Grâce à Internet, il devient de plus en plus facile ces jours-ci de trouver des destinations intéressantes qui sont un peu méconnues du grand public, mais l’inverse est aussi vrai – on est obligé de fouiller l’univers électronique consciencieusement et de voyager encore plus loin pour trouver des endroits qui n’ont pas été découverts par les masses. Toutefois, on arrive de temps en temps à tomber sur sur une région invitante qui échappe aux radars des touristes du ski et qui est aisément accessible, même pour les gens en provenance de l’outre-mer. Le canton suisse de Schwyz, à peine une heure de route au sud de l’aéroport de Zurich, est un de ces lieux.

En organisant ce voyage, je me suis rendu compte que ce serait ma première visite de ski exclusivement en Suisse. Pour préciser, j’avais skié dans ce beau pays plusieurs fois auparavant mais toujours depuis une station sur la frontière française ou autrichienne (Portes du Soleil, Ischgl, Gargellen/Madrisa). Les prix élevés en Suisse m’avaient toujours effrayé, pourtant, puisque le taux de change était devenu plus avantageux (presque 1:1 avec le USD l’hiver dernier), même les simples mortels comme moi pouvaient se le permettre!

Lorsque j’ai raconté à mes amis de ski où je comptais voyager, plusieurs d’entre eux m’ont posé des variations de la même question:

“La Suisse?! Quelle région de renommée mondialeas-tu l’intention de visiter? Zermatt?” – Non!
“Verbier?” – Non!
“Grindelwald, Saas-Fee, Davos?” – Non!
“St. Moritz, Laax, Andermatt?” – Non, non, et non!

Bien sûr, j’aime visiter les domaines de ski bien connus (comme ceux lors de ma virée à travers la région de Haute-Savoie, texte publié y a deux mois), mais c’est également intéressant de découvrir des endroits qui pour une raison ou une autre sont, disons, clandestins. Et voilà, en consultant un site internet de ski germanophone, j’ai trouvé de nombreux rapports appétissantsà propos d’un canton dont je n’avais jamais entendu parler: le Schwyz.

Même si la région n’offre pas le terrain le plus exigeant, la plus importante quantité de neige, ou les domaines de ski les plus étendus, j’ai été impressionné par les beaux paysages tachetés de lacs fabuleux, la proximité de Zurich (moins d’une heure de route), les stations super décontractées (souvent très “old-school” desservies par beaucoup de vieux téléskis), et surtout le fait que très peu de touristes étrangers sont au courant! Même les skieurs du coin m’ont dit que ça ne valait pas la peine d’y aller – ce qui m’a convaincu que j’étais sur la bonne voie!

Après avoir atterri au milieu de la matinée à Zurich pendant des averses de neige, il ne fallait conduire que 50 minutes au sud de l’aéroport pour arriver à mon premier arrêt, Hochstuckli, une toute petite station familiale qui offre une super vue sur trois lacs différents. Pas surprenant qu’ils y aient installé la première télécabine rotative du monde. Les paysages ce jour-là ont malheureusement fait défaut à cause de la tempête de neige.

De toute façon, on ne pouvait pas se plaindre des conditions: un powder day par excellence ainsi que des pistes sans grande foule (à noter que nous skieurs du nord-est de l’Amérique ne sont surtout pas ennuyés de skier dans de conditions défavorables alors que la plupart des européens préfèrent attendre le retour du soleil). Heureusement que la montagne supérieure était desservie par deux téléskis, ce qui m’a permis de continuer même avec un vent houleux. Il va sans dire qu’il y a pire que de traverser l’Atlantique et de se vautrer dans la poudreuse jusqu’aux genoux dès l’arrivée!

Le jour suivant a bien commencé avec un ciel dégagé et 30cm de poudreuse par terre à une station logée sur un plateau à 1000m au-dessus du super beau Lac Lucerne: Klewenalp. Encore un endroit fréquenté presque exclusivement par les familles du coin et ignoré par les visiteurs de l’étranger. Offrant des pistes aménagées en bas dans la forêt complété par des grandes étendues de terrain au-dessus de la limite des arbres, j’ai vite trouvé mon petit coin de paradis: le secteur Chälenegg que l’on peut paisiblement traverser en quelques minutes sans bousculadeavant d’arriver aux immenses champs de neige non-tracés.

