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    Apprendre le ski sans stress; le Terrain Based Learning s’installe

    Photo gracieuseté Bromont

    Qu’ils soient jeunes ou vieux, les apprenti-skieurs ont une chose en commun: ils se lancent dans l’inconnu physique et intellectuel lorsqu’on leur met des bottes de ski aux pieds. La découverte de nouveaux termes, de nouvelles sensations et d’un univers qui semble bien complexe vu de l’extérieur est source d’un stress légitime. C’est d’ailleurs ce stress, annulant souvent le facteur « plaisir », qui est à l’origine du faible taux de conversion enregistré dans les écoles de glisse. En clair: moins de 20% des skieurs qui vivent une première initiation y retournent pour une deuxième visite  (source: NSAA Data). C’est donc un taux d’échec de 80%! Comment expliquer ce chiffre? Après cette analyse, que peut-on changer pour faire en sorte que les nouveaux skieurs se convertissent en skieurs réguliers?

    Apprendre le plaisir

    Comme toute activité principalement récréative, le ski alpin (de même que les autres techniques de glisse) est pratiqué pour le plaisir. On cherche à bouger, prendre l’air, passer du bon temps en famille ou entre amis, bref, il s’agit d’un loisir. Mais à partir de quand en est-ce bien un? L’ensemble des sports de glisse requiert certaines habiletés, de même qu’un équipement composé de plusieurs éléments. La familiarisation avec cet équipement, ainsi que l’apprentissage des techniques de glisse représentent un processus crucial pendant lequel on peut décider d’abandonner, faute d’encadrement et de motivation. C’est qu’il en faut du temps pour cueillir ce fameux plaisir qu’on nous promet alors que nos orteils souffrent dans nos bottes, et qu’on expérimente la démarche « astronaute en déséquilibre » sur un plancher trop dur et glissant!

    Même un skieur aguerri est d’accord: faire du ski, c’est parfois douloureux, frustrant, et surtout, il fait froid la majorité tu temps. En résumé: ce n’est pas agréable! « L’absence de plaisir » est la première raison donnée par les skieurs qui indiquent qu’ils ne réitèreront pas leur expérience pour une deuxième visite sur les pentes (source: NSAA Data). Lorsqu’on leur demande de développer, les skieurs insatisfaits indiquent qu’ils n’ont pas eu de plaisir à cause du froid, des douleurs causées soit par l’équipement ou par les chutes, et qu’ils se sont sentis frustrés de ne pas progresser plus rapidement. Ouf! Tout un constat. Bien entendu, à part encourager les gens à bien s’habiller, le froid ne peut être enrayé… mais pour les douleurs et la frustration, il y a certainement moyen de faire quelque chose, non?

    C’est la grande question sur laquelle Snow Operating s’est penché dans les dernières années. Fondée en 2012, cette firme américaine s’est donné le mandat plus qu’ambitieux de redéfinir la façon dont le ski est enseigné à travers les stations de ski nord-américaines. Le mot-clé que l’entreprise a décidé d’intégrer et de marteler: FUN. Car oui, si le plaisir s’apprend, il s’agit toutefois d’une science particulière dont il fallait décortiquer les caractéristiques! À quel moment exactement peut-on dire qu’on a du plaisir à faire quelque chose, et qu’est-ce qui fait que ça peut changer, entre l’ennui ou le défi trop grand?

    L’idée du Terrain Based Learning

    En identifiant les différents facteurs de stress présents lors de l’apprentissage, Snow Operating a imaginé un environnement offrant aux débutants de tout âge la possibilité de découvrir les sports de glisse avec plus de plaisir que d’inquiétudes. C’est la sculpture du terrain sur lequel les skieurs glissent qui leur fait expérimenter les sensations de la glisse. À travers trois types de « modules », le futur-nouveau-skieur découvre les différents principes d’équilibre, de freinage, de direction, du contrôle de la vitesse et du transfert de poids, le tout de manière instinctive, ce qui réduit le temps qu’un moniteur pouvait passer à essayer de verbaliser les techniques, de même que les risques d’incompréhension des termes.

    Les ingrédients sont simples: après avoir été pris en charge de la manière la plus rapide et fluide possible à l’étape de la location de matériel, le débutant rencontre son moniteur, qui lui explique brièvement ce qu’ils feront à l’extérieur. Il est invité à regarder son matériel, le manipuler, puis la séance se déplace vers le tapis convoyeur de la pente école. Snow Operating recommande d’installer un mur ou une coquille protectrice autour du tapis pour minimiser les effets « météo » et donner un répit aux débutants.

    1. Après quelques mouvements de réchauffement au sommet de la pente école, le processus s’enclenche dans le premier module: la mini-demi-lune. Cette structure, dont le nom indique la forme, est creuse d’environ 18 pouces (45 cm) et permet au débutant d’effectuer de courtes glissades avant-arrière pour développer son équilibre et se familiariser avec la sensation de la glisse, incluant prise et perte de vitesse.
    2. Une fois que le moniteur sent son élève prêt, ils se dirigent vers le deuxième module, les rouleaux. Ceux-ci ont pour objectif de faire prendre conscience au débutant du mouvement à la base des virages, le fameux « flexion-extension ».
    3. La troisième étape constitue un parcours d’une série de virages inclinés qui ont pour but de permettre au débutant de développer sa capacité à se diriger par transfert de poids et à contrôler sa vitesse.
    4. L’étape finale est la piste parfaite, qui reprend un peu de tous les éléments précédents mais sur une plus longue distance. Le temps à allouer à chaque module dépend de chaque skieur, celui-ci pouvant revenir à tout moment aux modules précédents. La durée d’un cours de ski n’est pas différente de la méthode classique.

    Cette manière de redéfinir l’apprentissage exige un engagement très concret de la part des stations de ski: il faut produire davantage de neige et solliciter les opérateurs de dameuse pour sculpter les différents modules, ce qui en soi représente un grand investissement en énergie, en temps et en argent. De plus, la sculpture des modules se fait parfois par essai-erreur. Une courbe trop prononcée ou une pente trop raide devront être retravaillées en gardant en tête l’objectif initial de la mise sur pied de ces infrastructures: l’apprentissage doit être le plus dénué de stress, pour garantir un maximum de plaisir!

    Dans une pente école près de chez vous

    Plusieurs stations du Québec ont adopté cette nouvelle méthode d’apprentissage. L’appellation « Terrain Based Learning Program™ » étant une marque déposée, l’acquisition des droits représente un certain investissement. Les six stations du groupe Les Sommets offrent des pentes écoles conçues directement avec la collaboration de Snow Operating; d’autres écoles de glisse québécoises s’en sont largement inspirées mais utilisent différents noms et acronymes pour désigner leur zone d’apprentissage. Notons que dans les dernières années, Burton a aussi créé au même moment une technique d’apprentissage orientée sur le plaisir, dessinant un parc (Riglet park) ainsi qu’une gamme de snowboard spécialement modifiés pour permettre aux jeunes planchistes et aux moniteurs de se familiariser avec la technique de glisse. Ainsi, on retrouvera des modules d’apprentissage par le terrain dans les stations suivantes: Bromont, Mont Gleason, toutes les stations des Sommets, Ski Saint-Bruno, Val Saint-Côme, et plusieurs autres qui ont créé quelques variantes pour répondre à la demande. 

    Si vous songez à vous mettre au ski alpin cet hiver, le choix d’une de ces stations pourrait vous aider à réaliser votre souhait. Et lorsqu’on demande aux moniteurs si cette méthode est efficace, la réponse est unanime: oui! La progression des débutants s’effectue presque deux fois plus rapidement (selon les skieurs) et tous les apprenti-glisseurs à qui on a demandé s’ils avaient eu du plaisir ont répondu par la positive avec un grand sourire. Aurait-on trouvé la solution pour augmenter le nombre de skieurs sur les pentes? Espérons-le!

    Cet article a été initialement publié en décembre 2015 mais il a été mis à jour sporadiquement afin de demeurer d’actualité!

    Initiation au ski: 10 conseils pour l’initiateur

    Photo Geneviève Larivière

    Dans un éditorial de l’an dernier, j’exhortais les skieurs actifs à « parrainer » un nouveau skieur, soit par l’initiation ou la ré-initiation. Certains l’ont fait (bravo!) et m’ont même raconté leur expérience, tant pour le positif que pour le négatif. Ces derniers points ainsi que les questions de mon entourage m’ont donc guidée vers la liste suivante, qui vise à maximiser l’expérience des protagonistes, tant du côté du parrain que de l’invité! Certains des conseils vous paraitront peut-être « bébé » mais n’oubliez pas que votre routine est déjà rodée… celle de votre invité, non.

