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    Suivez le guide au Mont Grand-Fonds

    Photo Geneviève Larivière

    J’ai été conquis par cette montagne dès ma première visite il y a plus de dix ans. Il est difficile de ne pas aimer le Mont Grand-Fonds. Mis à part sa distance de Montréal ou Québec, la montagne offre à peu près tout ce qu’un skieur recherche, soit la meilleure neige, le meilleur ski et surtout, un coin de paradis sans l’achalandage des grands centre. C’est pas mal pour ces raisons qu’elle n’a pas grand chose à envier de sa voisine charlevoisienne.

    Situé à quelques kilomètres de la Malbaie, du haut de ses 335 mètres de dénivelé, le Mont Grand-Fonds offre un ski qui sait plaire autant aux débutants qu’aux skieurs en manque d’adrénaline. Ma fille y a fait ses premières traces à l’âge de 3 ans et je continue a être impressionné par la qualité du ski à chacune de mes visites. Dans cet article, je vais essayer de vous livrer quelques coups de coeur qui m’attirent inconditionnellement dans la place, au point de m’attirer chaque fois que je suis en visite dans la région de Québec!

    1.  Accueil, sourires et bonne neige!

    Le Mont Grand-Fonds est une des rares stations de ski éloignées (des grands centres urbains) où je ne me sens pas comme un étranger en visite. L’accueil y est impeccable et les gens sont d’une gentillesse incroyable. La montagne se trouve entourée de sommets dont certains font 1000 mètres de haut. Cette protection favorise un microclimat responsable des chutes de neige imposante et aussi d’un dégel moins fréquent. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir la majorité des stations de ski au Québec sous la pluie et Grand-Fonds sous la neige. Bien souvent très tôt en début de saison, nous avons la surprise d’accéder à la majorité du terrain skiable. La meilleure période pour venir dans la station est au début février pour profiter pleinement du secteur hors-piste totalement naturel.

    2. Une montagne qui se découvre de droite à gauche.

    Rare sont les montagnes qui sont faites pour rassurer les débutants. À droite, on retrouve les pistes les plus faciles et plus on revient sur la gauche, plus elles sont difficiles! Le centre de la station en bas de la montagne permet de garder un seul point de rendez-vous avec les enfants ou les amis. Un petit conseil: le t-bar, quand il est ouvert, est bien plus efficace pour accéder en haut plus rapidement que le télésiège quadruple. Ce n’est pas un hasard s’il est souvent plus achalandé que la chaise, il permet un plus grand cumul de descentes!

    3. Les sous-bois les plus invitants!

    Le nouveau versant du Lynx vous offre trois nouvelles forêts de calibre difficile à très difficile du côté nord de la montagne: Nid-D’Aigle, le Mur, les Chevreux. Nouveaux depuis la saison 2014/2015, ces sous-bois sont assez larges et offrent plusieurs possibilités de descente. Leur inclinaison constante en fait un endroit à fort défi mais aussi plaisant avec une impression plus forte d’être en contact avec la nature. C’est un incontournable à essayer si vous aimez le ski un peu plus sauvage. Prévoyez une petite marche pour revenir (environ 1km pour le sous-bois le plus loin) si vous passez tout droit à la sortie ou si vous décidez de profiter de quelques virages de poudreuse de plus pour la cinquantaine de mètres supplémentaires qui vous mènent à la fin complètement de la descente. Dans la station, le sous-bois 11A Nagano aussi très intéressant et intense, débutant par une large forêt de bouleaux.

    4. Du carving vous dites ?

    Le carving à Grand-Fonds peut se faire dans plusieurs pistes. Comme la neige y est souvent naturelle, les skieurs s’y régalent dans un corduroy doux et moelleux. Les Braconniers (11) est ma préférée avec une descente assez abrupte et parfaitement alignée entre le sommet et le chalet. La Pétoche (9) est mon second choix avec une descente plus en courbe et profilée que la 11. En bonus, il n’est pas rare de tracer du corduroy très tard en matinée. Avec moins d’inclinaison mais tout autant de plaisir à offrir, la piste des Bouleaux (2) procurera aux skieurs intermédiaires ou plus jeunes une sensation enivrante de valser avec les arbres laissés ici et là dans la piste.

    5. Les bosses de la 10 et la 12.

    L’Émérentienne (12) est une piste non-damé, laissée en bosses, de haut en bas. On y perd facilement nos genoux! À son meilleur après une bonne tempête, la vue au départ y est des plus belles de toute la station. Son type accidenté ravira ceux qui cherchent un terrain ouvert de calibre très difficile. La Chouenneuse (10) est la piste sous le télésiège quadruple fixe. Pleine de bosses irrégulières, son terrain très accidenté envoie les skieurs d’un côté à l’autre de la piste, stimulant la production d’adrénaline! Quelques rochers permettent aux plus aguerris de quitter le sol pour un instant alors qu’un petit parc à neige, situé aux trois-quarts de la descente, réjouira les amateurs de parc à neige.

    En partant de Québec, sur la 138 Est, si vous décidez de passer tout droit au Mont Sainte-Anne, et au Massif, vous devez tenter l’aventure et vous diriger vers un des joyaux du ski au Québec. L’âme de la montagne est palpable derrière chaque arbre, chaque piste, et chaque employé de l’endroit! C’est ce qui me fait venir et revenir au Mont Grand-Fonds, année après année.

    10 pistes de ski redoutables au Québec

    La Belle Province regorge de stations offrant des pistes dont le défi nous procure une bonne dose d’adrénaline lorsque vient le temps de négocier la première entrée étroite, une pente abrupte ou encore une cassure de terrain dont on parlera à ses amis encore dans dix ans! Ces pistes mythiques ont le don de venir chercher le meilleur en nous et de nous faire sortir de notre zone de confort. Lorsque le défi est relevé, il en résulte un sentiment de satisfaction doublé d’une progression dans notre apprentissage de ce merveilleux sport. Voici dix pistes qui présentent de gros défis au Québec, selon ZoneSki!

    1) La Pirouette, Ski La Réserve

    En matière de terrain accidenté, il s’agit probablement de l’une des pistes les plus spectaculaires au Québec. En regardant cette piste nous avons l’impression de reconnaître en partie l’ouvrage du barrage LG2 de par sa descente en escalier. Bien concentré, il faut suivre le tracé doucement à travers les cassures afin de dompter le terrain. Pour bien adhérer à la piste, il faut la descendre lorsque qu’il y a suffisamment de neige, car le fond reste souvent glacé. Sensations fortes garantie!

    2) La Dynamite, Mont Tremblant

    Située sur le versant Expo (Nord) reconnu pour ses pentes abruptes, la Dynamite porte bien son nom car elle à prendre avec précaution. Sa pente ainsi que ses obstacles notamment dans le second segment de la descente nécessite une grande attention ainsi qu’une dextérité de tous les instants. Vous redécouvrirez l’expression “avoir des papillons dans l’estomac”!  C’est le genre de piste qu’on descend sans lever les yeux du sol, l’exécution doit être à son meilleur!

    3) Le 7e ciel, Massif du Sud

    Les amateurs les plus exigeants de sous-bois pentus seront confondus et surtout comblés. Ici la forêt est suffisamment dense et nous tient bien éveillé car la glisse est rapide et un arbre c’est dur! L’adresse et l’agilité sont deux pré-requis importants pour survivre dans cette piste, bien que l’instinct vient souvent brouiller les cartes. Le 7e ciel est unique de par sa devise et sa conception qui est simple : être au naturel. On se laisse tenter au jeu et c’est plus fort que nous: on y retourne une deuxième fois!

    4) La Bou-Bou, Mont SUTTON

    Envie de vous réchauffer les orteils et les doigts? La Boubou est toute désignée. Je vous assure que vous vous tortillerez les orteils en vous frayant un chemin et que vous vous cramponnerez solidement à vos bâtons en manœuvrant. Vous aurez chaud de tout votre corps en sortant de cette piste dont la première partie est étroite où les passages sont minces en plus de présenter une bonne cassure du terrain. Après la descente dans cette piste, vous ressentirez la satisfaction du défi relevé.

    5) La Porc-Épic, Mont Orford

    Cette piste porte bien son nom. Elle peut piquer notamment si vous avez le malheur de fréquenter de trop près les épinettes et sapins qui se tiennent bien serrés devant vous ! En quelques endroits il sera utile d’avoir quelques notions de Limbo! Il s’agit du genre de piste où nous retenons notre souffle en descente sans s’en rendre compte! Les passages sont serrés, la pente est solide. La beauté des paysages est exceptionnelle. Après le moment le plus ardu, la piste aboutit dans une forêt au terrain plus doux regorgeant de neige au cœur de l’hiver.

