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    Chamonix: Sur le toit de l’Europe

    Perchée plus de 1035m d’altitude, Chamonix a de quoi surprendre. Enserrée entre les massifs montagneux des Aiguilles Rouges d’un côté et le massif du Mont-Blanc de l’autre, Chamonix détient le record de la commune la plus haute d’Europe. Bienvenue dans la capitale mondiale de l’alpinisme: un lieu où tout impressionne.

    Après plus de 15 heures de voyage à partir de Montréal, en passant par Paris, on arrive enfin aux portes de l’une des plus célèbres vallées glaciaires et du troisième site naturel le plus visité au monde! Chaque année, le site du Mont Blanc accueille des milliers de voyageurs. Son exceptionnelle situation géographique, au croisement de la Suisse et de l’Italie, incite à la découverte de celle qu’on appelle «Cham», la ville cosmopolite par excellence.

    Nous n’avons que trois jours devant nous et tant de choses à explorer. La vallée de Chamonix compte à elle seule 38000m de dénivelé, avec des zones hors-pistes plus extraordinaires les unes que les autres. De plus, 85% du domaine skiable est situé au-dessus de 2000m: de quoi faire pâlir d’envie un bon nombre de destinations ski!

     Ce qui frappe par-dessus tout, c’est cette énergie et ce même esprit que partagent les passionnés de montagne, alpinistes, guides ou skieurs. Il y en a ici pour tous les niveaux et pour tous les goûts, tant le terrain de jeu est immense et les possibilités presque infinies.

    Direction l’Hôtel des Grands-Montets, situé au pied des remontées dans le village d’Argentière (commune de Chamonix). Dans un décor rustique et enchanteur, l’accueil est chaleureux et convivial, la nourriture excellente. Demain, nous allons faire l’excursion que nous espérons depuis si longtemps, la Vallée Blanche! En attendant, nous partons à la rencontre de notre premier glacier, les Grands-Montets. Les premiers virages à plus de 3000m plantent le décor: d’autres magnifiques instants riches en émotions se profilent à l’horizon.

    Le jour tant attendu arrive enfin. Rejoints par Nicolas, notre guide professionnel de haute montagne, nous nous dirigeons vers le téléphérique de l’Aiguille du Midi, l’un des plus hauts au monde, qui nous mène en moins de 20 minutes à 3800m d’altitude, point de départ de la mythique Vallée Blanche.

    La vue sur les principaux sommets de plus de 4000m français, italiens et suisses – dont les Grandes Jorasses, le Dôme du Goûter et bien sûr le Mont Blanc – y est absolument somptueuse. Il ne nous reste qu’à traverser les longs couloirs froids et humides (creusés à même la roche) de l’Aiguille du Midi, la plus haute des aiguilles de Chamonix (elle abrite aussi le plus haut centre d’émission hertzien de France), en prenant bien soin de vérifier que notre ARVA* fonctionne grâce à un détecteur prévu à cet effet, et nous y sommes…

     À nos pieds, la célèbre arête qu’il faut descendre pour rejoindre le départ. Un avertissement clair marque le début de l’expédition: «Skieurs, attention! Itinéraire de haute montagne. Non entretenu, non balisé, non sécurisé, non surveillé. Vous vous engagez sous votre propre responsabilité!»

    Hélas, le temps se dégrade rapidement, une tempête s’installe, les conditions deviennent très difficiles: un déferlement de neige fine, aussi dure que de la glace, vient littéralement s’écraser sur nous.

    Skis sur le dos, encordés tant le passage peut être étroit et dangereux, crampons attachés à nos bottes, nous avançons péniblement sur une centaine de mètres. Le vent glacial (-40°C) souffle à plus de 80km/h, nous devons faire demi-tour. L’oxygène se fait de plus en plus rare, chaque pas est de plus en plus difficile, l’effet de l’altitude et de «l’encaissement» de 2000m de dénivelés positifs en quelques minutes se fait sentir. La remontée sera longue et douloureuse.

    Heureux d’avoir tenté l’expérience, mais déçus et non rassasiés, nous aurons néanmoins le privilège de skier à mi-hauteur, entre l’Aiguille du Midi et Chamonix, dans des conditions nettement plus favorables. Nous n’avons pourtant qu’une seule idée en tête, pouvoir enfin effectuer «LA» descente avant notre départ.

    Un itinéraire de légende
    Après une belle soirée à déambuler dans la ville pour s’imprégner de la vie locale, accompagnés de notre guide, un repas typique et une bonne nuit de sommeil, la météo quelque peu capricieuse reste notre seule préoccupation.

    Le lendemain, un grand ciel bleu est présent, mais des nuages recouvrent encore les pics enneigés. Après quelques minutes d’attente au sommet de l’Aiguille du Midi, une fenêtre météo nous ouvre les portes: tout est blanc, immense et majestueux. La magie opère!

    Les nuages laissent place au soleil et à ce que la nature a de plus beau à offrir. Tout est grand, silencieux. Un sentiment de joie et de plaisir intense nous envahit. La quiétude de l’endroit nous laisse sans voix! 

    Commence alors une aventure à ski de 23km sur 2000m de dénivelé: véritable voyage au cœur des glaciers, des séracs** et des crevasses bleutées, au pied des sommets les plus spectaculaires du massif du Mont Blanc. Cet itinéraire de haute montagne, sur neige éternelle, permet de très nombreuses variantes offrant toutes les gammes de difficultés. Le début est accessible, mais laisse rapidement la place lors du passage des séracs du Géant à une pratique beaucoup plus technique: avoir un bon niveau de ski et savoir évoluer sur tout type de neige sont des prérequis incontournables.

    Avec un panorama grandiose sur le Mont Blanc, les Drus, l’aiguille Verte, les aiguilles de Chamonix, nous effectuerons un arrêt incontournable au refuge du Requin, le seul à mi-parcours. La halte est malheureusement marquée par les allers et retours en hélicoptère de la Sécurité Civile qui tente de repérer des alpinistes en difficulté. Trop de morts sont encore à déplorer chaque année dans ce secteur.

