C’est avec une grande générosité, malgré les journées de 12h à 14h qui font son quotidien ces temps-ci, que Félix Rioux a accepté de se prêter au jeu de l’entrevue. Rencontré aux bureaux de l’iF3 à Montréal, le président et cofondateur du seul festival de films de freeski au monde bouillonne d’idées et de projets sous le couvert de son air calme et posé. Portrait d’un photographe qui ne manque pas d’ouverture!
Touche-à-tout
Skieur depuis son plus jeune âge, il a eu la chance de visiter plusieurs stations du Québec grâce au club de ski dont il a été membre au secondaire. Vite conquis par le style de glisse, il s’intéresse également au skateboard et au rollerblade. Au cours de la discussion avec Félix, je réalise une chose: le jeune quarantenaire a littéralement touché à tout au fil de sa carrière, qui est loin d’être terminée. Après avoir fondé sa première entreprise à l’âge de 19 ans, il sait déjà qu’il a l’esprit entrepreneur et qu’il sera son propre patron. À travers ses études en cinéma, ses contrats de photo, l’organisation de compétitions de skateboard et de rollerblade, la gestion de groupes de musique et le travail pour une station de radio en passant par la mise sur pied d’une boutique, bien peu de choses lui échappent!
C’est en 1999 que Félix Rioux a vécu le déclic qui le mènera vers la création de l’International Freeski Film Festival, qui verra le jour en 2007. Alors dans un hiatus sans ski qui dure depuis déjà cinq ans, il voit JF Cusson et Jonny Moseley réaliser les prouesses qui les ont fait connaitre lors des X Games à Telluride (Colorado). « C’est ça, l’avenir du ski! » Étant déjà bien implanté dans le milieu de la photo d’action et des sports de glisse, Félix oriente désormais ses efforts et ses actions dans le but ultime de créer ce qu’il voudra voir devenir le « Cannes des festivals de films de ski ».
Le freeski et le Québec
Félix Rioux considère le Québec comme une mine d’or lorsqu’il est question des athlètes de freeski. « Les montagnes sont petites, ça fait des jeunes créatifs qui se dépassent pour inventer des nouvelles figures et des nouveaux moyens de les exécuter! » Force est d’admettre que nombreux sont ceux qui ont atteint une renommée internationale, avec la fameuse « anglicisation » des initiales ou du nom…
À travers sa quête de films de freeski, Félix voit passer des amateurs très prometteurs et une de ses priorités sera toujours d’encourager au maximum la relève et la créativité. Il déplore d’ailleurs le manque de soutien de l’industrie du ski plus « grand public », qu’il considère un brin rétrograde. Heureusement, à grands coups d’acharnement, le président de l’iF3 peut enfin compter sur le support de quelques stations de ski du Québec, à commencer par Owl’s Head, qui a été la première à plonger dans l’aventure.
Une autre des priorités pour Félix est de rester proche de sa clientèle cible, afin d’éviter le fameux fossé générationnel qui sépare trop souvent les jeunes adultes bourrés de potentiel des « vieux » adultes, qui se considèrent généralement « rendus ailleurs ». À titre de preuve, la moyenne d’âge des employés et contractuels que l’iF3 engage annuellement: début vingtaine.
Les idéaux
L’idéal de Félix Rioux tendra toujours vers la démocratisation du sport et l’ouverture des frontières. Une station de ski idéale? À l’écoute de sa clientèle, ouverte aux changements, qui réagit en fonction des besoins actuels de ses skieurs sans rester enfoncée dans les habitudes du passé, et qui stimule l’apprentissage, l’autonomie et le dépassement. Des partenaires idéaux? Ceux qui amènent des nouvelles idées, qui communiquent, qui poussent vers l’excellence, et qui éclatent les standards et les idées reçues. Pas de doute, voilà un photographe qui ne manque pas de vision!