Pour certains lecteurs fans de football canadien, ce nom peut paraitre dissonant, apposé à côté du mot “ski”. Et pourtant, ce sportif est bel et bien un skieur accompli, en plus de porter un ballon bien différent de ceux en cuir lacé de sa jeunesse. Portrait d’un athlète qui met tout en oeuvre pour rendre le monde du sport plus inclusif et accessible.

Du ballon oval aux skis

Avant de jouer du coude avec intensité au sein des Eskimos d’Edmonton et des Alouettes de Montréal, l’homme avait déjà affirmé sa volonté de ne pas accepter n’importe quoi dans la vie. C’est pour cette raison que durant ses études universitaires il a quitté l’équipe de football de l’Université du New Hampshire suite à un désaccord avec son entraîneur. Ça ne l’a pas empêché de remporter deux coupes Grey. Pas mal pour un gars qui ne rêvait même pas de faire du sport professionnel durant son enfance! Cependant, foncer dans le tas avec détermination fait partie de son ADN.

Aujourd’hui aux commandes de la Fondation des sports adaptés, la même volonté lui sert de gabarit pour ses actions. Pour Steve, aller de l’avant pour permettre au plus grand nombre possible de personnes à mobilité réduite de pratiquer un sport va de soi. En l’occurrence, le ski est une plateforme idéale pour permettre à tous de se mesurer à ses propres limites et de les surmonter. Même dans la mêlée, Steve Charbonneau n’a jamais perdu de vue le plan de match. “C’est inacceptable qu’un jeune ne puisse pas faire de sport en raison d’un handicap.” Et ça, ça résume son parcours professionnel à la Fondation des sports adaptés.

Passionné, dites-vous?

Discuter avec Steve Charbonneau, directeur général de la Fondation des sports adaptés, est une incursion au coeur de la détermination et du don de soi. Et de la parole claire et abondante! Steve raconte comment le football est venu à lui alors qu’il était déjà à l’adolescence un bon athlète qui n’avait pas froid aux yeux. De même, le ski et la Fondation se sont trouvés sur son chemin après sa carrière de footballeur professionnel et son passage en tant que commentateur sportif dans les médias.

Quand Peter M. Treacy, fondateur de la FSA, a voulu passer le flambeau de la Fondation, Steve s’est trouvé là alors qu’on lui avait demandé de suggérer des candidats au poste de directeur général. Il a alors réalisé le potentiel immense qu’offrait cette opportunité et il l’a saisie. Amener des personnes à mobilité réduite à se dépasser sur les pistes de ski, et ailleurs, lui permettrait de mettre en oeuvre sa vision et son désir de voir tous profiter des mêmes opportunités sportives. Il ne faut que deux minutes d’entrevue avec Steve pour réaliser combien il est passionné par la cause. Pour lui, donner au suivant est plus qu’une devise; c’est une réalisation concrète.

Un parcours

Enfant, Steve Charbonneau pratiquait le ski alpin. À l’adolescence, son intérêt pour la glisse semblait principalement tenir de la dimension sociale, la gang, les défis entre amis, etc. Il aimait certes la vitesse et il était un bon skieur. Cependant, son véritable moteur a toujours été le monde, les gens avec qui il évolue, la camaraderie. Son mandat de DG à la FSA est empreint de la même solidarité sociale, le même respect d’autrui et le même souhait de faire partie d’une équipe au sein de laquelle chacun contribue au meilleur de ses habiletés. Steve a délaissé le ski durant ses années de football professionnel afin de ne pas se blesser (vraiment, alors qu’il était footballeur?!).

Il a renoué avec la glisse après sa retraite du football. Il retrouve dans les descentes rapides l’amour du plein-air qu’il a toujours eu. Comme la FSA était déjà implantée dans le monde du ski, il allait de soi que Steve en perpétue la mission dans ce sport. Cependant, il voulait élargir l’offre de service tout en conservant le ski comme maillon privilégié de la Fondation. Mission accomplie! Malgré ses nombreuses réalisations, Steve Charbonneau place le ski au centre de ses propos durant l’entrevue. Le “je” ne résonne pas beaucoup; c’est davantage le “nous” qu’il énonce. En fait, malgré sa célébrité, il ne recherche absolument pas les feux de la rampe.

Une vision

Questionné sur sa vision pour l’organisme qu’il dirige, le DG Charbonneau est toujours aussi volubile. Son objectif numéro un est la croissance de la FSA: une plus grande offre de services, plus de bénévoles, plus de participants et plus de revenus (issus des dons). Pour lui, il est inconcevable qu’une personne, qu’un enfant, ne puisse avoir accès aux sports à cause d’un handicap. Sa vision ultime: que chaque station offre en permanence du ski adapté sous le leadership de la FSA. Steve aimerait que l’expérience soit naturelle, organique et simple pour les opérateurs de station de ski. Que cela soit “fun” pour elles, une formule clés en main. Il souhaite aussi augmenter la visibilité de la Fondation au sein de laquelle le participant d’hiver serait aussi un participant d’été. 

Un héritage

Il n’est pas coutumier de parler d’héritage alors qu’une personne est encore vivante ou qu’elle occupe toujours un poste au sein d’une organisation. Cependant, l’heure passée en sa compagnie, ainsi que les informations glanées à son sujet sur le web, pointent toutes dans la même direction: Steve Charbonneau a réussi à élargir la vocation de la FSA, tout en conservant la tradition d’altruisme et de don de soi qui la caractérisait dès ses premières années. Le ski, en particulier, conserve une place privilégiée et croissante dans l’univers des sports adaptés. Steve Charbonneau semble imprégner toute l’organisation de son désir d’aider les autres et de faire en sorte que toutes les personnes à mobilité réduite puissent parvenir à leur plein potentiel. À n’en pas douter, ce DG est à la bonne place au bon moment!

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Patrick Teasdale aime beaucoup jouer dehors. Télémarkeur depuis longtemps, il explore maintenant les possibilités du ski de randonnée alpine. Il troque volontiers sa pagaie groenlandaise ou ses skis pour une tasse d'excellent thé vert japonais. Un brin poète et idéaliste, il ne demande qu'à être émerveillé par une trouée de lumière, un chant d'oiseau ou une lame de neige. Il aime soigner ses chroniques et ses photos.