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    Éloge du ski en solo

    Faites-vous partie de ceux qui ne skient jamais seuls? Si tel est le cas, je vous invite à essayer le ski en solitaire. Vous vivrez alors une expérience différente qui vaut la peine d’être vécue au moins une fois. Vous n’êtes pas convaincus? Lisez ce qui suit!

    Bien que skier seul puisse être le résultat d’une suite d’invitations refusées ou de désistements, il faut y aller avec une attitude positive. Après tout, cela n’est pas honteux ni gênant et ça peut être le présage d’une superbe rencontre avec d’autres skieurs ou… avec vous-même!

    Une grande liberté

    Le fait de ne pas être accompagné permet de choisir son rythme. Nul besoin d’attendre après des skieurs plus lents ou plus rapides que nous! Pour les uns : moins de stress et de pression, pour les autres : moins d’attente au bas des pistes. Si vos partenaires habituels privilégient un type de terrain en particulier, voilà le temps de sortir de votre routine. Vous avez envie de descendre votre piste préférée cinq fois de suite? Aucun problème! Prendre une pause aux quatre minutes pour contempler le paysage? Avec plaisir! Une photo avec ça?

    Une occasion d’améliorer votre ski

    Il peut s’agir d’un moment parfait afin de prendre le temps de travailler une facette de votre ski que vous désirez améliorer. Après tout, plusieurs exercices de ski doivent être exécutés à une vitesse plus lente pour être efficaces. Et tant qu’à y être, pourquoi ne pas en profiter pour prendre un cours de ski? Pour ma part, les sorties en solo m’ont permis d’apprivoiser les sous-bois à mon rythme. Je connais peu de skieurs qui auraient accepté de m’accompagner pendant que je descendais encore et encore le haut de la 8, Cathédrale, au Massif du Sud!

    Prendre un peu de recul

    Les remontées seuls (ou avec des gens peu loquaces!) donnent l’occasion de se reposer, de réfléchir et parfois même de prendre un peu de recul sur sa vie. Si comme moi l’air pur vous aide à mieux penser, vous apprécierez ces remontées. Il y naitra peut-être de bonnes idées, une décision éclairée ou même un nouveau projet!

    C’est également l’occasion d’observer la nature qui nous entoure : les arbres, les animaux, les sculptures naturelles de glace, le ciel bleu, la forme des montagnes au loin. Lorsque l’achalandage est plus faible, on peut écouter attentivement et entendre les bruits que font la remontée, le vent et les skieurs qui passent en dessous.

    Mais ce que je préfère par dessus tout, c’est observer les gens. Lorsque je regarde un skieur passer, je m’amuse parfois à essayer de deviner de quel genre de personne il s’agit : un sportif? un professionnel? un père de famille? un artiste écolo? Toutes ces réponses? Hé bien quoi, on a tous quelques habitudes étranges…

    Des rencontres fortuites

    Que ce soit au chalet ou dans la remontée mécanique, il arrive que l’on fasse des rencontres qui mènent à une intéressante conversation et parfois même quelques descentes partagées. Je me souviens avoir rencontré un télémarkeur à Stoneham qui m’aies raconté, les yeux brillants, l’origine de son sport. Également une mère de famille qui me parlait de son plaisir à skier avec ses enfants. À plusieurs reprises j’ai croisé des gens que j’ai connu dans d’autres contextes : une ancienne collègues de travail, un ex beau-frère et la serveuse d’un restaurant où j’allais souvent.

    Certains trouvent même l’amour sur les pentes de ski! J’aurais d’ailleurs un concept d’émission à suggérer à V-télé. Ça pourrait s’appeler : l’amour est dans le remonte-pentes!

    L’autre côté de la médaille

    Soyons honnête, il n’y pas que des avantages à skier seul. Le principal inconvénient à mon avis est que cela puisse donner l’occasion d’écouter un peu trop son corps. Un peu froid? Légère fatigue? Et hop, on écourte notre journée car il n’y a personne pour nous motiver à faire encore 1 ou 2 descentes dont nous serions tout-à-fait capables. Et puis lorsqu’il n’y a personne à nos côtés pour nous pousser à dépasser nos limites, on est plus prudents, parfois même trop!

    La fréquentation des sous-bois peu achalandés ou des secteurs hors-pistes en solo représente un plus grand risque en cas d’accident. Dans certains secteurs, cela est même interdit. Personne ne voudrait se blesser et perdre conscience dans le milieu de la forêt sans que quelqu’un puisse lui porter secours.

    En conclusion de cet éloge au ski en solitaire, je tiens à préciser que malgré le grand plaisir que j’éprouve à skier seul plusieurs fois par hiver, il n’y a rien comme skier en bonne compagnie! L’être humain est une bibitte sociale, c’est dans nos gênes! On aime tous être bien entourés et avoir du plaisir en gang. Cela dit, ne dédaignez pas une sortie en solitaire une fois de temps en temps, vous pourrez certainement en tirer une grande satisfaction!

    Couper son moteur, une initiative louable

    Comme vous le savez tous, les gaz à effet de serre (GES) produits par les voitures causent, à la longue, un réchauffement climatique. Les stations de ski ne seraient rien sans notre climat, puisque réchauffement signifie moins de neige, et moins de neige signifie moins de journées de ski. Si nous voulons que nos enfants puissent connaître les joies de ce sport, il est important de faire aujourd’hui quelques gestes simples pour le protéger. De nombreux efforts sont faits en matière de développement durable dans les stations de ski du Québec, cependant, ce ne sont pas les activités de la station qui causent le plus d’émission de gaz à effet de serre, mais le transport des skieurs vers la station. Il existe quelques gestes simples à faire pour réduire les émissions de GES, comme par exemple éviter la marche au ralenti et pratiquer le covoiturage. 

    Combien de fois avons-nous laissé tourner le moteur de la voiture pour déposer les skis dans un support, aller chercher les billets de ski et revenir dans un véhicule chaud? Cette pratique produit énormément de CO2 inutile. En plus d’être mauvaise pour l’environnement, elle est également néfaste pour la santé et pour la mécanique de la voiture. En effet, la marche au ralenti peut endommager le moteur parce que la combustion est incomplète et que cela laisse des résidus. Il vous en coûtera non seulement plus cher d’essence, mais, vous devrez aussi payer plus cher en réparations sur votre voiture! Couper son moteur est donc aussi bénéfique pour votre portefeuille. 

    L’Association des stations de ski du Québec (ASSQ) a reçu 49 000 $ de la part du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs en janvier 2011 afin de mettre en branle un programme visant à réduire les GES. Selon la firme de développement durable Ellio, sollicitée par l’ASSQ pour mettre en œuvre ce projet, la marche au ralenti a fait une chute de 20 % déjà à la fin de 2011. D’après Jean-Sébastien Trudel, expert-conseil en développement durable chez Ellio, ces chiffres ont été calculés en envoyant des équipes sur les stationnements de 25 stations de ski avant et après la pose de pancartes « Ici, on coupe le moteur ». Les inspecteurs ont calculé le nombre de voitures et le nombre de minutes de marche au ralenti, de même que le type de voiture. Avant les démarches de sensibilisation, les équipes avaient vu des gens laisser leur voiture tourner pendant 40 minutes sans surveillance, situation qui n’a pas été revue depuis.

