Voici une station de ski que je n’ai jamais visitée. Suite à une invitation de ma soeur pour aller glisser en famille à la Station plein-air Val-Mauricie située à Shawinigan-Sud, je fus heureux de constater que le billet de glissade sur tubes donnait également accès aux pistes de ski (et vice-versa). Cela permet de varier les plaisirs à bon prix, ce qui me convient parfaitement! On y offre également un service de location d’équipement à prix raisonnable et des cours de ski et de planche à neige. Ma fille Rose, 8 ans, a accepté de m’y accompagner le temps de quelques descentes. Si l’achalandage était fort dans les pistes de glissades, le secteur du ski alpin était plus tranquille.
La station, d’un dénivelé de 75 m, compte 8 pistes de ski alpin et de planche à neige bien adaptées aux débutants et aux familles. Elle est ouverte les samedi et dimanche, ainsi que durant la semaine de relâche. Avec la météo douce et les conditions de neige exceptionnelles, rien n’aurait pu nous faire penser que les pistes de ski venaient tout juste d’ouvrir, la station ne disposant pas d’un système d’enneigement. Doté de trois remontées mécaniques terrestres, l’endroit nous charme par son cachet rustique quelque peu « à l’ancienne »!
Pour ma fille et pour plusieurs autres jeunes skieurs, c’était la première expérience quant à l’utilisation d’un téléski. Heureusement, les employés étaient patients et bienveillants, même après qu’un petit garçon ait chuté trois fois de suite. L’équipe de patrouille, bien présente et active, disposait d’une motoneige à laquelle est attachée une remorque adaptée pour transporter les blessés ou, comme j’ai pu le voir, ramener plus rapidement au sommet un enfant qui ne se sent pas bien.
Les pistes, bien qu’elles ne soient pas très longues, offrent une variété appréciable et ludique : secteurs dégagés, secteurs boisés, pistes pistes larges, pistes étroites, sections pentues, faux plats, des devers variés ainsi que des espaces non-damés en bordure de piste ou à leur intersection. On y retrouve des pistes faciles ainsi qu’une piste intermédiaire. Un parc à neige est aménagé en février ou lorsque les conditions le permettent dans la piste la Bambino.
La station plein-air n’est qu’une petite partie du Parc de l’Île Melville situé aux abords de la rivière Sainte-Maurice. Appartenant à la ville de Shawinigan, ce grand centre multi-activités quatre saisons au long historique est géré par un organisme à but non-lucratif du même nom.
Outre les activités citées plus haut, on y retrouve des pistes de ski de fond tracées et entretenues (15 km) et de raquette (12 km). Le reste de l’année, on y propose une piscine (hors d’usage actuellement), des sentiers pédestres, des parcours d’hébertisme aérien Arbaska, une marina, un réseau cyclable, ainsi qu’une offre d’hébergement incluant un terrain de camping avec un dépanneur, des installations prêt-à-camper, la location de chalets ainsi qu’une auberge. Mentionnons également la superbe vue sur la rivière et sur la région!
Les habitants de Shawinigan et des alentours sont choyés d’avoir accès à une aussi charmante station de ski qui nous fait un peu voyager dans le temps, et ce, en plein coeur de la ville. Et ce grand parc, dont j’avais peu entendu parler jusqu’ici, a piqué ma curiosité puisque je compte y retourner pour le ski fond et pour les activités estivales. Longue vie à la Station de plein-air Val-Mauricie ainsi qu’au Parc de l’Île Melville!
Une autre journée où la route est interminable. Les conditions routières, et la charrue-escargot, ont presque eu raison de ma patience. Cette journée aura été témoin de tout. Si quelqu’un doute de l’engagement du chroniqueur, gardez ça pour vous.
Tout comme dans le mot « neige »
Qui l’aurait cru? Il a encore neigé la nuit dernière; entre 10 et 12 centimètres. À l’ouverture de la station, le terrain est vierge. Alors, les nouvelles traces se profilent derrière chaque skieur et planchiste. À mesure que la journée évolue, et que le nombre de visiteurs augmente (c’est beaucoup dire), l’état de la neige se modifie. De neige pure et vierge, on passe en matinée à des bosses molles et de la neige tassée. Vers midi, les jambes commencent à payer le prix des bosses grossissantes et des tas qui se creusent en vallées de plus en plus profondes. Encore bien du plaisir sous les skis. Vers 13:00, les pistes les plus achalandées (le mot est fort) deviennent ce que la plupart d’entre nous considérons comme de belles surfaces sans glace. « Juste » des conditions très favorables à du bon ski. Et le soleil qui se met de la partie en mi-journée. Il vente, il neige, ça arrête, ça recommence, la neige tourbillonne, le vent coupe le souffle, le soleil sort, disparait et ressort. Éventuellement, le soleil gagne en verve et domine. Le vent lui, augmente.
La montagne est finalement complètement accessible (en fait, 36 pistes sur 37). Autant en pistes, en sous-bois qu’en hors-piste. Il était temps! Partout, la glisse se fait en douceur et en silence sous les skis et les planches. Évidemment, quelques parties de pistes durcissent un peu en après-midi. Aucun souci! Il n’y a de glace nulle part. Une rareté cette saison! Je descends des sous-bois enfin sans inquiétude. Les Sous-sous-haut et Sous-sous-bas sont superbes. Et pas mal fréquentés! Le versant Nature reçoit son lot de randonneurs alpins. Les plus braves fréquentent les Chute libre haut et Pirouette. En mi-journée, il n’y a guère de nouvelle neige qui reste au sol sur ces deux pistes exhibitionnistes. Cependant, ce n’est rien pour stopper les aventuriers. La Réserve c’est globalement du terrain pour skieurs aventureux; les autres préfèrent peut-être la station voisine à l’autre extrémité du village de St-Donat.
C’est jour de démo. Ça explique ma visite, bien que j’aime énormément La Réserve. Oberson a envoyé sur place un groupe de techniciens pas piqués des vers. Parmi eux, mon mentor du jour: Mathieu. Ils ont dans leur bagage une très vaste sélection de skis et planches à neige, pour tous les goûts et niveaux d’expertise. Bien entendu, aujourd’hui n’est pas la journée type de « carving ». Par contre, les conditions molles et évolutives nous permettent de mettre à l’essai une variété de skis au gré des changements de conditions. À l’ouverture, des skis souples et très larges permettent de savourer la nouvelle neige. À mesure que la journée progresse et que l’état des pistes se modifie, et en fonction du terrain de jeu retenu, les « techs » d’Oberson me guident vers des skis qui se révèlent être les bons à chaque descente. Mon coup de coeur, peut-être à vie, se porte sur les Stockli Stormrider 88. Soyeux et puissants, ils me font sourire et serrer des dents en même temps. De la puissance en douceur, ça se peut. Profiter d’une journée démo c’est une occasion unique d’essayer autant de skis et planches que l’on souhaite. Sans avoir à payer! Quand vient le temps de renouveler une paire de skis, je sais toujours où arrêter mon choix, car je fréquente les démos plusieurs fois par saison. Le calendrier des journées démos est ici. Pour faire changement, il neigera demain à La Réserve! Ah, si je n’étais pas si enrhumé… De toute façon, le ménage peut attendre n’est-ce pas?
