Figurant dans tous les top-10 du monde pour la qualité de son terrain et de ses infrastructures, la bien-connue station de ski de Whistler-Blackcomb n’a pas besoin de présentation pour la grande majorité des skieurs. Mythique de nom, la destination ne l’est pas moins de réputation. C’est donc avec un mélange d’appréhension et de nervosité que nous avons décidé de s’y rendre pour un court séjour: 3 jours de ski, en plein mois de mars. Comme chaque fois que je m’apprête à découvrir quelque chose dont j’ai presque trop entendu parler, j’avais un peu peur d’être déçue… dès mon embarquement dans la première remontée, mes craintes se sont évanouies.
Bien particulier est le défi de décrire Whistler-Blackcomb sans tomber dans la redite et les clichés. Un peu de géographie s’impose tout de même: la station de ski se situe à plus ou moins 2 heures de route au nord de Vancouver (selon la météo et l’état des routes). Depuis les JO de 2010, la durée de déplacement entre ces deux endroits a été grandement écourtée, remercions la coûteuse et laborieuse réfection de l’autoroute 99.
La station de ski se divise en deux parties, que vous aurez deviné être Whistler, et Blackcomb. Les deux montagnes se font face et sont reliées par la base, de même que par le monstrueux PEAK 2 PEAK, une réalisation de Doppelmayr, que l’on sait passé maître dans l’art de la conception des remontées mécaniques démesurées. Blackcomb comporte un glacier skiable jusqu’à la mi-juillet et est un peu plus élevée (2 284m) que sa voisine Whistler (2 182m); celle-ci offre cependant le plus vaste terrain skiable des deux montagnes. Le dénivelé possible est de 1 530m à Whistler, et de 1 609m du côté de Blackcomb. Au total, c’est un domaine de plus de 8 000 âcres, comptant plus de 200 pistes et regroupant 37 remontées mécaniques qui vous attend lorsque vous posez vos spatules sur la neige qui se veut d’une abondance quasi-honteuse d’un point de vue québécois. Une dernière statistique: la moyenne annuelle de chute de neige frôle le 12 mètres – c’est près de 40 pieds.
C’est avec tous ces chiffres en tête que je me suis rendue sur place. Bien entendu j’allais laisser la montagne parler: quand on visite un endroit pour la première fois, on a beau avoir tout lu et tout entendu… il n’y a rien comme de le vivre en vrai. Ainsi, au premier matin, après avoir ajusté nos skis, nous avons pris la Whistler Village Gondola en direction du Roundhouse Lodge, qui n’a de rond que le nom. Ne pouvant plus attendre de skier, nous nous sommes élancés… vers une noire (Chunky’s Choice), quoi de mieux pour se réchauffer! En fait, la quasi-totalité de nos choix de pistes ont été vers le bleu et le noir, sans toutefois oser tâter du double-noir, ou alors du bout des spatules… au Québec, ça vaudrait un 3e losange, ce niveau de difficulté!
Du côté de Whistler, les secteurs offrant de bons défis sans provoquer trop de sueurs froides sont desservis par les télésièges Harmony et Symphony, d’où on a d’ailleurs un superbe point de vue sur les pics du volcan Black Tusk, un des sommets du parc provincial de Garibaldi. Ce parc englobe tout ce qui entoure les deux montagnes de Whistler-Blackcomb; si vous skiez dans le parc, c’est que vous avez franchi la limite du domaine skiable et que vous êtes désormais en hors-piste. Du côté de Blackcomb, le secteur de la Chrystal Chair offre des sous-bois d’une grande qualité. Portez une attention particulière aux arbres: une partie du secteur a été jadis ravagé par un feu de forêt et l’effet de skier entre des arbres dégarnis procure une sensation assez spéciale.
La montagne “intelligente”
D’abord, la carte des pistes (attention, pdf très lourd). Il m’est déjà arrivé de tomber sur des plans complètement indéchiffrables, sur lesquels j’arrivais à peine à voir le sens de descente d’une piste. Sur cette carte, bien que très remplie, aucune confusion possible. La projection est claire et les dessins faciles à interpréter. Ça peut sembler bien bête, mais quand on cherche par où commencer, on pense immédiatement à regarder la carte des pistes et si celle-ci nous rappelle les cartes de la Terre du Milieu de Tolkien, ce n’est peut-être pas bon signe…
Ensuite, un des premiers détails qui a attiré mon attention, dès ma première ascension: chaque pylône de remontée mécanique indique, flèches à l’appui, le nom et le degré de difficulté des pistes visibles lors de la remontée. Bien pratique quand on voit un chouette secteur boisé et qu’on se dit «Oh, ça semble intéressant, ce coin, mais comment le trouver à partir d’en haut??». Facile.