    Outre la pose de pancartes, les stations ont aussi investi sur des ambassadeurs qui ont pour mission d’intervenir positivement pour éviter la marche au ralenti. Entre autres, ils donnent des autocollants à poser sur les véhicules pour encourager les gens. Une autre démarche des stations de ski est de poser des pancartes dans les toilettes démentant des mythes sur la marche au ralenti. Par exemple, il ne coûte pas plus cher de redémarrer son moteur plutôt que de le laisser tourner 10 minutes. Aussi, il ne suffit que de 30 secondes pour que le moteur soit assez chaud pour partir, il va se réchauffer plus vite en roulant.

    Une autre option est de pratiquer le covoiturage. Il existe plusieurs de sites web de covoiturage général, mais il en existe un particulier au ski : skicovoiturage.ca. Sur ce site, il y a des annonces d’offre et de demande de covoiturage. De plus, plusieurs stations de ski offrent des babillards de covoiturage. C’est une manière économique et écologique de se déplacer aux stations qui sont souvent loin. Certaines stations proposent également un service de navette ou ont une entente avec le service de transport en commun de la région. Ce service est idéal pour ceux qui n’ont pas de voiture et permet l’accès aux stations à une nouvelle clientèle. 

    Bien sûr, le mauvais côté est de ne pas pouvoir aller en ski quand on veut, ni en revenir à l’heure voulue. Pour ceux qui ont leur propre voiture, cela ne semple pas très attirant. Alors, lors d’une journée de ski entre amis, plutôt que de se rencontrer à la station et de chacun utiliser sa voiture, pourquoi ne pas y aller ensemble? Le coût de l’essence sera alors divisé et vous pourrez utiliser ces économies pour une bière entre amis avant de terminer la journée de ski.

    Plusieurs autres initiatives sont mises en place par les stations de ski pour réduire leurs empreintes écologiques. Certaines projettent l’installation des bornes de recharges pour véhicules électriques, d’autres, comme le Massif de Charlevoix, offrent des places de stationnement réservées près du chalet pour les véhicules hybrides. Mais, selon M. Trudel, seulement en évitant la marche au ralenti, cela équivaudrait à ne pas entretenir les pistes pendant une année entière sur le plan environnemental. Un simple geste peut alors en faire beaucoup pour préserver le futur de notre fabuleux sport. Et vous, coupez-vous votre moteur?

    Sotchi, à quoi s’attendre réellement?

    Dès le 7 février prochain, les yeux qui n’étaient pas déjà tournés vers Sotchi le seront. Cette petite ville de Russie, située aux abords de la Mer Noire, n’avait jamais créé autant d’engouement que depuis que Staline avait décrété que l’endroit deviendrait le lieu prisé pour les vacances à la plage des Russes. Palmiers, climat subtropical, plages de galets, pêcheries, fruits frais… oui, c’est bien dans la pointe méridionale de la Russie que les prochains Jeux Olympiques d’Hiver se tiendront. Ceux qui pensaient que le choix de Vancouver était insensé en prendront pour leur rhume…

    Un peu de géographie

    Sotchi, ou Sochi, selon la translittération, est une station balnéaire accrochée à la portion est de la Mer Noire. En-dessous, la frontière avec la Géorgie. En face, sur l’autre rive de la mer, la Bulgarie. Il faut compter 1620 kilomètres entre Moscou et Sotchi, soit 20 heures de route ou… 24h de train. La température moyenne à la plage est de 23°C en juillet, et de 6°C en février. Les précipitations y sont abondantes, l’an dernier, la ville a enregistré 1644mm de pluie, tombés sur 154 jours. On parle bien d’un climat subtropical humide. Les montagnes avoisinantes appartiennent à la chaine du Caucase. Pour nous, nord-américains, voir les épreuves en direct sera bien difficile puisque les neuf heures de décalage feront en sorte que les résultats seront déjà publiés à notre réveil. Le contexte géopolitique toujours très tendu dans ce secteur de l’ex-URSS ajoute une dimension supplémentaire à l’attention qui sera portée à l’événement, chaque analyste ou reporter ayant en tête les attentats possibles. Les images des divers moyens employés pour sécuriser l’endroit (milice, patrouille, systèmes de surveillance, caméras, clôtures, détecteurs de mouvements, etc.) feront sans doute l’objet de plus d’un reportage!

    Les Jeux de Sotchi… pas à Sotchi

    En réalité, aucun événement olympique, si ce n’est que les atterrissages et les décollages des avions sur le tarmac de l’aéroport fraichement rénové, n’aura lieu à Sotchi directement. Les athlètes, médias et autres délégations devront d’abord parcourir 30 kilomètres vers le sud-est pour rejoindre Adler, une autre petite bourgade sur la Mer Noire. Puis, tous se dirigeront vers le village olympique approprié: trois villages ont été construits pour accommoder les visiteurs. La section côtière, « Coastal Cluster », accueillera les médias, ainsi que toutes les épreuves « glace » (patin, hockey, curling). La section montagne, « Mountain Cluster », est située à 45 kilomètres de Adler, accessible par une toute nouvelle autoroute, ainsi que par train. Le Mountain Cluster compte deux villages répartis entre Krasnaya Polyana et Rosa Khutor, les deux stations de ski recevant les épreuves « alpines ». Les deux villages accueilleront les skieurs, lugeurs, fondeurs et autres athlètes de la glisse. Les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux se tiendront au Fisht Olympic Stadium, dans le Coastal Cluster.

    Inévitablement, les controverses et oppositions sont nombreuses devant la grandeur sans commune mesure des travaux à accomplir. Comme en fait état l’excellent documentaire de The Passionnate Eye, Putin’s Games (disponible sur le site de CBC, dépêchez-vous de le visionner avant qu’il soit retiré!) le coût des Jeux a atteint un sommet inégalé, non seulement en termes financiers mais aussi en défis techniques, technologiques, en main d’oeuvre, en impacts environnementaux… Les factures gonflées sont la norme et la corruption, la règle de base. La population locale (humaine, végétale, animale et minérale) a perdu tout son sens, son pouvoir et ses possessions. L’État russe a décrété que chaque parcelle de terrain qui était nécessaire à la construction d’une quelconque infrastructure reliée aux Olympiques était désormais propriété nationale, ce faisant, évinçant les habitants de leurs résidences. Le prix payé par les résidants du secteur va donc bien au-delà de la simple valeur de leurs possessions. Comment Vladimir Poutine s’y est-il pris pour l’emporter face à Salzbourg (Autriche) et Pyongcheang (Corée du Sud)? On ne le saura jamais réellement, mais les critères d’admissibilité du Comité International Olympique semblent avoir été gommés le temps de l’annonce du gagnant… 

    Des leçons de Vancouver

    L’une des préoccupations qui saute aux yeux lorsqu’on parle d’un climat subtropical humide, en se replaçant dans le contexte du fiasco neigeux des Jeux d’hiver précédents, c’est bien entendu la capacité de produire, entretenir, conserver, voire tout simplement accumuler la neige (naturelle ou fabriquée) sur les sites de compétition. Le climat montagneux étant quand même substantiellement plus rigoureux que celui de la plage, les montagnes où auront lieu les épreuves sont naturellement enneigées l’hiver. Les stations de ski ne sont cependant pas à l’abri des sautes d’humeur de plus en plus fréquentes de la météo, plaçant le déroulement des épreuves dans une situation à haut risque. (Pour suivre la météo, via Snow-Forecast: Krasnaya Polyana et Rosa Khutor.)

