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    Combien devrait-on payer pour une journée de ski?

    La question est fort épineuse, souvent posée à demi-mot, généralement déguisée en commentaire: «C’est cher!». Cher pourquoi? D’abord, qu’est-ce que c’est, «cher»? C’est un jugement de la part du consommateur, qui en veut toujours plus pour son argent. C’est légitime, là n’est pas la question. Mais «cher», c’est aussi relatif.

    Cher, c’est une vague idée qu’on a d’un prix qui dépasse ce qu’on était prêt à investir. L’essence, chère quand on la paie plus que 1,50$ le litre. Pourtant, on la trouvait déjà chère à 1,00$ le litre! Et quand on va en Europe, le même litre d’essence, après conversion avec le taux de change en vigueur, se vend plus du double d’ici! Alors là, c’est vraiment cher! Puis, quand on traverse chez nos voisins anglophones (ontariens ou étazuniens): «Oh, pas chère, l’essence, ici!» (Notez que je ne parle pas de la valeur des taxes, mais seulement du prix global payé.)

    Cher, c’est ce qu’on ne veut pas payer. On veut un prix «juste». Mais «juste», c’est relatif aussi! La justesse d’un prix, c’est ce qu’on trouve raisonnable de payer pour le produit ou le service qu’on achète. Il est là le vrai questionnement… comment sait-on si un prix est juste?

    Dans le monde du ski alpin, vous devinerez que bien des facteurs font varier la facture. Il y a bien entendu les dépenses relatives au coût d’exploitation d’une station de ski. Je ne vous apprendrai rien en affirmant qu’un gestionnaire fait face aux mêmes défis qu’une famille. Cela dit, l’objectif ultime d’une famille est (ou devrait être) l’épargne, qu’on peut remplacer par «profit» ou «rentabilité» dans un contexte commercial.

    Comment établir le prix «juste» du billet journalier? C’est simple… sans l’être. Prenons d’abord les multiples dépenses:
    – Consommation d’électricité (du télésiège au garage en passant par le chalet, les canons à neige et l’éclairage)
    – Coût du terrain, des infrastructures et des bâtiments (pour autant que ces sommes ne sont pas entièrement payées)
    – Coût des taxes et impôts fonciers
    – Coût de renouvellement minimal et entretien des matériaux et infrastructures
    – Coût des véhicules de fonction (motoneige, quad, camion, dameuse, tracteur…) et des frais associés à ces véhicules (carburant, assurances, immatriculation lorsque requis, entretien)
    – Dépenses « administratives » (télécommunications, appareils électroniques, téléphones, papeterie, marketing, promotion, etc.)
    – Coût de l’ameublement (tout ce qui n’est pas coulé dans le béton: frigos, casiers, tabourets, machines à tuner les skis, tapis, affiches de signalisation diverses…)
    – Coût d’une flotte d’équipement de ski/snowboard (et accessoires) pour location
    – Coût des permis et licences nécessaires à l’exploitation d’une boutique, d’un bar, d’une cafétéria…
    – Et pour finir… la masse salariale (les employés, quoi!) et le coût de leur formation, si approprié.

    J’en oublie, c’est certain! Mais comme vous voyez, la liste est déjà longue, et ne touche aucunement au volet « hébergement » que plusieurs stations de ski du Québec offrent en plus. Et maintenant, la liste des revenus:

    – Les droits d’accès aux infrastructures sus-nommées, pour une période donnée (journée, fin de semaine, semaine, année).

    Maintenant, pas besoin d’être comptable ou économiste pour deviner qu’il faut un nombre minimum de client, à un montant minimum, pour «rentrer dans son argent». Notez que je n’aborde pas non plus la période de temps pour laquelle on peut parler de rentabilité: 6 mois? 12 mois? 5 ans?

    Voilà donc avec quoi tout administrateur de station de ski jongle. La longue liste des dépenses, versus la courte liste des revenus. Ici, peut-être que certains d’entre vous serez, comme moi, tentés faire l’exercice: tout balancer les chiffres dans un chiffrier (entendu qu’on les ait, bien sûr), faire quelques tableaux croisés de multiplications, de divisions, de soustractions, d’additions… et bingo! On a le prix qu’un billet de ski devrait coûter, pour une journée, pour un adulte, pour la station concernée. Le prix «juste».

    Là où le bat blesse: les dépenses sont majoritairement fixes. Il y a les dépenses uniques (acquisition) et les dépenses récurrentes (entretien, renouvellement). Mais globalement, on ne peut s’en tirer en-deçà d’un certain minimum, même en amortissant le tout sur une période plus ou moins longue. Les revenus, quant à eux, sont grandement variables. Encore une fois, observation et déduction sont des capacités de base qui nous permettent à tous d’imaginer les causes de cette variation:

    • Météo (il faut de la neige, qu’elle soit naturelle ou fabriquée!)
    • Contexte économique global (récession?)
    • Situation démographique (station de ski à proximité d’une petite ou grosse municipalité?)
    • Accessibilité (plutôt 1h de route, ou 4h de route?)
    • Qualité/variété des produits/services offerts (est-ce que ça répond à la demande?)
    • Durée d’opération (plutôt novembre-mai, ou janvier-mars?)
    • Que sais-je encore?

    Un bon administrateur saura bien entendu adapter ses tarifs en fonction de tout ceci, et bien plus! Par exemple:

    • Capacité d’accueil (taille du chalet? du stationnement? nombre de remontées mécaniques? nombre de pistes? nombre d’employés disponibles?)
    • Proximité avec la «compétition»
    • … et la fameuse «réputation»

    Je sais que vous attendez ce mot depuis le début de votre lecture. Car c’est la première réponse que vous avez donnée, à voix haute ou dans votre tête, à la question que j’ai posée au tout début de mon texte: « Combien devrait-on payer pour une journée de ski? » « Bien, ça dépend où! » C’est un truisme que d’affirmer que la notion de « payer cher » est intimement liée au produit que l’on consomme; ici, le produit est synonyme d’endroit géographique.

    Maintenant… on est d’accord: un billet de ski dans tout petit centre doté d’à peine 6 pistes, d’une seule remontée et d’un microscopique chalet vaudra forcément moins cher qu’un billet donnant accès à un dénivelé de 400m sur 30 pistes… D’où l’importance de vendre un billet de ski à la bonne valeur (d’une part), et d’accepter cette valeur en tant que consommateur (d’autre part)!

    Vous commencez à me connaitre… allons plus loin que le simple prix du billet. Car économiquement, socialement, une station de ski, c’est bien plus qu’un billet journalier. J’ai déjà fait l’apologie des stations de ski dites «régionales» ou «de moindre taille», je ne reviendrai donc pas sur ces propos. Ceci dit, en payant pour un billet de ski, voici ce qu’un skieur achète réellement:

    • Un droit d’accès aux infrastructures nécessaires à la pratique d’un sport/loisir qu’on a choisi de plein gré
    • Une occasion de bouger (dehors en plus)
    • Une activité en famille, en couple, entre amis, en solo, peu importe!
    • Un environnement où vous êtes libres de vos actions, mais qui vous encadre en offrant des services de premiers soins en cas de besoin
    • Une contribution, même minime, à l’économie locale et à l’industrie du ski alpin
    • … et plein d’autres choses!

    Donc, combien devrait-on payer pour une journée de ski?

    Des skis artisanaux: oui c’est possible!

    Vous êtes-vous déjà réveillé un matin avec une idée un peu folle en tête, tel un projet qui vous permettrait de vous stimuler intellectuellement, d’occuper vos temps libres et vous aiderait à vous  accrocher à quelque chose en attendant sagement le retour de la neige?  Pour certains d’entre nous, cette idée folle est d’acheter le Mont Alta (qui, soit dit en passant, est une excellente idée); dans mon cas ce fut de fabriquer une paire de skis alpins artisanaux…

    J’ai toujours eu plusieurs paires de skis dans mon garage, mais j’avais toujours rêvé de posséder  une « vraie » paire de skis pour la poudreuse. Par contre, l’idée de dépenser 1000$ pour une paire de skis qui me servirait à peine quelques jours par année freinait mon enthousiasme. Ainsi, un matin, un éclair de génie traversa mon esprit : pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable et m’en fabriquer une? Pour la plupart d’entre vous, cette possibilité ne vous a probablement jamais effleuré  l’esprit, vous disant sans doute que ça doit être extrêmement compliqué, même impossible à réaliser à la maison. Ce n’est peut-être pas simple, mais je vous assure que c’est loin d’être aussi sorcier que ça en a l’air! Lors de mon passage à l’université, j’ai étudié les matériaux composites, alors je trouvais que de m’atteler à la tâche de fabriquer une paire de ski allait être une belle occasion de mettre en pratique ce que j’avais appris à l’école.

