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    Le Mont Apic: une histoire d’entraide

    Le centre de glisse Mont Apic, situé à St-Pierre-Baptiste dans la région Centre-du-Québec, a ouvert ses portes à l’hiver 1959-1960. Cette petite station familiale compte 14 pistes variées pour tous les niveaux de skieurs et planchistes. Offrant également des glissades sur tube et des pistes de raquette, l’endroit fait le bonheur de la population locale. Lors de ma visite, j’ai eu la chance de rencontrer des gens fiers et profondément impliqués au sein de leur station. Je n’ai pas eu besoin de poser beaucoup de questions: les passionnés parlent sans se faire prier!

    Comment faire plus avec moins?

    Normand Goulet, bénévole et acteur dans le développement de la station, n’avait que 5 ans lorsque la station a ouvert ses portes. C’est avec un plaisir évident qu’il m’a raconté des anecdotes parfois aux allures de légendes sur l’histoire du centre de ski. « Dès les premières années, il a fallu se battre », me disait-il. « J’étais jeune mais j’avais de bonnes oreilles pour entendre les conversations des adultes. Il y avait entre autre un cultivateur réticent à laisser un lot de terrain qui allait rendre la station plus fonctionnelle. Il ne comprenait pas que l’on puisse sacrifier des érables pour faire des pistes de ski. À certains endroits, au contraire, on a du planter des arbres car on voulait garder la neige dans nos pistes. Le premier chalet a été construit avec des anciennes bandes de patinoires par six hommes », poursuit-il. Personne n’était payé! Et aujourd’hui c’est encore comme ça : la plupart des gens qui s’impliquent ici sont bénévoles.

    M. Goulet se souvient que pour faire fonctionner l’ancienne remontée mécanique, un moteur leur était bien entendu indispensable. À chaque hiver, deux mécaniciens s’affairaient à démonter le moteur de la seule moissonneuse batteuse de la région afin de l’emprunter pour faire rouler le câble. La rumeur veut que cette opération ait été réalisée à l’insu du propriétaire… du moins les premières années.

    Le bénévole, livre d’histoire parlant, poursuit: « À partir des années 1970, afin d’être compétitifs et garder les skieurs à la station, on a fait l’acquisition de dameuses que d’autres stations ne voulaient plus. On avait de bons mécaniciens qui étaient prêts à mettre le temps nécessaire pour les remonter à neuf! Un coup, comme les tractions s’usaient vite, on a même fabriqué des chenilles pour un dixième du prix que ça valait! Et c’est moi qui damais les pistes! »

    M. Goulet me raconte ensuite par quelles astuces et gentilles entourloupes ils avaient réussi à obtenir l’ancien téléski du Mont Arthabaska à bon prix et à le déménager. Les yeux brillants, il m’a longuement parlé des hauts et des bas de la station. Ce n’est pas pour rien qu’on le taquine en le surnommant l’encyclopédie du Mont Apic! Au fil de la discussion, il m’a nommé plusieurs bâtisseurs, familles, ou anciens présidents qui se sont impliqués afin que la station demeure ouverte à chaque hiver. La plupart d’entre eux ont d’ailleurs une piste qui porte leur nom, à commencer par… la Goulet!

    La tradition de débrouillardise se poursuit

    Lors de mon passage, la directrice générale de la station, Marie-Josée Côté, était en pleine séance de formation en vue d’obtenir son certificat niveau 1 de l’AMSC… Cela prouve que dans les petites stations de ski, tout le monde doit savoir tout faire ou presque! C’est d’ailleurs à titre de placier à l’entrée du téléski du secteur débutant que je vis à l’oeuvre Richard Taschereau, co-directeur de l’école de glisse. Un peu plus tôt dans la journée, celui-ci me donnait des chiffres reflétant l’état actuel de la station : 13 patrouilleurs, 10 moniteurs, 125 inscriptions par année aux cours de groupe, une poignée d’employés et des dizaines de bénévoles qui s’impliquent de diverses façons. J’ai également eu droit à l’historique du domaine skiable, qui n’a bien sûr pas toujours eu ses 14 pistes!

    Alors que j’étais dans le chalet, je vois arriver un homme marchant d’un pas rapide. Au passage, il informe la préposée de la billetterie qu’il s’en va à son local pour réparer une pièce du téléski du secteur expert qui venait de tomber en panne. Environ 2 heures plus tard, la remontée était repartie! Après m’être informé, j’ai su qu’il s’agissait d’un de ces entrepreneurs impliqués et toujours prêts à donner un coup de main.

    Une situation financière fragile

    Tout comme les autres stations régionales, le Mont Apic doit compter sur des subventions et des commandites afin de boucler son budget annuel. Pendant que les hivers varient, les coûts d’opération, eux, ne cessent de croître. Malgré une assez bonne saison, un grand soutien de la population régionale et une gestion serrée, le centre de glisse a tout de même enregistré une perte réelle d’opération de l’ordre de 22 000 $ sur un budget de quelque 185 000 $ en 2012-2013 (détails ici).

    Cette année, afin de garder la relève active et motivée, l’équipe de direction s’est inspiré du Mont St-Bruno en mettant en place un projet impliquant directement la clientèle adolescente dans l’élaboration du parc à neige. C’est maintenant eux qui le conçoivent et s’en occupent. Après tout, la fierté, il faut la cultiver!

    Les stations de ski régionales ont-elles un avenir? Je n’ai pas de boule de cristal, mais ce que j’ai vu au Mont Apic me convainc qu’avec de l’entraide, de l’implication et de la détermination, tout est possible. Longue vie à cette belle gang de passionnés!

    Prévisions météo: l’humain l’emportera!

    Choisir une destination de ski peut s’avérer un véritable cauchemar lorsqu’on se fie trop aux prévisions météo. Il y a des jours où les astres s’alignent, faisant en sorte que les organismes météorologiques s’entendent sur les tendances; d’autres où les vents et les courants d’air chaud et froid viennent casser très facilement les moments de gloire des météorologues les plus avertis! La veille d’une tempête, il n’est pas rare de voir des sites Internet spécialisés tels MétéoMédia ou Environnement Canada afficher des tendances complètement opposées. Comment les prévisions sont-elles faites? Pourquoi ont-elles l’air si imprécises? Pour tenter de démystifier le tout, nous avons eu l’occasion de parler avec Éric Chatigny, fondateur du site Internet Météo Laurentides.

    Passionné de météo depuis l’âge de cinq ans, Éric s’alimente de phénomènes qu’il cherche à comprendre. Après avoir étudié la météorologie à l’université, il a finalement décidé d’enseigner l’anglais, mais sa passion ne l’a jamais quitté et il partage son savoir à chaque jour sur son site Internet, en plus d’être observateur privé volontaire pour Environnement Canada. Quand on lui parle du réchauffement climatique, Éric nous répond qu’il y a dix ans, on voyait bien arriver certains phénomènes en lien avec les théories. Les dernières années nous ont envoyé un message clair: on ne se demande plus si le réchauffement climatique est réel. Cependant, il est important de mentionner que même si la température se réchauffe, et malgré les chutes de neige qui s’amoindrissent, nous continuerons à avoir de gros hivers. Ceux-ci seront par contre davantage contrastés: certains plus neigeux et d’autres enregistreront moins de précipitations. 

    La manière d’effectuer les prévisions climatologiques a évolué suite aux constats relatifs aux changements climatiques. En effet, les occurrences habituelles sont de moins en moins efficaces puisque le réchauffement a un impact direct sur le présent de la météo. Ainsi, on doit travailler de plus en plus avec des phénomènes tels El Niño et La Niña. Ces deux processus météorologiques viennent bousculer la donne habituelle et tout évolue maintenant de manière plus violente et plus contrastée. Autrefois, les prévisions saisonnières étaient plus faciles et courantes… Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui.