    1) Si votre cible n’est pas déjà convaincue, travaillez pour la convaincre… mais pas trop. Certaines personnes deviennent de plus en plus réfractaires à une idée à force de s’en faire parler. Personnellement, je fais partie de cette catégorie: plus on me casse les pieds à propos de quelque chose, moins grandes sont les chances que je m’y intéresse ou que je m’exécute. Donc, laissez mijoter l’idée dans l’esprit de votre cible… et fiez-vous à votre instinct: si vous sentez que vous êtes près du but, prenez les devants et lancez une invitation avec une date précise. Ne donnez jamais dans le flou « un jour cet hiver », « un bon moment donné », « dans les prochaines semaines »… la semaine des quatre jeudis, ça laisse trop de place à l’évasion! Bien entendu tout ceci convient s’il s’agit d’une cible adulte. Si la cible est votre enfant… vous pouvez toujours user de votre autorité parentale!

    2) Lorsque la cible a accepté, le doigt pris dans l’engrenage avec la date entendue: le poisson a mordu… mais il faut garder la tension dans la ligne pour ne pas l’échapper. Rassurez votre cible en lui disant que vous vous occupez de tout: vous avez votre routine, votre cible n’en n’a pas! Aidez-la à prévoir ses vêtements, à penser à son lunch (ou offrez-lui!), et proposez-lui de covoiturer si c’est possible. Votre déplacement sera plus agréable, vous réduirez les frais d’essence et minimiserez les chances de vous faire poser un lapin le matin donné (ou de ne jamais vous retrouver dans le bon stationnement!).

    3) Le choix de destination VS le choix du moment: si vous devez absolument skier un jour de fin de semaine, privilégiez les stations de taille moyenne. Évitez les endroits trop achalandés: vous êtes le premier à pester intérieurement (ou pas) contre la surpopulation momentanée d’une station trop populaire, pourquoi le faire subir à votre invité? Si vous avez le loisir de skier un jour de semaine… faites-le sans hésiter!

    4) Un petit rappel: si votre cible n’a pas d’équipement… ne l’abandonnez pas lâchement pour aller aux toilettes pendant qu’elle passe à la location. Les stations sont outillées pour tous les skieurs mais c’est un peu bête de vous être donné tout ce mal pour laisser votre cible toute seule devant des questions du genre « c’est quoi votre niveau de ski? » ou « c’est quoi votre grandeur de bottes? ».

    5) Pour l’achat du billet journalier: pensez à acheter une demi-journée ou un bloc de 4 heures… surtout si votre cible est à un retour sur les planches! « Don’t bite off more than you can chew »: si vous êtes trop ambitieux vous risquez de surestimer le courage et l’endurance de votre cible, résultat, vous aurez un humain désabusé, fatigué et plus prompt à la perdre patience, ce qui amènera inexorablement une perte de confiance et fera chuter non seulement le skieur mais aussi son envie de réitérer l’expérience.

    6) Parlant de patience: est-ce bien pertinent de vous suggérer d’en prendre un bon stock dans vos poches? Qu’il s’agisse de vos enfants ou d’un ami, de votre blonde, de votre père… évitez les signes d’exaspération. Je vous jure, ça tue toute bonne intention, toute motivation. On se sent vite incapable, et on prend presque immédiatement pour acquis qu’on ne satisfera jamais les attentes de notre parrain.

    7) Parlant d’attentes: ne vous en fixez pas. Et soyez honnête, vous aurez le réflexe de vous en fixer! Vous allez vouloir arriver tôt pour avoir une bonne place de stationnement, éviter les files à la billetterie et à la location, profiter des meilleures conditions, avoir la plus belle journée… oubliez ça. Vous arriverez quand vous arriverez! Et vous skierez quand vous skierez! Si vous commencez votre journée avec du stress et de la pression… la première descente se fera avec les dents encore serrées d’avoir accumulé pendant toutes les étapes précédentes.

    8) En piste, travaillez sur la confiance. C’est le premier outil pour lutter contre les peurs. La peur de tomber, la peur de se faire mal, la peur de perdre le contrôle, la peur de ne pas être capable, la peur des collisions, la peur d’avoir peur… Si votre enfant tombe, plutôt que d’accourir pour le relever vous-même, s’il a assez de force bien entendu, aidez-le avec des mots, pour qu’il arrive à se relever de lui-même: il n’aura plus jamais peur de tomber et sera plus solide sur ses skis, prêt à progresser! Si votre cible adulte vous semble réticente, questionnez-la sur ses peurs. En parler sera déjà une thérapie, et vous serez mieux placé pour l’encadrer et la rassurer. Les meilleurs profs de ski ne sont pas les plus techniques, les meilleurs sont ceux qui renforcent votre confiance.

    9) Ne faites pas l’erreur de croire que vous pouvez tout montrer à votre invité. Peu importe son âge, et peu importe votre niveau de ski et vos talents de pédagogue, un cours privé une fois de temps en temps replace bien des choses et permet une progression notable. De plus, les enfants et les conjoints sont les pires récepteurs de votre enseignement: quand c’est papa, on s’écrase plus vite au sol en pleurant qu’on n’y arrive pas, quand c’est le chum on boude plus vite en direction du chalet « J’pas bonne! ».

    10) Une fois la journée terminée, pensez « service à la clientèle ». Pour comprendre, quelques exemples: un serveur repasse à votre table pour vous demander si votre repas est à votre goût, un conseiller à la SAQ vous propose un accord mets et vins en vous enjoignant à lui en donner des nouvelles, un concessionnaire automobile vous rappelle un mois après votre achat pour sonder votre satisfaction quant à votre nouvelle voiture… Faites votre boulot jusqu’au bout! Vous avez travaillé super fort pour arriver à convaincre votre invité, l’amener en ski, passer une journée… vous mourez d’envie de savoir s’il a apprécié l’expérience! Et vous voulez bien entendu secrètement connaitre les choses qui lui ont moins plu… pour corriger le tir et marquer encore plus de points la prochaine fois!

    Bien sûr, si vous avez d’autres trucs et tactiques, ne vous gênez pas pour les appliquer et/ou les suggérer dans les commentaires! En attendant… avez-vous votre cible? Oui? Alors bon ski!

    Cet article a été originalement publié le 2 décembre 2013 mais les conseils qui sont exposés sont toujours d’actualité! 

    Lettre que j’aurais aimé ne pas avoir à écrire

    Cher Gestionnaire de page Facebook de TVA nouvelles,

    On ne se connait pas. Du moins, je l’espère. Je me permets quand même de t’adresser ces quelques mots, à toi, qui adresse quotidiennement des mots à plus de 600 000 personnes. C’est gros, quand même! Ça ne te fait pas peur? Prendre la parole devant un aussi vaste auditoire, y’a de quoi avoir le vertige et perdre le contrôle de ses patins! Quoi qu’il en soit, j’ignore si ce dont je vais te parler a été provoqué par un court-circuit de tes neurones, ou si ça figure dans la liste de tâches que tu dois accomplir, mais je ne peux passer sous silence cette boutade que tu as lancée candidement samedi le 21 novembre vers 10h00. Voici, en capture d’écran:

    En bonne communicatrice que je crois être, je vais adopter la méthode sandwich. Un point positif, un point négatif, un point positif.

    Donc, premier point positif, je te félicite pour la qualité du français dont tu fais preuve la majorité du temps. Ce qui me porte à croire que tu partages peut-être ce travail, et peut-être quelque-uns de tes collègues ont-ils moins de rigueur que toi, mais bref, un morceau de robot pour le fait que mes yeux ne saignent pas trop lorsque je tombe malencontreusement sur la page que tu animes.

    En revanche, je ne puis qu’être outrée du commentaire suivant, purement gratuit, d’un mauvais choix éditorial, que je cite: « Mauvaise nouvelle… La neige s’amène cette fin de semaine et elle fera une entrée remarquée! »

    Ahem.

    Comme je disais dans mon introduction, on ne se connait pas. En tout cas, c’est flagrant que tu ne me connais pas. Mais cette phrase me donne franchement envie d’extrapoler sur ta personnalité: tu dois être un de ces grincheux à qui la vue de flocons fait péter des plombages, qui voudrait faire disparaitre l’hiver, qui célèbre le réchauffement climatique, qui magasine des voyages dans le sud de novembre à avril, qui râle dès qu’il faut faire sortir le chien à plus froid que 10°C, qui pose ses décorations de Noël le 1er novembre pour ne pas avoir à le faire quand il aura neigé/gelé, qui appelle la neige « marde blanche »… et tu n’es certainement pas un skieur. Facebook ne me suggèrera probablement jamais qu’on soit amis -et c’est tant mieux!

    Ah, je saute aux conclusions?

    Excuse-moi alors. C’est donc un ordre de ton patron? Que tu suis bêtement? En ce qui me concerne, tu devrais quand même avoir la latitude d’user d’un peu de discernement dans l’accomplissement de tes tâches quotidiennes, ce qui me porte à te susurrer tendrement à l’oreille d’aller porter ton CV ailleurs, histoire de chercher un travail un brin plus stimulant. Cela dit, s’il s’agit d’une ligne directrice imposée par ton employeur, permets-moi de prendre trois grandes inspirations-expirations.