    La première étape dans la fabrication d’un ski est de déterminer les dimensions et le profil recherché. Plusieurs idées saugrenues m’ont traversé la tête, mais j’ai finalement décidé de rester conservateur dans mon approche et de confectionner quelque chose de similaire à ce qu’on trouve sur le marché. J’ai donc ouvert mon DAO (logiciel de dessin assisté par ordinateur) et j’ai commencé à dessiner mon ski. Mon choix s’est arrêté sur les mensurations suivantes :

    Longueur : 196 cm
    Largeur : 95-125-105-115-95
    Cambrure : Rocker, camber, rocker

    Une fois le concept établi, on doit passer aux choses sérieuses. Pour commencer, il faut savoir qu’un ski n’est (généralement) rien d’autre qu’un assemblage de bois, fibre de verre, de polyéthylène, de carres en acier, collés les uns aux autres, grâce à de la colle époxy.  On assemble les composantes les unes par dessus les autres dans un moule et on applique une pression (ou on effectue un vide dans mon cas)  pour permettre à chacune des couches de bien adhérer entres elles.

    Le noyau de bois

    Le tremble, le frêne, l’érable, le peuplier et même le bambou (pour ne nommer que celles-là) sont des essences de bois fréquemment utilisées dans l’industrie du ski. Idéalement, pour faire notre choix, on doit prendre en considération le type de ski qu’on désire fabriquer; un ski haute performance dédié à la course aura besoin d’être robuste et plus rigide qu’un ski de touring ultra léger.

    Le peuplier, par exemple, est un bois très léger, environ 0,4 gramme par centimètre cube. Un noyau uniquement conçu en peuplier permettrait d’avoir un ski extrêmement léger, par contre, sa flexibilité et ses propriétés mécaniques (résistance) laisseraient à désirer. Ce type de bois pourrait donc convenir à la fabrication d’un ski de « touring » où on essaie de minimiser au maximum le poids du ski. L’érable, quant à lui, est beaucoup plus résistant, mais son poids se chiffre plus aux alentours de 0,6 gramme par centimètre cube. Plus rigide et plus résistante, cette essence serait plus judicieuse pour un ski de carving.

    Dans mon cas, mon noyau est constitué de frêne; pour la simple et bonne raison que j’avais des morceaux de frêne qui traînaient dans le garage. Afin de s’assurer que le noyau soit exempt de faiblesses et  d’irrégularités dans le grain, il est recommandé de laminer ensemble plusieurs languettes de bois d’environ ¾ pouce (19-20mm) avec de la bonne veille colle à bois. 

    Une fois la colle séchée, on peut aplanir notre noyau grâce à un planeur et lui donner le profil désiré. Bien que les spatules puissent être confectionnées en bois, il est recommandé de les fabriquer en plastique (généralement de l’abs). Le plastique est plus résistant à l’impact que le bois, donc avec l’emploi de celui-ci, il en résulte un ski plus durable.

    La semelle du ski

    Dans mon cas, puisque j’avais dessiné mon ski dans le DAO, j’étais en mesure de faire imprimer le design du ski grandeur nature sur une feuille de papier. Il était donc simple de tracer et ensuite découper dans une feuille de polyéthylène mes semelles de ski. Une fois découpées, j’ai collé mes semelles sur du ruban adhésif deux faces dans mon moule et j’ai collé « temporairement » mes carres d’acier avec de la « crazyglue ».

    La vraie liaison entre la semelle et les carres a lieu lors du laminage. Cette étape consiste à étendre une couche de fibre de verre sur la base du ski et à la recouvrir de résine époxy. On peut ensuite déposer le noyau de bois sur la couche de fibre de verre puis appliquer une dernière couche de fibre de verre. Après, on applique la couche finale constituée  habituellement d’un graphique imprimé sur un film de plastique; dans mon cas, j’ai choisi une couche de fibre de carbone.

    Une fois le laminage complété, on doit s’assurer d’avoir une bonne cohésion entre les couches en appliquant une certaine pression sur celles-ci. Il existe deux méthodes courantes dans la fabrication de skis, soient  la presse à ski et le moulage sous vide. Le moulage sous vide demande un moule moins robuste et est beaucoup  plus facile à mettre en œuvre pour une fabrication unique, c’est donc la technique que j’ai privilégiée. Le principe est simple: on applique une pellicule de plastique par-dessus notre laminage et on scelle tout le contour de notre moule à l’aide d’une gomme. On fait le vide à l’intérieur du plastique grâce à une pompe à vide, une pression est donc appliquée uniformément sur notre assemblage. On laisse sécher la résine durant une nuit et le ski est presque terminé.

    Une fois bien séché, on peut retirer le ski du moule. Il ne reste plus qu’à découper l’excès de bois et de fibre de verre sur le contour du ski, puis, procéder à un petit sablage, installer une paire de fixations et attendre (im)patiemment la prochaine bordée de neige! J’ai d’ailleurs testé mes propres skis en piste… un super sentiment de plaisir et d’accomplissement!

    Pour ceux qui seraient intéressés à se lancer dans la fabrication de skis artisanaux, retenez qu’il en coûte moins de 200$ pour le matériel nécessaire à la confection, et que j’y ai mis environ 50 heures. Voici quelques sites internet qui peuvent vous aider:

    – www.skibuilders.com (en anglais) qui explique en détails les diverses étapes de fabrication et indique où se procurer les divers matériaux (qui sont difficilement trouvables au Québec, malheureusement)
    – Freeman Supply, pour la fibre de verre et la résine
    – Blank Slate Skis, pour d’autres matériaux

    Visage du ski: Isabelle Émond

    Avoir une passion, ça peut nous mener loin dans notre développement personnel. Parvenir à vivre de cette passion, ça peut nous amener un épanouissement professionnel, et ça contribue au développement de ceux qui nous entourent! C’est ce que vit quotidiennement Isabelle Émond, dont le titre officiel en dit « long »: Directrice école, boutique, atelier et location pour le Mont SUTTON. Son nom vous est familier? Vous avez sûrement été touché par son énergie contagieuse! Portrait de cette petite dynamo, avec qui le courant ne peut que passer.

    À l’instar d’Obélix, Isabelle n’est pas « tombée dans la potion magique quand elle était petite ». Elle n’a en effet commencé à skier qu’à l’âge de onze ans, ce qui peut paraitre tardif comme apprentissage pour bien des skieurs. Sa famille n’étant pas très sportive, le premier contact avec les sports de glisse a eu lieu par le biais d’une « école itinérante » de ski et le coup de foudre a été immédiat. Tous les samedis matin de l’hiver, Isabelle et ses parents se levaient aux petites heures pour qu’elle puisse prendre l’autobus de Chateauski, qui organisait des excursions un peu comme l’Express-Ski le fait aujourd’hui. La toute première journée de ski d’Isabelle a eu lieu… à Jay Peak! Les années passant, Isabelle s’est découvert des talents de monitrice ainsi qu’une féroce envie de progresser dans le cursus des instructeurs de ski: à 19 ans, elle était déjà détentrice d’un niveau 3, qu’elle conserve encore à ce jour. Elle a de plus en poche un niveau 2 de la FESC.

    Du sirop d’érable aux kiwis

    Pour Isabelle, la « ligne » était tracée… avec plein de virages! Elle savait cependant très tôt qu’elle ferait carrière dans le monde du ski. Après avoir fait ses premières armes à Vallée Bleue et à Ski Bromont sous la supervision de Christian Charette, la skieuse est allée découvrir la Nouvelle-Zélande à 24 ans, poursuivant sa quête de l’hiver. Entre 1999 et 2004, Isabelle faisait la navette automne et printemps afin de continuer à occuper son poste de directrice adjointe de l’école de glisse durant notre hiver à Ski Bromont! Puis, à la fin de la saison, elle reprenait l’avion pour se replonger dans l’hiver néozélandais. Imaginez un peu… cinq ans d’hiver permanent. Faut aimer les flocons!