    L’automatisation des prévisions

    De nos jours, la majorité des sites Internet spécialisés affichent des prévisions produites de manière automatisée. Il y a moins d’interventions humaines comme le faisaient les météorologues comme par le passé. Dans les années 90, il y avait trois bureaux d’Environnement Canada au Québec. Le nouveau millénaire a poussé la société d’état à n’en conserver qu’un seul. À l’époque, les météorologues travaillaient les prévisions manuellement sous forme de carte. Ce travail est maintenant accompli par des modèles générés par ordinateur. La technologie n’a cependant pas rendu les prévisions plus fiables en les automatisant, puisque plusieurs zones affectées par des micro-climats ont été mises de côté, les ordinateurs délaissant entre autres les milieux montagneux.

    Il existe plusieurs modèles météo. Ces modèles sont à la source des prévisions que nous connaissons. Environnement Canada a investi beaucoup d’argent afin de développer ses propres modèles, forçant un peu les entreprises d’ici à l’utiliser. Bien que ce modèle soit produit chez nous, il offre une précision de 10km. Les modèles américains accessibles de Burlington (Vermont) peuvent aller jusqu’à une précision de 4km, les rendant beaucoup plus performants sur des terrains montagneux. Ils sont cependant considérés encore comme étant expérimentaux. D’autres modèles existent aussi à travers le globe; entre autres le modèle européen, qui est souvent plus précis que les modèles canadien et américain pour les prévisions à plus long terme. 

    Chez nous, MétéoMédia utilise les modèles d’Environnement Canada mais la différence entre les deux sites vient très souvent des heures de publications des prévisions et des délais de traitement. Les deux sites ont aussi une vocation très différente car Environnement Canada a un but scientifique alors que MétéoMédia est une entreprise lucrative qui va chercher à adapter les prévisions pour les afficher à des golfeurs, skieurs, pour la qualité de l’air, la météo pour l’école et plus encore…

    L’humain se démarque

    Avec Météo Laurentides, Éric Chatigny souhaite offrir des prévisions faites par un humain pour la région des Laurentides. Cette région étant pleine de micro-climats, il n’est pas rare de voir pleuvoir à St-Jérôme et neiger à Ste-Agathe. Les grandes sources météo vont faire une seule prévision pour toutes les Laurentides… mais la réalité ne sera pas bien dépeinte. Ainsi, Éric a découpé les Laurentides en 3 secteurs qui ont chacun leurs particularités en terme de prévisions. Il souhaite aussi mettre en garde le public sur le temps violent. Vous retrouverez sur son site une carte que nous utilisons très souvent sur ZoneSki qui affiche les quantités de neige prévues lors d’une grosse tempête sur le Québec en entier. 

    Pour Éric, la clé est de ne pas hésiter à consulter plusieurs sources et d’en faire des déductions avec notre expérience, mais surtout, de ne pas tout prendre à la lettre! Après tout, il n’y a pas plus inexacte comme science que la météo. L’hiver ne sera que meilleur si on passe plus de temps dehors qu’à lire des modèles et des radars! En terminant, voici quelques astuces:

    –Le site de Météo Laurentides offre des prévisions très détaillés pour les chutes de neige des stations de ski des Laurentides
    –Lorsque vous vous rendez en montagne, demandez au service à la clientèle de votre station ce qu’ils utilisent comme source météo. Très souvent, ils connaissent l’outil le plus précis pour leur région et leur station de ski
    –Quand vous écoutez la radio et que l’animateur vous propose d’aller dans le Sud plutôt que de sortir à -20°C, changez de poste!
    –Méfiez-vous du facteur éolien. Rappelez vous qu’un sport de descente apporte son lot de facteur de refroidissement, peu importe le facteur annoncé…
    –Le site d’AccuWeather propose une section sur le Canada qui peut être une source intéressante. Néanmoins, le site très détaillé peut être plus difficile à comprendre pour tout le monde.
    –Si vous voulez être au fait au jour le jour sur chaque tempête, vous pouvez consulter le forum de meteocentre.com de l’UQAM qui rassemble beaucoup de passionnés de météo tout comme ZoneSki rassemble beaucoup passionnés de ski.

    Un bon élan pour les vacances

    Depuis le début des accumulations de neige, personne dans la population de skieurs ne peut râler: il y en a, et il y en a partout! Heureusement, même les régions qui sont habituellement moins favorisées à cette période de l’année ont eu droit à de bonnes chutes de neige. Merci Dame Nature, La Niña, Saint-Bernard, et autres divinités/idoles qui s’en sont mêlé, vous faites le bonheur des skieurs et planchistes! Cette manne d’or blanc est définitivement très appréciée de nous tous.

    Mais vous me connaissez, je trouverai toujours le petit bobo: après avoir tapé sur les météotorhinolaringologues (ceux qui font la météo le nez pincé et en parlant de la gorge), et après avoir incité les skieurs à parrainer un non-skieur pour augmenter le plaisir, il y a un autre aspect auquel je veux m’attaquer… la vision tunnel.

    En secourisme, la vision tunnel est une réaction normale provoquée par l’adrénaline qui circule dans le sang du secouriste: on ne voit que le bobo le plus flagrant sur la victime, et on oublie d’évaluer le reste. Un bon secouriste combattra cette vision tunnel pour poursuivre son examen secondaire afin de déceler d’autres blessures/troubles potentiels. En clair: la vision tunnel, c’est comme les oeillères, ça nous empêche d’avoir une vision globale d’une situation et on manque d’information, ce qui fausse notre jugement.

    Revenons à nos moutons: vous êtes un skieur et vous habitez en zone urbaine. Il tombe un mélange de grésil, de pluie verglaçante, de neige mouillante… ou il pleut carrément. Chez vous. Et votre vision tunnel vous porte à croire que c’est comme ça partout, qu’il pleut du sud au nord, d’est en ouest. Un jour, je vous ferai un petit cours de climatologie 101, sur les effets de l’altitude sur la température, et par ricochet, sur la forme des précipitations… mais retenez ceci: S’IL PLEUT EN VILLE, LES CHANCES SONT PLUS QUE FORTES QU’IL NEIGE À LA MONTAGNE!

    Combattez votre vision tunnel. Informez-vous: à l’ère des Internets et des nouvelles technologies, les sources d’information sont quasi-infinies et il existe plus d’applications pour connaitre la météo que de noms pour décrire la couleur « blanc » chez les fabricants de peinture! En quelques clics, par notre carte interactive des conditions de ski, par AccuWeather, par Environnement Canada, par le téléphone à la station de ski, par SMS à votre ami qui habite tout près de la montagne… les moyens sont aussi variés qu’efficaces pour avoir l’heure juste!

    Voilà donc votre devoir pour le temps des fêtes: ignorez les pessimistes qui pâlissent à l’expression « facteur éolien », habillez-vous comme il faut, ayez le réflexe de vous informer, et oubliez la pluie en ville! Je vous promets que votre entêtement sera payant… à vous la poudreuse et les belles conditions!

    Je vous souhaite une belle période de réjouissances, soignez bien vos skinusites, allez jouer dehors, soyez prudents sur les routes… et n’oubliez pas que la croix blanche des patrouilleurs n’est pas un signe ostentatoire ;)

    Bon ski, bonne glisse!

    Ski Chic-Chocs – Un homme et ses mines

    Quand on songe aux efforts déployés par la SEPAQ pour protéger le milieu naturel du Parc National de la Gaspésie et sa précieuse population de caribous, il est difficile de croire qu’une mine de cuivre puisse avoir autrefois été exploitée au cœur de la Réserve faunique des Chic-Chocs et pourtant, c’est bien le cas. Après la découverte des mines en 1964, la Compagnie des mines Madeleine fut fondée en 1968 et y exploita un gisement de cuivre jusqu’à sa fermeture et son démantèlement au début des années 1980. Aujourd’hui, la faune et la flore ont repris possession de ce vaste domaine et le seul bâtiment restant est l’ancienne résidence des dirigeants qui a été convertie en refuge pour les amateurs de glisse et les randonneurs. Bienvenue aux mines Madeleine!