    6) La Renversante, Val d’Irène

    Située sur le Versant Nord de Val d’Irène -on en revient par autobus- cette piste vous offre une descente étroite et vertigineuse. Son départ commence avec la présence d’arbres sur les côtés et s’élargit de plus en plus pour vous offrir un champ de neige qui descend de façon très constante. Après une bonne bordée, il n’est pas rare d’y voir des petites avalanches. Que vous soyez un skieur amateur ou confirmé, cette piste ne vous laissera pas dans votre zone de confort bien longtemps!

    7) La 42, Le Massif de Charlevoix

    Une piste intimidante s’il en est une, nous obligeant à donner le meilleur de nous-même. Une inclinaison forte et variable, des conditions de piste changeantes au gré de la météo, allant de plaques durcies aux généreuses bosses de neige légère lors d’une tempête, bref, il sera facile de passer par toute la gamme des émotions dans la même descente! La vue est spectaculaire et nous avons l’impression de nous engouffrer dans un entonnoir, comme une illusion d’optique. Il sera préférable de s’y aventurer au minimum à deux, car la célèbre piste du cap Maillard est à bonne distance du centre de la station.

    8) La Sous-bois, Mont Garceau

    La station du Mont Garceau offre un secteur de sous-bois au niveau relevé où quelques pistes donneront satisfaction au plus difficiles. La Sous-bois est l’une d’entre elles. À cet endroit le terrain casse et procure des zones de glisse accidentées où la concentration est de mise. Certains passages sont étroits. Ne soyez pas surpris si vous avez envie de vous gratter la tête avant d’avancer! Ce temps d’arrêt ne fera que mieux vous faire comprendre le défi qui est devant vous et la façon dont vous l’aborderez!

    9) La Ponsoon, Owl’s Head

    Au coeur de la station sur le versant principal se trouve le sous-bois de la piste Ponsoon. Ce secteur large aux multiples options de tracé vous permettra d’augmenter le niveau de difficulté de votre descente selon votre humeur et vos envies. Du terrain pentu et accidenté au coeur d’une forêt de gros arbres bien espacés, l’idéal pour se donner des frissons en prenant de la vitesse. Cette piste vous fera vivre un agréable voyage rempli de défis. Vos muscles seront pleinement sollicités dans ce sous-bois!

    10) La vertige, Mont Tremblant

    Cette piste ne pourrait porter mieux son nom ! Au sommet, vous aurez une sensation de vertige! La vue en plongée vous ramollira quelques peu les jambes, mais une fois lancé, le sentiment de vertige sera remplacé par un sentiment d’exaltation spécialement lorsque la piste est bien enneigée. La largeur de la piste vous permettra de vous ralentir en zigzaguant. Après avoir descendu la piste Vertige, vous aurez sûrement envie de descendre sa voisine jumelle, la Zig-Zag!

    Bien entendu, il y a plusieurs autres pistes dignes de mention qui n’apparaissent pas dans ce petit palmarès! Mais c’est à vous de les découvrir… et le plaisir vient avec l’usage! Nous vous suggère lors de votre première expérience dans ces pistes d’y aller accompagné avec des partenaires de skis qui connaissent l’endroit à découvrir. Cela facilitera votre première descente et en profitant des conseils de votre accompagnateur, votre expérience sera d’autant plus agréable et votre niveau de ski progressera!

    Bregenzerwald, Autriche: la neige à volonté

    Chaque automne, les skieurs et planchistes de la Côte Est, qui tout au long de l’année économisent leurs sous, leurs  jours de vacances, aussi bien que les points de fidélité pour la saison du ski suivante, se renseignent pour planifier des séjours de ski de rêve. Mais bien avant de s’embarquer dans un tel voyage, peu importe la région ciblée (le nord est, les Rocheuses, outre-mer), on fait des recherches, essentiellement sur le web, pour trouver, comme les trois ours, une station ou une région qui n’est ni trop petite, ni trop grande. J’ai donc exploré trois stations, Diedamskopf, Warth-Schröcken, et Damüls. Voici le récit!

    Passer une semaine dans un circuit alpin qui est plusieurs fois plus grand que Whistler ou Vail est, sans aucun doute, une expérience inoubliable pour nous. Pourtant, les Alpes fournissent en même temps une autre proposition très interessante, c’est à dire les domaines skiables qui non seulement offrent des étendues impressionnantes mais aussi suffisamment d’intimité pour qu’on n’ait pas l’impression de passer une semaine dans une usine de vacances hivernales.

    Voilà pourquoi en février dernier, j’ai décidé de visiter la province autrichienne du Vorarlberg, qui côtoiela Suisse. Malgré le fait qu’elle soit la région la plus enneigée de toutes les Alpes, la « Bregenzerwald » (la Forêt de Bregenz) est à peine sur le radar des skieurs nord-américains. On se demande un peu pourquoi, car elle est facilement accessible depuis Montréal, New York ou Boston par des vols sans escale. 90 minutes après mon départ de l’aéroport de Zürich avec une voiture de location, en passant par le beau Lac Constance, je suis arrivé dans le sympathique village d’Au.

    Après avoir déposé mes bagages à l’hôtel, je me suis dirigé vers la station de ski locale Diedamskopf (« Tête de Diedam ») pour un petit échauffement après le vol transatlantique. Dans le stationnement, un skieur local m’explique que « c’est une petite montagne où on peut plus ou moins tout voir dans l’espace de trois heures »… Cela m’a fait rigoler: pour mes points de référence modestes, même les petites stations dans les Alpes sont loin d’être petites!

    Comme de nombreux domaines skiables alpins, on commence par prendre une télécabine, dont la base est située bien en-dessous de la limite des arbres, puis on monte quelques 600 mètres verticaux à mi-montagne. Ensuite, on continue avec un télésiège débrayable pour arriver au terrain de ski praticable: des centaines d’hectares de hors-piste, sans arbres, traversé par de beaux sentiers balisés. Avoir eu plus de temps, j’y aurais pu facilement y passer deux jours sans m’ennuyer, mais ça c’est la règle des roadtrips: au lieu d’avaler des expériences entières, c’est plutôt un menu dégustation.

    Une fois installée à l’Hôtel Krone, quelques heures plus tard, j’ai vite constaté que la rumeur qui veut qu’on ne peut bien manger lors d’un séjour de ski qu’en France est franchement un peu exagérée, voire totalement fausse. Pendant que je sirotais un apéritif formidable, j’ai apprécié l’ambiance sophistiquée, la présentation de plats impeccable aussi bien que la cuisine savoureuse préparée avec de nombreuses spécialités culinaires locales, y compris son célèbre fromage.

    Peu après, le chaleureux propriétaire de l’endroit, Herr Lingg, s’est arrêté à ma table, a remarqué mon nom gaulois et a bavardé avec moi pendant dix minutes dans un excellent français. Bien que Vorarlberg fasse officiellement partie de l’Autriche, il a mentionné que culturellement et linguistiquement la province a plus en commun avec la Suisse (mais heureusement sans les prix élevés!). Certes, le secteur touristique y est très important pour l’économie, mais la région se sent moins développée, c’est à dire sans le côté « tourisme industriel » qu’on ressent dans les domaines de ski plus connus.

    Le lendemain, j’ai conduit dans une tempête de neige houleuse à Warth-Schröcken, qui, avec une moyenne annuelle de 11.3 mètres de neige (dans la même ligue que les Cottonwood Canyons de l’Utah) est couronné le domaine de ski le plus enneigé dans les Alpes. De plus, ce chiffre est mesuré à proximité de la base, de sorte qu’il a sûrement encore plus de neige plus haut sur la montagne.

    Le seul gros pépin vécu lors de ma journée à Warth est dû aux averses de neige et au brouillard intense, qui m’ont empêché de profiter pleinement de toute cette belle neige vierge à seulement quelques mètres: aucun arbre pour me protéger, la visibilité était nulle car le domaine skiable est situé au-dessus de la ligne de végétation. Évidemment, c’est frustrant de savoir qu’il y a des centaines d’hectares de poudreuse complètement non-tracée autour de soi alors qu’on est obligé de rester entre les panneaux aux côtés des pistes. Enfin, c’est la vie au-dessus de la limite forestière!

