Tous ceux qui ont circulé dans les années 1960 et 1970 sur la route 11 (devenue la 117), ou par la suite sur l’autoroute 15, pouvaient facilement voir en passant à Sainte-Adèle le nom de la station Mont Alouette. Comme le montrent plusieurs photos, ce nom avait été écrit en très grosses lettres sur le terrain de la station de ski.

Le fondateur de la station ayant été M. Tore Bjonrstad, un skieur norvégien, il n’est pas surprenant que les lettres patentes du 4 décembre 1958 sont au nom de Mont Tore Ltd. L’article ci-dessous montre que l’ouverture officielle de la station n’a pas été de tout repos. La station, d’un dénivelé d’environ 165 mètres, avait lors de l’ouverture un chalet à une certaine hauteur en montagne, et une arbalète double. Selon un article de 1958, celle-ci avait une longueur de 2 600 pieds, et était la plus longue au Québec à cette date. La publicité ci-jointe parle de 3 pistes et d’un stationnement de 1 000 places, ce qui est substantiel. Un guide de cette époque parle aussi d’une arbalète de 40 mètres. Celle-ci partait du niveau du chalet. Le plan ci-dessous n’est pas complet, mais il est intéressant, car il montre approximativement l’emplacement de plusieurs stations de ski dans les Laurentides, dont le Mont Alouette. La station a opéré sous le nom de Mont Tore pour les hivers 1958-1959 et 1959-1960.

La station a alors été vendue et selon les lettres patentes de septembre 1960, le nom est devenu Mont Alouette Ski Hills Ltd. Le nombre de pistes augmentera à 6 puis à 8 et les dernières statistiques trouvées indiquent qu’il y avait 10 pistes, incluant certainement quelques petites pistes.

Du début des années 1960 au début des années 1970, M. Jean-Pierre Lequéret a été l’instructeur-chef au Mont Alouette, ainsi qu’à la station Côtes 40-80, située également à Sainte-Adèle. On peut le voir sur la photo principale ainsi que sur les 2 photos suivantes. La troisième photo montre son épouse Gisèle, membre de l’école de ski. J’ai découvert que le très rare écusson de l’école de ski que je possédais avait été conçu par M. Lequéret. Je remercie M. et Mme Lequéret pour leur collaboration.

J’ai eu beaucoup d’information sur cette période de l’histoire de la station grâce à M. Luc Lachaine, dont le père, Louis-Gilles Lachaine, était de ceux qui ont construit la station de ski. Il en a été le directeur général jusqu’à la saison 1971-72. Les trois paragraphes suivants sont très fortement inspirés des commentaires de M. Lachaine.

Si on regarde la photo principale, on remarque le chalet original situé juste à la gauche des immenses lettres, celles-ci faisant office de publicité pour la station. Sur les photos suivantes, on peut voir au bas de la montagne le nouveau chalet principal. Il a été construit en 1964 pour répondre à une clientèle beaucoup plus nombreuse qui ne trouvait plus assez de place dans l’autre et qui n’aimait pas non plus devoir monter la route en courbe et souvent enneigée. Devant le nouveau chalet, on a installé une arbalète simple d’un dénivelé d’une quinzaine de mètres, donnant accès à une pente-école. On a aussi construit une patinoire avec des bandes qui n’étaient pas très hautes, et sans filets. Elle était située tout près du stationnement principal et elle permettait aux parents non-skieurs de se dégourdir les jambes en attendant la fin des classes de ski.

Le Mont Alouette était très populaire à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Les clubs de ski Hampstead, Mont-Royal et Fami-Ski étaient des « réguliers » et jusqu’à 32 autobus se pointaient pour leurs cours de ski les week-ends. Pour tout dire, les 3 stationnements étaient souvent pleins ! La raison ? C’était une station agréable orientée sud-ouest. Le soleil était donc présent toute la journée ou presque. Par contre, sans neige fabriquée, les saisons étaient parfois très courtes, avec une fermeture au début mars.

Je n’ai pas de plan des pistes, mais la première photo ci-dessus date de 1970 et on peut y voir les pistes ainsi que 3 arbalètes. Une quatrième arbalète allant au sommet de la montagne sera installée peu de temps après. Voici les commentaires de M. Lachaine sur les pistes principales, en allant de gauche à droite :
– l’Oriole plutôt facile avec un petit « pitch » qui faisait peur aux skieurs novices
– la Rouge-Gorge étroite et difficile qui se jetait au bas de l’Oriole
– la Poulette facile qui est située juste à la gauche de l’arbalète que l’on voit au milieu de la montagne
– la Pic-Bois avec sa « passe » construite en bois qui surplombait les deux arbalètes doubles qui permettaient aux skieurs d’atteindre le sommet. La vieille arbalète rouge était lourde et semblable à celle qui était à la station Côtes 40-80. La nouvelle arbalète était grise, plus rapide, et était bien sur devenue ma préférée.
– la Cardinale, une piste intermédiaire à la droite des deux arbalètes et où la majorité des courses de la ligue Nancy Greene se déroulaient
– l’Aigle la terrible avec son « pitch » pas très long, mais qui faisait peur à la plupart des skieurs (même la dameuse en avait peur!)

La station a changé de propriétaire en 1971. M. Jacques Viens en a été le propriétaire de la saison 1971-1972 jusqu’à la fermeture de la station en mars 1982. J’ai skié cette station dans les années 1970, et je me souviens qu’il y avait des pistes difficiles. Les deux premières épinglettes sont de la fin des années 60, et la dernière date des années 1970. Le billet des années 1970 illustre combien les prix étaient différents, il y a plus de quarante ans.

L’hiver 1979-1980 a montré hors de tout doute la nécessité pour une station de ski de pouvoir fabriquer de la neige. Alors que cet hiver a été catastrophique au Mont Alouette, le Mont Habitant a connu sa meilleure saison avec 119 jours de ski. Le propriétaire de la station a alors annoncé son intention d’acheter pour 250 000 $ d’équipement pour fabriquer de la neige. Malheureusement la saison 1981-1982 sera la dernière saison d’opération de la station. Les deux photos suivantes montrent les deux arbalètes qui se rendaient au sommet. Aujourd’hui, il ne reste plus de traces facilement visibles de la station.

Cet article fait partie de la section sur les stations de ski du Québec qui sont aujourd’hui fermées. Comme la grande difficulté d’un tel travail est de trouver des photos et de l’information sur ces stations, si vous détenez des perles concernant une station oubliée ou fermée et que vous souhaitez les partager avec l’auteur, vous êtes invité à communiquer avec lui par courriel afin de lui permettre d’ajouter de l’information à un dossier existant, ou d’inclure une autre station à cette section à l’adresse suivante: stations.fermees.qc@gmail.com

Article précédentDivertissement à distance: des films de ski pour passer le temps!
Article suivantBillets de ski et abonnements: quels achats peut-on récupérer?
Skieur depuis plus de 50 ans, il a toujours aimé découvrir de nouvelles stations, ayant skié dans plus de 100 stations au Québec, dans l’Ouest canadien et en Nouvelle-Angleterre. Aujourd’hui, il préfère descendre en ligne de pente les pistes damées, mais il ne dira pas non à un peu de poudreuse!