    Ce n’est certes pas la première fois que je constate la discutable qualité d’un commentaire éditorial provenant de cette source de « nouvelles », mais… il n’est même pas question de politique, de vedettariat, de sensationnalisme, de corruption, d’immigration, de meurtre, de sexe, d’homophobie, ou de quelque chien écrasé que ce soit. Ton commentaire, qu’il soit le tien ou celui de ton patron, s’attaque à une chose parfaitement impuissante, et ô combien indéfendable: la météo. Qui plus est, la météo caractéristique d’un endroit où on vit, et à laquelle on s’adapte quotidiennement, tant bien que mal. Et tu as le front d’enfourner dans la gorge de ton lectorat à coups d’entonnoir que c’est une mauvaise nouvelle.

    J’en ai une pour toi, une mauvaise nouvelle.

    C’est un mauvais commentaire, tu as fait un mauvais travail.

    C’est à cause de commentaires comme le tien que les gens n’ont pas envie de sortir l’hiver. C’est à cause de commentaires comme le tien que la morosité saisonnière et le dédain de la neige envahissent les chaumières des villes et villages. C’est à cause de commentaires comme le tien que les gens s’enfoncent dans le négativisme et le pessimisme hivernal. C’est à cause de commentaires comme le tien, et comme ceux de tous les météorologues/animateurs de radio/télé qui toussent et grognent dès qu’il est question de gel au sol ou de précipitations solides qu’on a collectivement appris à désaimer l’hiver.

    Et pour ça, pas-merci. Je vais m’arrêter là parce que je suis plutôt intarissable quand il s’agit de taper sur ceux qui tapent sur l’hiver.

    Je termine cependant mon sandwich avec le dernier point positif: j’espère que la flopée de réponses que ta publication a générée t’a remis à ta place. Je suis heureuse de constater qu’il y a plus d’une centaine de personnes qui a pris la peine de répondre que t’étais à côté de la plaque, que c’était une bonne nouvelle, et que t’aurais mieux fait de garder ton commentaire pour toi. Merci à tous ces gens, qui ont encore un bon sens critique.

    J’espère que tu en tireras un léger enseignement… j’ai cette indécrottable naiveté qui me permet encore de me coucher le soir en espérant un monde meilleur pour le lendemain. Un monde meilleur dans lequel les gestionnaires de page Facebook et tous ceux qui ont la possibilité de prendre la parole en public se responsabilisent un tantinet et apprennent à faire la différence entre « Poser une question qui provoque un débat intelligent » et « Faire un commentaire gratuit, déplacé, négatif et inutile ». Mais j’ai aussi un côté sceptique, qui me fait t’imaginer regarder des vidéos de chats entre deux publications, sans te poser la moindre question. Fais en sorte que j’aie tort, s’il te plait.

    Ah pis… Aime donc ton hiver. Il n’en reste pas pour très longtemps, y parait.

    Histoires le patrouille: skieur en zone trouble

    Photo Geneviève Pilotto

    Ce récit s’ajoute à la collection de la série « Histoires de patrouille ». Ces histoires, rédigées ou racontées par des patrouilleurs de partout au Québec, qu’ils soient retraités ou encore actifs, ont pour but d’humaniser le titre qui fait souvent frémir les skieurs et planchistes en station. Être patrouilleur, c’est bien plus que porter un uniforme, une radio et une trousse de premiers soins… c’est une histoire de dévouement, de passion pour le ski, l’entraide, l’esprit d’équipe et le don de soi. Nous espérons qu’à travers ces récits, votre perception de ceux qui sillonnent les pistes pour assurer la sécurité des skieurs changera pour le mieux!

    Patrouilleur: François Truchon
    Station: Parc régional de Val-d’Irène
    Années d’activité: 2012-…

    Nous sommes le dimanche 22 décembre 2014. La météo du moment: Ta -8°C, vent modéré du NE, précipitations reçues dans les dernières 24h: 26cm, 59 cm dans les 7 derniers jours et 178cm au total de saison. Une dépression nous fait espérer entre 40 et 50 cm au cours des prochaines 48 heures. C’est la magie des Monts Notre-Dame, où se trouve en fait le Massif de la Montagne St-Pierre, au sein duquel on retrouve, à l’extrémité est, le Parc régional de Val-d’Irène. Les trajectoires de tempête au Québec aboutissent pour la majorité en Gaspésie, avec une tendance NE. Des quatre trajectoires typiques, les Nor’Easters, ou dépression du Cap Hatteras, sont les plus courues, et pour de bonnes raisons: ces systèmes peuvent générer des précipitations majeures de l’ordre des 1 à 1,5 mètre sur 3 à 4 jours consécutifs! Certaines légendes en donnent bien plus évidemment… Bref, ce préambule servait à mettre la table pour les conditions de ski. Et puisqu’une image vaut mille mots : la suivante fut prise immédiatement après la tempête dont notre histoire relate les moments mémorables…

    Photo Parc régional de Val-d’Irène

    14h15 – L’appel

    Il est un peu après 14h00, je suis confortablement installé en compagnie d’autres secouristes dans notre remontée quadruple. La météo fait sourire tous le monde! Un appel entre  par radio: un groupe de trois skieurs seraient perdus dans la Zone Blanche! Une brève description des lieux où ils sont nous est donnée. Le groupe n’a pas les équipements appropriés: skis hors-piste et peaux d’ascension, vêtements en extra, etc. Un membre du groupe est épuisé, incapable de marcher davantage! À ce moment de la saison, le secteur de la Zone Blanche est fermé… ou plutôt, il n’est pas encore ouvert au public! C’est la première année d’opération, la signalisation n’est pas tout à fait complétée et les formations spécifiques sur le nouveau plan d’urgence pour les secouristes ne sont pas complétées! Cette tempête hâtive en saison jumelée aux conditions d’enneigement déjà supérieures à la normale a bousculé bien des préparatifs en station.

    L’appel est donc entré à 14h15, un transfert de prise en charge est immédiatement effectué à l’un de nos chefs d’équipe pour les opérations régulières de la station. Je prends contact avec la direction. Il est convenu, considérant la situation particulière -nous disposons d’une fenêtre de plus ou moins une heure avant que la noirceur ne s’installe- qu’une équipe très limitée de deux individus sera dépêchée sur place le plus rapidement possible, sous ma responsabilité. Une équipe légère est plus efficace pour une intervention initiale lorsque l’on dispose de peu d’information! L’objectif: vérifier la position décrite. Si la chance accompagne le groupe, ils seront à l’endroit que j’ai en tête. Sinon, ils passeront fort probablement la nuit dehors.

    Et parlant de nuit, elle risque de ne pas être de tout repos puisque le plus gros des précipitations s’en vient, que les vents souffleront fort et que la visibilité sera nulle sur le sommet partiellement dégagé de la Zone Blanche culminant au dessus de 700m d’altitude. Les Nor’Easters génèrent régulièrement des vents dépassants les 100km/h sur ces sommets! Qui plus est, avec toutes les précipitations déjà accumulés, nous nous enfonçons à mi-cuisse en marchant avec nos bottes près du sommet de la Zone Blanche! La neige au sol est non consolidée en ce début de saison, les motoneiges portent très difficilement. Il est donc hors de question de mobiliser davantage de secouristes dans ses conditions difficiles alors que notre plan d’urgence n’est pas parfaitement maîtrisé et que les membres de l’équipe de secouristes n’ont pas tous reçu la formation appropriée.

    14h30 – Prise en charge de la situation

    Deux motoneiges se rendent au sommet de la Zone Blanche. De là, je me dirige seul sur un sentier en direction ouest et selon la description fournie par nos aventuriers du dimanche (oui, on est dimanche!) ils ne devraient pas être trop loin… Coup de chance, ils sont précisément là où je m’attendais à les trouver! Un à un, ils sont récupérés et déplacés en motoneige jusqu’au point de rendez-vous au sommet de la Zone Blanche. De là, ils sont transportés jusqu’à la station, au chaud, en sécurité.

