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    Suivez le guide au Mont-Orignal

    Photos G. Fortin, D. Lachance et M-M Gagnon

    Le Mont-Orignal et moi, ça fait un bon moment que ça dure. En fait, c’est une des premières montagnes que j’ai skié. Étant natif de la rive-sud de Québec, visiter cet endroit a toujours fait partie de nos habitudes. C’était une des stations favorites de mon paternel, avec qui j’ai appris à aimer ce sport qui m’anime autant encore aujourd’hui. La station a évolué et bien des choses ont changé avec le temps. La montagne, qui est maintenant opérée en coopérative, demeure un incontournable dans la région de Chaudière-Appalaches.

    1) Mitch et la pépinière à champions

    Ici comme dans quelques autres montagnes, les champions en herbe ont la chance d’avoir une bonne dose de motivation. Depuis quelques années, une des leurs tente de laisser sa marque parmi l’élite mondiale: Marie-Michèle Gagnon est une fierté locale! La coureuse qui a fait sa place sur le circuit international depuis 2008, est une fille du coin, originaire de Lac-Etchemin. Ses premières traces se sont dessinées ici, sur les pentes du Mont Orignal. Grâce à de nombreuses photos et à la piste numéro 15, l’icône demeure omniprésente. Vous aurez compris que cette pente, particulièrement abrupte dans ses premiers mètres, a été nommée en l’honneur de l’athlète. La piste est, selon moi, la signature de la station. Sensations fortes garantie. Ce n’est pas tout! Mitch est aussi la muse qui a inspiré le logo de l’équipe de ski junior locale.

    2) Une expérience variée

    Inutile de mentionner que l’endroit accueille autant les skieurs que les planchistes. Tandis que certaines stations sont plutôt sévères quant aux méthodes de glisse, ici, il est possible de faire du snowscoot! Cette espèce de trottinette des neiges permet au plus audacieux de dévaler les pentes d’une manière un peu moins orthodoxe. Cette discipline gagne lentement en popularité. L’expérience ne s’arrête pas là: on trouve aussi un impressionnant réseau de plus de 40km de sentiers de raquette. Des sentiers de ski de fond sont aussi disponibles ainsi que des glissades sur chambre à air. De quoi plaire à tous les amateurs de sports d’hiver!

    3) Au sommet en un rien de temps

    Au début des années 1990, le mont Orignal a remplacé sa remontée principale par un des premiers débrayable à 6 places au monde. À cette époque, le “World Wide Web” en était aussi à ses premiers balbutiements. Imaginez la rondeur de mes yeux de jeune adolescent à la vue de cet objet qui semblait tout à fait irréel! Les amoureux du détail seront heureux d’apprendre que le 6 places est fabriqué par la compagnie autrichienne Doppelmayr. Sa longueur est de 1036 mètres et qu’il peut transporter plus de 2400 personnes à l’heure. Pas mal pour un truc qui a aujourd’hui 25 ans ! Bien que plutôt populaire en Europe, ce type de remontée n’est vraiment pas monnaie courante au Québec.

    4-  Du plaisir pour tous les calibres

    L’endroit en est un de choix pour initier grands et petits aux sports de glisse. La piste “3 – La Débutante” est desservie par une remontée mécanique de type “Poma”. Elle permet aux novices de s’initier aux sports de glisse et d’enfiler les descentes en gardant les pieds bien au sol. Les plus habiles ne resteront pas sur leur appétit. Sur les 25 pistes disponibles, plus de la moitié sont classés « difficiles ». La “15 – Marie-Michelle Gagnon” est une incontournable. Essayez aussi la “20 – St-Odilon”. La vue est à couper le souffle. Étroite et sinueuse, la neige a tendance à s’y accumuler en bord de piste. Si les accumulations sont suffisantes, la “19 – Ste-Germaine” vous demandera un petit effort de montée pour y accéder, mais la descente dans la neige naturelle en vaut le coup! Invitant, n’est-ce pas?

    5 – Un petit extra…

    J’ajoute un dernier point. Bien que je sois totalement en accord avec le propos, il n’est pas de moi. Quand on m’a confié le mandat d’écrire cet article, je n’ai pas pu m’empêcher de demander à Marie-Michèle Gagnon quel était son propre coup de coeur. Alors voilà:

    “Mon coup de coeur au Mont-Orignal est la vue du coucher de soleil du sommet de la montagne ! Que ce soit aperçu à la fin d’une journée de ski ou après la montée de montagne en raquette l’hiver ou hiking l’été !” -Marie-Michelle Gagnon

    Le Mont-Orignal, c’est cette extrusion rocheuse qui gît à travers les champs de Bellechasse, c’est cet endroit si chaleureux qui sait si bien réunir les gens. Évidemment, ça ne se limite pas à cette brève présentation. Plusieurs autres éléments seraient dignes de mention. J’y ai vécu tant de bons moments que la liste pourrait être beaucoup plus longue! La meilleure manière de forger votre propre guide et de venir tenter l’expérience… et vous m’y croiserez peut-être!

    Ski adapté: Chronique d’un pilote passionné

    J’ai débuté sur les planches en très bas âge. Le ski a toujours été une passion pour moi et ma famille. Le fait d’habiter tout près d’une station a certainement aidé à préserver cette passion. Malheureusement au milieu des années 80, alors âgé de douze ans, une vilaine chute en ski dans le sable a presque mi un terme à ma carrière de skieur. À mon arrivée à l’hôpital, les médecins informent mes parents qu’il est fort possible que j’aie à subir l’amputation de la jambe gauche. Je croyais bien à cette époque que le ski était bel et bien terminé pour moi. Heureusement, suite à de nombreuses chirurgies et séances de réadaptation, une année plus tard, je retournais sur les pentes, craintif, mais toujours aussi passionné. Les années se succédèrent et le ski demeura au premier plan de mes activités hivernales.

    Le déclic

    Il y a maintenant près d’une dizaine d’années, alors que j’étais en ski, j’ai aperçu un drôle d’équipement. Ça ressemblait à un traineau à chien bizarre qui descendait les pentes! Intrigué, je regardais ces drôles de personnages dévaler les pentes dans une grâce sortie tout droit des plus grands films de danse.  Un genre de « donner au suivant » qui me touche droit au cœur. Après quelques saisons à les regarder faire, par une belle journée de 2009, je ne peux résister plus longtemps. Je leurs pose donc cette fameuse question qui changera ma vie de skieur: « Puis-je l’essayer? ». Certain! Me répondent-ils. C’est alors que j’apprends qu’ils sont justement à la recherche de nouveaux pilotes, et qu’ils se feraient un immense plaisir de m’enseigner les rudiments du pilotage du Tandemski. Je ressens alors un sentiment de bonheur, une chaleur qui m’envahit comme si je venais de découvrir le Saint-Graal du ski.