    La grande nouveauté de ma visite était l’occasion d’essayer la nouvelle télécabine “Auenfeld,” une fascinante bizarrerie qui relie Warth-Schröcken avec la célèbre station avoisinante,Lech, produisant une région de ski interconnectée totalisant 190 km de pistes. Depuis son ouverture en décembre 2013 (après plus de 40 ans de négociations entre les deux villages), elle mélange deux cultures de ski très distinctes: la noblesse européenne à Lech et les familles de classe moyenne à Warth-Schröcken. Cinq minutes après être parti de Warth, on arrive à mi-montagne au pied du télésiègedébrayable “Weibermahd” à Lech. Là, les deux remontées se connectent – deux wagons de la Auenfeld alternant dans le sens giratoire avec une chaise de la Weibermahd – et montent au sommet en tant que “chondola.” Impressionnant, autant par sa réalisation technique que par sa valeur: 12 millions d’Euros!

    Tandis que Warth-Schröcken se proclame le domaine de ski le plus enneigé dans les Alpes, mon arrêt du troisième jour, Damüls –muni d’un grand slogan, Willkommen im Schneereich (« Bienvenue au Royaume de la Neige ») – se profile comme le village le plus enneigé des Alpes. Je me suis réveillé dans l’agréable Alpenhotel Mittagspitze pour trouver ma voiture de location croulant sous 40 cm de neige qui s’était accumulée depuis mon arrivée 12 heures auparavant. Toute la matinée, je me régalais dans la poudreuse abondante. Bien que la visibilité ne soit guère mieux qu’à Warth, il y avait heureusement pas mal d’arbres sur la partie inférieure de la montagne, ce qui améliorait la visibilité.

    En dégustant un déjeuner délicieux de spätzle (un genre de pâte venant du sud-ouest de l’Allemagne), le directeur du marketing du village m’a confié que le nom de la région, Bregenzerwald (wald = forêt), porte les touristes à croire que les montagnes desservies par les remontées sont de grandes collines boisées, ce qui n’est pas le cas! Cette fausse perception crée donc un défi pour les exploitants de la place car l’image de l’endroit n’est pas fidèle à la réalité, et certains visiteurs sont parfois déçus! Mais une fois sur place, l’accueil auquel les touristes ont droit est incomparable. Pour citer un exemple parmi bien d’autres, pendant mon dernier soir à Damüls, le propriétaire de l’hôtel m’a non seulement invité pour un verre du schnaps le plus délicieux que j’ai jamais goûté mais il m’a aussi fait faire une visite guidée des curiosités locales, passé minuit! Certains vacanciers ne sont pas intéressés de connaitre l’histoire de l’endroit où ils séjournent, mais je suis toujours reconnaissant quand les gens tiennent à expliquer aux clients les particularités de leur village et pourquoi ils en sont fiers.

    Et voilà, trois jours dans le Royaume de Neige, qui a complètement répondu à mes attentes. Beaucoup de neige, tel que promis par le nom, en plus d’une région de ski ni trop grande, ni trop petite, et peuplée de gens quifont de leur mieux pour accueillir les visiteurs.

    Histoires de patrouille: un drôle de brûlement d’estomac…

    Photos Pierre Carbonneau

    Ce récit s’ajoute à la collection de la série « Histoires de patrouille ». Ces histoires, rédigées ou racontées par des patrouilleurs de partout au Québec, qu’ils soient retraités ou encore actifs, ont pour but d’humaniser le titre qui fait souvent frémir les skieurs et planchistes en station. Être patrouilleur, c’est bien plus que porter un uniforme, une radio et une trousse de premiers soins… c’est une histoire de dévouement, de passion pour le ski, l’entraide, l’esprit d’équipe et le don de soi. Nous espérons qu’à travers ces récits, votre perception de ceux qui sillonnent les pistes pour assurer la sécurité des skieurs changera pour le mieux!

    Patrouilleur: Julie Vézina
    Station: Le Massif de Charlevoix
    Années d’activité: 2001-2013

    Après avoir patrouillé 7 ans sur les pistes de la station, une blessure m’a forcé à ne plus chausser mes skis! Du moins, pas aussi souvent que le travail le demandait. Cette blessure, survenue alors que je répondais à un appel de mitaine échappée sous un télésiège, a mis un terme presque définitif à ma carrière de skieuse… c’est un bête accident qui m’est arrivé alors que je descendais la piste, qui était fermée à la clientèle, et pour cause: une mince couche de neige poudreuse recouvrait une croute un peu sournoise qui cédait sous mon poids dans certains virages! Et bien entendu, est arrivé ce qui ne devait pas arriver: mon ski a planté sous la croute, je suis tombée et j’ai complètement tordu mon genou. Il a fallu qu’on m’évacue par traineau! Diagnostic: mon ligament croisé antérieur (LCA, pour les intimes!) a complètement cédé. Kapout.

    J’ai donc été « reléguée » au travail de bureau. Oui, ce sont des risques bien présents pour les patrouilleurs! Et… quand on ferme des pistes… ce n’est pas pour le plaisir, c’est parce qu’il y a un réel danger! Mais rassurez-vous, je ne veux pas vous faire trop la morale ici, c’était une longue introduction pour expliquer pourquoi j’étais toujours au chalet même lorsque les pistes étaient ouvertes dans les dernières années! Croyez-moi, du ski de chalet, c’est pas le plus agréable quand on est passionnée du ski!

    C’est d’ailleurs ma présence au chalet du sommet, ainsi qu’une rapidité d’exécution, qui auront permis un dénouement heureux à cette histoire, qui fait encore monter mon adrénaline quand je la raconte! On est le matin d’un jour de semaine, début janvier 2003. L’affluence n’est pas du tout à son maximum et c’est plutôt un petit matin tranquille dans la station, autant à la billetterie que sur les pistes. Je suis à l’infirmerie, en train de m’occuper d’un cas « matinal » qui ressemblait à un lendemain de veille. Un appel entre, mais par téléphone: c’est la préposée au service à la clientèle, qui savait que je me trouvais à l’infirmerie, qui m’appelle, légèrement en panique: « Julie! Viens vite dans la salle des casiers! Un monsieur est tombé la face en plein dans les cases! » À ce moment, j’ai une intuition: on ne tombe pas comme ça pour rien! J’ai donc laissé mon cas à une collègue et j’ai attrapé le DEA (Défibrillateur Externe Automatique) pour foncer vers les casiers.

    Ce DEA, ça fait à peine deux mois qu’on l’a. On s’est servi du DEA « simulateur » lors des formations de premiers soins, on s’est pratiqué à installer des électrodes en faisant des blagues à propos des poitrines peu velues des mannequins de RCR, on a tous entendu la voix robotisée qui dit « CHOC RECOMMANDÉ », et on a tous sauvé une bonne dizaine de mannequins de l’arrêt cardiaque! La station a fait l’acquisition de cette machine après qu’on aie « échappé » un cas la saison précédente. Pour nous, c’était vraiment une question de vie ou de mort que d’avoir un DEA, et le cas vers lequel je m’en allais l’a prouvé… mais c’est une inauguration un peu stressante.

    Arrivée dans la salle des casiers, je trouve le monsieur, qui est inconscient. Bien sûr, l’ambulance est appelée immédiatement, et après avoir vérifié très rapidement L’ABC, j’entame les manoeuvres de réanimation. Je parle en anglais au monsieur -bizarrement, on a pensé qu’il était anglophone, car la préposée du service à la clientèle qui m’a appelée m’a dit qu’il parlait anglais! Et comme je ne sais pas si l’homme m’entend ou non… je ne prends pas de chance, et je lui parle mon plus bel anglais de cuisine. Du renfort a été appelé pour venir m’aider, et heureusement puisque, ça peut sembler être un détail, mais je suis petite! Faire les manoeuvres (compressions, et insufflations) est très physique… Le monsieur, début cinquantaine, a une forte carrure. Je m’essouffle, mais un collègue me rejoint enfin! Le DEA recommande le choc: on appuie sur le bouton et tout semble s’arrêter. Je n’entends pas le bruit ambiant du personnel de la station qui éloigne la clientèle curieuse, je n’entends pas la radio qui confirme que l’ambulance est en route, je n’entends pas le choc qui se donne… et qui fonctionne.

    Pendant les 40 minutes d’attente de l’ambulance, notre monsieur est resté inconscient, mais il avait un pouls. Son coeur battait. Son cerveau recevait de l’oxygène. Son inconscience était probablement due au choc à la tête lorsqu’il est tombé dans les casiers. Mais c’est le cas de le dire: on l’a ramené. Sans DEA, ça aurait été impossible. Sans DEA, on aurait vécu la même frustration, la même peine et la même impuissance que l’année précédente. C’est d’ailleurs ce que je ruminais intérieurement: « Toi, on t’échappera pas! ». Au final, son inconscience était souhaitable: la douleur d’un infarctus du myocarde est apparemment insoutenable.  Il est donc parti en ambulance, et dès le lendemain, on a eu des nouvelles: notre rapidité d’intervention et notre jugement, jumelés à notre formation, nous ont permis de poser les bons gestes au bon moment.

