PLUS

    Cap Castor, Gaspésie, 21 février 2019

    En route pour Murdochville depuis Montréal, notre recherche d’une perle du back country s’est arrêté au Cap Castor suite à l’article d’Isabelle Gariépy en novembre 2018 qui avait attiré notre attention. Notre décision fut aussi éclairée par Guillaume de chez Ski Chic Chocs que nous avons contacté pour orienter notre plan alors que nous étions en route pour la Gaspésie, territoire de prédilection pour le ski de randonnée et hors piste.

    Après avoir réservé au téléphone notre journée dans un superbe domaine privé, nous rencontrions Sarah-Maude (notre guide) à l’heure convenue au chalet à quelques mètres seulement de la 132 définitivement sur les berges du majestueux Saint-Laurent, à peine 10 minutes après Sainte-Anne-des-Monts. L’ambiance est alors bien décontractée, on valide nos connaissances en sécurité en terrain avalancheux et on acquiert les détails du reste de notre expérience à venir.

    Déplacement du chalet vers la montagne

    Ce fut notre première expérience en ski-doo-sur-neige. En effet, pour se rendre à la montagne, Sarah-Maude nous offre un transit entre le chalet et le domaine skiable d’une dizaine de minutes tiré par une motoneige, à l’aide d’une corde de ski nautique. L’expérience est unique, sportive et nous amène à réaliser le plaisir de profiter d’une aide mécanique pour un déplacement efficace vers le terrain de jeu.

    Sur place, on découvre en séquence quelques-unes des 12 pistes aménagées, conçues pour les skieurs intermédiaires à experts. En toute humilité, les skieurs novices en hors-pistes auront du plaisir, mais il faudra en aviser le guide au préalable pour être convenablement orienté pour avancer dans la pratique du sport. Nous avons donc testé la « Vallée des érables » une montée assez expéditive, puis une descente magique en forêt dispersée.

    Nous avons été charmés par la suite avec l’ascension de la « Castrante ». Plusieurs pistes s’offrent alors à nous : Castor, Polux, Cinq-cennes, Canyon et j’en passe. À la base, un petit refuge permet une pause en mi-journée, pour les besoins naturels, une ‘bécosse‘ traditionnelle est disponible, il faudra aller sur place pour connaitre son nom affectueux.

    Le clou de la journée est le troisième flanc de montagne, la « Pente cachée », domaine qu’on croit être réservé aux plus expérimentés à en juger par les pentes de 40 degrés et plus qu’elle réserve. Comme ces flancs sont surtout exposés au nord, ils bénéficient d’une couverture blanche hors-pairs. Par temps ensoleillé, il devient évident que la vue est imprenable sur le fleuve Saint-Laurent, mais comme le dit si bien un dicton non attribué, il n’a jamais neigé par une journée ensoleillée. On s’est contenté des nuages et de la neige qui est tombée tout l’après-midi.

    Nous attribuons à cette expérience notre coup de cœur de la saison 2018-19. L’entreprise est en plein démarrage, d’une délicatesse et humilité franchement bien ancrées, il faut savoir reconnaître que Cap Castor est une perle rare qu’il faut savoir planifier dans son itinéraire gaspésien de ski de randonnée alpine, il deviendra sans doute un incontournable contingenté avec les années à venir. C’est le temps d’en profiter !

    Les nouveautés alpines chez Rossignol pour 2019/20

    Photo Geneviève Larivière

    De passage au versant Avila du Sommet Saint-Sauveur, nous avons eu l’occasion de rencontrer les gens de Rossignol, qui nous ont présenté les nouveautés à surveiller pour la saison prochaine! Voici la gamme alpine, ainsi que quelques primeurs côté bottes!

    Découverte: les nouveautés chez Dynastar/Lange pour 2019/20

    Photo Geneviève Larivière

    De passage au versant Avila du Sommet Saint-Sauveur, nous avons eu l’occasion de rencontrer les gens de Dynastar/Lange, qui nous ont présenté les nouveautés à surveiller pour la saison prochaine! Voici la gamme alpine, ainsi que quelques primeurs côté bottes!