    Dans ce secteur des monts McGerrigle, on retrouve quelques-uns des plus hauts sommets de la Gaspésie, dont le petit mont Ste-Anne (1 165 m), le mont de la Table (1 180 m), le mont Jacques-Cartier (1 265 m) et le mont Xalibu. Caractérisé par de longs couloirs abrupts et de vastes cuves ou champs de neige, le secteur des mines Madeleine reçoit en moyenne près de 730 cm de neige par année et ce n’est pas sans raison que l’on ne doit jamais s’aventurer ici sans formation et équipement de sécurité pour avalanches (pelle, sonde et émetteur-récepteur), ni sans être accompagné d’autres skieurs avec le même profil ou d’un guide professionnel : ce coin de la Gaspésie est reconnu pour la longueur de sa saison de glisse qui peut commencer aussi tôt qu’en novembre et se poursuivre jusqu’en juin, ainsi que pour ses risques d’avalanches!

    Ce qui n’a pas empêché Stéphane Gagnon d’en faire son terrain de jeu privilégié avec l’accord de son partenaire, la SEPAQ. Mais qui est Stéphane Gagnon? Ce natif du Québec a commencé à exercer le métier de guide de ski aux Monts Groulx, avant de poursuivre ses activités dans le Grand Nord et l’île de Baffin pendant une vingtaine d’années. Et même s’il a fait ses classes de sécurité en montagne dans l’Ouest du continent, Stéphane est un ardent défenseur du slogan « Ski The East ».

    Fort de cette expérience, il revient s’établir au Québec, à Sainte-Anne-des-Monts, en 2000 avec sa famille pour aider à l’implantation du Centre d’avalanche de la Haute Gaspésie avec son associé, Dominique Boucher. Le Centre est notamment connu pour ses activités de sensibilisation et son bulletin d’avalanche. Publié aux trois jours, du mois de janvier à la fin du mois d’avril, le bulletin détaille les conditions d’avalanche en vigueur dans les divers secteurs montagneux (Alpin, Limite forestière et Sous la limite forestière) et offre une aide précieuse à ceux qui s’aventurent en ski ou en splitboard dans l’arrière pays.

    Environ cinq ans plus tard, en 2006, Stéphane quitte le Centre d’avalanche de la Haute Gaspésie pour fonder Ski Chic-Chocs, une entreprise de guides de ski et de planche à neige qui offre autant des forfaits mécanisés (remontées en Cat-Ski), que des forfaits en peaux de phoque et des randonnées alpines en raquette où l’on vous transporte par Cat-Ski jusqu’au site de glisse pour la journée. Amorçant aujourd’hui sa 8e saison, Ski Chic-Chocs a accueilli des milliers d’amateurs de glisse sauvage au fil des années, ainsi que plusieurs compagnies de films de ski, comme les Meatheads qui n’en sont pas à leur première visite!

    Avec des dénivelés de 250 à 550 mètres, une abondance de neige et la multitude de secteurs de ski, les mines Madeleine constituent un terrain de jeu de prédilection où l’on est presque toujours certain de trouver de bonnes conditions. Mais c’est là que les guides prennent toute leur importance. Avant de sortir sur le terrain, l’équipe de Ski Chic-Chocs s’assure d’abord que les participants sont munis d’une pelle, d’une sonde et d’un émetteur-récepteur, puis leur offre une séance d’information et des démonstrations pour apprendre quoi faire en cas d’avalanche. Sachant que la fenêtre de temps optimale pour retrouver un skieur enseveli par une avalanche n’est que de 10 à 15 minutes (les risques d’asphyxie se décuplant ensuite), il importe que tous soient familiers avec le processus de recherche d’une victime, de là les exercices de recherche avec l’émetteur-récepteur avant la sortie.

    D’ailleurs, en plus des forfaits mécanisés et en peaux de phoque, Ski Chic-Chocs offre toute une brochette de formations qui s’ajoutent aux classiques cours d’avalanches CSA 1 et 2, notamment une nouveauté avec des camps de ski en terrain plus agressif, des ateliers d’initiation en terrain plus escarpé, des séances d’initiation à l’encordement sur glacier pour apprendre à sécuriser ses déplacements en montagne, ainsi que des formations en continu pour les forces de l’ordre et autres professionnels oeuvrant en milieu montagneux à risque d’avalanche, car les dangers ne surgissent pas seulement pendant les descentes. 

    Grand nombre de personnes connaissent les mines Madeleine pour ses longs couloirs inclinés enchâssés entre des parois rocheuses où la neige ne termine rarement de fondre avant la fin du mois de juin, mais durant l’hiver c’est tout un autre monde en ces lieux. Un monde que Ski Chic-Chocs apprend à apprivoiser depuis des années, un monde que l’équipe de Stéphane a hâte de vous faire découvrir. Un monde où la nature peut se déchaîner comme vous envoûter par sa splendeur sereine.

    Mais surtout, un monde qui vous permet de vivre l’expérience du ski sauvage en milieu alpin, c’est-à-dire au-dessus de la limite des arbres et ce, sans pour autant quitter la cour arrière du Québec. Et si par bonheur vous avez la chance de vous y retrouver un beau matin cristallin sous un ciel bleu après une bonne chute de neige champagne, vous vivrez des descentes délirantes dans de vastes cuves où les mots du jour sont poudreuse profonde!

    Les médias généralistes sont-ils dans le déni?

    En effectuant ma routine quotidienne (pour ne pas dire horaire) de lecture de l’actualité, je visite différents médias, en plus d’écouter la radio. Je me tiens informée, d’abord par intérêt, mais aussi un peu par conscience sociale. Le savoir, c’est le pouvoir… je me compte chanceuse de vivre dans un pays où on a accès une information riche, variée, de qualité. Je n’ouvre pas le débat sur le contenu (polémistes, ce sera pour une autre fois, dans un autre blogue!), je dresse simplement un bref portrait de ma consommation d’actualité. En résumé: je me tiens informée, par plusieurs moyens, autant dans les médias plus généralistes que dans les médias de niche. Et je ne peux m’empêcher de ressentir une profonde injustice lorsque je tombe sur des dossiers spéciaux « Ski dans l’ouest » publiés dans un grand quotidien québécois.

    Pourquoi ce sentiment d’injustice?

    Exception faite d’un cahier spécial « Vacances des Fêtes » dont j’ai vaguement souvenir (hiver 2011-2012?), de quelques articles ici et là du genre « Le ski au Québec va mal » et « La météo joue des mauvais tours aux skieurs », les médias généralistes (radio, télé, presse écrite) font globalement bien peu mention du ski alpin. Par contre, vas-y qu’on te met la dernière défaite crève-coeur du Canadien en Une!

    Si je suis dans l’erreur, quelqu’un peut-il avoir la bonté de me remettre à ma place? Peut-être que je souffre d’un grave problème de mémoire, ou d’une capacité encore inconnue à ce jour de faire de la lecture sélective par omission inconsciente du mot « ski » dans les nouvelles? Si vous avez de quoi me contredire, j’en serais fort aise… Mais je ne crois malheureusement pas me tromper.

    Je me permets ici un aparté: je ne vise pas les médias hebdomadaires et plus régionaux. Ceux-ci sont encore heureusement bien actifs dans leurs communautés respectives et lorsqu’une station de ski peut faire la nouvelle, ils répondent généralement « présent ». J’en ai eu plusieurs fois la preuve, autant en Mauricie qu’en Beauce ou dans les Laurentides. Par contre, la nouvelle ne va jamais plus loin que le territoire couvert par le journal! Dieu merci, en ce qui me concerne, j’ai l’info grâce « aux internets »… mais je dois parfois aller longtemps à la pêche! Imaginez alors l’accessibilité de la nouvelle quand le consommateur moyen (passif) prend ce qui lui passe sous la main! Si seulement les plus grands médias reprenaient ne serait-ce que le MÊME NOMBRE d’articles déjà publiés dans les hebdos régionaux, la visibilité du ski alpin serait à des années lumières de ce qu’elle est en ce moment.

