Pour certains, trouver la bonne chaussure peut paraître anodin… en ce qui me concerne, lorsque vient le moment de chercher de quoi me chausser, l’activité tourne vite au cauchemar: même en excluant le look, j’arrive très rarement à trouver LA chaussure de randonnée, LA botte de marche… et pire, LA chaussure de ski qui m’ira comme un gant -mais au pied. Bien évidemment (et Dieu merci !), il existe des spécialistes pour nous conseiller lors de l’achat de ce type de matériel. C’est la raison pour laquelle j’ai communiqué avec un expert en ajustement de chaussures de ski, saturée que j’étais du manque de repères sur lesquels baser mon choix…
L’expert en question s’appelle Dan Renauld. Instructeur de ski (Niveau 4 AMSC) au Mont-Sainte-Anne, Dan a commencé à s’intéresser à l’ajustement des bottes de ski lorsqu’il s’est mis à porter attention aux défauts du ski de sa clientèle: pieds mal soutenus, courbure des jambes non-compensée, bottes mal attachées, taille inappropriée… c’est ainsi que Dan est devenu, au fil du temps, un spécialiste du «bootfitting», art qui consiste à conseiller un skieur dans le choix d’une chaussure de ski afin que celle-ci soit conforme aux besoins de l’individu -car c’est le matériel qu’on doit adapter au skieur, et non l’inverse !
D’emblée, cassons un mythe: souffrir pour être beau n’est pas un adage que l’on peut associer au ski alpin. Inutile d’être trop à l’étroit dans votre chaussure, vous ne gagnerez ni en style, ni en performance -exclusion faite des athlètes et compétiteurs, qui ont assurément des besoins différents du skieur que l’on identifie «récréatif». Ainsi, une botte de course n’est pas forcément ce qu’il faut pour un skieur de niveau avancé ! Donc, oui, la performance peut être atteinte par le confort: en retirant les facteurs de stress involontaire imprimés à votre corps, vous constaterez que le contrôle de vos muscles n’est que meilleur…
Tous les experts vous le diront: trop de gens font l’erreur de sous-estimer l’importance des chaussures de ski lors de l’achat d’un équipement. Comparez les bottes de ski à la direction d’une voiture: si vous avez une botte mal ajustée, la communication entre vous et vos skis sera faussée et vous perdez en fiabilité, en stabilité et en précision. Mais assez palabré, venons au vif du sujet !
Par quoi commencer ?
Il faut bien évidemment choisir la bonne boutique ! De préférence, éviter les grandes surfaces trop généralistes où le vendeur sera peut-être bien mal outillé pour vous conseiller… Mieux vaut se tourner vers les boutiques spécialisées, possédant un large inventaire et capables d’effectuer les ajustements et l’entretien de votre matériel de ski ! (Région de Québec: Performance Bégin, Vie Sportive; région de Montréal: Oberson Brossard et Laval.)
Une fois en boutique, Dan Renauld est formel: avant même de parler de notre pointure habituelle et de notre budget, il faut d’abord montrer notre pied au conseiller. Chaque personne a un pied unique et la grande variété de marques et de modèles disponibles sur le marché permet de trouver la chaussure qui se rapprochera le plus des besoins de notre pied… car la qualité de la chaussure et du «fit» n’a aucun lien avec le prix qu’on aura à débourser ! Brisons un autre mythe: il est inutile de payer 450$ pour avoir une chaussure confortable et performante !
Donc, les conseils du pro: un skieur en quête d’une bonne chaussure ne doit pas avoir de marque de prédilection ni de budget fixé, pas plus qu’il ne doit mentionner sa pointure… il doit d’abord montrer son pied au conseiller ! … N’oubliez pas d’apporter une paire de vos chaussettes de ski.
Les repères à l’essayage
Une fois le pied inséré dans la chaussure, que l’on se rassure: l’inconfort est NORMAL… surtout si on se tient debout, droit comme un piquet ! Pour apprécier le véritable confort d’une chaussure, il est indispensable d’adopter une position de ski: genoux légèrement fléchis, poids positionné un peu vers l’avant. Cette simple flexion des genoux fera dégager les orteils de l’avant du chausson, sans toutefois amener le talon à toucher complètement l’arrière du chausson. Si vous pouvez bouger vos orteils sans trop de gêne, vous êtes sur la bonne voie !