    Deux mesures spectaculaires ont donc été mises en place afin de pallier à tout manque éventuel d’or blanc: d’abord, à la fin de la saison hivernale l’an dernier, au printemps 2013, l’organisation olympique a rassemblé en plusieurs lieux 450 000 mètres cube de neige, protégés par des bâches isolantes. Les calculs ont été effectués en fonction d’un indice de fonte, et les prévisions donnaient une perte de 30% jusqu’à l’arrivée de l’hiver suivant. Ironiquement, cette prévoyance sera probablement inutile puisque l’hiver semble avoir été généreux en neige naturelle jusqu’à maintenant. Puis, un gigantesque système de fabrication de neige (document pdf) a été mis en place: stations de pompage, bassins de refroidissement, canons, compresseurs, le tout à la fine pointe de la dernière technologie (quoi d’autre!). Les rumeurs les plus folles faisaient même état d’une capacité de production jusqu’à des températures extérieures atteignant 15°C… ce qui s’avère être presque le cas, puisque l’air et l’eau utilisés sont refroidis à 0°C avant d’être pulvérisés, rendant le critère de température extérieure moins déterminant.

    Des Jeux de tous les records

    On est donc bien loin de l’essence originale des Jeux de Pierre de Coubertin. Célébrer l’athlète et l’homme dans sa persévérance et sa force (Citius, Altius, Fortius) prend un sens très différent lorsque les prouesse techniques et technologiques de même que les dépassements de coûts et autres controverses éclipsent les performances des athlètes.  Des records seront assurément enregistrés: attendons-nous à être bombardés de dates, de distances, de vitesses, de poids, de dollars, de dollars, de dollars… car le total de ceux-ci représente sans doute le chiffre le plus ahurissant d’entre tous: les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi valent 50 milliards de dollars. Est-ce bien raisonnable? Certes, poser la question c’est y répondre. Mais tentons de nous concentrer sur ce qui est réellement important: la qualité des hommes et des femmes qui se sont entrainé de toutes leurs forces physiques et mentales au cours des quatre (voire huit ou plus) dernières années pour donner le meilleur d’eux-mêmes durant tout au plus quelques minutes. Savourons ces minutes en tant que spectateur, cela ne nous coûtera que du temps.

    *Pour les plus curieux, voici un lien pour visionner les webcams des différents lieux. Acceptez l’offre de traduction de votre navigateur!

    Je tiens à remercier Jean-Luc Brassard pour son temps et ses photos! Les images qui garnissent cette chronique ont été prises lors de sa visite sur les lieux en juin 2013, alors que les innombrables chantiers étaient en cours. 

    Visage du ski: Jean-Luc Brassard

    Lors de l’annonce de la nomination de Jean-Luc Brassard en tant que Chef de mission adjoint pour la délégation olympique canadienne, tous se sont accordé pour saluer le choix de l’ex-bosseur émérite. Énergique, souriant, passionné, communicateur, engageant et engagé, les qualités de Brassard ainsi que son expérience d’olympien rendaient sa désignation fort naturelle. À quelques jours du début des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, le spectateur moyen voit son intérêt pour les Jeux croitre graduellement; Jean-Luc quant à lui est déjà plongé dans le bain olympique depuis près d’un an! Portrait du rôle d’un skieur au grand coeur, dont les accomplissements dépassent le podium.

    Lorsqu’il a appris sa nomination, après bien sûr avoir remercié son interlocuteur et s’être senti flatté, Jean-Luc s’interroge: « Mais… ça fait quoi exactement, un chef de mission? » Très bonne question! Le rôle est très vaste. Même s’il avait une petite idée de ses tâches, Jean-Luc verra le portrait s’éclaircir grâce à plusieurs personnes au sein du Comité Olympique Canadien, mais aussi en discutant avec Sylvie Bernier, qui a été elle-même chef de mission à Londres, lors des derniers Jeux d’été. 

    L’évolution du rôle

    Le titre de Chef de mission a vraisemblablement toujours existé au sein du COC. Le rôle a cependant évolué avec le temps, prenant du gallon et revêtant une signification particulière. À l’époque où Jean-Luc Brassard était lui-même athlète et membre de l’équipe canadienne de ski acrobatique, les chefs de mission étaient plutôt des gens nommés par récompense politique et ne s’impliquaient pas directement auprès des athlètes. Les années passant, les nominations ont changé d’orientation et les chefs désignés occupaient une place de plus en plus importante dans l’organisation et la préparation des sportifs avant, pendant et après les Jeux. Pour résumer le rôle, Jean-Luc dira: « Il s’agit d’encadrer les athlètes par un soutien émotif, psychologique, temporel et logistique ».

    Bien que le rôle de Chef de mission soit totalement bénévole, il n’est évidemment pas à prendre à la légère: en cas de force majeure, Jean-Luc et les deux autres Chefs de mission, Steve Podborski et France St-Louis, ont l’autorisation ultime de retirer son accréditation à un athlète. Steve et France seront plutôt actifs avec les athlètes qui logeront au « Coastal Cluster », inscrits dans les disciplines « glace ». Jean-Luc quant à lui sera bien évidemment à la montagne, avec les athlètes de la glisse. Celui qui a été le porte-drapeau canadien aux Jeux de Nagano en 1998 sera donc dans son élément à travers les skieurs, lugeurs, fondeurs et autres glisseurs.

    Quelques exemples concrets

    Bien avant que les premiers athlètes ne s’envolent vers Sotchi, Jean-Luc est déjà impliqué auprès d’eux et de leur entourage. Pour les athlètes, il est question d’encadrement administratif (papiers officiels, inscriptions pour l’hébergement, les transports, etc.), émotif (rassurer les athlètes, les écouter et les conseiller), et un peu sportif aussi bien sûr! Le Chef de mission adjoint s’assure également que les gens qui accompagneront l’athlète trouveront hébergement, transport, auront leurs visas et autres papiers officiels bien remplis et en règle, et pourront trouver des points de repères à leur arrivée. Il est primordial que les accompagnateurs des athlètes soient un tant soit peu orientés lorsqu’ils débarqueront dans l’énorme cirque que sont les Jeux Olympiques. Comment se déplacer, quelle langue parler, quelle monnaie utiliser… « Cette partie de la tâche relève presque du guide touristique! »

    Une fois sur place, Jean-Luc sera présent mais pas insistant. Son rôle pendant les Jeux sera d’être prêt à parer tout débordement éventuel. Sachant très bien à quel point les JO sont médiatisés (on parle d’un ratio de 4 journalistes pour 1 athlète!), il aura la tâche d’être le porte-parole dans les situations plus critiques, de même que de guider les athlètes lorsque ceux-ci seront sollicités par les médias. Les performances olympiques sont inévitablement rattachées à de fortes émotions et la gestion de crise fera forcément partie du lot.

    Dans un monde idéal, le Boss des bosses n’aurait pas à intervenir autrement que pour féliciter les sportifs canadiens mais il a la conviction que pour les athlètes, qu’ils en soient à leurs toute première expérience olympique ou non, sa présence sera appréciée. Conscient que tous les jeunes athlètes ont besoin d’une ligne directrice, Jean-Luc de dit très heureux de pouvoir leur parler au nom du Comité Olympique Canadien, mais il sait aussi avoir le bagage requis pour écouter les membres de l’équipe canadienne avec empathie… après tout, il sait mieux que quiconque comment on se sent lors de ces moments si spéciaux! C’est donc la somme de toutes les parties qui confère à Jean-Luc cette aura de grand frère, sécurisant mais pas étouffant.

