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    Ski Chic-Chocs – Un homme et ses mines

    Quand on songe aux efforts déployés par la SEPAQ pour protéger le milieu naturel du Parc National de la Gaspésie et sa précieuse population de caribous, il est difficile de croire qu’une mine de cuivre puisse avoir autrefois été exploitée au cœur de la Réserve faunique des Chic-Chocs et pourtant, c’est bien le cas. Après la découverte des mines en 1964, la Compagnie des mines Madeleine fut fondée en 1968 et y exploita un gisement de cuivre jusqu’à sa fermeture et son démantèlement au début des années 1980. Aujourd’hui, la faune et la flore ont repris possession de ce vaste domaine et le seul bâtiment restant est l’ancienne résidence des dirigeants qui a été convertie en refuge pour les amateurs de glisse et les randonneurs. Bienvenue aux mines Madeleine!

    Dans ce secteur des monts McGerrigle, on retrouve quelques-uns des plus hauts sommets de la Gaspésie, dont le petit mont Ste-Anne (1 165 m), le mont de la Table (1 180 m), le mont Jacques-Cartier (1 265 m) et le mont Xalibu. Caractérisé par de longs couloirs abrupts et de vastes cuves ou champs de neige, le secteur des mines Madeleine reçoit en moyenne près de 730 cm de neige par année et ce n’est pas sans raison que l’on ne doit jamais s’aventurer ici sans formation et équipement de sécurité pour avalanches (pelle, sonde et émetteur-récepteur), ni sans être accompagné d’autres skieurs avec le même profil ou d’un guide professionnel : ce coin de la Gaspésie est reconnu pour la longueur de sa saison de glisse qui peut commencer aussi tôt qu’en novembre et se poursuivre jusqu’en juin, ainsi que pour ses risques d’avalanches!

    Ce qui n’a pas empêché Stéphane Gagnon d’en faire son terrain de jeu privilégié avec l’accord de son partenaire, la SEPAQ. Mais qui est Stéphane Gagnon? Ce natif du Québec a commencé à exercer le métier de guide de ski aux Monts Groulx, avant de poursuivre ses activités dans le Grand Nord et l’île de Baffin pendant une vingtaine d’années. Et même s’il a fait ses classes de sécurité en montagne dans l’Ouest du continent, Stéphane est un ardent défenseur du slogan « Ski The East ».

    Fort de cette expérience, il revient s’établir au Québec, à Sainte-Anne-des-Monts, en 2000 avec sa famille pour aider à l’implantation du Centre d’avalanche de la Haute Gaspésie avec son associé, Dominique Boucher. Le Centre est notamment connu pour ses activités de sensibilisation et son bulletin d’avalanche. Publié aux trois jours, du mois de janvier à la fin du mois d’avril, le bulletin détaille les conditions d’avalanche en vigueur dans les divers secteurs montagneux (Alpin, Limite forestière et Sous la limite forestière) et offre une aide précieuse à ceux qui s’aventurent en ski ou en splitboard dans l’arrière pays.

    Environ cinq ans plus tard, en 2006, Stéphane quitte le Centre d’avalanche de la Haute Gaspésie pour fonder Ski Chic-Chocs, une entreprise de guides de ski et de planche à neige qui offre autant des forfaits mécanisés (remontées en Cat-Ski), que des forfaits en peaux de phoque et des randonnées alpines en raquette où l’on vous transporte par Cat-Ski jusqu’au site de glisse pour la journée. Amorçant aujourd’hui sa 8e saison, Ski Chic-Chocs a accueilli des milliers d’amateurs de glisse sauvage au fil des années, ainsi que plusieurs compagnies de films de ski, comme les Meatheads qui n’en sont pas à leur première visite!

    Avec des dénivelés de 250 à 550 mètres, une abondance de neige et la multitude de secteurs de ski, les mines Madeleine constituent un terrain de jeu de prédilection où l’on est presque toujours certain de trouver de bonnes conditions. Mais c’est là que les guides prennent toute leur importance. Avant de sortir sur le terrain, l’équipe de Ski Chic-Chocs s’assure d’abord que les participants sont munis d’une pelle, d’une sonde et d’un émetteur-récepteur, puis leur offre une séance d’information et des démonstrations pour apprendre quoi faire en cas d’avalanche. Sachant que la fenêtre de temps optimale pour retrouver un skieur enseveli par une avalanche n’est que de 10 à 15 minutes (les risques d’asphyxie se décuplant ensuite), il importe que tous soient familiers avec le processus de recherche d’une victime, de là les exercices de recherche avec l’émetteur-récepteur avant la sortie.

    D’ailleurs, en plus des forfaits mécanisés et en peaux de phoque, Ski Chic-Chocs offre toute une brochette de formations qui s’ajoutent aux classiques cours d’avalanches CSA 1 et 2, notamment une nouveauté avec des camps de ski en terrain plus agressif, des ateliers d’initiation en terrain plus escarpé, des séances d’initiation à l’encordement sur glacier pour apprendre à sécuriser ses déplacements en montagne, ainsi que des formations en continu pour les forces de l’ordre et autres professionnels oeuvrant en milieu montagneux à risque d’avalanche, car les dangers ne surgissent pas seulement pendant les descentes. 

    Grand nombre de personnes connaissent les mines Madeleine pour ses longs couloirs inclinés enchâssés entre des parois rocheuses où la neige ne termine rarement de fondre avant la fin du mois de juin, mais durant l’hiver c’est tout un autre monde en ces lieux. Un monde que Ski Chic-Chocs apprend à apprivoiser depuis des années, un monde que l’équipe de Stéphane a hâte de vous faire découvrir. Un monde où la nature peut se déchaîner comme vous envoûter par sa splendeur sereine.

    Mais surtout, un monde qui vous permet de vivre l’expérience du ski sauvage en milieu alpin, c’est-à-dire au-dessus de la limite des arbres et ce, sans pour autant quitter la cour arrière du Québec. Et si par bonheur vous avez la chance de vous y retrouver un beau matin cristallin sous un ciel bleu après une bonne chute de neige champagne, vous vivrez des descentes délirantes dans de vastes cuves où les mots du jour sont poudreuse profonde!

    Les médias généralistes sont-ils dans le déni?

    En effectuant ma routine quotidienne (pour ne pas dire horaire) de lecture de l’actualité, je visite différents médias, en plus d’écouter la radio. Je me tiens informée, d’abord par intérêt, mais aussi un peu par conscience sociale. Le savoir, c’est le pouvoir… je me compte chanceuse de vivre dans un pays où on a accès une information riche, variée, de qualité. Je n’ouvre pas le débat sur le contenu (polémistes, ce sera pour une autre fois, dans un autre blogue!), je dresse simplement un bref portrait de ma consommation d’actualité. En résumé: je me tiens informée, par plusieurs moyens, autant dans les médias plus généralistes que dans les médias de niche. Et je ne peux m’empêcher de ressentir une profonde injustice lorsque je tombe sur des dossiers spéciaux « Ski dans l’ouest » publiés dans un grand quotidien québécois.

    Pourquoi ce sentiment d’injustice?

    Exception faite d’un cahier spécial « Vacances des Fêtes » dont j’ai vaguement souvenir (hiver 2011-2012?), de quelques articles ici et là du genre « Le ski au Québec va mal » et « La météo joue des mauvais tours aux skieurs », les médias généralistes (radio, télé, presse écrite) font globalement bien peu mention du ski alpin. Par contre, vas-y qu’on te met la dernière défaite crève-coeur du Canadien en Une!

    Si je suis dans l’erreur, quelqu’un peut-il avoir la bonté de me remettre à ma place? Peut-être que je souffre d’un grave problème de mémoire, ou d’une capacité encore inconnue à ce jour de faire de la lecture sélective par omission inconsciente du mot « ski » dans les nouvelles? Si vous avez de quoi me contredire, j’en serais fort aise… Mais je ne crois malheureusement pas me tromper.

    Je me permets ici un aparté: je ne vise pas les médias hebdomadaires et plus régionaux. Ceux-ci sont encore heureusement bien actifs dans leurs communautés respectives et lorsqu’une station de ski peut faire la nouvelle, ils répondent généralement « présent ». J’en ai eu plusieurs fois la preuve, autant en Mauricie qu’en Beauce ou dans les Laurentides. Par contre, la nouvelle ne va jamais plus loin que le territoire couvert par le journal! Dieu merci, en ce qui me concerne, j’ai l’info grâce « aux internets »… mais je dois parfois aller longtemps à la pêche! Imaginez alors l’accessibilité de la nouvelle quand le consommateur moyen (passif) prend ce qui lui passe sous la main! Si seulement les plus grands médias reprenaient ne serait-ce que le MÊME NOMBRE d’articles déjà publiés dans les hebdos régionaux, la visibilité du ski alpin serait à des années lumières de ce qu’elle est en ce moment.

    Je reviens à mon sentiment d’injustice du début.