    Concrètement, la situation n’aurait pas dû nécessiter notre intervention! Nos aventuriers se sont lancés dans le projet sans aucune planification de sortie, un véritable fiasco en termes d’organisation et de gestion de groupe! Revisitons certains points clé:

    1. Aucune recherche d’information ne fut réalisée par nos aventuriers sur le secteur concernant les caractéristiques de bases telles que la position de la montagne, les détails sur l’approche, la sortie, les conditions météos actuelles et à venir, etc.
    2. Les membres du groupe ne possédaient aucun équipement spécialisé pour une sortie hors-piste, c’est-à-dire: ski avec fixation de randonnée, peaux d’ascension, des vêtements adaptés et de rechange, du matériel d’urgence, etc.
    3. La capacité physique des membres du groupe n’étaient pas suffisante. Un groupe tout aussi mal préparé mais en plus grande forme se serait sorti de là « sur la tête », avec une bonne histoire à fanfaronner au bar en soirée! Le retour consistait à marcher avec de la neige à mi-cuisse sur environ 2 -2.5km pour revenir en station… Un bon effort certes pour une fin de journée de ski en début de saison, mais réalisable pour un individu habitué et en forme…
    4. Le groupe en soi ne possédait aucune expérience en hors-piste. Ce point est majeur considérant les facteurs précédents puisqu’un groupe avec un minimum de compétence aurait pris les bonnes décisions au bon moment et s’en serait sorti sans plus d’émoi! Il faut quand même souligner que le secteur est facile d’accès, que le choix d’itinéraire ne représente pas un défi. C’est un terrain qui n’offre pas de difficultés techniques importantes si on le compare à la majorité des itinéraires des Chic-Chocs ou encore, évidemment, aux Rocheuses!
    5. Le secteur était clairement fermé, il y avait une bonne raison pour cela, la signalisation était encore incomplète!
    6. Enfin, le point le moins reluisant probablement! Deux des trois membres de cette désormais fameuse équipe d’aventuriers étaient… des patrouilleurs d’une station extérieure.

    Dans le monde de la sécurité avalanche, plusieurs points de cette aventure nous renvoient à ce que l’on appelle le « facteur humain ». Ce facteur de risque regroupe en fait la partie la moins tangible du processus de prise de décision que l’on associe à l’Homme. Ce sont typiquement des erreurs sommes toutes « banales » aux conséquences parfois tragiques. Pour un pratiquant aguerri, voire même un guide ou encore un spécialiste de la nivologie (étude de la neige), de la planification et de la prise en charge d’un groupe, le facteur humain sera souvent l’ennemi #1 au sein du groupe. Dans le présent cas, après avoir fait lumière sur les circonstances, la première question qui nous vient tous à l’esprit est: « Mais à quoi ont ils pensé!? » Réfléchissons ensemble… début de saison, conditions de neige extraordinaires, appel de la neige fraîche, premières traces… ajoutons un peu de naïveté, un membre influent aux idées douteuses, un manque de compétences initiales et bingo, la recette est complète! Plusieurs d’entre nous auraient pris le même risque…

    15h30 – La conclusion

    L’aventure s’est terminée dans le bureau de la direction avec un bon discours punch. Et malgré le fait que l’un des aventuriers présentait les signes précurseurs du premier stade d’hypothermie, classique des tempêtes hivernales chaudes, le tout s’est bien heureusement terminé avec plus de peur que de mal!

    Le télémark: quelques outils pour s’y mettre!

    D’entrée de jeu, il faut le dire: le télémark n’a pas la cote. C’est un sport de glisse menacé, juste à faire un tour à votre boutique de ski préférée pour vous rendre compte que son inventaire en équipement du genre est comme une peau de chagrin -même les boutiques qui étaient réputées pour l’ampleur de leur arsenal n’ont souvent pas maintenu leur engagement. Heureusement, quelques détaillants résistent; et le télémark exerce encore beaucoup d’attrait auprès de plusieurs skieurs qui cherchent de nouveaux défis…

    En ce qui a trait aux stations, seules quelques-unes ont l’air de pouvoir rassembler systématiquement le clan. On pense à Ski La Réserve, au Mont Comi et au Mont Édouard… Sinon, on rencontre parfois ici et là ces génuflecteurs from hell. En guise d’anecdote, je dirais qu’il m’est arrivé de skier dans de petites stations où des employés éberlués m’ont avoué ne pas avoir vu de télémarkeur depuis dix ans.

    Ainsi, le télémark est devenu un sport qui fait la part belle aux anarchistes de toute tendance, aux débrouillards, aux adeptes du bricolage « quick & dirty » et autres maniaques du « duck tape » ainsi qu’aux amateurs d’aubaines (Kijiji, eBay, etc). Bien sûr, il y a les chics partisans de la norme NTN (voir plus bas) qui passent quand même assez inaperçus dans les stations du Québec. Rien à voir avec le partisan barbu en bottes de cuir, tuque et sweater en laine d’alpaga… Bon, laissons tomber les préjugés pour l’instant!

    *

    Pourquoi donc cette chronique? Dans le but de faire ressortir le choix de matériel et les différentes ressources à la disposition du télémarkeur débutant ou confirmé, « old school » ou « new school ».

    Les skis

    Pour les skis, nous avons l’embarras du choix: n’importe quel ski alpin peut faire l’affaire. Il faut donc s’en remettre à nos propres préférences… Certaines règles de base peuvent éclairer nos choix: un ski court et souple pour le débutant, plus long pour le skieur confirmé. Plus large pour le hors-piste et plus étroit pour la piste. Plus rigide pour la glace et plus souple pour la poudreuse. Un ski «rocker» pour la neige molle et un ski à cambrure classique pour la neige dure. J’insiste: ce ne sont là que des considérations très, très générales.

    Par ailleurs, il est tout à fait raisonnable et conseillé de faire l’essai de plusieurs skis dans le but de se faire sa propre idée. Par exemple, on peut être néophyte et tout de même préférer un ski long pour sa plus grande stabilité à vitesse rapide… Pour s’aider dans cette tâche, on peut se prévaloir de ce que certaines montagnes, boutiques ou écoles offrent en location de matériel de télémark. On peut aussi profiter de journées démo. Des heures de plaisir en perspective!

    Les bottes et les fixations

    Premier conseil: il est préférable de trouver chaussure à son pied en premier… C’est probablement ce qui dictera le choix de la fixation.

    Malgré cela, on doit quand même se questionner: 75 mm ou NTN? Ce sont, pour résumer, les deux standards qu’on retrouve aujourd’hui dans le monde du télémark. On pourrait penser que la norme NTN est l’aboutissement technologique, la finalité en ce qui a trait aux fixations télé… Mais quand on y regarde de plus près, on se rend compte que sa suprématie n’est pas consensuelle; beaucoup de skieurs expérimentés préfèrent la norme 75 mm, pour toutes sortes de raisons, en fonction du type de glisse pratiquée… On est quand même capable de dégager une forte tendance: les skieurs adeptes du hors-piste préfèrent le vieux « duckbill » de 75 mm (souvent conjugué à la Axl de 22 Design ou à la Switchback de Voilé) et les skieurs en piste optent plus facilement pour la norme NTN, qui offre de nets avantages en « carving » et sur surface glacée, avec une grande précision au niveau de la prise des carres.

    Par ailleurs, nous voyons actuellement d’intéressants développements dans la foulée de l’invention de la fixation NTN par Rottefella; plusieurs autres fabricants se sont mis récemment à élaborer leur propre version NTN. On parle de la Outlaw de 22 Design (toute fraîche sortie), de la Spike NT de chez Burnt Mountain Design, et d’un fascinant concept hybride: la Meidjo de M Equipement, qui est une hybride entre Dynafit et NTN. Avec son poids plume, l’amplitude de son mouvement en montée et sa souplesse en hors-piste, elle risque sincèrement de changer la donne. Pour la plupart de ces nouveaux modèles, on est en plein rodage; nous verrons cette année où nous en sommes avec ces avancées technologiques.

    En ce qui a trait aux fixations de la norme 75 mm, nous avons encore suffisamment de matériel à notre disposition, avec ou sans le mode randonnée qui facilite la montée. On pense à la O1 (avec mode rando) et O2 de Black Diamond; La Axl (avec mode rando) et la Vice de 22 Design; la Spike de Burnt Mountain Design, avec ses différentes configurations, toutes avec mode rando; la 3 pin Cable, la Hardwire, la Switchback et la Switchback X2 de Voilé (ces 2 dernières possédant le mode randonnée); la Enzo R, La Targa et la Targa Ascent de G3 (cette dernière disposant aussi du mode rando).

    Si vous prévoyez faire davantage de ski hors-piste et grimper par vos propres moyens (peaux d’ascension), le mode rando presque incontournable; ce type de fixation permet de relaxer la tension sur le talon afin de vous permettre une foulée plus aisée, un peu comme en ski de fond.

    Détaillants

    Il n’y a que très peu de boutiques qui gardent encore du matériel de télémark en inventaire. En voici quelques-unes:

    Location

    Ces stations et détaillants offrent de l’équipement en location:

    Écoles

    Elles nous proposent des moniteurs qualifiés, soit pour nous introduire au télémark, ou encore pour nous offrir de la formation continue sur mesure:

    Festivals de télémark

    Les téléfestivals nous offrent l’occasion de rencontrer des skieurs passionnés, d’essayer du matériel à la fine pointe de la technologie et/ou de suivre des ateliers de perfectionnement. Par ailleurs, les après-skis ont la réputation d’être assez festifs…

    Il n’y a que 3 stations de ski au Québec qui ont un téléfestival récurrent: il s’agit du Téléfestival du Parc du Mont Comi près de Rimouski, du Festi-Télémark au Mont Édouard (Bas-Saquenay) et le Festival du Talon libre de Ski La Réserve à Saint-Donat. Notez dans votre agenda: le Mont Comi et La Réserve ont confirmé leur date pour l’événement à venir, soit le 13 février 2016.