    Je reviens à mon sentiment d’injustice du début.

    Je trouve DÉJÀ qu’on parle trop peu des stations de ski et des sports de glisse au Québec, et voilà-t’y-pas que je tombe sur un dossier « Le ski dans l’ouest ». J’ai pris trois grandes respirations… et j’ai ouvert mon logiciel de traitement de texte. Je n’ai rien contre l’ouest. J’y ai fait de beaux voyages. Trois grandes respirations. Oui, c’est à faire au moins une fois dans sa vie. Trois grandes respirations… au diable le yoga, je m’emporte!

    Vous* êtes dans le déni, ou quoi?! Le Québec n’est pas assez bon pour attirer votre attention? Vous ne croyez pas les stations de ski québécoises dignes d’intérêt, ni pour vous, ni pour votre auditoire/lectorat? Vous pensez qu’il y a, parmi votre public cible, plus de gens qui voyagent en ski dans l’ouest qu’au Québec? Vous êtes convaincus que l’industrie du ski alpin n’a pas besoin de représentation dans les médias? Vous êtes d’avis que ce n’est pas votre boulot, que les stations de ski n’ont qu’à acheter des pages de publicité pour se faire voir? Pire, vous vous imaginez qu’elles en ont les moyens? Ou mieux, qu’elles n’ont pas besoin de vous??

    *Vous: pronom personnel, 2e personne du pluriel. Désignant ici « les médias généralistes ».

    À vous tous, journalistes, chroniqueurs, pigistes, recherchistes, rédacteurs, chefs de pupitre, et autres producteurs de contenu d’actualité: vous cherchez VRAIMENT des idées? Vous cherchez des sujets orientés vers le plaisir, les bons côtés de l’hiver et les bienfaits de l’activité physique, en plus d’être compatibles avec des enjeux d’actualité tels que l’environnement, les finances, la sécurité, le développement économique, le tourisme, les technologies? Pas besoin de chercher bien loin! Ouvrez un peu les yeux et les oreilles. Ôtez les oeillères « L’hiver c’est froid », mettez de côté les météorologues et leur facteur éolien, ignorez Occupation Trouble et autres Meat Loaf Story (d’ailleurs, de quoi parliez-vous avant que ça existe!?), et allez donc un peu voir du côté des stations de ski alpin du Québec! Je vous fais la promesse solennelle que vous trouverez AU MOINS UNE BONNE HISTOIRE à publier, pour chacune des stations de ski de votre Belle Province.

    Mais pour avoir votre histoire… il faut répondre aux invitations qu’on vous lance. Habillez-vous comme il faut, sortez de votre zone de confort. Arrêtez de croire que le Québec-né-pour-un-petit-pain ne fait rien de vraiment énorme, qu’on se contente de survivre et qu’on n’a rien de bon pour épater la galerie. Si le gazon est plus vert dans la cour du voisin… la neige est plus blanche sur notre terrain.

    Le Chic-Chac – Un homme et son auberge

    Qui d’entre nous n’a pas déjà rêvé de posséder sa propre station de glisse pour y aménager des pistes hors de l’ordinaire et ensuite y inviter tous ses amis? Et pourquoi pas une auberge aussi pour les y accueillir après une longue journée sur les pentes? Et bien, c’est exactement ce que Guillaume Molaison a réalisé en compagnie de sa conjointe Éloïse Bourdon à Murdochville et au mont York!

    Pour ceux qui ne connaissent pas Murdochville, c’est une ancienne ville minière bâtie dans une vallée formée par quatre montagnes : les monts Miller (une station de ski ouverte), Porphyre, Copper et Needle. Située à environ une heure de Gaspé en s’enfonçant dans les terres, la vallée de Murdochville est campée à 550 mètres d’altitude et se trouve à la limite Est de la réserve faunique des Chic-Chocs, donc pas surprenant d’y trouver des sommets d’entre 875 mètres (Miller) et 950 mètres (Needle). Inutile de vous dire que les vents sont souvent costauds ici, le plus grand parc d’éoliennes au Canada en faisant amplement foi.

    Et qui dit vent, dit neige. De la neige vous dites? Nieve en espagnol – posez la question aux quelques 600 âmes qui habitent toujours ici et on vous en dira long… Avez-vous déjà vécu une tempête de neige de 100 à 120 cm? Une tempête qui dure 3 jours et vous laisse 30 à 40 nouveaux centimètres à TOUS les matins? À Murdochville, c’est chose courante et on peut compter en voir de pareilles trois à cinq fois par hiver, la chute annuelle moyenne oscillant autour de 600 cm!

    Arrivé à Murdochville en 2008 pour être guide de rafting avec Griffon Aventures, Guillaume s’aperçoit rapidement qu’il existe un besoin criant d’hébergement touristique abordable pour desservir la région des Chics-Chocs. Il fait l’acquisition d’une énorme bâtisse qui était à l’origine divisée en quatre logements, abat les divisions et ouvre sur-le-champ l’Auberge Chic-Chac qui viendra s’inscrire dans sa démarche visant à transmettre sa passion pour le plein air aux jeunes, passion que lui avait auparavant transmise son père, grand adepte de plein air.

    Au début, Guillaume ne visait qu’à offrir de l’hébergement, mais s’implique néanmoins dans l’organisation de la station locale, le mont Miller. Ayant une vision différente de celle de l’administration, il se retire et passe au plan B….

    Dès la deuxième année, ce natif de Gaspé enclenche le plan B,  s’équipe de quelques motoneiges pour amener ses clients skieurs et planchistes faire des descentes sur le mont Porphyre au nord de la ville et décide alors de commencer à y aménager des pistes de ski. C’est ainsi que naît la Coop d’accès Chic-Chocs. Avec son complice et ingénieur en foresterie Bruno Béliveau, la Coop obtient des subventions lui permettant de continuer à tailler des pistes sur un versant complet du mont Porphyre pendant près de trois ans.

    Pendant ce temps, les visiteurs commencent à affluer à l’auberge et grâce aux motoneiges, découvrent toutes les possibilités qu’offre la vallée de Murdochville. La réputation du Chic-Chac continue à se développer de bouche en oreille et chaque année le nombre de visiteurs s’accroît.

    En 2010, à sa troisième année d’exploitation, le Chic-Chac acquiert le vieux presbytère pour accroître son nombre de chambres, y installer un bureau et disposer d’un atelier. 2010 marque aussi le début des travaux sur une nouvelle montagne située à 5 km de Murdochville, le mont York, et l’achat de plusieurs nouvelles motoneiges pour mieux vous y conduire. À l’abri des vents directs intenses, mais profitant du chargement de neige attribuable aux vents, cette montagne orientée vers l’est offre souvent des conditions de neige incroyables qui permettent de profiter à fond du terrain très escarpé et de son dénivelé qui atteint 375 mètres à son plus haut point.

    Ici c’est le paradis de l’inclinaison et des virages profonds! Un endroit où l’on ouvre la machine pour descendre à tombeau ouvert, hurlant de plaisir dans de nombreux couloirs remplis de poudreuse, de corniches et de saillies de terrain à sauter.

    En 2011, c’est l’arrivée du 1er Cat Ski ou si vous préférez un BR-250 muni d’une cabine arrière logeant 12 passagers. Maintenant, on se rend au mont York en tout confort, assis bien au chaud, à l’abri des vents locaux, le tout avec une petite musique de fond. Le nec plus ultra quoi! Le second BR arrivera l’année suivante pour doubler la capacité de glisseurs sur le terrain.