En somme, une journée de rêve: aucune frénésie pour skier la poudreuse, des vues à couper le souffle, et très peu de monde, même le dimanche après une bordée de neige. En fin d’après-midi en rentrant à mon hôtel, j’ai fait une pause sublime directement au bord du lac – imaginez un peu le Memphrémagog entouré de tous côtés par des grandes montagnes jusqu’au rivage: hallucinant!

Franchement, je ne m’attendais pas grand-chose à la troisième station familiale que j’ai visité en autant de jours, Stoos, avec seulement 35km de pistes. Elle m’a tout de même enchanté par ses longues descentes sur des pistes vallonnées aussi bien que par son hors-piste vaste où je me régalais dans les restes de la tempête d’il y a deux jours.

J’étais également ravi de pouvoir prendre un vieux funiculaire datant de 1933 pour arriver à mi-montagne, d’où commence le terrain skiable. D’ici un an ils ont l’intention d’ouvrir un remplacement de pointe qui aidera à disperser les foules de fins de semaine. Comme toutes les autres stations dans cette région, j’ai eu l’occasion, au sommet, d’admirer le panorama époustouflant qui consiste en des montagnes impressionnantes et des lacs magnifiques dignes des cartes postales.

Enfin, il était temps de skier le grand mystère du canton Schwyz, le domaine de Mythen. Jusqu’à il y a un an, je ne savais qu’il existait, comme toutes les autres stations lors de ce séjour. Pourtant, il mérite d’être plus connu pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que les nombreux secteurs, la plupart d’entre eux classés intermédiaire, sont desservis majoritairement par des vieux téléskis: 11 au total! Cet arrangement permet à la neige de rester fraîche plus longtemps et entraîne une ambiance confortablement old-school, familiale, et décontractée. Bien sûr, si on skie rigoureusement toute la journée sans s’asseoir dans une chaise pour récupérer un petit peu, on risque de sentir ses jambes au milieu de l’après-midi, mais cela en vaut la peine!

Finalement, le domaine est axé autour de deux pics ravissants, les éponymes grand et petit Mythen, qui sont visibles de partout et qui servent de marqueurs si jamais on s’égare. J’y ai vécu deux jours plus que différents. Le premier, on avait prévu un petit saupoudrage de 6-8cm, mais le système météorologique a déversé des tas de neige toute la journée et on a fini avec 35cm! Quel bonheur d’avoir une très grande station bourrée de poudreuse à ma disposition et personne avec qui partager (comme indiqué plus haut, la majorité d’Euros n’aiment pas skier pendant les fortes tempêtes!). Le deuxième jour, j’ai profité du grand ensoleillement pour “voyager” d’un côté du domaine à l’autre, ce qui a exigé la plupart de la journée.

Bien que Rigi soit petite en tant que station (les gens du coin en parlent d’une manière blasée “bof, pas extraordinairement excitante en soi”), elle était certainement une des expériences la plus unique de ski que j’ai jamais vécu. Tout d’abord, c’était une occasion de suivre les pas de mon compatriote, l’écrivain célèbre Mark Twain, qui l’a montée en 1880. Deuxièmement, c’est super cool car la seule façon d’arriver au sommet, c’est de prendre un chemin de fer à crémaillère, une nouvelle expérience pour moi. 40 minutes plus tard, skieurs, randonneurs, raquetteurs, et ceux qui séjournent à l’hôtel en haut descendent du train, bouleversés par les vues imprenables des quatre lacs en bas sous un ciel bleu.

La beauté des environs me rappelait un conte de fées. Pas étonnant que le slogan de l’endroit soit “Königin der Berge” (Reine des Montagnes). Étant quelqu’un qui s’intéresse depuis toujours aux trains de même qu’au ski, j’étais fasciné de regarder comment toute la journée on traverse ou glisse juste à coté des rails. Bien que la station ne contienne que 15km de pistes intermédiaires – on peut plus ou moins tout explorer dans une demi-journée – le décor majestueux de Rigi sera gravée dans ma mémoire comme les autres stations ce voyage.

En conclusion, sortir des sentiers battus et faire de super découvertes, c’est possible, même au pays des grands noms du ski!

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Spécialiste de marketing, James est un skieur américain qui a vécu un peu partout: Berlin, Nice, Boulder, Albuquerque, Chicago, Montréal, New York City/New Jersey. Il parcourt l'Amérique du Nord et les Alpes en quête d'expériences montagnardes uniques, surtout les stations de ski loin des sentiers battus. Il se passionne non seulement pour la poudreuse, mais aussi pour la culture des endroits qu'il visite.