    DVD, livres et autres

    Pour ceux et celles qui carburent à l’éthique « do it yourself » voici ce que vous avez à votre disposition pour faire l’apprentissage des techniques, que ce soit en mode vidéo ou en lecture. La très grande majorité de ces sources est en anglais, bien peu de documentation existe dans la langue de Molière -serait-ce une invitation pour certains mordus?

    • The Telemark Movie, Revenge of the Telemarkers, Telemark Workshop, The Joy of Telemark Skiing, tous produits et réalisés par la North American Telemark Organisation, sous l’égide du célèbre Dickie Hall. Les 3 premiers sont « old school »; le dernier traite des techniques récentes
    • Unparalleled: A Journey From the Roots of Telemark Skiing, réalisé par Josh Murphy
    • Free Time: Techniques for Modern Freeheel Skiing, produit par Unparalleled Productions
    • Modern Telemark: Art and Technique, de Urmas Franosch, le plus récent et complet
    • Absolute Telemark.com offre aussi des capsule techniques videos abordables sur son site
    • Youtube et Vimeo regorgent également d’informations visuelles sur le télémark

    En ce qui a trait aux livres, j’en dénombre trois importants:

    J’ajouterais que les magazines en lignes Off-Piste et Couloir (essentiellement à titre d’archive) regorgent d’informations pertinentes relatives au télémark.

    Site web d’intérêt

    On y retrouve de tout: des conseils, des récits d’expédition, des débats pimentés, des capsules vidéos, de l’équipement usagé, etc:

    • Absolute Telemark.com, un site québécois axé sur la pédagogie. Ses «podcasts» sont particulièrement intéressants, même si tout le contenu est en anglais
    • earnyourturns.com, un site américain très axé hors-piste et télémark avec un intérêt quand même marqué pour la randonnée alpine (AT pour alpine touring)
    • telemarcoeur.com, site conçu par un passionné français du talon libre
    • telemarkeast.com, un site dédié au télémark en Nouvelle-Angleterre
    • telemarktalk.com, site ravivé et remis sur pieds avec amour par un célèbre télémarkeur Québécois, le bien nommé JohnnyLove Dauphin

    Voilà! Maintenant vous avez -presque- tout ce qu’il faut pour vous y mettre! Et si vous hésitez encore… voici Dix raisons d’essayer le télémark cet hiver! Bonne glisse, bon talon libre!

    10 raisons d’essayer le télémark cet hiver

    Comment savoir si un télémarkeur est à l’après-ski? Il le dira bien assez vite! Et… il y a fort à parier qu’il vous incitera à essayer cette technique de glisse. Vous hésitez? Voici dix raisons, plus ou moins sérieuses mais toutes vraies, pour achever de vous convaincre!

    1. C’est beau à voir! L’humain aime le beau. Tout le monde se retourne en voyant un télémarkeur valser dans la neige et danser avec les bosses. Non, vous n’aurez pas l’air de ça dès le début… mais juste l’idée de vouloir essayer quelque chose de beau, c’est suffisant, non?
    2. Ça rallonge les pistes de ski! Si vous êtes de ceux qui ont peu ou plus de défis au quotidien, essayer le télémark vous fera aborder les pistes d’un angle différent. Plus longues, plus pentues, plus accidentées… si vous ne le percevez pas en descente, vos cuisses vous le diront à l’arrivée!
    3. C’est un sport sans impact! Tout est dans la glisse et les muscles. Vous avez les genoux finis? Mal au dos? Le télémark vaut la peine d’être considéré, avant le ski de chalet! Votre posture s’améliorera, et votre corps s’assouplira.
    4. Non, ce n’est pas difficile. Ce qui fait peur à chaque débutant, c’est le principe du virage, qui nécessite une légère profession de foi. Mais il faut avoir confiance… ce qui est difficile, ce n’est pas la technique, c’est simplement la répétition d’une posture qui sollicite plus de muscles!
    5. Vous serez l’excuse parfaite de vos amis qui trainent de la patte: « On t’attendait! ». Car oui, on ralentit, en télémark… surtout dans les débuts… et après, c’est parce qu’on redécouvre le plaisir des vitesses moins excessives!
    6. … mais parlant de ralentir: il y a moins de pertes de contrôle dues à la vitesse, donc moins de risques d’accidents ou de blessure! Bon, les langues sales diront que c’est toujours en descendant tu télésiège qu’on tombe… mais laissez-les parler… les télémarkeurs développent une carapace anti-railleries.
    7. C’est polyvalent! Si vous craignez la fatigue et que vous êtes un skieur alpin en voie de conversion, vous pouvez toujours vous remettre en position alpine. De plus, avoir le talon libre, ça permet de patiner sans effort jusqu’à cette piste un peu éloignée, vous savez, celle où les snowboardeurs doivent systématiquement marcher? Adieu faux-plats, au revoir foule, vous pouvez aller où bon vous semble, c’est à votre portée!
    8. C’est la porte d’entrée du ski de randonnée. Vous vous souvenez de ces sorties de ski de fond qui étaient, somme toute, agréables? Le télémark vous permet d’aborder le hors-piste sans avoir à tout modifier votre équipement.
    9. Vous voulez vous (re)mettre en forme? Cette technique de glisse étant légèrement plus exigeante physiquement que le ski alpin, votre corps travaillera différemment et votre cardio s’améliorera, même en descente!
    10. Votre socialisation se portera numéro un! On vous abordera avec mille et une questions… et vous vous surprendrez à vous prêter au jeu d’y répondre! Mesdames, messieurs… c’est encore mieux que du speed dating!

    Bonus: vous n’aurez plus jamais froid! Vos pieds étant plus mobiles dans vos bottes, la circulation sanguine se fera toujours bien et vous n’aurez plus à craindre les journées plus froides! Ce court palmarès aurait pu contenir bien plus de raisons… mais en s’arrêtant à dix, on vous donne l’occasion d’en découvrir d’autres par vous-même lors de votre initiation! Et si vous cherchez de la compagnie ou des conseils, voici d’abord un article avec quelques outils pour s’y mettre! Bonne glisse!

    Japon: les pieds dans la neige sous un cherryblossom!

    En avril 2015, nous sommes allés à Tokyo en voyage professionnel et nous avons réalisé que le ski y était encore possible. Après 5 jours, on s’est donc sauvé en Shinkansen, le train grande vitesse, vers Yuzawa dans la région de Niigata. Sa proximité avec la ville -on y est en deux heures- la rend accessible, même en voyage aller-retour d’une journée. Nous avons cependant préféré prévoir deux jours consécutifs sur les lieux pour bien apprivoiser le terrain et voir du pays.

    À proximité la gare de Gala-Yuzawa se trouve le mont Gala, un petit domaine skiable en plein cœur de la ville, ce qui est assez particulier. Bien que ce domaine ne semble pas dépourvu d’intérêt, il est tentant de s’éloigner davantage vers les montages plus imposantes. En effet, on peut accéder facilement aux Monts Naeba, Kagura et Mitsumata par autobus, trois stations reliées entre elles par des télécabines et remontées communes.

    De la route, en arrivant à la base du Mont Naeba, on contourne l’imposant Prince Hotel, pouvant loger 1242 personnes, ce qui démontre bien l’engouement que peut susciter le secteur à certaines périodes de l’année! Toutefois, rien ne vous oblige à choisir cette option un peu tape-à-l’oeil si vous vous rendez dans cette région. Il est probablement plus dépaysant, intéressant et moins cher d’aller dans un petit Riokan, ce genre d’ auberge typique du Japon possédant des chambre très zen où le sol est généralement couvert de tapis en paille de riz et où le soir venu, on déroule les futons pour la nuit.

    Pour ce qui est de la neige, le Japon en offre beaucoup, mais le pays ayant bénéficié d’un soleil abondant en avril, il ne restait que le Mont Kagura d’ouvert lors de notre passage. Sur le parcours en autobus nous menant vers cette montagne, quelques Tokioïtes fanatiques de snowboard étaient aussi à bord, ce qui nous indiquait que nous étions sur le bon trajet. Déjà le voyage en valait la peine, on pouvait contempler les cerisiers en fleurs et la végétation déjà très verdoyantes. Aux termes de tous les virages en épingles, on a pu apercevoir quelques pics enneigés, mais sans plus, ce qui nous faisait craindre un peu pour le ski. Toutefois, à voir le nombre de voitures garées dans le stationnement, on s’est dit qu’il devait probablement y avoir de quoi s’amuser tout là haut et on a repris confiance.

