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    En images: Mont Orford, 2 décembre 2023

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    Certains sont moins rouillés que d’autres!

    Deuxième journée d’ouverture en ce samedi pour le Mont-Orford, pour nous, première sortie de l’année. Ça fait du bien de renouer avec notre sport d’hiver.

    Des conditions idéales

    Malgré la pluie de ce matin, les conditions sont superbes. La neige est de type glaçage à gâteau et se laisse skier sans trop d’effort. C’était parfait comme première sortie!  

    Un skieur en action dans la Grande-Allée

    Il faut être passionné pour être au rendez-vous lors de l’ouverture des chaises à la pluie. Cela ne semble en rien freiner le bonheur des skieurs et planchistes, il semblerait qu’eux aussi leurs skis grattaient à la porte pour sortir!

    À l’entrée de la Familliale

    La station nous offrait quatre pistes aujourd’hui, dont trois sur le versant du Mont Giroux Nord. La Familiale, le bas de la Gagnon ainsi que la pente-école la Mitaine. Sur le versant Alfred-Desrochers, nous y trouvions la Grande-Allée, nous avons répété les descentes dans celle-ci!

    La danse du télémarkeur!

    Trois modules ont été installés dans le bas de la Familiale afin de permettre à tous d’y trouver leur compte.

    La remontée du versant Alfred-Desrochers

    Avec le 1 degré Celsius annoncé demain, il sera tout indiqué de vous reprendre si vous avez manqué cette journée, les conditions devraient être aussi belles. La montagne fermera du 4 au 7 décembre pour revenir en continu à partir du vendredi 8 décembre. Bon ski!

    Retour au ski après la grossesse: mon expérience personnelle

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    Non, ce texte ne parlera pas aux hommes… ou alors oui, il vous fera peut-être voir les défis et questionnements vécus par votre conjointe! Je vous raconte ici mon histoire très personnelle, mais qui peut aussi être très universelle: un retour au sport, plus précisément à la planche à neige, après la grossesse et l’accouchement. Pour vous situer un peu plus: je suis maintenant dans la jeune quarantaine, et j’ai accueilli mes trois enfants avant la trentaine, en commençant par une grossesse gémellaire. Tout ce beau monde a bien grandi, mais les premières années étaient chaotiques! Voici donc mon parcours de fille active à maman sédentaire, pour redevenir femme sportive!

    Courir après le temps: l’essoufflement complet

    Les parents parmi vous le savent, lorsqu’on a un nouveau-né à la maison, il est inconcevable de penser à soi, même si on en aurait bien besoin… Imaginez avec deux nouveaux-nés en même temps! S’occuper de deux enfants me prenait tout le temps que j’avais dans une journée. Il était impossible pour moi de trouver deux minutes pour souffler… je suis donc passée d’active (je faisais du snowboard à quelques reprises durant l’hiver) à sédentaire, en arrêt forcé à cause de ma grossesse gémellaire. Après l’accouchement, le problème n’était pas seulement le temps qui me manquait: j’étais aux prises avec une séparation de mes abdominaux (diastase des grands droits) et d’énormes problèmes au dos, parce que mes vertèbres lombaires étaient restées paralysées durant au moins 15 jours après l’accouchement.

    Comme ma famille n’était pas encore complète, j’ai fait l’erreur d’attendre après la troisième naissance (deuxième grossesse) avant de m’occuper de moi. Pendant les premières années, je n’ai rien fait d’autre que de m’occuper de mes bébés. Donc, durant au moins sept ans, j’avais abandonné l’idée de pouvoir faire de la planche à neige. Prise dans le tourbillon, j’ai aussi vécu une dépression post-partum qui a duré trois bonnes années, ce qui m’enlevait le peu d’énergie que j’aurais eu pour bouger ou m’occuper de moi. De plus, beaucoup de femmes qui deviennent mères vivent un grand défi face à l’acceptation des changements du corps et je n’y ai pas fait exception, à mon plus grand désespoir. C’est tout de même devant mon incapacité à bouger, ma fatigue et mon image que j’ai décidé de me retrousser les manches et de me redonner du temps pour moi.

    Retrouver la motivation

    Après l’accouchement de ma fille, j’ai attendu un mois avant de tenter toute activité, question de m’assurer que tout soit bien guéri. (Note importante: assurez-vous d’avoir l’approbation de votre médecin pour reprendre les activités physiques! Les risques de blessure sont très grands si vous ne reprenez pas graduellement, ou trop tôt…) D’abord, j’ai commencé à entraîner mes abdominaux à la maison. Je partais de loin! Je n’arrivais même pas à me relever une fois allongée au sol: mes muscles étaient devenus trop faibles pour mon propre poids… on est donc loin de l’idée de retourner faire de la planche à neige! Devant cette difficulté, je me suis dit qu’il valait mieux que je m’inscrive dans un gym pour être un peu plus encadrée afin d’entreprendre ma remise en forme… Mais ça n’a pas très bien fonctionné non plus: mes entrainements étaient des corvées, et je trouvais vite des excuses pour sauter mes séances, j’étais démotivée de la lenteur de mes progrès, et je me sentais seule dans mon univers. Après plusieurs échecs au gym, faute de motivation, et encore très épuisée par mon rôle de mère, j’ai décidé de trouver une activité qui, à mes yeux, ne serait pas qu’un simple entraînement, mais aussi une sortie avec des amis: cet équilibre était plus important que je ne le pensais pour ma santé mentale! 

    Je me suis donc plongée tête première dans les cours de Zumba, et je m’y suis rapidement fait des amis, dont des jeunes mamans dans ma situation. Ça m’a redonné beaucoup de motivation et je ne manquais aucun cours même malgré toute la gestion des horaires que ça demandait. Petit à petit, tout en m’amusant, mes muscles ont commencé à reprendre du tonus et j’ai même intégré de la musculation dans ma routine. Je suis passée de ZÉRO redressements assis à une trentaine en quelques mois de travail! Je commençais à sentir que mon corps était de plus en plus capable d’en prendre et j’avais beaucoup plus d’espoir de reprendre mon sport.

