Les diverses organisations de certification pour les équipes de patrouille de ski sont à pied d’œuvre depuis plusieurs semaines déjà afin d’assurer le rafraichissement, la mise à niveau et la formation des patrouilleurs pour la saison à venir. Comme pour tous les skieurs, la saison des équipes de patrouille s’est terminée abruptement en mars dernier. Le retour aux préparatifs d’automne, traditionnellement accueilli avec fébrilité, est toutefois un peu différent cette année! Voici à quoi la saison de ski ressemblera pour les bénévoles et salariés responsables de la sécurité des skieurs en montagne.

Ski et COVID : tout le monde dans le même « bateau »… mais à distance!

Dès le mois d’août, les organismes de certification se préparaient pour la formation des actuels et futurs patrouilleurs. Alors que la formation des recrues s’organisait généralement sur trois fins de semaine d’automne, incluant théorie et pratique, le découpage des chapitres et la formation concrète s’organisent différemment. Il en va de même pour la re-certification des patrouilleurs qui étaient déjà actifs lors des années passées, qui devaient toutefois effectuer leur rafraichissement en une fin de semaine. En effet, la carte émise par les divers organismes de formation (Patrouille Canadienne et autres) n’est valide qu’un an, contrairement à la certification en RCR (durée de 2 ans).

En septembre, l’INSQ (Institut National de Secourisme du Québec) a fait parvenir à ses équipes de patrouille un « Guide COVID », qui indiquait les impacts d’un changement de palier d’alerte concernant la formation, la planification des groupes et la gestion du matériel à la station. Depuis le premier envoi de ce guide, le plan sanitaire sectoriel de l’industrie du ski a été rendu public et bon nombre de mises à jour et ajustements ont été effectués dans le Guide COVID de l’INSQ. Tout est prévu pour assurer la sécurité des patrouilleurs et des skieurs avec qui ils seront en contact : port du masque de procédure et autres ÉPI (équipements de protection individuelle), adoption du protocole de nettoyage et désinfection des aires communes, outils et objets de travail, tenue d’un registre de présences… et ce, autant en période de formation qu’en pleine saison. Certaines équipes de patrouille ont également indiqué vouloir créer des « sous-groupes » pour permettre aux patrouilleurs de travailler en bulle afin d’éviter de pénaliser (ou contaminer) un trop grand nombre de patrouilleurs si un membre de la famille de ceux-ci devait se placer en isolement ou en quarantaine.

Les cours en ligne : un incontournable

Au sein de l’INSQ, le passage du réel au virtuel s’est fait sans heurt puisque la plateforme de formation en ligne était déjà en place depuis plusieurs années. « Pour nous, il était important de répondre à une demande de plus en plus grande, celle d’offrir une alternative pour les patrouilleurs intéressés et motivés mais dont les disponibilités rendaient la formation en groupe à dates fixes plus difficile » indique Philippe Rivest, coordonnateur de l’INSQ. 

Un nouveau chapitre a fait son apparition dans la formation théorique, bien évidemment intitulé « COVID-19 ». Chaque patrouilleur, recrue ou ancien, doit désormais connaitre les symptômes du virus chez l’humain et maitriser le port et le retrait des équipements de protection individuelle (ÉPI). Ceux-ci sont maintenant partie prenante de tous les protocoles qu’un secouriste effectuera sur une victime, de l’examen jusqu’aux immobilisations et à la surveillance de l’état dans une salle d’infirmerie.

Les défis d’une formation ou d’un rafraichissement pour la certification demeurent les mêmes : bien que la partie théorique (les différentes blessures, l’anatomie, l’aspect légal et d’autres sujets plutôt académiques) soit facilement accessible et acquise par des lectures, il en va différemment pour toutes les méthodes à appliquer : examen physique de la victime, manipulation des différents outils nécessaires à une immobilisation (éclisse, attelle, bandage, planche dorsale, etc.) ainsi que les manœuvres de réanimation (RCR) sont moins évidents. À la rescousse : les vidéos filmés par les instructeurs chevronnés! Lors des formations en « présentiel », les patrouilleurs échangent les positions pour que tous puissent être victime ou secouriste. À la maison, il faut utiliser les cobayes disponibles dans la maisonnée (bulle familiale) afin de faciliter l’apprentissage et le rafraichissement.

Le défi : la gestion des formations pratiques

Évidemment, certaines méthodes ne peuvent être pratiquées à domicile : peu de gens disposent d’un matelas coquille ou d’un collet cervical pour s’adonner à des exercices et simulations! Il en va de même pour un défibrillateur externe automatisé (DEA) -évidemment, il est déconseillé d’utiliser un vrai DEA pour tester sur une « victime » parfaitement consciente! Ces portions de la formation sont donc assurées en présentiel, par des instructeurs certifiés, qui veillent non seulement à l’acquisition des connaissances mais aussi au respect de toutes les règles et tous les protocoles sanitaires en vigueur dans la région où ils se situent. « Ça, c’est le plus gros morceau du casse-tête! On doit souvent changer du tout au tout une journée de pratique qui était prévue disons avec 5 bulles de 4 personnes, avec un instructeur, dans le respect des règles, quand par exemple une station de ski passe d’un palier d’alerte orange à rouge : plus possible d’être 25 dans une salle, même avec de la distanciation sociale. Il faut s’organiser sur rendez-vous, étaler les périodes… et bien sûr, désinfecter soigneusement tout le matériel entre chaque bulle. Ça triple, voire quadruple la charge de travail pour un instructeur qui ne peut plus passer d’un groupe à l’autre! » explique M. Rivest. Quelques stations ont même prévu des formations pratiques exclusivement à l’extérieur : rien de mieux pour recréer les conditions en saison et favoriser la distanciation sociale!

La validation des acquis et compétences se fait de plusieurs manières. Pour la partie théorique, rien n’est différent des saisons précédentes : un examen de 50 questions doit être réussi; celui-ci peut être effectué en ligne, ou sur papier. Concernant l’évaluation pratique, certaines stations ont adopté le même modèle que les formations : les patrouilleurs sont évalués en très petits groupes, sur rendez-vous. Certains instructeurs ont aussi fait des certifications pratiques via ZooM, d’autres équipes ont demandé à leurs patrouilleurs de se filmer et de faire parvenir les vidéos. Bref, plusieurs solutions ont été trouvées pour compenser!

La clé : l’adaptation et la collaboration

Même si tous les protocoles mis en place sont réfléchis et clairement dictés, la sécurité des skieurs et des patrouilleurs pourrait facilement être mise en danger : « Advenant un « maillon faible » qui prend les précautions à la légère, qui décide de se présenter en montagne et ment sur ses symptômes, qui ne respecte pas les différents protocoles en place ou qui refuse simplement d’obtempérer aux règles en vigueur, c’est toute l’équipe et la clientèle qui peut être pénalisée… ça s’est vu dans plusieurs milieux. Un patrouilleur ne se pardonnerait pas d’être à l’origine d’une éclosion! » affirme Philippe Rivest. Il termine en décrivant sa confiance en son équipe d’instructeurs et au bon jugement de l’ensemble des secouristes que son organisme certifie : « On est prêts pour le ski, on a hâte autant que vous tous! » conclut-il, un sourire dans la voix. 

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Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.