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    Croisière ferroviaire: s’abandonner aux paysages qui défilent

    En vacances, c’est le moment de faire le vide et de profiter de chaque instant. C’est aussi le moment de faire des rencontres marquantes, mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est d’être sur la route, et d’admirer la diversité des paysages qui décorent noter planète. Et pour dévorer des yeux cette diversité, rien de tel que traverser le Canada d’est en ouest. Du Bouclier canadien aux grandes plaines (d’où on peut mieux que nulle part ailleurs admirer l’horizon), jusqu’à l’arrivée aux confins de ces majestueuses Rocheuses, la traversée n’est qu’une succession de moments forts où l’on a le souffle coupé et où l’on se sent infiniment petit.

    L’idéal pour profiter de ce voyage est sans contredit le train. À partir de la ville de Québec, le périple ne vous prendra que 4 jours, 4 merveilleuses journées qui passeront à 100 milles à l’heure. Au premier instant on oublie le rythme de notre quotidien et on s’abandonne à celui du train. Une expérience entière où l’on se sent réellement bercé jour et nuit.

    Dès l’entrée de la gare, on se laisse déjà guider par les rails et par le sourire du personnel nous souhaitant la bienvenue. Confortablement assise, je lâche enfin prise et je regarde simplement le décor se transformer tranquillement heure par heure jusqu’à Toronto, où je ferai la découverte de ma nouvelle demeure pour les trois jours à venir. C’est dans cette mignonne petite cabine si bien conçue que j’ai la chance de décrocher de mon quotidien et de vivre avec mon amoureux ce que je pourrais qualifier de «voyage de noces»!

    À bord, il règne une ambiance si paisible, chacun prend du temps pour soi ou pour faire de nouvelles connaissances. C’est d’ailleurs aux heures de repas, dans le wagon chaleureusement aménagé en salle à manger, que l’on vous jumellera à table à d’autres passagers (jusque-là probablement encore inconnus), ce qui vous permettra de faire de merveilleuses rencontres. Comme celle de Juan, un Argentin venu au Canada et se rendant à Calgary pour y travailler. Ou encore, cette mère et son fils profitant de ce voyage pour entretenir leurs liens. Et c’est sur les notes de James et sa guitare que nous finissions nos journées.

    Déjà Winnipeg et un arrêt s’impose, question de reprendre un peu notre équilibre. De retour à bord, je retrouve cette atmosphère détendue. C’est en gravissant un petit escalier qu’on peut passer du bon temps dans le superbe dôme vitré, lieu de prédilection pour voir ces Rocheuses nous submerger. Et c’est ainsi que, jour après jour, on se laisse hypnotiser par le décor qui se déploie sous nos yeux. Un conseil, n’hésitez surtout pas à faire l’aller-retour, car l’aller ne vous suffira pas!

    Une fois descendue du train, c’est à Jasper que mon aventure repart vers une nouvelle direction et un autre sens.

    À mes muscles, prêts, partez…! On va maintenant à la chasse aux montagnes de skis pour finir notre saison en beauté. À bord de notre nouvelle demeure mobile, un VR, bien sûr, dans le but d’aller où bon nous semble et de suivre la température nous menant à des journées de ski mémorables.

    C’est en longeant la route du parc national de Jasper, la tête vers le ciel, que nous arrivons au pied de la montagne de Marmot Basin, d’où nous débuterons notre nouveau périple à 3000 pieds d’altitude. Devant ces bowls enneigés, aucun doute, c’est là que je vais! Sans me demander pourquoi il n’y a personne… J’ai soudain compris qu’en plein brouillard, sur une surface immaculée de blanc sans trace d’un arbre à l’horizon, on y perd assurément le Nord! Mais à peine arrivée au bas de la pente, l’envie d’y retourner m’envahit. C’est comme si la montagne m’appartenait. 

    Notre première journée déjà terminée, on roule maintenant vers Banff. Le spectacle qui m’attend restera gravé à jamais dans ma mémoire. C’est de loin la plus belle route que j’aie traversée: des pics enneigés qui touchent les nuages, des glaciers nous faisant face, des eaux immaculées, des rencontres de wapiti, de mouflons d’Amérique, de cerfs de Virginie… Quelles merveilles! Je ne peux m’empêcher de faire 100 arrêts pour immortaliser chacune de ces images.

    Je ne voulais plus quitter cet endroit. Nous déciderons donc d’y passer une nuit, seuls avec la nature! Au soleil levant, nous reprendrons notre route vers Banff. Arrivée à Lake Louise (photo d’entête de l’article), c’est vers 11h, lorsque les nuages se sont dissipés, que j’ai eu le coup de foudre pour cette montagne. Entouré des majestueuses Rocheuses, le terrain de jeux s’étend sur 3 versants, 139 pistes, plus les bowls. Il y en a pour tous les niveaux.

    Épuisés d’avoir tout donné, nous profiterons de la prochaine journée pour explorer en randonnée sur le lac Louise et jusqu’à l’arrière-pays. Nous découvrirons que quelques-uns profitent de cet endroit pour faire du back country en escaladant les montagnes et tracer ce tapis de neige immaculée. 

    Nous explorerons ainsi toutes les montagnes sur notre passage ainsi que quelques magnifiques sites comme le Johnston Canyon, les Hot Springs, la forêt des cèdres géants… pour terminer à Revelstoke. Il y a de ces moments inattendus dont la vie nous fait cadeau. Cette journée fut parfaite. Durant la nuit, plus de 3 pieds de neige ont recouvert le haut de la montagne, la seule partie ouverte pour la dernière journée de la saison. Comment vous exprimer la frénésie perceptible dans l’air? Des cris de joie vibraient de partout, une neige légère faisant flotter nos âmes de skieurs rebelles. 

    C’est la tête encore dans les nuages que je fais le retour en avion avec un sentiment… le Canada, c’est mon pays, et j’en suis fière!

    Mes conseils

    Surveillez régulièrement les aubaines sur le site www.viarail.ca. Vous pourriez faire jusqu’à 75% d’économie.

    Pour un confort et la liberté de vous déplacer où bon vous semble, c’est www.canadream.com

    Je tiens à féliciter Parc Canada pour son merveilleux travail pour préserver les milieux naturels équilibrés entre l’homme et la nature. Ce sont ces efforts qui permettent de nous rappeler que nous partageons notre planète avec d’autres espèces.

    Article paru dans le Magazine Découvertes – volume 11 – www.decouvertesmag.com

    L’Eldorado du ski… plus près qu’on le pense!

    N’avez-vous jamais rêvé de skier partout ? Pas juste les montagnes de votre cour ou juste celles de votre région, mais d’aller vraiment partout ? De découvrir de nouveaux paysages et de nouvelles stations de ski ? De tracer de la belle poudreuse fraiche plus longtemps que le temps de 2 descentes ? De passer une journée sans voir l’ombre d’une plaque de glace, ni d’une file d’attente ?

