Pour avoir moi-même travaillé sur le plancher d’un magasin d’articles de sport, je sais que la variété de marques et modèles auxquels la clientèle a accès semble parfois à la limite du « trop vaste ». Et pourtant, chaque skieur trouve son ski, si on lui pose les bonnes questions! Le travail des employés en magasin n’est pas que de vendre… en fait, c’est la dernière de leurs tâches! Un bon conseiller saura cerner avec exactitude les besoins de sa clientèle et sera en mesure d’indiquer les choix s’offrant aux skieurs qui s’interrogent. D’expérience, plusieurs de mes clients tentaient de passer GO en réclamant 200$, tout en m’indiquant leur préférence, désireux de gagner du temps.

Mes années de vente étant derrière moi, j’ai demandé à Daniel L’Ecuyer, Vice-président d’Oberson, quelle était l’approche recommandée auprès de ses conseillers. Si vous êtes indécis quant au choix de vos futurs skis ou de votre planche, faites l’exercice: ces questions vous aideront sans doute! Lorsque vous vous déplacerez en boutique, prévoyez au moins une heure de votre temps pour vous assurer un bon service sans stress. Faites confiance au conseiller en lui donnant les informations qu’il vous demande, et ne tentez pas de sauter d’étapes!

Une visite en boutique se déroulera selon le scénario suivant:

1) Les questions de l’entonnoir

Avant d’aborder les sujets plus techniques, un bon conseiller s’intéressera d’abord au type de skieur qu’il a devant lui.

  • Êtes-vous un skieur occasionnel, ou un habitué des pistes? Détenez-vous un abonnement de saison, ou vous êtes plutôt du genre à skier ça et là en hiver, quand les astres s’alignent? Votre réponse lui donnera plusieurs indices quant à vos priorités, votre niveau de ski et vos habitudes.
  • Que recherchez-vous en skiant? Faites-vous de la vitesse? Du ski tranquille? Des sous-bois à toute allure? Aimez-vous l’adrénaline ou la contemplation d’un paysage? Ces questions déterminent votre profil et votre personnalité de skieur. Indiquez également votre station ou piste préférée: très utile!
  • Qu’aimez-vous des skis que vous avez en ce moment? Les aimez-vous? Pourquoi voulez-vous en acheter une autre paire? Ce que vous exposerez au conseiller lui permettra de cerner si vous désirez un ski complémentaire à ce que vous avez déjà, identique, ou à l’opposé.

2) C’est à votre tour de poser les questions!

Les réponses que vous avez donné aux trois premières questions sont généralement suffisantes pour qu’un conseiller ait en tête au moins trois paires de ski à vous proposer. C’est le moment de comparer! On évalue le poids, la rigidité, le terrain de prédilection, les qualités et défauts de chacun des modèles… C’est à votre tour de poser des questions au conseiller! Demandez les avantages et inconvénients des différents matériaux, des constructions; informez-vous des différences sur les lignes de cote, sur les technologies utilisées par les fabricants… et n’oubliez pas d’inclure les fixations dans vos questions! Celles-ci jouent un rôle souvent sous-estimé lorsque vient le temps de choisir son équipement.

3) Réfléchissez à vos préoccupations

Craignez-vous de ne pas rentabiliser votre équipement? Est-ce que l’aspect esthétique du ski est important pour vous? Êtes-vous inquiet de faire un mauvais choix et de le regretter? Ces préoccupations sont importantes pour votre conseiller. Un bon conseiller vous rassurera sur les points importants et ne mettra pas de pression pour que vous preniez une décision rapide. Assurez-vous d’être bien informé sur les politiques de la boutique en lien avec votre satisfaction après l’achat. Peut-être pouvez-vous louer l’équipement avant de l’acheter? Est-ce que le ski que vous avez choisi est adapté à votre taille et à votre poids? Quelle est votre marge de manoeuvre en cas d’insatisfaction?

4) En dernier: le budget.

Oui, le budget est le dernier point abordé dans le processus décisionnel de l’achat d’une paire de skis. Mieux vaut dépenser 100$ de plus sur de l’équipement qui nous satisfera entièrement plutôt que de perdre la valeur de l’équipement suite au constat d’un mauvais choix. De plus, sachez qu’un ski vendu 1000$ n’est pas forcément meilleur pour vous qu’un ski à 600$! Daniel L’Ecuyer a d’ailleurs une citation fétiche: « L’objectif, c’est de créer des skieurs, pas des endettés insatisfaits! » Et si vraiment vous n’êtes pas en mesure de débourser les 100$ supplémentaires, vous avez le choix d’attendre que les skis soient en vente en fin de saison, les chercher sur un site de petites annonces, prendre un modèle similaire mais de la saison précédente… rares sont les clients qui repartiront sans skis, bredouilles, faute d’avoir pu trouver un compromis acceptable!