    Durant ses deux premières années en Nouvelle-Zélande, elle a enseigné le ski, pour ensuite passer de l’autre côté du comptoir et devenir gérante d’un magasin de sports alpins, qui comptait également un centre de location et un atelier. Au bout de trois ans à ce poste, la bougeotte la reprend, et l’occasion fait le larron: Salomon l’embauche en tant que représentante. L’ascension se poursuit, et au moment où Isabelle prend la décision de rentrer au Québec en août 2008, elle était directrice des produits alpins chez Atomic-Conformable-Montana (Brandex).

    Le retour à la maison

    Celle qui a appris l’anglais avec le plus bel accent kiwi a murement réfléchi son retour au Québec. Au moment où le Mont SUTTON était à la recherche d’une tête qui pourrait redonner un souffle à l’école de glisse, Isabelle était bien établie en Nouvelle-Zélande. Les entretiens d’embauche se sont donc faits par Skype, avec 16 heures de décalage horaire. Isabelle devait se lever aux petites heures de la nuit, enfiler une chemise par-dessus son pyjama, et répondre aux questions de gestion tout en se faisant cuisiner outre-mer! Forte de son expérience acquise jusque là, elle se souvient toutefois que les meilleures bases qu’elle ait acquises viennent de son apprentissage avec Christian Charette: rigueur, méthodologie, techniques de suivi, organisation, planification, ressources humaines… sans cet enseignement, Isabelle admet qu’elle n’aurait probablement pas osé relever le défi!

    Et parlons-en, du défi… En poste depuis tout juste cinq ans, Isabelle a abattu plus de boulot qu’il semble humainement possible: reprendre le contrôle d’une école de glisse (qui était en sous-traitance jusqu’à ce moment), travailler à uniformiser l’offre de services, de même que la cohésion entre les départements conjointement avec la direction de la station afin de faciliter le recrutement et l’embauche, le tout dans l’objectif de créer une véritable « équipe » avec un sentiment d’appartenance. Le roulement, ce n’est pas toujours bon pour l’esprit d’équipe! Aujourd’hui, l’école de glisse du Mont SUTTON compte 130 moniteurs, et Isabelle projette augmenter ce nombre de 15 d’ici deux ans. Mais le défi n’allait pas se limiter à l’école de glisse… car la direction de la station avait une idée en tête pour exploiter les talents et l’expérience d’Isabelle: qui de mieux placé qu’elle pour reprendre la direction de la nouvelle boutique, de l’atelier et de la location? La jolie boutique concept Rossignol ainsi que le nouvel atelier et centre de location que vous aurez l’occasion de visiter cet hiver sont donc les fruits du travail acharné d’Isabelle Émond et de toute une équipe coordonnée avec brio.

    Sa vision

    Lorsqu’on la questionne sur les plus grandes difficultés qu’elle a rencontrées, Isabelle répond avec humour « Finir la peinture à temps! », puis se reprend: « Il n’y a pas de grands défis car il y a toujours une solution à tout. Mais d’avoir à gérer les fluctuations de la météo qui provoquent des périodes de grand achalandage suivi de grands creux, c’est probablement le plus difficile. Ça amène aussi des réflexions concernant la gestion et la coordination de la centaine d’employés car on se doit d’offrir un service excellent pendant quatre mois très intenses… » Service excellent? La preuve a été faite… deux fois plutôt qu’une. D’abord en juin 2011, après moins de trois ans à son poste, Isabelle reçoit le prix d’excellence de l’ASSQ pour le développement des nouveaux skieurs. Et en juin dernier, elle récolte le prix d’excellence « Gestionnaire de la relève ». Modeste, Isabelle accepte les prix avec une surprise aucunement fausse… et utilise les reconnaissances publiques comme tremplin pour se projeter encore plus loin.

    Ce qu’elle aime le plus de son travail? La diversité des tâches, la possibilité de s’accomplir dans un environnement stimulant, et la super équipe qui l’entoure. Sa priorité, une bonne communication entre les gestionnaires et les moniteurs, est palpable au quotidien. En tant que directrice à plusieurs chapeaux, elle tient à transmettre l’importance d’une vision diversifiée, d’une adaptation et d’une écoute de la clientèle. Son seul regret est de voir un recul global de l’industrie du ski face à d’autres loisirs comme les parcs aquatiques et les parcs d’attraction: le vieillissement des infrastructures causé par le manque de ressources et les dépenses relatives aux mises à jour et au renouvellement des équipements des stations de ski doit absolument être enrayé pour garder le ski alpin en santé. Message aux décideurs: invitez Mme Émond à votre table, elle en a long à dire!

    L’hiver 2013-2014 sera particulier pour Isabelle, qui devra gérer une différente forme de relève… un nouvel objectif s’ajoute à sa liste, puisque la quête de l’équilibre travail-famille fera partie des enjeux des prochaines années! C’est une « mauvaise » nouvelle pour ses collègues, qui auront à tenir le fort en l’absence de leur directrice… mais c’est une bonne nouvelle pour nous tous: un futur skieur (ou une future skieuse) verra le jour en mars prochain! Vive la relève!

    Le jour où j’ai appris à skier: merci Iniski!

    Photo Jacques Boissinot

    À l’âge de 16 ans, j’ai décidé d’apprendre le ski alpin. Mon père, passionné depuis son enfance, n’a été que trop heureux de pouvoir enfin partager cette passion avec moi. Nous avons donc profité d’une journée où j’ai pu l’accompagner alors qu’il travaillait à prendre des photos d’une Coupe du monde de ski au Mont-Sainte-Anne, mon père m’a même offert ma première leçon à l’école de glisse: un Iniski. 

    Le programme Iniski est une initiative du Conseil canadien du ski. Il a pour but d’initier des gens de tous âges au ski ou à la planche à neige en leur offrant des cours tout inclus à des prix plus qu’abordables. Offert un peu partout au Canada, il a été développé pour créer une relève. Iniski et Inisurf (planche à neige) s’adressent autant aux débutants qu’aux personnes qui n’ont pas pratiqué ce sport depuis plusieurs années. La plupart des forfaits incluent le billet de remontée, une leçon de groupe, ainsi que la location d’équipement. Au Québec, il en coûte en moyenne 50 $ à 60 $ selon les stations pour un iniski. Le site SkiCanada.org répertorie les stations participantes partout au Canada.

    Mon expérience

    Le jour prévu, nous sommes arrivés sur place à 8 h. Je portais mon manteau de ville, une vieille paire de pantalons de neige, une tuque, un large foulard et de vieilles mitaines usées. Mon père m’avait prêté son ancien casque ainsi qu’une vieille paire de lunettes de skis. J’ai dû fouiller longtemps pour compléter mon ensemble un peu disparate! Nous nous sommes présentés au comptoir de l’école de glisse pour réserver un cours. Le coût de l’iniski incluait l’accès aux pentes-écoles, un cours de deux heures avec un professeur expérimenté, ainsi que la location de tout l’équipement nécessaire. On m’a prêté des bottes, des skis et des bâtons, que je me suis empressée d’enfiler. Si je n’avais pas déjà eu un casque et des lunettes, l’école de glisse aurait complété mon ensemble! À 8 h 30, j’étais toute équipée et dehors, prête à entamer mon cours qui ne commençait qu’à 10h. Qui ça, impatiente? Nerveuse un peu, aussi…

    Après une longue attente, mon instructeur vient à ma rencontre. C’était un vieux routier qui avait de toute évidence enseigné les bases à bien d’autres skieurs avant moi. Nous nous sommes rendus à la pente-école et avons monté le tapis magique. J’ai alors senti pour la première fois la sensation extraordinaire de glisser sur la neige. Après deux ou trois descentes de la piste qui peut à peine être qualifiée de pente, nous sommes passés au niveau supérieur : la piste débutante. Le défi augmentait! En 2006, le tapis magique n’était pas encore installé pour la piste plus avancée, nous devions emprunter un Poma lift. Il m’a fallu quelques remontées avant de comprendre qu’il ne fallait pas s’assoir, mais rester bien droite, debout sur les skis. Inutile de dire que mon derrière se souviendra de ces chutes… 

    at the World Junior Alpine Championship Tuesday, March 7, 2006 at Mont-Sainte-Anne in Beaupre Que.. (CP PHOTO/Jacques Boissinot)

    L’instructeur m’a alors appris la technique du chasse-neige, ainsi que comment bien effectuer un virage. Il m’a également expliqué l’équilibre en ski. Je n’étais pas une grande sportive et de toute ma vie, je m’étais bien peu intéressée aux sports en général, et surtout pas aux sports d’équipe enseignés en éducation physique! Cependant, j’ai la chance de pratiquer l’équitation depuis mon enfance. À ma surprise, mes antécédents m’ont donné un léger avantage pour mes premières sorties en ski : je possédais un excellent équilibre gauche/droit. Le moniteur n’a donc pas eu à m’expliquer longtemps comment changer mon équilibre pour mieux effectuer mes virages. Il m’a alors retiré mes bâtons et m’a fait prendre une perche pour m’aider à mieux sentir le changement d’équilibre dans les virages. Vers la fin du cours, mon père est venu voir mes progrès. Il est resté à l’écart et en a profité pour prendre des photos. À ce moment, un sourire était imprimé sur mon visage, fière de mon accomplissement. Après mon cours, on m’a offert de garder mon équipement et de continuer à skier, mais j’en avais eu assez… Mes pieds et mes jambes peu entrainées avaient assez donné!