    C’est le type de scénario que nos rêves les plus fous nous présentent lorsque notre quotidien de skieur se déroule dans une station à proximité d’un grand centre urbain, ou encore victime de son succès. La qualité en ski dépend avant tout de la météo, mais également d’un facteur encore plus destructeur pour les pistes, et j’ai nommé: l’achalandage.

    Soyons honnêtes: l’an dernier, lorsque nous avons décidé de parcourir le Québec en entier*, nous ne pensions pas avoir autant de plaisir dans notre aventure. Certes, il ne faut pas avoir peur de conduire longtemps… Aucune civilisation à plus d’une centaine de kilomètres à la ronde, pas de réseau cellulaire, des petites affiches rouges « Téléphone d’urgence – 20km », juste nous et un seul et unique poste de radio à portée d’antenne, qui nous rappelle que les orignaux du coin n’ont pas besoin des téléphones rouges, eux !

    Bien entendu, les kilomètres à parcourir sont la clé du succès dans ce genre d’entreprise… je ne me tromperai pas en vous disant que plus vous passez de temps sur la route, plus vous découvrez des endroits qui vont vous offrir un produit hors du commun! Ce fut le cas entre autres lors de notre voyage au mont Chalco en mars 2013. 237 km à travers la Réserve faunique Ashuapmushuan, à partir de St-Félicien au Lac-Saint-Jean, pour skier 80m de dénivelé. Je vous avoue que rendu là-bas, chaque mètre prend son sens et son importance! Mais avec une attente nulle aux remontées, moins de 50 skieurs dans la station et des pistes encore superbes à 14h30, il ne nous en fallait pas plus pour adopter la station tout de go!

    Cette journée-là, nous avons confirmé cette folle théorie qui stipule que la taille d’un objet n’est pas garante du plaisir qu’il procure… dans les p’tits pots, les meilleurs onguents! Ainsi, la hauteur d’une montagne n’a en fait rien à voir avec le plaisir qu’on peut avoir à la dévaler. Plusieurs d’entre vous serez étonnés d’apprendre que le versant sud du mont Chalco (oui! il y a un versant sud…) offre un ski à l’ancienne, avec des pistes aussi sinueuses qu’accidentées! Comme quoi parfois, un 80m de dénivelé stimulant vaut mieux qu’un 200m trop fréquenté…

    Au cours du même périple, nous nous sommes arrêtés à ToBoSki. Cette petite station en retrait de St-Félicien appartient à la même catégorie que le mont Chalco: 70m de dénivelé, du défi, des pistes abruptes, et un sous-bois à ne pas sous-estimer. La gare de départ du télésiège semble dans un trou, en contre-bas du chalet de ski, comme si la météorite qui a creusé le Lac St-Jean en avait profité pour fabriquer le centre de ski il y a quelques millions d’années. Certes, on n’y descend pas longtemps… mais on socialise beaucoup dans les remontées, surtout quand les gens de la place se demandent quelle mouche nous a piqués pour qu’on soit venus jusqu’ici… la curiosité ! 

    Toujours lors du même voyage, nous étions de passage à La Tuque et nous en avons profité pour visiter la station de ski. La capacité du stationnement déjà presque plein avec 15 voitures nous a donné un indice sur les habitudes de fréquentation de cette station unique: à Ski La Tuque, on peut se garer dans les rues avoisinantes! Et même mieux… les voisins peuvent parcourir les quelques mètres qui séparent leur cour de la montagne à pied! Moins long qu’une navette entre un P4 et un chalet… D’ailleurs, le sentiment de descendre une piste de ski avec vue sur des maisons et une usine à ses pieds donne un effet assez spécial. Il y a de quoi s’amuser avec les 11 pistes de la station, dont certaines sont laissées vierges après une tempête. On s’adapte ici aux gouts des gens plus facilement. D’ailleurs, les heures d’ouverture de la station suivent souvent les heures d’école, de quoi vous décourager d’avoir une skinusite! Sans compter le fait que la polyvalente se trouve à un jet de pierre de la montagne… et que la salle des profs donne sur la ligne de télésiège!

    Le ski en région est donc un signe de dépaysement autant par sa philosophie que par sa culture. La vocation y est souvent plus d’ordre communautaire et municipal et les gens sont très attachés à leur montagne. Les entreprises du coin commanditent les bâtiments, d’une simple table à pique-nique jusqu’au pylône de remontée mécanique. Les skieurs réguliers parlent de leur place avec une grande fierté et sont toujours présents pour vous la faire découvrir dans ses moindres recoins. Personne n’est là pour faire de l’argent, mais plutôt pour faire sortir les gens de chez eux, en famille ou entre amis. Tous s’y retrouvent saison après saison afin de garder la station en vie et d’écrire quelques pages d’histoire.

    En conclusion, je serai franc. Ce texte a un objectif clair: vous faire sortir de vos habitudes… Lors de vos prochaines vacances, que vous soyez entre amis, en amoureux ou en famille, planifiez-vous un petit circuit de 3 ou 4 montagnes à quelques centaines de kilomètres de chez vous. De Chibougamau à Gaspé ou de Val-d’Or à Baie-Comeau, chaque endroit vous fera vivre une aventure très spéciale au coeur de nos régions pas-si-éloignées-qu’elles-en-ont-l’air. L’arrêt dans le temps y est inévitable, la frustration deviendra un plaisir. Vous aurez le bonheur de goûter au ski sans artifice, celui que l’on a tendance à oublier.

    Le « petit » nouveau du Mont Sainte-Anne

    Jusqu’à tout récemment, lorsque l’on portait attention aux discussions entre les skieurs habitués du Mont Sainte-Anne, il était souvent question de souhaits pour le développement  de nouvelles remontées rapides. Plusieurs ont spéculé sur divers projets permettant de desservir plus efficacement les pistes que l’on surnomme celles du secteur « expert ». À notre grande surprise, un télésiège quadruple a été annoncé au début de l’été 2013, faisant tourner tous les regards vers la station de la côte de Beaupré. 

    Le secteur sud-ouest: un bref historique

    Tout a débuté par la création d’un long sentier qui longe le sommet, légèrement à son aval. En partant de la télécabine, on peut donc se rendre, sans trop d’efforts, jusqu’à la piste la Crête. Dans un second temps, un téléski simple débrayable a été aménagé tout spécialement pour ce lieu. Ce dernier était réputé pour être rapide, mais destiné aux experts avec sa forte pente, ses ponts et ses deux virages.  Il suivait le tracé de l’actuelle piste Canyon et on pouvait y accéder via la base par le téléski double la Connexion. Ce fut suivi du premier grand chantier dans ce secteur, lors de la construction du télésiège triple en 1983, par les Industries Samson. Celui-ci amena la création d’un nouvelle piste, la Saint-Laurent, en plus de permettre aux skieurs d’accéder plus directement aux pistes les plus éloignées du centre de la station sans être obligé d’utiliser le sentier vers le sommet. En 1989, un second grand chantier allait amener le développement d’une nouvelle piste, la Sept-Chutes, grâce au déménagement et au raccourcissement du télésiège double de la Gondoleuse, la Sainte-Paix. Ce télésiège a remplacé le téléski débrayable, qui causait des maux de têtes aux skieurs non-avertis; son retrait a également dégagé le tracé, créant l’actuelle piste Le Canyon. 

