Nous nous trouvons dans la petite localité de Grindelwald, dans les Alpes bernoises de la Suisse, à 1034 mètres d’altitude. C’est le cœur de la région du Jungfrau. Nous logeons à l’hôtel Eiger Lodge, à seulement une minute de marche du complexe de Grindelwald Terminal. Nous allons débuter la journée de bonne heure avec une première montée à bord des télécabines Eiger Express (26 passagers par télécabine!). Non seulement cette télécabine tri câble est une pièce d’ingénierie suisse, mais tout le complexe de la gare de Grindelwald Terminal est à couper le souffle. Suivez-nous dans notre découverte!

Nouvellement construit, ce complexe surprend et fait tourner les têtes car il fait plutôt penser à un hôtel ou à un centre d’achats de luxe. Avez-vous déjà vu des escaliers et des tapis roulants, ainsi que des ascenseurs pour faciliter l’embarquement des remontées et les déplacements au bas des pistes au Québec? Ici, c’est la norme. Dans le complexe de Grindelwald Terminal, tout est intégré… on y trouve les connections avec la gare ferroviaire, avec les télécabines du Mannlichen et avec les télécabines Eiger Express, mais aussi une foule de boutiques en plus d’une épicerie Coop. Quoi demander de mieux… on peut s’acheter un sandwich, et mettre ça dans notre sac à dos, et immédiatement procéder à l’embarquement de l’une ou l’autre des remontées mécaniques. 

Faire les courses à même la gare, vraiment pratique!
Tout est accessible et facilite la logistique: ça nous enlève beaucoup de pression et nous permet de profiter encore plus du ski!
La gare ferroviaire connectée et intégrée avec le complexe de Grindelwald Terminal. Ponctualité suisse oblige, le train arrive 5 secondes avant l’heure prévue.

La montée à bord de l’Eiger Express est incroyablement stable, même avec les vents qui soufflent, sa vitesse de 8 mètres par seconde, procure une stabilité inouïe. Les télécabines planent au dessus des alpages suisses, des forêts et des chalets. Un paysage digne de carte postale est à nos pieds. Habituellement, dans les autres types de télécabines, on ressent les vibrations au passage de chaque pylône, mais avec seulement 2 ou 3 énormes pylônes le long de son trajet, et soutenue par ses 3 câbles, on a vraiment l’impression de voler librement à bord de l’Eiger Express.

Vol très zen au-dessus des alpages

Après 15 minutes, la télécabine nous débarque à 2400 mètres d’altitude. Depuis l’ouverture de l’Eiger Express, sa gare amont est devenue le point névralgique et le plus haut du domaine skiable entre Grindelwald et Wengen. À partir d’ici, le plan de match de la journée est de skier un circuit sans jamais reprendre la même remontée mécanique deux fois. 

Les bâtiments de Kleine Scheidegg à 2061 mètres d’altitude sont visibles au centre de la photo, là où la ligne ferroviaire en provenance de Wengen rencontre celle en provenance de Grindelwald. Photo prise de la station amont du Eiger Express à 2333 mètres d’altitude.

On commence par quelques descentes sur le versant de Grindelwald, jusqu’à la mi-montagne… mais rapidement une fois arrivés au sommet de la remontée Arven, l’excitation nous gagne et nous nous dirigeons ver le début de la mythique piste Lauberhorn. Il s’agit de la plus longue piste parmi toutes les descentes de la coupe du monde de ski alpin. Nous entrons avec les skis aux pieds dans un chalet de bois, nous nous plaçons dans le même portique de départ que les athlètes, et nous nous élançons.

Le long de la piste Lauberhorn, nous prenons une première pause pour admirer  le mythique Hundschopf (en français : la Tête de chien). Il s’agit ici d’un impressionnant saut de 40 mètres entre deux rochers. Pour les skieurs comme vous et moi, la piste fait une petite traverse vers la gauche et permet d’éviter ce saut de 40 mètres.

Photo prise juste sous le lieu appelé Hundschopf (en français : la Tête de chien), sur la piste Lauberhorn.
Le lieu appelé Wasserstation, sur la piste Lauberhorn, là où elle passe sous la voie ferrée.