    Le secteur hors-piste était toujours ouvert, l’entrée surveillée par un gardien qui prenait les coordonnées et les décharges des randonneurs désirant se rendre tout en haut. Après évaluation et réflexion, nous avons conclu qu’avec les conditions de neige du moment, on y aurait perdu beaucoup de temps pour rien. Il était de toute façon possible de descendre dans les pistes juste à coté du domaine hors-piste, celles-ci étant presque identiques à la zone plus éloignée. Il y avait d’immenses trous à la base des arbres qui prouvaient l’épaisseur de la surface de neige, c’était impressionnant! Même si les dangers ne sont pas les mêmes qu’en plein hiver, il fallait éviter ces énormes trous en zig-zaguant prudemment entre les pins. Au détour des longs virages, en admirant les paysages majestueux, on réalise qu’on a tellement de la chance d’être là!

    Pour dîner nous avons, comme les gens de la place, mangé notre ramen dans un gobelet de styromousse en aspirant bruyamment les nouilles comme les locaux dans la roulotte-salle de lunch au milieu de la montagne. On s’est fait un ami japonais qui tenait vraiment à ce qu’on mange avec lui et ses amis septuagénaires. La journée a passé trop vite, si bien qu’à 16h00 lorsqu’on a entendu un message sur l’interphone de la montagne, nous n’en avons pas trop fait de cas, puisque nous savions que la montagne ne fermait qu’à 17h. Nous avons eu un doute lorsque nous avons vu des groupes d’adolescents sortir du snowpark pour se diriger vers les pistes en direction de la base. Alors nous sommes descendus, parfois en pédalant car la neige collait, et le paysage était tout aussi magnifique en descendant. Nous avons bien fait d’emboiter le pas aux jeunes car effectivement, la montagne fermait à 17h mais il fallait compter entre 45 et 60 minutes pour revenir au stationnement!

    Arrivés en bas, nous avions prévu un peu de temps pour l’après-ski avant que notre navette exclusive ne vienne nous chercher. Toutefois, mis à part quelques boutiques de location et des petites roulottes de chantier où l’on peut acheter bière et nourriture, les installations étaient minimales. Comme il n’y a pas vraiment de restaurants ou bars sur place, après avoir passé leurs équipements à la douche -oui, tout le monde s’empresse d’y faire la file- les japonais semblent prendre la direction stationnement pour prendre une bière sur une des chaises pliantes près de leurs voitures et nous avons fait comme eux.

    Après deux grandes journées de ski, nous avons eu un très bon aperçu de ce que doit être cette montagne en haute saison. L’équipement en location et en vente n’est que de l’équipement de poudreuse et les Japonais rencontrés sont unanimes, c’est une superbe station où l’on peut être assurés de quantité Incroyables de poudreuse avec une moyenne de 12 à 15 mètres par année. De plus, Kagura offre de tous les niveaux de pistes, elle est à proximité de Tokyo, les paysages sont magnifiques, il y a de la poudreuse et son ski de printemps s’étend jusqu’à la fin mai. Alors, qui est déjà en train de regarder les billets d’avion?

    Le ski hors-piste sous la loupe: qu’en est-il exactement?

    Cette discipline n’a rien de nouveau en soi, disons-le d’emblée. Elle est, depuis les deux ou trois dernières années, de plus en plus à l’avant-plan dans les commerces, dans l’esprit des skieurs et dans les discussions qu’entretiennent les différents acteurs de l’industrie du ski. C’est néanmoins une discipline fort ancienne, qui existait bien avant l’avènement des premières remontées mécaniques. À l’époque, les ingrédients étaient simples: avoir un esprit aventurier, grimper un versant enneigé, et descendre. Du hors-piste sans tracas, puisque le concept « en piste » n’existait pas non plus!

    L’évolution

    Inutile de dire à quel point les choses ont changé depuis ce temps. Le matériel à lui seul porte tous les signes de la modernisation: matériaux légers, fixations et bottes polyvalentes, brevets ici et là… même les peaux de phoque n’ont plus raison d’être puisque plus aucun phoque n’est utilisé pour grimper une montagne! La pratique du ski hors-piste est désormais bien plus accessible par le biais d’un équipement simple d’utilisation et à portée de tous. De plus, la tendance étant à l’ouverture et à la communication facile et rapide des domaines hors-piste par l’intermédiaire des réseaux sociaux, cette discipline gagne des adeptes de saison en saison, et tous ont une idée en tête: la liberté.

    Dressé de cette manière, le portrait semble plus que positif. Mais puisqu’aucune médaille n’est assez mince pour n’avoir qu’un seul côté, allons voir ce qui se cache du côté « obscur » du hors-piste… Car la grande problématique du lieu demeure le nerf de la guerre pour les skieurs; certains allant jusqu’à dire que le « vrai » hors-piste n’existe tout simplement pas. Mythe ou réalité? Et d’abord, qu’est-ce que c’est, le « vrai » ski hors-piste?

    Les débats

    L’appellation en soi rencontre des opposants de tous les horizons. Puisque le terme « hors-piste » vient de ceux qui ont démonisé les skieurs qui skiaient entre les pistes en station, la discipline est en quête d’identité à travers le terme qui la représente. Plusieurs variantes existent: ski de haute-route, ski de randonnée, remontée alpine, ski de montagne, backcountry, sidecountry, bref, il y en a pour tous les goûts et il est presque impossible de s’y retrouver réellement lorsqu’on se met à comparer les différents secteurs et offres de services.

    La Fédération Québécoise de la Montagne et de l’Escalade, qui développe depuis peu un volet « ski de montagne » s’est offert dernièrement à mettre sur pied un comité composé de diverses entreprises bien présentes dans le milieu afin d’éclaircir entre autres la question de l’appellation. Même en passant par-dessus le débat sémantique, un autre problème demeure: l’accessibilité aux différents domaines skiables. Tel qu’évoqué un peu plus tôt, la rapidité de transmission des informations sur les réseaux sociaux fait en sorte qu’il est relativement facile de s’intégrer à un groupe de discussion dont les passionnés défrichent leur secteur privé bien à eux, faisant abstraction des lois, des bonnes pratiques, des protocoles de sécurité et de la préservation de l’environnement. Le mot d’ordre: le silence, et la gratuité.

    Devant ce manque de structure, certains acteurs ont ressenti le besoin d’encadrer la pratique du ski hors-piste. De là, deux grandes tendances se sont dégagées: d’une part, on veut conserver l’idée de liberté, et d’autre part, on veut « jouer le jeu », être « légal » et faire les choses « bien » de manière à avoir un maximum d’appui de la part des instances gouvernementales et des assureurs.

    Le paradoxe

    Malheureusement, la pratique du ski hors-piste entre en conflit avec bons nombres de lois et de préceptes auxquels les assureurs et les hommes de loi tiennent très fort. Au Québec, la loi prévoit que les propriétaires d’un terrain sont responsables de ce que les visiteurs y font. Une autre loi stipule que le ski alpin doit être encadré par le code de conduite en montagne et ce dernier est clair: le ski en dehors des pistes balisées est interdit. D’autres lois touchent à divers aspects ayant un impact sur la pratique du ski hors-piste, mais globalement, la structure légale en place barre le chemin à bien des projets depuis les dernières années puisque, disons-le clairement, le ski hors-piste est illégal au Québec.

    En deuxième lieu, un autre frein majeur -et sans doute la motivation derrière les lois- est mis par les assurances et les programmes gouvernementaux. La solution, pour les bureaucrates, est de chercher à encadrer le sport, de normaliser le terrain, les pratiques, le matériel… Bien entendu, cette solution est décriée haut et fort par les adeptes et les puristes, qui désirent avant tout… la liberté. Avec le temps, les skieurs sont devenus maitres dans le défi de l’interdit, exploitant ici et là plusieurs terres de la couronne et autres versants privés mais ô combien skiables, et au diable les préoccupations administratives!

    Les tentatives

    Depuis quelques années, certains joueurs dans le milieu ont entrepris de se battre pour faire évoluer la question de l’accessibilité aux secteurs hors-piste. On se rappellera des débuts de la Zone Blanche dans le Parc régional de Val d’Irène, qui fut l’un des premiers secteurs hors-piste privés au Québec. Avec la collaboration de l’Association des Stations de ski du Québec, des assureurs, du ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (anciennement le ministère de l’Éducation, des Loisirs et des Sports) ainsi que de certains patrouilleurs de Val d’Irène, un protocole de sécurité a été mis au point et les paramètres nécessaires au développement d’un endroit skiable et non-patrouillé ont été mis sur pied en projet pilote. Cependant, bien qu’annexer un secteur hors-piste à une station de ski en opération semble être une partie facile, lorsqu’il s’agit de prendre un endroit complètement nouveau et de le rendre accessible en ski hors-piste uniquement, ça devient une toute autre histoire.