    Je débute alors ma formation dans les semaines suivantes. Non sans difficultés, je persévère et à force de pratique, deux semaines plus tard, j’ai finalement l’autorisation d’avoir un « vrai » passager dans l’appareil. Ma conjointe devient alors mon « dummy ». Grâce à elle, j’effectue de nombreuses heures de pratique jusqu’au moment où mon formateur et moi-même jugeons que je suis prêt. Quelques paperasseries plus tard, je suis enfin accrédité au niveau de l’Association Canadienne des Skieurs Handicapés (CADS/ACSH). C’est finalement au début de 2010 que je peux piloter pour mes premiers clients. Dès lors, le ski adapté devient pour moi un portail où je peux transmettre ma passion tout en distribuant du bonheur à toutes ces personnes qui sans quoi, n’auraient pas accès aux plaisirs de la glisse hivernale!

    Je découvre alors un monde de gens animés d’une détermination qui me rappelle mes propres efforts pour m’en sortir à mes douze ans. Des gens qui vivent des malheurs incommensurables mais qui sont tout de même souriants et qui rayonnent de bonheur. Des gens intelligents qui ont des histoires hors du commun et qui redéfinissent mes propres préoccupations. J’éprouve un immense plaisir à écouter leurs anecdotes, leurs hauts comme leurs bas m’aident à surmonter mes propres difficultés et embellissent mon petit monde. Tous ces gens qui hurlent de bonheur en descendant les pentes. Ces gens qui me poussent à atteindre et même surpasser mes propres limites de pilote. Tous ces gens qui me rappellent à quel point je fais une différence dans leur quotidien. Quel immense bonheur j’ai d’entendre qu’ils se sont procuré un casque, des lunettes et des vêtements chauds afin de pouvoir se qualifier eux même de skieurs. Je sais que je fais une différence et ça me fait du bien. C’est en fait une accumulation de sentiments qui se s’entrechoquent pour former une boule d’émotions difficile à retenir. D’ailleurs, tous ensemble avec mes amis pilotes, nous avons une petite phrase: « N’enlève pas tes lunettes! », derrière celles-ci, personne ne voit nos larmes qui sont tantôt de peine, tantôt de pure joie.

    Importance de l’accessibilité

    Un jour, en pleine discussion avec un client, que je prends connaissance de tout ce qui en coûte à certains pour venir me voir, de toute la logistique derrière leur arrivée à la station, je pense qu’il y a certainement une solution pour leur venir en aide et diminuer leur fardeau. En compagnie d’autres pilotes, je décide d’approcher quelques commerçants de la région trifluvienne afin d’offrir le service gratuitement. Ceux-ci sont plutôt timides au début mais nous réussissons tout de même à en convaincre quelques uns. C’est finalement l’année suivante, en 2012, que le service est offert gratuitement. Depuis ce temps, les clients n’ont plus à débourser pour avoir accès à nos services. De plus, au même moment, tous les pilotes décident d’offrir leur temps bénévolement, leur grand cœur étant encore mis à contribution. Même la station Vallée -du-Parc, où j’ai l’immense bonheur de pratiquer le ski adapté, emboite le pas en offrant gratuitement l’accès, non seulement aux clients, mais aussi à leurs accompagnateurs. Je suis aux anges, et tous les acteurs qui y participent le sont aussi.

    Je crois qu’il est rare dans la vie d’avoir la chance de transmettre sa passion et d’avoir l’impression de retirer plus que ce que ça nous demande. Lors d’une rencontre annuelle, je parlais de ma passion et de mon bénévolat à un professionnel de la santé qui, utilisant un ton un peu hautin, me dit : « Le bénévolat ce n’est pas payant! », je lui ai alors répondu « Qu’effectivement, le bénévolat ce n’est pas payant, c’est enrichissant! », je le crois profondément.

    J’ai dû depuis maintenant deux ans mettre en veilleuse ma carrière de pilote de ski adapté pour passer plus de temps avec mes enfants. Ils sont encore à l’âge de vouloir skier avec papa et j’en profite. Cependant, dès qu’ils seront suffisamment âgés et un peu plus autonomes, et qu’ils ne voudront plus toujours skier avec papa, je retournerai au ski adapté, c’est vital, j’en ai besoin.

    Je sais que plusieurs stations à travers le Québec offrent le service de ski adapté, mais à ma connaissance une seule organisation l’offre gratuitement. Je vous invite donc à contacter la station près de chez vous afin de connaitre les modalités d’offre de service de ski adapté. Merci et bonne saison à tous mes amis de Ski Adapté Mauricie, vous êtes des hommes de cœur! Bon ski adapté à tous!

    Le ski sur le sable au Pérou : un peu de technique et d’histoire

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    Afin d’aider les néophytes à se familiariser avec la sensation de glisse sur le sable, l’équipe de la SandSnow School prend en charge les skieurs et planchistes dès leur arrivée sur le site de l’Oasis de Huacachina. Lors de ma première journée, Alejandro Veliz m’accompagne et m’explique la technique, la méthode de cirage et me parle aussi de l’histoire du ski et de la planche sur le sable au Pérou.

    Des bases de ski adaptées

    D’abord, il faut savoir que les skis sont adaptés pour assurer la glisse sur le sable. La base traditionnelle du ski est recouverte d’un matériau composite appelé «formica». Il s’agit d’un plastique laminé apposé sur la base du ski, qui est ensuite poli avec du papier sablé pour former une surface lisse. Puis, avant chaque descente, il faut appliquer partout sur la base du ski de la cire non fondue provenant d’un bout de chandelle, qui s’étend ensuite uniformément au contact du sable chaud. Le ski devient alors très glissant, à peu près comme sur la neige après un bon cirage.

    Une technique un peu différente

    La technique de descente diffère légèrement de celle sur la neige. La plus grosse différence se situe au niveau de la mise à carre, qu’il faut éviter sur le sable sous peine de ralentir; le défi consiste alors à laisser les skis le plus à plat possible, même dans les virages, pour conserver sa vitesse. J’avoue que c’est l’aspect qui m’a donné le plus de fil à retordre, puisque c’est difficile de modifier cette partie de la technique.

    La notion de vitesse est également un peu plus difficile à gérer. Dès qu’on arrive en bas de la dune, la vitesse se perd très rapidement. C’est pourquoi les dunes skiables ont une inclinaison très prononcée, entre 35 et 45 degrés, afin de permettre au skieur de conserver sa vitesse tout en effectuant des virages. Autre aspect qui diffère: on doit mettre son poids un peu plus sur les talons pour garder sa vitesse tout au long de la descente et question aussi d’anticiper le plat au bas de la dune.