    Les motivations de Jean-Luc sont multiples, et son intérêt pour le sport n’est qu’une bonne raison parmi tant d’autres. « J’aurais tellement aimé avoir un Chef de mission quand j’étais athlète! L’encadrement aurait été bénéfique. J’ai même parfois cherché des chemins d’accès ou la bonne porte d’entrée pour une cérémonie de clôture… et je n’étais pas le seul athlète à chercher! » On devine donc qu’il tient à leur offrir quelque chose qu’il aurait apprécié avoir au moment où il était lui-même membre de l’équipe canadienne. 

    Chose certaine, le rôle d’un Chef de mission revêt une importance non-négligeable. Les athlètes sont constamment entourés des meilleurs entraineurs, spécialistes de la santé, psychologues, nutritionnistes… mais la présence d’un chef tel Jean-Luc contribuera certainement à mettre encore plus de lumière sur ce rôle de grand frère dont les athlètes peuvent bénéficier. Et avec un chef aussi à l’écoute et généreux, gageons que les futurs olympiens garderont un souvenir encore meilleur de leur expérience aux Jeux de Sotchi!

    Visage du ski: Johanne La Roche

    Dans quelques jours, comme bien des skieurs (et non-skieurs) du pays, vous aurez les yeux rivés aux écrans qui vous entourent: télé, ordinateur, tablette et téléphone intelligent se relaieront pour vous transmettre les plus récentes nouvelles à propos des athlètes qui représenteront le Canada aux Jeux d’hiver de Sotchi. Pour Johanne La Roche, les Jeux représentent un tout-petit-mini-détail supplémentaire: l’occasion de se dire, avec une fierté nullement déplacée: « Hey! C’est moi qui l’ai recruté, lui! » Portrait d’une petite abeille de l’ombre au visage lumineux.

    Tombée dans la potion magique quand elle était petite, Johanne a fait ses premières armes en ski alpin au Manoir Saint-Castin, au nord de Québec. Son père, Gérard, pratiquait le saut à ski, et toute la famille se rendait religieusement au Lac Beauport pour skier chaque jour de la fin de semaine. Le patronyme La Roche est sûrement familier à plus d’un lecteur; Johanne est effectivement la cousine d’Yves La Roche et plusieurs autres membres de la famille ont laissé leur marque dans le ski acrobatique. Cela n’a par contre pas poussé Johanne dans les rangs compétitifs, elle préférait les sports d’équipe pour le dépassement et s’adonnait au ski par plaisir.

    Johanne avait presque atteint l’âge de la majorité lorsqu’elle a touché pour la première fois au volet compétitif du ski acrobatique, sur insistance d’une amie de la famille. Ce n’est cependant pas sa performance en piste qui fut déterminante… dotée d’un talent certain, elle brillait lors des entrainements mais n’offrait pas le meilleur de ses capacités en pleine course. Elle était par contre plutôt attirée par l’aspect organisationnel de chacune des compétitions auxquelles elle a pris part avec un dossard numéroté. Sans tarder, elle est devenue responsable du Club SkiBec Acrobatique, qui regroupait les athlètes du Mont-Sainte-Anne et de Stoneham. C’est alors qu’elle commence à s’impliquer dans l’organisation des diverses courses et compétitions, la piqure la prend et l’abeille s’active de plus en plus!

    Déterminée à poursuivre cette carrière en parallèle avec ses études en génie civil, Johanne décide de devenir déléguée technique. Armée de l’expérience acquise au fil des années alors qu’elle trime autant du stylo que de la pelle, l’énergique jeune femme frappe à la porte de SkiCanada et réussit l’exploit de devenir la première femme déléguée technique* sur le circuit géré par la FIS. Elle est encore d’ailleurs à ce jour la seule femme à avoir ce titre dans ce monde d’homme! 

    * Le rôle d’un délégué technique sur le site d’une compétition est de représenter les règlements mais surtout de s’assurer de la bonne mise en oeuvre de la compétition, ainsi que de la qualité des sites. La FIS gère les règlements de base, le délégué veille au respect de ceux-ci, en plus d’édicter les règlements propres à chaque compétition en lien avec l’endroit et la discipline. Ce rôle nécessite une impartialité à toute épreuve, de grandes connaissances techniques autant en ce qui concerne la neige que l’organisation et le déroulement d’une compétition, la conception des sauts (oui, incluant la conduite des dameuses), sans oublier une certaine capacité à grimper des montagnes à pattes, pelle à la main…

    Plusieurs chapeaux, une seule tête

    Dès les années 1990, Johanne La Roche organise des Coupes du Monde à la station de ski Le Relais, dont l’objectif est de tester les sites en vue de l’obtention des Jeux d’hiver de 2002, que Québec perdra aux mains de Salt Lake City. Le chapeau de déléguée technique tient en équilibre à côté de celui de bénévole pour SkiBec, de même qu’un rôle au sein de l’Association Canadienne de Ski Acrobatique, ainsi que pour le CA de la Fédération Québécoise de Ski Acrobatique, qu’elle occupera jusqu’en 2008. Pour terminer le partage de chapeaux, Johanne est également, depuis une vingtaine d’années, en charge du programme de développement des officiels au Québec. Elle forme les parents et bénévoles impliqués à devenir des officiels ayant la capacité et les connaissances requises dans le but d’organiser des compétitions… l’abeille se crée une relève!

    Bien entendu, ses multiples fonctions lui donnent la chance d’être sur le terrain, mais Johanne s’attriste d’avoir vu le sport amateur et son organisation changer au fil du temps. Par exemple, la recherche de commanditaires, beaucoup plus aisée dans les années 1980 (« Un coup de fil à la Caisse et c’était réglé! »), représente près du tiers de son temps d’organisatrice maintenant. De plus, chaque club de compétition, bien que doté d’une structure de base, est constitué par les parents des athlètes… et bien souvent, Johanne se retrouve entre l’arbre et l’écorce, dépitée de voir que les adultes impliqués ont parfois l’intérêt des athlètes bien loin dans leurs priorités… Heureusement, depuis le nouveau millénaire, la tendance s’est tranquillement inversée et aujourd’hui, les parents d’une nouvelle génération sont de plus en plus conscientisés et présents pour leurs enfants et les autres athlètes. SkiBec Acrobatique a poursuivi son développement et chapeaute maintenant les quatre clubs de compétition de la région de Québec: Le Relais, Stoneham, le Mont-Sainte-Anne et Le Massif, dernier venu dans la course.

    Bien sûr, des gens comme Johanne préfèrent l’ombre. Notre abeille se sent à l’aise quand les athlètes sont heureux, que les choses roulent rondement et qu’elle est occupée. Prendre les pauses, c’est superflu! Mais mettons un peu de lumière sur la travailleuse acharnée: Johanne, c’est celle qui, au fil des années, a pu recruter quelques noms connus: Dominic Gauthier, Ann-Marie Pelchat, Christian Marcoux, Caroline Olivier, PA Rousseau, JP Auclair, les frères Marquis… pour chacun d’eux, elle a une anecdote. Pour chacun d’eux, les voir en action au petit écran, c’est aussi une occasion de voir un peu de La Roche dans l’équation!