Bien skier, bien manger : la combinaison parfaite recherchée par tout skieur épicurien qui se respecte. Au Massif de Charlevoix, si le paradis est la descente vers l’eau, alors la ressuscitation se trouve au sommet du télésiège Camp-Boule. Le nouveau restaurant Camp Boule – Buvette de montagne ouvert en juillet 2022 remplace le vieux chalet, qui abritait anciennement une crêperie, par une expérience dans la lignée d’une gastronomie du terroir inspirée par la région d’où s’élève la célèbre montagne charlevoisienne.
Mais avant de parler bouffe, il faut bien faire quelques descentes pour s’ouvrir l’appétit. 😉
L’appétit vient en skiant
C’est sur une neige fraîchement tombée que mon collègue Michel Longpré et moi faisons nos premiers virages dans La Petite-Rivière, sur un épais tapis blanc qui laisse enfoncer les carres dans une surface molle aux douces sonorités duvetées. Il faut dire que la veille de notre visite le 27 janvier 2023, une tempête a laissé près d’une trentaine de centimètres d’or blanc sur la montagne, rendant les pistes damées sublimes et les sous-bois paradisiaques.
Dans le bas de La Pointue
Alors que La Petite-Rivière est un classique pour se réchauffer avec cette impression de plongeon en ligne droite vers le fleuve, l’exploration de tous les recoins du domaine skiable révèle des conditions impeccables : neige molle malléable, sous-bois aux arbres ensevelis de blancheur, pistes à bosses poudreuses.
Le haut de La Misaine
Que ce soit La Prairie, une piste damée de neige naturelle avec son esquive boisée connue sous le nom de L’Estran, ou encore le trio Le Mur – La Chaudière – La Pioché qui se jette dans La Pointue pour ravir les plus experts, le secteur Grande-Pointe révèle à chaque descente sa diversité d’environnements skiables.
Dans La Prairie, avec le boisé de L’Estran à droite.
Par la suite, direction Camp-Boule, où La Simard damée, La Dominique-Maltais boisée et La Tremblay bossue nous reçoivent dans des conditions de rêve. La texture de la neige est plus fraîche dans ce secteur, signe que nous nous élevons vers le haut du paradis skiable.
La Tremblay en belles bosses molles.
L’appétit se creuse au rythme des descentes, et l’odeur qui émane du restaurant Camp-Boule stimule encore davantage l’imaginaire gustatif qui se cache derrière les parois de cette buvette de montagne. Il est 11h30, c’est le moment de se rassasier.
Le festin du midi
Le terme de « buvette » en restauration signifie un petit restaurant ou un comptoir où l’on sert généralement des boissons et des repas légers. C’est le concept de ce nouveau lieu haut de gamme qui se trouve tout juste à la sortie du télésiège Camp-Boule, s’ajoutant à l’offre gastronomique déjà alléchante du chalet du sommet dont la cafétéria est reconnue pour son menu relevé.
Le nouveau restaurant au sommet du Camp-Boule.Modernité et ambiance chaleureuse.
L’intérieur du restaurant Camp-Boule est très moderne, chaleureux et intime. Les multiples grandes fenêtres assurent une vue imprenable sur le fleuve et, pour les journées de printemps et d’été, une terrasse extérieure surélevée met en valeur le paysage paradisiaque du Massif de Charlevoix.
La salle à manger offre une vue impressionnante.
Nous avons apprécié le menu distinctif, inspiré du terroir et mettant en valeur les produits locaux, pensé également pour un public de skieurs qui veut bien manger mais ne pas perdre trop de « temps ski ». Dans cette optique, le service est rapide, et les plats bien dosés entre la légèreté et la consistance. Pour un skieur pressé de skier, en 30 minutes le repas est pris et la panse est bien remplie. Mais ne vous y méprenez pas : il y est aussi possible de prendre son temps, savourer une boisson et profiter longuement du paysage.
Le menu est simple mais diversifié. Un repas du jour à trois services est également offert, selon l’inspiration du chef.Le plat principal du menu du jour: un pain de smoked meat et son jus servi sur une choucroute et patates pilées.Le repas de raclette.
Ce nouveau restaurant vient compléter à merveille l’offre gastronomique au Massif de Charlevoix, et permet un temps d’arrêt relax avant de repartir sur les pistes. Parce qu’une fois la nourriture ingérée, la journée de ski est loin d’être terminée. Il faut maintenant digérer…
La digestion
On en ressort rassasié, mais pas alourdi puisque la nourriture est de bonne qualité. Le prix est en phase avec le type de restaurants de la catégorie dans laquelle il s’inscrit. Bien manger, c’est s’offrir un luxe; bien skier l’est tout autant. L’expérience est donc complète et notre après-midi s’inscrit dans la continuité d’une journée sans faille. Nous skions allègrement partout sur la montagne avec toute l’énergie dont nous disposons.
La Martine non damée, L’Écoutille bien damée, ou encore L’Archipel peu skiée, sont des coups de cœur d’un après-midi de ski qu’on voudrait éternel. Entre le fleuve au bas de la montagne où s’étend un ciel d’eau aux textures bleutées et glaciaires, et le firmament d’un bleu irréel découpé par les figures blanches des sapins enneigés, s’élève définitivement un domaine skiable parmi les plus esthétiques du continent. Et de surcroit, qui sait plaire aux nouveaux épicuriens du ski, pour qui le mantra est désormais : bien skier, bien manger.
J’avoue m’être fait convaincre d’aller au Massif du Sud en voyant leur publication Facebook la veille ! Quoi !? 42 centimètres de neige pas encore skiée ??? Qui ne voudrait pas être carrément téléporté vers cette bordée incroyable ? En ce vendredi matin, j’ai décidé de me lever à 4h30 et partir vers 5h de Saguenay pour arriver là-bas à l’ouverture. Il faut croire que la vidéo virale « Gab-Phonique – Faites sonner pour avoir plus de neige » que j’ai vu circuler dans les dernières semaines a porté fruit !
Un avantage qui me parle beaucoup en tant que planchiste, c’est que la plupart des pistes, après une bordée, sont laissées au naturel. En plus, on peut se dire le secret: la station n’étant pas ouverte la semaine, la neige s’y accumule pour que le vendredi les locaux et les crinqués explosent littéralement toute cette poudreuse.