    Chic-Chac, Gaspésie, 18 au 20 février 2019

    CATSKI AU CHIC-CHAC, MURDOCHVILLE, 18 AU 20 FÉVRIER 2019

    C’est avec une certaine fébrilité que nous sommes enfin arrivés à Murdochville tard en soirée après une longue route en provenance de la Montérégie. Il ne fallait que constater la hauteur impressionnante des bancs de neige en ville pour réaliser que nos 3 prochains jours en Catski risquaient d’être… mémorables!

    Danny et moi étions logés au Presbytère, c’est-à-dire à quelques pas du chalet du Mont Miller où se trouvent les points de départ et d’arrivée du Catski ainsi que tous les repas, l’après-ski et le bar. En entrant dans le Presbytère, une fois nos bottes enlevées, on a d’abord vu à notre gauche 4-5 personnes bière à la main, bouteille de gin au bord d’un tabouret, en train de jouer au billard en ayant pas mal de plaisir. À notre droite, un feu de foyer crépitant entouré de quelques bottes de ski, de gants et de mitaines avec 2 personnes trinquant du vin blanc dans le confort des sofas du salon. Ça devrait bien se passer ici se dit-on….

    Le Chic-Chac offre divers sortes d’hébergement, variant de type confort ou économique, relaxe ou plus festif, mais oubliez tout de suite le format 5 étoiles. Vous serez très confortables et aurez tout ce dont vous avez besoin, mais vous venez ici pour skier d’abord et avant tout, n’est-ce pas? Ici à Murdochville, ce qui sera 5 étoiles sera certainement l’accueil des gens et fort probablement votre niveau de plaisir dans les pistes que vous dévalerez!

    Justement, parlons ski. Notre premier matin de Catski, lundi 18 février 2019, on formait un petit groupe de 6 clients et deux guides. Personne d’autre. Niet. On se doutait donc qu’on risquait d’avoir un petit festin de neige poudreuse, surtout qu’on se dirigeait vers le terrain signature du Chic-Chac, le fabuleux mont York et mont Bel. Ensemble, un choix de 20 pistes de type 100% sous-bois sont cordées les unes après les autres. Parfois défrichées en ilots d’arbres, en corridors ou en arbres dispersés, chaque piste nous réserve son lot de plaisir… et de surprises!

    Après avoir reçu la bienvenue et les instructions du guide suite au déjeuner, on se dirige vers le mont York à +/- 45 minutes de temps de voyagement en Catski. Rendu au York, une descente de réchauffement dans une des pistes les plus courtes nous permet de réveiller nos muscles ainsi qu’aux guides de valider l’agilité de chacun. Ensuite, le guide fait son plan de match pour nous offrir le meilleur ski possible pour tout le groupe. Et selon ce que j’ai vu, ça fonctionne car tout le monde arrive avec un large sourire en bas de chaque descente…

    C’est la beauté de la chose au York, l’ingéniosité de l’aménagement du terrain fait qu’il y en a pour tous les goûts pour les intermédiaires et les experts dans pratiquement toutes les pistes. Vous descendez et le corridor que vous dévalez se sépare en deux, allez-vous chercher la neige intacte dans l’embranchement de gauche ou de droite? Ensuite, peu importe votre choix plus haut, la question se pose encore, gauche ou droite? Plus vous descendez, plus vous avez des choix de lignes complètement immaculées, sans devoir vous repentir…

    Pour ajouter au défi, on remarque aussi de multiples falaises de différentes envergures dispersées à travers le domaine skiable. Que l’on parle de la muraille de Chine, de la muraille du Fort ou des multiples sauts naturels qui garnissent les pentes, vous ne manquerez pas d’options pour accumuler des Air Miles!

    Puis vient la cerise sur le sundae, c’est-à-dire toutes les plateformes qui rendent les monts York et Bel si uniques. Quel aménagement magistral des pentes avec la matière disponible! Très dur labeur à orchestrer par l’équipe de bûcherons en été ou en automne mais quel admirable résultat ça nous donne en hiver, un terrain de jeu comme nulle part ailleurs!