    À la rencontre du rail

    Nous entamons la phase finale de notre périple. Direction la Mer de Glace, pour une longue traversée majestueuse sur le 3e plus important glacier des Alpes – 7km de long et environ 200m d’épaisseur. 

    Selon l’enneigement, la descente peut se faire jusqu’à Chamonix ou jusqu’au Montenvers; le climat particulièrement doux à cette période de l’année ne nous permettra pas de redescendre à ski jusqu’en bas. Skis sur le dos, nous remontons alors du glacier, d’abord à pied sur un long escalier métallique puis en télécabine jusqu’à la gare du Montenvers. Superbe point de vue sur la Mer de Glace.

    À bord du petit train à crémaillère qui mène à Chamonix en serpentant la paroi abrupte pendant un peu plus de 5km (en partie couverte afin de franchir les couloirs d’avalanche), nous nous estimerons heureux d’avoir fait une telle découverte qui surpasse, de loin, toutes nos espérances.

    Un rêve devenu l’inoubliable réalité. À vous de créer votre propre légende…

     * Appareil de recherche de victimes d’avalanche.
    ** Formation de blocs de glace suite à la fragmentation d’un glacier.

    Liens utiles

    www.compagniedumontblanc.fr
    www.chamonix.com
    www.hotel-grands-montets.com/fr

    Article paru dans le Magazine Découvertes – volume 8 – www.decouvertesmag.com

    Big White (C-B): une station multicolore

    Le sommet de Falcon vue du secteur Powder

    Si vous cherchez une station familiale pour un voyage de ski dans l’ouest, voici une une belle suggestion à considérer. Cette station de la vallée de l’Okanagan a déjà la réputation envieuse d’être le paradis du « ski in, ski out » et elle a beaucoup à offrir pour des vacances en famille. La majorité des appartements offerts dans le village ont des accès directs aux pistes de la station: il suffit d’ouvrir la porte de l’immeuble et de mettre les skis aux pieds pour glisser vers les multiples remontées.

    Le domaine skiable

    La station, répartie sur huit secteurs, offre des pistes de tous calibres. Big White se positionne elle-même comme étant une station destinée aux skieurs de niveau intermédiaire; elle jouit cependant d’une qualité de neige exceptionnelle tant sur le hors piste que sur les pistes balisées. La sécheresse de la vallée de l’Okanagan donne des conditions de neige naturelle très agréables à skier et la glace n’y est pas bienvenue. La neige y est abondante et la poudreuse champagne y est présente à de nombreuses reprises pendant la saison. Il y a bien sûr des secteurs réservés aux experts qui y trouveront leur compte mais ce n’est pas la vocation principale de la station. Certains d’entre vous auront peut-être entendu la mauvaise réputation de Big White, qui est celle d’avoir des jours brumeux en altitude, communément appelés Big White-outs. Il est relativement facile de contrer cette situation. Lors de mes nombreux séjours, il était agréable de skier dans le secteur Black Forest ou les pistes plus étroites et les sous-bois donnaient une bonne perspective du terrain. De plus, ce secteur est plus bas en altitude et moins touché par le brouillard.

    Les sous-bois sont nombreux et de tous calibres. Un skieur intermédiaire peut facilement y naviguer à travers les conifères biens espacés. Une section alpine agrémentée de fantômes des neiges appelée « Snow Ghosts » est accessible aux skieurs de tous les niveaux. Ces fantômes sont le résultat du mariage des nuages remplis de givre et des conifères éparpillés dans la zone alpine. La plupart des pistes sont damées quotidiennement de façon experte par le personnel de la station. 

    Pour les jeunes intrépides, la station offre un parc d’activités complet, incluant une demi-lune et un parcours de snow-cross. La médaillée d’or au X-Games, championne du monde et Olympienne Kelsey Serwa y a fait son apprentissage. Le Parc Telus a même un télésiège dédié au secteur. 

    Le personnel
    La courtoisie des préposés aux remontées est louable. Plusieurs sont de nationalité australienne et apportent une dynamique agréable aux visiteurs. Il y est courant d’y entendre des « good day mate » suivis de sourires. Les lifties comme on les appelle, s’enquièrent souvent sur notre expérience de glisse et sont à l’écoute du moindre commentaire. Ils ajoutent une belle touche à l’expérience des visiteurs.

    Les activités
    Les activités à la station sont nombreuses. On y trouve une grande patinoire entretenue par une resurfaceuse de type Zamboni, une tour de glace pour l’escalade, des promenades en traîneaux à chiens, des ballades en carrioles, des randonnées de motoneige, en raquettes ou en ski de fond, et des glissades sur chambres à air.

    La station possède bien entendu une école de ski, celle-ci est d’ailleurs assez réputée et plusieurs québécois francophones y donnent des leçons. À ces services, ajoutons une garderie complète avec école de ski où les jeunes sont munis de transmetteurs GPS, un élément sécurisant pour les parents qui laissent leur rejeton quelques heures pour les leçons de ski. 

    La restauration
    Plusieurs bons restaurants sont offerts aux vacanciers. On y trouve de tout ou presque, allant de plusieurs pubs, aux multiples steak houses, au resto de tapas, à la pizzéria, aux nombreux bistros. Tous ou presque sont accessibles en ski ou à pied. Plusieurs bar y servent des bières locales et des vins de l’Okanagan (croyez-moi, ces derniers sont capables du meilleur tout comme du pire). Au centre du village il y a aussi une épicerie assez bien garnie ou on y trouve presque tout à un prix légèrement plus élevé qu’en ville à Kelowna. Il s’agit d’une belle alternative car la plupart des appartements sont munis de cuisinettes.

    Le transport
    On peut s’y rendre en voiture ou prendre une navette payante à partir de l’aéroport de Kelowna. Dans le village, une navette gratuite fait le tour des secteurs d’habitation jusqu’aux restaurants et services. Le stationnement est limité au centre de la station mais les appartements sont munis de places intérieures et de grands parking sont disponibles en bas de Happy Valley. Une télécabine gratuite fait d’ailleurs le lien entre la base de la station et le centre du village.