En entrant dans le premier sous-bois, je suis restée là, bouche pendue et abasourdie… Figée sur place, je ne faisais que contempler autour de moi. La dernière bordée a transformé les arbres en fantômes des neiges. C’est incroyable de voir des sapins entièrement écrasés et allongés. La neige collée sur le tronc nous fait comprendre à quel point la tempête à laisser sa trace.
Oui, oui, planchistes locaux, vous semblez tous passer le faux-plat du retour vers le télésiège : « Comme un pet » ; Ouf ! C’était moi la fille en planche qui bloquait le chemin et qui était d’une lenteur qui faisait peur. Probablement que vous aviez le temps de faire 2 descentes avant que je ne sois de retour au télésiège. Mes pulsations cardiaques à la hausse et les muscles avant de ma cuisse étaient en souffrance à la fin de la journée. C’est en partie dû au fait que je devais me pousser avec le pied, mais aussi parce que ma position est « Regular » donc sur le faux-plat, j’étais toujours en train de tirer les orteils vers le haut. Je vous lève mon chapeau de prendre ce chemin comme-ci de rien n’était ! J’aurais donné tout l’or du monde pour avoir des bâtons de ski.
Dans les sous-bois, le plaisir, la gaieté et le bonheur sonnaient de tous les côtés. Des « Wahou, Wow, Wah » résonnaient au travers les arbres. On pouvait les entendre au loin, sans même y voir un seul humain visible ! La Cathédrale m’a complètement rendu « GAGA » avec sa pente parfaite et le ruisseau tout en bas de la partie plus pentue. Et surtout, c’est là que j’ai vu les arbres fantômes gigantesques !
La station touristique du Massif du Sud est un splendide terrain de jeux à voir absolument après une bordée de poudreuse ! Bon ski à ceux qui iront en fin de semaine, car les pistes seront encore bondées de neige.
Il a neigé toute la nuit. Dans mon petit Airbnb à Ottawa, j’attends impatiemment que le jour se lève pour pouvoir filer vers le Mont Ste-Marie, à 1:30 de route d’ici. Quand ce moment arrive, il fait encore très sombre dehors. L’auto est recouverte de plus de 20 centimètres de neige légère. Il neige toujours. Fébrile comme un p’tit gars devant la vitrine d’un magasin de bonbons, je prends la route.
Entre le déneigement de l’auto, la sortie du minuscule stationnement dans le fond d’une cour pas déneigée et la conduite dans la « slush » et la neige jusqu’au MSM il a fallu pas mal plus de temps que ce qu’annonçait Google Map. Je dois mener une bonne vie parce que j’arrive quand même 30 minutes avant l’ouverture de la station. Tous ces efforts se révéleront fort bien récompensés par une journée de ski fantastique. Je découvre MSM sous près d’une vingtaine de centimètres de nouvelle neige. Rien n’a été damé! On est bénis! Par endroits, des poches de neige atteignent plus d’un pied. Le domaine skiable est vaste et réparti sur deux versants: Vanier et Cheval Blanc. Le dénivelé atteint un très respectable 405 mètres (altitude de 588 mètres). Il n’y a presque personne sur la montagne et je fais des nouvelles traces jusqu’à mon départ, à 14:30. Je ne suis pas venu en vain. Cependant, je retourne au Airbnb essoufflé!
Le versant Cheval Blanc offre des pistes hallucinantes! Ainsi, Betsy (double noire) est un méga « pitch »! Avec la neige abondante et sèche sous mes pieds, j’en prends plein les jambes. Et la gueule! La Dustin Cook, classée diamant noir, est très large; les bosses molles qui s’y forment au fil de la journée rendent le ski de plus en plus technique. Du côté du versant Vanier, l’intensité de mes descentes est toute aussi forte. Les Yodel, Radar et Bellevue sont autant de pistes intermédiaires qui demandent à être redescendues fréquemment. En fait, partout sur cette montagne le tracé des pistes est celui d’une époque surannée où le plaisir du skieur était plus important que le déplacement de la machinerie d’entretien. Dit autrement, les pistes suivent ce que la montagne a de mieux à offrir au skieur/planchiste. Les Sérénade et Tornade (intermédiaires) sont deux parfaits exemples de cela. Le tracé y est sinueux et suit le contour et les vallées de la ligne de pente. Fabuleux! Mais tout n’est pas parfait; c’est ici qu’on retrouve le « presque » du titre de cette chronique. En effet, la montagne est constituée de plusieurs faux plats à travers lesquels on perd beaucoup de vitesse. Au point même de devoir « pôler » assez fréquemment. C’est ainsi que je me contente d’une seule descente dans ce qui aurait pu être mon terrain de jeu privilégié pour 4 ou 5 descentes: la Crescendo commence magnifiquement, s’enfile dans un « pitch » pentu, étroit et soutenu dans lequel des plateformes à saut ont été aménagées, et se termine par une longue enfilade moche de « pôlage »… La poudreuse y est pourtant tellement irrésistible.
La station en entier respire le ski d’une autre époque. J’adore ce caractère rustique empreint de simplicité et de personnalité. Tiens, le chalet par exemple. Pas ancien, mais certainement pas le plus moderne non plus. Le bois domine, les boiseries ont la patine que confèrent des années de frottement par les manteaux des skieurs. Réparties sur deux étages, les différentes sections du chalet donnent une sensation de petitesse, qui n’est pas fidèle à ce qu’est véritablement le bâtiment. On n’y manque pas d’espace, sauf que la succession d’espaces et de paliers crée une sorte d’intimité feutrée. En somme, on s’y sent comme chez soi. Sur la montagne, là aussi le caractère vieillot se fait sentir et c’est très agréable. On constate ainsi que l’hiver 2023 qui n’a pas encore lâché tout son fou, n’a pas été supplanté par une injection massive de neige fabriquée. Plusieurs pistes sont encore fermées. Certes on enneige mécaniquement, mais on ne fait pas dans la démesure que l’on retrouve si souvent ailleurs. On skie dans la nature, au naturel. Avec un p’tit coup de pouce bien entendu. Et tant qu’à parler de caractéristiques peu communes, je souligne (et adore) le recours à une navette à l’ancienne pour mener les skieurs d’un versant à l’autre: un petit train constitué de wagons ouverts. Trop cool!