    Ma progression

    Mon deuxième iniski a eu lieu la saison suivante. Comme je n’ai commencé le ski qu’à la fin de la saison, je n’avais pas eu d’autres occasions de revenir avant le mois de décembre 2006. J’étais impatiente de revivre mon expérience! Cette fois-ci, le prix de l’iniski comprenait un billet de remontée donnant accès à la montagne en entier. Ma monitrice était alors une jeune femme dans la vingtaine. Nous avons commencé sur la pente débutante, puis nous sommes rapidement montées au sommet. J’avais choisi une journée magnifique; il neigeait à plein ciel et les pentes étaient recouvertes de belle poudreuse. Pour un débutant, il est difficile de skier dans ces conditions. Je tombais régulièrement, mais la belle neige absorbait tout choc et je ne faisais que rire de mes chutes. La partie la plus difficile était de se relever mais la monitrice m’a appris plusieurs techniques qui m’ont été très utiles depuis. 

    Cette fois-ci, j’ai continué à skier après mon cours. J’ai effectué plusieurs descentes avec mon père et je lui ai demandé d’autres sorties pendant l’hiver. Pour Noël, il m’a offert un habit de neige plus adapté, des mitaines neuves, des lunettes de ski et un casque, essentiel à ma sécurité. J’ai continué les cours de ski et je peux maintenant skier sur toutes les pistes de niveau intermédiaire sans problème! Je suis contente d’avoir commencé avec des iniskis, puisque j’ai ainsi appris toute la base du ski. Mon père aurait très bien pu me donner des cours… mais je crois qu’il est trop facile de répliquer à quelqu’un que l’on connait bien! Je ne regrette pas d’avoir commencé après mon enfance. Je trouve que j’ai évolué plus vite que je ne l’aurais fait enfant. Je continuerai les cours cet hiver et j’espère apprivoiser les pistes noires! Bonne saison!

    Coopérative: une option pour les stations de ski?

    Alors qu’une poignée de skieurs passionnés s’organisent pour assurer l’avenir du Mont Alta, plusieurs se demandent si le modèle coopératif prôné dans ce dossier est viable pour assurer la pérennité d’un centre de glisse. Pourtant, ce ne serait pas la première fois qu’une coopérative permet de sauver une station de ski d’une faillite ou d’une fermeture. Regard sur un modèle d’affaires qui pourrait être appelé à prendre de plus en plus de place dans l’industrie du ski québécoise.

    Qu’est-ce qu’une coopérative?

    Définissons d’abord ce qu’est une coopérative : il s’agit « d’un regroupement de personnes qui s’unissent pour répondre elles-mêmes à leurs besoins au meilleur coût possible, au moyen d’une entreprise collective où le pouvoir s’exerce par les membres » (source : www.desjardins.com). Certains y voient un modèle d’affaires basé sur l’idéal démocratique, prônant des valeurs comme l’égalité des personnes, la solidarité et l’autonomie, alors que d’autres y voient une barrière aux profits et à l’enrichissement individuel.

    De fait, la rentabilité d’une coopérative n’est pas une fin, mais un moyen permettant d’atteindre son véritable objectif, soit de toujours mieux servir les intérêts de ses membres. Dans le cas d’une coop visant la relance d’un centre de ski, il suffit d’avoir les fonds nécessaires pour, d’une part, acheter la propriété et, d’autre part, opérer la station afin que ses membres – et toute autre personne le désirant – puissent jouir des infrastructures de la montagne pour pratiquer leur sport de prédilection.

    À la différence des entreprises qui adhèrent au modèle capitaliste, les coopératives ne sont pas seulement tournées vers le profit; le capital est utilisé pour rentabiliser les activités et l’excédent, s’il y en a, est réinvesti dans l’offre de produits ou de services selon la volonté de ses membres. Au final, le modèle coopératif vise à enrichir les produits ou services offerts et non les membres.

    Un modèle viable dans l’industrie du ski?

    Le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (NDLR : qui a été aboli par le gouvernement péquiste après l’élection de septembre 2012 et dont le mandat a été scindé entre plusieurs ministères) a démontré, dans une étude publiée en 2008, que les coopératives sont deux fois plus durables dans le temps que les entreprises adhérant au modèle capitaliste et qu’elles sont aussi plus aptes à affronter les crises.

    Mais le modèle coopératif est-il viable dans une industrie reconnue difficile pour les investisseurs? Selon Sylvain Audet, qui dirige sa propre firme spécialisée en récréotourisme au Québec, il faut deux conditions pour espérer réussir la mise sur pied d’une coopérative (ou d’un OBNL) et la rendre viable dans le contexte actuel : d’une part, la mobilisation du milieu (usagers, entreprises, municipalités), qui peut fortement contribuer à l’achat du terrain et des infrastructures, et d’autre part, une mise de fonds importante pour assurer le fonctionnement  (c.-à-d. un fonds de roulement de départ) de la station. « Dans le contexte financier d’aujourd’hui, une coopérative sera viable à partir du moment où elle n’a pas de dettes et pourvu qu’elle puisse mettre de l’argent sur la table dès le départ pour assurer une partie des coûts d’opération. À partir de là, les banques seront plus enclines à offrir une marge de crédit pour permettre à la coop d’assurer le fonctionnement de la station de ski », explique M. Audet, qui cite l’exemple récent de la coopérative de solidarité formée pour sauver le Mont Orignal.

    Outre cette dernière, il existe actuellement trois autres coops qui opèrent des centres de ski au Québec : la coopérative de solidarité du Mont Lac Vert, la coopérative de travail du Mont Victor-Tremblay (Le Valinouët) et la coopérative de solidarité récréotouristique du Mont Adstock.

    Le cas québécois du Mont Orignal

    L’exemple récent du Mont Orignal, dans la région de Chaudière-Appalaches, montre que ce modèle peut s’appliquer avec succès dans l’industrie du ski. « Nous terminons notre première année avec un bilan fort positif, ce qui nous permet d’assurer les opérations de la montagne tout en pensant investir un peu dans la station », confirme la directrice générale de la station, Micheline Cloutier, qui annonçait la bonne nouvelle à ses membres lors de l’assemblée générale annuelle tenue au mois d’octobre 2013. Formée en juillet 2012, la coopérative de solidarité du Mont Orignal avait tout un défi à relever pour sauver cette station de ski chère aux résidents de la municipalité de Lac-Etchemin et des environs.

    Photo Sylvie Bretsy

    Il importait d’abord d’acquérir le terrain et les infrastructures au coût de 2 M$, montant demandé par l’ancien propriétaire de la station, Michel Biron. Pour rassembler l’argent, des démarches ont été effectuées auprès d’investisseurs potentiels de la région. Au total, 60 investisseurs ont acheté des parts privilégiées au montant de 12 500 $ chacune (plusieurs se sont procuré deux parts, contribuant ainsi à hauteur de 25 000 $), à quoi s’est ajouté un apport financier offert de différentes façons par plusieurs acteurs socioéconomiques de la région. Par exemple, la municipalité de Lac-Etchemin a acheté le chalet au coût de 400 000 $ afin d’en faire une bâtisse multifonctionnelle. Ces démarches ont permis à la coopérative de créer un fonds de 2,2 M $ pour acquérir les infrastructures, laissant même un léger surplus.