    Bien entendu, chaque plateforme est unique. Selon le degré de pente, la largeur de la piste et d’autre facteurs, certaines sont construites presqu’à niveau pour rappeler l’impression de sauter une falaise naturelle. Mais la plupart sont construites en forme pyramidale, donc on a le choix évidemment de passer à côté si l’on veut, de sauter en diagonale à la hauteur qui nous excite, ou aller avec l’impulsion du moment et s’élancer du haut de la pyramide pour un maximum de temps de vol plané… Plaisir et sensations fortes garanti et atterrissage en douceur dans la poudreuse gaspésienne!

    Évidemment, la poudreuse… Je peux bien vous parler de ce qu’on retrouve dans les pistes ou du degré de pente parfois très abrupt selon le secteur, mais si les conditions ne sont pas à point, à quoi bon? Lors de nos 3 jours au Chic-Chac, on a eu des conditions qui frôlaient la perfection. Ciel bleu et soleil de feu, neige poudreuse digne des meilleurs films de ski, et à part notre groupe en Catski, personne d’autre en vue pour tracer cette neige impeccable! On ne pourrait pas compter le nombre de virages de poudreuse profonde qu’on a pu se farcir pendant ces 3 jours. Bien sûr, l’orientation de certaines pistes peut rendre quelques brèves sections plus exposées au vent. La neige peut donc se retrouver sur une base un peu plus durcie ou se faire compacter par le vent. Par contre, c’est tellement minime que l’on ne se rappelle que du reste, la grosse vie en poudreuse profonde. Comme on dirait en anglais, ici, c’est « Powder, all day, everyday »!

    Dans cet ordre d’idée, c’est une neige plus compactée avec quelques plaques à vent que l’on a rencontré au mont York lors de notre troisième journée. On a tout de même eu beaucoup de plaisir ici en matinée, mais comme le groupe n’avait pas eu la chance de skier le mont Porphyre et que la rumeur courait que les conditions étaient très bonnes de ce côté, nous avons pu changer de montagne et explorer le mont Porphyre en après-midi. Judicieux choix…

    Le sommet du mont Porphyre offre des décors sublimes vers le mont Jacques-Cartier d’un côté et le mont Miller de l’autre (pour ne nommer que ceux-là). Le ski est plus accessible à tous avec des pentes soutenues et agréables, mais généralement moins abruptes que le secteur du mont York. C’est 100% sous-bois ici aussi, l’aventure est encore au rendez-vous! On a vraiment apprécié pouvoir changer de montagne car on a effectivement trouvé d’excellentes conditions de neige pour notre après-midi de ski. Les rumeurs étaient fondées…

    En plus de ces deux secteurs de catski bien distincts, l’équipe du Chic-Chac veut continuer à développer de nouvelles pistes, modules ou même agrandir le terrain de jeu sur deux nouvelles montagnes. Avec l’aide de son partenaire principal, la compagnie BIG BILL, ils prévoient aménager dès l’été prochain une zone BIG BILL qui sera remplie de surprises… et ça promet! Il ne faut pas oublier l’aide des autres partenaires tels la Boutique Alternative à Rimouski, tout comme Armada et Salomon qui aident tous à l’essor de ce petit bijou de la Gaspésie.

    Avec recul, on a eu un excellent séjour au Chic-Chac, on a trippé à fond jour et soir. On a fait d’agréables rencontres avec des passionnés et des gens hyper sympathiques. On a fait du ski extraordinaire, et j’irais même jusqu’à affirmer que ma deuxième journée de cat de ce séjour fait maintenant partie de mes 5 meilleures journées de ski…à vie! La lumière, le ciel bleu, la camaraderie, la difficulté et l’originalité du terrain, l’inconnu et les surprises de chaque descente, les pistes sans aucunes traces, la qualité de la neige, les virages profonds sans arrêt, le nombre de temps passé dans les airs, le tout finissant même avec des « shot-skis » le soir! Wow… C’était merveilleux et j’en bave encore. Je ne peux que vous souhaiter des journées similaires dans ce petit coin de paradis. À vous de décider si c’est votre tour bientôt… l’hiver est loin d’être fini en Gaspésie!