Cette visite à Mont Ste-Marie, notre première à vie, nous l’avions prévue depuis une semaine. Nous ne savions pas encore qu’il allait neiger et que nous serions accueillis par la « poudre du jour ». Quel menu! MSM est une station de ski québécoise qu’il faut visiter au moins une fois dans sa vie. Préférablement, plus d’une fois. Elle est unique et elle pousse le skieur sérieux à surmonter des défis dignes du nom. Même sans une chute de neige récente, il est clair que la station saurait me plaire. Dorénavant, le Mont Ste-Marie figure très haut dans ma liste de stations de ski préférées. Je vous invite à venir voir pourquoi. Pour reprendre une expression populaire, j’ai « trop » hâte de revenir!
Le sud de Montréal a reçu son lot de précipitations liquides depuis le début de la saison mais cette disette de neige semble être finie. On peut dire que la vraie saison de ski est enfin commencée en Estrie! Il est tombé une vingtaine de centimètres de neige au Mont SUTTON depuis 24h de sorte que plusieurs sous-bois ont été ouverts offrant une bonne couverture naturelle… Enfin!
Les conditions de neige variaient cependant selon l’altitude: au bas de la montagne, dans le secteur 2, la neige était plus lourde, voire même humide alors qu’elle était sèche et légère dans les secteurs 4 et 7 pour le plus grand plaisir des skieurs présents aujourd’hui! Il semble y avoir eu un peu de pluie à la base alors que rien de négatif n’était à signaler au-dessus de 600m d’altitude.
En piste, c’était donc un marathon de sous-bois et pistes à bosses à volonté alors qu’on pouvait se laisser aller sans retenue jusqu’à ce que les quadriceps nous brûlent.
David en action dans le sous-bois IV-A.David en action dans le sous-bois IV-A.
Cette neige sèche était quand même un peu compacte donc aucun danger d’accrocher quoi que ce soit. Ce n’est pas compliqué, on allait de bosse en bosse et ça faisait simplement pouf! C’était même des conditions idéales pour découvrir le Mont SUTTON pour certains tout en permettant d’améliorer sa technique de neige folle et de ski de bosses!
Rémi à sa première visite au mont Sutton en action dans le sous-bois IV-B.
Du côté du secteur 7, les pistes extrêmes « triple-diamants » comme la Bou-Bou (haut) étaient ouvertes avec de très bonnes conditions mais quand même avec certains passages plus techniques.
Passage plus technique vers le haut du sous-bois Bou-Bou.
Tout le secteur 7 ne semble pas avoir été enneigé mécaniquement, de sorte que les conditions étaient optimales et anormalement très peu glacées.
Exil (haut) bien couverte.Maxime dans le haut de l’Émotion.
Sortez vos skis larges pour en profiter pleinement, on est enfin rendu là en Estrie!
La grosse station, oui. La montagne domine le paysage avec ses 300 mètres de dénivelé et son sommet principal qui culmine à 600 mètres. Ses 37 pistes (presque toutes ouvertes en date d’aujourd’hui) en mettent plein la vue. Et plein les émotions. Et re-plein les jambes. Je n’en suis qu’à ma deuxième visite à vie et je me demande encore pourquoi je ne suis pas venu plus souvent à VSC. Les 2 heures 40 de route ce matin y sont peut-être pour quelque chose… Malgré cela, ma visite est digne de mention.
Chaque station qualifie ses pistes en fonction du terrain qu’elle possède. Ainsi, les pistes bleues de Val St-Côme sont certainement des noires dans beaucoup d’autres stations. Me vient en tête une piste verte pas banale: L’Autoroute. Elle en a la largeur et le profil; on peut y filer rapidement juste au pied de l’imposant cap rocheux du deuxième sommet de la station, le versant 1000 pieds. C’est sur ce versant que je descends les sous-bois Les Caps et La Coulée. Le fond n’est pas très épais mais on y passe sans dommage pour les skis. Sensations fortes garanties! Cependant, rien n’est parfait. Ces deux sous-bois débouchent sur la piste 343. Plate comme tout. Autant au sens figuré qu’au sens propre. Si vous n’êtes pas obligé de descendre les trois pistes de niveau débutant du versant 1000 pieds, n’y allez pas; il faut « pôler » sur une bonne longueur. Dommage car elles ont chacune un tracé magnifique, serpentant parmi d’énormes conifères lourdement chargés de neige. À 11:30 je suis le premier à m’y aventurer (ce mot est trop gros pour ces pistes). Dans le milieu de la piste un renard se fige dans son sautillement lorsqu’il me voit. Il me regarde comme si j’étais venu du ciel, mon avion abimé. Les visiteurs sont rares dans son domaine… Je sors d’ici aussi vite que je peux afin de retourner sur la Grande Allée avant que les plaques durcies deviennent trop nombreuses.
Que cela ne vous retienne pas. En avant-midi, les pistes sont en très bon état et leur inclinaison est très respectable. Après le lunch, les surfaces sont devenues très dures. Par ailleurs, c’est le versant principal qui retient mon attention avec son secteur réservé au ski acrobatique. Du bas, regarder ces pistes à bosses et l’installation de saut est vraiment impressionnant. La Coupe du monde de ski acrobatique se déroulera ici les 27 et 28 janvier prochains. L’accès est gratuit. Partout sur les deux versants de la station on trouve du terrain sérieux. De la remontée mécanique, je vois des traces de skis et de planches à neige qui semblent sorties de nulle part et qui disparaissent dans des « pitchs » improbables et furtifs…
Le village d’où la station tire son nom est tout près. Il a un caractère rustique, traditionnel, qui lui donne beaucoup de charme. En ce matin de janvier, je ressens la fierté et le sentiment d’appartenance des villageois à travers les énormes blocs de glace sculptés qui ornent les devantures de maison et les commerces sur la rue principale. On se prépare au Festival St-Côme en glace, du 4 au 5 février. Partout, les grands conifères recouverts de neige nous rappellent que nous sommes en terrain montagneux et que l’hiver y tient ses quartiers (enfin!). Les maisons anciennes et la vieille église me donnent l’impression que je verrai Séraphin Poudrier surgir entre deux énormes « pick-ups ». Dans ce village, la vie semble se dérouler paisiblement et à un rythme qui est de nature à favoriser la longévité des Cômières et des Cômiers.
Sur la route, un panneau nous annonce qu’on quitte le village. C’est écrit noir sur blanc: À la revoyure! Je reviendrai assurément. D’abord attiré par cette station impressionnante, et malgré la distance qui me sépare d’elle, et ensuite par le charme du village à proprement parler. À chaque nouvelle bordée de neige, VSC ne peut que devenir plus folle et plus belle. Si je me sens le courage de « pôler » sur des pistes langoureuses et invitant à la solitude, je tenterai d’apprivoiser le renard. N’a-t-il pas dit au Petit Prince que l’essentiel est invisible pour les yeux et qu’on ne voit bien qu’avec le coeur? Et du coeur, VSC n’en manque pas?