    Ensuite, il fallait évidemment assurer les opérations courantes (fabrication de neige artificielle, entretien et fonctionnement des remontées mécaniques, damage des pistes, cafétéria, etc.) pour la première année, dont le coût se situe à quelque 1,2 M$ annuellement. Si la majeure partie provient de la vente des abonnements saisonniers et des billets journaliers, de la location d’équipements et des revenus du restaurant et du bar, la coop du Mont Orignal a aussi pu compter, pour une mise de fonds initiale, sur des contributions de citoyens désirant participer à l’avenir de la station. Ces contributions, non récurrentes, permettent à ceux-ci d’acquérir le statut de « membres de soutien » moyennant une cotisation de base de 500 $ (50 parts sociales à 10 $ chacune).

    Quiconque désire devenir membre de soutien de la coopérative de solidarité du Mont Orignal peut d’ailleurs acheter des parts sociales en tout temps. De plus, les employés de la station peuvent devenir des « membres travailleurs », moyennant un déboursé de base de 50 $ (5 parts sociales à 10 $ chacun). « La contribution de nos employés leur permet de participer aux assemblées, de suivre l’évolution des dossiers et de prendre part aux décisions », précise Mme Cloutier, qui regarde l’avenir de la station de ski avec optimisme.

    Le cas de Mad River Glen au Vermont

    Au Vermont, le cas de Mad River Glen fait école. Fondée en 1995, la coopérative de Mad River Glen caresse une mission de préservation de l’expérience de ski ayant fait la réputation de la montagne depuis son ouverture en 1948. S’il est devenu possible, aujourd’hui, d’investir dans l’amélioration des infrastructures de la montagne, comme le reconditionnement du télésiège simple, le remplacement du Sunnyside Double ou la rénovation du Stark’s Nest, les premières années furent difficiles et nombreux étaient ceux qui prédisaient la fermeture de cette station de ski iconique.

    À l’époque, celle-ci était en vente au coût de 2 M$. « Quand nous avons mis sur pied la coopérative, Mad River Glen éprouvait de grosses difficultés, se rappelle Eric Friedman, directeur marketing. Les infrastructures étaient en mauvais états et les skieurs avaient fui la montagne. La plupart de ceux qui ont investi dans les débuts de la coop pensaient qu’ils jetaient littéralement leur argent dans les toilettes! » 

    Heureusement qu’il s’en trouve toujours des passionnés pour soutenir une montagne qu’ils portent dans leur cœur. « En trois ans, nous avons vendu assez de parts sociales pour payer la totalité du prêt hypothécaire qui, soulignons-le, nous a été offert sans intérêt. Donc, depuis les 15 dernières années, on peut dire qu’opérer Mad River Glen est rentable et nous avons pu investir dans la montagne », affirme M. Friedman en ajoutant : « Au début, la structure de la coopérative nous a apporté de nombreux défis. Nous devions constamment prouver nos capacités de gestion aux membres, dont certains voulaient s’ingérer jusque dans la décision de damer telle piste plutôt qu’une autre! »

    Soulignons qu’en septembre 2013, la coopérative de Mad River Glen comptait 1900 membres qui détiennent un total d’environ 2 200 parts sociales acquises au coût de 2 000 $ chacune. De plus, chaque membre doit payer 200 $ annuellement (le annual advance purchase requirement), un montant qui peut par la suite être déduit sur à peu près n’importe quel produit ou service offert à la montagne (abonnement de saison, école de ski, nourriture, etc.).

    Pour assurer ses opérations annuelles, Mad River Glen compte également sur la vente des abonnements de saison (40 % des skieurs de la montagne en détiennent un) et des Mad Cards (3 billets journaliers au coût total de 144 $). « Bon an mal an, nous avons déjà en poche les deux tiers de nos coûts d’opération avant le début de la saison. Durant les hivers neigeux, nous réussissons à amasser assez de capital pour réinvestir dans la station de ski », précise Eric Friedman.

    N’ayant plus aucune dette depuis 1998, la station peut se targuer d’avoir les reins solides, ce qui l’aide à passer au travers d’hivers difficiles comme celui qu’elle a connu en 2012-2013. En effet, ne comptant que sur l’enneigement naturel (sauf pour les deux canons à neige qui peuvent recouvrir la pente-école), Mad River Glen n’a pu ouvrir son domaine skiable sur une base régulière avant la mi-février. « Notre modèle d’affaires est très particulier, explique M. Friedman. À la différence des major resorts, nous n’avons pas à nous assurer de rentabiliser des hôtels, restaurants et autres infrastructures connexes à la montagne. Quand la neige n’est pas au rendez-vous et que les skieurs ne viennent pas, il devient beaucoup plus facile de réduire nos coûts au minimum et nous ne subissons pratiquement aucune perte. Et puis, nos skieurs aiment tellement skier Mad River Glen qu’ils finissent toujours par revenir en grand nombre lorsqu’une tempête se pointe à l’horizon! » 

    Mont Alta : le Mad River Glen des Laurentides?

    Si l’on exclut le dénivelé et la grosseur de la montagne, de même que le contexte financier des années 2010 qui est bien différent, le cas du Mont Alta dans les Laurentides rencontre plusieurs similarités avec Mad River Glen : skieurs passionnés qui se lancent dans l’aventure coopérative, type d’expérience offerte, enneigement naturel, volonté de conservation de l’authenticité de l’endroit et modèle basé sur l’opération du centre de ski et non sur le bling-bling qui l’entoure. Ainsi, d’ici peu, une nouvelle coopérative de ski verra le jour pour sauver le Mont Alta. Il s’agit là d’un autre cas qui pourrait bien prouver que l’avenir de l’industrie du ski au Québec passe aussi par le modèle coopératif.

    Dépaysement total, ski austral: Charlotte Pass

    Station pionnière en Australie

    Il s’agit de mon second séjour dans la région, et j’ai souhaité particulièrement visiter la station de Charlotte Pass, une montagne isolée au bout d’une route de col où l’on skie depuis 1938 ! Charlotte Pass est connue pour son isolement, son caractère très familial, et sa clientèle passionnée de montagne. Concrètement, pour se rendre à Charlotte Pass, il faut se garer à Perisher Valley, avoir réservé une place à l’avance, et effectuer un voyage en véhicule type dameuse.

    Toute cette organisation est explicable par le fait qu’il n’y a pas de route ouverte l’hiver, car le parc national est laissé en mode hivernage, et rien n’est déneigé à partir de la mi-mai ! Ainsi « Dame nature » recouvre d’un manteau blanc de neige toute la vallée. La station, qui organise des navettes à différentes heures de la journée, reste ainsi un « club privé » loin des foules de skieurs que l’on retrouve dans les stations plus populaires.

    Pour exemple :  le nombre maximal de passager, en fonction des types de véhicules, est entre 15 et 19 personnes. Autant vous dire, qu’avec en moyenne un ou deux transport par heures, il y’a peu de monde à skier les pentes de Charlotte Pass, et ce, même les fins de semaines.

    En arrivant au stationnement, j’ai découvert que la majorité des visiteurs passent au moins une nuit sur place, soit à l’hôtel Kosciusko, soit dans les différents condos que gère le centre de ski. Ainsi, bon nombre de personnes voyagent bien chargées. Il est bien sûr possible de faire l’aller/retour la même journée. En tout, il y a un peu plus de 8 kilomètres à parcourir entre Perisher Valley -fin de la route l’hiver, et parking obligatoire pour tous- et Charlotte Pass. Le trajet en véhicule de neige, un peu cahoteux dans un paysage blanc et laissé 100% naturel, dure environ 30 minutes. Une fois rendu à destination, le directeur de la station nous accueille, de manière très amicale, pour une présentation rapide de la station ; puis place au SKI!

    Pour mon choix de déplacements, j’avais réservé la navette de 8h45, ce qui m’a permis de découvrir le domaine skiable peu de temps après son ouverture matinale. Charlotte Pass est équipée de 4 remontées mécaniques, qui permettent de skier sur une vingtaine de pistes assez simple, d’un dénivelé maximal de 210 mètres. Peu de défis mais un paysage magnifique aux pieds du sommet continental de l’Australie et une végétation très dépaysante. Ici, la clientèle est majoritairement familiale, avec des personnes souhaitant apprendre à glisser.