    Voici le montage vidéo de notre périple au Chic-Chac:

    MONT GRAND-FONDS, LE 16 FÉVRIER 2019

    En ce samedi matin, ma fille et moi avons arrêté notre choix sur le Mont Grand-Fonds. Situé à environ dix minutes du centre-ville de La Malbaie, Grand-Fonds vous offre 335 mètres de dénivelé et 19 pistes ouvertes sur 20, dont le fameux Versant du Lynx avec ses sous-bois expert. Les deux remontées principales de la station sont en opération aujourd’hui, un télésiège quadruple et l’arbalète vous emmène tous deux au sommet. Le «T-bar» de la pente-école est aussi en opération pour la journée.

    Nous arrivons assez tôt à la station, dès 8h15, le stationnement est déjà empli jusqu’à la troisième rangée. C’est journée de course aujourd’hui. La catégorie U12 de la région de Québec sera en action toute la journée. Même le chalet est déjà bondé !

    Avec toute la neige reçue cette semaine dans la région de Charlevoix, mon arsenal de ski est incomplet à mon goût; pourquoi ne pas louer des skis à la mesure des conditions ? Direction la boutique, service courtois et rapide, j’ai opté pour le Salomon QST 92. Un ski de type «all mountain» qui me permettra d’arpenter les sous-bois plus aisément. L’art de se créer un besoin comme dirait ma très indulgente épouse.

    À ma grande surprise, la billetterie n’ouvre qu’à 8h45, la file d’attente s’allonge rapidement si bien que plusieurs clients ont attendu plus de 30 minutes pour récupérer leur laisser passer. J’ai pu faire deux descentes avant qu’un ami puisse venir nous rejoindre. Disons que lors de journées où des évènements sont planifiés, la station aurait avantage à ouvrir la billetterie un peu plus tôt.

    En avant-midi, les conditions sont vraiment superbes, quelques centimètres de neige fraîche recouvre le damé, qui est toujours de haute qualité au Mont Grand-Fonds. Les pistes Des Bouleaux et Du Ruisseaux sont sublimes. Les deux pistes se situant sous le télésiège quadruple sont très achalandées, La Téméraire est un petit sous-bois très prisé de la marmaille et La Chouenneuse, une piste à bosse bien large où on peut admirer les prouesses des skieurs et planchistes. Le Versant du Lynx quant à lui, même s’il est bien tracé de la veille, nous offre encore de la belle neige bien molle et facile à skier. Merci à mon ami Christian ainsi qu’au collègue Jean-François de m’avoir permis cette brève escapade dans le Lynx.

    À l’heure du dîner, la cafétéria et le chalet ne fournissent pas à la demande. C’est rempli à pleine capacité sur les deux étages, si bien qu’il aura fallu patienter avant de se trouver des places assises pour profiter de notre copieux repas du midi. Si vous avez votre lunch, vous pouvez opter pour le petit chalet du sommet, rustique et chaleureux. Malgré tout ce beau monde, l’attente aux remontées ne dépassera pas une ou deux minutes.

    En après-midi, dû au passage répété des adeptes de glisses, des amoncellements de neige sont présents dans toutes les pistes. On ralentira quelque peu la cadence et profiterons des bordures de pistes un peu plus.

    Si vous n’avez jamais visité le Mont Grand-Fonds, je vous le recommande fortement. La montagne offre des pistes pour tous calibres et la configuration des pentes la rende très agréable à skier. Lorsqu’un peu moins achalandé, le chalet est convivial et confortable. Allez en profiter, les conditions de glisse sont excellentes, à tous, bon ski !

    Expérience Mont Alta (Val-David), 14 février 2019

    C’est l’histoire de deux skieurs-grimpeurs qui ont complètement oublié que c’était la Saint-Valentin, et qui ont planifié une sortie de non-couple! Disons que la série de coeurs et de photos de fleurs dans nos fils de nouvelle respectifs nous ont un peu rappelé à l’ordre… mais c’était pas ça qui allait nous empêcher de profiter de la poudreuse d’Alta!

    La récompense neigeuse nous attendait patiemment, pendant qu’on perdait de précieuses minutes dans le trafic montréalais. À notre arrivée vers 10h30, on trouve un stationnement à moitié plein: c’est l’heure à laquelle la deuxième vague de skieurs arrive (nous!) alors que les lève-tôt quittent. Le temps d’enfiler mes bottes au chaud dans l’abri à feu et nous voilà en piste pour la première ascension, par la face du singe (surnom donné juste par moi). Ce n’est pas mon habitude de commencer par là… mes poumons et mes quadriceps s’opposent mais je suis à la remorque de notre cher Marc-Antoine, impossible de fléchir!