    La Fédération Québécoise de la montagne et de l’escalade (FQME) propose depuis peu de légaliser des terrains pour le ski de montagne détenus par des organismes sans but lucratif (OSBL). Le concept est fort simple: d’abord, une entente est conclue avec les propriétaires ou l’OSBL pour assurer gratuitement le terrain en responsabilité civile. Puis, les droits d’accès, obligatoirement assumés par le visiteur, doivent englober un montant de 10$ par jour ou 32$ par année, qui couvrira le visiteur (preneur du contrat pour la durée déterminée) en cas d’accident. Aucun patrouilleur n’est alors requis, ni d’infrastructure (salle de patrouille, etc.). Les exploitants de terrains doivent toutefois établir un protocole de base pour la sécurité mais c’est là la seule obligation. En cas de besoin, le sauvetage d’un client se fera par les les organismes de secours déjà en place, et les frais appliqués seront facturés aux assurances. Ce modèle est déjà bien en place pour les murs d’escalade un peu partout au Québec, dont l’accès posait la même problématique que les domaines hors-piste. Cependant, le programme n’est offert qu’aux OSBL, ce qui en limite énormément l’accès pour les entreprises incorporées ou enregistrées.

    La complexité du dossier fera probablement en sorte que bon nombre des exploitants rebrousseront chemin devant l’ampleur du travail à accomplir: plus facile de défricher un sous-bois que des procédures administratives… Mais la solution pour que se rejoignent l’offre et la demande devra obligatoirement passer par un assouplissement des règles et des compromis seront nécessaires, tant du côté des adeptes et des exploitants que du côté des assureurs et législateurs. Il n’y a qu’à penser au grand nombre d’anciennes stations de ski, dont les pistes sont encore allègrement entretenues, défrichées et skiées (illégalement!); une entente et des procédures permettant l’accès aux lieux convoités dans un contexte ouvert et sécuritaire est le voeu de Noël de l’ensemble des propriétaires et skieurs buissonniers.

    Le besoin est criant: il faut trouver une solution viable pour les entreprises qui souhaitent laisser leur terrain accessible à la population et les prochains mois risquent d’être fort riches en terme de dialogues entre les divers organismes, qui tenteront tous de tirer leur épingle du jeu le mieux possible. Reste à espérer que ça se fasse rapidement, et qu’il y ait assez de neige pour que tous puissent assouvir leur besoin de poudreuse et de liberté…

    Histoires de patrouille: au mauvais endroit, au bon moment?

    Photo Geneviève Larivière

    Ce récit s’ajoute à la collection de la série « Histoires de patrouille ». Ces histoires, rédigées ou racontées par des patrouilleurs de partout au Québec, qu’ils soient retraités ou encore actifs, ont pour but d’humaniser le titre qui fait souvent frémir les skieurs et planchistes en station. Être patrouilleur, c’est bien plus que porter un uniforme, une radio et une trousse de premiers soins… c’est une histoire de dévouement, de passion pour le ski, l’entraide, l’esprit d’équipe et le don de soi. Nous espérons qu’à travers ces récits, votre perception de ceux qui sillonnent les pistes pour assurer la sécurité des skieurs changera pour le mieux!

    Patrouilleur: Patrick Teasdale
    Stations: Mont Rigaud, Olympia, Morin Heights
    Années d’activité: 1993-2012

    Tuckerman Ravine (Mont Washington), mai 1995

    Ce pèlerinage annuel à Tuck aurait dû se dérouler comme tous les autres auxquels j’ai participé depuis dix ans. C’était sans compter les bourrasques de vent de 100 km/h, la présence d’un nombre très restreint de joyeux aventuriers et les excès d’un skieur téméraire…

    De loin, j’ai vu le gars débouler la pente telle une poupée de chiffon. Il tombait et culbutait sans fin. J’ai gravi la pente longue et raide en sa direction. C’est sûr que ce skieur aurait besoin d’assistance. Je venais tout juste d’arriver à la base du bol et je n’avais pas encore skié. J’étais loin de me douter que je n’enfilerais aucun virage télémark cette fin de semaine-là.

    Quand je me suis penché par-dessus le gars, son teint était pâle. Il criait comme un damné et je voyais clairement la luette au fond de sa gorge. Ses cris me défonçaient les tympans. J’étais le premier arrivé sur le site de sa très longue chute: une centaine de mètres clairsemés de neige, de glace et de parois rocheuses. Bien en haut de nous, sous The Icefall, éparpillés sur la paroi abrupte, ses skis, ses goggles, ses gants… Du sang s’écoulait à travers son pantalon de neige. La neige rosissait lentement. Un coup d’oeil rapide sur le gars révéla un enjeu dramatique et urgent:  son fémur droit présentait un angle potentiellement létal de 90 degrés. Son fémur était plié en deux! Cassé, fracturé, kaput. J’avais déjà vu ça: dans le manuel et dans les simulations de la patrouille. Mais en vrai, jamais. Pas joli…

    Dire que je “capotais” serait inexact. Je n’éprouvais aucune panique; je savais quoi faire et comment le faire. La patrouille m’avait bien préparé. J’avais “déjà” deux saisons d’expérience…  La situation pressait. Ce type devait être évacué au plus vite. Dans mon esprit, le temps s’était arrêté. Les cris, le sang, l’angle du fémur et l’extrême intensité du moment m’hypnotisaient. Allais-je devoir évacuer le gars par mes propres moyens? Impossible! Par bonheur, un ranger s’est pointé après quelques minutes seulement. Du bas de la paroi, il avait tout vu. Il tirait derrière lui une lourde civière de haute montagne. Quand il a vu l’état de la victime, son visage s’est crispé. Lui et moi en étions venus à la même conclusion: ce gars-là voyait probablement tomber ses derniers flocons de neige…

    Un appel à la base sur la radio vhf du ranger avait tôt fait d’établir le reste des opérations. Pas d’évacuation possible en hélico: trop de vent, visibilité réduite. C’était à pied qu’on allait sortir le blessé d’ici. Alors que j’avais déjà endigué l’hémorragie du mieux que je pouvais et que j’avais contrôlé les signes vitaux (état de choc bien établi), il restait à réduire la fracture du fémur. C’est à ce moment que le ranger a demandé à la victime:

    “Do you believe in God? If so, now is the time to pray.” J’étais situé à la gauche du gars pour immobiliser la partie supérieure de son fémur pendant que la fracture était réduite par le ranger. L’atroce cri de douleur que cette pauvre âme a rendu était à glacer d’émoi. Cette opération m’a chaviré les tripes. J’ai vomi plus tard en y repensant. Nous avons ensuite installé une éclisse en acier le long de sa jambe, avant de le rouler sur une planche dorsale. Le ranger était nerveux mais en contrôle de la situation. Moi, j’opérais “sur le pilote automatique”. La victime était devenue inconsciente. Un soulagement pour tous.

    S’est alors déployée l’oeuvre caritative la plus formidable à laquelle j’ai jamais participé: on s’est mis à 6-7 bons samaritains et on a sorti le gars en civière jusqu’à l’ambulance qui nous attendait en bas, à Pinkham Notch. Cinq (je le jure sur la tête de son fémur: 5!!) heures de marche pénible à descendre dans la trail rocheuse et enneigée, à porter un combo victime-civière de plus de 250 lbs. On l’a fait à bout de bras et, quand il y avait assez de neige sur le sentier, en tirant la civière. La victime avait de brefs moments de lucidité durant lesquels elle gémissait. Ce gars-là, si jamais il a survécu à son accident, il nous doit sa vie. Rien de moins. En effet, avec aussi peu de skieurs présents ce jour-là, les probabilités de trouver deux secouristes sur la montagne étaient minces.  Je me souviens du nom du gars, qu’il réussissait à balbutier quand il sortait du coma avant d’y replonger rapidement: Bob.

    Une fois arrivés au centre d’accueil de Pinkham Notch, nous avons délégué les soins de Bob aux ambulanciers. Oxygène, prise des signes vitaux et départ ultra rapide vers un centre hospitalier. Avant que la civière soit montée à bord de l’ambulance, Bob m’a serré la main faiblement et m’a remercié. Durant toute cette longue opération de sauvetage je suis le seul qui ait été en contact visuel constant avec lui. Mon visage comme un filigrane sur le fond flou de sa conscience. Fin de mon intervention. Je n’ai plus jamais entendu parler de Bob. Le souvenir qu’il a laissé en moi demeure, à ce jour, très puissant.