    Pour les skieurs souhaitant s’aventurer dans les grands espaces, Charlotte Pass est le point de départ vers le Mont Kosciusko. Cela nécessite simplement d’être autonome et si possible de connaitre un peu la région -ou bien sûr d’être guidé. À vue de pif, en terme de ski de randonnée, la région doit être vraiment agréable et splendide. Ceci n’est pas mon cas : je parcours l’ensemble des pistes, avec un faible pour la zone accessible depuis le téléski débrayable Poma Guthries, l’un des uniques appareils de ce type en service en Océanie.

    L’autre secteur agréable se trouve à partir du télésiège Kosciusko, offrant plusieurs descentes qui ramènent toutes vers le village. Le « plus » du domaine skiable, expliqué lors du briefing d’arrivée: on y trouve un petit « café des pistes », caché au niveau de la gare intermédiaire du télésiège. Un stop « capuccino » de 10h s’impose ! Au menu: soleil, terrasse, petite chaleur, blagues avec les patrouilleurs à propos de mon monoski qui fut la petite attraction du jour. Franchement, l’esprit petit club de Charlotte Pass ne laisse pas indifférent.

    Au niveau neige : j’ai eu la chance d’arriver pendant une semaine de grand soleil et de redoux, avec un pic à 15°C. Résultat, une neige printanière, mais en quantité largement suffisante. Dans ces conditions, dès 11 heures, les pistes se transforment et on voit apparaitre de nombreux petits tas de neige. Avec ma planche large, je passe sans problème et en vitesse. J’ai même fait quelques descentes, trop courtes à mon gout, dans les sous-bois composés d’arbres épineux de petites tailles. C’était à ravir.

    En visite de découverte, le temps passe vite! Après un lunch confortable à l’hôtel Kosciusko, où l’on retrouve des traces de la longue histoire du centre de ski, c’est avec la satisfaction d’une bonne journée de faite que je prends la dameuse du retour. Ma visite à Charlotte Pass se résume à un beau dimanche de ski de printemps, fait à la fin août!

    Dépaysement total, ski austral: Perisher Blue et Thredbo

    Perisher : le plus grand domaine skiable d’Australie

    Perisher Blue est sans conteste le plus grand domaine skiable d’Australie. La station est en fait le regroupement de plusieurs petites montagnes, soient Perisher, Blue Cow, Guthega et Smiggin Holes, qui au fil du temps se sont associées ou bien ont été rachetées afin de former un vaste domaine, tel qu’on en voit généralement en Europe. De ce vaste ensemble on dénombre 47 remontées mécaniques, plus un métro nommé le « Ski-Tube » et géré directement par la station !

    Très atypique, ce métro comporte deux lignes. La première permet aux visiteurs de stationner leur auto à quelques kilomètres de la ville de Jendabyne : ce qui évite une route de plus de 45 minutes à travers la montagne. La station centrale est située à Perisher Valley, cœur du domaine skiable. De là part l’autre ligne de métro, qui permet de rejoindre Blue Cow, deuxième secteur d’importance, au centre du domaine skiable. Cette ligne de train souterraine permet d’assurer un transport fiable, été comme hiver, quelles que soient les conditions climatiques.

    Perisher Blue est également équipé de l’unique chaise débrayable 8 places de l’hémisphère sud. Installé face au chalet principal de Perisher, sur la zone débutante, le « Village Eight Express » génère un débit de 4000 personnes par heure et ce dans un secteur de la montagne où le besoin est le plus important. En effet, la grande majorité des Australiens sont généralement novices en ski alpin.

    Du fait que le domaine skiable est un assemblage de différentes montagnes, on retrouve des pistes pentues sur chaque secteur de skis, et principalement sur les versants du Mt Perisher et du Mt Blue Cow. Un peu partout on profite d’une belle glisse à travers une végétation composée de nombreux arbres eucalyptus, hauts d’environ un mètre cinquante. Même si les défis ne sont pas nombreux, on a plaisir à passer d’une vallée à l’autre, d’un versant à l’autre. Une vraie découverte au milieu du parc national Kosciusko dans une nature très dépaysante. Il m’a fallu deux jours pour parcourir toutes les pistes et toutes les remontées mécaniques de Perisher. Et deux autres jours pour revenir sur les secteurs que j’affectionnais, pour découvrir les différents café-restaurants d’altitude. Mon objectif : trouver un « kangourou chaud » à engloutir…

    Thredbo 

    Thredbo est la deuxième plus grande station de ski de l’état du New South Wales. Installée à proximité de la ville de Jendabyne, cette station fait également partie du parc national de Kosciusko. Thredbo est réputée pour être l’un des meilleurs domaines skiables d’Australie. On y trouve 70 kilomètres de pistes, 12 remontées mécaniques dont 3 chaises débrayables, la station possède même l’appareil installé le plus haut en altitude de toute l’Australie. Pour terminer, Thredbo détient le record national de dénivelé, avec 670 mètres ! La plupart des pistes sont de niveau intermédiaire, mais on y trouve également de belles pistes classées difficiles ou très difficiles, chose plutôt rare en Australie.

    Le seul défaut que j’ai pu observer à Thredbo est que la station est la moins choyée en terme de neige naturelle pour toute la région. Ainsi, lors des mauvais hivers, ou des mauvaises semaines, la partie vraiment ouverte aux skieurs est rapidement restreinte et on se retrouve dans les pistes pour débutants. De plus, il y a très peu d’enneigement artificiel dans cette station, ce qui accentue un peu l’effet du manque de neige lorsque celui-ci se fait sentir… Anecdote sur le climat de la région : un jour, au réveil, j’ai constaté que ma voiture avait été arrosée par une pluie pas très propre… Après sondage auprès des locaux, j’ai appris qu’il s’agissait d’une pluie gorgée de sable en provenance des déserts de l’intérieur de cette île-continent! Rien d’anormale pour eux, mais une fois en montagne, cela donne une piste un peu rougeâtre, couleur « terre battue » comme j’aime lors de mes parties de tennis ! Malheureusement, pour la glisse, vous devinerez que c’est un peu antidérapant. Mais ça fait des souvenirs…

    En somme, malgré deux séjours dans cette station, je n’ai pas encore pu découvrir la fameuse Funnel qui est la plus longue piste d’Australie, ni skier à travers les pistes noires du télésiège Ramshead ! Et c’est bien dommage car la zone skiable se limite aux zones des sommets, au-dessus des bois, où l’on trouve des zones assez faciles, l’idéal pour l’apprentissage et également pour les fans des parcs à neige. Bon, même quand la neige blanche manque, mais je relativise en ne disant que tout ceci se passe à la première semaine de septembre, que je suis en ski et que donc tout va bien !

    La revanche des skieurs du dimanche

    Lors de ma tendre enfance à St-Albert-de-Warwick, j’apercevais au loin une montagne avec des lignes sinueuses qui devenaient blanches en hiver. J’étais curieux et je me demandais bien de quoi il s’agissait. “C’est une montagne de ski, et ça coûte cher d’y aller!”, m’a un jour répondu ma mère, caissière à temps partiel et mère monoparentale. J’étais déçu, car j’aurais bien aimé aller y faire un tour, juste pour voir…

    C’est à l’âge de 9 ans dans le cadre d’une sortie scolaire au Mont Gleason que j’ai enfin eu la chance d’aller toucher à ces lignes blanches qui m’avaient tant fasciné. À partir de ce moment et pendant une vingtaine d’années, j’ai été ce qu’il convient d’appeler un skieur du dimanche. En raison des études, du travail et du manque de moyens, je skiais entre 1 et 5 fois par année et je crois même avoir sauté quelques hivers… l’assiduité, ce n’est pas donné!

    Comme je ne fréquentais pas si souvent les pistes, mes vêtements et mon équipement n’étaient pas toujours très bien agencés. Pour économiser sur les frais de location, j’ai acheté une horrible paire de bottes de ski bleues de marque inconnue (lire ici effacée par l’usure!) au “recyclo vesto”, un genre de Village des Valeurs un peu pire. Par la suite, recherchant à la fois l’économie et la facilité, j’ai déniché une paire de mini-skis rouges, en vente finale. Comme je tournais en donnant des coups de fesses, autant vous dire que mon style était tout sauf gracieux! Mais qu’à cela ne tienne, le plaisir de la glisse était présent à chacune de mes (trop peu nombreuses) sorties.