    La planification

    Depuis deux saisons, le terrain était préparé en vue d’un grand changement. Premièrement, lors de l’été 2012, le télésiège double la Sainte-Paix fut démonté, libérant l’accès à la future ligne de montée. Deuxièmement, suite à la grande annonce, le télésiège triple le Trip, à la suite de 30 années de service, est à son tour entièrement démonté. Ceci libère donc l’espace pour aménager la gare aval du futur télésiège quadruple débrayable.

    Une fois ces deux étapes préparatoires réalisées, le grand projet pouvait maintenant aller de l’avant. Amélie Leclerc, coordonnatrice aux communications pour le Mont-Sainte-Anne, nous a expliqué que l’objectif premier de cette nouvelle remontée à l’efficacité supérieure est de desservir un terrain plus vaste que celui qui était couvert par le Trip. La zone qui sera couverte se délimite, à l’ouest, par la piste la Crête, avec en son centre les pistes du secteur expert et se rendant à l’est jusqu’à la Gros Vallon (haut) et tout ce qui s’y déverse. Par ce tracé en diagonale, ceci permet de combiner les zones de dessertes des deux anciennes remontées qui y étaient présentes.

    Concernant l’accès à la Crête et à l’Espoir, la distance à parcourir en provenant du sommet de la télécabine demeurera bien entendu inchangée, mais la promenade sera grandement facilitée par deux nouveaux aménagements, comme l’explique Mme Leclerc: en plus du sentier d’origine, le tracé du sommet sera modifié afin de pouvoir glisser sur une pente ascendante, jusqu’à son extrémité. À l’origine, le chemin du sommet, ayant son point le plus élevé au niveau du débarcadère du téléski la Corde-Raide, n’avait pas été prévu pour servir de site de transition entre les diverses zones. Il y a donc une butte qui constituait jusqu’à nos jours un obstacle à franchir.  Ainsi, le débarcadère du nouveau télésiège sera rehaussé par rapport à celui de la Sainte-Paix, et l’élévation du sommet sera aplanie,  le tout permettant une circulation plus fluide vers les pistes les plus à l’ouest.

    Un investissement attendu depuis longtemps

    Ce qui ajoute un aspect grandiose à ce projet est le fait qu’il s’agit du premier chantier majeur en terme d’investissement relié aux remontées mécaniques au Mont-Sainte-Anne depuis 1989, année de l’inauguration de la télécabine huit passagers. Celle-ci a bien entendu été rénovée depuis mais la création d’une nouvelle remontée se faisait attendre; aux dires des skieurs fidèles de l’endroit. L’annonce de la création d’un nouveau télésiège rassure donc les habitués de la station, qui voyaient le parc de remontées vieillir et s’interrogeait un tantinet quant au démantèlement des plus anciens télésièges. Pourquoi ne pas avoir simplement déplacé l’actuel Triple? Mme Leclerc nous informe que bien que celui-ci était encore en parfait état de marche et très fiable; son déplacement vers l’ouest aurait malheureusement créé des coûts supérieurs au démantèlement et à la construction d’un nouveau venu, sans compter que sa durée de vie aurait été bien entendu moins longue que celle d’un télésiège récent.

    Quelques détails techniques

    Aux yeux de certains observateurs, la question de l’efficacité du nouveau télésiège demeure en ce qui a trait au flot des skieurs qui convergeront vers cette vaste zone. Mme Leclerc se fait rassurante: les calculs ont été réalisés et l’augmentation de capacité de chargement des sièges et de même que la vitesse du télésiège diminueront assurément le temps de remontée, offrant donc un débit supérieur.

    L’appareil est confectionné au Québec, à l’usine Doppelmayr de Saint-Jérôme, dans la région des Laurentides. Il sera muni de gares Uni G Vision classique, ainsi que de sièges de dernière génération (sans bulles). Il aura une longueur de 2442 mètres pour gravir une dénivellation de 530 mètres. La base sera localisée à une altitude de 270 mètres, à la gauche de la base de l’ancien Trip. Le sommet, s’élevant à 800 mètres d’altitude, se trouvera entre le débarcadère et la station motrice de l’ancienne Sainte-Paix. La vitesse de montée sera de 5 mètres/seconde, ce qui est la vitesses standard maximale pour ce type de télésiège. La durée de montée prévue est de 6 minutes. En guise de comparaison, le temps de montée du Trip était de 12 minutes, la Sainte-Paix de 9 minutes, l’ancien téléski de la pistes Canyon 7 minutes et la télécabine l’Étoile-Filante gravit la montagne en 9 minutes. 

    En conclusion, cette nouvelle acquisition apportera tout un vent de fraîcheur à l’ambiance qui règne au Mont-Sainte-Anne. Le rajeunissement du parc de remontées et des pistes mieux desservies raviveront sans doute l’engouement pour cette montagne, que certains sceptiques regardaient d’un oeil un peu morose. Souhaitons que ce chantier soit le prélude à d’autres investissements au cours des prochaines années!

    Nouveautés 2014 dans les stations du Québec: un virage hors-piste?

    Les hivers se suivent et ne se ressemblent pas, mais depuis quelques années, les investissements dans les stations de ski du Québec sont moins visibles dans les pistes. Il faut toutefois saluer trois nouveautés majeures dans les stations québécoises, soient la construction d’un nouveau télésiège quadruple débrayable au Mont Sainte-Anne, pour remplacer le Trip et la Sainte-paix; un chalet tout neuf à Val d’Irène doublé d’un secteur de ski hors-piste; et un nouveau secteur hors-piste pour Owl’s Head, selon des sources bien informées. 

    Le développement du ski hors-piste a définitivement la cote dans la province avec le développement d’options de ski d’aventure en Gaspésie, entre autres à la Vallée-Taconique et avec le Chic-Chac. Ces projets ont fait sonner des cloches dans certaines stations plus près de nous. Ainsi, le Mont Édouard, Le Massif de Charlevoix et le Parc du Mont Saint-Mathieu ont récemment ouvert ce type de secteur, sans oublier le catski du Massif du Sud et de la Réserve ni l’agrandissement du secteur à l’ancienne de Sutton, de même que le nouveau secteur hors-piste du parc de la Jacques Cartier! Tout cela sans compter le développement de plusieurs sous-bois dans les autres stations de la province… Est-ce une tendance à long terme? L’avenir nous le dira, mais la quête des premières traces dans la poudreuse est bien en vogue au Québec, donc il y a fort à parier que cette tendance ne faiblira pas de sitôt.