    Quelques jours plus tard, on a reçu une visite spéciale: les amis du monsieur, qui venaient nous remercier. C’était plutôt émotif! On a appris d’autres détails: d’abord, il parlait français! Il n’était pas très en forme et s’était fait dire par son médecin d’être un peu plus « prudent »… et ce matin-là, il ne se sentait pas bien… il était rentré au chalet après une descente, pour se reposer et manger un comprimé antiacide, puisqu’il se plaignait de brulures d’estomac. Mentalement, on a tous un peu révisé la matière des cours sur les signes et symptômes des arrêts cardiaques… et notre monsieur revient nous voir, chaque année, même s’il ne skie plus!

    Organiser le ski avec Junior: quelques conseils pratiques!

    Malgré toutes les bonnes intentions du monde, plusieurs parents se découragent rapidement lorsque vient le temps de penser à organiser une sortie de ski en famille, surtout lorsque ça implique de jeunes enfants! J’en suis la preuve, j’ai parfois travaillé très fort pour arriver à me convaincre de sortir. En tant que père de deux jeunes garçons, dont le cadet entame sa deuxième saison de ski, je peux vous dire que j’ai développé plusieurs trucs… Non, ce n’est pas toujours facile! Mais le sourire sur leur visage est ma récompense. Voici donc quelques conseils de ma part, en espérant qu’ils vous inspirent un peu et vous motivent à sortir davantage!

    1. Bien choisir sa station de ski

    Une des choses que j’ai appris à force de skier avec mes enfants est l’importance de choisir une station de ski où la piste école est accessible, à proximité du chalet et de la billetterie. Transporter tout l’équipement -mes enfants ont encore de la difficulté à bien tenir leur matériel- sur des centaines de mètres n’est pas de tout repos et disons-le franchement, s’arrêter tous les cinq pas pour ramasser un bâton, une mitaine ou attendre le plus lent, ça commence plus ou moins bien une journée. Le Mont Gabriel et Vallée-du-Parc sont de bons exemples de proximité de la piste.

    Si vos enfants en sont à leurs premières armes dans les télésièges, privilégiez une station de taille moyenne ou petite avec un moins fort dénivelé. Vous aurez moins d’attente aux remontées, ce qui évite la fatigue trop rapide de nos mousses. Vallée Bleue et Ski Saint-Bruno sont de bons exemples. De plus, la hauteur des sièges à l’embarquement/débarquement facilite la tâche aux plus petits. Finalement, certaines stations sont plus familiales que d’autres et offrent des attraits spécialement réservé aux enfants. Je pense ici à Belle Neige avec son sentier des toutous, Mont Blanc avec la Jungle Magique. Vous pouvez aussi choisir une station qui offre un petit « à-côté » motivant pour les enfants, comme par exemple des glissades sur tubes. Ici, on peut penser à La Réserve, Mont Gleason, Vallée-du-Parc. Visitez notre Guide des stations de ski pour bien choisir!

    2. Adapter son horaire

    Bien qu’il soit plaisant d’être tôt sur les pistes, il faut s’adapter à l’horaire des enfants pour bien profiter de la journée. Selon mon expérience la meilleure heure d’arrivée est dans les environs de 9h30. Les enfants auront ainsi eu le temps de prendre un bon déjeuner, de s’amuser un peu et seront plus enclins à aller skier. De plus, la température est souvent plus clémente à partir de cette heure, et arrivant après l’ouverture, l’heure du dîner arrive assez vite et les enfants n’ont pas trop le temps de se fatiguer. Étirer la période du diner sert aussi à se réchauffer et se reposer, avant de retourner sur les pistes pour le reste de l’après-midi.

    3. Courir les rabais

    Comme skier en famille peut parfois faire rapidement monter la facture il faut bien regarder les prix et promotions des différentes stations. Certaines stations offrent gracieusement le ski pour les jeunes de 6 ou 5 ans et moins. Le prix varie beaucoup aussi d’une station à l’autre, et comme une petite montagne satisfait amplement notre petite relève, il est inutile de payer le gros prix pour skier une grosse montagne. Visitez notre Zone Rabais pour trouver les meilleures offres!

    4. Avoir les bonnes collations et le bon lunch

    Avant de quitter la maison il faut s’assurer d’avoir fait le plein de nourriture pour sustenter nos jeunes athlètes en herbe. Apportez assez de liquide pour bien les hydrater, des fruits, des légumes et des noix. Il peut aussi être pratique de garder quelques barres tendres et trucs à grignoter dans un sac à dos que l’on apportera en piste, pour ma part j’apporte aussi un sac à eau de type Camelbak. Pour économiser davantage, il est judicieux d’apporter son lunch… mais attention si vous pensez apporter un lunch à réchauffer! Ce n’est pas toutes les salles de repas des stations de ski qui sont dotées d’un micro-ondes. Visitez notre Guide pour vérifier avant votre visite!

    5. Le bon équipement pour le transport de matériel

    Skier avec des enfants veut aussi dire transporter beaucoup de matériel.  Comme je suis seul avec deux enfants, j’ai fait plusieurs tests avant de trouver la recette idéale. Il s’agit d’un grand sac de ski à bandoulière, idéalement avec les poches pour mettre les bottes sur le côté, ainsi qu’un sac à dos permettant le transport des skis. Dans le grand sac, je sépare les bottes et les accessoires de mes gars, ils ont chacun leur côté de sac alors il est plus simple de trouver l’équipement une fois à la station.

    Ce sac contient: les bottes, les bas, les mitaines, les casques et lunettes de ski pour toute la famille en plus de m’aider à transporter les plus petits skis. Dans le sac à dos je mets: le sac d’eau, le lunch, et quelques collations pour la journée, mon sac me permet aussi de transporter mes skis que j’attache à l’arrière. De cette manière, je peux tout transporter en un seul voyage sans me casser la tête, et j’ai les mains libres.

    6. La grande question: louer ou acheter l’équipement des enfants?

    Sur ce sujet les opinions divergent beaucoup, mais ici je vais me baser sur mon expérience personnelle. Une location de type « achat-rachat » est en général entre 70$ et 100$ pour une saison. L’avantage: si l’équipement deviens trop petit en saison, la plupart des endroits offrent le remplacement sans frais. C’est par contre un peu plus coûteux que l’achat pour une même période: j’ai acheté les premiers skis de mon plus vieux environ 120$, il a fait deux saisons avec le même ensemble… mais les skis ont servi au plus jeune après, pour deux saisons aussi! Donc mon équipement me reviens à 30$ par saison, si je ne vends pas les skis et bottes. La deuxième paire de ski a été acheté au même prix et durera sans doute deux saisons pour ensuite être refilée encore à numéro 2. Bien sûr ici il s’agit d’une dynamique familiale avec deux enfants qui se suivent de près en âge, ce qui permet ce genre d’échange. Notez aussi qu’on sort très souvent l’hiver (plus de 10 sorties), c’est donc rentable pour nous! Si vous faites moins de 5 sorties par saison, au rythme où les enfants grandissent, pensez plutôt à la location.

    7. Ne pas stresser

    Il faut presque systématiquement faire preuve de patience: les petits skieurs n’ont pas toujours le rythme, peuvent s’émerveiller devant les petits détails que leur offre la montagne, ou s’égarer dans leur tête. Il faut rester zen et ne pas oublier que nous sommes sur les pentes pour eux, pour leur donner le goût du ski, pour leur offrir un plaisir d’hiver. Même s’ils tombent vingt  fois dans une descente et se plaignent, il faut les encourager, leur apprendre à en rire, à se relever, et garder le sourire. Il ne faut surtout pas mettre de pression sur nos enfants, sinon le ski risque de devenir une corvée pour eux et ils n’aimeront plus en faire. Le but premier est de partager une belle activité en famille… et ça vous suivra longtemps!

    8. Évitez les journées trop froides

    Étant adulte nous tolérons mieux le froid et connaissons nos limites, de plus, sur notre propre corps, nous pouvons reconnaitre les signes d’engelure. Nous ne pouvons pas en dire autant des enfants, qui même bien habillés finissent gelés… et bien souvent, quand ils le disent il est trop tard! Parfois, on a aussi tendance à ne pas les croire, et à imaginer qu’ils se plaignent pour arrêter plus tôt ou avoir un deuxième chocolat chaud. Il est donc primordial de prendre des pauses fréquentes, de leur demander souvent s’ils ont froid et d’être à leur écoute. Choisir des vêtements adéquats est d’une importance capitale: évitez le coton, privilégiez les fibres synthétiques. Utilisez la technique de pelure d’oignon, vaut mieux qu’ils aient plus chaud que froid. Ils ne bougent pas autant que nous lors des descentes et se réchauffent moins bien.