Nous avons décidé de traverser vers la rive-sud de Québec malgré la grisaille et les nuages bas… Notre choix s’est arrêté sur le Mont Adstock pour son nouveau menu mexicain par le Chef Miguel. Vous avez bien lu !
Miguel arrive de Cancun et sa spécialité est la cuisine italienne. Mais ici à Adstock, c’est la cuisine de chez-lui qu’il partage avec beaucoup de fierté dans un espagnol/québécois tout à fait charmant. Lors de notre pause vers 11h00, il vient à notre table avec quelques totopos (chips de maïs) et sa guacamole qu’il n’espère pas trop salée. C’est assez pour nous donner rendez-vous pour le lunch ! Voyage au Mexique pour les papilles assuré !
Chef Miguel
Bien sûr, il y a du beau ski à faire en cette 70e saison du Mont Adstock ! Si, Señor ! Les nouveaux canons à neige et la douzaine de perches permettent à la station de mieux enneiger les pentes, et c’est tant mieux ! Les pistes plus difficiles à ouvrir, comme la Géante, sont maintenant accessibles plus rapidement. D’ailleurs, c’est notre piste coup de cœur de la journée. Un fond juste assez ferme, recouvert d’une fine couche de granuleuse, on enchaîne les virages.
La Géante
Une fois en bas, d’invitants chalets « ski in / ski out » sont disponibles à la location.
Une légère bruine verglaçante recouvre nos vêtements et nos lunettes de ski. Les nuages sont bas, mais après le dîner, j’ai pu apercevoir le long Lac St-François au sud-ouest de la station.
L’Express et à l’horizon, le Lac St-François.
Nous n’avons pas skié le secteur hors-piste. À la vue du petit sous-bois Moniteur, notre constat : il manque sûrement de neige. Par contre, nous avons de bons souvenirs de ce secteur que nous avons skié voilà deux ans. Avec la prochaine tempête qui semble se pointer dans quelques jours, jeudi matin sera peut-être parfait pour enfiler vos peaux d’ascension!
Sous-bois Moniteur
D’ailleurs, la station devrait organiser une corvée de nettoyage l’été prochain. Les arbustes sont plutôt hauts dans certaines pistes !
La Boréale fait partie des pistes dont les arbustes sont très présents.
Le dynamisme des centres de ski en région devrait en inspirer d’autres. Le Mont Adstock fait partie de ces stations qui investissent dans le développement de nouveaux secteurs et dans leurs infrastructures. D’ailleurs, au sommet, un magnifique refuge apparaît devant nous. Et le nouveau chalet principal devrait être construit pour la saison 2023-2024, dont 80 % des sous-traitants proviennent de la MRC des Appalaches. Bravo ! Ce sera splendide !
Bien insouciant est celui qui ignore le pouvoir du flocon de neige. Ces millions de cristaux glacés se révèlent sous diverses formes lumineuses. Qui a dit qu’une oasis devait être composée d’une plage ? C’est pourtant une des premières images qui nous vient en tête. À peine à une heure de Saguenay, il y a bien une zone fertile. Le paysage n’y est pas brisé par des perches à fabrication de neige. Le terrain est 100% vrai, sans artifice, telle une île offrant un désert blanc.
Voguer sur cette neige douce nous laisse une sensation de liberté. Plus souvent qu’autrement, le silence est brisé par nos propres virages et non ceux des autres, car l’achalandage y est très modéré.
Biaisés sont les habitués du coin. Lorsqu’on parle de durci ici, on fait référence à des conditions plus qu’acceptables à bien d’autres endroits. Glacé ? Il faut vraiment se forcer.
Sous-bois La Gauthier
Skier à travers les arbres devient de plus en plus populaire au Québec et les stations s’efforcent de créer des passages boisés.
Un de ceux très intéressant entre la piste # 15 et # 16. Il y avait énormément d’espace à cet endroit et la station a eu la très bonne idée d’y ouvrir des brèches il y a des années.
Bien que ce soit classé très difficile, l’espace n’y est pas si étroit et la pente n’est pas très inclinée, sauf à 2 passages. En gros, pour le skier on doit quand même être très bon, mais ce n’est pas hors de portée de tous.
On va se dire les vraies affaires, si vous ne demeurez pas au Saguenay (ou au Lac !), aller au Valinouët demeure une expédition afin de rejoindre ce havre. Peu importe d’où on part de l’extérieur de la région, l’endroit n’est pas la porte d’à côté jusqu’aux Monts-Valin. Une personne moindrement sensée ne s’y rendra pas que pour y passer une nuit. Il faut voir la destination comme une escapade de 48 à 72 heures.
Le ski de fond y est gratuit, tracé sur 8 km. L’endroit est également magnifique pour la raquette. La fameuse « Vallée des fantômes » est bien présente tout autour de la station. Il y a plusieurs sentiers accessibles directement à partir du village alpin ou encore via la remontée, voilà un 13$ bien investi. Ici on met nos raquettes pour les vraies raisons. Bien que le sentier puisse paraître bien tapé, il suffit de mettre le pied à l’extérieur de celui-ci sans le bon équipement pour enfoncer d’un 30 cm rapidement, voire 60. C’est une expérience originale, mais mieux vaut avoir ses raquettes !
Les chanceux demeurant dans la région pourraient être également tentés d’opter pour un abonnement annuel de 200$ donnant accès illimité aux glissades en tube, ski haute-route et remontée-raquettes.
Dans un monde où la confiance s’amenuise, combien de stations s’en remettent à la bienveillance de mère nature ? Dans les Monts-Valin (haute altitude à près de 1000 mètres), l’espoir est constamment renouvelé. Les jours meilleurs existent toujours. Une escapade annuelle s’impose. Notre état émotionnel s’y laisse influencer facilement par les précipitations venues du ciel, ce n’est pas un mirage.
La station de ski Chalet Cochand était située à Sainte-Marguerite-du-lac-Masson. On ne réalise pas aujourd’hui combien cette station, et son fondateur Émile Cochand, ont influencé le développement du ski dans les Laurentides.
Émile Cochand est né en Suisse en 1890. À 6 ans, il participait et gagnait sa première course de ski. Il n’est donc pas surprenant qu’au début des années 1910, il soit devenu un champion de ski. M. Ernest Desbaillets, en voyage dans son pays natal et qui cherchait un instructeur de ski pour un hôtel de Sainte-Agathe-des-Monts, lui a offert de venir y fonder une école de ski. Après un voyage de bateau éprouvant, Émile Cochand est arrivé à Halifax en septembre 1911. Il avait avec lui l’équipement de ski pour une centaine de personnes, ainsi que 6 traîneaux et 20 luges. L’hôtel en question était le Laurentide Inn situé au lac des Sables. Son propriétaire était Lorne MacGibbon et il était très enthousiaste pour le ski. Il faut savoir qu’à l’époque en hiver, la raquette était le sport en vogue. La photo du Laurentide Inn n’est pas de ces années, mais elle donne une bonne idée de l’importance de l’hôtel et de son emplacement.