    Je trouve DÉJÀ qu’on parle trop peu des stations de ski et des sports de glisse au Québec, et voilà-t’y-pas que je tombe sur un dossier « Le ski dans l’ouest ». J’ai pris trois grandes respirations… et j’ai ouvert mon logiciel de traitement de texte. Je n’ai rien contre l’ouest. J’y ai fait de beaux voyages. Trois grandes respirations. Oui, c’est à faire au moins une fois dans sa vie. Trois grandes respirations… au diable le yoga, je m’emporte!

    Vous* êtes dans le déni, ou quoi?! Le Québec n’est pas assez bon pour attirer votre attention? Vous ne croyez pas les stations de ski québécoises dignes d’intérêt, ni pour vous, ni pour votre auditoire/lectorat? Vous pensez qu’il y a, parmi votre public cible, plus de gens qui voyagent en ski dans l’ouest qu’au Québec? Vous êtes convaincus que l’industrie du ski alpin n’a pas besoin de représentation dans les médias? Vous êtes d’avis que ce n’est pas votre boulot, que les stations de ski n’ont qu’à acheter des pages de publicité pour se faire voir? Pire, vous vous imaginez qu’elles en ont les moyens? Ou mieux, qu’elles n’ont pas besoin de vous??

    *Vous: pronom personnel, 2e personne du pluriel. Désignant ici « les médias généralistes ».

    À vous tous, journalistes, chroniqueurs, pigistes, recherchistes, rédacteurs, chefs de pupitre, et autres producteurs de contenu d’actualité: vous cherchez VRAIMENT des idées? Vous cherchez des sujets orientés vers le plaisir, les bons côtés de l’hiver et les bienfaits de l’activité physique, en plus d’être compatibles avec des enjeux d’actualité tels que l’environnement, les finances, la sécurité, le développement économique, le tourisme, les technologies? Pas besoin de chercher bien loin! Ouvrez un peu les yeux et les oreilles. Ôtez les oeillères « L’hiver c’est froid », mettez de côté les météorologues et leur facteur éolien, ignorez Occupation Trouble et autres Meat Loaf Story (d’ailleurs, de quoi parliez-vous avant que ça existe!?), et allez donc un peu voir du côté des stations de ski alpin du Québec! Je vous fais la promesse solennelle que vous trouverez AU MOINS UNE BONNE HISTOIRE à publier, pour chacune des stations de ski de votre Belle Province.

    Mais pour avoir votre histoire… il faut répondre aux invitations qu’on vous lance. Habillez-vous comme il faut, sortez de votre zone de confort. Arrêtez de croire que le Québec-né-pour-un-petit-pain ne fait rien de vraiment énorme, qu’on se contente de survivre et qu’on n’a rien de bon pour épater la galerie. Si le gazon est plus vert dans la cour du voisin… la neige est plus blanche sur notre terrain.

    Le Chic-Chac – Un homme et son auberge

    Qui d’entre nous n’a pas déjà rêvé de posséder sa propre station de glisse pour y aménager des pistes hors de l’ordinaire et ensuite y inviter tous ses amis? Et pourquoi pas une auberge aussi pour les y accueillir après une longue journée sur les pentes? Et bien, c’est exactement ce que Guillaume Molaison a réalisé en compagnie de sa conjointe Éloïse Bourdon à Murdochville et au mont York!

    Pour ceux qui ne connaissent pas Murdochville, c’est une ancienne ville minière bâtie dans une vallée formée par quatre montagnes : les monts Miller (une station de ski ouverte), Porphyre, Copper et Needle. Située à environ une heure de Gaspé en s’enfonçant dans les terres, la vallée de Murdochville est campée à 550 mètres d’altitude et se trouve à la limite Est de la réserve faunique des Chic-Chocs, donc pas surprenant d’y trouver des sommets d’entre 875 mètres (Miller) et 950 mètres (Needle). Inutile de vous dire que les vents sont souvent costauds ici, le plus grand parc d’éoliennes au Canada en faisant amplement foi.

    Et qui dit vent, dit neige. De la neige vous dites? Nieve en espagnol – posez la question aux quelques 600 âmes qui habitent toujours ici et on vous en dira long… Avez-vous déjà vécu une tempête de neige de 100 à 120 cm? Une tempête qui dure 3 jours et vous laisse 30 à 40 nouveaux centimètres à TOUS les matins? À Murdochville, c’est chose courante et on peut compter en voir de pareilles trois à cinq fois par hiver, la chute annuelle moyenne oscillant autour de 600 cm!

    Arrivé à Murdochville en 2008 pour être guide de rafting avec Griffon Aventures, Guillaume s’aperçoit rapidement qu’il existe un besoin criant d’hébergement touristique abordable pour desservir la région des Chics-Chocs. Il fait l’acquisition d’une énorme bâtisse qui était à l’origine divisée en quatre logements, abat les divisions et ouvre sur-le-champ l’Auberge Chic-Chac qui viendra s’inscrire dans sa démarche visant à transmettre sa passion pour le plein air aux jeunes, passion que lui avait auparavant transmise son père, grand adepte de plein air.

    Au début, Guillaume ne visait qu’à offrir de l’hébergement, mais s’implique néanmoins dans l’organisation de la station locale, le mont Miller. Ayant une vision différente de celle de l’administration, il se retire et passe au plan B….

    Dès la deuxième année, ce natif de Gaspé enclenche le plan B,  s’équipe de quelques motoneiges pour amener ses clients skieurs et planchistes faire des descentes sur le mont Porphyre au nord de la ville et décide alors de commencer à y aménager des pistes de ski. C’est ainsi que naît la Coop d’accès Chic-Chocs. Avec son complice et ingénieur en foresterie Bruno Béliveau, la Coop obtient des subventions lui permettant de continuer à tailler des pistes sur un versant complet du mont Porphyre pendant près de trois ans.

    Pendant ce temps, les visiteurs commencent à affluer à l’auberge et grâce aux motoneiges, découvrent toutes les possibilités qu’offre la vallée de Murdochville. La réputation du Chic-Chac continue à se développer de bouche en oreille et chaque année le nombre de visiteurs s’accroît.

    En 2010, à sa troisième année d’exploitation, le Chic-Chac acquiert le vieux presbytère pour accroître son nombre de chambres, y installer un bureau et disposer d’un atelier. 2010 marque aussi le début des travaux sur une nouvelle montagne située à 5 km de Murdochville, le mont York, et l’achat de plusieurs nouvelles motoneiges pour mieux vous y conduire. À l’abri des vents directs intenses, mais profitant du chargement de neige attribuable aux vents, cette montagne orientée vers l’est offre souvent des conditions de neige incroyables qui permettent de profiter à fond du terrain très escarpé et de son dénivelé qui atteint 375 mètres à son plus haut point.

    Ici c’est le paradis de l’inclinaison et des virages profonds! Un endroit où l’on ouvre la machine pour descendre à tombeau ouvert, hurlant de plaisir dans de nombreux couloirs remplis de poudreuse, de corniches et de saillies de terrain à sauter.

    En 2011, c’est l’arrivée du 1er Cat Ski ou si vous préférez un BR-250 muni d’une cabine arrière logeant 12 passagers. Maintenant, on se rend au mont York en tout confort, assis bien au chaud, à l’abri des vents locaux, le tout avec une petite musique de fond. Le nec plus ultra quoi! Le second BR arrivera l’année suivante pour doubler la capacité de glisseurs sur le terrain.

    Et pendant tout ce temps, Guillaume poursuit son développement du mont York, une nouvelle piste n’attendant pas l’autre, cherchant toujours des moyens de bonifier l’offre sur le terrain. En 2012, c’est le coup de génie : pourquoi ne pas bâtir des plateformes un peu partout dans les pistes et ainsi permettre aux skieurs de les utiliser comme tremplins pour des figures aériennes? Les premières plateformes remportent un succès fou tout au long de l’hiver et l’été suivant, en 2013, l’équipe du Chac se dépasse en bâtissant près d’une douzaine de nouvelles plateformes dans une nouvelle piste des plus à pic, créant une sorte d’escalier géant communément appelé « pillow line » à l’Ouest. Ayant eu la chance de les visiter cet été, je peux vous assurer que les plus téméraires y trouveront du terrain comme nulle part ailleurs à l’Est de l’Amérique du Nord.

    Et si tous ces petits plats neigeux ne suffisent pas à vous convaincre de venir visiter le Chic-Chac et Murdochville, peut-être que le chef du Chac le pourra. En poste depuis deux ans, Simon Dubois, chef et ardent planchiste, déploie toute sa maîtrise culinaire dans ce patelin tranquille et ses créations sont accueillies avec entrain par tous. C’est la petite touche finale à l’expérience Chic-Chac, l’endroit où vous pouvez festoyer en groupe, faire du cat-ski, partir explorer l’arrière-pays local en peaux de phoque ou en raquettes et même jouer une partie de billard ou de quilles sans avoir besoin de votre voiture!

    Un détour qui en vaut largement le coup!