    Dans les accomplissements les plus fous de Johanne, celle-ci se souvient d’avoir usé d’ingéniosité lors des Jeux du Canada en 2002, organisés dans les Maritimes. Cette saison, la neige se faisait plus que rare… à un point où la construction des sauts en secteur urbain était presque impensable. L’idée de Johanne: dévier les camions de déneigement municipaux, qui déverseraient leur chargement au bon endroit. Pour la finition? On ramasse la neige propre sur les pistes d’un aéroport désaffecté. Et voilà le travail! Ce n’est qu’un des innombrables tours de force réalisés par Johanne. Et gageons qu’il y en a encore bien d’autres à venir… Soyez à l’affut, si un jour vous êtes sur un site de compétition de ski acrobatique et que vous voyez une petite abeille blonde, sourire aux lèvres, pelle à la main… c’est Johanne!

    Freestyle course chief Johanne LaRoche, left, of Lac Beauport Que. and chief timer Kieran Rousseau of Corner Brook Nfld. enjoy the sun during a break at the aerial venue at the Canada Winter Games in Atholville N.B., Thursday Feb. 27, 2003. (CP PHOTO/Jacques Boissinot)

    Les Olympiques, passionnément, à la folie, pas du tout?

    En préparant mon mini-dossier sur les Jeux de Sotchi, j’ai eu l’occasion de discuter avec diverses personnes ayant toutes une opinion relativement approfondie à propos de l’événement sportif du moment. Je me suis donc mis à réfléchir sur ce que je voyais de bon ou de moins bon à ces Jeux. Au risque de passer pour une impie, je me livre à vous, lecteurs impitoyables.

    Les valeurs du sport

    Bien sûr, on ne peut qu’encourager et admirer un athlète, qu’il parvienne ou non à se hisser sur une marche du podium. N’est pas grand celui qui ne tombe jamais, mais celui qui sait se relever… La force de caractère qui fait l’étoffe des athlètes est bien entendu leur meilleur atout. Viennent ensuite persévérance, discipline, capacité de recul et d’analyse, gestion de risque, capacité à atteindre et conserver une forme d’équilibre… et j’en passe. Ces athlètes de haut niveau parviennent à exploiter le corps humain et à l’élever à un stade de perfection en s’infligeant toutes sortes des souffrances physiques et psychiques dans le but du dépassement de soi. Passion, enthousiasme, masochisme, folie pure ou inconscience, je crois que le dosage parfait des ingrédients nécessaires à la fabrication d’un athlète olympique n’existe pas.

    Je crois par contre qu’il existe quelque chose de plus « malsain » que les Jeux Olympiques en terme de défi personnel, tant pour le corps que l’esprit: les courses d’endurance infinies ou presque (type Ironman). Les études prouvant le côté néfaste des activités trop intenses et prolongées sont nombreuses et malgré toute l’admiration que je peux avoir pour les athlètes qui ont un corps en santé, je considère que la limite à ne pas dépasser est celle où on commence à se tuer à petit feu. Sachant que le sport génère une production d’endorphine dans le corps humain, cette drogue naturelle dont les propriétés rappellent celles de l’opium ou de la morphine, provoque aussi bien entendu son lot d’addiction et de dépendances un brin malsaines. Un athlète qui court à sa perte par sa dépendance à l’adrénaline de la performance et à l’endorphine n’est donc pas plus équilibré qu’un toxicomane, malgré toute cette culture du « sport c’est la santé ». Les Olympiques sont donc en ce sens moins intenses puisque la durée de performance d’un athlète pour la plupart des disciplines se chiffre en minutes… malgré les heures d’entrainement.

    L’Olympisme et les valeurs

    (Tiré du document sur le Mouvement Olympique)

    « Prônée à l’origine par Pierre de Coubertin, l’Olympisme est une philosophie de vie fondée sur le corps, la volonté et l’esprit qui allie le sport à la culture et à l’éducation. Cette philosophie est un élément essentiel du Mouvement olympique et de la célébration des Jeux. »

    Les trois valeurs sont l’excellence, l’amitié et le respect.

    Je suis bien sûr fondamentalement en accord avec ces valeurs. Là où j’avale de travers… c’est quand je vois une organisation olympique bafouer à peu près tout ce qui existe comme convention des droits civils et de lois environnementales en plus d’encourager un marché souterrain aux profondeurs abyssales au nom d’une quête démesurée du succès. Pour moi, ce n’est pas un signe d’excellence, ni d’amitié, ni de respect. Et quand en plus on voit que les intérêts profonds des athlètes sont carrément relégués à l’arrière-plan pour laisser place à la démonstration suprême de pouvoir et de contrôle d’un mégalomane… je grince des dents à m’en péter les plombages.

    Excès, aversion et mépris

    Non seulement ces Jeux auront-ils coûté une somme ridiculement astronomique mais ils auront aussi l’effet dévastateur d’un tsunami sur une ile sans défense, brisant des écosystèmes et des vies humaines. Qu’adviendra-t-il de toutes ces infrastructures, une fois le dernier confetti de la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques tombé? Que feront-ils de tous ces condos, de tous ces hôtels, de tous ces stades, de toutes ces routes, de tous ces trains? De tous ces canons, de toutes ces télécabines, de toutes ces dameuses? Et d’abord, c’est qui ça, « ils »? Les habitants de Sotchi? J’en doute. Les discours (directs ou suggestifs) de Poutine ont fait plier bien des bailleurs de fonds: je ne crois pas une seule seconde à ses idées nobles et ses ambitions de ramener le tourisme des riches Russes dans leur pays.

    Même si on oublie le côté « gaspillage et dilapidation de fonds », qui à mon sens constituerait un frein suffisant pour arrêter le cirque, le problème des lieux se pose quand même. Pourquoi ces Jeux coûtent-ils si cher? D’abord grâce à la corruption, ensuite, à cause de tous les moyens techniques déployés pour contrer le fait que les lieux géographiques hôtes se situent en climat subtropical humide. Pour accueillir des Jeux d’hiver. On a donc dépensé des millions de dollars pour s’assurer que la neige ne manquerait pas. Je n’entre même pas ici dans le débat environnemental… mais si l’organisation se préoccupait RÉELLEMENT des athlètes qui viennent donner leur meilleur, elle aurait réfléchi aux conséquences psychologiques pour un sportif de voir son épreuve annulée, sans préavis, pour cause d’incapacité à tenir l’événement.

    Imaginez un peu: vous vous entrainez corps et âme, pendant quatre, voire huit ans ou plus de votre vie. Toute votre existence est codifiée en fonction de ce but ultime. Ce que vous mangez, buvez, vos entrainements, votre travail, vos études, votre famille, bref, tout ce qui constitue votre vie est adapté pour vous placer dans les meilleures conditions et augmenter vos chances de succès. Vous travaillez d’arrache-pied, vous prouvez vos capacités dans maintes compétitions, vous vous hissez dans les classements. Vous avez un entraineur, un nutritionniste, un physiothérapeute, un psychologue sportif, une maman… tous fondent leurs espoirs en vous. Vous vous qualifiez, vous obtenez votre visa, vous poursuivez l’entrainement, vous arrivez sur place. Vous êtes dans le cirque, ça y est, pour de vrai! Votre rêve. Puis, le matin de votre épreuve: annulée. Trop de neige, pas assez de neige, brouillard, bris dans une infrastructure, attentat, que sais-je encore. Certaines choses ne peuvent pas être prévues ni contrôlées, surtout pas dans un milieu au climat chaud et humide (6°C en février!), aux portes d’une poudrière caucasienne, dans un pays où malgré les belles promesses, on peut toujours douter un peu de la sincérité lorsqu’on jure le respect des droits de l’homme.