Vous êtes un « magasineux en ligne »?

Les questions de l’entonnoir s’appliquent aussi dans votre cas! Dans les dernières années, les plateformes de vente en ligne se sont multipliées et le choix qui s’offre aux skieurs est presque infini. Certains fabricants permettent même aux utilisateurs d’indiquer leurs commentaires et de coter un produit. Ce type d’information peut être très utile pour vous aider dans votre sélection… mais attention, ne vous fiez pas à tout ce que vous lirez. Certains internautes sont plutôt virulents dans leurs commentaires et rien ne prouve que vous avez le même profil de skieur qu’eux! Les achats sur internet sont à double tranchant: certes, le prix peut être alléchant; mais vous aurez à payer des frais de livraison, parfois de dédouanage, en plus de ne pas toujours pouvoir bénéficier d’une garantie ou d’un service après-vente… soyez vraiment plus que convaincu de votre choix avant de cliquer sur « buy now »! Et… vous devrez quand même vous rendre en boutique pour essayer les bottes, ou faire installer les fixations!

Quelques repères pour choisir les skis selon vos critères

Pour le bien de cet exercice, les skis sont considérés selon le terrain pour lequel ils ont été conçus. Des skis de piste pour femme ou homme doivent avoir les mêmes caractéristiques… évitons donc de tomber dans le sexisme! Certains fabricants développent des gammes de ski exclusivement dédiés à la gent féminine. Parfois, le ski est identique à son pendant masculin, exception faite de l’aspect cosmétique (par exemple, la gamme Experience et Temptation de Rossignol). Dans d’autres cas, le ski est conçu différemment pour offrir des longueurs ou poids correspondant davantage aux besoins des femmes. En tout temps, il faut comparer et se renseigner!

Un bon ski de piste, c’est:

  • Rigide en torsion (meilleur contrôle, surtout dans des conditions durcies)
  • Étroit au patin: entre 70 et 76mm, pour permettre un passage carre à carre plus rapide
  • Choisi un peu plus court qu’un ski tout-terrain ou freeride: posé debout, la spatule du ski doit arriver à la hauteur du nez du skieur (entre les yeux et la bouche)
  • Doté de fixations sur rail (system), qui procurent une meilleure répartition des forces sur le ski

Un bon ski tout-terrain, c’est:

  • Plus souple qu’un ski de piste, mais pas trop mou
  • Pas parfait dans tout, mais procurera du plaisir au skieur partout
  • D’une largeur moyenne au patin: de 78 à 90mm, pour permettre une meilleure flottaison les jours de poudreuse
  • Un 4X4 qui réagit bien partout: bord de pistes, pistes, bosses, sous-bois
  • Un ski idéal pour un skieur qui ne veut qu’une seule paire de skis et ne pas avoir à choisir
  • Choisi un peu plus long qu’un ski de piste: la spatule du ski doit arriver entre le nez et le front. Ne laissez pas la longueur vous déstabiliser; la grande majorité des skis tout-terrain ont une cambrure inversée (rocker) à la spatule et au talon, ce qui raccourcit la surface de contact en piste.
  • Vendu autant avec fixations sur rail (system) que à nu (flat). L’avantage des skis vendus à nu est le plus grand choix de fixations

Un bon ski de freeride, c’est:

  • Idéal pour le skieur qui se tient ailleurs que dans le milieu de piste, avec une propension pour les secteurs non-travaillés mécaniquement
  • Choisi encore plus long qu’un ski tout-terrain: on privilégiera un ski de la même longueur que notre taille
  • Large au patin: 90mm-100mm et plus
  • Vendu flat pour un meilleur choix de fixations et la possibilité de positionner les fixations ailleurs qu’au centre du ski lors de l’installation en atelier

Daniel L’Ecuyer est vice-président d’Oberson, à l’emploi de l’entreprise depuis plus d’un quart de siècle. Ce skieur régulier effectue plus de 30 jours de ski par saison en plus de voyager avec ses skis au moins une fois chaque hiver. Sa passion pour le ski est une histoire de famille: il a été initié dès son plus jeune âge par ses parents et a répété le scénario avec ses propres enfants. Pour lui, le ski est le plus beau sport qui soit puisqu’il permet de se réapproprier l’hiver en partageant un bon moment avec tous les membres de la famille. Selon lui, le secret d’une bonne journée de ski est le bon équipement, autant pour les skis que pour les vêtements. Daniel se dit attristé chaque fois qu’il entend qu’un skieur abdique à cause de la météo et déplore qu’encore aujourd’hui, trop peu d’importance est accordé à certaines pièces d’équipement cruciales, comme les bottes. Vous aurez peut-être l’occasion de croiser son manteau rouge dans une des stations de la vallée de Saint-Sauveur… mais le mieux est de passer le saluer en magasin à Laval!

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Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.