    Un peu d’histoire

    Le sandbording traditionnel (planche sur sable), qui consiste à descendre une dune en ligne droite, à plat ventre sur une planche, existe depuis très longtemps au Pérou. La légende veut que cette pratique remonte aussi loin que la culture mochica (une culture pré-Inca ayant évolué de l’an 100 av. J.-C. à 800 apr. J.-C.), alors que les individus utilisaient des planches pour descendre les dunes lorsqu’ils se déplaçaient à travers le désert. Cet usage utilitaire s’est par la suite transformé en loisir, et fut popularisé à l’échelle nationale à partir des années 1980 avec comme lieu de pratique principal l’Oasis de Huacachina.

    En 2007, Martin Guerra – fondateur et codirecteur de la SandSnow School – entreprend de promouvoir et de professionnaliser, dans son pays natal, une pratique qui gagne en popularité, soit la fusion entre le sandboarding traditionnel et la planche à neige pratiquée sur le sable. Par la même occasion, il entame le développement de ce «nouveau» sport à différents endroits sur la côte du Pérou, en majeure partie désertique et présentant plusieurs possibilités de glisse grâce à de hautes dunes, certaines ayant même un dénivelé de 1200 mètres comme le Cerro Blanco près de Nazca et le Toro Mata près d’Acari. Aujourd’hui, plusieurs compétitions de planche sur le sable se tiennent au Pérou, et l’équipe de la SandSnow School et ses partenaires offrent même des cours d’initiation aux enfants.

    L’histoire du ski «professionnel» sur le sable au Pérou est plus récente, bien qu’on le pratique depuis les années 1950 en Europe et en Océanie, et même au Québec sur les dunes de Tadoussac. C’est en 2014 qu’un skieur suisse, Laurent Bernhard, s’allie à Martin Guerra pour implanter le volet «ski» au sein de l’organisation SandSnow School. Cette dernière est la seule école professionnelle de ski et planche sur le sable en Amérique, et au-delà de l’accueil des touristes skieurs et planchistes, Martin, Laurent et leur équipe travaillent à développer une culture pour ce sport au Pérou.

    Pour en savoir plus, consultez le site Internet de SandSnow School ou la page Facebook

    Skier autrement au Pérou

    En ce 29 décembre 2015, il fait un 35 degrés Celsius cuisant mais sec. Je me trouve au beau milieu du désert d’Ica au Pérou, au sommet d’une dune, les skis aux pieds, prêt à descendre. Je regarde le paysage qui se dévoile à mes yeux; bien que celui-ci soit composé de formes rappelant l’environnement montagneux, le sable remplace la neige et la chaleur substitue le froid. L’inversion est totale, le dépaysement aussi. Il y a quelque chose d’un peu irréel dans ce que je m’apprête à faire.

    Alejandro Veliz, un sandboarder qui travaille pour l’organisation SandSnow School, m’encourage à me lancer : « Allez! Vas-y mon chum! » Outre sa langue natale qu’est l’espagnol, ce Péruvien parle bien l’anglais et balbutie quelques mots français grâce aux nombreux skieurs et planchistes qui, comme moi, passent par l’Oasis de Huacachina pour vivre l’expérience du ski ou de la planche sur le sable durant un voyage au Pérou.

    Je m’élance donc sur la pente raide de la dune. Mes virages s’enlignent à merveille sur une surface soyeuse: la base compacte est recouverte de quelques millimètres de sable fin et léger, voire même poudreux. La sensation de glisse est très similaire à celle du ski sur une piste fraîchement damée, sans glace, recouverte d’un peu de neige. Malgré le fait que je sente une petite résistance qu’on ne retrouve pas sur la neige, je suis en mesure de bien descendre, de faire du grand ou du court rayon et de prendre de la vitesse.

    L’expérience Huacachina

    Quelques heures auparavant, je me trouvais dans l’autobus qui me transporte de Lima, la capitale du Pérou, jusqu’à la ville d’Ica. Sur le chemin, deux paysages s’offrent aux yeux: d’un côté le désert, aride, et ses dunes; de l’autre, la côte qui se noie dans l’océan Pacifique.

    Du terminus d’autobus d’Ica, en plein milieu du typique chaos urbain péruvien, il faut prendre un taxi qui nous amène à l’Oasis de Huacachina, situé à seulement 10 km de la ville. Cet endroit, construit autour du petit lac entouré de dunes, est constitué principalement d’hôtels et de restaurants. C’est un arrêt reposant pour le touriste qui découvre le Pérou, tout comme pour le Péruvien qui désire se la couler douce pour une fin de semaine.

    C’est à l’Oasis que sont situés les bureaux de la SandSnow School, où m’accueillent Alejandro et sa collègue Rossana Rodriguez. Ceux-ci m’y attendent afin de me fournir les skis et les bottes; puis, à 15h, une fois les ajustements effectués, Alejandro et moi nous dirigeons vers une des dunes qui s’élèvent où la rue de l’Oasis se termine. Nous montons un peu à pied, question d’essayer la sensation de glisse sur le sable.

    Après m’avoir prodigué ses conseils, Alejandro me laisse tester le sable. La sensation est un peu différente comparativement à la glisse sur la neige, mais je m’y habitue très vite. En fait, n’importe quel skieur, peu importe son habileté, sera capable d’adapter sa technique.

    Après deux petites descentes «test», nous embarquons dans un buggy qui nous transporte à plusieurs kilomètres, vers les hautes dunes de cette partie du désert. Il est environ 16h, et le soleil se couche vers 18h30. Nous avons le temps d’enchaîner plusieurs descentes sur différentes dunes, dont le dénivelé se situe autour de 150 mètres, avant d’assister à un superbe coucher de soleil.

    À la sueur

    Comme j’aime bien aussi «gagner» mes virages, je me lève vers 6h le lendemain matin. Mon idée est de skier quelques fois une dune d’environ 200 mètres de dénivelé qui surplombe l’Oasis. Celle-là n’est pas accessible en buggy, puisque son sommet prend la forme d’une longue et mince crête. Je passe donc aux locaux de SandSnow School pour reprendre les skis, que je place sur mon sac à dos, et par le fait même saluer Alejandro et Rossana qui attendent un groupe de planchistes pour 7h. C’est que les journées de ski se déroulent en deux temps, soit entre 7h et 10h et entre 15h et 18h. Entre cela, il fait trop chaud.

