En général, quand les skieurs nord-américains pensent à l’état légendairedu Colorado – qui reçoit, de loin, plus de visites de ski quotidiennes que n’importe quel autre état aux ÉU – c’est souvent aux célèbres stations tout au long de l’autoroute I-70 qu’ils songent. Une heure après avoir quitté la ville de Denver et ses banlieues immenses vers l’ouest, on passe par les sorties pour Winter Park et Loveland. Puis on traverse le Tunnel Eisenhower et tout de suite après se trouvent un après l’autre les centres de ski de Keystone, Arapahoe Basin, Breckenridge, Copper Mountain, Vail, et Beaver Creek. Une heure plus tard, on s’approche du grand complexe d’Aspen: Snowmass, Buttermilk, Ajax, et Aspen Highlands.

Certes, ces stations sont grandes et bien connues ; plusieurs d’entre elles offrent des “ski towns” de haut niveauet il ne faut surtout pas oublier le fameux champagne powder™ du Colorado, puisque la pluie ne tombe jamais à cette altitude pendant la saison de ski. Le seul bémol, et ce n’est pas rien, c’est que des milliers de skieurs et de planchistes du Front Range de Denver profitent des passes de saison très bon marchés de Vail Resorts (Epicpass: Keystone, Breckenridge, Vail, et Beaver Creek) et d’Intrawest (Rocky Mountain Super Pass: Winter Park, Copper, et Steamboat) pour se rendre dans ces stations en masse. Le résultat: le week-end et les jours fériées, les autoroutes aussi bien que les pistes de ski sont souvent saturéesde gens, un peu comme dans les Laurentides, mais pire!

Heureusement qu’il existe un autre Colorado offrant des expériences de ski aussi alléchantes et ce, loin des grandes autoroutes. Il nécessite certainement plus de temps de déplacement et de planification pour y arriver, surtout si on atterrit à Denver, mais ça fait aussi parti de leur attrait. Je parle de Steamboat au nord, Telluride, Purgatory, Wolf Creek, et Silverton dans le coin sud-ouest, et Crested Butte et Monarch dans le centre-sud de l’état. Lors d’une récente visite, j’ai eu l’occasion de passer quelques jours dans ces deux dernières stations – toutes les deux sont impressionnantes pour des raisons tout à fait différentes. En même temps, elles sont parfaites pour ceux qui ont envie de faire plusieurs jours de ski en échappant aux foules de l’I-70!

Monarch Mountain

Située dans la chaîne de montagnes de Sawatch à trois heures de route au sud-ouest de Denver, Monarch Mountain est une station dont les statistiques modestes –  350m de dénivelé (plus ou moins le même que Stoneham), 375 hectares skiables, des télésièges exclusivement fixes – ne racontent pas toute l’histoire. La clientèle, largement locale et familiale, est séduite autant pour ce que la station offre (du terrain varié, des prix abordables, toutes les pistes se terminent devant le chalet de base sympa de style 1970, un grand parking gratuit à deux pas des remontées) que par ce qu’elle n’a pas: les files d’attente, la neige artificielle, l’hébergement sur place (l’hôtel le plus proche, c’est à 10 minutes), aussi bien que l’ambiance « tourisme industriel. »  On est là pour faire du ski, rien d’autre! Donc si vous pouvez mettre de côté votre fixation pour les grandes chiffres, Monarch a beaucoup à offrir pour une visite de deux jours.

D’abord, la station reçoit presque neuf mètres de neige annuellement en moyenne et à cette altitude, 3350 mètres, il va sans dire que la préservation de la poudreuse est excellente. Autre fait important, le terrain offre des sous-bois vastes et souvent non-tracés ainsi qu’un grand secteur, Mirkwood Basin, accessible par une randonnée de 15 minutes pour les gens qui sont habitués à l’altitude du sommet (40 minutes pour les gens comme moi qui venaient d’arriver la veille du niveau de la mer!). Mirkwood était sans conteste la grande aventure de cette journée-là: trois descentes dans la poudreuse deux jours après une tempête appréciable. De plus, Monarch offre aussi une option en catski qui donne accès à un terrain de 400+ hectares!

En somme, Monarch est surtout bien adapté pour les amateurs de centres de ski familiaux sans frime, de très belles conditions à haute altitude (aucune mauvaises surprises), de terrain varié, et de vues au sommet à couper le souffle. Une station qui prouve que les bonnes choses viennent parfois en petites quantités!

Crested Butte

Après avoir apprécié le petit trésor de Monarch, je me suis dirigé au nord, en passant par les grands espaces déserts, habités seulement par les vaches qui tremblaient dans le froid (-35C température ambiante le matin, ouf!), puis la petite ville classique de l’Amérique de l’Ouest, Gunnison, avant d’arriver, 20 minutes plus tard, à Crested Butte: la deuxième étape de mon voyage à travers le Colorado caché.

Je suis arrivé en pleine tempêteau milieu d’un cycle d’orages épiques qui ont rendu Crested Butte l’endroit le plus enneigé dans tout l’état à ce moment-là – plus de 230cm de neige est tombée au cours d’une semaine. L’école du village a fermé pour la première fois depuis 20 ans, même le domaine skiable a été obligé d’éteindre les remontées le jour après mon départ! Heureusement que toutes les chaises étaient en mode plein fonctionnement pour moi. Avant de me rendre à la base de la station, j’ai fait une petite promenade autour de l’ancienne ville minière pittoresque et idyllique. J’ai vite compris pourquoi Elk Avenue a été déclaré district historique national. Ce n’est pas étonnant qu’avec ses boutiques mignonnes et ses restaurants célèbres, beaucoup de gens la considèrent comme le ski town le plus cool aux États-Unis.

Quant au ski, Crested Butte est surtout réputée parce qu’elle se classe dans le Top 10 du ski extrême de notre continent – une liste qui comprend les plus grands noms du ski nord-américain comme Snowbird/Alta, Big Sky, Jackson Hole, Whistler, Telluride, Taos, et Lake Louise. Première constatationen prenant la chaise Silver Queen, c’est que la classification des multiples secteurs double-noirs tout au long du sommet de la montagne (la moitié des 460 hectares skiables) est bien juste – ces classifications sont légitimes! Aucun questionnement quant à la raison pour laquelle tant d’experts déménagent à Crested Butte: pour son potentiel énorme de ski freeride. Ceci dit, un des grands secrets de cette station est qu’il y a également pas mal de terrain pour les simples mortels, y compris un grand secteur vert pour les débutants, ainsi que de longues pistes damées pour les intermédiaires.

Côté hébergement, il y a toutes sortes d’options. On peut se loger tout juste à côté des pentes, ou à quelques minutes dans le village de Crested Butte, ou à Gunnison à 25 minutes de route où il y a un grand choix d’hôtels à prix intéressants. Finalement, Crested Butte s’est joint récemment au M.A.X. Pass, qui donne accès aux détenteurs à 39 montagnes en Amérique du Nord à raison de cinq billets journaliers par station.

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Spécialiste de marketing, James est un skieur américain qui a vécu un peu partout: Berlin, Nice, Boulder, Albuquerque, Chicago, Montréal, New York City/New Jersey. Il parcourt l'Amérique du Nord et les Alpes en quête d'expériences montagnardes uniques, surtout les stations de ski loin des sentiers battus. Il se passionne non seulement pour la poudreuse, mais aussi pour la culture des endroits qu'il visite.