Une année importante dans la vie d’Émile Cochand sera 1913, car il rencontrera Léa Berger, une jeune Suisse en vacances à Sainte-Agathe, en tombera amoureux, et le mariage aura lieu avant la fin de l’année. Elle possédait un talent qui deviendra très important dans l’histoire du Chalet Cochand, elle était une cuisinière cordon bleu. Grâce au travail d’Émile Cochand, dès l’hiver 1913-1914, Sainte-Agathe était devenu un centre renommé pour le ski. Tout allait pour le mieux quand tout bascula avec le déclenchement de la guerre en 1914 en Europe. L’hôtel fut réquisitionné par le gouvernement pour s’occuper des soldats blessés.
Le jeune couple avait un ami, Jack Kerr qui possédait une petite propriété à 2 milles de la gare de Sainte-Marguerite. Tout près de cette propriété, un M. Robinson possédait un terrain de près de 500 acres, avec un chalet, une maison de ferme et une écurie.
Devant trouver rapidement un endroit pour vivre, et Léa étant enceinte de leur premier enfant, Yvonne, ils ont loué la propriété de M. Robinson. Le couple s’est installé dans le chalet qui pouvait être chauffé au bois, mais il n’y avait ni électricité ni eau courante. Plus de 100 ans plus tard, il nous est difficile d’imaginer vivre et venir faire du ski dans de telles conditions. C’est beaucoup grâce au soutien du Club de Ski de Montréal et de ses membres que la famille a survécu à ce premier hiver. Heureusement que la savoureuse nourriture de Léa remontait le moral de tous. C’est à cette époque que celle-ci a commencé la tradition au Québec de servir aux skieurs de la fondue au fromage. Comme on le voit sur la 1re photo, l’endroit au tout début était connu sous le nom de Chalets Ste-Marguerite. La photo suivante montre des membres de ce club qui s’amusent. Sur la dernière photo, on voit des luges et Émile avec la main tendue.
La 1re photo est de vers 1915, avec Émile Cochand enseignant à ses élèves. La suivante montre des skieuses en 1920. La priorité était à l’élégance des vêtements, et non à leur côté pratique pour faire du ski. Les 2 dernières photos sont d’Émile Cochand en télémark, puis faisant un ‘cross jump’.
Suite à la naissance d’un 2e enfant, Louis, en janvier 1917, Émile a décidé qu’il était temps de devenir propriétaire, et M. Robinson était consentant à vendre. Mais petit problème, on devait être citoyen canadien pour pouvoir acheter. Même si devenir citoyen canadien était plus simple à cette époque, l’Index des immeubles indique que l’achat c’est fait seulement en septembre 1918, pour un montant de 5 500 $.
Alors que tout allait pour le mieux et que la guerre était sur sa fin, les soldats revenant d’Europe ont rapporté avec eux ce qui a été nommé « la grippe espagnole ». Il y a eu beaucoup de morts au Québec, dont des jeunes, et si toute la famille Cochand a été malade, tous ont survécu. Chalet Cochand a été fermé pendant près de 4 mois.
Étant maintenant propriétaire, Émile Cochand a exploité sa forêt, ce qui lui a donné l’argent pour rénover et agrandir son hôtel. Malheureusement, à peine terminé, l’hôtel sur la 1re photo sera détruit en novembre 1920 suite à un incendie provoqué par inadvertance par un employé. Dès la fin de 1921, celui-ci était déjà reconstruit en plus grand, comme le montre la 2e photo. Puis on ajoutera une aile gauche, et ensuite une aile droite. Avec un nouvel hôtel, une école de ski sous la gouverne d’Émile, de nombreuses activités proposées aux clients l’hiver comme l’été, et une cuisine dirigée de main de maître par Léa, il n’est pas surprenant que Chalet Cochand soit devenu immédiatement un succès.
On voit rarement une photo de 1920 montrant un père, Émile Cochand, enseignant le ski à son fils de 3 ans, Louis. La seconde photo est de quelques années plus tard. On y voit Louis et sa sœur Suzanne. Les Cochand auront 2 autres enfants, Émile Jr. et Pierre. On remarquera que les bâtons de ski ont été fabriqués très solidement et avec un renflement pour assurer un usage plus facile. Sur la dernière photo, c’est Émile Cochand toujours dans les années 1920.
L’Index des immeubles indique qu’Émile Cochand a acheté d’un Trust en octobre 1922 un terrain pour le prix de 5 000 $. Ce terrain représente probablement les 400 acres supplémentaires qui ont fait augmenter de 500 à 900 acres l’étendue de la station de ski, et ont permis l’agrandissement du domaine skiable. Il est logique de penser que c’est dans cette période de temps qu’un petit barrage a été construit sur le ruisseau qui coule au loin devant l’hôtel, créant ainsi le lac Lucerne. Le nom n’est pas surprenant, le thème de la Suisse étant très présent au Chalet Cochand.
Ces photos sont des années 1920 ou du début des années 1930, soit avant l’installation de fils neige. Il y a beaucoup de skieurs, mais comme cela demande beaucoup de temps et d’énergie pour monter une pente et peu de temps pour la descendre, la pratique du ski était une activité très sociale. Sur la 2e photo, on voit qu’il est facile pour les skieurs de traverser le lac gelé pour se rendre à la piste de ski située de l’autre côté. Sur la dernière photo, tous les skis au mur étant assez semblables, je me demande si on retrouvait toujours ses skis ?
Il est important de savoir qu’à cette époque, le ski alpin, le ski de fond et le saut à ski formaient un tout, et qu’il n’y avait pas la séparation qu’il y a aujourd’hui entre ces disciplines. Un bon skieur était souvent aussi un bon sauteur. Dès le début des années 1920, un saut à ski avait été construit. Voici une rare photo d’un petit saut, avec Émile Cochand donnant un cours. À divers endroits et moments, il y en aurait eu 6 au total qui ont été construits. Le dernier était dans la région de l’hôtel. On constate sur la 3e photo que la plate-forme d’observation a vraiment été construite en utilisant les matériaux disponibles.
Voici 3 formes de traîneau. En hiver, l’usage du traîneau tiré par des chevaux a longtemps été essentiel pour les déplacements dans les Laurentides. Le traîneau à chiens était lui surtout utilisé pour le plaisir. J’aime la dernière photo, montrant un modèle de traîneau que l’on voit rarement.