    Je prends donc d’assaut la dune avant que le soleil ne se fasse trop insistant. L’ascension me donne le temps de contempler le paysage, d’apprécier l’endroit et de profiter de ce moment où tout semble s’être arrêté. Rien ne bouge ici, pas un son ne vient briser le silence. L’horizon composé de courbes montagneuses brunes, qui s’étendent à perte de vue, représente quelque chose de déroutant pour l’esprit. Et on en vient à s’émerveiller de cet environnement qui n’est pas a priori naturel pour le skieur.

    Du haut de la dune, j’ai une vue sur l’Oasis, certes, mais aussi à l’opposé sur ce que les gens du coin appellent «la terre promise»: une route bordée d’habitations de fortune, qui s’enfonce à perte de vue dans le désert.

    Prenant mon temps, je m’applique au rituel d’étendre la cire de chandelle sur la base du ski avant la descente. Je pose ensuite les skis sur le sable, insère les bottes dans les fixations et m’élance pour la descente. Les conditions du champ de sable sont parfaites. À chaque virage, le son des skis qui glissent délicatement ne cesse de me fasciner, alors que mes traces s’imprègnent sur le sable. Je recommence l’ascension et la descente une seconde fois. Si la substance est différente, le plaisir de skier, lui, ne s’est pas perdu.

    Voici une courte vidéo pour vivre un peu plus la sensation de glisse sur sable, au chaud!

    Suivez le guide à Belle Neige

    Photos G. Larivière et C. Deschamps

    Les basses Laurentides, c’est là que j’ai appris à skier et c’est là que j’ai découvert ma passion pour ce sport. À cause de ça, c’est dans ces montagnes – petites et familiales pour la plupart – que je me sens le plus chez moi. Plus jeune, j’ai rapidement adopté Belle Neige comme une de mes favorites. C’est une station familiale avant tout, et idéale pour emmener son conjoint et ses petits sans les perdre ni accidentellement prendre une piste trop difficile. J’y retourne encore volontiers avec des amis de niveau débutant-intermédiaire. Voici donc les 5 coups de cœur que le mini-moi de 13 ans a découvert et que le grand moi adulte continue d’apprécier!

    1. La familiarité

    Ce qui m’a le frappé le plus dès ma première ascension vers le sommet de Belle Neige, c’est l’ambiance chaleureuse qui règne dans le chalet et sur la montagne. La clientèle étant principalement des familles, on n’y retrouve pas l’effet que j’appelle « terminal d’aéroport » où on se méfie des gens autour de nous. Le simple fait que les pistes soient sur un versant Est bien boisé (sans boulevards excessifs) donne un ton rustique et tranquille à la station, et si on laisse nos jeunes se promener par eux-mêmes, on ne risque pas de les perdre : il n’y a qu’un sommet et une seule base.

    2. L’achalandage

    Il semble que beaucoup de gens de Montréal s’arrêtent dans la vallée de Saint-Sauveur sans regarder beaucoup plus loin. Toutes les fois où je suis allé à Belle Neige, l’attente n’a jamais dépassé les 10 minutes au télésiège quadruple, même durant la relâche scolaire, et il y a de l’espace pour circuler sur les 20 pistes de la station sans se bousculer. Lors des journées de grand achalandage, un télésiège double et une arbalète fonctionnent pour répartir la demande. (Truc : ils ont généralement moins d’attente.)

    3. La variété

    En bonne station familiale qui se respecte, Belle Neige dispose bien sûr d’une zone d’apprentissage bien développée et d’un bon lot de pistes pour débutants et intermédiaires. Ce qui est intéressant, c’est qu’on peut assez facilement faire une progression de niveaux jusqu’à un sous-bois double-noir (l’Orignal), en passant par de bonnes pistes droites et pentues pour le carving (la Zermatt)!

    4. Le Sentier des toutous

    Pour initier les petits au ski en sous-bois, le Sentier des toutous est un classique de la station et probablement la plus belle piste du genre de la province. C’est un sous-bois bien éclairci, damé à la motoneige et peu pentu, parsemé de toutous accrochés aux arbres. C’est super amusant de le descendre avec les petits et leur apprendre à passer entre les arbres dès les débuts, mais je vous confie qu’il m’arrive aussi d’y aller tout seul…

    5. L’Orignal

    Si le Sentier des toutous est trop… blasant, il y a l’Orignal : un sous bois plus abrupt avec un bon défi pour les skieurs intermédiaires-avancés. Il est assez technique pour prendre plus de temps à descendre que le Sentier des toutous, surtout si vous êtes en train de descendre alors que votre conjoint(e) est dans les Toutous avec le petit. Vous arriverez peut-être en bas en même temps!

    Bref… Dépassez Saint-Sauveur sur l’autoroute 15 et allez explorer la route 117 à partir de Val-David, c’est la face cachée des Laurentides! Commencez par une journée à Belle-Neige; en famille, vous ne le regretterez pas, il y en a pour tout le monde. Par la suite, vous pourrez continuer vers le nord, il y a plein de belles petites stations familiales et pittoresques.

    Conseils d’un acheteur impulsif: le casque de ski

    Photos G. Larivière et J. Munn

    Il n’y a pas si longtemps, moins de 10 ans dans mon cas, je skiais sans casque avec une merveilleuse tuque à pompon, que j’ai encore d’ailleurs. Les gens qui skiaient avec des casques, c’était les pros! Puis un beau Noël, mon père nous a acheté des casques de ski à mes sœurs et moi. Ce fut pour ma part une révélation… Premièrement, wow, un casque c’est chaud! Deuxièmement, la fille en moi (je suis un peu coquet) s’est dit : « cool, plus besoin d’agencer sa tuque avec son manteau et ses pantalons de ski! ». Et finalement, j’allais pouvoir ne plus me soucier de me fracasser la tête quelque part en faisant des folies (je suis un brin téméraire). Pourquoi toute cette mise en scène? Sachez, chers amis skieurs, qu’un casque n’a pas une durée de vie illimitée, contrairement à ce que je pensais.

    À l’instar des bancs de bébés, pour ceux qui ont des enfants, les casques ont en moyenne une durée de vie entre 3 et 5 ans, tout dépendant de l’utilisation que vous en ferez… sans oublier que le casque ne doit plus être utilisé lorsqu’il a subi un impact. Alors, j’en suis donc à magasiner un nouveau casque cette année, mais avec toutes les avancées technologiques et les nouveaux joueurs sur le marché, comment choisir le bon? Notez que je suis le genre d’acheteur qui, avant de se commettre à dépenser des dollars durement gagnés, fait le tour de ses amis pour les questionner sur leur casque, puis à passer quelques heures à fouiner sur le web afin de lire toutes les évaluations possibles voire même inimaginables pour se faire une idée du casque idéal. Quand toute cette enquête est terminée, je me déplace en magasin pour l’achat avec un grand « A ». Voici ce je regarde, autant dans les évaluations de produits qu’en magasin :

    Le côté sécurité

    Selon Ski Canada, il faut choisir un casque approuvé qui porte l’une des étiquettes suivantes : CEN 1077, ASTM F-2040 ou Snell RS-98. Une étiquette collée au fond du casque indiquera l’approbation. Il va sans dire que presque tous les casques répondent à l’une ou l’autre de ces normes. Pour ma part, comme mon cerveau est au cœur de mon travail, qui lui est essentiel pour générer le revenu nécessaire à la pratique du ski alpin, je préfère mettre toutes les chances de mon côté.