    Pendant la transition au sommet, on tente d’évaluer les secteurs où il y a le moins de traces… mais c’est un peu inutile: à Alta, lors des bonnes bordées, les skieurs se répartissent toujours de manière fort égale, se partageant la tarte des premières traces sans inéquité. C’est donc en toute confiance qu’on s’est dirigés vers le secteur Allan/Lanfer. Lors de mon dernier passage, des branches étaient couchées et certains virages étaient serrés. C’est une histoire du passé maintenant!

    Avec toute la neige reçue dans les derniers jours (et ceux à venir!) les obstacles sournois sont bien enfouis. Adieu Snow Snakes, on se reverra au printemps! Notre deuxième ascension se fait par la familiale: Marc-Antoine ajoute un handicap pour se ralentir… il fera cette montée sans les peaux d’ascension sous ses skis de fond à écailles puisque l’inclinaison est moindre dans ce sentier. J’arrive enfin à le suivre!

    Pour notre deuxième descente, Surprenante/Twist/Nouvelle Piste au menu. La neige est toujours bonne, bien légère, aucune surprise sous les spatules. Je m’amuse même à sauter quelques petits obstacles! C’est trop beau, on repart pour une troisième grimpe! La face de singe s’imposera pour gagner du temps et réussir à quitter en respectant notre heure butoir…

    La lumière est encore belle à cette heure grâce à la saison qui avance. Plus tôt en saison, à cause de l’orientation de la montagne, on se retrouve en flat light à partir de 13h00… mais on a encore de superbes rayons de soleil dans la Papoos/Markat/Dolce Vita un peu avant 14h00.

    Aucune pluie n’est annoncée dans les prochains jours! C’est le moment de profiter du meilleur d’Alta… Si vous êtes curieux et voulez essayer le hors-piste ou inviter un débutant à une initiation, des cours sont offerts à la montagne. Celui de demain samedi, le 16 février est complet, mais vous pouvez tout de même réserver pour une date future! (Suivez ce lien pour faire l’achat! https://experiencemontalta.com/boutique/ ) Habitués, n’oubliez pas votre permis de stationnement et votre carte d’abonnement de saison bien en vue sur votre sac ou vos vêtements! Bonne rando-ski à tous!

    Val-D’Irène, Février 2019

    Très belle journée de ski à Val-D’Irène, Février 2019

    Chic Chac, le Mont York, Février 2019

    À la découverte du Mont York!, Février 2019

    Chaud devant: ouvrir les yeux sur les changements climatiques

    Au moment de publier les premiers textes de ce dossier, le Québec vit une vague de redoux comme on en voit de plus en plus souvent, surtout dans la portion sud-ouest de la province. Épisodes de pluie verglaçante, températures supérieures aux normales saisonnières et diminution des périodes de froid favorables à l’enneigement mécanique sont maintenant le pire cauchemar des stations de ski du Québec et d’ailleurs. Force est d’admettre que le portrait de l’industrie du tourisme hivernal et des sports de glisse est en train de se transformer: la diminution de la disponibilité de la ressource première nécessaire à tous les sports hivernaux demande une adaptation de tous les côtés. Mais où donner de la tête devant cette situation où les skieurs et les stations de ski sont à la fois la cause et la solution?

    Même si la sonnette d’alarme a été actionnée depuis plusieurs années déjà dans tous les médias du monde, le citoyen moyen a du mal à bouger. À première vue, difficile de se jeter le blâme, individuellement ou collectivement: à travers les titrages scandaleux, les fausses nouvelles, les théoriciens du complot, les études scientifiques bidon et la propagande pure et dure, l’éducation aux changements climatiques et aux gestes significatifs pour l’amélioration de la situation est une mission laborieuse et les opposants ne manquent pas. À l’échelle nationale, il n’y a pas si longtemps, nos scientifiques se faisaient museler… pas étonnant qu’on ait du mal à écouter un porte-parole qui s’évertue à nous faire abandonner nos sacs de plastique ou à faire l’acquisition d’une voiture électrique!