Ces photos datent du milieu des années 1930. Sur la 1re photo, on voit Louis Cochand exécutant un virage qu’on appelait ‘vorlage’, ce qui veut dire avec le poids par en avant, mais les talons toujours sur les skis. Sur la 2e photo qui a été faite au sommet de Tremblant, on retrouve Viateur Cousineau, 21 ans, et à sa droite Louis Cochand, 20 ans, juste avant la très importante course du Kandahar de 1937. Viateur terminera premier et Louis deuxième. Cependant en 1938, Louis Cochand remportera le trophée du Kandahar en un temps record. Pendant que je travaillais sur cet article, j’ai eu la chance d’acheter cette très rare épinglette en étain qui je pense date des années 1930. Celle-ci a voyagé dans le temps et dans l’espace, car le vendeur était en Californie.
Au début de 1936, Raoul Clouthier, futur fondateur de la station Sun Valley Farm, décida de commencer à faire du ski. Heureusement pour nous, il était un grand amateur de photographie, comme le montrent les photos suivantes. En février 1936, il est venu avec sa famille au Chalet Cochand, endroit parfait pour améliorer son ski. La façon la plus simple pour se rendre à cet endroit en hiver était le train, en débarquant à Sainte-Adèle à la gare de Sainte-Marguerite Station, située pas très loin de Chalet Cochand.
Sur la première photo, on retrouve Émile Cochand avec des skieuses, dont à sa droite Jeanne Clouthier, épouse de Raoul Clouthier. Il est clair que c’était une très agréable journée de février. Quand je regarde les 2 premières photos, je réalise que beaucoup ne portaient pas de vêtements faits spécifiquement pour le ski, mais plutôt utilisaient des vêtements d’hiver pour faire du ski. La 3e photo est la seule que je connaisse du bar à cette époque.
On peut voir Jeanne Clouthier avec ses 2 fils, le plus vieux René qui est sur la 2e photo, et le plus jeune Robert sur la 3e photo. À regarder la photo de René, celui-ci avait déjà fait du ski avant de venir skier au Chalet Cochand.
Des années 1920 aux années 1950, la clientèle américaine était importante dans les hôtels des Laurentides. Le train était un moyen de transport très populaire et facile en partant de la Nouvelle-Angleterre. En 1924, pour faire la promotion du ski dans les Laurentides, Émile Cochand a été l’un des membres fondateurs de la Laurentian Resorts Association et il en sera le président pour les 12 premières années. Cette association a engagé des skieurs comme Herman Smith-Johannsen « Jackrabbit » pour développer et entretenir des pistes de ski de fond. La photo montre Émile Cochand et son fils Louis, au Madison Square Garden à New York, lors du premier salon des sports d’hiver, soit à l’hiver 1939-1940. Ceci explique pourquoi les 2 documents suivants sont en anglais, et qu’on y indique la route à suivre pour se rendre des États-Unis au Chalet Cochand.
Lors d’un voyage à Sun Valley, Idaho, Louis Cochand a été impressionné par un nouveau type de remontée. Il a fait des croquis, et à son retour au Québec, il a fourni des plans à une compagnie de Montréal pour qu’on lui fabrique cette remontée. C’était une arbalète de type ‘J’, qui a été installée en 1938 ou 1939 sur la montagne de l’autre côté du Lac Lucerne. On peut voir cette arbalète sur les photos suivantes, ainsi que le chalet alpin au sommet. On avait peint une scène typique de la Suisse sur la partie supérieure du devant du chalet. Certains soirs, les skieurs pouvaient venir y déguster une fondue au fromage. Faire une descente aux flambeaux pour revenir à l’hôtel devait être très amusant pour certains, car on déconseillait de boire autre chose que de l’alcool, en disant que l’eau et le fromage chaud n’étaient pas compatibles.
Ces photos permettent de comprendre la configuration de la station de ski. Sur la 1re photo, on peut voir le lac gelé, la pente école devant l’hôtel, l’hôtel, et la pente en arrière de celui-ci. La 2e photo est un gros plan de la pente en arrière de l’hôtel. La dernière photo montre au loin les pistes de ski de l’autre côté du lac.
La famille Cochand a toujours voulu rendre le séjour des clients le plus agréable possible. Quoi de mieux pour attirer leur attention à leur arrivée que ces 2 totems très colorés, comme on le voit sur la 2e photo. Dans la seconde moitié des années 1940, lors d’un voyage dans l’Ouest canadien, Émile Cochand avait acheté ces 2 totems et les avait installés bien en vue. La musique suisse de Fritz et Marili qu’on avait écoutée au bar était disponible en disque long jeu.
La soirée mascarade a toujours été très populaire, les clients pouvant laisser libre cours à leur imagination. Pour mettre en valeur la qualité de la nourriture au Chalet Cochand, certains soirs, on proposait un très beau buffet. De toutes les époques, au printemps, la visite à la cabane à sucre était un incontournable.
On construisait un château de glace, et il ne faut pas se surprendre de retrouver à la station des chiens saint-bernard, que l’on associe traditionnellement aux Alpes suisses. Sur la photo suivante, on voit Gretel et son légendaire tonnelet d’alcool, ainsi que Toni et Charles, deux des enfants de Louis Cochand. Certains clients arrivaient à la station en avion privé. Louis Cochand pouvait offrir aux clients fortunés d’aller les chercher en avion. Il avait été pilote d’avion durant la Seconde Guerre mondiale, recevant la Croix du Service distingué dans l’Aviation (D.F.C.).
Pierre Cochand, fils d’Émile, était connu pour les nombreuses courses de ski qu’il a gagnées, et pour ses talents en saut à ski. On connaissait moins ses talents artistiques. C’est lui qui dans les années 1940 a associé l’image d’un lapin avec la station Chalet Cochand. Voici 2 dépliants qu’il a faits, et une épinglette en sterling sur le même thème. Mais pour moi, sa contribution la plus mémorable au monde du ski est celle qui est aujourd’hui la plus inconnue. Il a inventé un brancard qui facilitait le travail des secouristes et était plus confortable pour le skieur blessé. J’ai trouvé cet article de journal datant de février 1947. Sur la photo utilisée pour l’article, on voit très bien Émile Jr. Cochand qui tient le devant du brancard. On peut facilement reconnaître l’ancêtre des brancards d’aujourd’hui. J’ai parlé à un skieur du début des années 1940, et il m’a confirmé qu’à cette époque, l’équipement pour évacuer un blessé n’était ni simple d’utilisation pour les secouristes, ni confortable pour le blessé.
Vers la fin des années 1940, Émile Cochand décida qu’il était temps de passer le flambeau à 2 de ses fils. Selon l’Index des immeubles, c’est en décembre 1949 que Louis Cochand acheta l’hôtel, les chalets et 300 acres de terrain. Quant à Émile Jr., il acheta la station de ski de l’autre côté du lac, ainsi que 600 acres de terrain.