    9.  Le plaisir avant tout

    L’important c’est surtout d’avoir du plaisir et le plaisir ne réside pas juste dans le ski. Prenez quelques instant pour faire une bonhomme de neige, faire une bataille de boule de neige (loin des pistes!), glisser sur les fesses. Récompensez leur performance/endurance avec un chocolat chaud. Faites quelques singeries qui les feront rire. Après tout, le ski n’est pas sérieux! C’est une activité familiale que vous voulez amusante et relaxante, dont le but est de divertir les enfants tout en faisant du sport.

    10. Ne jamais forcer les tout-petits

    Un des meilleurs moyen de gâcher la journée de ski d’un enfant et de le forcer à skier. Oui, c’est frustrant que votre enfant vous dise qu’il veut arrêter après une descente, alors que vous avez en tête le prix du billet que vous avez payé… Prenez plutôt une pause. Arrêtez-vous, réchauffez-vous dans le chalet, changez de sujet… profitez de la garderie si elle est disponible! Peut-être qu’après une heure ou même moins, ils voudront retourner sur les pistes! Ne les forcez pas à continuer, ce ne sera plus une source de plaisir, mais bien un fardeau. La seule chose qu’ils vont garder en tête à leur prochaine sortie est qu’ils ont été forcé. Bien sûr c’est fâchant de repartir après deux descentes, mais peut-être qu’à la sortie suivante ils en feront plus. Souvenez-vous, le but est de voir un sourire sur leur visage!

    Ouf! C’est une grosse série de conseils avec des sous-conseils. Oui, la plupart de ces conseils coule de source et semblent « facile »… mais dans le feu de l’action, on est tous humains, et il fait parfois du bien de se rappeler que nous aussi, on a été débutants… et les raisons qui font qu’on est encore en ski sont probablement dans ces conseils!

    Le 24h de Tremblant, vu de l’intérieur!

    Les grands événements caritatifs attirent souvent l’attention du public, et c’est tant mieux! Ici et là, on skie pour une bonne cause, on se dépasse dans un défi sportif et on sort de cette aventure avec des images et des souvenirs plein la tête! Deux participants ont accepté de nous livrer leurs impressions, soient Christian Falardeau, en tant que membre d’une équipe du défi, et Jean-Marie Zumstein, qui a agi à titre de bénévole pour l’organisation. Voici donc le 24h de Tremblant, vu de l’intérieur!

    Christian Falardeau, participant:

    En septembre dernier, mes amis et moi avons décidé de former une équipe de huit skieurs pour participer au 24h de Tremblant. Le nombre minimal de membres par équipe est de six, et chaque participant doit amasser au moins 300$. De notre côté, nous devions récolter au moins 2400$…  mais avec beaucoup de sollicitation, nous avons amassé plus de 10 000$ et nous en sommes très fiers!

    La prise en charge des participants est très bien rodée. À l’arrivée vendredi soir, les capitaines des équipes doivent prendre part à une réunion où les dossards, transpondeurs (c’est l’outil qui sert à enregistrer le cumul de descentes et du temps!) et billets de ski sont distribués. Durant la réunion, les consignes de sécurité sont émises: façon de procéder aux transitions entre les skieurs, position suggérée pour skier (pas de downhill/slalom géant, skieurs plus rapides à gauche et plus lents à droite), comment installer le transpondeur, et bien entendu, les règles de base du code de conduite en montagne, sans oublier l’obligation de porter casque et lunettes de ski. Les officiels, postés ici et là sur le parcours, n’hésiteront pas à donner des pénalités de temps à quiconque mettra la sécurité des autres skieurs en danger!

    Une fois la réunion terminée, les capitaines d’équipes retrouvent leurs collègues et transmettent les directives. Pour ma part, notre capitaine avait loué un condo sur place, ce qui nous a servi de « quartier général » pour se reposer, manger et discuter des derniers détails, comme par exemple, notre horaire de descente. Puisque nous étions huit skieurs, chaque membre devait skier trois séries d’une heure de ski, réparties sur les 24h de l’événement. On a pu profiter de la soirée un peu, si vous n’êtes jamais allé à Tremblant durant le 24h, l’ambiance est phénoménale, tout le monde est en mode célébration! Mais rassurez-vous, on n’a pas veillé trop tard…

    Samedi matin, l’événement fort avant le départ est le déjeuner des athlètes, et c’est un moment où un bon nombre des enfants parrainés sont présentés aux skieurs. L’émotion était très forte, c’est une belle façon de nous rappeler pourquoi on va travailler si fort durant la journée! À travers les descentes, il faut penser que ces enfants, ces jeunes héros, ce sont eux qui font la plus grande partie du travail contre leur maladie!

    Samedi midi, le départ est donné en avant des hôtels Holiday Inn et Marriott. Une course à pieds est nécessaire pour se rendre à la place Saint-Bernard, pour ensuite emprunter la télécabine Express. Une fois assis dans la télécabine, il est temps d’enfiler nos bottes de ski et de s’habiller. Chaque participant est équipé d’un dossard arborant le numéro de son équipe et du fameux transpondeur bien installé. Dès l’arrivé au sommet, la course est partie, il faut faire vite! On emprunte la Beauvallon Haut et on continue tout droit sur la Beauvallon Bas, en passant le TGV jusqu’au bas de la montagne, et retour à la télécabine. Évidemment, les participants ont un accès prioritaire à l’embarquement de manière à ce que tout soit fluide. Ainsi, un skieur rapide pouvait faire quatre montées et descentes à l’heure.

    Puisqu’il s’agit d’une course à relais, les transitions entre les skieurs sont critiques! C’est d’ailleurs le plus gros défi auquel on doit faire face. D’abord, seuls trois membres de chaque équipe sont autorisés dans la zone de transition. Étant donné qu’il y a 200 équipes, et que presque toutes les équipes effectuent des changements de joueurs toutes les heures, ça génère des périodes de pointe très intenses. D’abord, le skieur qui termine sa période de descente doit retirer son dossard et le transpondeur, pour les donner au skieur qui prendra le relais. Le troisième membre de l’équipe veille à ce que le changement se fasse de manière sécuritaire (tant pour son équipe que pour les autres skieurs), et doit aider aux manipulations (enlever un dossard avec un manteau de ski, c’est du défi!), puis s’assurer que le transpondeur soit correctement installé. Plus c’est fait rapidement, mieux c’est, puisque le temps de transition fait partie du temps total comptabilisé!

    Après chaque transition, le skieur qui vient de quitter peut aller se reposer, ou manger un peu… ou les deux! Certains membres de l’équipe on utilisé le houblon comme source première d’énergie, d’autres, de l’eau. Entre nous, on communiquait par message texte, c’est de cette manière qu’on savait que les transitions entre skieurs étaient complétées avec succès. Puisque nous avions accès aux statistiques en temps réel, on pouvait informer chaque membre de notre équipe par message texte. Certains ont passé plus de temps au condo, d’autres ont profité de l’ambiance et d’une partie du concert de Simple Plan!

    Au fil de la journée, les conditions de ski ont évolué! En début d’après-midi, après le départ, les conditions de neige étaient parfaites, du beau ski de printemps. D’ailleurs, un gros merci à l’équipe d’enneigement de Tremblant, qui a réussi à nous donner une superbe piste. Aucun doute qu’ils ont travaillés très fort! En fin de soirée de samedi les conditions se sont détériorées, la piste est devenue très glacé et bossée, et ça ne s’est pas amélioré durant la nuit! Heureusement, dimanche en matinée, la glace a fait place à des conditions printanières et les bosses sont restées.

    Bien sûr, faire du ski pendant 24h, ça ouvre la porte à plein d’anecdotes! Entre autres, des chevreuils ont traversé la piste à plusieurs reprises… de quoi réveiller un skieur qui somnole en descente! Nous avons aussi failli perdre un dossard car lors d’une transition survenue trop tôt, un des membres, très fatigué, a donné son dossard à la mauvaise personne! Heureusement, le nouveau skieur a réussi à retrouver le dossard (au sol!), et il l’a enfilé sans perdre trop de temps. Par chance, nous n’avons vécu aucun bris d’équipement! Car outre ce qu’on peut apporter comme matériel personnel, aucune ressource n’est disponible sur place, puisque les boutiques et ateliers de la station sont fermés pendant la majorité du déroulement de l’événement!