    Les statistiques
    La station est située à 56 km de Kelowna.Elle est en opération de la fin novembre jusqu’à la mi-avril. On peut y skier de soir, du mardi au samedi. Les chutes de neige totalisent une moyenne de 750 cm par hiver. Les remontées, au nombre de 16, offrent un débit important de 28,000 clients à l’heure avec un minimum d’attente.

    Le plus haut sommet est à une altitude de 2305 mètres et la base de West Ridge est à 1508 mètres pour un dénivelé de 777 mètres.

    Je vous invite à visiter le site web au www.bigwhite.com  et pour les autres statistiques

    Mon expérience
    J’ai séjourné à la station à plusieurs reprises au cours des dernières années, en bénéficiant de l’hospitalité d’un ami. J’ai trouvé une montagne accueillante offrant de nombreuses expériences de ski. Le ski dans la poudreuse est un délice pour les spatules à la suite d’une chute de neige, les sous-bois sont faciles à skier et la balade alpine à travers les snow ghosts est mémorable dans la vie d’un skieur. Tous mes voyages à la station ont été agréables et c’est avec plaisir que j’y retourne chaque hiver.

    Killington: quand la théorie rejoint la pratique

    Depuis plusieurs années déjà, le vert est sur toutes les lèvres. Qu’il s’agisse de s’acheter une bonne conscience ou de vouloir réellement faire une différence, les actions qu’on pose individuellement au quotidien ont des répercussions sur notre environnement. Le discours n’est plus à tenir, l’heure étant à l’action. Bon nombre d’entreprises ont déjà modifié leurs habitudes pour tendre davantage vers l’idéal de la fameuse empreinte écologique, qu’on cherche à atténuer au mieux de nos capacités. 

    Pour chaque saison hivernale que les cycles amènent, l’industrie du ski fait face à des coûts d’exploitation et d’opération qui sont souvent synonymes de maux de tête. D’un côté, on a une station de ski à faire fonctionner et une clientèle à satisfaire; ces objectifs ont un coût. De l’autre côté, on cherche tous les moyens possibles de réduire notre facture, de «faire ce qu’on peut avec ce qu’on a», certains ayant plus de ressources que d’autres. Maintenant, comment réduire ces coûts de production, tout en réduisant notre empreinte écologique, mais en continuant à offrir des produits d’appel qui sauront plaire à une clientèle toujours plus exigeante?

    La petite histoire

    Depuis quelques temps déjà, la Green Mountain Power (l’équivalent vermontois d’Hydro-Québec) utilise… des vaches. L’idée est partie d’un questionnement simple: quelle ressource a-t-on, directement autour de nous, et comment pourrait-on l’utiliser au maximum? Chassez tout de suite l’image médiévale des vaches qui tournent autour d’un carrousel pour faire fonctionner un télésiège, il s’agit ici d’utiliser le sous-produit des vaches, sans empêcher celles-ci de donner le lait pour lesquelles on les élève!

    En 2004, une poignée d’agriculteurs ont accepté une drôle de mission: soutenir la Green Mountain Power dans un projet d’envergure qui, à terme, pourrait transformer le fumier des vaches en électricité. En voilà une idée qu’elle est bonne! L’ingéniosité des vermontois  a donc été mise en oeuvre pour peaufiner la technique de production, qui est maintenant au point. La branche du Cow Power était née et GMP a toutes les raisons d’être fier de son accomplissement. Mais le succès resterait local et de faible envergure sans l’implication des entreprises de l’état, dont plusieurs connues jusqu’ici: Killington Resort, Long Trail Brewing Company, Vermont Hard Cider, Middlebury College, Handy Toyota, Green Mountain National Forest… en tout, c’est plus d’une trentaine d’entreprises locales qui participent au programme Cow Power, et près d’une quinzaine de grandes fermes du Vermont sont reliées au réseau du Cow Power.

    Comment ça marche?

    The short version is that we take cow manure, work some magic, turn it into methane, and then use that methane to generate electricity. (GMP Cow Power)

    Un peu de sémantique pour bien comprendre: le mélange des excréments solides et liquides de la vache (et autres animaux de la ferme) porte le nom de lisier. Du lisier auquel on ajoute de la paille est du fumier. Le liquide qui filtre du fumier s’appelle le purin. Le vocabulaire anglais se résume au mot «cow manure», qui correspond autant au fumier, au lisier ou au purin. Fin de la sémantique.

    La plupart des gens connaissent les qualités d’engrais du fumier, autant que les qualités de production de fumier d’une vache… et tout le monde a déjà lu quelque part que les vaches étaient partiellement responsables du réchauffement climatique à cause de l’importante quantité de méthane qui s’échappe du fumier! L’objectif est donc de récupérer le fumier quotidiennement, et d’arriver à en capturer le méthane avant qu’il n’aille embourber davantage la couche d’ozone. (Le méthane conserve vingt fois plus la chaleur que le CO2, d’où son appartenance aux gaz à effet de serre.)

    Une fois le fumier récupéré, il faut quand même le modifier pour en extraire un maximum de méthane: c’est la partie «magic». Le fumier, après avoir été mélangé aux eaux grises de la ferme (utilisées au nettoyage des appareils de traite), est quotidiennement acheminé dans un énorme réservoir qui, pendant 21 jours, conservera  et agitera le fumier à une température de 100°F (37,7°C). Cette période dans l’appareil digesteur permettra aux bactéries présentes dans le réservoir de compléter le processus de méthanisation: ce bioprocédé réduit le volume solide et liquide, pour maximiser la production du gaz qui nous intéresse ici. La méthanisation se fait dans une environnement exempt d’oxygène, d’où le terme «digestion anaérobie».

    Qu’obtient-on au bout de 21 jours? Du gaz, composé à 60% de méthane et 40% de CO2. Les restes non-gazeux du fumier sont ensuite séparés en liquide et en solide: le liquide est utilisé comme engrais, le solide (formé de foin, de paille, de grains et autres) est compacté pour servir de litière dans les étables. Le gaz prend bien entendu un chemin différent que vous devinerez: il est acheminé à un moteur à gaz naturel modifié pour la bonne combustion du méthane, cette combustion génère l’énergie à l’alimentation d’une turbine, qui à son tour produit l’électricité. Et voilà le travail!

