L’effet d’entrainement

Texte Geneviève Larivière / Photo Jacques Boissinot

En écrivant ma chronique à propos de la découverte du télémark, je me suis fait la réflexion que l’importance de l’effet d’entrainement est sous-estimée quand vient le temps de parler de la pratique des sports de glisse.

On fait des belles campagnes de publicité sur la sécurité en ski (restez en contrôle, portez un casque…), on mise sur l’effet «WOW» pour vendre un sous-bois ou une paire de skis, on lèche une image pour la rendre irrésistible… mais au final, l’individu qui n’est pas porté par lui-même et sa propre curiosité à essayer quelque chose restera inévitablement dans les rails qu’il connait déjà.

J’ai commencé le ski alpin parce qu’un oncle a proposé de m’y emmener alors que j’avais 13 ans. La très grande majorité des skieurs ont été initiés à la glisse par un membre de leur famille, ou par un ami.

Il y a quelques semaines, à Saint-Bruno, j’ai croisé une jeune planchiste qui initiait son copain à la planche à neige… elle me raconte:

– C’est quand même bizarre que ce soit moi qui lui montre, il n’en avait jamais fait avant!
– Pas de ski non plus?
– Non, personne dans sa famille…

Je lance un «thumbs up» au petit couple, et j’encourage la demoiselle à continuer, même si c’est pas toujours évident d’enseigner à son amoureux. Mais la réponse spontanée de la planchiste indique clairement le portrait qu’on peut dresser: si personne ne vous invite… vous n’irez pas.

Une des stations du Québec qui se démarque pour l’appel de sa clientèle: Ski Bromont. Avec des campagnes qui cherchent à rassembler «Remplis ta van avec ta gang», l’effet d’entrainement est stimulé dès le départ. J’entends déjà les plus vieux râler que la station devient vite impraticable car surpeuplée, mais mon point n’est pas là… je reviens à l’effet d’entrainement.

Si Johanne n’avait pas accepté de me montrer à faire du télémark, je n’aurais probablement pas osé m’y mettre seule. Si Christophe ne prenait pas la peine d’emmener sa fille en ski, ce serait une personne de moins dans la relève. Si les parents, amis, oncles, frères, soeurs… ne prennent pas la peine d’encourager, de stimuler, et de créer l’effet d’entrainement… les pistes ne se rempliront pas toutes seules. Et malgré toute la bonne volonté des écoles de glisse, si personne n’est là pour inscrire un débutant à un cours… les pistes ne se rempliront pas.

Il y a quelques temps, j’ai fait un appel à tous, en vous encourageant à «parrainer un non-skieur»… alors, où en êtes-vous?? ;)

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Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.