    Et pendant tout ce temps, Guillaume poursuit son développement du mont York, une nouvelle piste n’attendant pas l’autre, cherchant toujours des moyens de bonifier l’offre sur le terrain. En 2012, c’est le coup de génie : pourquoi ne pas bâtir des plateformes un peu partout dans les pistes et ainsi permettre aux skieurs de les utiliser comme tremplins pour des figures aériennes? Les premières plateformes remportent un succès fou tout au long de l’hiver et l’été suivant, en 2013, l’équipe du Chac se dépasse en bâtissant près d’une douzaine de nouvelles plateformes dans une nouvelle piste des plus à pic, créant une sorte d’escalier géant communément appelé « pillow line » à l’Ouest. Ayant eu la chance de les visiter cet été, je peux vous assurer que les plus téméraires y trouveront du terrain comme nulle part ailleurs à l’Est de l’Amérique du Nord.

    Et si tous ces petits plats neigeux ne suffisent pas à vous convaincre de venir visiter le Chic-Chac et Murdochville, peut-être que le chef du Chac le pourra. En poste depuis deux ans, Simon Dubois, chef et ardent planchiste, déploie toute sa maîtrise culinaire dans ce patelin tranquille et ses créations sont accueillies avec entrain par tous. C’est la petite touche finale à l’expérience Chic-Chac, l’endroit où vous pouvez festoyer en groupe, faire du cat-ski, partir explorer l’arrière-pays local en peaux de phoque ou en raquettes et même jouer une partie de billard ou de quilles sans avoir besoin de votre voiture!

    Un détour qui en vaut largement le coup!

    La valeur du ski: les tarifs sous la loupe

    Dans mon précédent billet, je comparais le ski alpin aux autres sports de même «catégorie»: individuels, nécessitant un équipement relativement complexe et élaboré, en volet récréatif. L’objectif était de démontrer que la pratique du ski alpin n’était pas plus coûteuse que les autres sports et activités de la même catégorie, voire souvent même moins cher et plus accessible. Le billet suivant passera un peu plus de temps sur les coûts et bénéfices relatifs aux sports de glisse en milieu alpin, en comparaison avec le golf, et aussi avec le hockey, rival de toujours, même si le hockey est un sport d’équipe.

    Car oui, plusieurs sont tentés de comparer le ski alpin avec le hockey, puisque «c’est un sport d’hiver*». Je me suis d’ailleurs prêtée au jeu, m’attirant d’emblée les jugements de certains de mes répondants. L’un d’eux, spontanément, me lance «Ouain mais… le hockey c’est pas mal moins frais-chié que le ski!» Euh… bon. Que dire…

    D’abord, réglons le cas des frais-chié en partant: y’en a partout! Je connais des frais-chiés en kayak, en moto, en piscine, en golf, en jardinage, en hockey, en informatique, en parachute, en ski de fond, en vélo de montagne, en planche à neige, en basketball, en photo, en [discipline de votre choix]… Et en ce qui me concerne, un frais-chié, ça ne l’est pas pour sa discipline, ça l’est pour son attitude condescendante généralement reliée à la valeur de l’équipement qu’il utilise (sans même avoir une meilleure performance!). Pour le reste, c’est un bipède qui fait essentiellement les mêmes choses que moi, mais en se pensant supérieur. What’s the big deal? Les frais-chier, c’est aucunement signe du coût général d’une activité. Au pire, c’est un emmerdement social, au mieux, on l’ignore. Cas réglé.

    *Sport d’hiver: sachant que maintenant, le hockey se pratique dans un aréna, sur une glace refroidie et contrôlée, au couvert et à l’abri des tempêtes, de septembre à avril, on est loin de la définition originale d’un sport d’hiver… mais bon, bien sûr, il y a toujours les petites glaces extérieures, municipales, entretenues de peine et de misère par les taxes et les ouvriers de la voirie, à la merci de la pluie, avec un éclairage déficient, où on ne jouera jamais de manière aussi structurée que dans une ligue organisée, affiliée à un aréna. Disponible de la mi-janvier à la relâche, quand la météo le permet. Les stations de ski font mieux que ça, majoritairement grâce à l’enneigement et à l’altitude…

    Revenons à nos moutons qu’on veut comparer: voici quelques statistiques, par sport. Je reviendrai sur le ski alpin avec d’autres statistiques un peu plus loin.

    Le golf:
    Coût moyen d’un équipement «moyen de gamme», pour un adulte: 1000$.
    Durée de vie: environ 5 ans, pour une utilisation régulière (non-intensive et extrême)
    Coût moyen d’une entrée adulte dans un terrain de golf le samedi matin (9 et 18 trous confondus): 95$.
    Durée de jeu moyenne: 4 heures
    Saison: mai à octobre (6 mois)

    Le hockey:
    Coût moyen d’un équipement «moyen de gamme», pour un adulte (joueur): 400$
    Durée de vie: environ 3 ans, pour une utilisation régulière (non-intensive et extrême)
    Coût moyen d’un match (à raison de 1 match par semaine, pour 8 mois): 10$
    Durée de jeu moyenne: 2 heures
    Saison: septembre à avril (8 mois)

    Le ski alpin:
    Coût moyen d’un équipement «moyen de gamme», pour un adulte: 800$ (planche à neige: un peu moins cher!)
    Durée de vie: environ 5 ans, pour une utilisation régulière (non-intensive et extrême)
    Coût moyen d’un billet journalier adulte, pour un samedi: 36$*
    Durée d’une journée moyenne: 8 heures
    Saison: décembre à avril (5 mois)

    *Ce chiffre sera expliqué plus bas.

    En résumé, même si le hockey coûte à première vue un peu moins cher que le ski alpin, la longévité de l’équipement de même que la durée de chaque séance font que les coûts ne sont pas inférieurs mais plutôt similaires en bout de ligne.

    Voici un tableau récapitulatif concernant seulement les droits d’accès ou d’entrée, pour lequel les coûts sont calculés à raison de une sortie:

    À propos du coût moyen quotidien pour le ski alpin: ce montant est la moyenne du tarif journalier adulte, plein prix, en vigueur pour un samedi dans les 77 stations de ski du Québec, basé sur les tarifs les plus à jour, disponibles en ligne ou par téléphone, en date de novembre 2013. Les prix peuvent changer ou être mis à jour par les stations et fausser mon calcul de quelques centimes. Ainsi, UN VISITEUR DERNIÈRE MINUTE NON PRÉPARÉ paie en moyenne 36$, taxes incluses, pour une journée de ski au Québec. Oui, vous avez bien lu. Si on additionne le prix d’une journée plein tarif adulte dans toutes les stations de ski du Québec, et qu’on divise par leur nombre total (77), ça donne très exactement 36,47$ (variations possibles basées sur les changements de tarifs).

    Sur 77 stations, il y en a 40 dont le coût du billet journalier est égal ou inférieur à ce montant. Des 37 restantes, une dizaine offre le billet à moins de 40$. Une dernière statistique: Seulement 10 des 77 stations vendent leur accès journalier à plus de 50$.

    Vous devinerez que ces 10 stations sont les plus « populaires » et les plus « grosses »… les voici, par ordre de valeur du billet (plus de 50$!)

    Cette liste n’est une surprise pour personne. Cela dit… quelqu’un qui planifie un tant soit peu ne paiera à peu près jamais le plein prix à la billetterie! Vous êtes abonné dans une autre station de ski? Vous êtes étudiant? Vous avez une carte Air Miles? Vous avez acheté votre billet sur internet avant votre visite? Je peux continuer encore… la liste des rabais offerts à la billetterie et les moyens d’économiser est très longue.

    Maintenant, que faire pour payer encore moins cher? Sortez des sentiers battus! Découvrez d’autres destinations! Faites fi des « faibles dénivelés »… vous aurez toujours de bonnes surprises. Et vous pouvez vous attendre à:

    • Un stationnement accessible: pas besoin de marcher 3km en bottes de ski ou de prendre une navette qu’on attend trop longtemps
    • Pas ou peu d’attente aux divers services: billetterie, remontées, cafétéria, bar, toilettes…
    • Des conditions qui restent belles plus longtemps
    • Des découvertes et des rencontres qui agrémentent la journée
    • La satisfaction d’avoir participé, même à un petit niveau, à une économie locale
    • La conscience d’avoir donné, même à un petit niveau, du soutien à l’industrie du ski et à la relève
    • Et tout ce que vous voudrez y trouver vous-même!