Au Chalet Cochand, on accordait une très grande importance à l’enseignement du ski. Quand les clients arrivaient pour une semaine de ski, on les séparait en groupe, et chaque groupe avait son instructeur pour la semaine. Voici une épinglette et une affiche de l’école de ski. Le Club de Ski de Sainte-Marguerite (ST. M. S. C. en anglais) a été basé au Chalet Cochand.
C’est en 1952 que Louis Cochand a fait une importante contribution au développement du ski alpin. On a inauguré ce qu’on appelait les ‘Midget Meets’. Pendant une fin de semaine, tous les jeunes skieurs de 12 ans et moins pouvaient prendre part à des compétitions, quel que soit leur niveau d’habileté en ski. Sur la 1re photo, on constate que ces journées étaient très festives. La maison que l’on voit à l’arrière sur la photo était celle d’Émile Cochand. La station de ski a organisé ces compétitions amicales jusqu’en 1963. La 2e photo montre de jeunes skieurs avec la mascotte de la station, un ours. Le billet de ski date des années 1950 et la photo m’a été envoyée par Paul Giddings. Son prix de 3 $ fait sourire aujourd’hui.
Le progrès implique des changements, qui ne sont pas nécessairement positifs pour tous. Pour stimuler le développement de la région, l’autoroute des Laurentides a été construite, jusqu’à Saint-Jérôme en 1959, à Sainte-Adèle en 1964, et finalement à Sainte-Agathe en 1974. Rapidement, les skieurs ont commencé à venir dans les Laurentides en automobile, au lieu d’en train, et seulement pour la journée. De plus, dans les années 1960 en Nouvelle-Angleterre, de nombreuses stations de ski ont été inaugurées. Venir skier dans les Laurentides n’était plus une nécessité. L’impact sur plusieurs hôtels des Laurentides fût significatif. Pour que Chalet Cochand demeure une destination de choix, Louis Cochand et son épouse Morna Maclean ont décidé de faire un investissement important en achetant en Suisse en 1958 une chaise double, et en déboisant de nouvelles pistes. Un ingénieur viendra de Suisse pour son installation pas très loin de l’hôtel. Selon un document de l’époque, lors de l’inauguration de cette remontée en décembre 1959, cette chaise double était la première dans l’est du Canada.
Ce plan de la station date d’après 1960 et il montre qu’il y avait plusieurs pistes et remontées, mais aussi de nombreux restaurants. Le dénivelé de la station était de l’ordre de 120 mètres. Durant l’installation de la chaise double, on a construit le chalet Swiss Hill, au sommet de la piste du même nom, en arrière de l’hôtel. C’était maintenant ici que l’on venait pour manger de la fondue au fromage. Par la suite, on pouvait regarder les instructeurs de ski tenant des flambeaux descendre en formation la piste de ski.
Cette annonce de l’école de ski date d’environ 1963. On y parle d’équipement pour fabriquer de la neige, soit au tout début de l’utilisation de ce type d’équipement au Québec. On remarquera que le prix il y a 60 ans d’une heure de leçon privé était de 8 $, soit de 10 à 20 fois moins qu’aujourd’hui. Le directeur de l’école de ski était Eugène Chedel, époux de Josette, fille de Louis Cochand. Celui-ci a été très impliqué dans le domaine du ski. Preuve que le ski coule dans les veines des membres de la famille Cochand, Christina, fille d’Eugène et 4e génération de la famille Cochand, a fait de la compétition de ski pendant plusieurs années, et par la suite, a été entraîneuse d’équipes de compétition. Je me demande s’il y a un lien avec le fait qu’elle aimait la fondue au fromage même très jeune ?
Le premier écusson était utilisé par Eugène Chedel, directeur de l’école de ski. Le 2e écusson montre la chaise qui venait d’être installée.
Malgré tous ses efforts, et en offrant un bon nombre d’activités autant en hiver qu’en été, Louis Cochand ne réussira pas à garder rentable l’hôtel. Il faut ajouter que la météo n’a pas été bonne durant plusieurs hivers au début des années 1960. Les banques ont fait vendre en juillet 1966 à l’enchère les actifs qu’il détenait dans la station de ski. C’est une compagnie de Chicago qui a acheté, avec l’idée d’exploiter l’hôtel durant l’Expo 67. Émile Jr. Cochand a alors pris la décision de vendre ses actifs dans la station de ski à la même compagnie. Dès avril 1968, Yvan Coutu achètera certains actifs de la station, dont l’hôtel. Il en fera une base de plein air sous le nom d’Auberge Yvan Coutu. Éventuellement, l’hôtel sera à nouveau vendu et deviendra le Manoir du lac Lucerne. La dernière saison de ski sera à l’hiver 1986-1987. L’hôtel fermera ses portes définitivement à l’automne 1987, et il sera par la suite démoli. Aujourd’hui, les 900 acres de la station sont divisés en de nombreuses propriétés privées. Le souvenir le plus visible qui reste de la station de ski Chalet Cochand est le lac Lucerne.
Cet article aurait été impossible sans la collaboration de Toni Cochand, de Louis Jr. Cochand et de Christina Chedel. L’album de photos d’Émile Cochand a été la source de plusieurs des photos. Pour ce qui est de décrire et de faire le lien entre les photos, les archives de Charles (Chas) M. Cochand ont joué un rôle très important. Celui-ci a fait beaucoup de recherches sur l’histoire du Chalet Cochand et de la famille Cochand. J’ai aussi eu des photos de Leah Peterson, petite-fille d’Émile Jr. Cochand. Pour vérifier des faits et des dates, j’ai consacré plusieurs heures à lire des articles dans les journaux d’époque en utilisant la section numérique de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec. C’est grâce à Robert Miron que j’ai pu consulter l’Index des immeubles pour s’assurer de la justesse de plusieurs dates. Finalement, s’il m’a été possible d’inclure dans cet article des photos faites par Raoul Clouthier dans les années 1930, c’est grâce à la collaboration d’Histoire et Archives Laurentides et de Pierre Clouthier, son petit-fils. Cet article remplace mon article de 2019 sur cette station de ski.
Cet article fait partie de la section sur les stations de ski du Québec qui sont aujourd’hui fermées. Comme la grande difficulté d’un tel travail est de trouver des photos et de l’information sur ces stations, si vous détenez des perles concernant une station oubliée ou fermée et que vous souhaitez les partager avec l’auteur, vous êtes invité à communiquer avec lui par courriel afin de lui permettre d’ajouter de l’information à un dossier existant, ou d’inclure une autre station à cette section à l’adresse suivante: stations.fermees.qc@gmail.com