    Une fois l’énergie produite, il suffit de l’acheminer aux utilisateurs. Maintenant, vous vous demandez pourquoi Killington figure dans la liste? Depuis le 5 novembre 2013, date d’ouverture annuelle de la station, la télécabine K1 Gondola est alimentée exclusivement par l’électricité venant du Cow Power. Ainsi, vos remontées dans le confort de la K1 sont possibles grâce à 10 000 vaches! Comme quoi, après avoir eu la parole verte, on peut faire le geste vert… Killington, par son implication au programme Cow Power, contribue à réduire ses coûts d’exploitation et son empreinte écologique, en plus de participer directement à la croissance d’une énergie renouvelable. Pas mal, pour un état dont la population totale dépasse à peine celle de la Ville de Québec!

    Le client-roi

    On en connait tous un. Vous savez, celui qui a toujours raison. Forcément, le client a toujours raison, me direz-vous… non, là, je ne parle pas de ce client, qu’on respecte parce qu’il consomme gentiment. Je parle du client-roi, qui s’arroge le droit de râler en permanence, de cracher sur les fournisseurs du produit qu’il achète, de mépriser les autres consommateurs, et de faire la crise du bacon quand il est mécontent… voyez de qui je parle? On en connait tous un.

    Ce client-roi, appelons-le Rodrigue (Avis: tous les noms et les personnages de cette chronique sont fictifs. Toute ressemblance avec quiconque d’entre vous est donc purement… fortuite!) donc, notre client-roi, Rodrigue, consomme, achète, dépense, bref, utilise ses dollars comme bon lui semble.

    Rodrigue fait partie de la population de skieurs, ce qui lui achète instantanément le droit de chiâler sur l’hiver: si ce n’est pas quand il reste pris dans le banc de neige, c’est parce qu’il n’y a pas assez de neige pour skier. Qu’à cela ne tienne, Rodrigue est quand même futé: il a acheté un abonnement saisonnier de soirée dans une grande station, réputée pour son ski de soirée, sa période d’ouverture très vaste et son incroyable arsenal de canons à neige. Voilà de quoi faire un beau doigt d’honneur à Mère Nature: pas besoin de toi pour skier!

    Cette situation pourrait être banale si Rodrigue n’était pas un client-roi. N’importe quel skieur sait et comprend que même si on arrive à produire une neige fabriquée de grande qualité, le reste appartient aux aléas de la nature; j’évoque ici le froid, le vent, les redoux, le soleil, les nuages, les bris de conduites d’eau (euh…) bref, tout ce qui rend les conversations d’ascenseur si pertinentes.

    Rodrigue, lui, ne parle pas de météo dans les ascenseurs. Non. Rodrigue croit qu’on devrait légiférer pour restreindre le champ d’action de Mère Nature (Y doit bien y avoir quelque chose à faire dans le Nord, tout le monde parle du Nord!), et croit aussi qu’on ne dépense pas assez pour contrer les conneries des saisons. Parce que lui, en tant que consommateur, il ne peut pas consommer assez à son goût à cause des saisons. Ce serait tentant de dresser un profil politique de Rodrigue mais je divague…

    Donc, cet hiver, Rodrigue est mécontent.

    D’abord, sa station a démarré ses opérations avec quelques jours de retard sur la date initialement calculée. (Bande d’incompétents, savent pas planifier!?) Ensuite, les Fêtes ont été tellement populaires que Rodrigue n’a pas pu profiter pleinement de son ski, la station était beaucoup trop achalandée. (Bande d’incompétents, devraient contrôler l’accès pour que ça reste sécuritaire!) Puis, est venue l’énorme bordée de neige, qui a tenu Rodrigue bien occupé entre deux tourtières et trois dindes (et je ne parle pas de la visite). Le mois de janvier n’avait pas trop mal commencé, mais vlà-t’y-pas le redoux qui pointe son nez! (Bande d’incompétents, savent pas produire de neige quand il fait 5 degrés!?) Et là, double-couche de glaçage (!) sur le gâteau, la vague de froid permet aux stations de remettre l’enneigement en route, mais il fait si froid que par mesure de sécurité, celles-ci ferment l’accès au ski de soirée. Qui plus est, Hydro-Québec demande à la population et aux entreprises de restreindre leur consommation d’électricité afin de ne pas surcharger le réseau de distribution.

    Rodrigue est hors de lui. Il a payé pour un abonnement complet. Il veut sa saison complète. C’en est trop, il doit s’exprimer à sa station. Rodrigue étant un client-roi, il sait qu’il a raison. Et il sait qu’il est dans son droit. Alors il se lance: il veut skier ses soirées, il est au courant de la météo mais ce n’est pas son problème, la station n’a aucune bonne raison de fermer, s’il a envie de défier le froid intense ça ne regarde que lui, la station se DOIT d’être en opération ou il exige un remboursement! Voilà! La balle est dans votre camp!

    … Cher Rodrigue.

    Que dire.

    D’abord, Rodrigue, au nom de tous ceux qui sont tombés sur ta montée de lait caillé, merci! Un énorme merci pour ce fou-rire. Ensuite, en mon nom personnel, merci. Car tu m’as donné l’inspiration de cet éditorial.

    Mais Rodrigue, rassure-toi… ma mansuétude est telle que j’expose même des solutions à ton problème. Car moi aussi je suis concernée par ton mécontentement… nous le sommes tous! Allons donc, un peu de solidarité entre skieurs.