    Qu’en est-il des nouvelles technologies offertes, telles le système de protection cérébrale de MIPS qui améliorent la protection de votre tête? Dans un casque muni de ce système, la coquille et la doublure sont séparées par une couche à faible frottement qui, lors d’un impact, permet au casque de glisser par rapport à la tête. Plusieurs marques ont adopté la technologie MIPS qui semble devenir le nouveau standard en matière de protection cérébrale. Seul petit bémol, un modèle de casque avec la technologie MIPS coûtera entre 40$ et 60$ de plus que le modèle sans.

    Les styles de casques

    Il existe plusieurs styles de casques, mais les besoins de la population de skieurs tendent généralement tous vers le même type de casque. Exception faite des amateurs de snowscoot, qui a vraiment besoin d’un « full face » de type motocross? Ensuite, si vous avez des enfants qui font partie d’un club de course ou si, comme moi, vous connaissez quelqu’un, disons un peu moins jeune qui a décidé de revêtir le « skin suit » mettant en valeur les poignées d’amour et qui participe aux épreuves des maîtres vous êtes probablement familier avec le casque entièrement rigide ou « full shell ». Celui-ci inclut des côtés rigides pour couvrir les oreilles et des trous pour y visser un protège menton/mâchoire. Mais ultimement, le skieur québécois en général porte un casque de type demi-coquille ou « half shell » qui est constitué d’une coquille dure mais de protège-oreilles mous, ainsi que d’une doublure intérieure amovible pour être lavée -oui, lavez-la! Une tête aussi ça transpire, et le M. Net en moi aime ça les casque propres.

    La ventilation

    Avez-vous déjà revêtu un costume de mascotte? Moi oui, elle s’appelait « Cookie »! Un point capital du costume de mascotte est le ventilateur dans la tête du costume, parce que dans cette tête sympathique de biscuit, il faisait vraiment chaud. Le même principe s’applique ici en ski. Personnellement, je transpire facilement de la tête lors d’efforts soutenus alors je veux que cette chaleur soit évacuée rapidement et efficacement par les trous d’aération de mon casque.

    Il existe principalement deux types de systèmes de ventilation, soient ceux fixes et ceux ajustables. Entre deux casques de même valeur, j’opterais pour celui avec un système d’aération ajustable qui permet de réguler la température par temps extrêmement froid. Fait à noter, que certains casques offrent une ventilation dirigée sur la mousse du contour des lunettes, leur permettant ainsi de ne pas s’embuer. Le gros luxe!

    Les extras

    Je ne vous le cacherai pas, je suis un puriste, c’est-à-dire que je préfère un casque sans gadgets, mais sachez qu’on retrouve aujourd’hui toute sorte de gadgets qui peuvent améliorer votre expérience. Par exemple de plus en plus de casques sont dotés d’un système d’ajustement comme une petite roulette serrant l’arrière et les côtés de la tête. Souvent, le même principe existe dans les casques de vélo et même dans les casques de hockey. Également très populaire chez les jeunes, le système audio intégré. Oui, certaines compagnies offrent quelques modèles équipés d’écouteurs intégrés, munis des habituels contrôles de volume et de puissance, tandis que d’autres offrent la possibilité d’y insérer nos propres écouteurs. L’ultime gadget: la connectivité Bluetooth, au cas où vous voudriez appeler votre douce moitié ou votre partenaire de ski qui est déjà au bar pour lui demander de vous réserver une pinte pendant que vous dévalez les derniers mètres de piste en direction du bar.

    Finalement, le prix de votre casque ne variera qu’en fonction des gadgets et nouvelles technologies offertes. Prévoyez payer entre 50$-300$ pour un casque, selon vos goûts, besoins et les options qu’il offre. Avec toutes ces informations en tête, je suis allé magasiner et quand je suis arrivé en boutique j’ai laissé de côté tous ces beaux critères pour essayer celui que je trouvais le plus « hot » et le commander en ligne… je suis aussi un émotif, impulsif qui se laisse emporter devant les innombrables possibilités qu’offrent à la fois la boutique de ski que je côtoie et les commerces sur le web. 

    Suivez le guide au Mont Garceau

    Photos Éric Boyczun

    Le village de St-Donat dans la région de Lanaudière compte deux stations de ski très rapprochées, soient La Réserve et Ski Garceau. J’ai d’ailleurs rédigé l’article sur La Réserve dans l’édition « Suivez le Guide » de l’an dernier, et cette année, je tenais à vous faire part de mes coups de coeur pour sa voisine, Ski Garceau. Cette station est, selon moi, l’une des stations les plus complètes et diversifiées au nord de Montréal, en plus de représenter une très belle alternative à la très populaire station de Tremblant! Avec un très bon dénivelé (305 mètres) et de belles pistes larges et bien entretenues, Garceau se veut un endroit idéal pour y faire du bon ski de tout niveau mais surtout pour s’éclater en carving à bonne vitesse! Voici donc cinq aspects incontournables de cette belle montagne de la chaine des Hautes-Laurentides.

    1 – Une vue à couper le souffle

    On arrive à Saint-Donat en empruntant les routes 329 ou 125. On constate assez rapidement que c’est une région où les montagnes sont plus élevées et imposantes que dans les Basses-Laurentides! Avant même d’arriver au sommet de la station de Ski Garceau, un superbe panorama s’offre aux skieurs. Dès la mi-montagne, on admire les lacs Archambault et Ouareau, et entre ces deux lacs, le village de St-Donat. Quelques kilomètres plus loin se dresse la majestueuse Montagne Noire et derrière celle-ci, le sommet du versant nord du mont Tremblant! J’adore le point de vue qu’offre le sommet de Ski Garceau et c’est toujours un plaisir de skier devant un si beau paysage, descente après descente, lors d’une magnifique journée ensoleillée.