    Heureusement, la riposte de la science parvient de plus en plus au grand public. Les questionnements et constats se multiplient dans le monde glaciaire et alpin. Statistiques, mesures et degrés à l’appui, la communauté scientifique se penche dorénavant sur l’avenir des sports de glisse, tout continent confondu.

    Qu’en est-il dans notre Belle Province? Les esquisses nous parviennent au compte-gouttes. Peut-être faisons-nous office de cordonnier mal chaussé, mais l’impuissance des stations de ski devant les changements climatiques a de quoi alarmer. Nous qui nous sommes toujours proclamés rois de l’hiver, serions-nous en train de se réclamer d’une nordicité à la dérive?

    Conscientes des enjeux reliés aux changements climatiques, les stations de ski du Québec, par le biais de leur Association, ont mandaté la firme Ouranos, un consortium sur la climatologie et l’adaptation aux changements climatiques, afin de dresser un portrait réaliste de la situation actuelle ainsi qu’une palette de scénarios auxquels les stations devront faire face dans le futur. Un premier rapport est paru en 2018: « Diagnostic des risques et des opportunités liés aux changements climatiques pour le secteur touristique de Québec et de Charlevoix ». Cette phase initiale est déjà porteuse de plusieurs messages préoccupants à prendre avec sérieux. Un deuxième rapport, en cours de clôture, verra le jour dans les prochains mois: « Analyse économique des mesures d’adaptation aux changements climatiques appliquée au secteur du ski alpin au Québec ».

    En résumé, l’industrie du ski alpin du Québec se questionne: sommes-nous armés pour faire face à ces changements? Quels seront les impacts financiers? À quoi devons-nous s’attendre comme conséquences à court, moyen et long terme? Ces préoccupations, qui semblent pour l’instant bien théoriques, auront pourtant des conséquences directement ressenties par vous, les skieurs et planchistes. Ce dossier se veut donc une contribution au constat, aux questionnements, et surtout, à la quête de solutions concrètes, applicables autant par les skieurs que par l’industrie et ce, dans le souhait le plus profond de pouvoir profiter du ski et de l’hiver pour plusieurs générations à venir.

    Changements climatiques: pluie d’inquiétudes pour l’industrie du ski

    Hausse des épisodes de pluie, capacité d’enneigement diminuée, saisons écourtées et entretien des pistes plus coûteux. Le verdict est sans appel: les stations de ski du Québec n’échapperont pas aux changements climatiques. Pour survivre, elles devront s’adapter.

    «Si on est dans l’attente et qu’on ne fait rien, on va être pris par surprise. C’est pour ça qu’il faut agir.» Stéphanie Bleau est coordonnatrice du programme Tourisme chez Ouranos, un consortium qui rassemble des experts sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques. «Le grand défi du tourisme, c’est la vision climatique à long terme. La compréhension des impacts sur l’industrie est difficile. Il faut prendre le temps de le faire. Une fois que c’est fait, on peut passer à un autre niveau», poursuit-elle, à propos des stratégies d’adaptation que les entreprises touristiques devront inévitablement mettre en place.

    Une prise de conscience provinciale

    Cette compréhension commence seulement à poindre. «Le tourisme et les changements climatiques, c’est un domaine qui est assez jeune, même à l’international, on est une poignée de chercheurs», confie Mme Bleau. Le Québec n’est pas à la traîne pour autant.  La Chaire de tourisme Transat de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et Ouranos ont publié en cours d’année 2018 un «Diagnostic [quatre saisons] des risques et opportunités liés aux changements climatiques pour le secteur touristique des régions de Québec et de Charlevoix».

    Pourquoi ces deux régions? Notamment parce que ce sont des destinations hivernales de choix qui ont généré en 2015-2016 1,3 million de visites sur les 5,2 millions jours-ski de la province. On y retrouve les stations Mont-Sainte-Anne, Stoneham, Le Relais, Le Massif et Mont-Grand-Fonds. Québec-Charlevoix est «l’un des trois plus grands marchés du ski au Québec avec les régions des Laurentides et des Cantons-de-l’Est», affirme l’étude.

