Avoir une passion, ça peut nous mener loin dans notre développement personnel. Parvenir à vivre de cette passion, ça peut nous amener un épanouissement professionnel, et ça contribue au développement de ceux qui nous entourent! C’est ce que vit quotidiennement Isabelle Émond, dont le titre officiel en dit « long »: Directrice école, boutique, atelier et location pour le Mont SUTTON. Son nom vous est familier? Vous avez sûrement été touché par son énergie contagieuse! Portrait de cette petite dynamo, avec qui le courant ne peut que passer.
À l’instar d’Obélix, Isabelle n’est pas « tombée dans la potion magique quand elle était petite ». Elle n’a en effet commencé à skier qu’à l’âge de onze ans, ce qui peut paraitre tardif comme apprentissage pour bien des skieurs. Sa famille n’étant pas très sportive, le premier contact avec les sports de glisse a eu lieu par le biais d’une « école itinérante » de ski et le coup de foudre a été immédiat. Tous les samedis matin de l’hiver, Isabelle et ses parents se levaient aux petites heures pour qu’elle puisse prendre l’autobus de Chateauski, qui organisait des excursions un peu comme l’Express-Ski le fait aujourd’hui. La toute première journée de ski d’Isabelle a eu lieu… à Jay Peak! Les années passant, Isabelle s’est découvert des talents de monitrice ainsi qu’une féroce envie de progresser dans le cursus des instructeurs de ski: à 19 ans, elle était déjà détentrice d’un niveau 3, qu’elle conserve encore à ce jour. Elle a de plus en poche un niveau 2 de la FESC.
Du sirop d’érable aux kiwis
Pour Isabelle, la « ligne » était tracée… avec plein de virages! Elle savait cependant très tôt qu’elle ferait carrière dans le monde du ski. Après avoir fait ses premières armes à Vallée Bleue et à Ski Bromont sous la supervision de Christian Charette, la skieuse est allée découvrir la Nouvelle-Zélande à 24 ans, poursuivant sa quête de l’hiver. Entre 1999 et 2004, Isabelle faisait la navette automne et printemps afin de continuer à occuper son poste de directrice adjointe de l’école de glisse durant notre hiver à Ski Bromont! Puis, à la fin de la saison, elle reprenait l’avion pour se replonger dans l’hiver néozélandais. Imaginez un peu… cinq ans d’hiver permanent. Faut aimer les flocons!
Durant ses deux premières années en Nouvelle-Zélande, elle a enseigné le ski, pour ensuite passer de l’autre côté du comptoir et devenir gérante d’un magasin de sports alpins, qui comptait également un centre de location et un atelier. Au bout de trois ans à ce poste, la bougeotte la reprend, et l’occasion fait le larron: Salomon l’embauche en tant que représentante. L’ascension se poursuit, et au moment où Isabelle prend la décision de rentrer au Québec en août 2008, elle était directrice des produits alpins chez Atomic-Conformable-Montana (Brandex).
Le retour à la maison
Celle qui a appris l’anglais avec le plus bel accent kiwi a murement réfléchi son retour au Québec. Au moment où le Mont SUTTON était à la recherche d’une tête qui pourrait redonner un souffle à l’école de glisse, Isabelle était bien établie en Nouvelle-Zélande. Les entretiens d’embauche se sont donc faits par Skype, avec 16 heures de décalage horaire. Isabelle devait se lever aux petites heures de la nuit, enfiler une chemise par-dessus son pyjama, et répondre aux questions de gestion tout en se faisant cuisiner outre-mer! Forte de son expérience acquise jusque là, elle se souvient toutefois que les meilleures bases qu’elle ait acquises viennent de son apprentissage avec Christian Charette: rigueur, méthodologie, techniques de suivi, organisation, planification, ressources humaines… sans cet enseignement, Isabelle admet qu’elle n’aurait probablement pas osé relever le défi!
Et parlons-en, du défi… En poste depuis tout juste cinq ans, Isabelle a abattu plus de boulot qu’il semble humainement possible: reprendre le contrôle d’une école de glisse (qui était en sous-traitance jusqu’à ce moment), travailler à uniformiser l’offre de services, de même que la cohésion entre les départements conjointement avec la direction de la station afin de faciliter le recrutement et l’embauche, le tout dans l’objectif de créer une véritable « équipe » avec un sentiment d’appartenance. Le roulement, ce n’est pas toujours bon pour l’esprit d’équipe! Aujourd’hui, l’école de glisse du Mont SUTTON compte 130 moniteurs, et Isabelle projette augmenter ce nombre de 15 d’ici deux ans. Mais le défi n’allait pas se limiter à l’école de glisse… car la direction de la station avait une idée en tête pour exploiter les talents et l’expérience d’Isabelle: qui de mieux placé qu’elle pour reprendre la direction de la nouvelle boutique, de l’atelier et de la location? La jolie boutique concept Rossignol ainsi que le nouvel atelier et centre de location que vous aurez l’occasion de visiter cet hiver sont donc les fruits du travail acharné d’Isabelle Émond et de toute une équipe coordonnée avec brio.
Sa vision
Lorsqu’on la questionne sur les plus grandes difficultés qu’elle a rencontrées, Isabelle répond avec humour « Finir la peinture à temps! », puis se reprend: « Il n’y a pas de grands défis car il y a toujours une solution à tout. Mais d’avoir à gérer les fluctuations de la météo qui provoquent des périodes de grand achalandage suivi de grands creux, c’est probablement le plus difficile. Ça amène aussi des réflexions concernant la gestion et la coordination de la centaine d’employés car on se doit d’offrir un service excellent pendant quatre mois très intenses… » Service excellent? La preuve a été faite… deux fois plutôt qu’une. D’abord en juin 2011, après moins de trois ans à son poste, Isabelle reçoit le prix d’excellence de l’ASSQ pour le développement des nouveaux skieurs. Et en juin dernier, elle récolte le prix d’excellence « Gestionnaire de la relève ». Modeste, Isabelle accepte les prix avec une surprise aucunement fausse… et utilise les reconnaissances publiques comme tremplin pour se projeter encore plus loin.
Ce qu’elle aime le plus de son travail? La diversité des tâches, la possibilité de s’accomplir dans un environnement stimulant, et la super équipe qui l’entoure. Sa priorité, une bonne communication entre les gestionnaires et les moniteurs, est palpable au quotidien. En tant que directrice à plusieurs chapeaux, elle tient à transmettre l’importance d’une vision diversifiée, d’une adaptation et d’une écoute de la clientèle. Son seul regret est de voir un recul global de l’industrie du ski face à d’autres loisirs comme les parcs aquatiques et les parcs d’attraction: le vieillissement des infrastructures causé par le manque de ressources et les dépenses relatives aux mises à jour et au renouvellement des équipements des stations de ski doit absolument être enrayé pour garder le ski alpin en santé. Message aux décideurs: invitez Mme Émond à votre table, elle en a long à dire!
L’hiver 2013-2014 sera particulier pour Isabelle, qui devra gérer une différente forme de relève… un nouvel objectif s’ajoute à sa liste, puisque la quête de l’équilibre travail-famille fera partie des enjeux des prochaines années! C’est une « mauvaise » nouvelle pour ses collègues, qui auront à tenir le fort en l’absence de leur directrice… mais c’est une bonne nouvelle pour nous tous: un futur skieur (ou une future skieuse) verra le jour en mars prochain! Vive la relève!