    Un jour de l’hiver 2008, je skiais au Relais le lendemain d’une grosse tempête. Il y avait beaucoup de skieurs, tous fous de joie en raison de la belle poudreuse qui recouvrait les pistes. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je n’avais jamais connu de journée de vraie poudreuse. Assis dans le télésiège, fébrile, j’avais hâte d’être rendu en haut de la montagne et de m’élancer dans une piste. J’avais tellement entendu parler de ces journées magiques! Ça allait certainement être la plus belle sortie de ski de ma vie!

    À peine sorti du débarcadère, je me lance! J’y vais!! Yahouuu!!! Yé!!! …Et BANG!!! Je pique du nez, je tombe, je me relève, je reste pris, je me bats contre la neige, je m’essouffle… si bien qu’après seulement 4 ou 5 descentes, je suis tellement découragé que je quitte la station. C’est à ce moment précis que j’ai décidé de prendre mon ski en main! Quelques semaines plus tard, je me suis acheté un bon équipement  (exit les mini-skis!) et l’année suivante, je prenais des leçons de ski.

    Graduellement, j’ai pu augmenter la fréquence de mes sorties. Ce n’est pas toujours facile de trouver l’équilibre et de le garder, tant sur les pistes que dans la régularité de la pratique! Pas assez de jours de ski, et on régresse. Trop de jours de ski… le budget ne le permet pas. Vous devinez donc que ces skieurs et planchistes occasionnels dont j’ai longtemps fait partie ont des besoins spécifiques. Mais quels sont-ils réellement?

    Cette tranche de la population de skieurs est, à mon humble avis, trop souvent oubliée des décideurs, qu’il soit question de marketing ou de développement de produits et services. On s’adressera toujours en premier à une clientèle d’habitués, les fameux convertis à qui on n’a pas vraiment besoin de prêcher, puis à une clientèle de débutants, de non-initiés, qu’on cherche à appeler avec l’attrait du nouveau. Mais les skieurs occasionnels, eux? Ils sont déjà gagnés par l’envie de la glisse, ils sont déjà convaincus, mais ne se sentent aucunement «sollicités» par les différents messages que les stations de ski envoient. Et croyez-moi, ils sont bien plus nombreux qu’on ne le pense!

    Notez bien que tout ce que j’écris ici n’a rien de scientifique! Il suffit de regarder un peu autour de nous, et d’analyser… Dépendant de divers facteurs tels l’âge, les moyens financiers, le lieu de résidence et le niveau d’habileté, les besoins de chaque skieur varient -gageons que je ne vous apprends rien! Voici cependant quelques facteurs qui feront qu’un skieur occasionnel aura une bonne expérience de glisse, et aura envie de remettre ça plus souvent!

    1- Des bons prix. Tout le monde cherche des bons prix, me direz-vous… Certes. Mais les skieurs ne skiant pas assez souvent pour rentabiliser les cartes et forfaits offerts et encore moins une passe de saison, doivent payer le plein tarif, à moins d’être ultra renseignés! (Voir prochain point) S’il faut en plus ajouter le déplacement, la location d’équipement et le repas, on dépasse rapidement 100$ par jour de ski dans une station de taille moyenne située à une heure de voiture du domicile, ce qui est considérable. Les spéciaux visant les skieurs occasionnels sont rares et c’est bien dommage.

    2- Une communication adéquate. Lorsque l’on parle avec les gestionnaires de stations de ski, tous s’entendent pour nous dire (chiffres à l’appui) que 90% des ventes de billets journaliers ne se font pas au plein prix. Cartes étudiantes, Air Miles, rabais CAA, rabais du mardi soir, deux pour 1 le mercredi et que sais-je encore… Oui, bravo! Toutes ces initiatives sont effectivement à applaudir. Mais le skieur occasionnel les connait-elles? Si certains des skieurs paient le plein tarif sans s’objecter, tous seront ravis de pouvoir économiser un 10% ici et là! Les préposés aux billetteries gagneraient un client encore plus souriant, et les stations gagneraient un skieur qui reviendrait plus souvent… un skieur averti est un skieur qui convertit! Ne sous-estimez pas le pouvoir de l’effet d’entrainement…

    3- Une meilleure attitude de la part des autres:

    a) Patience et respect en piste! Pour l’avoir vécu lors de presque chacune de mes sorties, il n’y a rien de plus désagréable que de se faire frôler par un skieur ou planchiste descendant à toute vitesse. Sans compter l’impatience dans les files d’attente lorsqu’on oublie de retirer une dragonne, ou qu’on enfile un ski du mauvais côté d’un poteau délimitateur… Mesdames et messieurs, un peu de retenue, s’il-vous-plaît!

    b) Pas de snobisme! Il arrive parfois que des skieurs fréquents ou des employés adoptent une attitude condescendante à l’égard des skieurs moins bien équipés, moins bien habillés ou moins habiles. C’est très dommage car en plus de démontrer un manque de savoir-vivre, cette façon d’agir nuit au maintien de la clientèle des stations, et par le fait même à la survie de celles-ci. Comme le dit l’adage : si le chapeau vous fait, mettez-le, et par la même occasion, prière de baisser un peu le menton…

    4- Une plus grande présence du ski loisir dans les médias d’information et de divertissement. Les revues et les reportages télévisés montrant des planchistes professionnels ridant des bols très inclinés en Colombie-Britannique, une aventure en héli-ski en Norvège ou une compétition de bosses à Tremblant, tout cela nous fait rêver et c’est bien ainsi. Mais peut-être en faudrait-il aussi un peu plus qui informent et fassent la promotion des sports de glisse tels que pratiqués par la majorité de la clientèle? Question de donner encore plus le goût! (Notez bien que je n’inclus pas ici mon média internet préféré, ZoneSki.com, car je m’y retrouve totalement!)

    Allez, bon ski ! …et n’oubliez pas que la neige, ça se partage !

    Union Productions dans la cour des grands

    À une époque où les GoPro pullulent et où les derniers téléphones intelligent sont équipés de lentilles pouvant filmer en 4K, se démarquer dans le monde de la production vidéo constitue un défi majeur. Si en plus on se concentre sur une niche particulière, bien entendu je pense au monde du ski, alors là, faites jouer le thème de Mission Impossible! C’est pourtant l’objectif qu’une poignée de gamins s’est fixé il y a quelques années déjà. Et ne vous méprenez pas, le nom «gamin» n’est pas péjoratif: les p’tits gars n’ont pas encore tous quitté l’adolescence! Portrait d’une bande de mineurs qui joue dans les ligues majeures.

    Je dois avouer que j’étais franchement intriguée avant de réaliser l’entrevue avec Olivier Désy, l’un des trois producteurs actif au sein d’Union Productions. Mes recherches m’avaient fourni quelques informations qui me portaient à croire que les jeunes en question n’avaient pas encore reçu leur D.E.S. -au régulier! Je lance donc à Olivier, en blaguant: «Oui mais… avez-vous tous l’âge de boire!?», à quoi le jeune homme me répond, après un éclat de rire: «Euh, non! Notre plus jeune rider a 16 ans!» Ce que je suis en train de vous dire, c’est qu’une équipe de jeunes âgés entre 16 et 23 ans s’apprête à sérieusement casser la baraque en tant qu’équipe de production de film de freeski, «Made In Quebec». Et ils n’en sont pas à leur première séquence…

    Celui qui m’accordait l’entrevue, Olivier, vient tout juste d’entamer son CÉGEP. Son objectif? Pas le cinéma… mais bien les HEC. En voilà un qui a les deux pieds bien au sol, même s’il affectionne les manoeuvres de big air! Mais quand même, ce que les gars de Union Productions ont vécu cette année, ce n’est pas rien: non seulement leur film Parallele a été retenu dans la sélection du IF3, catégorie «Amateur» (ce qui, en anglais, n’est que l’opposé de «Pro» en terme de budget), mais en plus, Olivier peut maintenant se vanter d’avoir été le plus jeune producteur à avoir eu un film présenté au IF3. La tête dans les nuages? Le temps de faire la fête, oui, mais «les vraies affaires», le cadet Désy s’y connait. Car son frère ainé, Raphael, est également producteur. Pour équilibrer le tout, et arbitrer les chicanes de famille («Non-non on est super sérieux!»), Maxime Trudel complète le trio derrière la caméra.