    Premier constat qui n’a rien pour plaire aux amis skieurs et planchistes: l’hiver est la saison la plus à risque de subir les contrecoups des changements climatiques. Des risques qui prennent naissance dès l’automne, période durant laquelle les stations s’échinent à fabriquer de la neige artificielle. Ce que Mme Bleau considère comme «la solution ultime depuis 40 ans» pour prolonger les saisons pourrait devenir de moins en moins efficace.

    La cause réside dans une hausse des températures jumelée à une hausse probable des précipitations sous forme de pluie lors des périodes de transition entre les saisons, par exemple de la mi-novembre à la mi-décembre. En conséquence, «les températures favorables à la fabrication de neige seront moins fréquentes», indique l’équipe d’experts dans son rapport.

    La tendance à long terme pour les deux régions en hiver est la même, quoiqu’elle pourrait connaître des variations «minimes» entre les secteurs situés dans les terres et en altitude comparativement à ceux situés en bordure du fleuve. Les secteurs en altitude continueront à recevoir de la «neige en abondance». La Réserve faunique des Laurentides pourrait même en recevoir plus qu’actuellement. On n’y trouve malheureusement aucune station de ski.

    L’hiver, le problème réside surtout dans la variabilité des conditions à cause d’une augmentation possible des redoux en décembre et mars et d’une hausse globale des températures. À titre d’exemple, les activités hivernales pourraient être plus difficilement praticables pendant les semaines de relâche scolaire en mars. Seule bonne nouvelle, il devrait y avoir moins d’épisodes de froid intense, surtout en janvier et février.

    Ces conditions futures, dont certaines sont déjà amorcées, créent une pression économique sur les stations de ski. «L’augmentation des températures ou encore des redoux en mars pourrait provoquer une dégradation de la qualité des pistes et donc une augmentation des coûts d’entretien», sans compter que la clientèle risque d’être moins au rendez-vous ou de changer ses comportements avec des réservations de «dernière minute» en raison de l’incertitude du climat.

    La nordicité en péril

    Le diagnostic posé pour Québec-Charlevoix peut paraître sombre. Mais comme dit le proverbe «Quand on se compare, on se console». En effet, «la saison hivernale demeurera un avantage concurrentiel intéressant pour les régions de Québec et de Charlevoix comparativement au Nord-Est des États-Unis, à l’Ontario ou encore au sud du Québec», notent les experts. Des régions qui connaîtront des changements encore plus marqués. «Il y a des inégalités régionales. Le climat ne se réchauffe pas pareil partout. Par exemple, on risque de recevoir plus de pluie dans le sud», précise Mme Bleau.

    Les deux régions à l’étude sont une photographie de ce qui se passe également ailleurs à des degrés variables. L’intensité des phénomènes prédits dépend aussi de l’action ou de l’inaction des gouvernements à contrer les changements climatiques. Cette étude ne constitue pas une fin, mais un début. Identifier les impacts des changements climatiques sur les activités saisonnières et mieux comprendre les craintes et les observations des gens de l’industrie vise à mieux se préparer. Surtout que le degré de risque est encore aujourd’hui difficilement qualifiable à long terme.

    Pour Mme Bleau, le seul choix qui s’impose à l’industrie touristique est d’embarquer dans le train. L’hiver écope plus que les autres saisons et le ski alpin est un produit phare, d’où l’importance de prendre les commandes. «Une fois qu’on a identifié les impacts, on devra passer à une autre étape, trouver des solutions. Nous ne sommes pas encore à redéfinir les produits d’affaires. On est plutôt à diversifier les produits pour combler les creux d’affaires pendant la saison d’exploitation.» C’est d’ailleurs pourquoi le titre du diagnostic accole «opportunités» à «risques».

    Ces opportunités ne se saisissent pas sans relever certains défis. Particulièrement celui de la capacité financière de chaque entreprise à s’adapter aux changements. «L’industrie du ski est compliquée en termes de modèle économique. Ils font énormément d’efforts, mais ça coûte cher. On fait de la neige artificielle à 25 Cº, mais à quel coût, illustre la spécialiste, qui demeure, malgré tout, optimiste. Il n’y a pas une recette, mais plusieurs recettes. Il y aura toujours du ski au Québec.»

    ×