    Quelques autres nouveautés intéressantes dans les stations québécoises:

    – Réfection complète de l’extérieur du chalet du Mont Grand-Fonds, ce projet étant la phase 1 de la modernisation entière du chalet

    – Le Mont Blanc nous annonce le réaménagement complet de la cafétéria du chalet, ainsi que l’achat de nouveaux canons à neige de type HKD SV 15

    – Plusieurs nouvelles nous viennent du Parc du Mont Saint-Mathieu: construction d’un pont skiable au croisement d’une piste débutante et du parc à neige, nouvelle piste familiale, réaménagement du Snowpark Premier Tech, améliorations importantes au secteur hors-piste et du système d’enneigement, de même que la création d’une billetterie en ligne

    – Adoucissement du mur de la Stade de Slalom au Mont Sutton avec une nouvelle technologie moins dommageable pour l’environnement, soit une excavatrice araignée qui peut travailler dans une pente jusqu’à 70 degrés d’inclinaison, avec un poids deux fois moindre qu’une excavatrice traditionnelle

    – Val St-Côme inaugure un nouveau sous-bois sur le versant Mille Pieds; ainsi qu’un parcours de ski cross permanent, accessible en bordure de la Grande Allée. La station a également effectué quelques travaux dans les pistes le Côteau et l’Avalanche afin d’en faciliter l’enneigement et de les rendre accessibles le plus tôt possible en saison.

    En nouvelle-Angleterre, quelques nouveautés vont aussi agrémenter l’hiver 2013-2014:

    – Un chalet tout neuf sera construit au State Side de Jay Peak, en plus d’un hôtel. La chaise Bonaventure qui devait être retirée au profit d’un télésiège sextuple débrayable va finalement être de retour en 2013-14, mais son tracé partira un petit peu plus haut dans la montagne, en raison du développement de la nouvelle base.

    – Sugarloaf: poursuite de l’agrandissement de Burnt Mountain

    – Nouveau sous-bois expert à Whiteface, une première nouvelle piste en cinq  ans !

    – Investissement de 1M$ à Okemo pour augmenter la capacité d’enneigement artificiel

    – Nouveau versant à Pats Peak au New Hampshire, soit le Cascade basin avec un télésiège triple et 4 premières pistes pour cet hiver.

     Et maintenant… dans la machine à rumeurs:

    – Des négociations sont présentement en cours relativement à la réouverture du Mont Alta pour la saison 2013-14? C’est à suivre sur ZoneSki.com au cours des prochains jours, pour un portrait détaillé de la situation de la sympathique station de ski d’aventure des Laurentides.

    – Un nouveau télésiège à Tremblant dans le secteur de l’Algonquin?

    – Un nouveau télésiège quadruple à Ski Bromont?

    Bien sûr, au moment d’écrire ces lignes, les annonces sont rares. Le mois de septembre étant généralement riche en communications, nous sommes en attente de plus d’informations. Plusieurs nouveautés dans les stations sont gardées secrètes à ce temps-ci de l’année pour être dévoilées au bon moment, donc gardons l’oeil ouvert, d’autres surprises nous arriveront certainement au cours des prochaines semaines et des prochains mois!

    Un télésiège, c’est comme…

    Un télésiège, c’est comme un autobus. Sans chercher bien loin, la comparaison d’un télésiège avec autobus est facile: c’est un moyen de transport collectif, qui nous amène d’un point A à un point B. On le prend en attendant notre tour, on remplit les sièges libres et on partage l’espace (message ici aux skieurs égoïstes…), bref, on bénéficie tous d’un transport pour lequel on a chacun un petit peu payé.

    Un télésiège, c’est comme un autobus, ça coûte des sous à opérer. On paye un chauffeur d’autobus, on paye un opérateur de remontée mécanique. On paye pour l’entretien, la réparation, la mise à niveau, la rénovation… ai-je besoin d’aller plus loin?

    Un télésiège, c’est comme un autobus: si personne ne l’utilise… on ferme. Les circuits non-utilisés d’une ligne d’autobus sont supprimés, au gré de la demande des utilisateurs. En deçà d’un certain taux d’utilisation, la ligne n’est pas rentable. On réduit les fréquences, on retire des arrêts, voire on annule carrément des tracés. Personne ici n’a besoin d’un cours d’économie sur l’offre et la demande…

    Quand j’entends des skieurs, en fin de saison, s’exclamer: «Ah c’est génial y’a personne! On a la montagne à nous tout seul!», j’ai un sourire en coin… car 7 jours plus tard, ces mêmes skieurs s’adressent, mécontents, à leur station de ski préférée «MAIS! Pourquoi vous fermez!? Il reste encore plein de neige!!». L’offre: oui, il y a plein de neige. La demande: plus personne ne vient skier. Constat: en deçà d’un certain nombre de skieurs, il n’est pas rentable d’opérer la station.

    Cette année, le Mont Orford a annoncé une belle initiative: tant qu’il y aurait des skieurs à la montagne, celle-ci ouvrirait! Bien entendu, les petits caractères indiquent que la station se réserve le droit de décider si elle opère ou non… mais le message n’en était pas moins clair: vous voulez du ski? Alors venez! Mais si vous ne venez pas… ne pleurez pas parce qu’on ferme. Et que ceux qui se scandalisent d’une telle décision se renseignent un peu sur les coûts d’opération quotidiens d’un télésiège quadruple… si vous étiez le seul abonné de votre réseau de transport en commun, vous marcheriez avec vos pieds.

    Loin de moi l’idée de relancer le débat et de chercher le pourquoi du comment qui expliquerait la cause de l’abandon du ski par la majorité des skieurs dès que le beau temps pointe son nez… cela dit, les fermetures des stations c’est comme le cycle des saisons, c’est inévitable.

    Le télésiège, c’est comme un autobus: si personne ne l’utilise… on ferme.

    À tous, gardez le sourire… on aura encore de l’hiver pour quelques décennies… et si vous voulez que votre montagne préférée ouvre plus longtemps… visitez-la plus souvent ;)

    Bon été!

    Dépaysement total: Faraya-Mzaar, Liban

    Ce petit pays du bord de la Méditerranée a tout pour être le paradis. Mer et montagne au même au lieu, ski et plage le même jour. Oui, oui tout ça existe! Allez donc faire un tour à Beyrouth, venez donc grimper les routes sinueuses du Mont Liban. Ici, en 60 kilomètres à l’intérieur des terres, on passe du niveau de la mer à 3089 mètres, le sommet du Qurnat as Sawda, point culminant du pays. Les plages, c’est facile à trouver, il suffit de suivre le littoral. Pour le ski, le Liban vous propose 5 montagnes équipées, dont Faraya-Mzaar, la plus grande d’entre elles, située à environ 50 kilomètres de la capitale.

