération à la fois. L’hélico était resté au sol. Cette année, c’est trois catskis et un hélicoptère qui se partagent les deux montagnes, le Porphyre et le mont York. Ce dernier étant un terrain de jeux exclusif au Chac, on y retrouve de la neige non tracée en abondance.

Notre première journée se déroule au mont Porphyre, le surlendemain de la tempête qui a laissé dans la région métropolitaine plus de neige qu’en Gaspésie, où il est tout de même tombé une quarantaine de centimètres. La veille de notre sortie, aucun équipement motorisé ne s’est rendu sur cette montagne, de sorte que les pistes étaient vierges, prête à nous en mettre plein la vue. Le « Jaune », notre catski, affiche complet avec 14 skieurs et planchistes. Nos guides, Alexis et Max, nous amènent dans des terrains de jeux dignes de la région : neige poudreuse profonde, légère et abondante. Avec un gros groupe de skieurs et deux guides dans une même piste, on peut être portés à croire que les traces se chevaucheront rapidement, que le terrain se dégradera à vue d’œil, mais les pistes étant larges, il est facile de tracer de la neige vierge à chaque descente. Nous commençons avec la « Mollo » pour nous échauffer. Elle porte très bien son nom. Tout le monde a déjà le sourire aux lèvres et en redemande. Nous allons par la suite jouer dans la section des Daltons, où on croise les plus sportifs des skieurs, ceux qui sont gentiment surnommés ici les peaux-de-phoqueux. Le groupe est très hétéroclite, ce qui ne change rien au niveau de plaisir puisque tout le monde peut skier pour soi, avec son « buddy », son ami, qu’il est primordial de ne pas perdre de vue. Après à peine quelques descentes, l’esprit de groupe se fait ressentir, les encouragements et félicitations se font entendre. Il n’en faut pas plus pour que la magie de la montagne opère. Avec une température avoisinant les -10 degrés, l’absence de vent et un épais couvert nuageux, c’est une journée qui s’annonce parfaite.

Les duos se réorganisent, les traces s’inscrivent dans l’épais tapis blanc et le plaisir est entier avec de la neige aux genoux et l’impression de voler au dessus du monde. En fin d’avant-midi, nous descendons la « 00sexe », qui sera aussi le dessert post-lunch, la seule piste que nous ayons tous fait deux fois à notre demande: de la poudreuse à volonté avec un terrain plus large qu’il est possible d’imaginer. Tous surfent leur ligne, sans même en croiser une autre, du sommet à la base. C’est extraordinaire.

Le mont Porphyre est à proximité de la ville de Murdochville. Il est facile de revenir en quelques minutes dîner au chaud au chalet du Mont Miller et de retourner rapidement à la montagne par la suite. C’est un bon avantage pour les jours de gros froid comme il peut y en avoir ici. Aujourd’hui, personne ne voulait arrêter pour manger, mais il semble que nous aurions manqué d’énergie en après-midi sans un peu de nourriture…

Avec un total de 11 descentes au Porphyre aujourd’hui, majoritairement dans des pistes larges, ouvertes et pas trop abruptes (en moyenne entre 30 et 40 degrés de pente), nous rentrons au camp de base en passant par la crête de la montagne. Ce n’est pas la plus belle descente côté neige, mais pour la vue et l’histoire de la ville, c’est magnifique.

Côté hébergement, le Chic Chac est un 2 étoiles dans la catégorie Auberge de Jeunesse. Certains diront que le Chac original, celui où tous les repas étaient servis jusqu’à cette année, a besoin d’être rafraîchi, mais toutes les chambres sont confortables et avec 4 sections de 2 ou 3 chambres avec une salle de bain commune, tout se passe pour le mieux. Au Presbytère, du temps a été investi pour revamper l’endroit et le résultat est super. C’est une cure de jeunesse bien méritée pour cette bâtisse. Le Chic Chac est également propriétaire d’autres maisons un peu partout dans la ville pour de l’hébergement d’appoint ou plus intime.

Le souper et la soirée au Mont Miller se déroulent somme toute très bien, qu’on apprécie la formule cafétéria ou qu’on préfère l’ancienne où tous, guides inclus, mangeaient ensemble sur la 7e rue. Les heures de repas sont quelques peu courtes, la salle à manger un peu à l’étroit, mais ce n’est que bon signe : les visiteurs affluent au Chac. L’offre se diversifie, les ajustements se feront au fur et à mesure, dont un éventuel agrandissement de la salle pour les repas.

Pour les vrais skis bums, l’ambiance au Miller est parfaite. Pour les plus sages, vieux ou paresseux aussi. Les fêtards peuvent y faire du bruit sans incommoder les gens désireux de se coucher plus tôt, ce qui est un point positif du changement de lieu pour les repas. L’endroit possède également un permis de bar, ce qui peut se révéler accommodant.