    ***

    S’aventurer hors piste, même dans un lieu aussi achalandé que Tuckerman Ravine au printemps, comporte sa part de risques. La tentation est grande de repousser ses limites et de chercher à augmenter le niveau d’adrénaline qui coule dans nos veines. Bob a payé cher (peut-être même très cher) son saut au dessus de The Icefall. En vérité, sauter n’est pas si difficile. C’est le landing qui pose problème. Si Bob avait mieux évalué les conséquences d’un accident à Tuck, il n’aurait peut-être pas sauté…

    L’évaluation relative, et même objective, des risques s’apprend. Il existe des méthodes et des protocoles simples afin d’estimer les risques encourus dans l’arrière-pays. Une fois déterminés, les risques doivent être considérés en regard des bénéfices. Le jeu en vaut-il la chandelle? Les réponses sont personnelles et elles orientent nos choix.

    Il ne faut pas oublier que nos décisions ont souvent un impact sur autrui. L’accident de Bob a certainement eu des répercussions sur sa famille, son emploi, sa vie. Que dire des impacts que cet accident a eu (ou aurait pu avoir) sur nous, les sauveteurs? En demeurant longtemps sous The Icefall pour le secourir, nous nous sommes exposés à de très grands risques d’avalanches de débris rocheux. Les intempéries nous exposaient à l’hypothermie. Par ailleurs, nous aurions pu empirer son état (causer sa mort?) si nous n’avions pas su comment intervenir. Le choix de Bob de sauter à cet endroit a marqué de façon indélébile la vie de plusieurs personnes. En y pensant de plus près, je constate que Bob était seul. Seul…

    A ce chapitre, je crois que notre mentalité de skieurs/riders a évoluée. En 1995, on ne parlait que très peu d’avalanche. La notion de risque était absente de la planification de nos aventures. Mais encore aujourd’hui, il me semble que nombreux sont les aventuriers qui n’ont pas de plan de contingence, pas de back-up plan.

    Et vous, où vous situez-vous dans l’appréciation du danger lors de vos sorties hors piste? Et si votre aventure tournait mal, quelles seraient vos options?

    ***

    Quand je me remémore ce sauvetage in extremis sur les flancs de Tuck, je n’ai plus envie de vomir. La nuit, je ne revois plus l’image d’une luette qui m’assourdit. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que sans ma formation de patrouilleur je n’aurais jamais pu porter assistance à Bob. Aujourd’hui, je suis plutôt fier d’avoir été un patrouilleur au mauvais endroit au bon moment. Ou serait-ce plutôt le contraire?

    La chasse aux tempêtes de Mathieu Bordage

    En parcourant ZoneSki, on constate un grand engouement des skieurs pour la météo et le climat. Que ce soit pour chasser la neige poudreuse ou fuir les redoux, il faut se tenir bien au fait des tendances météorologiques à moyen et court terme. Certains membres de notre forum en ont même fait leur spécialité. En attendant le froid, on vous propose un voyage mouvementé dans l’univers de Mathieu Bordage, chasseur de tempêtes!

    Xtreme Chase Québec

    Mathieu Bordage est l’un des membres fondateurs de Xtreme Chase Québec, une équipe québécoise de chasseurs de tempêtes fondée en 2012 et qui compte plus de 6000 adeptes sur leur page Facebook. Les six membres du groupe parcourent chaque année des dizaines de milliers de kilomètres pour assister à des phénomènes météos extrêmes ou inusités à l’aide de leurs véhicules personnels truffés d’instruments spécialisés. Ils publient, souvent en temps réel, photos, vidéos et analyses météos de leurs aventures afin de partager leur passion et du même coup informer la population des dangers reliés aux intempéries.

    Mathieu se définit comme un touche à tout. Il a un travail de jour en plus d’être photographe météo pigiste pour le Journal de Québec entre autres. Possédant une solide base en météorologie et une formation en premiers soins, il s’intéresse à tous les types de phénomènes naturels incluant les orages, les éclairs, la grêle, les tornades, les inondations, les aurores boréales et… les tempêtes de neige! Lorsqu’il n’est pas au travail, il est à l’affut et prêt à partir à la moindre alerte météo.

    La chasse aux tornades

    Il s’agit certainement de l’activité fétiche des chasseurs de tempêtes. Comme au Québec on enregistre généralement que cinq ou six tornades par année, il faut aller dans les grandes plaines américaines pour vivre l’expérience à fond. Chaque printemps, Mathieu et ses acolytes se rendent dans la Tornado Alley, un corridor s’étendant du Dakota du Sud jusqu’au Texas, site réputé pour ses très nombreuses tornades. J’anticipe la question qui brule vos lèvres : mais comment une chasse aux tornades peut-elle bien se dérouler et terminer?

    Attention, la chasse aux tornades est une activité complexe et potentiellement mortelle qui ne devrait être pratiquée que par des gens qualifiés pour le faire!

    Étape 1 : faire des prévisions météo

    La veille et le matin du départ, on fait des prévisions météos afin de tenter de déterminer quel est le secteur présentant les conditions les plus favorables à la formation de tornades. Pour ce faire, il faut un peu de chance, pas mal de flair, et surtout une excellente compréhension des données météos fournies entre autres par les radars américains accessibles via internet.

    Étape 2 : se rendre dans la zone à risque

    Très tôt le matin, c’est le départ! On se rend dans la région choisie tout en surveillant l’évolutions de la météo en temps réel. Il faut parfois parcourir plusieurs centaines de kilomètres afin d’arriver à destination. Les tornades peuvent survenir à n’importe quelle heure mais sont plus fréquentes en fin de journée. Les véhicules des chasseurs, arborant souvent les marquescausées par la grêle et les débris transportés par le vent, sont équipés de webcams permettant aux internautes de suivre la chasse en temps réel.

    Étape 3 : suivre les orages

    Comme les systèmes météos se déplacent presque toujours vers le nord, leur trajectoire est plutôt prévisible. Le plus souvent, on se positionne au sud-est de l’orage afin d’avoir un bon point de vue, sans toutefois se trouver dans sa trajectoire. On surveille particulièrement la formation de nuages murs en rotation, desquels naissent les tornades. Il faut également prendre connaissance de l’emplacement des routes environnantes afin d’être en mesure de s’éloigner rapidement en cas de danger.

    Étape 4 : observer une tornade

    C’est notre jour de chance, une tornade se forme! L’adrénaline est à son comble! On espère toujours qu’elle survienne dans un champ afin qu’il n’y ait pas de dégâts. Des vents variant généralement entre 100 et 300 km/h soufflent à proximité. On alerte les autorités tout en filmant et photographiant la spectaculaire scène. En tout temps, on tient compte de l’évolution de la trajectoire de la tornade afin de demeurer à une distance sécuritaire. Si les vents sont trop violents et que des débris volent à proximité de la voiture, il faut s’éloigner.

    Bien que généralement les tornades suivent une trajectoire rectiligne, il peut arriver qu’elles bifurquent soudainement dans une autre direction. Cela a d’ailleurs coûté la vie d’une équipe constituée de trois chasseurs professionnels pourtant très expérimentés en Oklahoma en 2013. La configuration du terrain ne leur a donné aucune chance de pouvoir se sauver avant d’être emporté par les vents très violents.

    Lorsqu’on demande à Mathieu Bordage quel est le plus grand fait d’arme de son équipe, il répond sans hésiter l’interception de la tornade de Baxter Springs le 27 avril 2014. Classée de force 2 sur une échelle de 5 avec des vents de 200 à 215 km/h, cette tornade est passée en plein milieu de la petite ville et a fait une vingtaine de blessés.

    Étape 5 : venir en aide aux sinistrés… ou continuer la chasse!

    Si la tornade observée a touché la population, on arrête tout afin de venir en aide aux sinistrés. Si elle n’a fait aucun dégâts humains et que la météo est favorable, on peut poursuivre la chasse. Dans des conditions idéales, une même tempête peut engendrer jusqu’à une trentaine de tornades.

    La tempête de neige de janvier 2015 dans le Maine

    La tempête de neige majeure des 26 et 27 janvier 2015 a fait plusieurs envieux parmi les skieurs québécois. Mathieu et l’un de ses coéquipier se sont rendus dans la région de Portland (Maine) afin d’assister aux fortes chutes de neige annoncées. À leur arrivée vers minuit, les vents étaient forts et atteignaient 70 km/h. Peu après, une vingtaine de centimètres de neige sont tombés en à peine deux heures. Sur la pointe d’une île située un peu plus au sud, ils ont eu droit à des vents violents pouvant atteindre 130 km/h ainsi que des vagues de deux à trois mètres de hauteur. Au total, cette tempête a laissé 91 cm de neige sur la région. Le lendemain matin, ils ont repris la route vers le Québec. Il leur a fallu plus de dix heures pour se rendre à Montréal en raison des mauvaises conditions routières. Toutes ces aventures démontrent à quel point Mathieu Bordage et son équipe de maniaques météos sont passionnés par leur… art!

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