    Alors, Rodrigue, voici ce que je te propose. Plusieurs choix s’offrent à toi:

    • Deviens opérateur de remontée mécanique, et actionne la remontée pour pouvoir l’utiliser. Ainsi, tu n’auras plus jamais à dépendre de quelque station que ce soit pour pouvoir monter en haut d’une piste (que tu pourrais au demeurant monter à pattes et descendre à la frontale, mais c’est trop d’effort, je comprends…)
    • Installe une éolienne au sommet de la station de ski: les mégawatts produits par l’éolienne alimenteront directement la station, qui n’aura plus à écouter les recommandations d’Hydro-Québec en matière d’économie d’énergie. En plus, en tant que propriétaire de l’éolienne, tu recevras des dividendes pour chaque mégawatt supplémentaire produit!
    • Avec les dividendes, investis en R&D pour trouver un moyen de créer un champ électromagnétique qui saurait protéger la station des variations climatiques, de manière à te créer un «snow globe» grandeur nature. Une fois que tu auras développé le concept, vends-le… tu seras riche! Ton éolienne ne sera plus utile mais who cares!
    • Et tu pourras déménager à Dubaï: on y fait du ski 365 jours par année, à l’intérieur, sans problème de vent ou de froid! Ça, c’est dans la gueule de Mère Nature!
    • Si au bout de quelques années, l’air extérieur te manque, avec les intérêts de tes placements (mais oui tu as vendu une invention géniale!), achète une station de ski bien à toi. Tu pourras ainsi apprendre tous les rouages de l’entretien de l’équipement sollicité par les conditions extrêmes, gérer ton propre personnel, les équiper d’habits polaires, leur fournir une assurance collective couvrant les engelures et les payer assez grassement pour qu’ils endurent les pires conditions climatiques juste pour toi!
    • Et pour terminer, engage quelques pilotes de drone: du confort de ton sous-sol, tu pourras aller faire éclater les nuages, casser les ouragans, et faire neiger sur commande.

    C’est-y-pas-bioutifoul? Y’a rien qu’on peut pas faire quand on est un client-roi pur et dur!

    Égoïste, va. Je te souhaite de vivre une évacuation de télésiège par -15 degrés avec des vents nordets à 25km/h, tiens. Une petite hypothermie va peut-être te refroidir le chiâlage… Mais j’oubliais, en tant que client-roi, tu seras bien en droit de poursuivre la patrouille de la station parce qu’elle n’aura pas agi assez rapidement!

    T’sais quoi, Rodrigue? Arrête le ski. C’est pas bon pour ton coeur. Ni le nôtre. J’y pense… y’a des bons prix pour Punta Cana ces temps-ci…

    Les craintes en ski: comment les combattre

    Lorsque l’on apprend tout sport alpin, et même lorsqu’on le pratique régulièrement, il est possible de craindre certaines choses; le terrain boisé ou pentu, le risque de chutes et même les remontées mécaniques trop élevées, par exemple. Bien que le monde de la glisse ne soit pas sans danger, la plupart de ceux-ci sont facilement évitables et pour les autres craintes, peut-être créées par nous-mêmes, peuvent être travaillées par nous-mêmes. Ici, l’anxiété sera analysée à travers les possibles expériences vécues dans notre sport de glisse préféré. Puis, quelques trucs vous seront donnés afin de vous aider à surmonter vos craintes et couvrir plus de terrain lors de vos prochaines sorties.

    Selon une école de pensée en psychologie, la peur (anxiété) peut se distinguer en trois pôles : les sensations physiques, les pensées et l’action. En utilisant ce référentiel dans une situation possible lors de la pratique du ski alpin, il sera plus facile de le visualiser. Prenons l’exemple d’une pente abrupte, étroite, avec quelques bosses. Vous la voyez et vous ressentez déjà quelque chose (sensation physique); certains auront une sensation agréable et stimulante; d’autres éprouveront plutôt un pincement au cœur ou auront l’estomac noué. Par la suite, vous aurez certainement une ou plusieurs pensées : « je ne peux pas descendre là », « je vais assurément tomber », « c’est certain que je me casse quelque chose », etc. Forcément, il sera difficile de descendre cette pente d’une façon confortable, soit de la même façon que vous avez l’habitude de prendre vos pistes préférées. Ainsi, vous aurez adopté une attitude de « soumission », ou encore, de « retrait » si vous avez décidé de changer de pente.

    Si une de ses pensées catastrophiques survient lors d’une descente (ou d’une remontée), voici quelques petits trucs pour réussir à surmonter votre peur et vous permettre une incursion que vous ne croyiez jamais possible à nouveau.

    Étape 1

    Premièrement, prenez conscience de vos sensations physiques (jambes molles, cœur qui bat fort, mains qui tremblent, etc.) et cherchez à savoir leur but. Devant un terrain qui vous paraît trop accidenté, ses réactions physiques voudront sûrement vous dire que cerveau s’imagine plusieurs versions de comment vous allez tomber. Alors, prenez trois à cinq bonnes et profondes respirations. 

    Étape 2

    Énumérez les pensées catastrophiques qui surviennent lorsque vous êtes devant votre ou vos situations stressantes. Par la suite, il faudra vous demander quelles sont les preuves que ces scénarios négatifs surviennent. Quelle est la réalité ? Est-il véritable que vous allez inévitablement vous casser une jambe si vous vous aventurez dans tel sous-bois ? Est-ce que le télésiège dans lequel vous vous trouvez risque indubitablement de tomber ? Alors, puisez dans vos expériences de glisse antérieures, dans vos capacités athlétiques ou toute autre fait pertinent pour vous trouver des pensées aidantes. Ce genre de pensées peut très bien être : « le télésiège est entretenu tous les jours », « je n’ai qu’à descendre moins vite et à prendre des pauses », « si je suis capable de skier telle piste, je suis sûrement capable de descendre celle-ci ».

    Étape 3

    Par la suite, il ne vous restera qu’à trouver le « comment le faire », c’est-à-dire, le « comment descendre de façon à diminuer les risques ». C’est évident qu’à cette étape, certains amis peuvent vous aider en vous donnant des trucs, en vous montrant comment faire, etc. Il faudra quand même que vous leur demandiez de respecter votre rythme si vous voulez vivre une expérience agréable que vous voudrez revivre. 

    Évidemment, les trucs donnés ici ne remplaceront jamais une bonne maîtrise de son sport alpin préféré. Ainsi, il ne faut pas non plus développer des pensées utopiques quant à ses propres performances. L’important c’est de raisonner les pensées qui vous habitent selon vos capacités. Pour vous aider, les cours de ski vous permettront d’avoir une meilleure opinion de votre expérience alpine et améliorera votre technique, ce qui ajoutent de belles pensées aidantes à votre arc. 