    Je termine cette série sur la valeur du ski en revenant sur certains points « clé »:
    – Lorsque vous comparez le coût du ski alpin avec celui d’un autre sport, assurez-vous de comparer avec la même catégorie. Inutile de comparer le ski à la raquette ou au jogging.
    – Ce n’est pas le sport qui coûte cher, c’est le niveau d’intensité et de sérieux qu’on y met. Un volet compétitif sera toujours plus coûteux qu’un volet récréatif.
    – Évitez d’inclure les coûts « inhérents » à la pratique du sport dans votre calcul: alimentation et transport figurent dans toutes vos activités.
    – Tout est une question de choix: vos loisirs font partie de vos choix de consommation, au même titre que l’achat d’une voiture (luxueuse ou pas), d’une soirée au cinéma, d’un voyage tout-inclus dans le sud, ou d’une énième paire de chaussures à talons hauts.

    Je me permets également de décliner ici les arguments que j’utilise moi-même pour expliquer les raisons qui font que je préfère le ski alpin à d’autres sports: je préfère les sports individuels, mais qu’on peut pratiquer en groupe ou en solo, sans égard à notre âge, notre sexe, notre religion ou notre niveau technique. En tant que parent, vous pouvez skier avec votre progéniture, plutôt que de vous geler les fesses sur un banc d’aréna à siroter un café tiédasse en entendant un coach malmener ses ouailles… De plus, je préfère les sports qui me mettent en contact avec la nature, et qui me donnent du défi (à un niveau modéré) et une possibilité de progresser et de découvrir de nouvelles choses.

    Sur ce… bonne glisse et bonne saison tout le monde! :)

    Vertigo-Aventures – Un homme et son royaume

    Dans la série « Un Homme », nous vous présenterons trois entrepreneurs passionnés du ski hors-piste qui ont en grande partie façonné le paysage du ski en Haute Gaspésie. Ces trois hommes issus de différents milieux, avec des visions aussi originales qu’uniques, s’entendent sur une chose : la promotion du meilleur ski dans l’Est de l’Amérique du Nord, c’est-à-dire le ski en Gaspésie! Et leurs efforts conjugués sont responsables de l’essor et de la renommée du ski de back-country dans ce secteur de la province qui compte 24 des 40 plus hauts sommets du Québec et des quantités de neige légendaires de ce côté du continent!

    Si Ste-Flavie est la porte d’entrée de la Gaspésie, la réserve faunique de Matane offre sans contredit le coup d’envoi avec Vertigo-Aventures et le massif du Mont Blanc, situé à quelques 40 km de la côte. Favorisé par un microclimat, ce secteur inaccessible sans motoneige s’étend sur les multiples versants des monts Blanc, Craggy et Pointu. Ce secteur de la réserve recèle un vaste réseau de couloirs et de sous-bois à 100 % naturels. Et c’est là que s’étend le royaume blanc mis en valeur par François Roy et l’équipe de Vertigo-Aventures. Mais qui est cet homme élancé qu’on réussit difficilement à suivre toute une journée et qui tel un écureuil des neiges, ne semble se nourrir que de noix à première vue?

    Fier du berceau de ses ancêtres qui ont vécu au pied des Chic-Chocs, François Roy, géologue-explorateur de métier, s’y installe en 2002 pour poursuivre sa passion pour le ski et l’alpinisme, et tenter de vivre de son entreprise, fort d’une grande expérience personnelle et de multiples formations, acquises dans l’Ouest et ici. L’entreprise devient immédiatement membre d’Aventure Écotourisme Québec, gage de professionnalisme!

    Et c’est là que François Roy et l’équipe de Vertigo-Aventures vous feront découvrir ce qui est probablement le terrain le plus vaste et le plus diversifié que vous aurez l’occasion de dévaler en ski ou en planche en Gaspésie. En effet, ce n’est ni un ou deux versants qui vous attendent, mais toute une collection de sommets sillonnés de couloirs et de coulées naturelles ou encore d’immenses champs de neige sans cesse alimentés par une chute de neige constante, engendrée par le microclimat qui règne dans ce secteur.

    Comme tous ces versants sont répartis de façon à faire face aux quatre points cardinaux, on réussit toujours à trouver d’excellentes conditions de neige dans lesquelles enfiler descente après descente de 150 à 500 mètres de dénivelé. Ne vous étonnez pas de vous faire surprendre par la tombée de la nuit alors que vous êtes toujours en montagne : malgré la fatigue, difficile de s’arrêter dans de pareilles conditions.

    En ces lieux, la nature règne en roi et maître. Pour respecter l’ambiance sauvage, il va de soi qu’aucune remontée mécanique ou motoneige ne devrait utilisée pour véhiculer les skieurs et planchistes au sommet. Au Mont Blanc, on revêt ses skis ou son splitboard de peaux de phoque et ce sont vos jambes qui assurent la remontée. Moyennant une forme physique acceptable, la remontée devient agréable et sous le couvert feutré des arbres enneigés, nous permet d’admirer chaque facette du paysage ensorcelant. Autre point positif, vous ne serez jamais immobilisé, suspendu en l’air pendant des heures, par une panne mécanique.

    Et si le silence absolu est parfois ponctué de nos cris d’exubérance, à part quelques traces d’orignaux ou d’oiseaux, nous sommes seuls au cœur de ces forêts matures ensevelies sous un profond manteau neigeux. Malgré des inclinaisons qui peuvent atteindre jusqu’à 45 degrés à certains endroits, les risques d’avalanche sont grandement réduits par la prolifération d’arbres espacés qui retiennent la neige et empêchent grandement la formation de plaques de neige durcie par le vent, sans pour autant nous empêcher de nous y faufiler en relative liberté!

    Pour être franc, vous pourriez y séjourner pendant des semaines sans réussir à descendre tout ce qui est disponible. Et fait encore plus étonnant, ce terrain s’est créé naturellement sans aucune aide humaine…ok-ok quelques orignaux ont peut-être légèrement grignoté la végétation… Grâce à la diversité offerte, tous les amateurs de glisse profonde y trouveront leur compte, autant les intermédiaires que les plus avancés et audacieux.

    Pour ce qui est de la poudreuse, en raison de l’élévation du terrain (la yourte est située à 500 mètres d’altitude, AU PIED de votre terrain de jeu) et du microclimat, la neige est principalement sèche et légère, souvent de cuvée champagne et reste intacte bien après s’être croûtée ailleurs. Ici, la saison débute à la mi-janvier et se prolonge souvent jusqu’à la fin du mois d’avril, offrant encore des conditions de neige poudreuse bien après que le ski de printemps ait commencé ailleurs.

    Pour préserver le côté mystique de l’expérience, le séjour se fait dans des tentes prospecteur et une yourte, où vous pourrez passer la soirée à vous raconter les lignes superbes que vous avez déchirées pendant la journée en vous réchauffant autour d’un four à bois bien nourri. Dans la yourte, une cuisinière au propane assure la cuisson des petits plats que les invités verront à apporter. L’eau potable provient d’une source d’eau pure de montagne qui coule à quelques centaines de mètres de la yourte. Une touche de réconfort spiritueux vient souvent clore une soirée qui ne se poursuit jamais très longtemps après les ébats de la journée au grand air.

    À l’extérieur, une statuette à l’effigie du Colonel Saunders injecte un peu d’humour dans le cabinet d’aisance autrement un peu frisquet.