    Se fixer des objectifs: la clé de la motivation pour moi

    Lors de ma remise en forme, je me suis fixé plusieurs objectifs sportifs pour me garder motivée. Je suis devenue instructrice de cours en groupe et je participais à des courses à obstacles. L’hiver, j’avais recommencé tranquillement à faire quelques sorties de planche à neige ici et là lorsque le temps me le permettait, mais ça me manquait toujours autant de ne pas pouvoir en faire plus souvent… Ma première sortie était vraiment très stressante: je n’avais plus confiance en mes capacités de planchiste, j’étais très craintive et j’avais peur de me blesser. Il faut dire que depuis ma dernière sortie en planche, il s’était écoulé sept longues années, où j’en ai arraché physiquement, sans mettre les pieds dans un centre de ski. Imaginez, je pensais retrouver un univers familier… mais à mon retour en piste, j’ai eu la grande surprise de constater que tout le monde portait un casque! C’est là que j’ai pris conscience du temps qui avait passé. J’ai encore une fois retroussé mes manches, et progressé tranquillement. Mes petites victoires: ne pas tomber pendant une descente, même si c’était juste une piste familiale! Puis, j’ai attaqué quelques intermédiaires que je savais moins à pic que les autres…

    Au bout d’un moment, j’étais bien enthousiaste devant mes progrès, et j’ai joué à la fille téméraire alors que j’étais en sortie du club social avec un collègue. Ça m’a coûté une commotion cérébrale… parce que je n’avais pas les jambes aussi fortes que je pensais, je maitrisais moins bien ma planche, et après une petite manoeuvre amusante en bordure de pente, j’ai fait un atterrissage sur la tête. C’est là que je vous donne un conseil très important: il faut prendre tout le temps nécessaire pour s’habituer avec notre « nouveau » corps. Je pensais que j’y allais graduellement, mais les étapes étaient déjà trop grosses pour ma capacité. Je ne voulais pas revenir « en arrière »… mais ma commotion s’en est chargé!

    Atteindre l’équilibre et le maintenir

    J’ai toujours été travaillante -dans ma région, on dit « vaillante »! C’est donc grâce à ce trait de caractère que j’ai réussi à atteindre les objectifs que je me fixais. Je ne peux pas entreprendre les choses « sans but »… Mon objectif était de retrouver le niveau où j’avais laissé tous mes sports favoris. La planche à neige me manquait beaucoup avant que je reprenne le sport, et même une fois de retour sur les pentes, j’en faisais beaucoup moins qu’avant d’être maman. J’ai mis les bouchées doubles et maintenant, malgré le fait que je suis beaucoup moins téméraire qu’avant, je suis en mesure de faire ce qui me plaît sur les pentes! Et en toute honnêteté, j’avoue que le fait d’être membre de l’équipe ZoneSki a été d’une très grande aide pour pratiquer mon sport préféré, car en plus j’adore parler de sport!

    Un autre conseil que je peux vous donner, qui aurait fait une différence pour moi: si vous le pouvez, faites participer vos enfants dès leur plus jeune âge pour qu’ils puissent vous suivre dans vos activités sportives! Je pense sincèrement que le fait de ne pas avoir intégré mes enfants plus tôt dans ma pratique sportive a rendu le retour plus difficile, surtout pour la planche à neige. J’étais toute seule en piste, et même si c’était du temps pour moi, je me sentais coupable de partir en laissant les enfants à la maison. J’ai finalement réussi à emmener ma fille et maintenant, elle grandit et commence à apprécier de plus en plus les sorties partagées en planche à neige avec moi: j’en suis ravie!

    Ma grande conclusion non-scientifique à toute cette histoire, c’est qu’en chacune de nous, il y a une personne désireuse de reprendre le ski ou la planche, et que oui, c’est possible de retrouver le même niveau de performance et de satisfaction que « avant », même si cela prend parfois plusieurs années de travail. Avoir des objectifs fixés, des plans de match, ne pas lésiner sur la remise en forme, impliquer tous les membres de la famille (même si ça demande une planification à tout casser!), rien n’est impossible!

    Titane, antidouleurs et ténacité: remonter sur ses skis après un accident

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    En ski et en planche à neige, les gros accidents sont relativement rares. Foulures, entorses à l’orgueil et ecchymoses font partie des sports de glisse et nous les acceptons. Cependant, il arrive qu’un accident dépasse ce qui est considéré comme « acceptable » pour le skieur ordinaire. Voici le récit d’un de ces accidents et de ce qu’a été la route vers le retour en piste.

    Flotter au dessus de la douleur

    Fernie, Colombie-Britannique, 1er mars 2020. Couché sur le dos et bien sanglé dans le fond du traîneau, je regarde les nuages qui défilent au dessus de moi. Le masque à Entonox (la magie du protoxyde d’azote est sublime!) bloque un peu ma vue. Devant, la patrouilleuse me parle d’une voix forte. Le bruit causé par le frottement des patins du traîneau sur la neige durcie est monotone et me fait l’effet d’une berceuse. Parfois, de la neige m’atteint au visage. Bof! La balade est très étrange, la sensation est floue et onctueuse. De plus, les endorphines font merveille. Je ne ressens aucune douleur. Cependant, la réalité est moins psychédélique.

    Les patrouilleuses. Photo Fernie Alpine Resort Ski Patrol.

    Un os, ça casse

    La très douloureuse gymnastique qu’exécute le personnel médical pour enlever ma botte révèle une double fracture ouverte. Première dose de Fentanyl. Ma blessure est sévère, c’est un cas classique de « tib-fib » (tibia et fibula, le péroné). Par contre, le segment osseux détaché d’environ 10 centimètres de long qui transperce ma jambe droite rend mon cas « un peu » plus pressant. L’hémorragie qui résulte de mes fractures requiert une intervention immédiate. Ma fixation n’a pas joué son rôle protecteur. Et hop, une heure d’ambulance vers Cranbrook dans les ombres oniriques du Fentanyl. Merci pour la deuxième dose, Doc.

    Avant la chirurgie.

    Une belle soirée en vue 

    Coeurs sensibles, passez au paragraphe suivant. « On va passer la soirée ensemble ». Le chirurgien orthopédiste m’explique la procédure qu’il s’apprête à exécuter. Dans mon esprit embrumé, ça sonne comme un poème de Claude Gauvreau: on ne comprend rien, mais ça fait une sacrée impression. L’enclouage médullaire se fait grâce à une technique appelée « Réduction ouverte avec fixation interne », et sous anesthésie générale. Un jeu de Meccano pour chirurgiens. Il faut d’abord débrider la plaie perforante (enlever les tissus morts et les fragments d’os). L’os est toujours sorti et il faut s’assurer de réduire les risques d’infection. L’assistante-chirurgienne procède alors au réalignement des os, les repousse dans la plaie (10 centimètres) et les maintient en place. Rien que ça. Pendant ce temps, le chirurgien principal effectue un alésage au coeur du canal médullaire tibial; il perce un trou dans le tibia sur toute sa longueur avec une perceuse. C’est dans ce canal que le clou médullaire (une longue tige) en titane est inséré. Après s’être assuré du bon alignement des trois segments du tibia, le chirurgien fixe la barre avec des vis. Dans mon cas, il en faut trois près de la cheville et deux juste sous le genou. Le péroné, quant à lui, épouse la position du tibia nouvellement repositionné permettant à la fracture de former son propre cal osseux jusqu’à l’union complète des deux extrémités. « Ça guérit tout seul! » La jambe est ensuite plâtrée. Commence alors la guérison et rapidement, la réadaptation. Le tout « agrémenté » de comprimés de Dilaudid pour contrôler la douleur. Au final, le diagnostic est favorable: je skierai l’hiver prochain, mais…

    Après la chirurgie.
    Le sourire est rendu possible grâce aux antidouleurs!