    Si j’aime les Jeux Olympiques? Ceux de Pierre de Coubertin, oui. Le cirque médiatique et la démesure? Non. Si je vais regarder les épreuves à la télé? Probablement pas, pas juste à cause du décalage horaire mais aussi parce que je sais que je pourrai retrouver le meilleur de tout ça sur plusieurs médias internet. Est-ce que je m’intéresse aux performances des athlètes de chez nous? Bien sûr que oui. J’ai quand même un peu de fierté locale. Est-ce que je crois que les Jeux Olympiques sont un événement nécessaire? Non. Pas au prix qu’ils coûtent. Et encore moins pour ce qu’ils rapportent au pays ou à la ville hôte.

    Au pied d’Édouard: une histoire de cœur

    Travailleurs acharnés, citoyens ancrés dans leur Saguenay natal et skieurs passionnés par une majestueuse montagne: tels se présentent Doris Duchesne, sa conjointe Lynn Mercure et leur grand ami Denis Girard, copropriétaires du centre de villégiature Au pied d’Édouard, à l’Anse-Saint-Jean. L’histoire de ce trio de développeurs, qui a mis sur pied le village alpin du Mont Édouard, est parsemée de défis et de rebondissements, que la persévérance et la patience ont permis de surmonter.

    « On a vidé nos poches pour démarrer », confie Doris Duchesne, un gestionnaire de projets ayant mis sa riche expérience professionnelle dans la construction du village alpin  au Mont Édouard. Loin d’avoir le capital d’une grosse entreprise comme Intrawest et ne pouvant compter sur de grands bailleurs de fonds, les trois copropriétaires ont dû – et doivent encore – y aller de leurs propres investissements pour faire avancer leur rêve.

    Un rêve qui se matérialise aujourd’hui avec 200 unités résidentielles, un charmant petit hôtel (La Maison de Vébron), un Spa nordique (Édouard-les-bains) et un sympathique bistro (Les elfes du Fjord). « Ce sont nos propres intérêts que nous avons mis dans ce projet, poursuit-il, et on a dû développer petit à petit, sans sauter les étapes pour être certains de ne pas manquer notre coup. Ce projet a une valeur inestimable et, encore aujourd’hui, on y met tout notre cœur. » 

    Le coup de foudre

    C’est d’ailleurs sur un coup de cœur que débute l’histoire en 1989. Doris Duchesne et sa conjointe Lynn Mercure se rendent à l’Anse-Saint-Jean, petit village du bas Saguenay d’où proviennent les nouvelles de l’ouverture prochaine d’une station de ski. « Ç’a été un coup de foudre pour l’endroit! La montagne se présente avec du caractère et l’environnement offre une qualité de vie que nous ne trouvions pas ailleurs », relate M. Duchesne, qui s’achète un chalet au pied des pistes.

    Celui-ci découvre alors tout le potentiel du Mont Édouard, qui accueille ses premiers skieurs en décembre 1990. L’idée de créer un village alpin surgit et, en 1994, M. Duchesne acquiert des terrains au pied de la station de ski et y construit un premier bâtiment, Le Refuge, regroupant 43 unités de style condo.

    Départ difficile et relance

    En 1996, il voit plus grand et entame le développement du secteur de Vébron (à droite de la montagne); toutefois, les événements imprévisibles se succèdent – impacts du déluge au Saguenay, situation financière difficile de la station de ski, etc. – et son projet est mis en veilleuse. « On est un peu à la merci de la station de ski, dont la situation financière a été vacillante. Quand elle a la grippe, on l’attrape nous aussi », image le gestionnaire.

    En 2004, la coopérative qui gère le Mont Édouard à cette époque approche Doris Duchesne afin de donner un second souffle au développement immobilier. La SADC est également dans le coup et le projet Au pied d’Édouard est relancé. De plus, M. Duchesne peut désormais compter sur deux complices, sa conjointe Lynn Mercure et son ami Denis Girard, qui embarquent cœur et âme dans le projet.

    Au fil des ans, le trio se heurte à différentes embûches : zonage ne permettant la construction immobilière, réseau d’égouts et d’eau potable inadéquat, difficultés dans l’achat de certains terrains, retrait du fédéral après avoir accepté de financer certaines parties du projet… Bref, les trois copropriétaires ont dû faire preuve de persévérance, parfois travailler jour et nuit pour mener à terme leurs idées. D’ailleurs, la plupart des bâtiments du village alpin sont autoconstruits…

    Un produit distinctif

    C’est ainsi que depuis 2004, les réalisations s’enchaînent, lentement mais sûrement, en concordance avec le plan de développement du centre de villégiature Au pied d’Édouard. Un des piliers du projet fut la construction, en deux phases (2004 et 2006), de La Maison de Vébron : ce « petit hôtel » propose 18 chambres ainsi que des cuisines et salles à manger communes dans chacun des deux pavillons. « Les gens s’y sentent comme chez eux et c’est ce que nous souhaitons », affirme Denis Girard. Celui qui gère La Maison de Vébron souligne avec fierté l’engouement pour ce type d’hébergement et rêve déjà de réaliser la phase 3 : « Après le ski, les gens se rencontrent dans les aires communes et il y a beaucoup d’ambiance. C’est particulier, on ne retrouve pas ça ailleurs! »

    Autre pilier du développement, le Spa nordique Édouard-les-bains, achevé en 2007, constitue un élément distinctif puisque son emplacement permet même aux skieurs d’y prendre une pause durant leur descente. On y trouve plusieurs infrastructures, tels le hammam, le sauna, la maison dans les airs, la yourte et la grotte des demoiselles, de même que des services de massothérapie. « Le Spa nordique est situé directement sur la piste, on ne retrouve pas ça ailleurs! », se réjouit Doris Duchesne.

    Des gens d’exception

    Ce qu’on ne retrouve pas ailleurs… Voilà peut-être le leitmotiv qui caractérise l’ensemble du projet. Certes, il y a l’expérience qu’offrent le ski au Mont Édouard et son village alpin convivial et charmant, avec La Maison de Vébron et Édouard-les-bains. Mais au-delà du caractère amical de l’endroit, il y a les trois personnes derrière le projet Au pied d’Édouard, des vrais passionnés qui rendent votre séjour incomparable : Denis vous prépare le petit déjeuner continental à La Maison de Vébron, Lynn gère les problèmes administratifs entre deux massages qu’elle offre à Édouard-les-bains, et Doris vient lui-même réparer le foyer de votre condo. « C’est toujours les mêmes trois vieux qui s’occupent de tout! », lance avec humour M. Duchesne.

    Et à travers cette fébrilité quotidienne, ceux-ci trouvent encore du temps pour skier la montagne qu’ils aiment tant… et penser le futur d’Au pied d’Édouard. Le gestionnaire précise : « Nous avons un plan de développement qui comprend l’ajout de condos et de chalets, ainsi qu’un hôtel de 60 chambres adjacent à Édouard-les-bains. » Bref, ce que les trois visionnaires souhaitent, c’est faire du Mont Édouard une destination de choix même si cela demandera encore de la patience. « Nous voulons boucler notre vision, aller au bout de notre rêve! », conclut Doris Duchesne.