    Récemment, le 19 octobre 2013, Vertigo Aventures prenait un nouveau tournant en tenant la première assemblée générale pour cesser d’être une entreprise individuelle et devenir une coopérative de solidarité à but non lucratif. La Coop acceptera sous peu l’adhésion de nouveaux membres utilisateurs et le coût de la part sociale sera très raisonnable (de l’ordre de 100 $). Ce changement vise à assurer la pérennité des opérations tout en préservant l’esprit et l’ambiance du ski au mont Blanc. En plus de créer un sentiment d’appartenance au sein de ses membres, guides et utilisateurs, la formule coopérative rehaussera la capacité à trouver du financement, accroîtra le rayonnement des activités en montagne et fournira une base de main d’œuvre pour aider au développement et à l’amélioration du territoire et des infrastructures.

    Alors, si vous aimez à fond la poudreuse et les descentes hallucinantes inoubliables, remettez-vous en à François et à son équipe. Ils connaissent intimement leur territoire et sauront vous faire découvrir tout ce que la nature a de plus exhilarant à offrir!! D’ailleurs, au cours des huit dernières années, l’équipe de Vertigo a inlassablement exploré son territoire et n’a pas cessé d’y découvrir de nouvelles zones skiables majeures pour offrir à sa clientèle une variété de terrain incomparable dans l’Est de l’Amérique du Nord.

    C’est ici que commence magistralement votre aventure en Gaspésie. Serez-vous à la hauteur?

    Pascal Bérubé injecte une bouffée d’air frais

    Thursday, October 24, 2013 at the legislature in Quebec City. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot

    En octobre dernier (17 octobre 2013), Pascal Bérubé, ministre délégué au Tourisme, faisait une annonce mémorable en terme de chiffres pour l’industrie touristique québécoise. Fier des montants avancés et de l’orientation prise par son gouvernement, le ministre exposait avec joie que l’industrie du tourisme hivernal figurait comme secteur touristique retenu parmi les facteurs clés de la croissance économique de la province. Cette annonce s’inscrivait dans le cadre de la Politique économique Priorité emploi divulguée par la première ministre Pauline Marois au début du mois d’octobre. Bien que l’information ait été relayée en surface dans la plupart des médias de massetrès peu de détails ont circulé quant à la part qui serait éventuellement accordée au ski alpin. J’ai voulu en savoir un peu plus et sonder Monsieur le ministre à propos de sa vision et de ses préoccupations.

    Regard sur le contexte alpin

    D’emblée, M. Bérubé reconnait l’importance du ski alpin comme moteur économique pour la province: « On sait que c’est une activité majeure en hiver, on a 6,2 millions de jours-ski par année et de ce chiffre, 1 million vient d’une clientèle extérieure, donc les 5,2 millions qui complètent prouvent que les Québécois skient beaucoup chez eux. Nous avons une offre variée et il y en a pour toutes les expériences: ski de soirée, stations touristiques à grand terrain, stations plus locales, en plus du hors-piste qui est en expansion. » Éclairé, monsieur le ministre! Même s’il n’est pas lui-même un skieur, il est très à l’aise de s’aventurer sur le terrain des sports de glisse.

    En date de notre entretien, il était trop tôt pour indiquer avec précision quelle proportion des 60,1M$ alloués à la « Mise en valeur du tourisme hivernal » irait directement à l’industrie du ski alpin, mais le ministre est fort conscient de la place qu’occupent les sports de glisse dans le tourisme hivernal. Ses connaissances du milieu sont attribuables à la présence de trois stations de ski sur le territoire de sa circonscription: Pascal Bérubé étant député de Matane-Matapédia, il compte dans son fief les stations Mont Castor, Mont-Comi et Val-d’Irène. Il peut également compter sur les judicieux conseils et nombreuses discussions alimentées par son chef de cabinet, Alexis Boyer-Lafontaine. Ce dernier est en effet l’ancien directeur des affaires publiques de l’ASSQ et son expertise tombe fort à propos lorsqu’il est question de l’industrie du ski alpin au Québec. 

    Au sujet de la situation parfois précaire des stations de ski dites « régionales », M. Bérubé s’est posé en défenseur de la variété, tout en admettant que le support financier reçu par le passé avait parfois été inégalement distribué. Lorsque viendra le temps d’étudier les sommes à répartir parmi les demandes formulées par les divers organismes touristiques, un comité aviseur aura pour rôle de s’assurer de la légitimité et du réalisme des objectifs de chaque requête. De son côté, le PADAT (Programme d’appui au développement des attraits touristiques) a reçu comme directive de réduire au maximum les délais d’analyse et de rendre le tout plus accessible et moins laborieux pour les demandeurs qui déposent des requêtes auprès d’Investissement Québec.

    Et la consommation d’électricité? 

    On ne peut parler de soutien financier sans parler des dépenses auxquelles les stations de ski font face annuellement, à commencer par les frais engendrés par la consommation d’électricité. Le sujet est au coeur des préoccupations de l’industrie et Pascal Bérubé connait la chanson: « On s’en fait parler très souvent. La demande est très forte et on a un comité qui étudie les demandes car oui, il faut établir une collaboration inter-ministérielle à ce propos. C’est sûr que si on s’aventure de ce côté, le rendement sera la clé du succès. On cherchera une amélioration des produits offerts, un allongement de la saison skiable… » Se voulant rassurant, le ministre ajoute qu’à sa demande, une équipe a déjà été mandatée pour évaluer l’enjeu des tarifs d’Hydro-Québec en lien avec l’enneigement mécanique et que chaque demande formulée est documentée et donne du poids au dossier, preuve d’une oreille attentive au ministère du tourisme. L’histoire nous dira si les demandes feront écho jusque dans le pavillon de la société d’état…

    Éviter les répétitions

    Chose certaine, avec un ministre ouvert sur les réalités et les besoins concrets des stations de ski, l’espoir est permis: peut-être verra-t-on une structure d’aide réellement bâtie pour ses cibles. Certains se souviennent du faible taux de participation au programme mis en place par les libéraux en 2008, visant à favoriser la modernisation des infrastructures des stations de ski du Québec. En juin 2011, au terme du calendrier prévu pour la durée du programme, la conclusion se trouvait fort loin des chiffres anticipés puisque les conditions imposées par Investissement Québec étaient incompatibles avec les besoins réels et la situation des stations de ski. À ce moment, le portrait dressé par l’ASSQ faisait état des raisons: les prêts offerts par le programme n’étaient pas avantageux, les demandes de garanties de loin supérieures à la capacité des stations et au final, le faible nombre de projets soumis et acceptés par le programme révélait que la structure ne correspondait pas aux impératifs économiques des stations de ski. 

    Un exemple dans sa cour

    En tant que député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé suit de près le développement du Parc Régional de Val-d’Irène. Pour lui, il s’agit d’une station régionale modèle dont la progression doit servir d’exemple, tant pour les organismes ministériels que pour les autres acteurs de l’industrie du ski. Alors que plusieurs stations enregistrent des saisons « ordinaires » voire « décevantes », le choix d’investir peut paraître risqué pour un observateur frileux mais la solution semble être dans les gestes osés: combattre le froid par le froid! « On souhaite que les Québécois skient encore plus chez eux, et pour ça, il faut non seulement augmenter la qualité de notre produit mais aussi intensifier les actions promotionnelles pour mieux se faire connaitre, ici et ailleurs. »

    Bien sûr, la plupart des analystes s’arrêteront aux chiffres, et arriveront à la conclusion que le ski alpin au Québec se porte mal, et qu’il faut pleurer en se comparant à nos voisins du sud ou de l’ouest. Être à la traine, c’est une chose… se retrousser les manches en est une autre. Le peuple québécois étant réputé pour sa créativité et sa débrouillardise, si le coup de main politique (et financier) tant attendu et espéré peut enfin se concrétiser, il y a fort à parier que les analystes changeront d’air… en allant en ski!

    Fabrique à flocons: vive les canons!

    Avec l’ouverture de certaines stations de ski dans l’est du continent et les récents épisodes de gel dans plusieurs régions de la Belle Province, il n’en faut pas plus pour exciter les fanatiques parmi nous, se voyant déjà dévaler les côtes du Mont St-Sauveur. Aujourd’hui, il serait quasi impensable d’imaginer une saison de ski dans l’est de l’Amérique sans le canon à neige.  Pourtant, cette technologie relativement nouvelle était presque inexistante si on recule d’une génération. 

