Au moment de publier les premiers textes de ce dossier, le Québec vit une vague de redoux comme on en voit de plus en plus souvent, surtout dans la portion sud-ouest de la province. Épisodes de pluie verglaçante, températures supérieures aux normales saisonnières et diminution des périodes de froid favorables à l’enneigement mécanique sont maintenant le pire cauchemar des stations de ski du Québec et d’ailleurs. Force est d’admettre que le portrait de l’industrie du tourisme hivernal et des sports de glisse est en train de se transformer: la diminution de la disponibilité de la ressource première nécessaire à tous les sports hivernaux demande une adaptation de tous les côtés. Mais où donner de la tête devant cette situation où les skieurs et les stations de ski sont à la fois la cause et la solution?

Même si la sonnette d’alarme a été actionnée depuis plusieurs années déjà dans tous les médias du monde, le citoyen moyen a du mal à bouger. À première vue, difficile de se jeter le blâme, individuellement ou collectivement: à travers les titrages scandaleux, les fausses nouvelles, les théoriciens du complot, les études scientifiques bidon et la propagande pure et dure, l’éducation aux changements climatiques et aux gestes significatifs pour l’amélioration de la situation est une mission laborieuse et les opposants ne manquent pas. À l’échelle nationale, il n’y a pas si longtemps, nos scientifiques se faisaient museler… pas étonnant qu’on ait du mal à écouter un porte-parole qui s’évertue à nous faire abandonner nos sacs de plastique ou à faire l’acquisition d’une voiture électrique!

Heureusement, la riposte de la science parvient de plus en plus au grand public. Les questionnements et constats se multiplient dans le monde glaciaire et alpin. Statistiques, mesures et degrés à l’appui, la communauté scientifique se penche dorénavant sur l’avenir des sports de glisse, tout continent confondu.

Qu’en est-il dans notre Belle Province? Les esquisses nous parviennent au compte-gouttes. Peut-être faisons-nous office de cordonnier mal chaussé, mais l’impuissance des stations de ski devant les changements climatiques a de quoi alarmer. Nous qui nous sommes toujours proclamés rois de l’hiver, serions-nous en train de se réclamer d’une nordicité à la dérive?

Conscientes des enjeux reliés aux changements climatiques, les stations de ski du Québec, par le biais de leur Association, ont mandaté la firme Ouranos, un consortium sur la climatologie et l’adaptation aux changements climatiques, afin de dresser un portrait réaliste de la situation actuelle ainsi qu’une palette de scénarios auxquels les stations devront faire face dans le futur. Un premier rapport est paru en 2018: « Diagnostic des risques et des opportunités liés aux changements climatiques pour le secteur touristique de Québec et de Charlevoix ». Cette phase initiale est déjà porteuse de plusieurs messages préoccupants à prendre avec sérieux. Un deuxième rapport, en cours de clôture, verra le jour dans les prochains mois: « Analyse économique des mesures d’adaptation aux changements climatiques appliquée au secteur du ski alpin au Québec ».

En résumé, l’industrie du ski alpin du Québec se questionne: sommes-nous armés pour faire face à ces changements? Quels seront les impacts financiers? À quoi devons-nous s’attendre comme conséquences à court, moyen et long terme? Ces préoccupations, qui semblent pour l’instant bien théoriques, auront pourtant des conséquences directement ressenties par vous, les skieurs et planchistes. Ce dossier se veut donc une contribution au constat, aux questionnements, et surtout, à la quête de solutions concrètes, applicables autant par les skieurs que par l’industrie et ce, dans le souhait le plus profond de pouvoir profiter du ski et de l’hiver pour plusieurs générations à venir.

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Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.