    Ici, le ski a commencé en 1960, lorsqu’un groupe de skieurs passionnés ont installé le premier remonte-pente importé de Suisse, sur la zone dite du « Refuge ». En 1965, l’Hôtel Faraya-Mzaar a ouvert ses portes, ainsi qu’un petit village de condos ce qui a réellement permis un développement touristique. Hélas la guerre civile qui ensanglanta le pays freina brutalement le développement du pays, et la station n’y fît pas exception. Cependant, depuis 1993, les choses ont de nouveau pu aller de l’avant. C’est le système « D » comme débrouille qui est appliqué à la station. Tout le matériel (dameuses, remontées-mécaniques, skis…) est acheté d’occasion, principalement de France.

    Aujourd’hui Faraya-Mzaar propose 42 pistes, qui représentent une longueur totale de 80 kilomètres, desservies par une quinzaine de remontées mécaniques. On y skie entre 1850 et 2465 mètres d’altitude et du sommet du dôme du Mzaar, on distingue la ville de Beyrouth et bien sûr la mer Méditerranée.

    Les chutes de neige peuvent être vraiment importantes entre janvier et février. Dans ces situations, tout ferme! En l’absence d’une « culture hiver » dans le pays, tout devient vite très compliqué car les routes sont  impraticables, aucun véhicule n’étant doté de pneus d’hiver, et les télésièges ont besoin de temps pour être opérationnels: déblayement, contrôle de sécurité, etc. De plus, la station sait qu’il n’est pas utile d’ouvrir si les clients depuis Beyrouth ne viennent pas… Par contre, 48 heures après une tempête, tout est parfait ! Et oui, comme souvent au Moyen Orient, il faut prendre son temps. Tout est possible, tout arrive, mais à son rythme.

    Et il y’a du bon ski à faire ici, surtout à partir des 3 sommets de la montagne. A Faraya-Mzaar, pas de sous-bois, pas d’interdiction de rien. On peut descendre par où l’on veut et le domaine est très vaste, très étendu. C’est du vrai ski à travers les grands espaces, en toute liberté du skieur. Et c’est ça qui est plaisant à skier ici, où j’ai eu plaisir à faire 5 jours de ski, en faisant des aller/retour sur Beyrouth afin de profiter en après-ski de la grande ville. Tout le secteur autour du Dôme de Mzaar à l’extrémité sud du domaine est une merveille, avec des vallons et de nombreuses combes. Tout ceci sans danger, dès que la visibilité est là. L’enneigement était correct, mais pas de neige poudreuse. Le vent est fort sur les hauteurs, ce qui fait que la neige est vite soufflée, et on trouve toujours un passage avec des accumulations.

    La clientèle est quasi-exclusivement composée de personnes vivant à Beyrouth, ou bien de la large diaspora libanaise qui revient pour le temps des fêtes. Compte tenu des difficultés politiques régionales, il n’y a pas vraiment de tourisme hivernal venant de l’extérieur du pays. L’affluence est vraiment importante durant les fins de semaines et lors de la relâche de Noël.

    De par les tarifs pratiqués, environ 40$ CAN la journée, le ski ici est vraiment élitiste. Je n’avais jamais vu autant de voiture de type Hummer que sur le parking de Faraya! On croise donc une certaine jetset libanaise, francophone très souvent, toujours francophile, ouverte à l’occident et contente de croiser un monoskieur de Paris… Puis à force de voir passer un monoskieur qui faisait des photos, j’ai eu le droit à des rencontres amicales fort sympathique. Un patrouilleur qui m’a entrainé derrière lui, et les lifties qui m’ont offert le café à de nombreuses reprises. Sans compter que tous les gens croisés ont toujours une connaissance à Paris, ou un souvenir par-ci, et par là… Vraiment sur les pistes, j’ai trouvé l’ambiance bien conviviale!

    En somme, le Liban, Beyrouth, pensez-y bien…  je ne vous cause même pas de la qualité des mezzés, ni d’autres douceurs de bouche dans ce pays d’orient. Il n’est peut-être pas sage d’y songer au moment de la publication de cet article, mais vraiment, en temps plus sereins, c’est tout un plaisir!

    Virage quatre saisons: mode ou nécessité?

    Après quelques saisons moins fructueuses que d’autres au chapitre météorologique, le questionnement de la prospérité d’une station revient souvent « sur le tapis ». Au grand dam de leurs administrateurs, un bon nombre de stations de ski du Québec a bu le bouillon en 2011-2012 en lien avec un début tardif, des précipitations aléatoires et une fin abrupte. Certaines stations, malgré leur taille moyenne, s’en sont tiré mieux que d’autres… Leur secret? Le passage, longuement médité et planifié, à l’exploitation «4 saisons». Portrait de ces stations, dont l’administration regarde l’arrivée du soleil sans grincer des dents!

    En Mauricie

    Pour Alain Beauparlant, directeur général de la station mauricienne Vallée-du-Parc, l’orientation de la station vers 365 jours d’opération se fait surtout pour répondre à une demande relativement importante venant de la clientèle déjà établie de la station. Cependant, l’argument financier le plus important reste bien sûr la possibilité d’amortir la saison de ski sur 12 mois, plutôt que sur 4 ou 5. De plus, l’opération d’une station sur quatre saisons permet bien sûr de conserver les emplois, ce qui n’est pas pour déplaire aux différents employés de Vallée-du-Parc!

    Puisque la demande vient de la clientèle régulière, la direction de la station a choisi de conserver la même approche que lors de l’hiver lors de son choix des activités estivales. L’idée est donc d’offrir des activités abordables, accessibles à la famille moyenne, sans jamais tomber dans l’excès d’adrénaline et le risque moins calculé. Les activités sauront donc d’abord attirer la clientèle locale, puis rejoindre des gens de l’extérieur, on peut comprendre ici qu’il s’agit de gens qui ne viendraient pas nécessairement skier à Vallée-du-Parc en hiver mais qui passeraient dans la région pendant l’été.

    Parmi les activités développées, la station a fait d’une pierre deux coups en développant des sentiers de raquette, qui seront exploités pour le vélo de montagne. L’idée n’est pas de chercher à compétitionner les services déjà existants dans les environs. Sachant que Vallée-du-Parc se situe à une vingtaine de kilomètres du Parc National de la Mauricie, difficile de vouloir y implanter un volet nautique complet… la direction de la station a donc décidé de se jumeler avec divers intervenants de la scène touristique régionale afin d’offrir l’accès à de l’hébergement et des activités variés, en partenariat avec les différentes entités touristiques déjà présentes. Le mot d’ordre: facile, et abordable!

    Bien sûr, on n’attire pas les mouches avec du vinaigre et ça, Alain Beauparlant l’a compris depuis longtemps: lui-même père de famille, il a axé beaucoup des décisions prises pour le virage quatre saisons sur des discussions qu’il a eues avec son fils. Il a ainsi mis le doigt sur plusieurs points d’intérêt et sur les réels besoins de la clientèle familiale de sa région.