Le deuxième arrêt notoire de long de la piste Lauberhorn, est la Wasserstation (en français : la Station d’eau). Ici, les skieurs de la coupe du monde doivent négocier un tunnel très étroit sous la voie ferrée. Après avoir moi-même passé le tunnel, je ressens la compression dans mes jambes car il y a une légère remontée tout de suite après le tunnel. C’est à se demander comment les skieurs de coupe du monde font pour négocier ce passage à plus de 100 km/h. L’arrivée de la course est située en bas du télésiège Innerwengen, à une altitude de 1287 mètres. La course fait ainsi une longueur de 4,5 kilomètres pour une dénivellation de 1025 mètres.

On remonte par le télésiège Innerwengen et nous continuons notre descente jusque dans le village de Wengen. Il n’y a aucune voiture dans le village de Wengen… ici, c’est la piste de ski qui passe directement dans le village, parmi les petites rues piétonnières. La piste croise même certaines rues sur lesquelles on a étendu juste assez de neige pour permettre le passage des skieurs.

Le village de Wengen, vu depuis Allmend, juste en haut du télésiège Innerwengen.

Note : Les photos accompagnant ce texte on été prises au début du mois de mars 2023, alors que l’Europe subissait une sécheresse inhabituelle. Malgré tout, la majorité du domaine skiable était ouvert.

Allmend Bergrestaurant, juste en haut du télésiège Innerwengen.

Une fois à Wengen, on pourrait choisir de remonter en train jusqu’à Kleine Scheidegg, mais nous choisissons  de prendre le téléphérique pour remonter directement en haut du Mannlichen afin de compléter la boucle de notre itinéraire à ski. Fait à noter, en été, on installe sur ce téléphérique une petite plate forme sur son toit pour permettre à quelques personnes d’effectuer la montée sur le toit du téléphérique, à l’air libre. L’expérience doit être très spéciale, car ici la montée est très raide et très près de la paroi rocheuse. Une fois arrivé en haut du Mannlichen, nous ferons une très longue descente continue, sur un dénivelé de 1309 mètres, pour retourner au point de départ de la journée, à Grindelwald Terminal.

La partie supérieure de la piste #3, près du sommet du Mannlichen, qui descend jusqu’à Grindelwald Terminal tout au fond de la vallée.
Le bas de la piste #3 et un terrain de camping juste en bordure.

Pour l’après-midi, après avoir laissé nos skis à l’hôtel, nous décidons de remonter, mais cette fois-ci jusqu’au sommet du Jungfraujoch. C’est le point que l’on surnomme « Top of Europe » car c’est la plus haute gare ferroviaire d’Europe. Elle culmine à 3454 mètres d’altitude. De Grindelwald Terminal, le trajet est simple, la première partie s’effectue a bord de la télécabine Eiger Express. Une fois arrivés à la gare amont de l’Eiger Express, nous prenons place dans un train a crémaillère qui s’engage aussitôt dans un tunnel, creusé à même le roc de la montagne et ouvert pour la première fois en 1912. Le trajet en train dans le tunnel durera  environ 25 minutes. 

On quitte à nouveau la gare de départ de l’Eiger Express.
Le train à crémaillère qui nous emmènera à la plus haute gare ferroviaire d’Europe.
Le temps brumeux de l’avant-midi s’est dégagé et c’est le meilleur moment pour se rendre au sommet du Jungfraujoch

Arrivés au sommet, sur la terrasse extérieure appelée « Sphinx », nous avons une vue magnifique vers le nord jusqu’à la Forêt-Noire en Allemagne et vers le sud la vue s’étend sur le glacier d’Aletsch… le plus long d’Europe. Nous terminons la visite au sommet par la visite de la grotte de glace, taillée sous le glacier.

La grotte de glace, avec un petit clin d’oeil pour les visiteurs…

Pour le retour, pendant la descente en train, le contrôleur de billets repasse parmi les passagers, non pas cette fois pour vérifier les billets, mais pour remettre des chocolats suisses à tous! On les savoure, comme nous avons savouré chaque instant de cette journée. Visiter le Jungfraujoch est à faire au moins une fois dans sa vie pour aller au-delà des pistes de ski, flirter avec les plus hautes cimes du monde alpin et ramener des souvenirs inoubliables.

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Skieur autodidacte depuis le début des années 80, il slalome les stations en solo, entre amis ou en famille en quête de pur plaisir. Amateur de premières traces, il est habituellement sur les pistes de bonne heure pour savourer les meilleures descentes de la journée : "Rien ne sert de courir; il faut partir à point!"