    La valeur du ski: les tarifs sous la loupe

    Dans mon précédent billet, je comparais le ski alpin aux autres sports de même «catégorie»: individuels, nécessitant un équipement relativement complexe et élaboré, en volet récréatif. L’objectif était de démontrer que la pratique du ski alpin n’était pas plus coûteuse que les autres sports et activités de la même catégorie, voire souvent même moins cher et plus accessible. Le billet suivant passera un peu plus de temps sur les coûts et bénéfices relatifs aux sports de glisse en milieu alpin, en comparaison avec le golf, et aussi avec le hockey, rival de toujours, même si le hockey est un sport d’équipe.

    Car oui, plusieurs sont tentés de comparer le ski alpin avec le hockey, puisque «c’est un sport d’hiver*». Je me suis d’ailleurs prêtée au jeu, m’attirant d’emblée les jugements de certains de mes répondants. L’un d’eux, spontanément, me lance «Ouain mais… le hockey c’est pas mal moins frais-chié que le ski!» Euh… bon. Que dire…

    D’abord, réglons le cas des frais-chié en partant: y’en a partout! Je connais des frais-chiés en kayak, en moto, en piscine, en golf, en jardinage, en hockey, en informatique, en parachute, en ski de fond, en vélo de montagne, en planche à neige, en basketball, en photo, en [discipline de votre choix]… Et en ce qui me concerne, un frais-chié, ça ne l’est pas pour sa discipline, ça l’est pour son attitude condescendante généralement reliée à la valeur de l’équipement qu’il utilise (sans même avoir une meilleure performance!). Pour le reste, c’est un bipède qui fait essentiellement les mêmes choses que moi, mais en se pensant supérieur. What’s the big deal? Les frais-chier, c’est aucunement signe du coût général d’une activité. Au pire, c’est un emmerdement social, au mieux, on l’ignore. Cas réglé.

    *Sport d’hiver: sachant que maintenant, le hockey se pratique dans un aréna, sur une glace refroidie et contrôlée, au couvert et à l’abri des tempêtes, de septembre à avril, on est loin de la définition originale d’un sport d’hiver… mais bon, bien sûr, il y a toujours les petites glaces extérieures, municipales, entretenues de peine et de misère par les taxes et les ouvriers de la voirie, à la merci de la pluie, avec un éclairage déficient, où on ne jouera jamais de manière aussi structurée que dans une ligue organisée, affiliée à un aréna. Disponible de la mi-janvier à la relâche, quand la météo le permet. Les stations de ski font mieux que ça, majoritairement grâce à l’enneigement et à l’altitude…

    Revenons à nos moutons qu’on veut comparer: voici quelques statistiques, par sport. Je reviendrai sur le ski alpin avec d’autres statistiques un peu plus loin.

    Le golf:
    Coût moyen d’un équipement «moyen de gamme», pour un adulte: 1000$.
    Durée de vie: environ 5 ans, pour une utilisation régulière (non-intensive et extrême)
    Coût moyen d’une entrée adulte dans un terrain de golf le samedi matin (9 et 18 trous confondus): 95$.
    Durée de jeu moyenne: 4 heures
    Saison: mai à octobre (6 mois)

    Le hockey:
    Coût moyen d’un équipement «moyen de gamme», pour un adulte (joueur): 400$
    Durée de vie: environ 3 ans, pour une utilisation régulière (non-intensive et extrême)
    Coût moyen d’un match (à raison de 1 match par semaine, pour 8 mois): 10$
    Durée de jeu moyenne: 2 heures
    Saison: septembre à avril (8 mois)

    Le ski alpin:
    Coût moyen d’un équipement «moyen de gamme», pour un adulte: 800$ (planche à neige: un peu moins cher!)
    Durée de vie: environ 5 ans, pour une utilisation régulière (non-intensive et extrême)
    Coût moyen d’un billet journalier adulte, pour un samedi: 36$*
    Durée d’une journée moyenne: 8 heures
    Saison: décembre à avril (5 mois)

    *Ce chiffre sera expliqué plus bas.

    En résumé, même si le hockey coûte à première vue un peu moins cher que le ski alpin, la longévité de l’équipement de même que la durée de chaque séance font que les coûts ne sont pas inférieurs mais plutôt similaires en bout de ligne.

    Voici un tableau récapitulatif concernant seulement les droits d’accès ou d’entrée, pour lequel les coûts sont calculés à raison de une sortie:

    À propos du coût moyen quotidien pour le ski alpin: ce montant est la moyenne du tarif journalier adulte, plein prix, en vigueur pour un samedi dans les 77 stations de ski du Québec, basé sur les tarifs les plus à jour, disponibles en ligne ou par téléphone, en date de novembre 2013. Les prix peuvent changer ou être mis à jour par les stations et fausser mon calcul de quelques centimes. Ainsi, UN VISITEUR DERNIÈRE MINUTE NON PRÉPARÉ paie en moyenne 36$, taxes incluses, pour une journée de ski au Québec. Oui, vous avez bien lu. Si on additionne le prix d’une journée plein tarif adulte dans toutes les stations de ski du Québec, et qu’on divise par leur nombre total (77), ça donne très exactement 36,47$ (variations possibles basées sur les changements de tarifs).

    Sur 77 stations, il y en a 40 dont le coût du billet journalier est égal ou inférieur à ce montant. Des 37 restantes, une dizaine offre le billet à moins de 40$. Une dernière statistique: Seulement 10 des 77 stations vendent leur accès journalier à plus de 50$.

    Vous devinerez que ces 10 stations sont les plus « populaires » et les plus « grosses »… les voici, par ordre de valeur du billet (plus de 50$!)

    Cette liste n’est une surprise pour personne. Cela dit… quelqu’un qui planifie un tant soit peu ne paiera à peu près jamais le plein prix à la billetterie! Vous êtes abonné dans une autre station de ski? Vous êtes étudiant? Vous avez une carte Air Miles? Vous avez acheté votre billet sur internet avant votre visite? Je peux continuer encore… la liste des rabais offerts à la billetterie et les moyens d’économiser est très longue.

    Maintenant, que faire pour payer encore moins cher? Sortez des sentiers battus! Découvrez d’autres destinations! Faites fi des « faibles dénivelés »… vous aurez toujours de bonnes surprises. Et vous pouvez vous attendre à:

    • Un stationnement accessible: pas besoin de marcher 3km en bottes de ski ou de prendre une navette qu’on attend trop longtemps
    • Pas ou peu d’attente aux divers services: billetterie, remontées, cafétéria, bar, toilettes…
    • Des conditions qui restent belles plus longtemps
    • Des découvertes et des rencontres qui agrémentent la journée
    • La satisfaction d’avoir participé, même à un petit niveau, à une économie locale
    • La conscience d’avoir donné, même à un petit niveau, du soutien à l’industrie du ski et à la relève
    • Et tout ce que vous voudrez y trouver vous-même!

    Je termine cette série sur la valeur du ski en revenant sur certains points « clé »:
    – Lorsque vous comparez le coût du ski alpin avec celui d’un autre sport, assurez-vous de comparer avec la même catégorie. Inutile de comparer le ski à la raquette ou au jogging.
    – Ce n’est pas le sport qui coûte cher, c’est le niveau d’intensité et de sérieux qu’on y met. Un volet compétitif sera toujours plus coûteux qu’un volet récréatif.
    – Évitez d’inclure les coûts « inhérents » à la pratique du sport dans votre calcul: alimentation et transport figurent dans toutes vos activités.
    – Tout est une question de choix: vos loisirs font partie de vos choix de consommation, au même titre que l’achat d’une voiture (luxueuse ou pas), d’une soirée au cinéma, d’un voyage tout-inclus dans le sud, ou d’une énième paire de chaussures à talons hauts.

    Je me permets également de décliner ici les arguments que j’utilise moi-même pour expliquer les raisons qui font que je préfère le ski alpin à d’autres sports: je préfère les sports individuels, mais qu’on peut pratiquer en groupe ou en solo, sans égard à notre âge, notre sexe, notre religion ou notre niveau technique. En tant que parent, vous pouvez skier avec votre progéniture, plutôt que de vous geler les fesses sur un banc d’aréna à siroter un café tiédasse en entendant un coach malmener ses ouailles… De plus, je préfère les sports qui me mettent en contact avec la nature, et qui me donnent du défi (à un niveau modéré) et une possibilité de progresser et de découvrir de nouvelles choses.

    Sur ce… bonne glisse et bonne saison tout le monde! :)

    Vertigo-Aventures – Un homme et son royaume

    Dans la série « Un Homme », nous vous présenterons trois entrepreneurs passionnés du ski hors-piste qui ont en grande partie façonné le paysage du ski en Haute Gaspésie. Ces trois hommes issus de différents milieux, avec des visions aussi originales qu’uniques, s’entendent sur une chose : la promotion du meilleur ski dans l’Est de l’Amérique du Nord, c’est-à-dire le ski en Gaspésie! Et leurs efforts conjugués sont responsables de l’essor et de la renommée du ski de back-country dans ce secteur de la province qui compte 24 des 40 plus hauts sommets du Québec et des quantités de neige légendaires de ce côté du continent!