Notre deuxième journée se déroule au mont York et au mont Bell, terrains de jeux exclusifs au Chic Chac. Ce n’est pas moins de 45 mins de catski pour s’y rendre, mais la route en vaut le détour. Le terrain est plus escarpé au mont York : falaises, cassures, ilots de conifères plus rapprochés et inclinaison avoisinant les 45-50 degrés par endroits. Heureusement, les guides restent à l’écoute du groupe, plus petit aujourd’hui : nous sommes 7 seulement, 6 qui étions ensemble hier et un nouveau venu, Capitaine Quad, un télémarkeur hors-pair. Les guides connaissant le niveau de chaque participants, ils nous indiquent les endroit où passer et, plus important encore, ceux à éviter. Avec quelques passages au-delà de ma zone de confort, j’apprécie beaucoup leur calme et leurs explications claires. Il est certain que le niveau requis pour aller skier sur le York est nettement plus élevé qu’au Porphype.

La neige est aujourd’hui très belle aussi. La montagne a été skiée hier mais on trouve facilement des passages vierges sans avoir à chercher bien loin. La face de la montagne est plein soleil, on sent que la neige est plus lourde que la veille, mais elle est toujours extraordinaire et profonde. Certains plus expérimentés se lancent sur les plateformes à sauts, tandis que je les observe et profite du terrain qui s’offre à moi.

Au mont Bell, les tracés sont moins abruptes, pour la plupart, et sont plus aérés, de sorte que ce secteur me plait davantage. Chaque skieur y trouve son compte tant le relief est varié. En bas de piste, il faut attendre le BR plus de cinq minutes, ce qui permet aux plus lents de ne pas sentir de pression et de ne pas avoir l’impression de ralentir le groupe. Il est dans les plans à long terme d’ouvrir un accès plus direct dans la forêt pour rejoindre plus rapidement ce secteur, qui est le plus éloigné, de sorte que les catskis mettrait moins de temps pour revenir chercher les skieurs à la base et permettrait de faire plus de descentes dans une journée. Nous en avons fait huit, avec une pause dîner dans la tente sur la montagne. Nous avons croisé le deuxième catski, qui était en même temps que nous sur la montagne, mais n’avons jamais skié avec eux. Nous avons également croisé les gens en héli-ski, avec qui nous avons dîné. Pour le lunch, aucun souci, rien à préparer. Les guides se chargent de tout emporter.

Une attention particulière est portée aux pistes skiées jour après jour afin d’en préserver quelques unes pour chaque nouveau groupe. Ainsi, même si la montagne a été fréquentée par deux catskis la veille, nous avons tracé une piste vierge en avant-midi. L’expansion du domaine skiable sur ces deux monts est prévue continuer.

Après une journée magnifique sous le soleil radieux par un mercure de -4 degrés, la route de retour en catski permet de se reposer, de dormir même pour certains. On se retrouvera tous au souper pour se remémorer les deux journées incroyables dans des conditions de rêve.

Certes, Murdochville n’est pas la porte à côté pour la majorité des visiteurs. Nous avons séjourné avec des gens de Montréal, Trois-Rivières, Québec, Sherbrooke, bref du Québec au complet. La réputation du Chac attire aussi des gens de l’Ontario et même du Chili. Il va sans dire que les heures de route en valent la peine. La qualité non seulement de la neige, mais de l’expérience Chic Chac complète en font une destination prisée où plusieurs personnes rencontrées en n’étaient pas à leur première visite. Les gens apprécient et reviennent. L’esprit amical et familial qui y règne est sans égal. Guillaume a une mémoire visuelle assez fascinante, les guides aussi. Avec sur la tête une casquette « Make Murdochville Great Again » et avec l’offre d’achat déposée la semaine dernière pour acquérir le Centre de plein air de Murdochville et ainsi avoir une offre 4 saisons au Chic Chac, il va sans dire que le propriétaire des lieux et ses acolytes ont à coeur de faire découvrir les merveilles de leur coin de pays.

À mon prochain passage, j’essayerai de participer à la descente du Miller à la frontale, que j’ai manquée lors de mon arrivée au pays de la POW!

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Avec des débuts heureux sur la petite montagne du coin, Sarah-Anne a toujours préféré la nature à la ville. Adepte de plein air de tout genre, de course à pied et de vélo, le ski est un élément central de ses hivers. Active, elle pratique le sport pour le plaisir avant la compétition; l'air pur et les grands espaces étant source de réconfort. Diplômée en art et lettres, elle sait très bien transmettre ses impressions. Suivez son parcours hivernal dans la sérénité.