Dans les petites attentions qui m’ont plu: de l’eau, de qualité, disponible en fontaine, avec des vrais verres réutilisables, à côté des condiments (gratuits) du restaurant. Oubliez la fontaine au débit anémique qu’on cherche dans un recoin près des toilettes et dont on aspire le liquide douteux du bout des lèvres! Quand on sait que la majorité des skieurs oublient de s’hydrater, et que généralement, toute consommation voit sa valeur monétaire augmenter proportionnellement à l’altitude où elle est vendue, c’est un très bon «plus»! Aussi, qui n’a jamais subi la désagréable expérience d’enfiler ses gants refroidis, humides (voire détrempés) et de retourner en piste pour passer un reste de journée mi-figue, mi-raisin, les doigts coincés dans une enveloppe durcie que même les hot-shots n’arrivent pas à rendre supportable? Au chalet Rendez-Vous, le carrefour central de Blackcomb, vous trouverez un arbre à sécher les moufles et autres protecteurs de vos menottes. Bonus: vous pourrez même vous taper une course à Mario Kart en attendant que le séchage soit complété! Le coût? Gratuit. Et votre journée sera encore meilleure.
Je passerai rapidement sur le respect qu’on demande à tous, et pour tous: ne pas fumer dans les files d’attente et dans les remontées, remplir les chaises pour réduire au minimum le temps d’attente, ainsi que les rappels d’usage sur la sécurité et le contrôle, bref, soyons civilisés, c’est la moindre des choses. Mais outre ce comportement de base, il y a un petit quelque chose de plus chez tous les membres du personnel de la station et des services environnants: le coeur au coeur du service à la clientèle. Du jeune néo-zélandais qui assiste à notre embarquement en nous souhaitant une bonne journée de son plus bel accent kiwi, en passant par la dame «locale» qui poinçonne notre repas au resto, jusqu’au ski-bum qui ajuste nos bottes en boutique, sans oublier la chef d’équipe québécoise de l’hôtel où nous séjournons, tous espèrent que nous vivrons la meilleure expérience qui soit. Et ils le pensent sincèrement, se soucient de nous, vraiment. Whistler-Blackcomb n’est pas «juste» une grosse machine… elle est pleine d’humains qui font sa personnalité.
Voilà pourquoi j’ai aimé Whistler-Blackcomb. Pas juste parce que j’ai rapporté un classique autocollant «Go to Heaven, Ski Like Hell». Pas juste parce que je l’ai fait pour vrai! Pas juste parce qu’on a été gâtés par la neige, avec 3 jours de poudreuse. Pas juste parce que c’est incroyablement beau comme environnement. Pas juste parce que ça fait du bien de sortir de chez soi de temps en temps… Parce que c’est une station intelligente, qui maximise notre expérience et qui nous donne ce qui correspond à nos besoins, quels qu’ils soient. Pour tout ça, j’ai aimé mon séjour, et j’ai bien l’intention d’y retourner.
Quelques conseils logistiques:
Déplacements: si votre horaire de vol (aller-retour) vous le permet, utilisez les navettes de la Pacific Coach Lines, reliant l’aéroport de Vancouver à Whistler. Pour une soixantaine de dollars, vous n’aurez pas à vous soucier du stress de la route, ni des frais de stationnement dans le village de Whistler (rarement inclus dans les tarifs d’hébergement, trop souvent hors de prix). Lorsque nous y sommes allés, notre horaire était incompatible avec celui des navettes. Nous avons donc loué une voiture, puis payé essence et stationnement… au total, même si les navettes sont relativement dispendieuses, ça reste l’option la plus économique! À moins bien sûr d’avoir un ami sur place prêt à faire le taxi…
Hébergement: il n’y a pas beaucoup de possibilités autre que celle de séjourner à même le village de Whistler mais ce n’est pas un handicap. L’endroit où vous reposerez votre corps après les grosses journées de ski sera choisi en fonction de votre goût pour le confort ou l’ambiance. Il y a de tout à Whistler et vous ne serez pas dans un village «à touristes», les locaux y vivent et sortent dans les mêmes bars que vous fréquenterez. Sortez de l’artère principale du village et vous découvrirez des restos au menu autant varié qu’abordable. Profitez des sushis! Vous êtes sur la côte ouest, à quelques coups d’aile du Pacifique… ce sera frais et savoureux.
L’équipement: Il y a tellement de boutiques et de centres de location d’équipement à Whistler que c’est presque ridicule de s’encombrer avec des skis en avion. Voyagez sans vos skis, ne prenez que vos bottes. Le coût énergétique et financier du transport de vos skis en bagage supplémentaire vous sera épargné par la location de skis sur place. Le coût de location sera presque assurément inférieur au désagrément du transport. Pour notre part, nous avons bénéficié du super service de Graham à Summit Sports, situé dans le même bâtiment que le Hilton.