    Si Ste-Flavie est la porte d’entrée de la Gaspésie, la réserve faunique de Matane offre sans contredit le coup d’envoi avec Vertigo-Aventures et le massif du Mont Blanc, situé à quelques 40 km de la côte. Favorisé par un microclimat, ce secteur inaccessible sans motoneige s’étend sur les multiples versants des monts Blanc, Craggy et Pointu. Ce secteur de la réserve recèle un vaste réseau de couloirs et de sous-bois à 100 % naturels. Et c’est là que s’étend le royaume blanc mis en valeur par François Roy et l’équipe de Vertigo-Aventures. Mais qui est cet homme élancé qu’on réussit difficilement à suivre toute une journée et qui tel un écureuil des neiges, ne semble se nourrir que de noix à première vue?

    Fier du berceau de ses ancêtres qui ont vécu au pied des Chic-Chocs, François Roy, géologue-explorateur de métier, s’y installe en 2002 pour poursuivre sa passion pour le ski et l’alpinisme, et tenter de vivre de son entreprise, fort d’une grande expérience personnelle et de multiples formations, acquises dans l’Ouest et ici. L’entreprise devient immédiatement membre d’Aventure Écotourisme Québec, gage de professionnalisme!

    Et c’est là que François Roy et l’équipe de Vertigo-Aventures vous feront découvrir ce qui est probablement le terrain le plus vaste et le plus diversifié que vous aurez l’occasion de dévaler en ski ou en planche en Gaspésie. En effet, ce n’est ni un ou deux versants qui vous attendent, mais toute une collection de sommets sillonnés de couloirs et de coulées naturelles ou encore d’immenses champs de neige sans cesse alimentés par une chute de neige constante, engendrée par le microclimat qui règne dans ce secteur.

    Comme tous ces versants sont répartis de façon à faire face aux quatre points cardinaux, on réussit toujours à trouver d’excellentes conditions de neige dans lesquelles enfiler descente après descente de 150 à 500 mètres de dénivelé. Ne vous étonnez pas de vous faire surprendre par la tombée de la nuit alors que vous êtes toujours en montagne : malgré la fatigue, difficile de s’arrêter dans de pareilles conditions.

    En ces lieux, la nature règne en roi et maître. Pour respecter l’ambiance sauvage, il va de soi qu’aucune remontée mécanique ou motoneige ne devrait utilisée pour véhiculer les skieurs et planchistes au sommet. Au Mont Blanc, on revêt ses skis ou son splitboard de peaux de phoque et ce sont vos jambes qui assurent la remontée. Moyennant une forme physique acceptable, la remontée devient agréable et sous le couvert feutré des arbres enneigés, nous permet d’admirer chaque facette du paysage ensorcelant. Autre point positif, vous ne serez jamais immobilisé, suspendu en l’air pendant des heures, par une panne mécanique.

    Et si le silence absolu est parfois ponctué de nos cris d’exubérance, à part quelques traces d’orignaux ou d’oiseaux, nous sommes seuls au cœur de ces forêts matures ensevelies sous un profond manteau neigeux. Malgré des inclinaisons qui peuvent atteindre jusqu’à 45 degrés à certains endroits, les risques d’avalanche sont grandement réduits par la prolifération d’arbres espacés qui retiennent la neige et empêchent grandement la formation de plaques de neige durcie par le vent, sans pour autant nous empêcher de nous y faufiler en relative liberté!

    Pour être franc, vous pourriez y séjourner pendant des semaines sans réussir à descendre tout ce qui est disponible. Et fait encore plus étonnant, ce terrain s’est créé naturellement sans aucune aide humaine…ok-ok quelques orignaux ont peut-être légèrement grignoté la végétation… Grâce à la diversité offerte, tous les amateurs de glisse profonde y trouveront leur compte, autant les intermédiaires que les plus avancés et audacieux.

    Pour ce qui est de la poudreuse, en raison de l’élévation du terrain (la yourte est située à 500 mètres d’altitude, AU PIED de votre terrain de jeu) et du microclimat, la neige est principalement sèche et légère, souvent de cuvée champagne et reste intacte bien après s’être croûtée ailleurs. Ici, la saison débute à la mi-janvier et se prolonge souvent jusqu’à la fin du mois d’avril, offrant encore des conditions de neige poudreuse bien après que le ski de printemps ait commencé ailleurs.

    Pour préserver le côté mystique de l’expérience, le séjour se fait dans des tentes prospecteur et une yourte, où vous pourrez passer la soirée à vous raconter les lignes superbes que vous avez déchirées pendant la journée en vous réchauffant autour d’un four à bois bien nourri. Dans la yourte, une cuisinière au propane assure la cuisson des petits plats que les invités verront à apporter. L’eau potable provient d’une source d’eau pure de montagne qui coule à quelques centaines de mètres de la yourte. Une touche de réconfort spiritueux vient souvent clore une soirée qui ne se poursuit jamais très longtemps après les ébats de la journée au grand air.

    À l’extérieur, une statuette à l’effigie du Colonel Saunders injecte un peu d’humour dans le cabinet d’aisance autrement un peu frisquet.

    Récemment, le 19 octobre 2013, Vertigo Aventures prenait un nouveau tournant en tenant la première assemblée générale pour cesser d’être une entreprise individuelle et devenir une coopérative de solidarité à but non lucratif. La Coop acceptera sous peu l’adhésion de nouveaux membres utilisateurs et le coût de la part sociale sera très raisonnable (de l’ordre de 100 $). Ce changement vise à assurer la pérennité des opérations tout en préservant l’esprit et l’ambiance du ski au mont Blanc. En plus de créer un sentiment d’appartenance au sein de ses membres, guides et utilisateurs, la formule coopérative rehaussera la capacité à trouver du financement, accroîtra le rayonnement des activités en montagne et fournira une base de main d’œuvre pour aider au développement et à l’amélioration du territoire et des infrastructures.

    Alors, si vous aimez à fond la poudreuse et les descentes hallucinantes inoubliables, remettez-vous en à François et à son équipe. Ils connaissent intimement leur territoire et sauront vous faire découvrir tout ce que la nature a de plus exhilarant à offrir!! D’ailleurs, au cours des huit dernières années, l’équipe de Vertigo a inlassablement exploré son territoire et n’a pas cessé d’y découvrir de nouvelles zones skiables majeures pour offrir à sa clientèle une variété de terrain incomparable dans l’Est de l’Amérique du Nord.

    C’est ici que commence magistralement votre aventure en Gaspésie. Serez-vous à la hauteur?

    Pascal Bérubé injecte une bouffée d’air frais

    Thursday, October 24, 2013 at the legislature in Quebec City. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot

    En octobre dernier (17 octobre 2013), Pascal Bérubé, ministre délégué au Tourisme, faisait une annonce mémorable en terme de chiffres pour l’industrie touristique québécoise. Fier des montants avancés et de l’orientation prise par son gouvernement, le ministre exposait avec joie que l’industrie du tourisme hivernal figurait comme secteur touristique retenu parmi les facteurs clés de la croissance économique de la province. Cette annonce s’inscrivait dans le cadre de la Politique économique Priorité emploi divulguée par la première ministre Pauline Marois au début du mois d’octobre. Bien que l’information ait été relayée en surface dans la plupart des médias de massetrès peu de détails ont circulé quant à la part qui serait éventuellement accordée au ski alpin. J’ai voulu en savoir un peu plus et sonder Monsieur le ministre à propos de sa vision et de ses préoccupations.

    Regard sur le contexte alpin

    D’emblée, M. Bérubé reconnait l’importance du ski alpin comme moteur économique pour la province: « On sait que c’est une activité majeure en hiver, on a 6,2 millions de jours-ski par année et de ce chiffre, 1 million vient d’une clientèle extérieure, donc les 5,2 millions qui complètent prouvent que les Québécois skient beaucoup chez eux. Nous avons une offre variée et il y en a pour toutes les expériences: ski de soirée, stations touristiques à grand terrain, stations plus locales, en plus du hors-piste qui est en expansion. » Éclairé, monsieur le ministre! Même s’il n’est pas lui-même un skieur, il est très à l’aise de s’aventurer sur le terrain des sports de glisse.

    En date de notre entretien, il était trop tôt pour indiquer avec précision quelle proportion des 60,1M$ alloués à la « Mise en valeur du tourisme hivernal » irait directement à l’industrie du ski alpin, mais le ministre est fort conscient de la place qu’occupent les sports de glisse dans le tourisme hivernal. Ses connaissances du milieu sont attribuables à la présence de trois stations de ski sur le territoire de sa circonscription: Pascal Bérubé étant député de Matane-Matapédia, il compte dans son fief les stations Mont Castor, Mont-Comi et Val-d’Irène. Il peut également compter sur les judicieux conseils et nombreuses discussions alimentées par son chef de cabinet, Alexis Boyer-Lafontaine. Ce dernier est en effet l’ancien directeur des affaires publiques de l’ASSQ et son expertise tombe fort à propos lorsqu’il est question de l’industrie du ski alpin au Québec. 

