La simple évocation du nom de ce pilier de l’industrie du ski suffit à prouver qu’il mérite fort justement le titre de « légende »: intronisé au Temple de la renommée du ski des Laurentides en 1994, il a laissé sa marque dans le paysage hivernal et économique de sa région. Jusqu’à son décès en février 2022, il siégeait encore comme président du conseil d’administration des Sommets. Le mot « retraite » ne faisait pas partie de son vocabulaire car pour lui, il n’était pas question de travail, mais bien de passion. Portrait d’un grand skieur et homme d’affaires.

Déterminé et visionnaire

Dès ses premières années au sein de ce qui allait devenir le groupe Les Sommets, Louis Dufour s’est illustré par ses idées, que certains sceptiques avaient accueillies avec méfiance. La décennie 1970 donnera raison au jeune trentenaire qu’il était: l’âge d’or du ski alpin au Québec n’avait qu’à bien se tenir, Louis Dufour allait faire une petite révolution dans la vallée de Saint-Sauveur.

Reconnu comme un pionnier qui a immensément contribué à l’essor économique de sa région, les éloges ont plu dès l’annonce du décès de monsieur Dufour. Dans un article du Journal le Nord, Simon Cordeau recueille les propos de Jacques Gariépy, maire de Saint-Sauveur: « Souvent on se rencontrait, on parlait de la situation économique de Saint- Sauveur et des Pays-d’en-Haut. Il avait une belle vision du développement des montagnes et du développement immobilier. C’était un homme chaleureux, qui aimait beaucoup son village de Saint-Sauveur ».

Tout en lumière

L’une des plus grandes contributions de Louis Dufour à l’industrie du ski est sans contredit la démocratisation du ski de soirée. Fier de parler du plus grand domaine skiable éclairé en Amérique du Nord, il a veillé à l’ajout de pistes éclairées dans chacune des stations membre du regroupement des Sommets. Ainsi, depuis plusieurs décennies déjà, la vallée de Saint-Sauveur est éclairée par les lueurs des stations de ski en opération dès que les soirées et la neige le permettent. 

Bien que l’éclairage des pistes soit un fait d’armes marquant dans le paysage du ski au Québec, les exploits de Louis Dufour pourraient faire l’objet d’une biographie fort volumineuse. Nommons toutefois ces distinctions: Ex-membre de l’Équipe nationale de ski du Canada, récipiendaire de nombreux prix, dont le Canadian Skiers of Distinction, décerné par SKI CANADA, le Prix Réal Boulanger et Personnalité de l’année en 2003 remis par l’Association des stations de ski du Québec. Mais tous ces prix et mérites sont en réalité bien peu en comparaison avec le legs de l’entreprise co-fondée avec Jacques Hébert.

La famille avant tout

Au sommet de l’équipe des Sommets, deux noms de famille: Dufour, et Hébert. L’une des grandes fiertés de Louis Dufour est d’avoir légué sa passion et une entreprise florissante à ses fils, qui occupent chacun des postes importants au sein du groupe: Éric, David et Christian sont fiers de continuer à oeuvrer au développement et à la prospérité de ce fleuron familial. 

Louis Dufour en compagnie de ses trois fils Éric, David et Christian. Photo Fahri Yavuz Photographe

Pour Louis Dufour, la famille était même élargie aux collègues de travail, qui aujourd’hui saluent encore les grandes qualités de leur mentor. Michèle Beauchemin, à ses côtés dans l’équipe d’administration depuis plus de trente ans, pèse ses mots: « Louis était un homme d’une grande intégrité et d’une grande humilité; maintenant qu’il nous a quittés, il demeurera pour ceux qui ont eu la chance de le connaître et de travailler avec lui une référence dans le domaine de la gestion d’une station de ski. Un grand homme par sa simplicité, sa gentillesse, sa sensibilité, sa passion pour l’industrie du ski et son grand intérêt pour la famille et tous les employés. »

Tempête d’hommages

De la vallée de Saint-Sauveur à l’ensemble de l’industrie du ski, les éloges à l’égard de monsieur Louis Dufour ne mentent pas: grands étaient l’homme et son coeur, grande son oeuvre restera. Yves Juneau, PDG de l’Association des stations de ski du Québec, ainsi que Claude Péloquin, vice-président et directeur général de Bromont, montagne d’expériences, rappellent tous deux que Louis Dufour a agi avec influence et sagesse à plusieurs reprises dans des dossiers permettant aux stations de ski de la province de s’unifier afin de gagner en poids et en crédibilité devant les différentes instances gouvernementales.

Yves Juneau ajoute: « Il aimait collaborer avec ses collègues des autres stations. Le travail collectif afin d’amener l’industrie du ski vers de hauts sommets était reconnu de ses pairs, que ce soit par les vétérans de l’industrie tout autant que les jeunes recrues qui faisaient leurs premiers pas dans l’industrie du ski. Il croyait à la collaboration entre stations plutôt qu’à la concurrence. »

Roger Laroche, en compagnie de Louis Dufour, Alain Cyr, Bernard Trottier et Denis Boulanger. Photo courtoisie Carnet du ski

De son côté, Roger Laroche, auteur bien connu du Carnet du ski, relate avec émotion le départ de Louis Dufour puisque ceux-ci avaient une tradition bien ancrée: chaque dernier jour de l’ouverture du Sommet Saint-Sauveur, souvent tard en mai, Louis Dufour appelait Roger pour lui annoncer la tombée du rideau de la saison. Lors de cet appel, un petit bilan de la saison se dressait et l’auteur des Carnets se rappelle que malgré les aléas de la météo, monsieur Dufour avait toujours un point de vue optimiste et abordait les saisons à venir avec enthousiasme. Cette passion manquera à plusieurs dans l’industrie, mais l’esprit de Louis continuera à veiller sur la vallée de Saint-Sauveur grâce à la sculpture érigée en son honneur dans la Côte 70. Pour l’amour du ski!

Une soirée hommage en l’honneur de Louis Dufour

Samedi le 12 novembre 2022, le Musée du ski des Laurentides a organisé son annuel toast à l’hiver et au ski. Cette année, le toast fut fait en la mémoire de Louis Dufour. De plus, pour souligner sa contribution à la région, la soirée a également été l’occasion du dévoilement officiel d’une rue portant le nom de M. Dufour, le « chemin Louis-Dufour » par la Ville de Saint-Sauveur et la Municipalité de Piedmont. Les fonds recueillis lors de ce cocktail dinatoire permettent de rendre possible l’aménagement du nouvel emplacement du Musée, qui est fort à l’étroit dans ses locaux actuels.

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Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.