    Ma physiothérapeute devient ma meilleure amie

    Coeurs sensibles, vous pouvez reprendre votre lecture ici. Au réveil, je ne ressens aucune douleur. Je me dis: « C’est tout? Juste ça? » L’ignorance est une bénédiction. La guérison osseuse est rapide. Cependant, les muscles et les tissus déchirés par l’os auront besoin de beaucoup de temps avant de guérir et de ne plus occasionner de douleur. Il faudra plus de trois ans pour obtenir une guérison complète et pouvoir skier sans douleur. Je ne marcherai pas sur mon pied droit avant 8 semaines remplies de maladresses et de prouesses en béquilles. Cependant, je recommence à skier, maladroitement et avec beaucoup de douleur, 8 mois après l’accident. Très satisfaisant! Le rôle de ma physiothérapeute est crucial. Je la vois à chaque semaine pendant une heure, durant 4 mois. Sans la réadaptation guidée par cette experte, je sais que je resterais partiellement handicapé. Il y trop de lésions pour que tout redevienne normal sans un maximum de travail de ma part et une grande complicité avec ma physio. Elle me pousse; juste ce qu’il faut d’inconfort, et parfois, de douleur. 

    Trois des 25 feuillets d’exercices préparés par ma physiothérapeute. Je les suis à la lettre.
    En revenant de chez la physiothérapeute. Je planifie mes premières sorties en kayak. Elles seront brèves.

    Le retour sur les pistes

    Quatre mois après l’accident, je maintiens quotidiennement une discipline de réadaptation rigoureuse. Je commence à faire de courtes randonnées pédestres, du vélo stationnaire, des exercices au sol. J’en augmente progressivement la longueur et le degré de difficulté. J’ai toujours mal à toute la jambe. Parfois, c’est intenable. Durant les trois années qui suivent, j’alterne entre Ibuprofène et Naproxen. Je limite la prise de ces médicaments, que je n’aime pas, mais ils sont nécessaires à la guérison; rester trop longtemps avec la douleur m’empêche de repousser les limites. De plus, je découvre les propriétés analgésiques et anti-inflammatoires d’un onguent à base de CBD, une des molécules qui constituent le cannabis. J’augmente progressivement les charges que je transporte. Des petites boîtes au début, puis mon kayak. 

    Nous sommes fin avril, en plein COVID. Je fais du vélo dans le salon. Ma jambe fait mal, mais je suis déterminé. Je vis, dors et travaille dans le salon; mon univers est très petit.

    Mes progrès sont encourageants, mais ils sont entrecoupés de nombreux plateaux et même de creux. Globalement, ma jambe va de mieux en mieux. Le premier hiver après l’accident, skier est très douloureux. Faire du télémark est tout simplement impossible: la douleur est insupportable. Ma seconde saison de ski est plus facile et agréable, mais malgré tout douloureuse, surtout en télémark. Je vois quand même la lumière au bout du tunnel. Malgré cela, j’éprouve toujours un doute qui limite ma prise de risques. Cependant, c’est à la troisième saison de ski que je peux enfin affirmer que c’est presque comme avant. Je skie tout ce que je veux, mais avec un peu de retenue. Je crois qu’elle ne me quittera jamais. Faire du télémark est à nouveau un plaisir. Je sens que je sors du tunnel. Une genouillère et une chevillère élastiques font partie de mon arsenal thérapeutique après une journée de ski. En outre, quelques séances d’acupuncture ont joué un rôle positif dans la réduction de la douleur en fin de guérison.

    Très lentement, le télémark redevient supportable. Puis, lentement encore, agréable.
    Mars 2022, 24 mois après l’accident. Formation avancée de “rock gardening” à Baja, Mexique. La jambe va « assez » bien. De toute façon, je suis trop concentré pour y penser!
    Juillet 2022, 28 mois après l’accident, expédition de 14 jours en kayak au Groenland. Le transport terrestre des kayaks chargés est très pénible pour ma jambe.

    Méchante patente!

    Mon accident aura été un événement majeur et formateur dans ma vie, une « méchante patente » en quelque sorte. Je n’avais jamais eu d’accident qui vaille la peine d’en parler. Ça a souvent passé proche en kayak, en escalade, en voilier, en hors-piste. Cependant, cette fois-ci, j’ai entrevu le fond de ce que je croyais être une vie d’aventures (somme toute modestes) sans fin. Je me rappelle à l’ordre régulièrement: je n’ai plus 20 ans. Je refuse toutefois d’en faire une limite. Mes pendules ont été remises à l’heure. Je skie (télémark inclus) encore et je fais toutes les activités que je faisais auparavant. Cependant, je m’impose une perspective davantage réaliste. Je préfère jouer à 80% de mes capacités longtemps encore que de me défoncer à 120%, mais une seule fois. Je sais maintenant que se fracturer des os, aussi mauvaise soit la blessure, n’est pas la fin du monde. Non, la fin du monde serait de ne plus pouvoir skier!

    Avril 2022, 25 mois après l’accident. Jour de fermeture à Tremblant. Pendant quelques heures, j’endure la douleur. Mon rétablissement n’est pas terminé mais c’est quand même une victoire!

    En images: Sommet Saint-Sauveur, 27 novembre

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    À l’ouverture, nous ne sommes qu’une poignée d’irréductibles Gaulois à affronter la pluie fine. Deux heures plus tard, un bon nombre de visiteurs auront quitté sous l’emprise des vêtements détrempés et de la neige collante. Pendant ce temps, des renforts arrivent afin de les remplacer. Avec un peu de détermination, la glisse est de bonne qualité.

    La neige est lourde. Si on s’en tient aux sections de pistes les plus skiées, la surface est tapée et elle permet d’éviter de se battre avec son équilibre avant-arrière. Il faut dire qu’environ 5 centimètres de neige sont tombés après le damage. Il s’agit de maigres centimètres qui, pourtant, défient le skieur distrait. On recherche les pentes plus inclinées afin de surmonter l’inertie causée par la neige bien imbibée d’eau.

    La Nordique n’a pas été damée. Cela serait normalement un fabuleux trésor. Sauf qu’aujourd’hui, ce n’est pas « normalement »! Pour bien saisir le degré de résistance de la neige, on visualise du sucre à la crème qui n’a pas pris, et on skie DEDANS! Pas dessus… La piste reste très peu achalandée pour cause de cuisses en feu et de virages à haut degré de friction!

    Résidant à l’ouest de Montréal et désirant devancer le trafic (les éternels travaux de réparation…) du pont de l’Ile aux Tourtes, j’arrive très tôt à la station. Avant même l’employée qui allumera l’éclairage! L’organisation des Sommets est accueillante et on me laisse volontiers patienter seul en lisant La Presse sur mon appareil. P.S: On doit laisser nos sacs et bottes au sous-sol, et non dans la cafétéria.