    Solitude (Utah): pas l’ombre d’un skieur en piste

    Quand est venu le temps de réserver mon voyage de ski au Utah, j’avais bien sûr en tête de skier les grosses montagnes de la région, mais une « petite » station attirait mon attention à l’ombre des géantes, soit Solitude. D’où venait cet intérêt? D’un groupe d’amis qui avait fait un voyage au Utah auparavant, ceux-ci m’ont chaudement recommandé la station pour y retrouver de la poudreuse même quelques jours après une tempête. En plus, ma simple curiosité était titillée, étant donné que je n’avais jamais vraiment entendu parler de cette station, contrairement aux autres.

    Solitude est située dans le « Big Cottonwood Canyon », voisine de la station de ski Brighton. D’ailleurs, les deux stations communiquent ensemble et il est possible d’acheter un billet valide pour les deux stations (Solbright pass). Solitude compte 65 pistes et 3 « bowls » serpentant en travers environ 1200 acres de terrain skiable. La répartition du terrain skiable va comme suit : 20% débutant, 50% intermédiaire et 30% avancé/expert. En raison de l’importance du terrain débutant et intermédiaire, 

    Solitude est une station davantage orientée vers le ski en famille. Elle est d’ailleurs classée parmi le top 20 des destinations famille en ski aux États-Unis. Malgré ce fait, Solitude a de quoi ravir les skieurs de tout niveau dont les experts. Plusieurs secteurs de la montagne, tels le Honeycomb Canyon et le Headwall Forest, regorgent de recoins aux multiples défis et surtout, de poudreuse. Tout le terrain skiable de la station est desservi par 8 remontées dont 3 sont débrayables. Le dénivelé de la station est de 624 mètres. Cependant, peu de choix de descentes vous permettent de skier les 624 mètres tout d’un coup. Et bien sûr, tout comme la plupart des stations de la région, Solitude reçoit en moyenne 500 pouces de neige naturelle par année. 

    Nous nous sommes présentés à la station un mardi matin alors que la dernière chute de neige (15 pouces) remontait au dimanche. Au premier coup d’œil, à la base de la station, peu de poudreuse semblait nous attendre et Solitude ressemble à une station remplie de pistes damées comme plusieurs stations du Québec… Nous allions donc découvrir une autre facette de la montagne en cours de journée. 

    Nous avons commencé notre journée dans le secteur du Monebeam Express, seulement le temps d’une remontée car le terrain sous nos pieds n’avait rien de bien attirant pour des skieurs avides de poudreuse et de défis. Le but était d’aller chercher la remontée Powderhorn II qui donnait accès aux sous-bois Middle Slope, Parachute, Milk Run et Cirque le plus rapidement possible. Ce secteur fut l’un des plus trippants de la montagne! Du pitch, des roches, des arbres et bien sûr, de la poudreuse!! Il y avait encore moyen de skier des grands bouts dans 15 pouces de neige vierge 2 jours après la dernière bordée. 

    Mais le meilleur secteur de cette montagne est sans contredit le Honeycomb Canyon. Il s’agit d’une section située complètement à l’arrière de la montagne. À notre arrivée dans ce secteur, c’est comme si la station n’avait été skiée que par une quinzaine de personnes dans les deux derniers jours depuis la tempête! Nous avions l’embarras du choix et des lignes de poudreuses vierges dans tout les secteurs du Canyon (Voltaire, Black Forest, Prince of Wales, Boundary Chutes, etc.). 

    La façon d’accéder au Canyon fait en sorte que nous pouvons le skier des deux faces, donc il est toujours possible de jouer sur le type de neige que vous voulez skier en fonction du soleil. Lors de notre passage, la neige était ramollie sur l’une des faces et en poudreuse parfaite de l’autre côté. Seul problème du Honeycomb Canyon, il faut prendre trois télésièges différents pour accéder à ce secteur à partir de la base (Monebeam Express, Powderhorn II et Summit) et aussi trois télésièges pour y faire deux descentes d’affilée (Honeycomb Return, Powderhonr II et Summit). Il fallait donc compter une bonne heure pour chaque descente dans le Canyon mais entre les différents télésièges à prendre, nous pouvions néanmoins passer par les secteurs de sous-bois du Powderhorn II. Donc, un petit désagrément quand même très pardonnable.

    Un autre secteur m’a aussi particulièrement plu dans la station, Headwall Forest.  Ce secteur est situé au sommet de la Summit chair, tout juste à l’opposé du Honeycomb Canyon. J’avais l’impression de me retrouver dans les sous-bois du Massif du Sud mais en trois fois plus large et avec encore plus de neige. Au sommet du Headwall Forest, nous pouvons aussi prendre une traverse qui mène au secteur Evergreen. Ce secteur semble très pentu et aurait surement été très plaisant à skier mais malheureusement, lors de notre visite, il était fermé. 

    Après plus de vingt descentes, nous avons terminé notre journée au Argenta Pub situé dans le Moonbeam Lodge autour d’une bonne blonde. Parmi les six stations que j’ai skié durant mon voyage au Utah (Snowbasin, Brighton, Solitude, Alta, Snowbird & Powder Mountain), Solitude est la station qui m’a surpris le plus par rapport aux attentes que je m’étais faites… Et aussi, elle a fait honneur à son nom, durant toute la journée, nous n’avons jamais attendu au télésiège et nous avions l’impression d’être seul au monde à profiter de cette magnifique montagne. 

    Fierté régionale: Mont Castor (Bas-St-Laurent)

    Ce qui caractérise le Mont Castor en tout premier lieu, c’est sa proximité à la ville de Matane: une petite promenade de cinq kilomètres tout au plus vous permettra de vous rendre à la station. Par la suite, face à la montagne, vous constaterez que la station se sépare en deux vallons que l’on peut skier avec une coulée en son centre qui scinde le domaine skiable en deux. Mais quand on regarde le tout de plus près, on constate que chaque vallon est desservi pour un téléski simple débrayable.