    C’est bien beau avoir des kid-kodak, mais si personne n’est prêt à faire de folies devant une caméra, on ne va pas bien loin. C’est là que nos caméramans peuvent compter sur la présence inconditionnelle de trois skieurs principaux, ainsi que de quelques autres riders en renfort. J’insiste sur le terme «inconditionnelle»: même avec un bras cassé, Aliocha Mahaut apprend des nouvelles figures et donne temps, énergie, sueur et sang pour les meilleures prises vidéo. Anthony Germain et Sébastien Chartrand ne sont pas en reste: rails, big air, scènes urbaines, tout y passe. Retenez leurs noms… vous les reverrez sûrement plus tard, probablement stylisés à l’anglaise!

    Vous êtes sûrement aussi emballés que moi à ce stade-ci. Des jeunes, qui font du beau ski, de la belle vidéo, c’est fantastique, vive la relève! Oui, vive la relève. Mais cette relève, elle n’y arriverait pas sans l’aide précieuse (et trop souvent rare) de certains visionnaires. Vous aurez deviné que la production d’un film de freeski ne se fait pas sans casser quelques… oeufs. Conscient de leurs limitations et du besoin de support, Olivier frappe à quelques portes stratégiquement choisies, dont celle de Luc «Skypowder», à Owl’s Head. Celui-ci, séduit par le potentiel et les idées des jeunes, offre soutien et encouragements fort bienvenus à l’équipe, qui a donc accès à de multiples ressources plus qu’utiles pour les tournages et la logistique qu’impliquent un film de ski. À ce soutien s’ajoute celui de plusieurs autres partenaires, un nombre incalculable d’heures de route, un budget «fuel» pour l’essence des voitures et de la génératrice, sans oublier que ça mange, des jeunes adultes! Enfin, n’allez pas croire que tous ces braves garçons abusent de la générosité de leurs parents: chaque sou investi dans cette aventure vient de leurs propres poches; tout revenu monétaire étant d’avance voué à l’acquisition de matériel et à la progression de l’équipe.

    Et maintenant, quelle est la suite logique? La gloire, les filles, le fric… Certainement pas! En tout cas, pas tout de suite! Olivier Désy et son équipe savent très bien que les meilleures années sont encore à venir, et tous envisagent des études supérieures afin de ne pas tomber dans le piège des folies non-planifiées, autant en terme de dépenses que de mauvais choix. Bien que le film Parallele se soit démarqué au IF3 par son ambiance légère, amicale et sans prétention, les producteurs ne manquent pas de sérieux et prévoient déjà les tournages dans l’ouest, les collaborations avec d’autres skieurs (et skieuses!), du meilleur matériel, et… des prières pour de la poudreuse. Car même si la «neige» récoltée dans les cours arrières d’aréna sauve la donne pour les scènes urbaines, celle qui tombe du ciel a franchement meilleur goût! 

    En tant qu’enthousiaste qui aime souligner les bons coups, je dois préciser que les images que vous verrez (ou avez vues) dans le trailer ou dans le film Parallele sont à considérer avec confiance: malgré les apparences, l’équipe d’Union Production joue toujours dans la légalité, préférant les endroits publics aux zones interdites. S’ils se sont déjà fait chasser d’un lieu de tournage, c’est parce qu’un passant a appelé la police, de peur qu’un accident ne survienne… mais aucun constat d’infraction n’a été émis! De plus, pour le secouriste qui sommeille en vous (j’en suis!), sachez que les frères Désy détiennent une formation en premiers soins… mais ne couperont jamais la caméra lors d’un pépin!

    En conclusion, Union Production est à surveiller au cours des prochaines années. Les débuts de l’équipe dans la cour des grands sont plus que prometteurs et on ne peut que leur souhaiter d’avoir les ressources à la hauteur de leurs ambitions!

    Conseils d’ami: entrainement pré-saison

    Comment abordez-vous votre saison de ski? Pour ma part, il y a quelques années, j’ai réalisé que j’étais tanné de commencer mes saisons de télémark en me sentant comme si j’avais 99 ans! Sans parler du poids de mes skis qui augmentait à chaque année (vraiment?)… Un bon jour je me suis dit: “Man, t’es pas en forme pantoute!” Alors, à chaque mois de septembre depuis 10 ans je me soumets à une routine d’exercices présaison. Je la fais dans l’esprit du télémarkeur que je suis mais cette routine est tout autant valable pour tous les skieurs et planchistes.

    Après 10 hivers ma conclusion est que je skie mieux, j’ai moins de petits bobos et je profite plus tôt en saison de descentes solides. L’âge aidant, notre corps se rebiffe à de nouveaux efforts. Si votre mode de vie est plutôt inactif, cette routine vous remettra solidement sur vos skis en quelques semaines. Si vous êtes déjà actifs, elle n’ajoutera que du piquant à vos séances d’entraînement. Quoi qu’il en soit, débutez dès maintenant! Cette routine est plutôt conventionnelle et son exécution l’est aussi. Il y beaucoup de variations possibles. Explorez!

    Vous pensez peut-être que c’est quétaine et moumoune de faire de tels exercices. Détrompez-vous! Nous sommes des centaines de skieurs à faire de l’exercice physique à l’année longue, et plus spécifiquement avant la saison active. Je vous mets au défi de trouver une seule skieuse qui regrette de le faire. Ou de trouver un seul gars qui jure que c’est la dernière fois qu’il fait des squats! 

    Conseils d’ami (entre skieurs on est tous amis, non?):

    Si vous ne faites pas d’exercice sur une base régulière, que votre condition physique n’est pas ce qu’elle devrait être ou que vous souffrez de maux chroniques il serait sage de parler à votre doc avant de vous lancer dans cette routine. Si tel est le cas, demandez-vous s’il est sage de skier sans même vous préparer adéquatement! N’ARRÊTEZ PAS LE SKI,  AMÉLIOREZ PLUTÔT VOTRE STYLE DE VIE!

    1. Je ne suis pas un doc, ni un entraîneur mais je partage votre passion du ski et de l’hiver. Je vous propose cette routine après l’avoir essayée longuement. Je la modifie régulièrement au gré de mes trouvailles sur internet et de mes fantaisies. Je n’ai rien inventé ici! Pas sûr des postures décrites? Visitez Youtube (la plupart des exercices ont des noms anglais).
    2. Alimentez-vous comme du monde! Votre mère vous l’a dit 1 000 fois! Quelques recherches sur Google vous montreront les bases d’une bonne alimentation. Pensez protéines, portions raisonnables et fruits & légumes. Sachez débusquer sel, sucre et gras excessifs et de mauvaise qualité.
    3. Au début, allez-y mollo avec mes suggestions d’exercice. Si ça fait mal, cessez cet exercice ou du moins allégez-le. Prenez une minute de repos entre chaque répétition. Gardez en tête la plainte principale des gens de plus de 40 ans : « J’ai mal au dos »… Agissez en conséquence!
    4. En l’absence de poids vous pouvez utiliser des briques, des bouteilles d’eau, etc., pour augmenter les charges.
    5. Les étirements ne sont pas que pour les ballerines! Étirez-vous soir et matin, tout au long de votre vie. En particulier, après un work-out étirez les groupes musculaires sollicités. Gardez à l’esprit ces trois composantes d’une bonne routine d’exercice: force, endurance et souplesse.
    6. Faites du cardio. C’est le début de toute démarche d’amélioration de votre condition physique. Indépendamment du ski, du tennis ou du golf un cœur en santé vous sera toujours fidèle!
    7. Finalement, réservez-vous 3 séances d’exercice de 45 à 60 minutes par semaine. Pas le temps? Pensez à mon ami Ben; il a tout le temps maintenant: un triple pontage coronarien l’a mis au rancart pour les 6 prochains mois… 
    8. Je ne prétends pas que cette routine vous convient. Au-delà de mes suggestions, c’est vous qui savez ce qui vous convient ou pas.

    LES JAMBES 

    LE DOS

    LE HAUT DU CORPS

    Push-ups 3 X maximum de répétitions. Un classique!

    Chest fly 3 X 10 rép. (Démo Youtube)

    Biceps curls 3 x 10 rép.  (Démo Youtube)

    Arnold press 3 x 10 rép.  (Démo Youtube)

    LES ABDOMINAUX

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