    Le temps se résume simplement: pluie, bruine, brouillard, absence de vent, neige mouillée. Malgré tout, c’est une belle journée de glisse avec ses défis et sa dose de douceur. Et d’humidité. À ce sujet, la bavette de fesses, malgré le look si peu sexy qu’elle confère, est de rigueur. Goretex ou pas, une fois assis dans l’eau durant les remontées le derrière s’imbibe!

    La patrouille a du pain sur la planche. Les clôtures à neige sont partiellement recouvertes de nouvelle neige (naturelle!) et il faut les dégager, car le gel arrivera en soirée. Si elles sont laissées ainsi on ne pourra plus les déplacer avant le mois de mai. Une petite pensée spéciale pour les patrouilleurs, eux et elles qui affrontent froid, vent… et pluie sans rechigner et qui n’ont pas le loisir de quitter à 11h quand le temps est mauvais.

    La colle blanche. À chaque descente, je me dis que je devrais aller à l’atelier pour faire cirer mes skis. Ils adhèrent à la neige comme de l’époxy! Campé tant bien que mal sur mes télémarks, je trouve le moyen de culbuter par dessus mes skis sous l’effet de la succion de la neige. Je remonte même une partie de la Nordique sans effort, en ligne droite et sans… peaux d’ascension. Et ce, dans la ligne de pente!

    Au bout du compte, on s’amuse bien. Il faut juste accepter de travailler un peu plus fort que d’habitude à ce temps-ci de l’année. De plus, considérant qu’il n’y a pas de neige au sud de St-Jérôme on peut se compter chanceux de skier sur tant de neige.

    En images! Mont Habitant, 26 novembre 2023

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    En images: Ouverture de Tremblant, 23 novembre 2023

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    Tradition oblige à Tremblant: le tapis rouge est déroulé pour les visiteurs lors de l’ouverture de la station. La haie d’honneur constituée des employés nous laisse croire pendant un bref moment que nous montons sur le podium olympique. Nous sommes nombreux à nous être pointés le nez pour profiter de magnifiques conditions et d’un temps doux. À 9h, l’embarquement se fait rondement (et dans une atmosphère festive: DJ, clochettes et applaudissements) et l’attente est minime.

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    L’hiver n’a pas encore pris sa place; seules de timides taches blanches au sol témoignent de l’arrivée imminente de la saison froide. Par contre, l’enneigement fabriqué est bel et bien au rendez-vous sur les pistes. L’abondance de neige sur les pistes ouvertes témoigne d’un travail acharné de la part des ouvriers dédiés à la tâche.

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    Au sommet, on constate combien il est tôt en saison; skieurs et planchistes hésitent, trébuchent et zigzaguent. Il ne faudra que quelques virages pour renouer avec le « feeling » de la glisse et une position décente. Les pauses sont fréquentes, histoire de reprendre son souffle.

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    Vers 11h, la visibilité s’enfonce dans une brume dense qui, toutefois, ne cause pas de souci. Évidemment, la perception du relief s’en ressent et l’ouïe devient un outil complémentaire pour se guider entre une surface se dégradant et le trafic de visiteurs.

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    À mi-montagne, la visibilité demeure très bonne tout au long de la journée et permet d’accélérer sans crainte de frapper son voisin de glisse. En effet, à mesure que les surfaces se transforment les skieurs accélèrent et deviennent plus audacieux (Comprendre excités! Ce qui est naturel en ce jour 1 de la saison).

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    Le versant Nord reçoit moins de visiteurs et témoigne tout autant de la faiblesse des précipitations solides jusqu’à date. Je passe une bonne partie de ma journée sur ce versant, car les conditions de glisse me semblent meilleures. À noter que le versant principal n’offre pas encore de descente sur toute sa longueur. On retourne à sa base par le biais de la télécabine.

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    Dès l’ouverture, le sommet est déjà bien « colonisé » par les visiteurs impatients d’en découdre avec les pistes fraîchement constituées. Les deux premières heures nous offrent de la glisse d’excellente condition. Avec le volume de visiteurs, et considérant que la neige est essentiellement fabriquée, le défi s’accroît au fil de la journée. Cela ne fait qu’ajouter au plaisir de se refaire des jambes solides!

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    Tremblant est enfin arrivée à l’ère du RFID. Finis les billets attachés au « zipper » du manteau pour les visiteurs qui ne détiennent pas une passe saisonnière. La nouvelle carte de radio-identification fonctionne très bien pour moi (après un retour au service à la clientèle suite à la non lecture de ma carte lors de ma première tentative de montée. L’opération de réactivation a pris tout au plus 30 secondes!). Au final cette journée d’inauguration de la saison est un vif succès, dans la plus pure tradition de Tremblant.

    10 erreurs d’un débutant en ski hors-piste

    Les skieurs les plus impatients ont déjà effectué leurs premières descentes dans les dizaines de centimètres de neige accumulés au cours des derniers jours, tandis que d’autres attendent encore confortablement l’ouverture officielle de leur station de ski préférée. Si vous faites partie de ces curieux et affamés de la glisse, peut-être vous demandez-vous comment vous y prendre pour gravir les pentes et faire vos premiers virages avant tout le monde? Peut-être avez-vous tenté l’expérience, en cumulant les erreurs? Ce petit texte est pour vous, afin de vous aider à mieux vous préparer… et à profiter de la neige autrement!

    1. Partir mal préparé

    Partir sur un coup de tête, oui! Partir en oubliant la moitié de son équipement… non! On le sait, la neige n’attend pas toujours. Si vous voulez vous assurer que votre sortie sera un succès, ayez toujours votre « kit » prêt: sac à dos, vêtements multi-couches, chaussettes, gants, bandeau/tuque, casque, lunettes… pensez froid-sec-chaud-humide-froid: c’est ce que vous vivrez, même si vous ne faites qu’une seule ascension-descente! Lecture recommandée: nos conseils d’ami sur les sac à dos en rando alpine

    2. Ne pas avoir de nourriture et d’eau

    Avec les vêtements de rechange, c’est le plus important! Vous vous déshydraterez beaucoup plus qu’à l’habitude en grimpant et les crampes vous guetteront si vous n’avez pas de quoi alimenter et hydrater vos muscles.

    3. Prendre des mauvaises décisions pour l’équipement

    Sachez que pour débuter en hors-piste, il n’y a pas de mauvais équipement! Oui, il y a du matériel plus lourd, moins coûteux. Oui, on peut grimper en raquettes. Non, il n’y a pas de loi qui vous oblige à dépenser 1500$ pour faire 3 descentes dans l’hiver. La base: il vous faut de quoi monter, et de quoi descendre. Vous pouvez bien grimper en raquettes avec des bottes Sorel, et changer votre matériel en haut! Si l’expérience vous plait, peut-être alors vous pourrez considérer un investissement. Renseignez-vous, posez des questions aux autres randonneurs que vous rencontrez, rejoignez des groupes sur les réseaux sociaux… c’est la meilleure manière de commencer!