    Ce genre de remontée mécanique permet d’atteindre le sommet en peu de temps sans trop souffrir du froid car les skieurs restent actifs tout au long de la montée, tout en étant à l’abri du vent. De plus, ce type de remontée terrestre permet à la station de réduire ses coûts d’opération car les téléskis sont moins onéreux qu’un télésiège. Une fois au sommet, les skieurs ont accès à un domaine skiable très varié: on retrouve absolument de tout, pistes douces, abruptes, étroites, plus larges, des sous-bois, etc., sans oublier le ski de soirée.

    Le centre de ski dessert majoritairement les citoyens de la ville de Matane. Cependant, son administration est indépendante. Comme ils le disent eux-mêmes, ils demeurent une station supramunicipale, ceci ne les empêchant pas de conserver des liens partenariaux avec la ville de Matane, surtout lorsque vient le temps de réaliser des investissements majeurs.

    Le réseau diversifié de sous-bois offerts constitue leur première grande fierté: ces pistes boisées sont très prisées auprès de ceux qui fréquentent la station. À ces dernières viennent s’ajouter des pistes à pentes fortes telles la Zoom et la Zoomette qui sont très appréciées des skieurs avancés. De plus, il ne faut pas oublier l’événement Boader cross et Big air, ayant lieu à la fin mars et qui fait courir les foules sur une scène régionale. La station possède également des infrastructures fort appréciables et procède à divers aménagements en montagne ici et là, tel la construction de terrasses.

    Le plus grand défi de cette station, sans grande surprise, demeure l’aspect financier. L’administration doit faire preuve de rigueur, lorsqu’il vient le temps de donner les grandes orientations à son budget. Chaque dollar doit être judicieusement utilisé, dans un contexte d’une gestion serrée. Les revenus peuvent fluctuer au gré des conditions climatiques et les dépenses sont toujours au rendez-vous, sans compter les imprévus. Il faut aussi faire preuve d’originalité et de dynamisme afin de conserver l’intérêt de la population à l’égard du centre de ski. Dans un contexte de décroissance démographique, il est important de donner la piqure à e nouveaux skieurs.

    Cependant, la situation future n’est pas sombre pour la station. En prenant des choix éclairés, la station est là pour rester. L’optimisation des ressources mobilisées permet d’assurer sa pérennité. Le mont Castor demeure populaire auprès de la population, grâce aux différentes activités offertes, les cours de ski et de planche y sont pour beaucoup. De plus, la glissade sur tubes demeure très populaire auprès des jeunes familles.

    En finale, il faut mentionner que le mont Castor a développé une entente avec un autre centre de ski qui leur permet d’aller chercher des clients provenant d’une autre localité. En effet, avec la passe de saison de Val d’Irène, il est possible de faire de ski de soirée au mont Castor. Avec une passe du mont Castor, il est possible d’aller finir la saison à Val d’Irène, qui enregistre une saison plus longue et ferme après le mont Castor. Tous les moyens sont bons afin de voir à la bonne marche de son centre de ski.

    Remerciements à Jérôme Landry, le directeur général du Mont Castor, pour nous avoir accordé cette entrevue.

    Les Nuits Blanches: Coup d’oeil sur la sécurité

    Entrevue et visite avec Philippe Rainville, superviseur du service de sécurité Ski Bromont. Images tournées lors de la Nuit Blanche du 5 janvier 2013. Caméra et montage Geneviève Larivière pour ZoneSki.

    L’effet d’entrainement

    En écrivant ma chronique à propos de la découverte du télémark, je me suis fait la réflexion que l’importance de l’effet d’entrainement est sous-estimée quand vient le temps de parler de la pratique des sports de glisse.

    On fait des belles campagnes de publicité sur la sécurité en ski (restez en contrôle, portez un casque…), on mise sur l’effet «WOW» pour vendre un sous-bois ou une paire de skis, on lèche une image pour la rendre irrésistible… mais au final, l’individu qui n’est pas porté par lui-même et sa propre curiosité à essayer quelque chose restera inévitablement dans les rails qu’il connait déjà.

    J’ai commencé le ski alpin parce qu’un oncle a proposé de m’y emmener alors que j’avais 13 ans. La très grande majorité des skieurs ont été initiés à la glisse par un membre de leur famille, ou par un ami.

    Il y a quelques semaines, à Saint-Bruno, j’ai croisé une jeune planchiste qui initiait son copain à la planche à neige… elle me raconte:

    – C’est quand même bizarre que ce soit moi qui lui montre, il n’en avait jamais fait avant!
    – Pas de ski non plus?
    – Non, personne dans sa famille…

    Je lance un «thumbs up» au petit couple, et j’encourage la demoiselle à continuer, même si c’est pas toujours évident d’enseigner à son amoureux. Mais la réponse spontanée de la planchiste indique clairement le portrait qu’on peut dresser: si personne ne vous invite… vous n’irez pas.

    Une des stations du Québec qui se démarque pour l’appel de sa clientèle: Ski Bromont. Avec des campagnes qui cherchent à rassembler «Remplis ta van avec ta gang», l’effet d’entrainement est stimulé dès le départ. J’entends déjà les plus vieux râler que la station devient vite impraticable car surpeuplée, mais mon point n’est pas là… je reviens à l’effet d’entrainement.

    Si Johanne n’avait pas accepté de me montrer à faire du télémark, je n’aurais probablement pas osé m’y mettre seule. Si Christophe ne prenait pas la peine d’emmener sa fille en ski, ce serait une personne de moins dans la relève. Si les parents, amis, oncles, frères, soeurs… ne prennent pas la peine d’encourager, de stimuler, et de créer l’effet d’entrainement… les pistes ne se rempliront pas toutes seules. Et malgré toute la bonne volonté des écoles de glisse, si personne n’est là pour inscrire un débutant à un cours… les pistes ne se rempliront pas.

