En hiver, les volcans du Chili, avec leurs cônes enneigés, sont impressionnants lorsqu’on les regarde de la route. Ils le sont encore plus lorsqu’on se trouve sur leur sommet, sur le bord du cratère, dominant toutes les montagnes environnantes, skis aux pieds et prêt pour une longue descente.

Vers le sud du Chili, il y a de nombreux volcans accessibles et skiables en une journée. C’est le cas du volcan Casablanca, où je me trouve en ce 20 août 2018. Il s’agit du volcan le plus «facile» parmi ceux que j’ai eu la chance de gravir au Chili: c’est une ascension assez courte (environ 3h30), peu technique (inclinaison ne dépassant pas les 30 degrés) et qui, de surcroît, offre la récompense d’un paysage majestueux avec vue, d’un côté, sur les lacs de la vallée chilienne et, de l’autre, les Andes de l’Argentine, le tout ponctué par les volcans environnants éparpillés un peu partout.

L’itinéraire

L’accès au volcan se fait par la station de ski Antillanca, dans le parc national Puyehue située dans la région de Los Lagos. Celui qui le veut peut d’ailleurs utiliser les remontées mécaniques pour raccourcir l’itinéraire d’environ 45 minutes. De la base de la station de ski, il s’agit en tout d’une ascension de 1150 mètres de dénivelé.

Magui et son splitboard dans un décor de rêve.

Il y a deux itinéraires principaux pour faire l’ascension du volcan : le premier, plus rapide et direct, débute à mi-chemin du téléski Don Pedro; le second, plus long mais très panoramique, consiste à suivre une longue crête à partir du point le plus haut de la station de ski (sommet du téléski Don Pedro). Peu importe l’itinéraire choisi, l’arrivée au cratère du volcan se fait au même endroit.

Miguel durant l’ascension, avec la vallée chilienne à l’arrière-plan.

L’ascension

Vers 10h le matin, alors que je m’apprête à entreprendre l’ascension, je fais la connaissance de quatre Argentins venus ici pour la même raison que moi : monter et descendre le volcan Casablanca. Après avoir échangé quelques mots, ils m’ont invité à me joindre à eux; c’est toujours plaisant cette ambiance de camaraderie générée par une passion commune…

Après avoir échangé un peu sur quel itinéraire choisir, nous avons opté pour le plus long, soit celui parcourant la crête. Ayant toute la journée devant nous et voulant profiter, bien relaxe, d’une vue imprenable sur les montagnes et les lacs, l’option allait de soi et le choix ne fut pas décevant.

Miguel et Maria Fernanda durant l’ascension. À l’arrière-plan, on voit le volcan Puyehue. 

Après avoir gagné le sommet du téléski Don Pedro, nous nous engageons sur la longue crête, qui comporte quelques petites montées et redescentes – pas besoin d’enlever les peaux – et qui se rattache au cône du Casablanca. Rendus là, nous entreprenons l’ascension du volcan comme tel alors que la pente devient plus inclinée.

Regard sur l’objectif: le cratère du volcan Casablanca.

Comme dans la majorité des ascensions de volcans, les crampons à skis (couteaux qu’on fixe après les fixations) sont de mises; de fait, même si le soleil fait tranquillement son œuvre sur la neige, la surface reste durcie.

Il est possible de faire l’ascension en ski avec les peaux jusqu’au sommet; par contre, à défaut d’avoir l’équipement nécessaire, il faut assurément transférer vers les crampons d’alpiniste pour les bottes afin d’atteindre sécuritairement le sommet.

Le cratère

Une fois le sommet atteint, la récompense est pleine: le panorama est incroyable, irréel. Je laisse les images parler d’elles-mêmes…

Volcans Puntiagado et Osorno vus du sommet du volcan Casablanca.
Deux inconnus prennent une pause en regardant vers les Andes de l’Argentine. 

Comme le volcan Casablanca n’est plus actif, son impressionnant cratère est rempli de neige. Celui qui le veut pourra même skier à l’intérieur, pour un dénivelé d’environ 200 mètres.

Le cratère du Casablanca avec, au loin, le volcan Tronador dont le sommet principal est sur la frontière Chili-Argentine.

La descente

Après avoir amplement pris le temps de contempler le paysage, nous entamons la longue descente qui nous ramènera à la base de la station de ski, moyennant une petite remontée obligée d’une cinquantaine de mètres à mi-parcours.

Notre chroniqueur Pierre Pinsonnault durant la descente du volcan Casablanca. Au bas, on voit le cratère Raihuen. Crédit photo Miguel Angel Castiarena.

Le soleil a fait son œuvre sur la neige et la surface est maintenant en «crémage à gâteau» sur une base ferme; bref, les conditions parfaites pour ce type de descente.

Skieur inconnu rencontré durant la descente du Casablanca.
Descente avec vue sur la vallée chilienne et ses lacs.

Nous nous élançons l’un après l’autre pour attaquer la longue partie inclinée du cône, qui nous mène ensuite vers un grand plateau à la pente douce que nous savourons en faisant des virages grand rayon, glissant entre les roches sur cette belle neige humide.

Regard sur la descente.

Après la petite remontée, la descente se poursuit dans la station de ski pour se terminer au chalet du bas. Je regarde mes camarades argentins, tout sourire et les yeux pétillants de bonheur pour l’ascension accomplie. J’imagine que c’est exactement à cela que je devais ressembler moi aussi… Heureux, je repars seul vers d’autres horizons chiliens, gardant un souvenir impérissable de cette journée sans faille.

Pour en savoir plus sur la station de ski Antillanca, porte d’accès du volcan Casablanca:

Site Web: http://www.antillanca.cl/

Facebook: https://www.facebook.com/antillancachile/

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Pierre Pinsonnault
Son intérêt pour la nature et le grand air se décline en deux principales activités : le ski alpin (sa grande passion) et la randonnée en montagne. Rédacteur professionnel dans la vie de tous les jours, et prenant un malin plaisir à photographier les paysages d’hiver et les skieurs lorsqu'il pratique son sport de prédilection, Pierre aime écrire sur le ski et partager ses expériences, photos à l’appui.