    Un peu d’histoire

    Le premier canon à neige a vu le jour en mars 1950,  grâce à Art Hunt, Dave Richey et Wayne Pierce. L’origine exacte de l’idée semble varier d’une source à l’autre mais chose certaine, l’idée de sauver une saison de ski était présente car le trio d’inventeurs était à l’époque partenaires d’une entreprise fabriquant des skis, dont les ventes n’étaient pas au plus fort à cause du manque de neige. Il fallut cependant attendre près de deux ans pour voir cette invention mise à profit pour les skieurs dans une application pratique.

    Le défunt centre de ski Grossinger’s Catskill Resort dans l’état de New York fut le premier endroit à utiliser cette technologie. Ce n’est toutefois que dans les années 70 que l’utilisation des canons à neige sur les pistes s’est démocratisée. Depuis, la recherche scientifique a permis d’améliorer grandement l’efficacité du principe de base de cette technologie qui nous permet de profiter d’une saison de glisse beaucoup plus longue que celle du temps de nos parents, lesquels étaient dépendants des caprices de la météo pour pratiquer leur sport favori. Certains d’entre vous se rappellent sûrement la saison record du centre de ski de Killington en 1996-1997, où on avait été en mesure de faire des virages sur la neige (avec remontées mécaniques) du 4 octobre au 22 juin. Peu de gens aurait cru cet exploit possible lors de l’invention du premier canon à neige.

    Le fonctionnement d’un canon à neige

    Le principe d’un canon à neige n’est pas sorcier : la recette consiste à mélanger de l’eau à de l’air comprimé afin d’en atomiser (réduire l’eau en particules extrêmement fines) l’eau. C’est connu, l’eau se transforme en glace à partir d’une température avoisinant 0°C. 

    Mais à partir de quelle température peut-on fabriquer de la neige?  Contrairement à la croyance populaire, l’eau pure ne gèle pas systématiquement lorsque votre thermomètre atteint 0°C. Un thermomètre domestique nous montre habituellement la température « sèche »;  l’eau a besoin d’environ -2°C au thermomètre « humide » pour se cristalliser et se transformer à l’état solide. La température d’un thermomètre « humide » prend en considération l’humidité relative contenue dans l’air ambiant et l’abaissement de température qui sera généré par l’évaporation d’eau. Bien que ce genre de condition est peu fréquent au Québec, si la température « sèche » de votre thermomètre indique 4°C  et que l’humidité relative extérieure est de 20%, la température « humide » serait de -2°C. Il serait donc théoriquement possible de fabriquer de la neige en dessus du point de congélation. Je vous entends déjà me demander : pourquoi le mont St-Sauveur ne part-il pas ses canons plus tôt?  La réponse est simple : dans toutes les transformations, il y a des pertes et le transfert d’énergie (dégagement de chaleur dans la gouttelette d’eau et absorption de chaleur par l’atmosphère) doit être assez long pour permettre la création de neige.

    Revenons à la base du principe de la neige de culture, c’est-à-dire du mélange air-eau;  on appelle à tort « neige artificielle »,  la neige créée par les canons, puisque cette dernière, résultant de ce procédé, n’a rien d’artificiel. Afin de créer une gouttelette fine, de l’air sous pression est généralement injecté à l’intérieur d’une chambre de mélange afin d’en fractionner les particules d’eau présentes en plus petites particules. Plus on injecte d’air, plus la particule devient minuscule. La quantité d’air comprimé nécessaire afin de produire de la neige est donc inversement proportionnelle à la température extérieure. Produire de la neige à des températures marginales d’enneigement (au-dessus de -7°C humide) est extrêmement coûteux et la qualité, ainsi que la quantité de neige produite,  sont grandement affectées.

    De plus, lors des débuts de saisons, un obstacle important ralentit les ardeurs des prétendants à la course pour  la première ouverture de pistes skiables dans l’est du continent : il s’agit de la température de l’eau. L’eau utilisée dans la production de neige provient habituellement d’un lac artificiel situé à proximité des pistes. La température de cette eau varie donc en fonction de la température extérieure. En début de saison, lorsque que les températures moyennes journalières sont au-dessus du point de congélation, la température de l’eau avoisine les 7-8°C. Le transfert de chaleur nécessaire pour faire baisser cette température sous le point de congélation est plus grand qu’en période d’hiver où l’eau du lac sous sa couche de glace se situe aux alentours de 2-3°C.

    Heureusement les avancées technologiques des dernières années sont venues à la rescousse des fervents des sports de glisse; les chercheurs ont trouvé un moyen plutôt ingénieux pour donner un petit coup de pouce aux stations de ski. Il est maintenant possible d’ajouter un additif du nom de SnoMax (produit à base d’une bactérie, Pseudomonas syringae, naturellement présente dans certains végétaux) dans l’eau; ce produit donne la propriété de faire geler l’eau à des températures légèrement au-dessus de 0°C. Bien qu’aucune étude sérieuse démontre son coté néfaste sur l’environnement, cet additif est proscrit en France depuis quelques années.

    Les différents types de canons à neige

    Canons conventionnels  (tee gun):

    Encore très répandu sur les pentes, ce type de canon qu’on voyait partout dans les années 80 et 90 est le  moins coûteux, mais aussi le moins efficace de tous. De plus en plus portés à disparaître pour faire place à des modèles plus performants, ces canons légers et compacts sont les plus simples à transporter sur la montagne et ne requièrent que de l’eau et de l’air comprimé pour fonctionner.

    Canons ventilateurs (fan gun):

    Définitivement le type de canon le plus efficace,  mais par contre,  le plus coûteux.  Ces canons utilisent un compresseur ainsi qu’une hélice pour projeter la neige le plus longtemps possible dans les airs.  Leur utilisation est majoritairement restreinte à la base des montagnes car ils requièrent, en plus de l’eau, une alimentation électrique dédiée,  afin de faire fonctionner le moteur de l’hélice et le compresseur. 

    Canons perches:

    Ce type de canon, largement utilisé dans l’industrie, est victime du défaut de ses qualités. Sa hauteur imposante lui permet de garder en suspension pendant une longue période de temps les cristaux qu’il produit. La neige produite par ce genre de canon est donc plus sèche que celle produite par des canons conventionnels. Cependant, il peut être parfois difficile de garder  la neige dans la piste à enneiger lors de journée venteuse, la neige soufflée peut facilement terminer sa course dans les bois (au grand plaisir des skieurs de sous-bois). À cause de sa grande taille, ce type de canon est plus souvent utilisé de manière fixe,  mais il peut également être déplacé sur un traîneau.  Il ne requiert que de l’eau et de l’air comprimé pour fonctionner.  Certains types de canons perches sont également utilisés sans air comprimé, c’est-à-dire uniquement avec de l’eau; dans ce cas, leur utilisation est restreinte aux journées de froid sibérien.

    Maintenant, pour les vrais fanatiques de la neige, sachez qu’il est possible, et ce, à coût très raisonnable (moins de 20$),  de vous lancer dans la course en construisant et opérant votre propre canon à neige dans votre cour. En utilisant l’eau de l’aqueduc (je sais, ce n’est pas très écologique, mais à ma défense, sachez que je n’arrose jamais mon gazon en été), un compresseur à air et quelques pièces de plomberie de la quincaillerie du coin, vous pouvez espérer démarrer votre saison hivernale avant tout le monde,  ce qui est maintenant devenu une habitude inextinguible chez moi, au grand plaisir de mes enfants et au désarroi de ma femme et de mes voisins!

    Quelques références historiques:
    « Who Made That Artifical Snow » (NY Times)
    « Snomaking born of a bad year » (Stowe Today)
    « Skier of the Decade: Wayne Pierce, 1950’s » (SkiMag.com)

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