    Il y a quelques temps, j’ai fait un appel à tous, en vous encourageant à «parrainer un non-skieur»… alors, où en êtes-vous?? ;)

    Le plaisir de découvrir

    Une des choses que j’aime du ski alpin, c’est qu’on a toujours la possibilité de découvrir quelque chose. Que ce soit un type de terrain, une technique de saut (et d’atterrissage), une pièce d’équipement, une méthode de glisse… le monde alpin ne se résume pas simplement et c’est tant mieux! Même si l’objectif ultime des sports de glisse reste le même (dévaler des pentes avec plaisir), les manières d’y parvenir diffèrent bien évidemment d’un individu à l’autre.

    La semaine dernière, j’ai eu l’occasion (que dis-je, le privilège!) de terminer l’année en beauté: j’ai été initiée aux rudiments du télémark par Johanne La Roche. Le télémark m’intrigue depuis plusieurs années déjà; j’ai côtoyé plusieurs «télémarcoeurs» (comme le dit si bien Gerry2doux!), et chaque fois qu’un de ces poètes de la glisse se trouve dans mon champ de vision, je suis hypnotisée par leur manière de descendre. C’est gracieux, élégant, c’est une valse avec la neige et les bosses… y’a de quoi piquer la curiosité! Rassurez-vous, je ne vais pas vous donner un cours mais plutôt vous livrer mes impressions suite à ma journée d’apprentissage.

    D’abord, l’équipement: les bottes sont d’un confort qui n’a rien à voir avec les bottes alpines! Évidemment, la souplesse aux orteils y est pour beaucoup. De plus, celles que j’ai eues aux pieds pour la journée (Garmont) étaient munies d’une semelle antidérapante, je crois bien que c’est «standard» pour les bottes de télémark mais ça ajoute au confort car à aucun moment on a l’impression qu’on va perdre pied en descendant un escalier ou en marchant sur un plancher dur.

    Les fixations: puisque le talon doit être libre, la fixation s’apparente à celle d’un ski de fond pour le principe. Le bout avant de la botte est tenu fixement dans une pièce métallique et un système d’attache à ressort vient entourer la botte pour serrer le tout au talon. Ajoutez une petite courroie de sécurité (attention: c’est l’indicateur Gauche-Droite!) et tout est prêt. Les fixations de télémark peuvent être adaptées à n’importe quel ski vendu «flat», sans fixations alpines. Pour ma journée, j’avais des Rossignol Experience 83 aux pieds, je n’étais donc pas trop dépaysée! Concernant l’aspect «déclenchement des fixations en cas de besoin» questionné par Jacques lors de nos descentes… ce n’est pas fait pour se déclencher. Par contre, tout au long de mes virages, je n’ai aucunement senti que j’étais prise dans un quelconque piège.

    En piste, les premières «nouvelles» sensations de glisse ne se font pas attendre: on avance facilement, avec un pas de ski de fond… en terrain alpin! Déjà je me dis que je ne craindrai aucun faux-plat… Pleine de sagesse, Johanne me montre d’abord comment freiner, et me rassure: en cas de pépin, je peux me mettre en position «ski alpin»! C’est une bonne nouvelle car pour les premiers virages, je ne suis pas du tout rassurée.

    Qu’est-ce qui est différent dans les virages? Ça dépend du point de vue! Johanne m’explique que c’est «comme en alpin»: ligne de pente, regard lointain, bonne posture, contrôle… moi, je suis obnubilée par le fait que je dois faire travailler mes orteils! Travailler avec les genoux éloignés, les 2 jambes asymétriques, un pied à plat, l’autre qui travaille des orteils… c’est tout un défi pour l’équilibre! Après quelques rires, quelques cris et quelques virages, j’ai fini par réussir «le bon côté»… vous savez, ce côté de virage qu’on réussit toujours très bien, dans lequel on est le plus à l’aise… ça, c’est mon virage vers la droite. Le virage à gauche restera raide et m’empêchera de respirer une bonne partie de la journée! Mais bon, c’est une initiation, je ne vais pas me mettre la barre trop haute!

    Comme le montre la vidéo, j’ai eu bien du plaisir. Johanne explique très bien, et sans tomber dans les technicités, m’a bien fait comprendre comment je me sentirais, et à quoi je devais m’attendre. Ce qui a joué en ma faveur: mon niveau de ski alpin, la forme physique de mes jambes… et mon orgueil! Cet orgueil, qui me fait m’entêter à me positionner, à essayer, encore, toujours, à réussir mon virage plus faible… 

    On m’a posé la question à quelques reprises: «Et tes genoux?? Et tes jambes?» Mes jambes étant déjà en forme, je n’ai pas eu à faire d’exceptions: je me suis étirée comme à l’habitude après une journée de ski (oui, je suis religieuse comme ça…). Mes genoux n’ont pas du tout souffert, pas plus que le bas de mon dos. J’ai réalisé la cause exacte: tous les mouvements de virages en télémark sont sans coups, toujours en douceur et en transition. Les skis restent toujours au sol et ne frappent jamais violemment la neige. Aucun impact, aucun choc, les articulations n’ont presque rien à absorber! J’imagine qu’il en va autrement dans une piste à bosses à toute vitesse, mais la technique elle-même ne fait appel qu’à la souplesse et à la force musculaire. De plus, le fait qu’on garde toujours le dos bien droit fait travailler les abdominaux plutôt que les muscles dorso-lombaires… parfait pour la colonne! (Et en plus on respire mieux…)

    Lors de mes descentes, on a croisé une amie de Johanne qui était impressionnée de me voir essayer le télémark. Elle craignait ne pas avoir la forme nécessaire… en fait, je suis tentée de dire qu’en télémark, on dépense bien l’énergie qu’on VEUT dépenser. Nul besoin de faire un étirement complet, ni d’exagérer les mouvements pour se retrouver en «ciseau» à chaque virage! De ce que j’ai ressenti, c’est essentiellement la force qu’on applique ainsi que la longueur de nos jambes qui dictent notre niveau de confort.

    En conclusion, je considère sérieusement la possibilité de faire l’achat d’un équipement de télémark l’a prochain. Sans dire que je m’y mettrai à temps plein, j’aime bien savoir que j’ai la capacité d’utiliser ce matériel… et j’y vois une belle ouverture pour me mettre au ski de randonnée!

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