    4. Grimper en canon

    Même si vous êtes relativement en forme, ne partez pas en flèche lors de vos ascensions, surtout la première. C’est un conseil qui s’applique dans tous les sports d’endurance: qui veut voyager loin ménage sa monture! Ménagez vos muscles… vous en aurez besoin aussi pour descendre! Montez à votre rythme, prenez des pauses quand il faut. Vous voulez savoir si vous montez trop vite? Vous devez être capable d’entretenir une conversation en ascension. Vous cherchez votre souffle? Ralentissez!

    5. Ne pas se méfier du froid

    Ça y est, vous avez entamé l’ascension, vous avez 400 mètres de parcourus (en distance, pas en dénivelé!), et les premières fermetures éclair s’ouvrent. Attention, partez l’air climatisé graduellement! Si vous maitrisez l’art du multi-couches, grand bien vous fasse! Méfiez-vous lors des pauses trop longues et de la transition au sommet, ne laissez pas s’échapper toute votre chaleur corporelle. Remettez les couches et refermez les ouvertures pour éviter un trop grand refroidissement qui risque de vous gêner dans votre descente. Portez une attention particulière à vos mains qui auront manipulé de l’équipement, que ce soit pour changer de bottes, retirer des peaux d’ascension et les ranger, manger… pensez à prendre deux paires de gants: vos gants de ski habituels, et une paire légère pour monter!

    6. Boire de l’alcool

    C’est un classique! En cannette ou dans une petite flasque, l’alcool ajoute un petit piquant à votre expérience mais peut vite avoir des effets négatifs. Étant à vos premières armes en ski hors-piste, ne sous-estimez pas les réactions de votre corps! Bien sûr, la modération a toujours meilleur goût. Une petite gorgée n’aura que très peu d’impact mais si vous abusez, sachez qu’en plus d’affecter votre jugement, l’alcool déshydrate davantage, ralentit vos réflexes et dilate les vaisseaux sanguins, ce qui provoquera plus rapidement les maux de tête lors de la pratique d’activité physique. Au repos, dans un contexte hivernal extérieur, la sensation de chaleur provoquée par l’ingestion d’alcool se dissipera encore plus rapidement et fera place à un froid plus ressenti que le facteur éolien!

    7. Ne pas savoir où la descente mènera

    Si vous ne descendez pas par où vous êtes monté et que vous ne connaissez pas bien l’endroit où vous êtes, méfiez-vous: cours d’eau (gelés ou non), ravins, falaises, routes, changements de versants et autre mauvaises surprises peuvent vous attendre. Si vous n’êtes pas certains de savoir où vous arriverez en bas… prenez le chemin de votre ascension pour descendre!

    8. Partir seul

    C’est la règle de base du ski hors-piste: ne jamais partir seul. Les bonnes pratiques recommandent de skier en groupe de 3 ou plus, pour plusieurs raisons: les discussions favorisent la transmission d’information, l’aide, la prise de décision… et à trois, en cas d’incident, les réactions sont plus faciles à gérer! Si vous partez seul, même en terrain connu, même pour quelques heures, demandez-vous ce que vous feriez en cas de pépin… et ne surestimez pas la batterie ou le réseau de votre téléphone! Et si vraiment vous y tenez, avisez quelqu’un de votre entourage, dites-lui à quel endroit où vous allez.

    9. Skier sur un terrain privé

    Beaucoup de gens s’aventurent dans une montagne sans savoir s’ils ont réellement le droit d’y être. Si vous fermez les yeux devant une affiche « Terrain privé – Défense de passer », à moins d’avoir la permission expresse du propriétaire des lieux, vous commettrez une violation de propriété privée. Pris sur le fait, un propriétaire a le droit de vous expulser ou de faire appel aux autorités, de même que de porter plainte. Sachez qu’une infraction de ce genre peut être jugée par le code civil ou criminel, selon la plainte et la situation! Lecture complémentaire: Code d’éthique du randonneur alpin

    10. Ne pas partager votre expérience

    Au risque de vous faire étiqueter de « grande gueule », partagez vos histoires! Sans forcément tout dire des secteurs que vous avez visité (certains skieurs gardent jalousement leurs flocons), parlez vos sorties à votre entourage skieur (et même non-skieur)! Évoquez vos bons et mauvais coups: ça pourra aider d’autres skieurs à ne pas faire les mêmes erreurs, ou convaincre quelques amis réticents à vous accompagner pour ne plus vous envier mais bien partager le plaisir avec vous!

    La pratique du ski hors-piste n’est pas un sport très règlementé, et c’est la beauté de la chose! Il y a cependant des règles de base du gros bon sens à suivre. Un skieur conscientisé est un skieur prudent! Lecture complémentaire: nos conseils pour une bonne expérience

    Cet article a été initialement publié en 2016 et a été mis à jour en 2023 pour refléter l’évolution du milieu.

    La météo expliquée: El Niño

    Après trois années d’influence La Niña, les derniers mois ont été marqués par un changement radical de la température des eaux du Pacifique, de telle sorte que nous avons basculé en El Niño et que ce phénomène battra son plein pour l’hiver à venir. Comment El Niño influence-t-il le climat de nos régions en général et quel impact aura-t-il sur notre hiver 2023-2024? Voilà les questions auxquelles je tenterai de répondre dans cette réédition d’un article préalablement paru en 2015.

    Voici ce à quoi ressemble normalement la distribution des zones de température de l’eau dans le Pacifique.

    On voit sur cette figure que les températures les plus chaudes se retrouvent normalement sur le bassin Ouest du Pacifique, au niveau de l’équateur. En situation neutre, les régions de l’Océanie, sous l’influence de l’eau chaude, voient de fréquents orages et des systèmes de basse pression causés par le soulèvement de l’air, l’air chaud étant plus léger que l’air froid.

    Cette situation génère des vents d’est sur l’ensemble du Pacifique équatorial qui ont pour effet de maintenir ces eaux chaudes bien en place sur l’ouest du Pacifique. Ces vents favorisent également une légère remontée des eaux lourdes et froides vers la surface, à la hauteur des côtes de l’Amérique du Sud. La présence de ces eaux relativement froides contribue à maintenir l’équilibre entre les échanges océaniques et atmosphériques, en générant une haute pression à cet endroit.

    Pour des raisons quelque peu inconnues, tous les 4 à 7 ans, en moyenne, ce système se trouve perturbé. Les vents d’est, principale courroie de transmission, faiblissent et ne permettent plus de retenir la masse d’eau chaude sur l’ouest du Pacifique. Il en résulte une lente dérive de ces eaux chaudes vers le centre du Pacifique et ultimement vers l’est de celui-ci, donnant naissance au phénomène El Niño proprement dit.