    2 – Du ski en carving à bonne vitesse dans la Togo

    Ski Garceau possède l’une des plus belles pistes de compétition au nord de Montréal, la Togo! Cette piste à fort défi, homologuée par la Fédération internationale de ski (FIS), est souvent employée pour des compétitions de haut niveau. Si vous aimez faire de belles longues descentes sur une piste large et bien entretenue avec un degré d’inclinaison constant, et que vous appréciez pousser vos skis au maximum afin d’atteindre des vitesses vertigineuses, vous adorerez cette piste! Pensez à la visiter tôt en matinée afin de profiter des meilleures conditions.

    3 – Du ski en sous-bois

    La station recèle plusieurs sous-bois mais un de ceux-ci me fait particulièrement plaisir et m’offre de très beaux défis! Il se nomme le Sous-bois (#10 sur la carte); c’est l’un des plus longs au Québec et son parcours propose du terrain très varié, allant des endroits plus larges aux passages serrés, incluant petits cap rocheux, bosses, et beaucoup d’arbres à contourner sur une belle neige naturelle! Amateur de sous-bois, celui-ci est un incontournable que vous devez absolument essayer lors de votre visite à Ski Garceau.

    4 – La variété du domaine skiable

    Ski Garceau se veut une station familiale par excellence grâce à la variété de son terrain, qui compte de nombreuses pistes de niveau débutant et intermédiaire, en plus des pistes plus difficiles réparties un peu partout en montagne, sans oublier les sous-bois! La station effectue un entretien méticuleux de son domaine skiable et ses infrastructures sont d’une grande qualité. Tout est fait ici dans le but de rendre la journée de ski des plus agréables! Deux remontées mécaniques quadruples, dont une dotée d’un tapis d’embarquement, permettent d’accéder au sommet et font en sorte qu’il n’y a presque jamais d’attente! Un tapis magique dessert la zone pour débutants, ce qui constitue un avantage indéniable pour les plus jeunes skieurs. Le parc à neige est également fort appréciable et plait bien aux fans de modules et sauts. J’aime également beaucoup l’atmosphère qui règne à cette station alors que de nombreuses familles s’y retrouvent le weekend pour les cours de ski, les nombreuses compétitions ou tout simplement pour profiter d’une belle journée de ski!

    5 – Skier au soleil sur une belle neige abondante

    Une des caractéristiques que j’adore de Ski Garceau est son orientation géographique, qui permet de skier presque la majorité de la journée au soleil et ainsi d’éviter les zones sombres (le fameux « flat light » de fin d’après-midi). La situation géographique de la station ne lui donne pas seulement la chance d’être au soleil toute la journée mais aussi, elle reçoit des accumulations de neige plus abondante que dans la majorité des stations de ski situées plus près de Montréal puisqu’elle fait partie de cette fameuse ceinture de neige (laurentian snowbelt)! La base de la montagne se retrouve à plus de 400 mètres d’altitude et croyez moi, cela fait souvent toute une différence entre une journée perdue à cause de la pluie et une belle journée de tempête hivernale lorsque vous avez l’audace de conduite 40 minutes de plus vers le nord!

    En conclusion, Ski Garceau a tout pour plaire, pour tous les goûts et depuis quelques années, on y rajoute un peu plus de piquant avec de nouveaux sous-bois un peu partout dans la montagne! Si vous aimez skier dans les régions des Laurentides et de Lanaudière, Ski Garceau et ses 305 mètres de dénivelés sont un incontournable à visiter pour une découverte, ou une redécouverte! Je vous donne ma parole que vous ne serez pas déçus… et ouvrez l’oeil lors de votre visite, j’y serai peut-être!

    Auberge de Montagne des Chic-Chocs: Envoûtante et exaltante

    L’Auberge de Montagne des Chic-Chocs, c’est le « chalet » que tous les skieurs rêvent d’avoir. Lors de notre visite, nous y avons vécu un rêve éveillé! Nous avons enfin eu l’occasion d’aller découvrir l’endroit et de s’approprier, pour quelques précieuses journées, les secrets et la beauté du site, qui souffle cette année ses 10 chandelles d’existence. Compte-rendu d’un coup de foudre programmé au coeur des Chic-Chocs.

    L’accueil, effectué à Cap Chat, est le moment où tous les convives se retrouvent un peu avant le départ vers l’Auberge. Un guide prend nos présences et nous explique le déroulement des trois prochaines heures: on parcourra 55 kilomètres en autobus puis en véhicule équipé de chenillettes pour se rendre à destination, où l’ensemble du personnel nous attend pour la distribution des chambres et la visite guidée de l’Auberge. Le temps requis pour couvrir la distance entre Cap Chat et l’Auberge est en grande partie dû à la faible vitesse à laquelle les véhicules à chenillettes peuvent rouler: maximum 30km/h! On commence donc à relaxer bien avant d’arriver à l’Auberge.

    La route offre un paysage d’une grande beauté. L’autobus suit le parcours qui longe la rivière Cap Chat, fort appréciée des pêcheurs sportifs pour ses fosses à saumon. Nous sommes au creux d’une vallée flanquée de montagnes de plus de 800 mètres d’altitude. Les kilomètres nous séparant de l’Auberge diminuent et nous observons avec envie les flancs et les sommets à partir desquels nous imaginons déjà des descentes de ski jouissives. Puis, au détour d’une courbe, l’Auberge apparait, surréelle, juchée sur un petit plateau, orientée franc sud.

    Le bâtiment

    L’entrée de l’Auberge, à la fois sobre et majestueuse, est le parfait symbole de l’esprit du bâtiment. La construction, effectuée avec des matériaux « cueillis » et transformés sur place, allie la force et la robustesse d’une nature rompue aux luttes contre les aléas de la météo avec les détails subtils et songés, d’une considération à la fois esthétique et pratique. Partout, les éléments de décoration rappellent la nature environnante: porte-manteaux en bois de cervidés, sculptures métalliques reprenant la silhouette des conifères et des montagnes environnantes sur les abat-jour des lampes, rose des vents incrustée dans plancher -orientée au degré près- et surtout, ce sublime lustre surplombant l’escalier menant du rez-de-chaussée à la salle à diner, garni de panaches d’orignaux.

    Les chambres, d’une dimension fort raisonnable, offrent un confort douillet dans un décor à la fois moderne et rustique. Fait à noter: toutes les fenêtres de l’Auberge sont munies de loquets… et il est possible de les ouvrir même en plein hiver pour admirer la vue, prendre une photo rapide et une bouffée d’air frais. Qui a besoin de l’air climatisé? C’est donc empreints de cette espèce de fébrilité typique des voyages de découverte que nous défaisons nos bagages et prenons possession des lieux.