    À part quelques ecchymoses et des cuisses endolories il n’y a pas eu d’incidents majeures à reporter. Le tout s’est très bien déroulé. J’en profite pour dire un énorme merci aux organisateurs et aux bénévoles de l’événement! L’an prochain, nous apporterons un changement à notre équipe: nous passerons de 8 à 12 personnes, ce qui semble être un bon nombre autant pour l’horaire de la nuit que pour amasser plus de dons. Cette année, le 24h de Tremblant a permis d’amasser 2 639 374$  Nous pouvons en être fiers!  Pour une surdose de fierté personnelle, notre équipe a terminé à la 67eme place (sur 200 équipes). On remet ça l’an prochain, en espérant que Mère Nature nous donnera plus de neige!

    Jean-Marie Zumstein, bénévole:

    C’était ma deuxième année en tant que bénévole au 24h de Tremblant! Je connaissais donc déjà un peu les différentes tâches, le fonctionnement et certaines personnes de l’organisation. Cette année, j’étais présent en fin d’après-midi et en soirée. Voici le déroulement de ma journée!

    Le quartier général des bénévoles est à la base du Cabriolet. C’est l’endroit où on s’enregistre et où on reçoit nos assignations. Cette année, je suis assigné à la surveillance de la piste! Au total, c’est 13 équipes de deux personnes qui auront la grande responsabilité de veiller à l’état de la piste à travers le parcours. Les équipes sont réparties stratégiquement, surtout dans les courbes et les endroits les plus pentus. Équipés de râteaux, on reçoit une brève formation d’une dizaine de minutes, durant laquelle on nous explique comment entretenir la piste. L’atmosphère est très joyeuse! Tous les bénévoles sont heureux de contribuer au succès de l’événement.

    Un peu après 14h00, je suis en route vers le sommet par la télécabine. Je suis avec mon coéquipier des prochaines heures, Jean-François. Nous allons prendre le relais d’une équipe d’entretien déjà en place! On descend donc la piste jusqu’à notre point névralgique, qui est presque en bas! En fait, nous sommes à environ 100 mètres de la base de la télécabine, dans l’avant-dernière courbe… parfait pour profiter de l’ambiance des concerts!

    Une fois en place, on doit s’assurer que tout se déroule bien au passage des skieurs. On doit les aider à se relever lorsqu’ils chutent, prévenir les collisions si d’autres skieurs arrivent plus vite… mais puisque nous sommes dans une pente assez faible, les pertes de contrôle sont rares! En cas d’incident, nous étions équipés de radios pour prévenir l’équipe de patrouille, mais durant toute notre présence, aucun pépin n’est survenu.

    Vers 16h30, le soleil étant couché, la température change et la neige se transforme en durcissant. C’est le moment où on se met à la travailler un peu plus avec nos râteaux! Puis, à l’heure du repas, d’autres bénévoles nous apportent notre souper directement à notre poste: c’est logique, ça aurait été beaucoup trop long de retourner au quartier général pour manger! Nous avons donc dégusté notre sous-marin entre deux passages de skieurs. Les bénévoles nous apportaient aussi régulièrement de l’eau, ainsi que des « hot-shots »… mais la température plutôt douce faisait qu’on n’en avait pas vraiment besoin!

    La soirée s’est déroulée sans anicroche: on a continué à entretenir régulièrement notre courbe pour assurer le confort et la sécurité des participants. En plus, on avait droit à la musique de la scène principale comme ambiance! Notre équipe a été relevée par l’équipe suivante vers 21h30, et nous sommes retournés au quartier général. Les bénévoles avaient droit à une bière ou une boisson chaude, puis pouvaient repartir chez eux… ou rester pour un autre quart de bénévolat! C’est une expérience que j’aime beaucoup vivre. Ça permet de voir l’événement sous un autre oeil, on se sent utile, c’est une excellente façon d’aider la cause et l’ambiance festive est vraiment extraordinaire! Si ça vous intrigue… il y a toujours les informations sur leur site internet!

    Parcs à neige: lettre d’un parent accompagnateur

    Je suis l’heureux paternel d’un héritier âgé de huit ans et de deux héritières âgées respectivement de neuf et treize ans. Ils skient tous depuis leur tendre enfance et c’est avec beaucoup de plaisir qu’ils arpentent les différentes stations de la province en compagnie de parents et amis. Depuis plusieurs années maintenant, ils sont attirés par les parcs à neige. Étant trop jeunes pour s’y aventurer seuls, par la force des choses, je suis devenu parent accompagnateur dans ce type d’installations. Ils adorent ça, ils s’y sentent libres.

    Puisque je suis d’une autre génération, et que mon passé de skieur se situe plus entre les « gates » et sur les surfaces damées qu’entre les modules, disons que pour moi la découverte des parcs à neige s’est faite avec la tribu. Au début je n’avais aucune idée des us et coutumes qui caractérisaient ces installations. C’est donc au fil de nos présences que nous avons développé nos repères et que nous avons appris à évoluer dans cet environnement. Ce ne fut toutefois pas très facile au début, je dois dire…

    Depuis quelques temps, je me demande pourquoi les différentes stations que nous visitons ne se sont pas intéressées à la dimension « accueil de nouveaux utilisateurs ». Je m’interroge sur le fait que rien ne semble être fait pour sensibiliser et intéresser les clients à emprunter ces installations. Comme si elles étaient réservées à une élite composée de jeunes étiquetés comme marginaux.

    Nos différentes visites des parcs à neige nous ont fait voir cette lacune qui, si elle était corrigée, aiderait certainement à démocratiser ce sport. Chaque fois que nous nous sommes présentés dans une nouvelle station, nous avons dû nous familiariser avec les différents parcours. Pourquoi n’y a-t-il pas une carte ou une affiche située à l’entrée du parc qui montre les différentes lignes, et qui identifie les points sécuritaires pour les spectateurs? Pourquoi est-ce impossible pour le commun des skieurs d’aller voir les meilleurs jeunes dans les parcs XL sans devoir se procurer une passe? Les jeunes qui y évoluent seraient certainement intéressés à avoir une foule pour les regarder et les encourager. Nous n’avons jamais été abordés par un responsable de parc qui nous a invités à le suivre pour nous faire découvrir les installations. Quelques fois même, il nous invitait plutôt à quitter l’endroit au plus vite. Pourtant, cette pratique aiderait les néophytes, parents accompagnateurs ou spectateurs à mieux se familiariser avec cet environnement en le rendant sécuritaire et invitant.

    Avec le temps, les filles ont quelques peu délaissé les parcs à neige pour le damé et les bosses. Fiston par contre ne voit que les modules, le damé étant « plate » et les bosses pas assez difficiles à son goût. Pour ma part, je respecte les choix des enfants. Cependant, comme je ne suis pas très à l’aise sur les modules, j’ai maintenant atteint le point où le petit rejeton aurait besoin de conseils que Papa, bien qu’il soit un excellent skieur, ne peut lui prodiguer. Certain diront que la solution est simple: « Il faut l’inscrire dans une équipe! ». Je ne crois pas que ce soit la solution. Je connais mon fils, il n’a aucune envie d’être encadré, il veut le faire seul, et il faut dire que sa demande est en lien avec la notion libre de ce sport. Aussi, le besoin n’est pas de le faire progresser à un niveau compétitif. Je ne veux pas le pousser et en faire un athlète, je veux simplement qu’il ait accès à une personne modèle qualifiée qui saurait lui montrer les rudiments du sport, tout en lui inculquant les bonnes pratiques.

    Je crois que les stations devraient introduire une personne mandatée d’accompagner les différents utilisateurs, un peu comme un guide de parc. Cette personne pourrait être active aux abords des modules afin de sensibiliser les clients aux bonnes pratiques. Elle pourrait également enseigner aux utilisateurs de tous âges la bonne méthode d’utilisation des différents modules, afin qu’ils s’y engagent de façon sécuritaire. Aussi, ce représentant de la station pourrait intervenir auprès de la clientèle afin de vérifier que tous respectent le code de conduite en montagne. Il pourrait par la même occasion informer les utilisateurs à propos des modules disponibles, en entretien ou fermés. Un tel employé aurait le loisir d’inviter la clientèle à visiter les différents modules, en donnant des notions de construction, d’entretien et d’utilisation de ces modules. Ce guide pourrait dispenser aux parents accompagnateurs des instructions concernant les points sécuritaires d’arrêt, afin qu’ils ne se placent pas dans les différentes lignes de parcours comme je l’ai malheureusement fait trop souvent à mes débuts. Puisque cette personne serait exclusivement dédiée au parc à neige, elle serait également en mesure de repérer et référer les jeunes qui ont un potentiel intéressant aux différents programmes offerts à la station.