    En situation El Niño, des eaux anormalement chaudes affectent le centre et l’est du Pacifique. Cela a pour effet de générer davantage de convection sur l’est du Pacifique. La basse pression ainsi créée inverse en partie les vents dominants qui ont pour effet de pousser encore plus vers l’est les eaux chaudes. De plus, l’apport d’eau froide en provenance du fond marin se trouve coupé, ce qui a pour effet d’amplifier le réchauffement des eaux de surface.

    Un El Niño dure généralement de quelques mois à 2 ans. Sa durée moyenne est de 18 mois. Lors d’un El Niño, toute la circulation planétaire se trouve perturbée étant donné l’importance du Pacifique sur la régularisation du climat. Chez nous, El Niño a généralement peu d’impact. Toutefois, selon sa force, ses effets peuvent se faire sentir de manière plus importante.

    Tel que présenté sur cette image, un El Niño amène des températures au-dessus de la normale sur l’ouest du Canada et cela s’est observé cet été nous laissant sous l’effet de conditions plus instables sur l’est du pays. Compte tenu de la différence de températures, ses effets se font plus sentir pendant les mois d’hiver. Aussi, l’air plus doux aura tendance à rejoindre davantage l’est du continent lors d’épisodes El Niño modérés à intenses comme ce qui est anticipé cet hiver.

    C’est pourquoi l’hiver 2023-2024 devrait être marqué par des températures au-dessus des normales et des précipitations près ou sous celles-ci. Une majorité de systèmes pourrait circuler au nord de nos secteurs, amenant davantage de pluie et de mélanges pour le sud de la province tandis que les plus fortes tempêtes, en deuxième moitié d’hiver, pourraient toucher la Côte Est américaine, frôlant les montagnes des Cantons-de-l’Est ainsi que de la Gaspésie et produisant quelques bonnes poussées d’air froid, mais de courte durée, sur le reste du Québec.

    Un tel schéma climatologique pourrait engendrer des accumulations de neige inférieures à la normale pour la vallée du St-Laurent, mais près ou légèrement supérieures à l’habitude pour les Appalaches ainsi que les régions du Saguenay vers la Côte-Nord. Par contre, chaque El Niño est unique et réserve toujours son lot de surprises. Bonne saison de ski!

    Cet article est tiré du blogue de météo d’Éric Chatigny, il a été originalement publié le 2 juillet 2015

    Côte Parent, Saint-Jérôme

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    L’histoire de la Côte Parent au Domaine Parent commence au début des années 1940. Lucien Parent était un développeur immobilier qui a réalisé que pour vendre des maisons, il fallait offrir des activités aux enfants des acheteurs. Même si les terrains qu’il développait étaient à moins d’un kilomètre du centre-ville de Saint-Jérôme, à l’époque, c’était encore un endroit très boisé, comme on peut le voir sur la photo principale. Il a donc travaillé quelques années pour créer un parc qui incluait l’hiver une pente de ski avec un fil-neige.

    Le remonte-pente a commencé à fonctionner le 10 décembre 1943. Les journaux de l’époque indiquent que le moteur était électrique, et que la pente avait un dénivelé de 27 mètres, ce qui est un chiffre généreux. Dès l’hiver 1943-1944, pour faire connaître l’endroit, on y organisait des concours de ski pour tous les amateurs. On ne manquait pas d’imagination, car il y avait des courses de slalom, sauts droits, sauts en vitesse, et courses d’un ou deux milles.

    En 1944, on a commencé la construction d’un chalet situé au haut de la piste et facilement accessible en automobile. Cette petite station de ski a évolué rapidement, car selon les documents que j’ai consultés, le ski de soirée a commencé dès l’hiver 1944-1945. En plus de la piste de ski alpin, il y avait aussi une glissade sur glace. On peut supposer que cette impressionnante arche a été construite en même temps que le chalet. Cela donnait une belle visibilité à un chalet qui pouvait être utilisé à l’année longue. Lucien Parent comprenait l’importance d’une bonne publicité, car dans une annonce de 1946, on disait que la piste de ski était facile à skier, facile d’accès et disponible de jour comme en soirée.

    Les trois photos suivantes montrent le chalet à différents moments. La photo avec les chevaux est certainement la plus ancienne. La 2e photo est de 1961 et on y voit les membres de la première école de ski Molson. On constate qu’un bout du toit se termine en pente. Pendant un temps, quelques skieurs audacieux partaient du toit pour allonger un peu la pente de ski. J’aurais probablement fait la même chose.

    En juin 1955, Claude Parent, fils de Lucien, s’est marié avec Colette Maisonneuve. La réception a eu lieu au chalet Parent. Le thème du sapin, visible sur la photo de l’arche, est très présent dans le chalet. Sur une des photos, on voit un piano, montrant que le chalet était utilisé pour des activités sociales. Sur la 3e photo, l’homme complètement à droite est Lucien Parent, propriétaire du Domaine Parent.

    J’ai trouvé un article de journal indiquant que la ville de Saint-Jérôme avait loué la côte de ski Parent pour l’hiver 1965-1966. Pour ce qui est de l’acquisition de la piste de ski et du chalet par la ville, des discussions ont eu lieu dès 1964. Mais c’est seulement en 1975 que la ville est devenue propriétaire de l’endroit. Une belle initiative du vendeur, Claude Parent, est qu’il est spécifié dans le contrat que le terrain vendu ne peut être utilisé que pour ‘l’aménagement de parc et de terrain de jeux’. La pente de ski a continué à être en opération environ jusqu’en 1990. La première photo est vers 1973, et on y voit un fil-neige à gauche et un autre à droite de la pente. De plus, il y avait une petite patinoire au bas de celle-ci. La 2e photo date de 1980.

    Aujourd’hui, l’endroit est connu sous le nom de ‘ Parc de la Côte-Parent ‘, et en hiver, on y offre quatre couloirs de glissade sur tubes ($) ainsi qu’une glissade libre (gratuit). Cette photo de Google montre très bien le parc et les couloirs de glissade sur tubes. Le chalet était situé au sommet de la côte, à droite de l’endroit indiqué ‘Parent Hill’ sur la photo.

    La rédaction de cet article a été rendue possible grâce à la collaboration de Luc Parent, ainsi que de Guy et Suzanne Parent, tous enfants de Claude Parent. Pour les photos, j’ai aussi eu la collaboration d’Histoire et Archives Laurentides, ainsi que du Musée du ski des Laurentides. J’ai consulté les journaux de l’époque dans la section numérique de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).