    La visite guidée de l’Auberge a deux objectifs: aider les visiteurs à se familiariser avec les lieux et permettre aux guides de prendre un premier pouls quant aux besoins et envies des invités en lien avec les activités offertes -inclues dans le forfait. La salle commune du rez-de-chaussée accueillera chaque matin les participants intéressés à une séance d’étirements, le vestiaire des skieurs offre toutes les commodités requises pour se préparer avant une randonnée ou faire sécher l’équipement après la journée, la boutique permet de dépanner en cas d’oubli d’accessoires, le spa et le sauna sont prêts pour contribuer à la relaxation de nos muscles, et une massothérapeute est même disponible sur place -réservez vite, elle est en demande!

    Une fois la visite guidée complétée, nous sommes laissés « à nous-même »: les guides sont disponibles pour répondre aux questions et préparer les équipements de prêt (bottes de ski haute-route, peaux d’ascension, skis et autres accessoires), et le 5 à 7 s’annonce fort intéressant au coin bar à l’étage. Une tablette iPad circule avec des photos et vidéos de l’Auberge, illustrant les activités et centres d’intérêts de l’endroit pendant les quatre saisons, de quoi donner envie d’y revenir pour du vélo de montagne et de la randonnée estivale!

    Les sorties: guidées ou en autonomie

    Lors de la visite de l’Auberge, les guides ont pris en note mentalement les souhaits de sorties des invités. La présentation des activités quotidiennes se fait lors du repas du soir, entre le plat principal et le dessert. Quotidiennement, il est possible de choisir entre une sortie guidée, ou une sortie en autonomie. Ainsi, si certains visiteurs préfèrent se balader calmement dans les sentiers environnant l’Auberge, ils peuvent le faire à leur guise, tout en respectant deux conditions de sécurité: s’inscrire au registre des sorties, sur une feuille dans le vestiaire, et toujours sortir en emportant une radio et un DVA (détecteur de victime d’avalanche). Les sorties guidées sont planifiées en fonction du calibre des skieurs et des conditions climatiques. Puisque l’objectif incontournable est de trouver la meilleure neige, les guides se fient aux aspects des versants, aux vents ainsi qu’à leur expérience pour emmener les skieurs dans les secteurs les plus intéressants. Nous avons effectué des sorties guidées dans deux secteurs différents, dont nous avons relaté le déroulement sur notre forum: lisez nos compte-rendus sur le Mont 780, ainsi que sur le Frère du Nicol Albert.

    L’Auberge ne propose pas que du ski hors-piste comme activité (encadrée ou autonome). Dans le matériel disponible en « libre service » on retrouve des raquettes, des ski Hok (cette technique de glisse fait également l’objet d’un article dans le Mag), et même des crazy-carpets! Les visiteurs qui voudraient aussi simplement flâner dans la salle commune, somnoler au bord de l’énorme foyer vitré ou utiliser le spa et le sauna peuvent le faire presque à toute heure du jour ou de la nuit… À l’Auberge, on est tenus à un seul horaire: celui des repas! Vous voulez veiller autour du feu entre amis? C’est possible… mais avec les journées passées au grand air, on vous défie de dépasser 22h00 avant de tomber de sommeil!

    Les « détails importants »

    Hormis la qualité des repas et le confort de l’Auberge, plusieurs petits détails font en sorte que le séjour se déroule sans anicroche. Parmi ces petites attentions, voici celles qui, à notre humble avis, sortent du lot.

    • Prévention et premiers soins. Tous les matins à 8h00 tapantes, un guide est en poste pour aider les clients à prévenir les ampoules: trousse de premiers soins évoluée ouverte, on s’applique à installer des secondes peaux sur les points de friction ou ampoules déjà existantes. Cette « Clinique Ampoules » est très populaire au lendemain de la première sortie!
    • Les grosses pantoufles à bottes de ski. Le scénario classique: vous vous préparez pour une sortie en ski, vous êtes presque habillés jusqu’aux mitaines, les bottes de ski enfilées… et vous réalisez que vous avez oublié vos lunettes de soleil dans votre chambre. Puisqu’il est déconseillé de marcher à l’intérieur de l’Auberge en bottes de ski, la solution « logique » serait de les retirer… mais ces énormes chaussons en feutre, munis d’une semelle antidérapante, s’enfilent en bottes de ski et permettent la visite à la chambre ou aux toilettes sans avoir à se déchausser.
    • La séance d’étirements matinale: la massothérapeute, Sylvie, s’inspire des techniques de yoga et d’étirements sportifs pour assouplir et réchauffer le corps des skieurs encore un peu endormis. Cette séance quotidienne de 30 minutes est parfaite pour se secouer, éliminer les tensions et se préparer à la journée avant le petit-déjeuner. Les tapis de yoga sont rangés dans un meuble et sur une table, quelques suggestions d’étirements à effectuer après une sortie de ski. C’est une bonne idée d’y retourner en fin de journée…
    • L’absence de télévision et de wi-fi. L’Auberge a été conçu pour être autonome sur le plan énergétique, et les télécommunications se font par un lien satellite. Sans surprise, les appareils énergivores sont donc limités et aucune onde ne « pollue » le bâtiment. Pas de cellulaire, pas d’internet, pas de télé… parfait pour décrocher, se plonger dans un bon livre ou simplement admirer le paysage du creux d’un des fauteuils orientés vers les montagnes!
    • Les guides, professionnels et disponibles. Chaque ascension et descente est soigneusement planifiée en fonction des conditions du terrain et du niveau de forme physique des participants. Les guides séparent les groupes et effectuent les recommandations d’usage pour que chaque visiteur puisse tirer le maximum de son séjour tout en respectant ses limites personnelles. On se sent en confiance et bien encadré. Tous les guides employés à l’Auberge détiennent de multiples formations: cours de sécurité en terrain avalancheux et premiers soins en milieux hostiles sont une base requise, mais plusieurs ont en plus accumulé une solide expérience de guide ou d’instructeur dans différents domaines touchant le plein air et le tourisme d’aventure. Les récits des anecdotes qui ponctuent leurs vies ont de quoi faire pâlir d’envie le nomade qui sommeille en chacun de nous!

