Le proverbe ne ment pas: « Petit à petit, l’oiseau fait son nid. » De l’idée et du besoin d’un coureur jusqu’à la réalisation complète d’un ski de haute performance et la glisse de l’athlète, le drôle d’oiseau ne laisse aucune étape au hasard. Invité dans l’antre du Rossignol, le Mag a récolté pour vous les oeufs d’or de l’Atelier Prototypage et Course à proximité de Grenoble, France. Petite histoire d’un volatile au grand plumage…

Toute création part d’une idée. Toute idée génère réflexion, planification, puis exécution. C’est, grosso modo, le parcours d’un ski de course fabriqué dans l’atelier de Rossignol. L’expertise des employés de l’atelier, jumelée à l’expérience et aux requêtes des coureurs, permet la production de skis « personnalisés » pour chaque athlète de haut niveau portant les couleurs de Rossignol. Voyons plus en détail le processus de fabrication des skis alpins et de fond parmi les plus performants au monde.

1° D’abord, il faut une idée, un besoin. C’est généralement le coureur qui transmet dans ses mots au technicien ce qu’il voudrait que son ski lui permette de faire. Le technicien relaye l’information sans tarder à l’atelier.

2° Dessin technique en CAO (conception assistée par ordinateur). Il faudra environ 3 jours pour produire une maquette des futurs skis, avec toutes les composantes et spécificités requises à sa fabrication, directement liées à la performance sur neige.

3° L’outillage. Étape cruciale de la production du ski, c’est par là que tout commence véritablement, concrètement. Lors de cette opération, on fabrique entre autres les moules et toutes les autres pièces d’outillage qui doivent être créées sur mesure pour le ski qui a été dessiné en CAO. En moyenne, 5 jours sont nécessaires à l’élaboration des différents éléments qui serviront plus tard à la production de toutes les paires de ski de la même série.

4° Moulage. C’est la fabrication pure et simple du ski. Carres, semelle, noyau (bois ou nid d’abeille), caoutchoucs, renforts en aluminium et en fibre, chants, décor… place au théâtre ! Une trentaine d’artisans s’activent à tour de rôle pour assembler les différents « ingrédients » du ski et s’assurer de la perfection du produit fini. La conclusion du moulage se produit dans une presse qui réunit tous les éléments du ski sous serre, à une température bien précise: le ski est littéralement « cuit » dans la machine à moulage, qui donnera aux différentes composantes leur propriétés définitives. Souplesse et rigidité, tout sera fixé une fois le ski amalgamé.

5° Finition. Dessert de la production, la finition permet de donner sa vie et son âme au ski. Meulage et structuration affinent les carres et la semelle aux exigences précises associées à la discipline et aux différentes conditions de vie: vitesse, qualité de la neige, météo, profil des pistes… car bien évidemment, à chaque continent son ski ! Ainsi, les coureurs disposent d’un éventail d’une quinzaine de paires de ski pour garantir les meilleurs résultats. En tout, moulage et finition des skis prendront 5 jours complets.

6° Contrôle final en atelier. La totalité des skis fabriqués dans l’atelier passent une série de tests rigoureux avant l’épreuve ultime de la glisse. Les normes de qualité étant très élevées pour la course, il arrive parfois que certaines séries de skis ne voient jamais la neige… mais il s’agit de rares exceptions. Dans le volet commercial, les skis subissent également des tests très poussés: frappe à plat sur marbre dans une chambre froide, déformation de l’avant, casse arrière, torsion, souplesse, usure, résistance, alouette ! Rien n’est négligé car les normes internationales en matière de sécurité sont -contrairement aux skis – inflexibles.

7° Les essais sur neige. Les skis sont enfin prêts à être testés aux pieds des athlètes, qui rendront illico leur verdict sur la performance des planches. Du côté commercial, toutes les gammes de skis sont également soumises au test sur neige, effectué par d’anciens coureurs et toute une batterie d’experts en glisse alpine ou nordique.

Calcul final: de l’idée au test de glisse, il aura fallu de 10 à 15 jours pour manufacturer une paire de skis. Heureusement, une fois l’outillage réalisé, tous les éléments peuvent servir à fabriquer le reste de la série, ce qui raccourcit sensiblement le délai de production. Pour une année, l’Atelier Prototypage et Course produit en moyenne entre 6500 et 7000 paires de ski (dont 1500 paires de skis de fond). À titre comparatif, la production annuelle de skis de gamme commerciale s’élève à environ 750 000 paires de ski.

Lors de la visite de l’atelier, une chose nous a marqué : chaque « homme de l’ombre » porte fièrement le « R »; il se dégage un véritable sentiment d’appartenance d’un bout à l’autre de la grande salle de machineries. On reconnait les passionnés à leur vision du travail : personne n’est plus ou moins important dans cet atelier, car s’il manque un maillon à la chaîne, personne ne peut travailler. Agent de maîtrise, technicien, opérateur de production, tous les collaborateurs sont formels : « On est une équipe, c’est en équipe qu’on célèbre les succès, et c’est en équipe qu’on travaille fort pour garder nos bons résultats. »

Au sortir des bureaux de Rossignol, difficile de ne pas rêver d’avoir des skis conçus sur mesure… Verrons-nous un jour des skis spéciaux ZoneSki ? Chose certaine, le Rossignol chante déjà pour nous…

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Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.