    Cet article fait partie de la section sur les stations de ski du Québec qui sont aujourd’hui fermées. Comme la grande difficulté d’un tel travail est de trouver des photos et de l’information sur ces stations, si vous détenez des perles concernant une station oubliée ou fermée et que vous souhaitez les partager avec l’auteur, vous êtes invité à communiquer avec lui par courriel afin de lui permettre d’ajouter de l’information à un dossier existant, ou d’inclure une autre station à cette section à l’adresse suivante: stations.fermees.qc@gmail.com

    À la découverte de Marmot Basin, Alberta

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    Marmot Basin se trouve à 4 heures de route de l’aéroport d’Edmonton (route 16) ou à 3 heures de route au nord de la station de Lake Louise, en roulant le long de la promenade des Glaciers (route 93). Le but de ce voyage de ski est de découvrir Jasper, l’autre « ski town» de l’Alberta, et sa station de ski Marmot Basin. Nous nous y rendons au début du mois d’avril pendant la fin de semaine de Pâques pour profiter à la fois d’un maximum de neige et de chaleur, sachant que la saison de ski à ici s’étire facilement jusqu’en mai, presque chaque année.

    En arrivant en voiture au chalet au bas des pistes, nous nous rendons compte que l’espace est très exigu. En effet, nous nous trouvons carrément à flanc de montagne. À moins d’utiliser un petit stationnement temporaire pour décharger les skis, la majorité des voitures continuent de monter sur la route jusqu’à l’un des quatre stationnements aménagés le long de la piste « Home Run ». 

    Le matin, tout le monde se prépare à sa voiture, car le stationnement est situé plus haut sur la montagne que le chalet principal. L’avantage est un « ski-in / ski-out » imbattable.

    La petite descente en ski entre le stationnement et le bas des remontées nous met en appétit. Nous récupérons nos billets dans le chalet principal et empruntons le télésiège «Canadian Rockies Express » pour débuter la journée.  C’est le plus long télésiège débrayable quadruple des Rocheuses avec ses 2,3 kilomètres. Il nous fait monter d’environ 600 mètres en seulement 8 minutes, sur l’un des trois sommets principaux de la station.

    De ce sommet, le domaine skiable de Marmot Basin nous en met plein la vue. Mis à part le secteur expert « Outer Limits » qui est de son propre côté, le versant au complet aligne des descentes les unes à côté des autres, allant de la plus difficile (« Jenn’s Run ») à la plus facile (« Home Run »). Bref, il y a toujours moyen de bifurquer vers une pente plus facile, si vous en ressentez le besoin.

    Au sommet de « Basin Run », nous sommes prêts à entreprendre la première descente.

    En skiant la piste « Basin Run », on se rend compte des possibilités qui s’offrent à nous. Ici, dans la partie supérieure de la montagne, on ne parle pas de pistes… mais bien de lignes. Tout le terrain visible est skiable, complètement au dessus de la ligne des arbres… il suffit de choisir sa ligne et de descendre. 

    La montagne prend la forme d’une immense cuvette (« bowl »), et bien qu’elle reçoit généralement moins de neige que d’autres stations de l’Ouest canadien, c’est cette forme particulière qui lui permet de mieux retenir la neige et de la conserver pour skier jusqu’en mai. Ici, les redoux pendant la saison hivernale sont très rares, et cela s’explique aussi par la position nordique de la station, située à la même latitude que la ville de Fermont au Québec. 

    Un peu plus bas, le long de la piste « Basin Run », on finit par retrouver les arbres, et les pistes traditionnelles reprennent forme graduellement.
    Au cœur des pistes, le chalet « Eagle » est situé à un point stratégique du domaine skiable. La topographie du terrain skiable fait converger naturellement de nombreux skieurs à cet endroit.

    À ce temps-ci de l’année (notre voyage a eu lieu en avril), le soleil éclaire et réchauffe la partie supérieure de la montagne bien avant les pistes sous la limite des arbres. Pour cette raison, une des premières pistes à faire à ce moment précis de la journée est la « Jenn’s Run ». L’inclinaison de cette piste noire combinée à la surface qui se fait ramollir par les chauds rayons de soleil en fait une descente prisée des skieurs.

    Le sommet des télésièges «Canadian Rockies Express »  et « Paradise », point de départ de la piste « Jenn’s Run ».
    Une partie du domaine skiable où l’on retrouve la piste « Jenn’s Run » et qui rejoint graduellement la limite de arbres.

     Suite à cette descente de « mise en confiance » en terrain expert dans la piste « Jenn’s Run », il est maintenant temps d’aller explorer la partie supérieure de la montagne, accessible de chaque coté du télésiège « Knob ». 

    Tout au loin, le télésiège « Knob ». Tout ce qui est visible sur la photo est skiable et sécurisé pour prévenir les avalanches.
    Télésiège « Knob » en avant-plan, avec en arrière-plan une partie du domaine skiable desservie par le télésiège « Eagle Ridge ».
    Au sommet du télésiège « Knob », à environ 2400 mètres d’altitude. Tout ce qui est visible sur la photo est skiable et sécurisé pour prévenir les avalanches.

    La topographie de la montagne incite naturellement les skieurs à progresser techniquement et il devient très facile d’apprivoiser du terrain auquel on n’est pas habitué. La traverse qui part du sommet du télésiège « Knob » en est le meilleur exemple. Il suffit de l’emprunter pour tester nos habiletés dans la partie inférieure de la cuvette (« bowl »), là ou l’inclinaison des pentes est un peu moins prononcée.

    La traverse qui part du sommet du télésiège « Knob ». Une excellente voie pour trouver une ligne de pente qui convient à nos habiletés.
    Le sommet « Marmot 2 » et la crête qui forme le sentier d’accès pour ceux qui veulent s’y aventurer.

    Les remontées mécaniques permettent d’atteindre l’altitude maximale de 2400 mètres, mais pour atteindre le véritable sommet, ainsi que la ligne de crête entre les sommets secondaires, il faut grimper à pieds les 200 derniers mètres, jusqu’au sommet situé à plus de 2600 mètres d’altitude. Une petite marche d’environ 20 minutes.

    Les rumeurs d’une nouvelle remontée mécanique pour mieux desservir la partie supérieure de la montagne vont bon train. Je confirme que les arbres ont déjà été coupés pour préparer le terrain et que tout laisse croire que la nouvelle remontée sera installée juste à droite de l’actuelle remontée « Knob ».

    (Mise à jour: C’est confirmé, pour la saison 2023-2024, un nouveau télésiège fixe à quatre places remplacera la remontée « Knob », vous emmenant à une altitude de 2 518 mètres, soit environ 100 mètres plus haut que l’ancienne remontée.)

    Vue agrandie du sommet « Marmot 2 », avec quelques skieurs visibles.
    Ville de Jasper, au fond de la vallée.

    La station de Marmot Basin offre beaucoup plus que ses 700 mètres de dénivelé (ou 900 mètres si vous montez à pieds jusqu’au sommet). C’est pratiquement une station dont le domaine skiable a été construit sur mesure. Imaginez une planche à dessin, sur laquelle on reproduit le meilleur de ce que toutes les autres stations de l’Ouest canadien ont à offrir. On pourrait difficilement trouver mieux ailleurs. Marmot Basin est le microcosme de l’expérience « skier dans l’Ouest ». 