    Une note sur les forfaits

    Via le site de la SÉPAQ, les détails des forfaits sont indiqués pour des séjours hivernaux de 2 à 7 nuitées. En décortiquant les tarifs, on se rend compte d’une chose: même si le montant à débourser semble élevé à l’achat, il est en réalité très raisonnable si on considère l’ensemble des services offerts. À titre d’exemple, un séjour de deux nuitées coûte 538$ par personne, en occupation double. Ce forfait inclut: deux nuits dans une auberge 4 étoiles, tous les repas et collations, le transport aller-retour de Cap Chat jusqu’à l’Auberge, le prêt d’équipement de plein air et de sécurité (radios, DVA, sacs à dos, gourdes, skis de haute-route, raquettes, etc.), et bien entendu, les services des guides. Les seules dépenses supplémentaires à prévoir sont en cas d’achat au bar, à la boutique ou d’un massage. Si on avait à additionner les factures séparées des repas, des nuitées, de l’équipement et des guides dans un centre de villégiature où tout est disponible à la carte, la facture serait presque du double! La cerise sur le sundae: les premières traces en ski sont garanties. L’immensité du domaine skiable accessible et le faible volume de visiteurs font en sorte que chaque descente se fait sur une neige dépourvue de traces, exception faite de celles des animaux du coin!

    Au-delà du ski et de la qualité des services offerts à l’Auberge, un souvenir indélébile est gravé dans notre mémoire lors de notre départ: celui d’une expérience humaine enrichissante et inattendue. Les liens tissés entre tous les visiteurs et le personnel pendant les quelques jours passés à l’Auberge ouvrent l’esprit à une dimension totalement différente des autres séjours en formule « tout inclus ». Tous les employés de l’Auberge nous traitent comme des amis, et non pas comme des clients payants. Instinctivement, l’entraide s’installe et les convives se sentent au même niveau que les membres du personnel. Après tout, on partage tous la même « vie », le temps d’une trop courte visite!

    Le ski Hok, une drôle de bestiole à dompter

    Qu’arrive-t-il si on croise une paire de raquettes avec une paire de skis hors-piste? Ça donne des snowblades équipés de peaux d’ascension intégrées dans la base, qu’on peut utiliser en bottes d’hiver! Cet hybride de la glisse est une création américano-québécoise dont l’inspiration  provient directement d’une zone montagneuse d’Asie, l’Altaï. Voici la petite histoire et le récit de l’essai du ski Hok.

    L’origine

    En 2005, l’américain Nils Larsen a entrepris un voyage dont est né un documentaire portant sur la région de l’Altaï, un massif montagneux touchant quatre pays: la Russie, la Mongolie, le Kazakhstan et la Chine. Les peuples habitant ces montagnes ont une longue tradition de déplacement en hors-piste à l’aide de courts skis, suffisamment larges pour porter un homme lourdement chargé, équipés de peaux bien plus velues que nos peaux d’ascension en nylon/mohair. Nils Larsen, fasciné par ces skis dont l’invention date de bien plus longtemps que les techniques dites modernes provenant de la Scandinavie, fonde Altaï Skis en 2009, en compagnie de François Sylvain.

    Ces deux passionnés de la glisse et du hors-piste perfectionnent donc le ski Hok, un produit court, léger, dont la surface de contact est munie d’une mince peau d’ascension intégrée. Les fixations rappellent celles des raquettes: deux sangles à cliquet (ratchet) maintiennent la botte en place sur une plaque équipée d’un pivot avant, ce qui libère le talon pour faciliter la marche, comme en raquette… sauf que le but est de glisser. On est donc à l’endroit exact où se croisent la marche en raquettes et le télémark. Car oui, la technique de glisse à employer avec les skis Hok est le virage télémark: une génuflexion à gauche, puis une à droite, et on recommence!

    L’essai

    Dès le départ, tout est déstabilisant. On enfile des bottes d’hiver souples normales (les planchistes ont une longueur d’avance: ils peuvent utiliser leurs bottes!) et on les insère dans les fixations à cliquet. Un premier constat: mieux vaut attacher les skis sur un terrain plat car la première perte d’équilibre arrive vite! Deuxième constat: comme c’est léger! Les adeptes de la glisse minimaliste apprécient le faible poids de cet équipement. Troisième constat: toutes les notions de glisse, de mise à carre et de chasse-neige doivent absolument être oubliées, sans quoi la frustration arrive avant le plaisir!

    Les premiers mètres sont parcourus en mode « survie »: le groupe de cobayes s’élance en poussant des cris d’oies égarées. Les premières chutes font rigoler et le processus de deuil personnel est entamé. D’abord, le déni: voyons donc, je vais y arriver, ça va être facile, je suis une télémarkeuse. Et c’est l’échec… Non, ça ne réagit pas comme des télémarks. Bien qu’ils soient équipés de carres, les skis Hok se comportent comme des raquettes qui glissent et doivent rester le plus possible à plat dans la neige. Qui plus est, mes bottes d’hiver, qui flottent un peu dans les fixations, ne transmettent pas du tout mes commandes à l’animal que j’essaie de dompter. 2e étape du deuil: colère!

    La troisième étape du deuil, la négociation, survient quand on s’entête à procéder de la mauvaise manière, en espérant un résultat différent. Et bien entendu, arrive la quatrième étape, la dépression: les pattes en canard ou les skis croisés, les fesses dans la neige, on a deux choix: soit on rentre pour rendre les skis au plus vite, soit on se résigne et on essaie « pour vrai »!

    C’est donc l’acceptation, moment où on décide de laisser notre orgueil et nos connaissances de côté. On se met dans la bonne posture, on décide que ça ne change plus rien si on tombe même devant les caméras, et au diable la classe et la grâce. Et… ça finit par fonctionner! Le truc, c’est de « marcher » dans chaque pas en descendant. Puisque le terrain de prédilection pour le ski Hok est en pente douce, couvert d’une petite neige folle, la vitesse n’est jamais bien grande et le freinage rarement problématique.

    Les plus grands fervents de ski Hok auront tendance à les équiper de fixations de ski de fond « 3-pin » pour un meilleur maintien et une meilleure connexion entre le skieur et le ski. En y pensant bien, le poids est similaire et le contrôle doit être franchement meilleur! Cela dit, ce type de « moyen de transport » semble idéal pour des randonnées en terrain boisé, plutôt dégagé, autant pour monter que descendre des pentes douces. La clé sera de chasser la neige poudreuse et d’éviter les plaques durcies ou glacées, sur lesquelles les skis Hok réagissent aussi mal qu’un orignal sur une patinoire: on s’y étale de tout notre long!

    Vous êtes curieux d’essayer de maitriser le ski Hok? Plusieurs endroits dans la grande région de Québec permettent l’essai et la location: la Station touristique Duchesnay, le Parc régional du Massif du Sud et la Forêt Montmorency. Grande région de Montréal: le centre de ski de fond et raquette de l’Estérel. Ailleurs au Québec: le Parc national des Monts-Valins (Saguenay-Lac-St-Jean) et l’Auberge de Montagne des Chic-Chocs (Gaspésie). Allez-y en groupe, emmenez des non-skieurs avec vous, et amusez-vous!

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