Lors de l’annonce de la nomination de Jean-Luc Brassard en tant que Chef de mission adjoint pour la délégation olympique canadienne, tous se sont accordé pour saluer le choix de l’ex-bosseur émérite. Énergique, souriant, passionné, communicateur, engageant et engagé, les qualités de Brassard ainsi que son expérience d’olympien rendaient sa désignation fort naturelle. À quelques jours du début des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, le spectateur moyen voit son intérêt pour les Jeux croitre graduellement; Jean-Luc quant à lui est déjà plongé dans le bain olympique depuis près d’un an! Portrait du rôle d’un skieur au grand coeur, dont les accomplissements dépassent le podium.
Lorsqu’il a appris sa nomination, après bien sûr avoir remercié son interlocuteur et s’être senti flatté, Jean-Luc s’interroge: « Mais… ça fait quoi exactement, un chef de mission? » Très bonne question! Le rôle est très vaste. Même s’il avait une petite idée de ses tâches, Jean-Luc verra le portrait s’éclaircir grâce à plusieurs personnes au sein du Comité Olympique Canadien, mais aussi en discutant avec Sylvie Bernier, qui a été elle-même chef de mission à Londres, lors des derniers Jeux d’été.
L’évolution du rôle
Le titre de Chef de mission a vraisemblablement toujours existé au sein du COC. Le rôle a cependant évolué avec le temps, prenant du gallon et revêtant une signification particulière. À l’époque où Jean-Luc Brassard était lui-même athlète et membre de l’équipe canadienne de ski acrobatique, les chefs de mission étaient plutôt des gens nommés par récompense politique et ne s’impliquaient pas directement auprès des athlètes. Les années passant, les nominations ont changé d’orientation et les chefs désignés occupaient une place de plus en plus importante dans l’organisation et la préparation des sportifs avant, pendant et après les Jeux. Pour résumer le rôle, Jean-Luc dira: « Il s’agit d’encadrer les athlètes par un soutien émotif, psychologique, temporel et logistique ».
Bien que le rôle de Chef de mission soit totalement bénévole, il n’est évidemment pas à prendre à la légère: en cas de force majeure, Jean-Luc et les deux autres Chefs de mission, Steve Podborski et France St-Louis, ont l’autorisation ultime de retirer son accréditation à un athlète. Steve et France seront plutôt actifs avec les athlètes qui logeront au « Coastal Cluster », inscrits dans les disciplines « glace ». Jean-Luc quant à lui sera bien évidemment à la montagne, avec les athlètes de la glisse. Celui qui a été le porte-drapeau canadien aux Jeux de Nagano en 1998 sera donc dans son élément à travers les skieurs, lugeurs, fondeurs et autres glisseurs.
Quelques exemples concrets
Bien avant que les premiers athlètes ne s’envolent vers Sotchi, Jean-Luc est déjà impliqué auprès d’eux et de leur entourage. Pour les athlètes, il est question d’encadrement administratif (papiers officiels, inscriptions pour l’hébergement, les transports, etc.), émotif (rassurer les athlètes, les écouter et les conseiller), et un peu sportif aussi bien sûr! Le Chef de mission adjoint s’assure également que les gens qui accompagneront l’athlète trouveront hébergement, transport, auront leurs visas et autres papiers officiels bien remplis et en règle, et pourront trouver des points de repères à leur arrivée. Il est primordial que les accompagnateurs des athlètes soient un tant soit peu orientés lorsqu’ils débarqueront dans l’énorme cirque que sont les Jeux Olympiques. Comment se déplacer, quelle langue parler, quelle monnaie utiliser… « Cette partie de la tâche relève presque du guide touristique! »
Une fois sur place, Jean-Luc sera présent mais pas insistant. Son rôle pendant les Jeux sera d’être prêt à parer tout débordement éventuel. Sachant très bien à quel point les JO sont médiatisés (on parle d’un ratio de 4 journalistes pour 1 athlète!), il aura la tâche d’être le porte-parole dans les situations plus critiques, de même que de guider les athlètes lorsque ceux-ci seront sollicités par les médias. Les performances olympiques sont inévitablement rattachées à de fortes émotions et la gestion de crise fera forcément partie du lot.
Dans un monde idéal, le Boss des bosses n’aurait pas à intervenir autrement que pour féliciter les sportifs canadiens mais il a la conviction que pour les athlètes, qu’ils en soient à leurs toute première expérience olympique ou non, sa présence sera appréciée. Conscient que tous les jeunes athlètes ont besoin d’une ligne directrice, Jean-Luc de dit très heureux de pouvoir leur parler au nom du Comité Olympique Canadien, mais il sait aussi avoir le bagage requis pour écouter les membres de l’équipe canadienne avec empathie… après tout, il sait mieux que quiconque comment on se sent lors de ces moments si spéciaux! C’est donc la somme de toutes les parties qui confère à Jean-Luc cette aura de grand frère, sécurisant mais pas étouffant.
Les motivations de Jean-Luc sont multiples, et son intérêt pour le sport n’est qu’une bonne raison parmi tant d’autres. « J’aurais tellement aimé avoir un Chef de mission quand j’étais athlète! L’encadrement aurait été bénéfique. J’ai même parfois cherché des chemins d’accès ou la bonne porte d’entrée pour une cérémonie de clôture… et je n’étais pas le seul athlète à chercher! » On devine donc qu’il tient à leur offrir quelque chose qu’il aurait apprécié avoir au moment où il était lui-même membre de l’équipe canadienne.
Chose certaine, le rôle d’un Chef de mission revêt une importance non-négligeable. Les athlètes sont constamment entourés des meilleurs entraineurs, spécialistes de la santé, psychologues, nutritionnistes… mais la présence d’un chef tel Jean-Luc contribuera certainement à mettre encore plus de lumière sur ce rôle de grand frère dont les athlètes peuvent bénéficier. Et avec un chef aussi à l’écoute et généreux, gageons que les futurs olympiens garderont un souvenir encore meilleur de leur expérience aux Jeux de Sotchi!