    Au sujet de la situation parfois précaire des stations de ski dites « régionales », M. Bérubé s’est posé en défenseur de la variété, tout en admettant que le support financier reçu par le passé avait parfois été inégalement distribué. Lorsque viendra le temps d’étudier les sommes à répartir parmi les demandes formulées par les divers organismes touristiques, un comité aviseur aura pour rôle de s’assurer de la légitimité et du réalisme des objectifs de chaque requête. De son côté, le PADAT (Programme d’appui au développement des attraits touristiques) a reçu comme directive de réduire au maximum les délais d’analyse et de rendre le tout plus accessible et moins laborieux pour les demandeurs qui déposent des requêtes auprès d’Investissement Québec.

    Et la consommation d’électricité? 

    On ne peut parler de soutien financier sans parler des dépenses auxquelles les stations de ski font face annuellement, à commencer par les frais engendrés par la consommation d’électricité. Le sujet est au coeur des préoccupations de l’industrie et Pascal Bérubé connait la chanson: « On s’en fait parler très souvent. La demande est très forte et on a un comité qui étudie les demandes car oui, il faut établir une collaboration inter-ministérielle à ce propos. C’est sûr que si on s’aventure de ce côté, le rendement sera la clé du succès. On cherchera une amélioration des produits offerts, un allongement de la saison skiable… » Se voulant rassurant, le ministre ajoute qu’à sa demande, une équipe a déjà été mandatée pour évaluer l’enjeu des tarifs d’Hydro-Québec en lien avec l’enneigement mécanique et que chaque demande formulée est documentée et donne du poids au dossier, preuve d’une oreille attentive au ministère du tourisme. L’histoire nous dira si les demandes feront écho jusque dans le pavillon de la société d’état…

    Éviter les répétitions

    Chose certaine, avec un ministre ouvert sur les réalités et les besoins concrets des stations de ski, l’espoir est permis: peut-être verra-t-on une structure d’aide réellement bâtie pour ses cibles. Certains se souviennent du faible taux de participation au programme mis en place par les libéraux en 2008, visant à favoriser la modernisation des infrastructures des stations de ski du Québec. En juin 2011, au terme du calendrier prévu pour la durée du programme, la conclusion se trouvait fort loin des chiffres anticipés puisque les conditions imposées par Investissement Québec étaient incompatibles avec les besoins réels et la situation des stations de ski. À ce moment, le portrait dressé par l’ASSQ faisait état des raisons: les prêts offerts par le programme n’étaient pas avantageux, les demandes de garanties de loin supérieures à la capacité des stations et au final, le faible nombre de projets soumis et acceptés par le programme révélait que la structure ne correspondait pas aux impératifs économiques des stations de ski. 

    Un exemple dans sa cour

    En tant que député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé suit de près le développement du Parc Régional de Val-d’Irène. Pour lui, il s’agit d’une station régionale modèle dont la progression doit servir d’exemple, tant pour les organismes ministériels que pour les autres acteurs de l’industrie du ski. Alors que plusieurs stations enregistrent des saisons « ordinaires » voire « décevantes », le choix d’investir peut paraître risqué pour un observateur frileux mais la solution semble être dans les gestes osés: combattre le froid par le froid! « On souhaite que les Québécois skient encore plus chez eux, et pour ça, il faut non seulement augmenter la qualité de notre produit mais aussi intensifier les actions promotionnelles pour mieux se faire connaitre, ici et ailleurs. »

    Bien sûr, la plupart des analystes s’arrêteront aux chiffres, et arriveront à la conclusion que le ski alpin au Québec se porte mal, et qu’il faut pleurer en se comparant à nos voisins du sud ou de l’ouest. Être à la traine, c’est une chose… se retrousser les manches en est une autre. Le peuple québécois étant réputé pour sa créativité et sa débrouillardise, si le coup de main politique (et financier) tant attendu et espéré peut enfin se concrétiser, il y a fort à parier que les analystes changeront d’air… en allant en ski!

    Fabrique à flocons: vive les canons!

    Avec l’ouverture de certaines stations de ski dans l’est du continent et les récents épisodes de gel dans plusieurs régions de la Belle Province, il n’en faut pas plus pour exciter les fanatiques parmi nous, se voyant déjà dévaler les côtes du Mont St-Sauveur. Aujourd’hui, il serait quasi impensable d’imaginer une saison de ski dans l’est de l’Amérique sans le canon à neige.  Pourtant, cette technologie relativement nouvelle était presque inexistante si on recule d’une génération. 

    Un peu d’histoire

    Le premier canon à neige a vu le jour en mars 1950,  grâce à Art Hunt, Dave Richey et Wayne Pierce. L’origine exacte de l’idée semble varier d’une source à l’autre mais chose certaine, l’idée de sauver une saison de ski était présente car le trio d’inventeurs était à l’époque partenaires d’une entreprise fabriquant des skis, dont les ventes n’étaient pas au plus fort à cause du manque de neige. Il fallut cependant attendre près de deux ans pour voir cette invention mise à profit pour les skieurs dans une application pratique.

    Le défunt centre de ski Grossinger’s Catskill Resort dans l’état de New York fut le premier endroit à utiliser cette technologie. Ce n’est toutefois que dans les années 70 que l’utilisation des canons à neige sur les pistes s’est démocratisée. Depuis, la recherche scientifique a permis d’améliorer grandement l’efficacité du principe de base de cette technologie qui nous permet de profiter d’une saison de glisse beaucoup plus longue que celle du temps de nos parents, lesquels étaient dépendants des caprices de la météo pour pratiquer leur sport favori. Certains d’entre vous se rappellent sûrement la saison record du centre de ski de Killington en 1996-1997, où on avait été en mesure de faire des virages sur la neige (avec remontées mécaniques) du 4 octobre au 22 juin. Peu de gens aurait cru cet exploit possible lors de l’invention du premier canon à neige.

    Le fonctionnement d’un canon à neige

    Le principe d’un canon à neige n’est pas sorcier : la recette consiste à mélanger de l’eau à de l’air comprimé afin d’en atomiser (réduire l’eau en particules extrêmement fines) l’eau. C’est connu, l’eau se transforme en glace à partir d’une température avoisinant 0°C. 

    Mais à partir de quelle température peut-on fabriquer de la neige?  Contrairement à la croyance populaire, l’eau pure ne gèle pas systématiquement lorsque votre thermomètre atteint 0°C. Un thermomètre domestique nous montre habituellement la température « sèche »;  l’eau a besoin d’environ -2°C au thermomètre « humide » pour se cristalliser et se transformer à l’état solide. La température d’un thermomètre « humide » prend en considération l’humidité relative contenue dans l’air ambiant et l’abaissement de température qui sera généré par l’évaporation d’eau. Bien que ce genre de condition est peu fréquent au Québec, si la température « sèche » de votre thermomètre indique 4°C  et que l’humidité relative extérieure est de 20%, la température « humide » serait de -2°C. Il serait donc théoriquement possible de fabriquer de la neige en dessus du point de congélation. Je vous entends déjà me demander : pourquoi le mont St-Sauveur ne part-il pas ses canons plus tôt?  La réponse est simple : dans toutes les transformations, il y a des pertes et le transfert d’énergie (dégagement de chaleur dans la gouttelette d’eau et absorption de chaleur par l’atmosphère) doit être assez long pour permettre la création de neige.

    Revenons à la base du principe de la neige de culture, c’est-à-dire du mélange air-eau;  on appelle à tort « neige artificielle »,  la neige créée par les canons, puisque cette dernière, résultant de ce procédé, n’a rien d’artificiel. Afin de créer une gouttelette fine, de l’air sous pression est généralement injecté à l’intérieur d’une chambre de mélange afin d’en fractionner les particules d’eau présentes en plus petites particules. Plus on injecte d’air, plus la particule devient minuscule. La quantité d’air comprimé nécessaire afin de produire de la neige est donc inversement proportionnelle à la température extérieure. Produire de la neige à des températures marginales d’enneigement (au-dessus de -7°C humide) est extrêmement coûteux et la qualité, ainsi que la quantité de neige produite,  sont grandement affectées.

    De plus, lors des débuts de saisons, un obstacle important ralentit les ardeurs des prétendants à la course pour  la première ouverture de pistes skiables dans l’est du continent : il s’agit de la température de l’eau. L’eau utilisée dans la production de neige provient habituellement d’un lac artificiel situé à proximité des pistes. La température de cette eau varie donc en fonction de la température extérieure. En début de saison, lorsque que les températures moyennes journalières sont au-dessus du point de congélation, la température de l’eau avoisine les 7-8°C. Le transfert de chaleur nécessaire pour faire baisser cette température sous le point de congélation est plus grand qu’en période d’hiver où l’eau du lac sous sa couche de glace se situe aux alentours de 2-3°C.

