Le Touriste est un humain à l’image de ses semblables: il cherche la similitude dans le dépaysement, le réconfort dans le contraste et l’étonnement dans le familier. Ou serait-ce l’inverse? Quoi qu’il en soit, le Touriste est servi à Dubaï; cité des enchantements et du détonnant. Récit d’un voyage de ski atypique dans un lieu emblématique.

Emblématique, pour l’ensemble des prouesses technologiques et architecturales visibles dès l’arrivée en périphérie de la capitale éponyme de l’émirat situé dans la portion nord-est du pays. Dubaï, c’est Disney World pour les ingénieurs; c’est l’enfer pavé de bonnes intentions pour les environnementalistes. On peut être pour, on peut être contre, mais on ne peut pas nier une chose: l’émerveillement touche, ne serait-ce qu’une seule seconde, le plus réfractaire et le plus sceptique des êtres.

Impossible de rester de marbre devant l’alignement surdimensionné des gratte-ciels, la couleur de l’eau, les quartiers d’habitation aux formes farfelues, les innombrables centres commerciaux et le gigantisme de ceux-ci. Dubaï est bel et bien la ville de la démesure -n’en déplaise à Las Vegas!, et on y trouve un confort un brin dérangeant: sans cesser d’être admiratif, au bout de quelques minutes, plus rien ne nous surprend.

C’est dans cet espèce d’état second que nous avons entrepris le déplacement en métro dans le but de se rendre au Mall of the Emirates, l’un des centres commerciaux de la ville. D’abord souterrain, puis aérien, le métro en soi est une expérience à vivre. Stations décorées dans une sobriété luxueuse (on cherche encore comment cet équilibre est possible), rames automatisées, design épuré… cette merveille futuriste aurait pu occuper notre journée entière, pour le simple plaisir de parcourir l’ensemble des lignes.

L’accès à Ski Dubaï se fait en parcourant les étages du Mall of the Emirates. Toute la signalisation est bilingue (arabe-anglais), on s’y retrouve comme dans n’importe quel pays habitué d’accueillir des étrangers. Les boutiques défilent devant nos yeux et ce quotidien nous rattrape: les marques de commerce auxquelles nous sommes si habitués ont pignon sur allée commerciale, incluant les bannières les plus canadiennes qui soient. Puis, Ski Dubaï se dresse, au bout d’une aire de restauration, un brin caché derrière les grandes vitrines, voisiné d’un café au nom évocateur: le St Moritz, vue sur les pentes, dont les serveurs sont vêtus d’un t-shirt « Après-ski instructor ». La table est mise.

Les Touristes que nous sommes cherchent le réconfort dans le contraste, le connu du ski dans l’inconnu du décor et du pays. On a senti l’employé à l’accueil un peu médusé, devant la preuve de notre nationalité au moment du paiement: « Mais que faites-vous ici!? » La réponse « Pour nous, c’est exotique! » ne l’a probablement satisfait qu’à moitié.

Le fonctionnement de l’endroit est simple: on arrive en sandales, on paie un forfait d’une durée donnée, et le reste est inclus: équipement alpin, vêtements, casque… tout est fourni, sauf les gants et le couvre-chef (qu’on doit enfiler SOUS le casque). Un passage à la boutique de souvenirs nous permet d’acheter les gants et les tuques, un joli prétexte d’hygiène pour vendre quelques souvenirs supplémentaires. Pourtant, on nous donne les chaussettes longues. Vous ne voulez pas vous faire prendre? Apportez vos gants et votre couvre-chef!

Nous avons pris un forfait de deux heures, durée minimale offerte. Après avoir traversé les différentes files d’attente nous permettant de récupérer pantalon, manteau, bottes et skis, nous voilà dans l’aire commune, où on se change comme en plein chalet de ski. On y laisse nos choses sous les tables et chaises, des casiers fermés à clé sont disponibles en location. Cela dit, s’il y a un endroit où je ne crains pas pour mes maigres possessions… c’est bien là!

Une fois habillés, nous entamons la gracieuse et subtile démarche alpine vers la guérite RFID, qui scannera notre carte et marquera le début de nos deux heures d’accès aux pentes. Ne pas oublier de ramasser les bâtons, disposés dans des supports juste à côté des escaliers mécaniques.

L’entrée dans le dôme refroidi se fait par sas isolé, il faut attendre que les portes se soient refermées derrière nous avant de voir celles devant s’ouvrir, nous permettant de sentir la force de la ventilation et de la climatisation. Les premières minutes sont un peu étourdissantes: on veut tout voir, tout comprendre, s’orienter, choisir la bonne remontée, ne pas se faire ramasser par un débutant en perte de contrôle et ne pas se prendre les pieds dans un agglutinement de Touristes chaussés de bottes Sorel stupéfaits de fouler de la neige fabriquée. Puis, on tombe sur des pingouins. Oui, des pingouins. Mais plus rien ne nous surprend…

Nous voilà dans le télésiège. On y serait encore si on avait pas pris la sage décision de descendre à mi-montagne pour n’utiliser que les téléskis débrayables. Notez bien que les remontées assises servent à deux types de clientèle: les piétons, et les débutants. Vous êtes un impatient expert des remontées terrestres? N’hésitez pas, les téléskis sont là pour vous!

L’air de l’endroit est étonnamment confortable: -2°C, pas trop humide, et bien entendu, aucun vent perceptible. On se crée notre facteur éolien à la descente. Heureusement que le climat est doux, les vêtements fournis ne sont pas très isolés. Les abonnés de l’endroit sont facilement identifiables: ils ne sont pas affublés de l’ensemble fourni, dont le style rappelle l’École Française du Ski des années 90…

Sous les skis, la neige fabriquée est de qualité; on ne s’attend pas à moins dans un environnement aussi contrôlé! Pas mouillée, soyeuse et offrant assez de mordant aux virages, la surface est travaillée à quelques reprises en journée pour assurer une expérience égale à tous les visiteurs, peu importe l’heure à laquelle ils décident de goûter au ski intérieur.

L’ambiance sonore est similaire à celle d’une patinoire d’aréna: des bruits légèrement amplifiés par l’écho sur les murs environnants, une lumière qui rend les couleurs un peu fades, une musique plus ou moins désirable et une vague odeur de nourriture mélangée au parfum du métal des remontées mécaniques. La zamboni est remplacée par une dameuse et voilà le travail! À l’intérieur de ce dôme bizarre, dont les murs d’un mètre d’épaisseur constituent la première forme d’isolation, on skie sur 80m de dénivelé, avec un choix de 5 « pistes » au niveau de difficulté varié.

Vous passez à Dubaï et vous êtes curieux? Ça vaut le détour. Mais n’y passez pas plus de deux heures, à moins d’être VRAIMENT en manque de ski et de neige! La « slope session » est au prix de 210 AED (environ 70$ CAN), ce n’est certes pas donné, mais l’expérience est sans contredit intéressante. Notre conseil: allez-y en avant-midi. Prévoyez une heure de préparatifs avant que vos spatules de location ne touchent la neige. Apportez vos petits gants magiques et votre tuque à ponpon, et portez des vêtements souples mais pas trop amples qui ne vous gêneront pas une fois que vous aurez enfilé l’habit prêté. Ne vous attendez pas à un équipement parfaitement tuné mais les conditions ne sont pas difficiles. Skiez relax et amusez-vous!

(p.s. Une visite à Dubaï n’est pas complète sans une petite tournée du Dubaï Mall, proclamé plus grand centre commercial du monde par son promoteur, Emaar Propreties.)

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Geneviève Larivière
Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.