    Le Mont Apic: une histoire d’entraide

    Le centre de glisse Mont Apic, situé à St-Pierre-Baptiste dans la région Centre-du-Québec, a ouvert ses portes à l’hiver 1959-1960. Cette petite station familiale compte 14 pistes variées pour tous les niveaux de skieurs et planchistes. Offrant également des glissades sur tube et des pistes de raquette, l’endroit fait le bonheur de la population locale. Lors de ma visite, j’ai eu la chance de rencontrer des gens fiers et profondément impliqués au sein de leur station. Je n’ai pas eu besoin de poser beaucoup de questions: les passionnés parlent sans se faire prier!

    Comment faire plus avec moins?

    Normand Goulet, bénévole et acteur dans le développement de la station, n’avait que 5 ans lorsque la station a ouvert ses portes. C’est avec un plaisir évident qu’il m’a raconté des anecdotes parfois aux allures de légendes sur l’histoire du centre de ski. « Dès les premières années, il a fallu se battre », me disait-il. « J’étais jeune mais j’avais de bonnes oreilles pour entendre les conversations des adultes. Il y avait entre autre un cultivateur réticent à laisser un lot de terrain qui allait rendre la station plus fonctionnelle. Il ne comprenait pas que l’on puisse sacrifier des érables pour faire des pistes de ski. À certains endroits, au contraire, on a du planter des arbres car on voulait garder la neige dans nos pistes. Le premier chalet a été construit avec des anciennes bandes de patinoires par six hommes », poursuit-il. Personne n’était payé! Et aujourd’hui c’est encore comme ça : la plupart des gens qui s’impliquent ici sont bénévoles.

    M. Goulet se souvient que pour faire fonctionner l’ancienne remontée mécanique, un moteur leur était bien entendu indispensable. À chaque hiver, deux mécaniciens s’affairaient à démonter le moteur de la seule moissonneuse batteuse de la région afin de l’emprunter pour faire rouler le câble. La rumeur veut que cette opération ait été réalisée à l’insu du propriétaire… du moins les premières années.

    Le bénévole, livre d’histoire parlant, poursuit: « À partir des années 1970, afin d’être compétitifs et garder les skieurs à la station, on a fait l’acquisition de dameuses que d’autres stations ne voulaient plus. On avait de bons mécaniciens qui étaient prêts à mettre le temps nécessaire pour les remonter à neuf! Un coup, comme les tractions s’usaient vite, on a même fabriqué des chenilles pour un dixième du prix que ça valait! Et c’est moi qui damais les pistes! »

    M. Goulet me raconte ensuite par quelles astuces et gentilles entourloupes ils avaient réussi à obtenir l’ancien téléski du Mont Arthabaska à bon prix et à le déménager. Les yeux brillants, il m’a longuement parlé des hauts et des bas de la station. Ce n’est pas pour rien qu’on le taquine en le surnommant l’encyclopédie du Mont Apic! Au fil de la discussion, il m’a nommé plusieurs bâtisseurs, familles, ou anciens présidents qui se sont impliqués afin que la station demeure ouverte à chaque hiver. La plupart d’entre eux ont d’ailleurs une piste qui porte leur nom, à commencer par… la Goulet!

    La tradition de débrouillardise se poursuit

    Lors de mon passage, la directrice générale de la station, Marie-Josée Côté, était en pleine séance de formation en vue d’obtenir son certificat niveau 1 de l’AMSC… Cela prouve que dans les petites stations de ski, tout le monde doit savoir tout faire ou presque! C’est d’ailleurs à titre de placier à l’entrée du téléski du secteur débutant que je vis à l’oeuvre Richard Taschereau, co-directeur de l’école de glisse. Un peu plus tôt dans la journée, celui-ci me donnait des chiffres reflétant l’état actuel de la station : 13 patrouilleurs, 10 moniteurs, 125 inscriptions par année aux cours de groupe, une poignée d’employés et des dizaines de bénévoles qui s’impliquent de diverses façons. J’ai également eu droit à l’historique du domaine skiable, qui n’a bien sûr pas toujours eu ses 14 pistes!

    Alors que j’étais dans le chalet, je vois arriver un homme marchant d’un pas rapide. Au passage, il informe la préposée de la billetterie qu’il s’en va à son local pour réparer une pièce du téléski du secteur expert qui venait de tomber en panne. Environ 2 heures plus tard, la remontée était repartie! Après m’être informé, j’ai su qu’il s’agissait d’un de ces entrepreneurs impliqués et toujours prêts à donner un coup de main.

    Une situation financière fragile

    Tout comme les autres stations régionales, le Mont Apic doit compter sur des subventions et des commandites afin de boucler son budget annuel. Pendant que les hivers varient, les coûts d’opération, eux, ne cessent de croître. Malgré une assez bonne saison, un grand soutien de la population régionale et une gestion serrée, le centre de glisse a tout de même enregistré une perte réelle d’opération de l’ordre de 22 000 $ sur un budget de quelque 185 000 $ en 2012-2013 (détails ici).

    Cette année, afin de garder la relève active et motivée, l’équipe de direction s’est inspiré du Mont St-Bruno en mettant en place un projet impliquant directement la clientèle adolescente dans l’élaboration du parc à neige. C’est maintenant eux qui le conçoivent et s’en occupent. Après tout, la fierté, il faut la cultiver!

    Les stations de ski régionales ont-elles un avenir? Je n’ai pas de boule de cristal, mais ce que j’ai vu au Mont Apic me convainc qu’avec de l’entraide, de l’implication et de la détermination, tout est possible. Longue vie à cette belle gang de passionnés!

    Prévisions météo: l’humain l’emportera!

    Choisir une destination de ski peut s’avérer un véritable cauchemar lorsqu’on se fie trop aux prévisions météo. Il y a des jours où les astres s’alignent, faisant en sorte que les organismes météorologiques s’entendent sur les tendances; d’autres où les vents et les courants d’air chaud et froid viennent casser très facilement les moments de gloire des météorologues les plus avertis! La veille d’une tempête, il n’est pas rare de voir des sites Internet spécialisés tels MétéoMédia ou Environnement Canada afficher des tendances complètement opposées. Comment les prévisions sont-elles faites? Pourquoi ont-elles l’air si imprécises? Pour tenter de démystifier le tout, nous avons eu l’occasion de parler avec Éric Chatigny, fondateur du site Internet Météo Laurentides.

    Passionné de météo depuis l’âge de cinq ans, Éric s’alimente de phénomènes qu’il cherche à comprendre. Après avoir étudié la météorologie à l’université, il a finalement décidé d’enseigner l’anglais, mais sa passion ne l’a jamais quitté et il partage son savoir à chaque jour sur son site Internet, en plus d’être observateur privé volontaire pour Environnement Canada. Quand on lui parle du réchauffement climatique, Éric nous répond qu’il y a dix ans, on voyait bien arriver certains phénomènes en lien avec les théories. Les dernières années nous ont envoyé un message clair: on ne se demande plus si le réchauffement climatique est réel. Cependant, il est important de mentionner que même si la température se réchauffe, et malgré les chutes de neige qui s’amoindrissent, nous continuerons à avoir de gros hivers. Ceux-ci seront par contre davantage contrastés: certains plus neigeux et d’autres enregistreront moins de précipitations. 

    La manière d’effectuer les prévisions climatologiques a évolué suite aux constats relatifs aux changements climatiques. En effet, les occurrences habituelles sont de moins en moins efficaces puisque le réchauffement a un impact direct sur le présent de la météo. Ainsi, on doit travailler de plus en plus avec des phénomènes tels El Niño et La Niña. Ces deux processus météorologiques viennent bousculer la donne habituelle et tout évolue maintenant de manière plus violente et plus contrastée. Autrefois, les prévisions saisonnières étaient plus faciles et courantes… Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui.