    Heureusement les avancées technologiques des dernières années sont venues à la rescousse des fervents des sports de glisse; les chercheurs ont trouvé un moyen plutôt ingénieux pour donner un petit coup de pouce aux stations de ski. Il est maintenant possible d’ajouter un additif du nom de SnoMax (produit à base d’une bactérie, Pseudomonas syringae, naturellement présente dans certains végétaux) dans l’eau; ce produit donne la propriété de faire geler l’eau à des températures légèrement au-dessus de 0°C. Bien qu’aucune étude sérieuse démontre son coté néfaste sur l’environnement, cet additif est proscrit en France depuis quelques années.

    Les différents types de canons à neige

    Canons conventionnels  (tee gun):

    Encore très répandu sur les pentes, ce type de canon qu’on voyait partout dans les années 80 et 90 est le  moins coûteux, mais aussi le moins efficace de tous. De plus en plus portés à disparaître pour faire place à des modèles plus performants, ces canons légers et compacts sont les plus simples à transporter sur la montagne et ne requièrent que de l’eau et de l’air comprimé pour fonctionner.

    Canons ventilateurs (fan gun):

    Définitivement le type de canon le plus efficace,  mais par contre,  le plus coûteux.  Ces canons utilisent un compresseur ainsi qu’une hélice pour projeter la neige le plus longtemps possible dans les airs.  Leur utilisation est majoritairement restreinte à la base des montagnes car ils requièrent, en plus de l’eau, une alimentation électrique dédiée,  afin de faire fonctionner le moteur de l’hélice et le compresseur. 

    Canons perches:

    Ce type de canon, largement utilisé dans l’industrie, est victime du défaut de ses qualités. Sa hauteur imposante lui permet de garder en suspension pendant une longue période de temps les cristaux qu’il produit. La neige produite par ce genre de canon est donc plus sèche que celle produite par des canons conventionnels. Cependant, il peut être parfois difficile de garder  la neige dans la piste à enneiger lors de journée venteuse, la neige soufflée peut facilement terminer sa course dans les bois (au grand plaisir des skieurs de sous-bois). À cause de sa grande taille, ce type de canon est plus souvent utilisé de manière fixe,  mais il peut également être déplacé sur un traîneau.  Il ne requiert que de l’eau et de l’air comprimé pour fonctionner.  Certains types de canons perches sont également utilisés sans air comprimé, c’est-à-dire uniquement avec de l’eau; dans ce cas, leur utilisation est restreinte aux journées de froid sibérien.

    Maintenant, pour les vrais fanatiques de la neige, sachez qu’il est possible, et ce, à coût très raisonnable (moins de 20$),  de vous lancer dans la course en construisant et opérant votre propre canon à neige dans votre cour. En utilisant l’eau de l’aqueduc (je sais, ce n’est pas très écologique, mais à ma défense, sachez que je n’arrose jamais mon gazon en été), un compresseur à air et quelques pièces de plomberie de la quincaillerie du coin, vous pouvez espérer démarrer votre saison hivernale avant tout le monde,  ce qui est maintenant devenu une habitude inextinguible chez moi, au grand plaisir de mes enfants et au désarroi de ma femme et de mes voisins!

    Quelques références historiques:
    “Who Made That Artifical Snow” (NY Times)
    “Snomaking born of a bad year” (Stowe Today)
    Skier of the Decade: Wayne Pierce, 1950’s” (SkiMag.com)

    La valeur du ski: déboulonnons quelques mythes

    «Le ski alpin, c’est un sport de riches!» C’était peut-être plus près de la vérité il y a 20 ans. C’est peut-être vrai encore aujourd’hui, si vous êtes de ceux dont les choix de consommation sont basés sur la performance, le luxe, l’esthétisme et l’image en général. Mais, outre cette couche superficielle et non-obligatoire… le ski alpin est un sport accessible et abordable. Bam. J’vous l’dis, hein?

    D’abord, il est nécessaire de séparer et d’identifier clairement les dépenses reliées à la pratique du sport. Grossièrement, les coûts peuvent être divisés comme suit: équipement (et entretien), apprentissage (ou perfectionnement), droit d’accès, alimentation, transport.

    L’équipement:
    Qu’il soit question de vélo (de montagne ou de route), de kayak (mer ou rivière), de camping, d’escalade, de chasse, de golf ou de tout autre sport nécessitant l’acquisition de matériel disons «complexe» (par opposition à une paire de chaussures de course ou de raquettes), les frais sont similaires. Si on additionne la valeur de l’équipement complet nécessaire à la pratique de ces sports, pour un adulte, pour chaque niveau de gamme (tout le monde connait le fameux good-better-best), l’investissement est le même: on peut s’en tirer à 500$ comme on peut péter le 2000$. J’oserais même dire que pour un niveau de qualité équivalent, un kayak de mer et un vélo de route coûtent beaucoup plus cher qu’une paire de skis… Concernant l’entretien, un bon ajustement sur un vélo vaut le même prix qu’un cirage + aiguisage. Si vous le faites vous-même, c’est encore moins cher…

    L’apprentissage:
    Bien que certains des sports sus-nommés ne fassent pas l’objet d’une formation accréditée, entendons-nous sur une chose: vous devrez vous faire initier. Certains de ces sports sont soumis à des règlementations, normes de sécurités et procédures que vous devez absolument connaitre, pour le bien de votre sécurité et de l’activité… Les coûts relatifs à l’initiation, à l’apprentissage ou au perfectionnement sont tout aussi variés que pour le ski alpin. On peut débuter sans cours, comme on peut décider de suivre une série de 10 leçons/sorties accompagnées… encore une fois, kif-kif. Un cours d’Iniski? En moyenne 65$. Et ça inclut la location de l’équipement. Une sortie en kayak de mer pour initiation? 60$ pour une heure. Incluant l’embarcation (et la pagaie, oui, bande de malins). Un atelier de golf? 80$ pour 45 minutes, sans les balles de pratique. Après une petite tournée Google, à vue de pif: pour une très grande quantité de cours, d’initiations, d’accréditations et autres formations, le tarif horaire est comparable et inclut de l’équipement. Bien entendu, un cours privé sera toujours plus cher qu’un cours de groupe… peu importe la discipline.

    Droits d’accès:
    On paye pour un sentier de vélo de montagne, pour l’accès à un parc national ou provincial, pour un gymnase, une pourvoirie, un terrain de golf, une paroi d’escalade, une piste de ski… qu’il s’agisse d’un tarif journalier ou d’un abonnement annuel, si on pratique le sport sur une base régulière, en famille ou en solo, les coûts sont présents. Ces coûts sont bien entendu directement proportionnels aux infrastructures et services accessibles. Je vous entends déjà vous emballer à propos de l’inégalité des coûts, retenez votre souffle, j’y reviens dans deux paragraphes…

    Transport:
    Bien peu d’entre nous peuvent se targuer d’avoir comme voisin un parc national ou une station de ski. Il faut donc s’y rendre: covoiturage, autobus, roulotte… tout le monde dépense des pétro-dollars pour pratiquer une activité physique et sportive. La consommation d’essence ne peut donc pas être reliée spécifiquement au ski alpin ou aux autres sports car elle est trop ancrée dans nos dépenses quotidiennes et dans nos choix de vie…

    L’alimentation:
    Je me répète: c’est encore une question de choix… on peut rouler en voiture sous-compacte et apporter notre lunch. On peut rouler en Hummer, et acheter les repas de toute la famille au chalet de ski. On peut rouler en hybride et se balader avec un panier de légumes bio, de l’hummus et des sandwiches au pain d’épeautre. On peut rouler en voiture allemande et adopter une diète sans lactose ni gluten. Tout est dans les choix.

    Note, à propos des droits d’accès: ceux qui ont retenu leur souffle jusqu’ici peuvent respirer (et sont franchement plus doués que moi sur l’apnée). Je vous devine:
    «AHAH!! C’est plus cher une journée de ski qu’une journée de vélo de montagne ou dans un parc national! Je le savais! C’est pour les riches!!» … C’est là la beauté de la chose: si vous comparez chaque dépense, oui, vous verrez des inégalités. Vous avez payé 2000$ pour un kayak de mer, 1000$ pour un vélo de montagne, 1000$ pour un ensemble de golf, 700$ pour une paire de skis… mais votre abonnement de saison de ski alpin vaut 500$, vous faites du vélo pour 100$ pendant l’été, du golf pour 500$, et vous faites du kayak sur un cours d’eau gratuitement… En tout et pour tout: le kayak est plus cher, pas le ski!

    Vous conviendrez donc avec moi que la notion de «sport de riche» est beaucoup plus rattachée à l’image qu’aux dépenses réelles… car on peut faire du kayak de mer avec un bateau en fibre de carbone de 18 pieds, transporté par un Lexus 4X4, en sirotant un vin d’importation privée (un Pomerol idéalement), tout en se demandant quelle destination des Antilles nous irait bien pour notre prochain séjour en kayak… de même qu’on peut avoir un kayak en composite, fixé sur un vieux CR-V, et faire des sorties dans un rayon de 100km de chez soi et siroter une bière locale -ce qui est parfaitement possible en ski alpin aussi!