    Après avoir discuté avec de nombreuses personnes de l’industrie, je crois qu’il n’est pas très loin le temps où tous seront informés, sensibilisés et éduqués aux différentes règles applicables dans l’environnement des parcs à neige. Bon nombre d’interlocuteurs m’ont signifié qu’ils tentent de trouver une solution afin de démocratiser ce sport. Je crois qu’ils sont sur la bonne voie et que d’ici quelques temps, tous, des plus jeunes aux plus vieux, trouveront leur compte dans les différents parcs à neige québécois.

    Entretemps, je continuerai d’arpenter ces magnifiques environnements avec ma tribu. Je continuerai d’être émerveillé par les prouesses de l’héritier et de ses frangines. Et je continuerai aussi d’espérer qu’un jour, je verrai un meilleur encadrement de la clientèle de la part des stations dans les parcs à neige, je crois que l’avenir s’y trouve!

    Histoires de patrouille: mal de tête suspect

    Photo Geneviève Larivière

    Ce récit s’ajoute à la collection de la série « Histoires de patrouille ». Ces histoires, rédigées ou racontées par des patrouilleurs de partout au Québec, qu’ils soient retraités ou encore actifs, ont pour but d’humaniser le titre qui fait souvent frémir les skieurs et planchistes en station. Être patrouilleur, c’est bien plus que porter un uniforme, une radio et une trousse de premiers soins… c’est une histoire de dévouement, de passion pour le ski, l’entraide, l’esprit d’équipe et le don de soi. Nous espérons qu’à travers ces récits, votre perception de ceux qui sillonnent les pistes pour assurer la sécurité des skieurs changera pour le mieux!

    Patrouilleur: Aline Préfontaine
    Station: Massif du Sud
    Années d’activité: 1999-…

    « Êtes vous intéressée à faire partie de notre équipe? » C’était à l’hiver 1998, une de mes filles s’était blessée et j’avais aidé les patrouilleurs à lui prodiguer les soins nécessaires. Oui j’étais intéressée! Déjà depuis quelques années je me portais volontaire à fermer les pistes avec les patrouilleurs et j’avais la conviction qu’avec ma formation d’infirmière je pourrais être utile à l’équipe. La saison suivante je faisais partie de l’équipe du Massif du Sud en ski alpin après avoir suivi la formation de secouriste. Moi qui était habituée à travailler dans des milieux où tout l’équipement d’urgence est disponible à portée de main, je me retrouvais avec une trousse de premiers soins à 77km de la salle d’urgence la plus proche. Heureusement, la débrouillardise et le travail d’équipe ont fait que je ne me suis jamais sentie démunie loin de ma salle d’urgence!

    J’en ai vu de toutes sortes, des « cas », comme on dit. De l’appel pour une cliente avec le visage en sang alors qu’en s’essuyant la coquette avait généreusement étalé son rouge à lèvres, jusqu’au polytraumatisé en état critique, tout peut se présenter… mais une chose est certaine : toutes les histoires qu’on vous raconte dans cette série protègent l’anonymat des blessés ou des personnes citées. La confidentialité fait partie de notre travail! C’est d’ailleurs un de ces cas où la confidentialité était particulièrement importante que je vous raconte aujourd’hui.

    Il est un peu après 8h00, un dimanche matin. La station ouvre à 8h30, l’équipe de patrouille est en train de se préparer pour aller ouvrir les pistes une à une, avant l’arrivée des premiers clients. On frappe à la porte du local de patrouille alors que je suis à m’habiller. Je réponds à la porte et devant moi se tiennent une mère au faciès inquiet, avec sa fille postée en retrait. La mère me dit directement: « Je pense que ma fille fait une méningite! Elle a très mal à la tête, pouvez-vous l’examiner? » Voyant l’expression du genre « ado frue » de la demoiselle, j’ai traité le dossier en deux parties. L’achalandage de début de journée avec l’équipe qui se prépare dans le local de patrouille m’a fourni le prétexte nécessaire pour faire attendre la mère dans le corridor, près de la porte du local.

    J’ai donc fait entrer la jeune fille, qui marchait sans trop d’énergie, de mon regard, elle manquait de tonus! Elle n’avait pas l’air de filer, en bon québécois. Elle avait aussi une haleine particulière… pour ne pas dire de lendemain de veille… J’entame le questionnaire. Comment te sens-tu? As-tu dormi? As-tu mangé ce matin? Réponses: Bof, pas beaucoup, non. Es-tu sortie hier? Oui… Ok, as-tu le goût de déjeuner? Oui, j’ai faim…

    Je suis donc allée voir sa mère pour lui dire que sa fille avait faim, et qu’il serait préférable qu’elle mange quelque chose de soutenant avant de se présenter sur les pistes, si elle en avait vraiment l’intention! Étonnée, la mère me demande « Et pour la méningite?? »  Je lui ai répondu que sa fille ne semblait pas présenter de symptômes de cette maladie, mais qu’il valait mieux surveiller son état et revenir nous voir si ça se détériorait au cours de la journée.

    J’ai poursuivi ma journée de ski en devoir de patrouille, et j’ai revu la jeune fille en après-midi alors qu’elle descendait du télésiège au sommet de la montagne… les jeunes sont faits forts! Rassurez-vous: je ne l’ai pas trahie! Même si mon coeur de mère avait bien envie… car après tout, elle n’avait pas l’âge requis pour fréquenter les bars! Mais au-delà de ça, la confidentialité et la confiance étaient des principes que je me devais de préserver, en plus d’éviter d’intervenir dans une situation familiale. Je parie que ces histoires de maux de tête ou de coeur trop léger  ont dû arriver à bien d’autres patrouilleurs! Car voyez-vous, on ne traite pas que des blessures en ski…

    Chronique d’un retour sur les planches

    Photos Alexandre Beaumont

    Il y a plus d’une vingtaine d’années, j’étais un jeune qui adorait faire du ski. Descendre les pentes à vive allure en faisant quelques folies au passage me permettait de m’évader. J’en mangeais, du ski. Même si la station que je fréquentais était de taille plutôt modeste, j’y trouvais amplement mon compte. J’y avais appris les bases et je m’étais amélioré très vite. Le plaisir dura quelques années, puis sont venues les douleurs aux pieds et au dos. Une poussée de croissance irrésistible débutait, et mon corps me criait AÏE à chaque virage. J’étais très triste, mais je n’y pouvais rien. Malgré de multiples essais de bottes, il n’y avait rien à faire. J’ai alors dû me résigner, et arrêter complètement le ski à l’âge de 13 ans. Je ne le réalisais pas encore, mais ce sport d’hiver occupait une place importante dans ma vie. 

    Le vide

    Les années ont passé, et voilà que je me retrouve chaque hiver à regarder la neige tomber, avec la même pensée qui me traverse l’esprit… serais-je encore capable? Les sensations de glisse semblent bien ancrées dans mon esprit, et j’ai l’impression que je retomberais sur mes skis sans le moindre effort. Chaque année, le même manège se répète, mais je trouve toujours une bonne raison pour remettre le projet à plus tard.

    L’éveil

    C’est après une quinzaine d’années que finalement je me décide: ça passe ou ça casse. Je me dis que je devrais probablement commencer petit, histoire de tester mes capacités. Maintenant c’est décidé, le samedi suivant, je file vers une station familiale pour tester mes capacités. Mon choix s’arrête sur le Mont Rigaud. Comme je sors d’un état d’hibernation prolongé, je réalise qu’il me manque quelques éléments essentiels: des vêtements pour aller dans la neige… Quelques dépenses plus tard, me voilà prêt pour la sortie.

    Le déclic

    Au réveil, un peu fébrile, je saute dans la voiture et je prends la route vers Rigaud.  À l’arrivée, je me dirige vers le comptoir de location. Après avoir réglé les détails administratifs, un préposé me présente une paire de bottes. Premier constat : enfiler des bottes de ski requiert un certain effort, j’avais oublié cela! Deuxième constat : marcher avec ces bottes demande aussi un certain ajustement! Une fois ces détails passés je me retrouve à l’extérieur, mes deux skis bien à plat au sol. Je crois que c’est à ce moment que le déclic s’est effectué. Dans les deux sens du terme. Dès que mes pieds sont attachés aux skis, je me sens tout de suite dans mon élément. Je ne descends pas encore de pente, mais je connais ces sensations! J’embarque dans une chaise de façon toute naturelle, autant que j’en descends une fois au sommet. C’est maintenant le moment de vérité : dévaler une pente, pour la première fois en plus de 15 ans.