    Au Saguenay-Lac-St-Jean

    L’approche de la station saguenéenne Le Valinouët est relativement comparable: Roberto Tremblay, directeur général de la station, jongle depuis plusieurs années avec l’idée d’investir pour des sentiers de vélo de montagne (et de ski de fond), en partenariat avec le parc des Monts-Valins (SEPAQ). Partisan de la doctrine « l’union fait la force », Mr Tremblay pousse depuis plusieurs années pour réussir à réunir tous les intervenants du milieu touristique de la région de Saguenay -et il y en a plus d’un! Entre les ZEC, les pourvoiries, les parcs et les lacs, c’est un éventail très large d’activités qui s’offre à une clientèle de plus en plus diversifiée. Pêche, kayak, randonnée, vélo, camping, rien ne doit être laissé à l’écart. Les investissements porteront bientôt fruit et Roberto Tremblay est très optimiste à propos des résultats. De la même manière que pour la station de Vallée-du-Parc, la réduction du roulement de personnel ainsi que l’amortissement des coûts d’exploitation sur une plus longue période seront bien entendu des conséquences positives espérées.

    Dans le Bas-St-Laurent

    Du côté du Parc du Mont Saint-Mathieu, le son de la cloche financière n’est pas différent. Selon François April, directeur du Parc, la vocation quatre saisons d’une station comme la sienne va de soi puisque les ressources naturelles ne manquent pas avec la proximité du lac, de la montagne et des différents sentiers environnants. Cet amalgame permet de mettre en valeur les attraits naturels de la région, sans oublier encore une fois l’avantage monétaire… quoi de mieux que de rentabiliser les investissements, tout en augmentant l’offre d’activités faite à la clientèle? 

    D’emblée, François April affirme qu’il est hors de question d’entrer en compétition contre les formules clubs et les grands «resorts». Ceux-ci ont des frais d’opération beaucoup trop gros pour la capacité des stations de moyenne envergure et le développement des projets se fait avec les attraits déjà en place, sans chercher à les fabriquer. Certains diront qu’il s’agit de mettre les boeufs au bon endroit, c’est à dire devant la charrue!

    Un sentier de randonnée au Massif du Sud

    Il y a fort à parier que la clientèle estivale du Parc du Mont Saint-Mathieu sera légèrement plus touristique en été, et restera plus régionale en hiver. L’été amenant son lot de voyageurs vers l’est, la station pourra bénéficier de ce flot grâce à une mise en marché intelligente. Le Parc offre déjà à ses visiteurs une grande variété d’activités dont des sentiers pédestres, une plage des sentiers de vélo de montagne, et peut-être même un petit circuit d’escalade, et quelques surprises seront au menu pour l’été qui arrive! Le développement de ces activités se poursuivra sur les prochaines années.

    Le nouveau volet hébergement du Parc offre des possibilités de location de grandes salles de réception de même que des formules hôtelières plus intime. Jusqu’à maintenant, la direction se dit très heureuse de la réponse positive de la clientèle environnante. De plus, le désir du Parc de s’associer avec les promoteurs privés de la région porte fruits et permet d’ajouter à l’offre de service déjà présente, de manière à rassembler la clientèle familiale, qu’elle provienne de la région ou de l’extérieur.

    Ces trois projets (Vallée-du-Parc, Le Valinouët et le Parc du Mont-St-Mathieu) sont évidemment porteurs d’espoir pour les stations qui les développent. Si on se fie à l’expérience de certaines stations de ski qui ont déjà fait le saut, le résultat ne peut être que favorable. Par exemple, Burke Mountain, qui offre des sentiers de vélos de montagne reliés à la Kingdom Trail Association depuis l’été 2011, a suivi un chemin bien tracé, sans faire de jeux de mots. D’après la responsable du marketing et des évènements de la station vermontoise, Hannah Collins, la demande était forte et la station de ski avait tout intérêt à y répondre: les dernières années ont vu une augmentation marquée de la fréquentation des sentiers de la Kingdom Trail et il était tout naturel pour Burke de s’y associer. À la question de l’impact financier, Mme Collins répond par la positive en affirmant que l’importance de conserver les emplois, d’en créer des nouveaux et de générer des retombées économiques faisait partie des facteurs qui ont grandement pesé dans la balance.

    Plus près de chez nous, d’autres stations ont aussi développé des produits d’été il y a de cela plusieurs années: on pense à Ski Bromont et au Mont St-Sauveur, au Mont-Ste-Anne, au Mont Tremblant… D’après Lisa-Marie Lacasse, chef de service des communications du Mont-Ste-Anne, le développement d’activités estivales était un impératif: la station aux multiples facettes accueille une épreuve de la Coupe du monde de vélo de montagne depuis plus de 20 ans et le MSA bénéficie d’une clientèle déjà bien établie. En effet, les habitués savent qu’ils y trouveront nombre de sentiers et de pistes variés, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la station développe constamment de nouveaux segments. De plus, elle ajoute de nouvelles activités à son éventail, comme un terrain de disc golf de 12 paniers (été dernier) ainsi qu’une piste de modules d’hébertisme à la base de la montagne. Bien que le Mont-Ste-Anne tire la majorité de ses revenus de son exploitation hivernale, le développement des produits d’été comporte un avantage marqué concernant le maintien des emplois et la stabilité du personnel… les employés de la station ont leur montagne à coeur!

    En somme, les virages vers une exploitation quatre saisons que prennent les stations ne sont pas qu’une question de mode puisqu’il y a, bien au-delà du potentiel naturel à exploiter, un impératif financier à ne pas renier. Bien sages sont ceux qui y ont pensé dans les dernières années, bien fous seraient ceux qui repousseraient cette idée du revers de la main sans y penser à deux fois!

    Engelberg (Suisse); ou la station des anges

    La Suisse est connue de la majorité des skieurs comme une destination de ski de rêve. Zermatt, Verbier ou St-Moritz sont des noms que tout skieur a déjà entendu. Les bonnes destinations de skis ne se limitent pas qu’à ces centres de ski principaux. Situé en plein cœur de la Suisse, Engelberg est définitivement un joyau de centre de ski qui a su échapper aux feux de la rampe dont d’autres stations helvètes ont pu bénéficier. Il semble qu’outre quelques scandinaves qui ont découvert cette magnifique station, peu de visiteurs (incluant les Suisses) ont choisi cette station.

    Les moines de l’ordre des Bénédictins y ont fondés un monastère dès 1120. Perché sur un plateau à 1050m d’altitude, il est facile de comprendre pourquoi ils ont choisi cet endroit magnifique pour s’établir. Le plateau est littéralement ceinturé par de spectaculaires montagnes dont le mont Titils qui culmine à 3239m. Avec des montagnes qui semblent rendre le plateau inaccessible, le paysage est tout simplement à couper le souffle.