    Les plus finauds d’entre vous auront remarqué que dans les exemples donnés ci-haut, je ne m’attarde qu’au volet RÉCRÉATIF d’un sport… l’idée est de comparer des pommes avec des pommes, sans mélanger l’aspect «compétition», qui existe pour la plupart des disciplines, et qui implique généralement des coûts franchement supérieurs. Là oui, on pourrait commencer à parler de «sport de riche»… mais la nuance est importante: ce n’est pas le sport qui coûte cher, c’est le niveau d’intensité et de sérieux qu’on y met!

    Autre «petite» nuance: dans tous les sports donnés en exemple, je n’ai pas parlé de sports d’équipe, seulement de sports individuels. Je n’ai pas non plus parlé des sports motorisés. Vous voulez des sports de riches?? Le camping en caravane/roulotte, le wakeboard, le motocross, le sea-doo, la motoneige… mettez un moteur à essence dans votre loisir et vos coûts décupleront*. Au minimum. (*Du verbe «décupler», signifiant «devenir dix fois supérieur à».)

    Maintenant, si je résume, pour vous donner des arguments pour convaincre votre blonde (ou votre chum): le ski alpin ne coûte pas plus cher que les autres sports de la même «catégorie». Il est même plus abordable grâce à:

    • La diversité des produits offerts par les stations de ski: abonnements de jour, semaine, soir, fin de semaine, etc.
    • La proximité desdites stations de ski: 76 stations au Québec… versus 23 Parcs du réseau de la SEPAQ, dont trois qui sont SUPER (ahem) accessibles: Pingualuit, Kuururjuak et Anticosti; 15 réserves fauniques, et trois parcs nationaux
    • Le large éventail de marques et de niveau de qualité du matériel accessible en achat ou en location (et là-dessus on ne parle même pas de la possibilité de revendre du matériel usagé ou de le transférer «au plus jeune»)
    • La possibilité de pratiquer le sport en famille, en groupe, en couple: on partage les dépenses!

    En terminant… comme je disais: tout est une question de choix. Demandez-vous combien vous investissez pour votre passion pour les modèles réduits de train, pour votre amour du septième art, pour votre incommensurable attrait pour les musées, pour votre affection particulière pour les restaurants à sushis haut de gamme, pour votre téléphone intelligent («contrat de 3 ans, pas-cher-pas-cher»), pour toutes ces chaînes câblées que vous ne regardez pas tant que ça au final, pour votre cinéma-maison dernier cri (avec 3D et lunettes), pour satisfaire l’oenophile que vous êtes (mais vous râlez contre la SAQ et ses profits)(avec raison d’ailleurs mais c’est un autre débat), pour ce traditionnel café-croissant de Première Moisson avant d’arriver au bureau tous les matins…

    Dans les produits et biens de consommation énumérés dans le paragraphe précédent, la très grande majorité des entreprises (exception faite des arts) font des profits dépassant les 100% du coût de production. La statistique est inversée pour l’industrie du ski alpin: les stations sont «rentables»… mais le prix que vous payez est franchement plus juste pour une journée de ski que pour un billet de cinéma un vendredi soir. Vous ne trouvez pas que le cinéma est un loisir de riches?

    (NDLR: Il s’en trouvera toujours pour me contredire ou m’amener d’autres arguments… l’idée de ce texte n’est pas d’en faire une étude scientifique mais de démontrer par des informations accessibles au grand public que les mythes entourant le ski alpin n’ont pas raison d’être!)

    Combien devrait-on payer pour une journée de ski?

    La question est fort épineuse, souvent posée à demi-mot, généralement déguisée en commentaire: «C’est cher!». Cher pourquoi? D’abord, qu’est-ce que c’est, «cher»? C’est un jugement de la part du consommateur, qui en veut toujours plus pour son argent. C’est légitime, là n’est pas la question. Mais «cher», c’est aussi relatif.

    Cher, c’est une vague idée qu’on a d’un prix qui dépasse ce qu’on était prêt à investir. L’essence, chère quand on la paie plus que 1,50$ le litre. Pourtant, on la trouvait déjà chère à 1,00$ le litre! Et quand on va en Europe, le même litre d’essence, après conversion avec le taux de change en vigueur, se vend plus du double d’ici! Alors là, c’est vraiment cher! Puis, quand on traverse chez nos voisins anglophones (ontariens ou étazuniens): «Oh, pas chère, l’essence, ici!» (Notez que je ne parle pas de la valeur des taxes, mais seulement du prix global payé.)

    Cher, c’est ce qu’on ne veut pas payer. On veut un prix «juste». Mais «juste», c’est relatif aussi! La justesse d’un prix, c’est ce qu’on trouve raisonnable de payer pour le produit ou le service qu’on achète. Il est là le vrai questionnement… comment sait-on si un prix est juste?

    Dans le monde du ski alpin, vous devinerez que bien des facteurs font varier la facture. Il y a bien entendu les dépenses relatives au coût d’exploitation d’une station de ski. Je ne vous apprendrai rien en affirmant qu’un gestionnaire fait face aux mêmes défis qu’une famille. Cela dit, l’objectif ultime d’une famille est (ou devrait être) l’épargne, qu’on peut remplacer par «profit» ou «rentabilité» dans un contexte commercial.

    Comment établir le prix «juste» du billet journalier? C’est simple… sans l’être. Prenons d’abord les multiples dépenses:
    – Consommation d’électricité (du télésiège au garage en passant par le chalet, les canons à neige et l’éclairage)
    – Coût du terrain, des infrastructures et des bâtiments (pour autant que ces sommes ne sont pas entièrement payées)
    – Coût des taxes et impôts fonciers
    – Coût de renouvellement minimal et entretien des matériaux et infrastructures
    – Coût des véhicules de fonction (motoneige, quad, camion, dameuse, tracteur…) et des frais associés à ces véhicules (carburant, assurances, immatriculation lorsque requis, entretien)
    – Dépenses « administratives » (télécommunications, appareils électroniques, téléphones, papeterie, marketing, promotion, etc.)
    – Coût de l’ameublement (tout ce qui n’est pas coulé dans le béton: frigos, casiers, tabourets, machines à tuner les skis, tapis, affiches de signalisation diverses…)
    – Coût d’une flotte d’équipement de ski/snowboard (et accessoires) pour location
    – Coût des permis et licences nécessaires à l’exploitation d’une boutique, d’un bar, d’une cafétéria…
    – Et pour finir… la masse salariale (les employés, quoi!) et le coût de leur formation, si approprié.

    J’en oublie, c’est certain! Mais comme vous voyez, la liste est déjà longue, et ne touche aucunement au volet « hébergement » que plusieurs stations de ski du Québec offrent en plus. Et maintenant, la liste des revenus:

    – Les droits d’accès aux infrastructures sus-nommées, pour une période donnée (journée, fin de semaine, semaine, année).

    Maintenant, pas besoin d’être comptable ou économiste pour deviner qu’il faut un nombre minimum de client, à un montant minimum, pour «rentrer dans son argent». Notez que je n’aborde pas non plus la période de temps pour laquelle on peut parler de rentabilité: 6 mois? 12 mois? 5 ans?

    Voilà donc avec quoi tout administrateur de station de ski jongle. La longue liste des dépenses, versus la courte liste des revenus. Ici, peut-être que certains d’entre vous serez, comme moi, tentés faire l’exercice: tout balancer les chiffres dans un chiffrier (entendu qu’on les ait, bien sûr), faire quelques tableaux croisés de multiplications, de divisions, de soustractions, d’additions… et bingo! On a le prix qu’un billet de ski devrait coûter, pour une journée, pour un adulte, pour la station concernée. Le prix «juste».

    Là où le bat blesse: les dépenses sont majoritairement fixes. Il y a les dépenses uniques (acquisition) et les dépenses récurrentes (entretien, renouvellement). Mais globalement, on ne peut s’en tirer en-deçà d’un certain minimum, même en amortissant le tout sur une période plus ou moins longue. Les revenus, quant à eux, sont grandement variables. Encore une fois, observation et déduction sont des capacités de base qui nous permettent à tous d’imaginer les causes de cette variation:

    • Météo (il faut de la neige, qu’elle soit naturelle ou fabriquée!)
    • Contexte économique global (récession?)
    • Situation démographique (station de ski à proximité d’une petite ou grosse municipalité?)
    • Accessibilité (plutôt 1h de route, ou 4h de route?)
    • Qualité/variété des produits/services offerts (est-ce que ça répond à la demande?)
    • Durée d’opération (plutôt novembre-mai, ou janvier-mars?)
    • Que sais-je encore?