    La renaissance

    Alors, nous y voilà. C’est le moment de vérité. Je dois choisir une pente. Elles sont toutes relativement modestes, mais la logique me dicte de débuter par une verte. Quelques mouvements de jambes, deux ou trois piqués de bâtons et la gravité fait son œuvre. Ça y est, je glisse! J’amorce les virages aussi naturellement que dans mes souvenirs, et c’est toute une sensation. Je me sens tout de suite en terrain connu et c’est dans un état d’exaltation évident que je me retrouve au pied du télésiège, prêt à reprendre le manège. À partir de ce moment les descentes s’enfilent durant quatre heures. Je me risque même dans un coin plus pentu qui me semble un peu hasardeux. Je m’en sors sans mal, avec une petite poussée d’adrénaline en prime. C’est déjà l’heure de rapporter l’équipement de location et de rentrer à la maison…

    Le constat

    Sur le chemin du retour, j’ai un grand sourire accroché aux lèvres, et je suis songeur. Pourquoi ai-je attendu si longtemps? Était-ce par peur? Par paresse? Par crainte de je ne sais quoi? Sans trouver la réponse exacte, c’était probablement un peu de tout ça. Maintenant tous mes doutes sont dissipés, je suis de retour en ski! Dès la semaine suivante, je me lance dans l’achat d’un équipement complet. Skis, bottes, bâtons et casque, tout y passe. La facture est salée car l’achat est un peu impulsif, mais il n’y a pas de place pour les regrets.

    Conclusion

    Les différentes avancées technologiques dans l’équipement a fait de ce retour sur les planches un pur plaisir. Les virages s’enchaînent sans effort ou presque, alors il n’y a pas de crainte à avoir sur vos capacités. J’ai vite retrouvé l’instinct du skieur. Si vous avez déjà une bonne base et que vous rêvez d’un retour sur les pentes, allez-y sans hésiter. Vous ne le regretterez pas! L’expression est cliché mais si elle s’applique au vélo, elle convient tout aussi bien au ski : la glisse, ça ne se perd pas!

    Moniteur de ski: pédagogie de la glisse

    Lorsqu’on désire entamer un apprentissage ou même perfectionner une habileté déjà acquise, on a immédiatement le réflexe de se tourner vers « un pro ». Pour apprendre à skier ou pour améliorer notre technique de glisse, la personne toute indiquée est donc un moniteur de ski. Le Mag a déjà publié un petit palmarès des raisons pour devenir moniteur; le présent texte se concentrera cependant plutôt sur les avantages de se payer ne serait-ce qu’une seule séance avec un de ces pédagogues des neiges.

    L’initiation

    Bien que la plupart des parents s’occupent eux-mêmes des premiers « pas » de leurs tout-petits en ski, la patience et la capacité à transmettre les notions est relativement limitée lorsqu’il s’agit de notre progéniture. Une petite heure en compagnie d’une personne d’autorité autre que les parents fait bien souvent une grande différence pour le jeune skieur. De plus, le moniteur est formé pour prendre en charge tous les groupes d’âge et les techniques pédagogiques passent presque systématiquement par le jeu pour les plus jeunes. Lorsqu’il s’agit d’un débutant plus âgé, le moniteur a une priorité: la confiance. D’emblée, il doit donner au futur-skieur la possibilité de croire en lui et en ses capacités. C’est bien souvent le premier frein au progrès et un bon moniteur travaillera toujours sur la confiance en soi du débutant.

    Le vocabulaire

    Trouver les bons mots pour décortiquer une posture ou une action est parfois ardu. Il faut verbaliser avec les termes adéquats et s’assurer que le débutant comprenne bien les mots employés. Le moniteur est bien entendu formé pour ça! Le niveau de vocabulaire est adapté en fonction de l’âge et du niveau de langage du débutant. Quand bien des gens ressentent les choses de manière intuitive lors d’un virage, le travail du moniteur est d’expliquer cette mécanique et de la transmettre au débutant!

    Le petit « détail qui tue »

    Chaque skieur l’a déjà expérimenté à au moins une reprise: stagner dans son niveau d’habileté. On plafonne, on a quand même un peu de plaisir mais les défis demeurent les mêmes, faute de capacité à les surmonter. En nous observant skier, un moniteur à l’oeil aiguisé saura repérer le petit défaut de posture, ou parfois identifier une pièce d’équipement inappropriée! Bien souvent, un simple petit détail qu’on corrige suffit à augmenter notre niveau technique de manière à redémarrer notre progression. L’appui insuffisant sur le ski extérieur, une botte trop molle, une posture trop à l’arrière… le moniteur le voit, et aide à le corriger!

    Les différentes méthodes

    Nous avons déjà publié un article sur les avantages et inconvénients des cours de groupe et individuels; attardons-nous ici aux deux différentes méthodes d’apprentissage qui sont utilisées à travers le Québec. Il y a d’abord la méthode classique, où le moniteur emmène les nouveaux skieurs sur une pente très douce et leur apprend par explications et démonstrations les rudiments de l’équilibre et des différentes manoeuvres avec les skis aux pieds. C’est probablement la méthode à laquelle vous-même avez eu droit! Généralement, au bout d’un peu plus d’une heure, les débutants sont en mesure de traverser un petit parcours d’obstacles installés ici et là dans la pente école: cônes, cerceaux, piquets et fanions créent un circuit dans lequel le jeune skieur apprend à se diriger et contrôler sa vitesse. Bien que cette technique soit utilisée depuis des décennies dans la vaste majorité des écoles de glisse, elle comporte deux gros défauts: le débutant doit être en mesure de comprendre les sensations qu’il vivra et de les associer à la bonne ou mauvaise pratique d’un mouvement, ce qui constitue en soi un obstacle pour les plus jeunes; et la peur est présente très souvent lorsque le débutant voit la piste de haut en bas pour la première fois. La première heure de cours d’un jeune se conclut bien souvent par des pieds gelés pour cause d’immobilité, et par une impatience grandissante face à la frustration de ne pas pouvoir réaliser les opérations demandées par le moniteur.

    La nouvelle méthode, dont le principe est de sculpter le terrain de la pente école avec différents modules de neige pour favoriser l’apprentissage par la découverte intuitive des sensations, est inspirée d’une approche créée par une firme américaine, Snow Operating. Cette technique, appelée « Terrain Based Learning Program™ », redéfinit complètement la manière dont l’apprentissage des techniques de glisse se fait. Bien entendu, comme toute nouvelle méthode qu’on cherche à implanter, celle-ci a reçu un accueil plutôt tiède chez la plupart des moniteurs. L’un d’eux a toutefois été totalement converti après quelques séances!

    Mario Daniel, moniteur à Bromont, était d’abord très sceptique. Il explique: « En tant que moniteur, la première chose qu’on doit enseigner aux débutants, c’est à contrôler leur vitesse et à s’arrêter. En regardant les modules je ne comprenais pas comment les formes allaient permettre non seulement d’apprendre ça, mais en plus, de simplifier tout le processus d’apprentissage, de l’équilibre jusqu’aux changements de direction! » C’est donc un moniteur complètement conquis qui vante les qualités de la nouvelle méthode, qui fait graduellement son apparition dans les pentes écoles du Québec. « Auparavant, on devait expliquer la mécanique du ski avec beaucoup de mots, de descriptions et d’exemples. Mais en réalité, il n’y a rien comme d’expérimenter les sensations! Les virages s’apprennent presque tout seuls. C’est vraiment un bel outil! »

    Bien sûr, les modules d’apprentissage ne rendent pas les moniteurs obsolètes. Ils sont encore bien nécessaires pour aider les skieurs à corriger leur posture, effacer leurs inquiétudes et travailler sur la confiance des apprentis. D’ailleurs, Bromont poste des moniteurs dans les différents modules de la SAM (Station d’Apprentissage Modulaire), afin d’assurer une présence pour les débutants qui voudraient se lancer par eux-mêmes dans l’apprentissage du ski. Ces moniteurs sont disponibles pour tous les skieurs, gratuitement. Un bel incitatif! Mario Daniel ne tarit pas d’éloges après sa première année d’expérience avec les modules de la SAM: « Les progrès sont vraiment plus rapides. La motivation des skieurs est boostée parce qu’ils sont conscients de la rapidité de leurs progrès! Et ça, c’est la clé pour faire revenir un skieur sur les pentes pour une deuxième visite. »

    En somme, si vous désirez apprendre (ou faire apprendre) une nouvelle technique de glisse, vous aurez toujours la possibilité d’y aller par vous-même… mais ne perdez jamais de vue que les moniteurs connaissent les outils et les techniques pédagogiques pour vous faire progresser plus rapidement, de manière à éviter les frustrations et les craintes reliées à la découverte d’une nouvelle expérience. Et si vous avez peur d’avoir l’air ridicule… dites-vous que nous sommes tous passés par là un jour!

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