    Les moines sont toujours présents et il est possible de faire une simple visite guidée du monastère ou de visiter leur fabrique de fromage (d’ailleurs délicieux!). Situé à quelques coins de rue du centre, la ville s’est véritablement construite autour de cet établissement. Étant donné la taille d’Engelberg, il est facile de parcourir l’ensemble du village à pied sans avoir recours à la voiture. 

    Suite à la fondation du monastère, il a fallu près de 800 ans avant qu’une remontée mécanique voit le jour. C’est en 1912 que la première remontée fut mise en opération. Le domaine skiable consiste maintenant en 25 remontées, 82km de pistes et un dénivelé de 2000m. Les gens locaux jugent que ces données ne leur permettent pas de considérer qu’ils ont une grande station! J’imagine que ça dépend toujours quelle est notre référence… En plus, ces statistiques ne permettent pas du tout de mettre en valeur le potentiel tout particulier qu’offre la station pour le freeride

    Le freeride est considéré comme l’action de ne pas skier sur des pistes balisées. Engelberg comporte des endroits tant à l’intérieur de son domaine skiable qu’à l’extérieur de son domaine pour pratique ce type de glisse de plus en plus populaire. Aussi, comme la majorité des stations européennes, il n’y a pas de cordes ou de signalisation vous indiquant où vous pouvez et où vous ne pouvez pas aller, le tout étant laissé à votre jugement!

    Rien de mieux pour pouvoir profiter de l’immense potentiel non balisé disponible aux abords de la station! Comme c’est généralement le cas, la neige se préserve beaucoup plus longtemps lorsque quelques minutes de marche sont requises pour pouvoir profiter de la poudreuse. Le terrain a surtout l’avantage de pouvoir permettre aux skieurs de (pratiquement) tous les calibres d’en profiter. Pour ceux d’entre vous qui ne sont pas assez confiants ou qui ne possèdent pas l’expérience requise afin de s’aventurer en hors-piste de façon sécuritaire, sachez qu’il est toujours possible d’engager un guide qui saura vous faire découvrir les moindres coins de la montagnes. 

    Ne vous méprenez pas! Engelberg n’est pas uniquement destiné aux amateurs de freeride. Les 82km de pistes de la station offrent des défis pour les skieurs de tous les calibres sur un fond de terrain varié. Tant les amateurs de bosses que de grands boulevards travaillés mécaniquement y trouveront leur compte! Il y a d’ailleurs une piste à bosses sur la face du Laub que vous ne finirez pas sans vous être arrêtés à plusieurs reprises, je vous le garantis! Avec près de 1200m de monticules, c’est probablement une des plus longue pente à bosse que j’ai jamais vu!

    Si vous êtes plus du type multi-sport que des amateurs fanatiques de ski, sachez qu’il y a toujours la possibilité de faire de la luge, du patin, du ski de fond, de la raquette ou de l’escalade de glace. Prévoyez au moins quelques jours sur place afin de pouvoir profiter de toutes les montagnes et de l’ensemble du domaine skiable qu’offre la station. Il est impossible d’avoir un bon aperçu de l’étendue et surtout de la variété du domaine skiable en une seule journée.

    Comme dans la majorité des endroits en Suisse, il n’y a aucun problème à se balader le soir dans les petites rues étroites et sinueuses du village. C’est d’ailleurs une des meilleures façons de découvrir ce village qui offre tout le chic des stations suisses, mais avec une ambiance plutôt décontractée et sans prétention. Les restaurants sont nombreux et les menus sont variés.

    Pour une raison que j’ignore, aucun des voyagistes québécois ou canadien n’offrent de forfaits vers cette station. Engelberg saura certainement satisfaire à sa juste mesure les skieurs qui oseront s’organiser pour s’y rendre. Que ce soit les paysages, une balade dans les petites rues sinueuses, la poudreuse ou siroter un petit verre de vin chaud en regardant le soleil se coucher sur les pics acérés qui veillent sur le village, tous y trouveront leur compte. 

    Il m’est difficile de penser à une meilleure station à vous recommander pour un premier voyage de ski organisé sans voyagiste puisque la logistique associée au transport, à l’hébergement et aux repas est pratiquement réduite au minimum. Il est clair que d’organiser soi-même un voyage de ski demande plus d’effort, mais je ne peux faire autrement que vous encourager à sortir hors des stations offertes par les voyagistes. Une fois cette première expérience réalisée, je suis persuadé que vous serez charmé par la flexibilité qu’offre ce type de voyage vous verrez tout le potentiel qu’offre la planète ski et vous serez à même de constater à quel point le monde est vaste à visiter avec vos skis.

    Fierté régionale: Mont Comi (Bas-St-Laurent)

    Le Mont Comi est la station qui offre le plus vaste domaine skiable de la région. Grosso modo, il se divise en deux versants: le principal, qui se subdivise à son tour en deux sections, et le versant que l’on nomme le versant du Poma, situé en retrait. Ce dernier est tout désigné pour les skieurs experts car on y retrouve des fortes pentes, dont la fameuse piste le Mur, ainsi qu’un joli sous-bois bien touffu. Le tout est desservi par une remontée très rapide et efficace, un téléski simple de marque Poma, d’où le nom du dit versant. Une première section du versant principal est desservi par un télésiège quadruple et donne accès à des pistes intermédiaires et faciles. La seconde section est accessible via un télésiège double et regorge de pistes intermédiaires avancées ainsi que de sous-bois. Il ne faut pas oublier le tout petit versant destiné aux débutants au bas de la montagne, on y trouve un téléski double qui est gratuit pour tous.

    Le centre de ski est la propriété d’une grande famille de la région, la famille Roussel, qui a acquis le domaine skiable vers la fin des années 1990, afin de donner un second souffle à la station bas-laurentienne. Elle est gérée par les membres de la direction et ces derniers voient à l’embauche et la gestion du personnel. 

    Plusieurs éléments font la fierté du centre de ski. Il y a premièrement l’offre d’une surface damée qui est impeccable grâce à un travail des pistes en plusieurs étapes. Aucun sillon n’est toléré sur ces surfaces de glisse. Le vaste réseau de sous-bois est aussi très prisé par un bon nombre de skieurs. C’est le même principe pour le secteur expert qui constitue un autre monde en soi. En début de journée on y voit disparaître les skieurs aguerris et ils n’en ressortent qu’en fin de journée. La station dispose aussi d’une bonne capacité de relève de jeunes skieurs en démocratisant la pratique du ski grâce à la remontée gratuite. L’école de ski qui est bien développée y joue aussi la part de son rôle. 