    Un bon administrateur saura bien entendu adapter ses tarifs en fonction de tout ceci, et bien plus! Par exemple:

    • Capacité d’accueil (taille du chalet? du stationnement? nombre de remontées mécaniques? nombre de pistes? nombre d’employés disponibles?)
    • Proximité avec la «compétition»
    • … et la fameuse «réputation»

    Je sais que vous attendez ce mot depuis le début de votre lecture. Car c’est la première réponse que vous avez donnée, à voix haute ou dans votre tête, à la question que j’ai posée au tout début de mon texte: « Combien devrait-on payer pour une journée de ski? » « Bien, ça dépend où! » C’est un truisme que d’affirmer que la notion de « payer cher » est intimement liée au produit que l’on consomme; ici, le produit est synonyme d’endroit géographique.

    Maintenant… on est d’accord: un billet de ski dans tout petit centre doté d’à peine 6 pistes, d’une seule remontée et d’un microscopique chalet vaudra forcément moins cher qu’un billet donnant accès à un dénivelé de 400m sur 30 pistes… D’où l’importance de vendre un billet de ski à la bonne valeur (d’une part), et d’accepter cette valeur en tant que consommateur (d’autre part)!

    Vous commencez à me connaitre… allons plus loin que le simple prix du billet. Car économiquement, socialement, une station de ski, c’est bien plus qu’un billet journalier. J’ai déjà fait l’apologie des stations de ski dites «régionales» ou «de moindre taille», je ne reviendrai donc pas sur ces propos. Ceci dit, en payant pour un billet de ski, voici ce qu’un skieur achète réellement:

    • Un droit d’accès aux infrastructures nécessaires à la pratique d’un sport/loisir qu’on a choisi de plein gré
    • Une occasion de bouger (dehors en plus)
    • Une activité en famille, en couple, entre amis, en solo, peu importe!
    • Un environnement où vous êtes libres de vos actions, mais qui vous encadre en offrant des services de premiers soins en cas de besoin
    • Une contribution, même minime, à l’économie locale et à l’industrie du ski alpin
    • … et plein d’autres choses!

    Donc, combien devrait-on payer pour une journée de ski?

    Des skis artisanaux: oui c’est possible!

    Vous êtes-vous déjà réveillé un matin avec une idée un peu folle en tête, tel un projet qui vous permettrait de vous stimuler intellectuellement, d’occuper vos temps libres et vous aiderait à vous  accrocher à quelque chose en attendant sagement le retour de la neige?  Pour certains d’entre nous, cette idée folle est d’acheter le Mont Alta (qui, soit dit en passant, est une excellente idée); dans mon cas ce fut de fabriquer une paire de skis alpins artisanaux…

    J’ai toujours eu plusieurs paires de skis dans mon garage, mais j’avais toujours rêvé de posséder  une « vraie » paire de skis pour la poudreuse. Par contre, l’idée de dépenser 1000$ pour une paire de skis qui me servirait à peine quelques jours par année freinait mon enthousiasme. Ainsi, un matin, un éclair de génie traversa mon esprit : pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable et m’en fabriquer une? Pour la plupart d’entre vous, cette possibilité ne vous a probablement jamais effleuré  l’esprit, vous disant sans doute que ça doit être extrêmement compliqué, même impossible à réaliser à la maison. Ce n’est peut-être pas simple, mais je vous assure que c’est loin d’être aussi sorcier que ça en a l’air! Lors de mon passage à l’université, j’ai étudié les matériaux composites, alors je trouvais que de m’atteler à la tâche de fabriquer une paire de ski allait être une belle occasion de mettre en pratique ce que j’avais appris à l’école.

    La première étape dans la fabrication d’un ski est de déterminer les dimensions et le profil recherché. Plusieurs idées saugrenues m’ont traversé la tête, mais j’ai finalement décidé de rester conservateur dans mon approche et de confectionner quelque chose de similaire à ce qu’on trouve sur le marché. J’ai donc ouvert mon DAO (logiciel de dessin assisté par ordinateur) et j’ai commencé à dessiner mon ski. Mon choix s’est arrêté sur les mensurations suivantes :

    Longueur : 196 cm
    Largeur : 95-125-105-115-95
    Cambrure : Rocker, camber, rocker

    Une fois le concept établi, on doit passer aux choses sérieuses. Pour commencer, il faut savoir qu’un ski n’est (généralement) rien d’autre qu’un assemblage de bois, fibre de verre, de polyéthylène, de carres en acier, collés les uns aux autres, grâce à de la colle époxy.  On assemble les composantes les unes par dessus les autres dans un moule et on applique une pression (ou on effectue un vide dans mon cas)  pour permettre à chacune des couches de bien adhérer entres elles.

    Le noyau de bois

    Le tremble, le frêne, l’érable, le peuplier et même le bambou (pour ne nommer que celles-là) sont des essences de bois fréquemment utilisées dans l’industrie du ski. Idéalement, pour faire notre choix, on doit prendre en considération le type de ski qu’on désire fabriquer; un ski haute performance dédié à la course aura besoin d’être robuste et plus rigide qu’un ski de touring ultra léger.

    Le peuplier, par exemple, est un bois très léger, environ 0,4 gramme par centimètre cube. Un noyau uniquement conçu en peuplier permettrait d’avoir un ski extrêmement léger, par contre, sa flexibilité et ses propriétés mécaniques (résistance) laisseraient à désirer. Ce type de bois pourrait donc convenir à la fabrication d’un ski de « touring » où on essaie de minimiser au maximum le poids du ski. L’érable, quant à lui, est beaucoup plus résistant, mais son poids se chiffre plus aux alentours de 0,6 gramme par centimètre cube. Plus rigide et plus résistante, cette essence serait plus judicieuse pour un ski de carving.

    Dans mon cas, mon noyau est constitué de frêne; pour la simple et bonne raison que j’avais des morceaux de frêne qui traînaient dans le garage. Afin de s’assurer que le noyau soit exempt de faiblesses et  d’irrégularités dans le grain, il est recommandé de laminer ensemble plusieurs languettes de bois d’environ ¾ pouce (19-20mm) avec de la bonne veille colle à bois. 

    Une fois la colle séchée, on peut aplanir notre noyau grâce à un planeur et lui donner le profil désiré. Bien que les spatules puissent être confectionnées en bois, il est recommandé de les fabriquer en plastique (généralement de l’abs). Le plastique est plus résistant à l’impact que le bois, donc avec l’emploi de celui-ci, il en résulte un ski plus durable.

    La semelle du ski

    Dans mon cas, puisque j’avais dessiné mon ski dans le DAO, j’étais en mesure de faire imprimer le design du ski grandeur nature sur une feuille de papier. Il était donc simple de tracer et ensuite découper dans une feuille de polyéthylène mes semelles de ski. Une fois découpées, j’ai collé mes semelles sur du ruban adhésif deux faces dans mon moule et j’ai collé « temporairement » mes carres d’acier avec de la « crazyglue ».

    La vraie liaison entre la semelle et les carres a lieu lors du laminage. Cette étape consiste à étendre une couche de fibre de verre sur la base du ski et à la recouvrir de résine époxy. On peut ensuite déposer le noyau de bois sur la couche de fibre de verre puis appliquer une dernière couche de fibre de verre. Après, on applique la couche finale constituée  habituellement d’un graphique imprimé sur un film de plastique; dans mon cas, j’ai choisi une couche de fibre de carbone.

    Une fois le laminage complété, on doit s’assurer d’avoir une bonne cohésion entre les couches en appliquant une certaine pression sur celles-ci. Il existe deux méthodes courantes dans la fabrication de skis, soient  la presse à ski et le moulage sous vide. Le moulage sous vide demande un moule moins robuste et est beaucoup  plus facile à mettre en œuvre pour une fabrication unique, c’est donc la technique que j’ai privilégiée. Le principe est simple: on applique une pellicule de plastique par-dessus notre laminage et on scelle tout le contour de notre moule à l’aide d’une gomme. On fait le vide à l’intérieur du plastique grâce à une pompe à vide, une pression est donc appliquée uniformément sur notre assemblage. On laisse sécher la résine durant une nuit et le ski est presque terminé.

    Une fois bien séché, on peut retirer le ski du moule. Il ne reste plus qu’à découper l’excès de bois et de fibre de verre sur le contour du ski, puis, procéder à un petit sablage, installer une paire de fixations et attendre (im)patiemment la prochaine bordée de neige! J’ai d’ailleurs testé mes propres skis en piste… un super sentiment de plaisir et d’accomplissement!

    Pour ceux qui seraient intéressés à se lancer dans la fabrication de skis artisanaux, retenez qu’il en coûte moins de 200$ pour le matériel nécessaire à la confection, et que j’y ai mis environ 50 heures. Voici quelques sites internet qui peuvent vous aider:

    – www.skibuilders.com (en anglais) qui explique en détails les diverses étapes de fabrication et indique où se procurer les divers matériaux (qui sont difficilement trouvables au Québec, malheureusement)
    – Freeman Supply, pour la fibre de verre et la résine
    – Blank Slate Skis, pour d’autres matériaux

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