Lorsqu’il est question de gens passionnés, on a tous des noms qui nous viennent en tête rapidement. Peu importe le champ d’expertise, on pense à un collègue, un ami, un parent, quelqu’un qu’on sait donner sans compter et qui s’anime à la simple mention de son intérêt. Le ski est l’une des industries qui compte le plus de passionnés et c’est tant mieux! Sans ces passionnés, bien peu de choses auraient été accomplies… Ce texte s’inscrit donc dans la lignée des « reconnaissances aux humains » que j’ai l’intention de publier sporadiquement. Je présente ici le profil d’un patrouilleur dont la grande passion a fait l’unanimité: Denis Lacoursière.
Denis a marqué tous les gens qu’il a côtoyés. D’une simple rencontre aux visites quotidiennes, chaque personne qui était en contact avec cet homme pourra vous le dire: Denis était un passionné, un vrai! Dans le monde du ski, son nom était déjà bien connu: il a patrouillé pendant 24 ans au Mont Gleason (à Tingwick, tout près de Victoriaville). Ceux qui n’ont pas eu la chance de le rencontrer ont appris à le connaitre à travers les innombrables hommages qu’il a reçus: Denis est malheureusement décédé à Chamonix en mars 2012, lors d’un de ces accidents bêtes auxquels on refuse de croire.
J’ai personnellement eu le plaisir de skier avec Denis Lacoursière lors d’un voyage au Utah. J’ai alors appris à connaître un homme au grand sourire, rempli d’humour et d’énergie, et surtout animé du désir d’aider les gens et de les inviter à partager sa passion: le ski, tous azimuts. Lors de l’annonce de son accident, la première pensée qui m’est venue en tête est la même que pour plusieurs gens qui connaissaient bien le skieur: « Live and die for the snow » était sa devise, apposée sur son casque de ski.
Des Bois-Francs aux Alpes
En 2002, Denis a intégré l’équipe des accompagnateurs du voyagiste Gendron, spécialisé dans l’organisation de voyages de ski. Paul Dubrûle, que Denis appelait «Boss», raconte que pour chaque voyage effectué en compagnie de Denis, on ne s’ennuyait jamais, garanti! C’est d’ailleurs lors d’un séjour à Chamonix que Denis a indiqué son coup de foudre pour cette destination à Paul, malgré la découverte du mal d’altitude! Paul se souvient alors qu’il avait vu Denis très calme et très peu bavard lors d’un repas collectif… le naturel volubile de Denis n’a heureusement pas été affecté très longtemps!
Au cours des 10 années pendant lesquelles Denis a effectué plus d’une douzaine de voyages en tant qu’accompagnateur pour Gendron, il a entre autres skié à Whistler, Chamonix, Fernie, Breckenridge, Val d’Isère, Alta, Snowbird et Aspen. Yves Bernier, un collègue et ami de Denis, se remémore avec amusement: « Ce fut tout un choc pour lui de constater que Aspen n’avait que 76 pistes et 8 remontées mécaniques, versus les autres grandes stations qu’il avait visitées. Il faut dire qu’il arrivait de Breckenridge: 155 pistes et 31 remontées mécaniques. Alors qu’il montait dans une lente chaise d’Aspen, il dit à son compagnon de voyage, Jacques Lessard, « Je me pense à Gleason, tellement que je pensais que Aspen était plus gros dans ma tête! » ».
Celui qui a patrouillé dans cette station des Bois-Francs pendant 24 ans y a été recruté en 1988 par son épouse, Louise. Les années d’implication à la montagne lui ont valu nombre de mérites de la part de l’Organisation de la Patrouille Canadienne de Ski; chaque certificat faisant état de son grand travail et des efforts employés à la promotion du ski, de la sécurité, de même qu’au développement de la patrouille et de la station. C’est d’ailleurs tout naturellement que le Mont Gleason a eu l’idée d’achever un travail entamé par Denis Lacoursière afin de lui rendre hommage: parmi les nouveautés pour la saison 2012-2013, la montagne offrira une nouvelle piste en sous-bois, développée dans un secteur qui tenait grandement Denis à coeur. La piste est située entre la Victoriaville et la Pierre-Ling et représente le plus long parcours hors-piste de la montagne, s’étalant sur 370 mètres.
Qu’il soit en voyage ou chez lui, Denis n’était pas parmi les skieurs téméraires. Toujours prudent et conscient des risques, il préférait rester avec les skieurs au niveau moins élevé, dans l’objectif de montrer à tous qu’on pouvait avoir du plaisir partout, même en terrain intermédiaire. Son côté patrouilleur était toujours présent; les gens qui ont voyagé avec lui se souviendront qu’il portait en permanence sa trousse de premiers soins; ornée d’un petit macaron « Fun-o-meter », dont l’aiguille était étrangement toujours au maximum… Et c’est ça qu’on retient de Denis: le fun au maximum.
C’est donc avec plaisir et émotion que les skieurs et planchistes dévaleront le sous-bois Denis-Lacoursière au Mont Gleason. Pour chacun, ce sera l’occasion de penser à un passionné, à ce qu’il laisse comme héritage dans le monde du ski, et de donner au suivant. Car c’est bien là la beauté de la passion: elle se partage, et ne se compte pas. Merci, Denis.
Remerciements à Yves Bernier et à Paul Dubrûle.