Selon Dan, l’erreur quasi-universelle commise par les skieurs est d’acheter des chaussures de ski trop grandes. Après une dizaine de sorties, le chausson s’est tassé, la coquille a travaillé et malgré les attaches que l’on serre d’un cran de plus, le pied n’est plus soutenu adéquatement dans la chaussure. Il en résulte une perte de contrôle et de confort, sans oublier les risques de blessure…
Une fois la chaussure essayée, il ne suffit pas de la garder aux pieds quelques minutes: un bon essayage doit durer au moins une demi-heure. C’est le meilleur moyen de s’assurer que la chaussure de ski ne coupe pas la circulation sanguine, qu’elle est confortable au mollet et qu’elle s’ajuste bien aux différents points de pression… Concernant les petites imperfections, la très grande majorité des chaussures de ski devront subir un léger ajustement après l’achat. Tout est faisable: dégagement du mollet, resserrement aux chevilles, «punch» sur les côtés de la coquille de plastique pour gagner en largeur, ajout de «canting» pour régler l’angle du tibia par rapport aux skis, semelles de renfort plantaire… encore une fois, c’est le matériel que l’on adapte au skieur !
Les semelles, accessoires ?
Au contraire ! C’est la touche finale qui fera le confort d’une chaussure de ski. En effet, les semelles dont sont équipées la plupart des bottes au moment de la vente font très rarement l’affaire: trop minces, pas assez coussinées, pas assez isolantes, pas renforcées… il faut investir ! Sur le montant total de votre acquisition, la différence de prix vaudra assurément le confort que vous gagnerez.
Une petite note sur les semelles chauffantes: si vous souffrez des «pieds gelés chroniques», les semelles chauffantes peuvent être un excellent complément. L’élément chauffant n’est nullement dommageable pour la coquille et assure un confort supplémentaire par temps plus froid ou pour les pieds plus sensibles… Notre spécialiste Dan recommande cette acquisition pour réduire les facteurs de stress reliés à des pieds gelés -incluant les engelures- et augmenter le plaisir de la glisse.
Le jargon
Qu’est-ce que l’indice de «flex» ? C’est le chiffre qui décrit la rigidité de la coquille d’une botte de ski. L’indice s’étend de 60 à 150, le plus mou étant associé à un skieur novice qui a besoin d’une grande flexibilité; l’opposé correspond évidemment à une botte à raideur maximale, conçue pour les coureurs.
La majorité des skieurs de niveau intermédiaire-avancé vont privilégier un indice de flexibilité se situant entre 85 et 110, selon le ski de prédilection: mieux vaut plus raide pour le damé, et plus mou pour la bosse et le sous-bois… Notez bien que cette flexibilité et la performance globale de la botte sont mesurées pour des conditions d’environ -10°C. Vous devinerez que par temps très froid, le plastique de la botte gagnera en rigidité, et qu’à l’inverse, en ski de printemps, la chaussure deviendra plus molle.
Les pointures: comment s’y retrouver ? La pointure (exemple: 25) d’une chaussure de ski correspond à la longueur de votre pied, en millimètres. Le demi-point (25.5) indique une largeur supérieure, pour la même longueur de semelle. Ainsi, à l’essai, vous verrez une différence de longueur entre 24.5 et 25.5, mais pas entre 25 et 25.5. Attention cependant, certaines marques sont plus «généreuses» que d’autres -tout comme pour les vêtements ! Bien que ce type de pointure se veut universel, quelques nuances sont perceptibles d’une marque à l’autre.
Un dernier conseil
Toutes ces recommandations sont valables lorsque l’acquisition d’une chaussure neuve est nécessaire. Cependant, Dan Renauld rappelle que lorsqu’un skieur pense à changer ses bottes de ski, il doit également envisager la possibilité de changer son chausson avant de jeter toute la chaussure ! Plusieurs boutiques spécialisées offrent le moulage de chaussons sur mesure, de même que des semelles conformables. Ainsi, un skieur qui a déjà investi 600$ sur une paire de chaussures de ski peut préférer conserver la coquille et y insérer un chausson neuf -ce qui représente une économie par rapport au prix initial de la botte !
Retenez cependant qu’à l’acquisition d’une botte neuve, le chausson devra travailler et se mouler à votre pied: le confort ne sera évidemment pas optimal avant les 10 premières sorties. Sachant que la durée de vie moyenne d’une chaussure de ski dépasse les 100 jours, l’inconfort relatif des premières sorties est temporaire et minime !
Cet article a été originalement publié le 15 octobre 2010 mais les conseils qui sont exposés sont toujours d’actualité!