    L’automatisation des prévisions

    De nos jours, la majorité des sites Internet spécialisés affichent des prévisions produites de manière automatisée. Il y a moins d’interventions humaines comme le faisaient les météorologues comme par le passé. Dans les années 90, il y avait trois bureaux d’Environnement Canada au Québec. Le nouveau millénaire a poussé la société d’état à n’en conserver qu’un seul. À l’époque, les météorologues travaillaient les prévisions manuellement sous forme de carte. Ce travail est maintenant accompli par des modèles générés par ordinateur. La technologie n’a cependant pas rendu les prévisions plus fiables en les automatisant, puisque plusieurs zones affectées par des micro-climats ont été mises de côté, les ordinateurs délaissant entre autres les milieux montagneux.

    Il existe plusieurs modèles météo. Ces modèles sont à la source des prévisions que nous connaissons. Environnement Canada a investi beaucoup d’argent afin de développer ses propres modèles, forçant un peu les entreprises d’ici à l’utiliser. Bien que ce modèle soit produit chez nous, il offre une précision de 10km. Les modèles américains accessibles de Burlington (Vermont) peuvent aller jusqu’à une précision de 4km, les rendant beaucoup plus performants sur des terrains montagneux. Ils sont cependant considérés encore comme étant expérimentaux. D’autres modèles existent aussi à travers le globe; entre autres le modèle européen, qui est souvent plus précis que les modèles canadien et américain pour les prévisions à plus long terme. 

    Chez nous, MétéoMédia utilise les modèles d’Environnement Canada mais la différence entre les deux sites vient très souvent des heures de publications des prévisions et des délais de traitement. Les deux sites ont aussi une vocation très différente car Environnement Canada a un but scientifique alors que MétéoMédia est une entreprise lucrative qui va chercher à adapter les prévisions pour les afficher à des golfeurs, skieurs, pour la qualité de l’air, la météo pour l’école et plus encore…

    L’humain se démarque

    Avec Météo Laurentides, Éric Chatigny souhaite offrir des prévisions faites par un humain pour la région des Laurentides. Cette région étant pleine de micro-climats, il n’est pas rare de voir pleuvoir à St-Jérôme et neiger à Ste-Agathe. Les grandes sources météo vont faire une seule prévision pour toutes les Laurentides… mais la réalité ne sera pas bien dépeinte. Ainsi, Éric a découpé les Laurentides en 3 secteurs qui ont chacun leurs particularités en terme de prévisions. Il souhaite aussi mettre en garde le public sur le temps violent. Vous retrouverez sur son site une carte que nous utilisons très souvent sur ZoneSki qui affiche les quantités de neige prévues lors d’une grosse tempête sur le Québec en entier. 

    Pour Éric, la clé est de ne pas hésiter à consulter plusieurs sources et d’en faire des déductions avec notre expérience, mais surtout, de ne pas tout prendre à la lettre! Après tout, il n’y a pas plus inexacte comme science que la météo. L’hiver ne sera que meilleur si on passe plus de temps dehors qu’à lire des modèles et des radars! En terminant, voici quelques astuces:

    –Le site de Météo Laurentides offre des prévisions très détaillés pour les chutes de neige des stations de ski des Laurentides
    –Lorsque vous vous rendez en montagne, demandez au service à la clientèle de votre station ce qu’ils utilisent comme source météo. Très souvent, ils connaissent l’outil le plus précis pour leur région et leur station de ski
    –Quand vous écoutez la radio et que l’animateur vous propose d’aller dans le Sud plutôt que de sortir à -20°C, changez de poste!
    –Méfiez-vous du facteur éolien. Rappelez vous qu’un sport de descente apporte son lot de facteur de refroidissement, peu importe le facteur annoncé…
    –Le site d’AccuWeather propose une section sur le Canada qui peut être une source intéressante. Néanmoins, le site très détaillé peut être plus difficile à comprendre pour tout le monde.
    –Si vous voulez être au fait au jour le jour sur chaque tempête, vous pouvez consulter le forum de meteocentre.com de l’UQAM qui rassemble beaucoup de passionnés de météo tout comme ZoneSki rassemble beaucoup passionnés de ski.

    Un bon élan pour les vacances

    Depuis le début des accumulations de neige, personne dans la population de skieurs ne peut râler: il y en a, et il y en a partout! Heureusement, même les régions qui sont habituellement moins favorisées à cette période de l’année ont eu droit à de bonnes chutes de neige. Merci Dame Nature, La Niña, Saint-Bernard, et autres divinités/idoles qui s’en sont mêlé, vous faites le bonheur des skieurs et planchistes! Cette manne d’or blanc est définitivement très appréciée de nous tous.

    Mais vous me connaissez, je trouverai toujours le petit bobo: après avoir tapé sur les météotorhinolaringologues (ceux qui font la météo le nez pincé et en parlant de la gorge), et après avoir incité les skieurs à parrainer un non-skieur pour augmenter le plaisir, il y a un autre aspect auquel je veux m’attaquer… la vision tunnel.

    En secourisme, la vision tunnel est une réaction normale provoquée par l’adrénaline qui circule dans le sang du secouriste: on ne voit que le bobo le plus flagrant sur la victime, et on oublie d’évaluer le reste. Un bon secouriste combattra cette vision tunnel pour poursuivre son examen secondaire afin de déceler d’autres blessures/troubles potentiels. En clair: la vision tunnel, c’est comme les oeillères, ça nous empêche d’avoir une vision globale d’une situation et on manque d’information, ce qui fausse notre jugement.

    Revenons à nos moutons: vous êtes un skieur et vous habitez en zone urbaine. Il tombe un mélange de grésil, de pluie verglaçante, de neige mouillante… ou il pleut carrément. Chez vous. Et votre vision tunnel vous porte à croire que c’est comme ça partout, qu’il pleut du sud au nord, d’est en ouest. Un jour, je vous ferai un petit cours de climatologie 101, sur les effets de l’altitude sur la température, et par ricochet, sur la forme des précipitations… mais retenez ceci: S’IL PLEUT EN VILLE, LES CHANCES SONT PLUS QUE FORTES QU’IL NEIGE À LA MONTAGNE!

    Combattez votre vision tunnel. Informez-vous: à l’ère des Internets et des nouvelles technologies, les sources d’information sont quasi-infinies et il existe plus d’applications pour connaitre la météo que de noms pour décrire la couleur « blanc » chez les fabricants de peinture! En quelques clics, par notre carte interactive des conditions de ski, par AccuWeather, par Environnement Canada, par le téléphone à la station de ski, par SMS à votre ami qui habite tout près de la montagne… les moyens sont aussi variés qu’efficaces pour avoir l’heure juste!

    Voilà donc votre devoir pour le temps des fêtes: ignorez les pessimistes qui pâlissent à l’expression « facteur éolien », habillez-vous comme il faut, ayez le réflexe de vous informer, et oubliez la pluie en ville! Je vous promets que votre entêtement sera payant… à vous la poudreuse et les belles conditions!

    Je vous souhaite une belle période de réjouissances, soignez bien vos skinusites, allez jouer dehors, soyez prudents sur les routes… et n’oubliez pas que la croix blanche des patrouilleurs n’est pas un signe ostentatoire ;)

    Bon ski, bonne glisse!

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