Dans un monde industrialisé où la majorité des maladies est qualifiée de maladie d’opulence et non de carence, prendre sa vie et son état de santé pour acquis fait partie des mauvaises habitudes socialement répandues. À mi-chemin entre le manque d’envie de se faire faire la morale et l’absence de motivation pour changer certains comportements autodestructeurs, la moyenne de l’ours a souvent besoin d’une bonne tape pour se remettre sur le droit chemin -un bon reality check, pour paraphraser quelques adeptes de la psycho-pop.
Malheureusement, parmi les inconvénients de santé, il n’y a pas que ceux qu’on provoque… il y a aussi ceux qu’on subit. C’est le cas de Cindy Ouellet, frappée par le cancer à l’âge de 12 ans. Futur espoir olympique, elle a vu ses rêves réduits en miettes, à l’image de la moitié gauche de son bassin: le sarcome d’Ewing a décidé du sort de son corps… mais pas du reste de sa vie. Portrait d’une fondeuse fonceuse et fougueuse, qui a refusé d’être définie par sa maladie.
Décrire Cindy Ouellet sans tomber dans les clichés semble mission impossible: force de l’âme, force du corps, résilience, détermination, battante, tous les superlatifs sont bons (voire faibles!) pour illustrer la grandeur humaine de la jeune trentenaire. À la lecture de divers articles et présentations de l’athlète, on comprend vite qu’on a affaire à une fille qui vit sa vie comme elle l’entend et que bien qu’elle soit consciente que son parcours impressionne, ce n’est pas son objectif -elle cherche simplement à s’inspirer, et inspirer les autres.
Celle qui a ajouté une participation aux Jeux d’hiver paralympiques de PyeongChang en ski paranordique à trois autres jeux paralympiques en basketball en fauteuil roulant a plus d’une corde à son arc… et peut-être même plusieurs arcs! Aujourd’hui, elle est à compléter un doctorat en génie biomédical à l’Université Southern California. Son champ de recherche: les prothèses de hanche biomimétiques. Attirée par le monde scientifique depuis son tout jeune âge, sa maladie a orienté sa spécialisation et son objectif est d’améliorer la condition de vie de ceux qui, comme elle, vivent avec une hémipélvectomie.
Cet hiver est particulièrement occupé pour Cindy Ouellet, qui est à l’entrainement autant en paraski de fond qu’en basketball en fauteuil roulant -avec l’espoir que la discipline, fraichement retirée des Jeux de Paris en 2024, figurera quand même au tableau pour Tokyo. Cindy a également endossé plusieurs causes afin de sensibiliser diverses franges de la population: les commotions cérébrales (campagne de Santé Canada/Parachute), contrer l’intimidation en milieu sportif (Sport’Aide), les cancers pédiatriques (pour la 2e année, elle est la porte-parole provinciale du Défi ski Leucan)… l’énergie ne manque pas à la parafondeuse! Par toutes ses implications, Cindy cherche à être et donner ce qu’elle a eu la chance d’avoir dans les périodes plus difficiles: un mentor, une personne inspirante et des conseils pour continuer d’avancer et de progresser malgré les moins bonnes nouvelles.
À travers toutes ses implications, ses compétitions, entrainements, et bien sûr, les études supérieures en voie d’être complétées, on serait en droit de lui suggérer de prendre du temps pour elle… ce qu’elle fait! Afin de conserver l’équilibre, Cindy trouve quotidiennement une occasion pour se mettre au piano, un instrument qui l’a accompagné depuis le tout début de ses traitements à l’adolescence. Lecture et méditation sont aussi au menu de l’active athlète, qui avoue avoir un point faible pour les sorties en solo dans les sentiers du Mont Sainte-Anne et de Duchesnay.
Vous ne la croiserez peut-être pas sur les pentes de ski alpin, mais si vous fréquentez les mêmes sentiers de ski de fond qu’elle, ne soyez pas surpris si vous sentez quelqu’un vous pousser alors que vous avancez déjà à bon rythme: l’athlète paralympique à l’entrainement ne donne pas dans la balade!