    Au cours de son existence, la station a rencontré une difficulté majeure, soit sa faillite vers la fin des 1990. Il ne faut pas oublier que dans le milieu du ski les dépenses tout comme investissements peuvent être importants et les revenus incertains, car ils demeurent à la merci des aléas du climat. À ce moment, l’existence-même de la station a été remise en jeu et il devenait crucial de trouver un investisseur majeur afin de voir à sa survie. Dans la foulée de ces événements, la famille Roussel s’en est portée acquéreur. Les premières années ont été particulièrement ardues, mais à la suite d’un dur labeur, la destinée de la station se dirige vers un avenir plus radieux. 

    En continuant de travailler avec la même énergie, la station est en mesure de conserver sa clientèle et de pouvoir recruter de nouveaux skieurs. Il s’agit de gérer les finances de manière éclairée et réfléchie, afin d’utiliser à son maximum l’ensemble des ressources qui sont disponibles. En ce qui trait aux investissements et aux projets importants, il faut mentionner le réaménagement du parc à neige, qui a vu sa superficie s’agrandir, au grand plaisir de ses amateurs. D’autres projet sont à venir… restez à l’affut! 

    Red Mountain Resort(C-B): on déroule le tapis rouge!

    À mon arrivée, j’ai eu l’impression qu’on déroulait le tapis rouge pour les visiteurs de la station. Située à quelques pas de la ville de Rossland en Colombie Britanique, Red Mountain a la réputation bien méritée d’être une destination pour les experts et les adeptes de sous-bois extrêmes. La montagne est située dans le sud de la province, dans le secteur des Kootenay, appelé Powder Highway, et pour cause: annuellement, il y tombe plus de 750cm de neige… pour les vieux comme moi, c’est 25 pieds! L’article du New York Times vantant cette station ainsi que celle du Massif de Charlevoix avait piqué ma curiosité. Je voulais m’y rendre et voir de mes yeux. Première réaction… OUF! C’est à pic ici! Mais j’ai aussi découvert une station où les débutants et intermédiaires y trouvent plaisir.

    La montagne skiable, un peu d’histoire

    On y trouve une variété de pistes allant de pistes vertes jusqu’aux pistes extrêmes. Lors de ma visite, j’ai goûté au ski par dessus les nuages et croyez-moi, c’est spectaculaire. En milieu de montagne, on se sent plonger dans les nuages!

    La station dispose pour l’instant de trois télésièges fixes, au grand plaisir des utilisateurs. Les commentaires de ceux-ci: «Ça nous donne le temps de se reposer les jambes, la poudreuse est présente plus longtemps sur les pistes, ces dernières sont moins achalandées et l’attente aux remontées est rarement un problème.» Comme quoi… on apprend à prendre le temps!

    La station sait qu’elle devra améliorer la signalisation des pistes afin de faciliter la découverte de la montagne aux nouveaux venus. Au sommet, une signalisation adéquate est présente mais en milieu de piste, lorsqu’il y a des choix à faire, il est facile de s’y perdre. Quoique les pistes finissent toutes par vous amener à une remontée, il est sécurisant de savoir où l’on skie.

    C’est à Red Mountain que Nancy Greene a fait ses débuts. En 1968, Nancy avait gagné une médaille d’argent en slalom géant aux Olympiques de Grenoble. À voir la qualité des pistes, il est facile d’imaginer un jeune y prendre rapidement l’expérience requise à la compétition de ski de haut niveau.  La piste Main, qui servait aux descentes de la coupe du monde dans les années 1960-70 est impressionnante à tous les points de vue. On me disait que Red a été la station ayant fourni le plus d’athlètes à l’équipe canadienne de ski de son histoire.  

    Faire le plein d’énergie
    À la station, il y a deux endroits pour manger. Le Paradise Lodge situé à mi-montagne est un endroit prisé par les adeptes. Le menu est varié et les  prix sont abordables. En exemple, une assiette de truite grillée steelhead et une salade vous coûteront 10$. Au chalet principal il y a un grand restaurant, le Sourdough Grill and Pizzeria, puis le bar Rafters, qui est un incontournable en fin de journée. Ce dernier a une grande terrasse et lors de mon passage on pouvait profiter du soleil qui plombait.

    On peut séjourner à la base de la station, où des appartement et condos sont à louer. Vous pouvez visiter le site afin de vérifier les prix au www.redreservations.com. La ville de Rossland a aussi quelques hôtels et hébergement. Lors de mon séjour, j’ai eu la chance d’être invité chez un bon ami québécois.

    S’y rendre
    Le plus grand défi de la station est d’y amener les visiteurs. «On y travaille très fort» m’a confirmé Erik Kalacis, vice-président de la station. L’aéroport le plus proche, celui de Trail à quelques kilomètres de Rossland, ne reçoit pas les grandes compagnies aériennes tel que Air Canada ou WestJet. Un autre aéroport, celui de Castlegar, est situé à 45 minutes de Rossland. Le surnom qu’on donne à cet aéroport est celui de Cancelgar  qui a la réputation d’avoir beaucoup d’annulation de vols à cause de la météo. Une troisième alternative, passer par Kelowna qui est situé à un peu plus de 300 kilomètres. D’autres solutions sont à l’étude, y compris le passage par les États-Unis. Un voyagiste québécois, spécialisé dans les voyages de ski, étudie la possibilité d’ajouter Red à ses destinations. Un tout inclus pourrait être une solution facile pour les visiteurs du Québec.

    L’expansion de la station
    À ma première journée de visite, un soleil radieux éclairait la station de haut en bas et la visibilité était parfaite. Des guides bénévoles m’ont aidé à découvrir cette station si prisée des experts. J’ai même eu l’occasion de visiter le mont Grey, secteur accessible seulement par Catski. Grey peut se skier sur tous les versants, offrant des pistes intermédiaires, expertes et extrêmes selon la direction que vous prenez. La station a annoncé qu’elle installerait un télésiège à l’été 2013 afin d’ouvrir la montagne à tous. On veut y ouvrir cinq pistes de calibre intermédiaire qui seront entretenues et damées. Selon les guides, la montagne a davantage besoin de ce genre de pistes afin de satisfaire la clientèle moins expérimentée tout en ouvrant un versant hors-piste réservé aux adeptes de l’extrême. La station n’est pas encore fixée sur ce qu’on fera du Catski. Plusieurs montagnes environnantes sont à l’étude pour remplacer la destination Grey en Catski.

    Auparavant, les stations de Red Mountain et du Massif de Charlevoix avaient une entente qui permettait aux détenteurs de billets de saison de skier l’autre montagne gratuitement. Cette entente n’a malheureusement pas été renouvelée cette saison (2012-2013).

    En conclusion
    Red Mountain Resort est une station à découvrir. Je peux facilement comprendre l’intérêt du prestigieux New York Times, plaçant la station au huitième rang mondial des endroits à visiter, devant New Delhi et Singapour. J’y ai trouvé bien plus qu’une station pour skieurs extrêmes. On peut y séjourner en famille et profiter d’une très belle station, loin de la cohue des grands centres. J’ai bien l’intention d’y retourner!

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