    Si vous êtes comme moi, vous y reviendrez sûrement… et si en plus vous êtes titulaire de la passe de ski « Mountain Collective », vous avez déjà deux journées de ski incluses à Marmot Basin.

    Notre route vers Jasper et Marmot Basin, Alberta

    Si vous décidez d’aller skier uniquement la station de Marmot Basin, vous choisirez probablement comme nous d’arriver par l’aéroport d’Edmonton, car c’est le trajet en voiture le moins long à partir d’un aéroport principal. Pour nous, ce fut un petit voyage éclair : 2 jours de ski à Marmot Basin, 3 nuits à Jasper et la dernière nuit à l’hôtel à l’aéroport d’Edmonton.

    J’adore les voyages en direction de l’ouest albertain, que ce soit vers Calgary ou Edmonton, car le décalage horaire a un double coté pratique : Il se tolère bien physiquement puisqu’il n’est que de deux heures avec le Québec et il fait allonger la première journée juste assez pour nous donner le temps de continuer le trajet en voiture à la clarté du jour. 

    L’aéroport d’Edmonton, vu depuis notre chambre de l’hôtel Marriott Renaissance. Cet hôtel est connecté à l’aéroport et est idéal si votre vol du retour est très tôt le matin.

    Une fois arrivés à l’aéroport d’Edmonton et les bagages et le sac de skis récupérés, nous sortons de l’aérogare et traversons dans le bâtiment de location de voitures, situé juste en face. Aucune navette n’est nécessaire, nous prenons en charge la voiture de location directement à l’aéroport.  Nous programmons sur notre GPS la destination finale : Jasper. Le trajet est direct et simple, nous n’avons qu’à suivre la route transcanadienne (route 16) en direction ouest, pendant environ 4 heures (400 km). Même sans GPS, il serait difficile de se perdre.

    Même s’il est beaucoup plus long, le trajet sur l’autoroute me semble moins stressant que celui pour se rendre à Banff (de Calgary). La limite de vitesse est de 110 km/h sur la majeure partie du trajet, mais dès la sortie de la ville d’Edmonton, nous nous retrouvons presque seuls sur l’autoroute et il en sera ainsi pendant tout le trajet. Les vallons et les courbes me gardent bien éveillé au volant et finalement ce n’est qu’à la sortie de la petite ville de Hinton que les Rocheuses finissent par se dresser devant nous.

    Un peu plus loin, à l’entrée du parc National de Jasper, nous payons notre droit d’entrée à la guérite et nous nous engageons dans le parc pour les 50 derniers kilomètres du trajet. La route se faufile entre les montagnes Rocheuses en longeant la rivière Athabasca  ainsi que plusieurs petits lacs dont la couleur de l’eau (et même de la glace!) est d’un vert irréel. Nous arrivons à notre hôtel bien avant le coucher du soleil, qui en ce mois d’avril n’est que vers 21h00.

    Rue principale à Jasper. (Photo courtoisie de « Tourism Jasper »)

    Je généralise un peu, mais sommes toutes, pour se loger à Jasper, nous avons le choix entre le Fairmont Jasper Park Lodge (4 étoiles), et tous les autres hôtels (3-étoiles). Nous avons opté de nous loger à l’hôtel Château Jasper en profitant d’un tarif plus que raisonnable, et ce même si nous sommes ici pendant la fin de semaine de Pâques. 

    L’hôtel Château Jasper. (Photo courtoisie de « Tourism Jasper »)
    Visite à l’hôtel Fairmont Jasper Park Lodge, le temps d’un souper et d’une visite des lieux, à défaut d’y dormir.
    Vue sur le lac Beauvert, face à l’hôtel Fairmont Jasper Park Lodge.

    L’agglomération de Jasper est compacte, avec tous les restaurants et boutiques que nous nous attendons de trouver dans un « ski town » typique, sans toutefois tomber dans un développement touristique excessif. Nous terminons cette journée attablés à la micro-brasserie locale «Jasper Brewing Company », et à travers la vitre, nous nous plaisons à regarder les trains qui défilent les uns après les autres, juste en face de l’autre côté de la rue.

    Ce soir là, une vingtaine de wapitis se promenaient le long des wagons de trains.

    Dès le lendemain matin, nous prenons la direction du centre de ski de Marmot Basin. Nous ne sommes pas pressés, car les remontées mécaniques n’ouvrent qu’à 9h00. Cela nous donne le temps de faire un petit arrêt dans le centre-ville de Jasper pour prendre un déjeuner rapide avant de mettre le cap sur la station de ski, située à 25 minutes de route de Jasper.

    Puisqu’il n’y a aucun hébergement aux pieds de pistes de Marmot Basin, la majorité des skieurs doivent nécessairement se loger à Jasper, mais curieusement, on ne se bouscule pas sur la route pour se rendre à la station.

    Les plus téméraires qui arrivent de Lake Louise, en conduisant le long de la promenade des Glaciers du sud au nord, doivent compter près de 3 heures de route… lorsque la météo est clémente. C’est une option à garder en tête si vous souhaitez aussi skier les stations de Lake Louise et Sunshine Village lors d’un même voyage. Dans un tel cas, pensez à atterrir à Edmonton et à repartir de Calgary (ou vice-versa), mais gardez vos options ouvertes, car la promenade des Glaciers peut être fermée lors de tempêtes hivernales.

    Promenade des Glaciers. (Photo courtoisie de « Tourism Jasper »)

    Les derniers 13 kilomètres du trajet représentent une sérieuse montée. En voiture, on passe d’environ 1100 mètres d’altitude au niveau de la promenade des Glaciers, jusqu’à environ 1700 mètres d’altitude lorsque nous atteignons enfin le chalet principal. Marmot Basin est d’ailleurs la station dont la base est la plus élevée en altitude parmi toutes les stations majeures au Canada. On s’en rend compte par la différence d’accumulation de neige et aussi par le changement de température observé en fin de journée (+1C au stationnement de la station et +9C au niveau de la route de la promenade des Glaciers).

    Les comparaisons entre Marmot Basin et les stations de Sunshine Village et de Lake Louise sont tentantes. Essentiellement, tout est un peu plus petit à Marmot Basin (étendue du terrain skiable, dénivelé, nombre de pistes, etc.). Même l’agglomération de Jasper est plus petite que celle de Banff. Il faut cependant faire attention car « plus petit » ne signifie pas « moins impressionnant ». À ce niveau, les stations de Marmot Basin, Sunshine Village et Lake Louise arrivent toutes à égalité sur la première marche du podium. Pour moi, ce sont elles les véritables « Big 3 ».

    À mon avis, les deux choses qu’il faut retenir de Marmot Basin, c’est d’abord l’accessibilité de cette petite perle rare, malgré le fait qu’elle soit un peu hors des sentiers battus. C’est aussi le fait qu’on y a remplacé le terme « quantité » par « qualité » sur pratiquement toutes les facettes du produit qu’on vous offre. Marmot Basin, on se reverra!

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